Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 2, Lep-Lo.djvu/285

Cette page n’a pas encore été corrigée

Fe

LONG

rature de leur corps est de 36 degrés, c’est-à-dire de 4 degrés plus élevée que celle des mammifères ; le vol est un effort continuel des muscles ; leur jeunesse est très-courte, la passion de l’amour très-vive et le coïc très-fréquent. Tout chez eux parait une cause d’épuisement et de courte existence. Malgré tout, leur vie est remarquablement longue. Le rossignol, l’alouette, le chardonneret vivent jusqu’à vingt ans ; le perroquet vit plus de cent ans, l’aigle jusqu’à cent cinquante ; il en est de mémo îles vautours, des milans, des corbeaux, des corneilles, des grues, des cigognes. Le cygne vit un siècle et l’oie commune arrive à cinquante ans. Cependant les oiseaux très-lascifs, tels que le coq, le moineau, le faisan, la perdrix, le pigeon, vivent moins longuement.

On a très-peu de renseignements sur la durée de l’existence des mammifères cétacés et amphibies ; mais tout porte à croire que la structure de leur corps et la flaccidité de leurs chairs les rapprochent de la complexion très-lymphatique et inerte des poissons. Le dau)hin, selon Pline, vit trente ans, et la baeine franche, d’après Buffon, peut atteindre un millier d’années ; mais cette opinion paraît peu vraisemblable. Parmi les pachydermes, l’éléphant, le plus grand de tous, est aussi celui qui vit lu plus longtemps. On lit dans certains historiens trop portés à admettre des récits populaires qu’Alexandre le Grand, vainqueur de Porus, roi de l’Inde, s’était emparé d’un éléphant, alors dans toute sa force, qui comptait au moins la moitié d’un siècle d’existence, et que 350 ans après il vivait encore. Mais l’observation a démontré que ce quadrupède colossal, quelle que soit sa force, est loin d’atteindre les deux ou trois siècles que lui accordait Aristote. Les cochons et les sangliers arrivent tout au plus à vingt ans. Le cheval et l’âne vivent jusqu’à trente et quarante ans. Le mulet, condamné à la continence par sa nature, peut atteindre jusqu’à quatre-vingts ans. Parmi les ruminants, les chameaux sont ceux qui vivent le plus longtemps : quelques-uns atteignent jusqu’à un siècle d existence. Il n’eu est pas do même du taureau et de la vache : celle-ci ne vit guère que vingt ans, et le taureau, en raison de sa lasciveié, atteint seulement l’âge de quinze ans. Les cerfs, d’une structure plus sèche, vivent de trente à quarante ans. Le daim vit vingt ans, le renne seize seulement, la brebis douze, ainsi que la chèvre. Les rongeurs, comme le rat, le lapin, le lièvre, ne dépassent pas quatre ou cinq ans. Les carnivores, au contraire, ont une existence beaucoup plus longue : ainsi le chat vit de seize à dix-huit ans ; le lion de cinquante à soixante ; le chien et le loup de vingt à vingt-quatre. L’ours, animal hibernant, parait vivre très-longtemps.

Homme. «La longueur de la vie humaine, dit Virev, dépend presque toujours do la quantité do vie qu’on a reçue et de cello qu’on dépense ; elle est surtout en rapport avec la durée de l’accroissement du corps. Ainsi, plus les périodes seront lentes, plus le cercle de la vie s’étendra. L’expérience a fait connaître que l’homme, plus encore que les autres mammifères, pouvait vivre six à sept fois le temps qu’il mettait à s’accroître jusqu’à la puberté, domine il devient pubère vers l’âge de seize ans environ, sa vie peut s’étendre jusqu’à cent ans et bien au delà. S’il n’atteint pas souvent ce grand âge, c’est encore plus sa faute que celle de la nature, puisque ses passions, ses excès et les maladies qui en sont la suite abrègent extrêmement ses jours. » Le meilleur moyen d’atteindre une longue existence, c’est donc do s’abstenir do tout ce qui peut ébranler violemment l’organisme. La joie excessive aussi bien que la tristesse, les plaisirs exagérés aussi bien que les souffrances, la bonne chère aussi bien que la misère, abrègent la durée de l’existence.

Parmi les autres causes qui influent sur la durée de la vie, il faut citer en première ligne les conditions atmosphériques. En classant par climats les fais de longévité observés, on est arrivé à cette conclusion d’ailleurs prévue que les climats froids Sont, à cet égard, mieux partagés que les pays chauds. En France, le classement par départements a donné le premier rang aux Basses-Pyrénées ; la Seine vient en quatorzième ligue.

Dans les campagnes et dans les petites villes, où l’existence est moins agitée, moins active et plus sobre que dans les grands centres de population, la longévité est en général beaucoup plus grande. La profession est encore une cause qui influe sur la longévité. Les maçons, les plâtriers, les tailleurs de pierre, les marbriers, les boulangers, vivant continuellement dans les poussières, ont une grande tendance à la phthisio ; ceux qui travaillent le plomb, le cuivre, le mercure, l’arsenic, les mineurs, les métallurgistes, les chimistes, etc., sont exposés à de véritables empoisonnements. Les médecins eux-mêmes, en raison de leurs fonctions qui les mettent sans cesse en présence de toute espèce de maladies, arrivent rarement à une vieillesse avancée.

Le tableau suivant, dressé par M. Casper, indique le nombre pour 100 de personnes qui atteignent la -o« année, dans un certain nombre de professions :

Ecclésiastiques. 42

Agriculteurs, ... IQ

LONG

Commerçants et manufacturiers... 35

Soldats 32

Commis 32

Avocats 29

Artistes 23

Professeurs 27

Médecins 24’

Ce tableau est fécond en enseignements ; nous nous contenterons d’une remarque : c’est que les deux professions qui occupent la tète et.la queue de la liste prouvent les effets déplorables de l’abus des remèdes et de l’abus du travail. Au reste, on remarquera que les ecclésiastiques de M. Casper, qui occupent le premier rang, sont très-vraisemblablement des ministres protestants, et qu’on ne doit pas se hâter d’en tirer une conséquence en faveur du célibat.

Les femmes, en moyenne, arrivent à un âge plus avancé que les hommes ; mais ceuxci, en revanche, paraissent fournir des termes plus extrêmes dé longévité. Les personnes vivaces se distinguent d’ordinaire par leur corps inusculo-fibreux, avec une peau solide ou compacte ; elles n’ont ni un gros ventre, ni des formes trop proéminentes, mais une poitrine large dans laquelle les poumons et le cœur jouent à l’aise ; leurs membres sont fermes et bien musclés ; elles conservent de bonnes et fortes dents, des yeux vifs, des veines grosses, et ont plutôt des chairs maigres et fibreuses que grasses et spongieuses. Une voix mâle, une tête forte, un corps velu et bien proportionné sont encore des signes d’une longue vie. Ces dons de la nature tiennent en grande partie à la constitution des parents. Ceux-ci doivent être sains, ne pas se marier trop tôt ni trop tard et ne pas avoir une trop grande disproportion d’âge. Le père ne doit point apporter dans la couche nuptiale les derniers restes d’un amour éteint à force d’avoir été prodigue. On a ajouté, mais ceci est au moins douteux, que les personnes destinées à une longue vie ont i’épiglotte dans une situation verticale. D’après les observations de M. G. Duncan, les personnes qui n’offrent pas ce signe ne dépasseraient jamais soixante-dix ans.

On doit toujours, si l’on veut vivre longtemps, calculer la dépense de ses forces daprès la quantité que l’on en possède, et non pas chercher par dos moyens artificiels, par des excitants ou des élixirs quelconques, à augmenter l’irritabilité et à exagérer l’activité des fonctions vitales, car on abrégerait l’existence au lieu de l’allonger ; c’est une lampe qui se consume d’autant plus vite que la mèche est plus volumineuse et qu’elle jette plus d’éclat. Ce n’est pas à dire pour cela qu’il faille demeurer dans un repos absolu ou croupir dans l’engourdissement d’une inertie permanente, car l’extrême atonie a des résultats aussi funestes qu’une trop grande activité. Il faut des exercices modérés et réglés sur les préceptes de l’hygiène.

En résumé, les conditions les plus propres à la lonijëuilé sont : un tempérament sanguin doué d’une gaieté toujours égale et d’affections douces et modérées, sans ambition ni passions violentes ; un régime de vie très-régulier, sans le moindre excès, exempt de travaux excessifs, soit du corps, soit de l’esprit ; un exercice habituel, en plein air autant que possible, et qui, sans trop fatiguer le corps, stimule et régularise toutes les fonctions physiologiques de l’économie.

On voit que nous devons rester, sur ce sujet, dans les termes d’une hygiène banale. C’est qu’en effet il n’existe aucun moyen direct da prolonger la vie ; on ne connaît que quelques précautions à prendre pour no pas 1 abréger. Il ne faut même pas trop vanter, à cet égard, cette sobriété tant célébrée et qui aurait porté bien au delà des bornes normales l’exisfcenco de quelques hommes. Il va donc sans dire qu’il ne faut accorder aucune confiance aux moyens empiriques tour à tour préconisés et qui sont véritablement innombrables : or potable, élixirs, transfusion du sang, vernis épidermique, sel de vie et autres niaiseries de même nature.

On s’est demandé bien des fois si l’on ne pourrait pas trouver un moyen de rajeunir les vieillards et de leur rendre la vigueur de la jeunesse. Les bœufs, épuisés par les travaux du labourage et mis au vert dans de grasses prairies, reprennent au bout de quelque temps l’embonpoint et la vigueur du jeune âge. Quelques tempéraments dégradés et ruinés par la syphilis ou toute autre maladie constitutionnelle reprennent, après un traitement régulier et bien suivi, toute leur ardeur primitive et une force vitale tout à fait nouvelle. Puisqu’il en est ainsi, pourquoi les constitutions usées par la vieillesse ne pourraient-elles pas également être rajeunies ? Il suffirait peut-être d’une alimentation douce et humide, composée principalement de chairs jeunes et fraîches, comme l’agneau, le poulet, etc., ou bien encore de laitage et de plantes ou do fruits nouveaux, tels que les asperges, les ’petits pois, les fraises, les cerises, etc. N’a-t-on pas vu chez des vieillards apparaître une dentition nouvelle, des poils et des cheveux ? Leurs yeux reprenaient l’éclat et la vivacité de la jeunesse. Certaines femmes ont revu leurs règles ; leurs mamelles lie tries se sont gonflées comme à l’époque de la puberté et ont donné du lait ; enfin leurs désirs amoureux redevenaient aussi ardents qu’à la fleur de l’âge. Hélas ! tous ces

LONG

faits ne prouvent nullement qu’on puisse remonter le cours des âges, pas plus que la végétation supplémentaire qui se produit parfois en automne n’annonce un retour sérieux et durable de la sève. Sans doute, on voit des hommes d’un certain âge, de cinquante ans, par exemple, qui, après une vie pénible, laborieuse, agitée par toute espèce de passions, se retirant au sein de l’abondance, vivant isolés, sans aucune ambition et contents de leur sort, respirant un air pur, jouissant d’uno grande tranquillité d’esprit et de corps, usant d’une nourriture saine et frugale, voient leur organisation tout entière refleurir sous l’influence de Cette nouvelle vie. On conçoit aisément les changements qui peuvent avoir lieu dans l’économie à la suite do cette transformation des idées et des actes ; mais il y a loin de là au retour de la jeunesse.

Les faits de longévité dont l’histoire a gardé le souvenir sont prodigieusement nombreux ; mais malheureusement la plupart d^entre eux n’ont pas été suffisamment contrôlés. Nous nous contenterons d’en donner une liste, en laissant au lecteur le soin d’éliminer ceux que l’énormité du chiffre ou une origine suspecte rendent impossibles ou improbables. Une observation relative aux faits les plus anciens, et particulièrement aux faits bibliques, c’est que les années n’ont pas été toujours et partout comptées de la même manière : certains peuples ont compté deux années dans l’année commune, d’autres quatre, d’autres même jusqu’à douze. On conçoit les erreurs énormes qu’il en est résulté. Voici donc, sous toutes ces réserves, une liste de macrobites. D’après la Bible, les personnages dont la vie fut la plus longue sont : Adam, 930 ans ; Seth, 912 ans ; Enos, 905 ans ; Caïnan,9l9ans ; Malaléel,895 ans ; Jarad,962ans ; Enoch, 9G5 ans’ ; Mathusalem, 969 ans ; Lantech, 777 ans ; Noé, 950 ans.

Après le déluge, nous trouvons encore les faits suivants de longévité : Sem, 600 ans ; Arphaxat, 33S ans ; Salé, 443 ans ; Heber, 464 ans ; Phaleg, 239 ans ; Reu, 239 ans ; Sarug, 230 ans ; Nachor, 143 ans ; Thuré, 205 ans ; Abraham, 275 ans ; Sarah, 127 ans ; IsmaiSI, 137ans ; lsaac, 180 ans ; Jacob, 147 ans ; Joseph, 110 ans ; Job, 217 ans ; Amram, 137 ans ; Moïse, 120 ans ; Aaron, no ans.

Les historiens profanes nous fournissent aussi un nombre assez grand de vies humaines qui so sont prolongées au delà des limites ordinaires. Nous citerons : Epiménide de Crète, 157 ans ; Hippocrate, 104 ans ; Orbilius, 100 ans ; Euphanon, 100 ans (il enseignait encore) ; Démonax, 100 ans ; Galien, 140 ans (les auteurs sérieux le font vivre 70 ans) ; Eginius, 200 ans ; Démocrite, 104 ans ; Solon, Thaïes, Pittacus, 100 ans ; Ctésibius, 184 ans ; Hiéronyme, 104 ans ; Sophocle, étranglêi par un’grain de raisin, 130 ans ; Soerate, l’orateur, 106 ans ; Gorgias, 108 ans ; Asclépiade, mort d’une chute en allant voir un malade, 150 ans ; Goese, roi d’Arabie, 115 ans ; Tuisco, premier roi des Germains, 173 ans ; Daddon, roi d’IUyrie (d’après Pline), 500 ans ; un roi du Lauum, 600 ans, et son fils, 800 ans (d’après Xénophon) ; Cyniras, roi de Chypre, 100 ans ; Argauhonius, roi d’Espagne, 150 ans, etc.

Pline cite le musicien Xénophile qui, à 130 ans, n’en paraissait avoir que 50. Il raconte aussi que dans J’Inde orientale il existe des peuples qui vivent jusqu’à 400 ans, parce qu’ils ne se nourrissent que de vipères, et que ce reptile possède la propriété d’allonger l’existence attendu qu’il naît vivant et non d’un œuf. Pline cite aussi quelques cas de macrobie parmi les femmes : Terentia, fille de Cicéron, 103 ans ; Claudia, qui eut 25 enfants, 115 ans ; Galena et Emboduria, 104 ansjSammulla, 110 ans ; Luceya, une comédienne qui à 100 ans se faisait encore applaudir sur la scène.

Onésicrite, historien d’Alexandre, rapporte que sous la zone torride, dans l’Inde, il se trouve des hommes de 5 coudées (7 pieds et demi) qui vivent 130 ans. Enfin, Suétone et Pline ont relevé d’un recensement de l’Italie, sous Titus, ces cas de longévité :

110 ans, 63 hommes. 120—4 — 125—2 — 130—4 — 135—4 — 140—3 —

La Chine fournit aussi son contingent pour la première période (antérieure au déluge) et pour le commencement de la seconde : Fohi (2952 ans avant notre ère) régna 115 ans ; Xinung (2837 avant notre ère), inventeur de l’agriculture et delà médecine, régna 140 ans ; Hoanti (2697 avant notre ère) régna no ans ; Jao (2357 avant notre ère), contemporain du déluge do neuf années, régna 100 ans.

Le roi de Thèbes Apaphus régna 100 ans. Phiops, qui à 6 ans était roi de Memphis, régna aussi 100 ans. Antiochus IV, dit Epiphane, mourut à l’âge de 149 ans. Selon Homère, Nestor, fils de Nelus et de Cloris (1S4 ans avant notre ère), avait 300 ans lors de la guerre de Troie. D’après Phlégon, la sibylle Erythrée vécut 1,000 ans, et la sibylle de Samos 500 ans.

Dans des temps plus rapprochés, .nous trouvons encore a citer : Matathias, un des Macchabées, 146 ans ; saint Jean l’Evangéliste, 100 ans ; Simon Cléophas, successeur de saint

LONG

663

Jacques, deuxième évêque de Jérusalem, crucifié à 120 ans ; Narcisse, troisième évêque de Jérusalem, mort à 1SB ans ; David, évêque d’Angleterre, mort à 170 ans ; Osus, évêque de Cordoue, 104 ans ; Séverin, évêque de Tongres, sacré à 297 nus, mort à 375 ans ; saint Kenigern, 185 ans ; saint Paul l’Anachorète, 113 ans ; Cronius, compagnon de saint Paul, 125 ans ; saint Antoine, 105 ans.

Attila, au va siècle, mourut à 124 ans d’un excès qu’il fit la première nuit de ses noces. Piast, prince de Pologne, vécut 120 ans.

Un Anglais, né en 1483 et mort en 1651 à l’âge de 169 ans, avait vu régner dix rois. A loi ans, on lui imposa une pénitence publique pour avoir fait un enfant à une fille. La sage-femme qui accoucha la reine d’Angleterre, femme de Charles Ier, avait 123 ans. Secundi Hongo, consul de Venise à Smyrne, mourut à 115 ans ; ecclésiastique démissionnaire, il se maria cinq fois et eut 49 enfants. A 100 ans, les dents de sagesse lui poussèrent ; à 110 ans, ses cheveux étaient redevenus noirs-, à 112 ans, ce furent ses sourcils et sa barbe qui noircirent.

Le nombre des écrits composés sur les moyens de prolonger la vie est très-considérable ; nous citerons : ï’Enlrelènement de la vie, par Jehan Goevrot (Paris, 1530, in-S») ; Discours pour conserver la santé, par Gratarole (Paris, 1577, in-16) ; le Gouvernement nécessaire à c/utcun pour vivre longuement en santé, par La Framboisière (Paris,1600, in-8°) ; Macrobiotique, par Hufeland (léna, 1796, in-S°) ; Considérations sur la. durée de la vie humaine cl les moyens de la conserver, par de Lapasse (Paris, 1845, broeh. in-8°) ; De la vieillesse étudiée comme maladie, par L.Turck (Paris, 1852, in-8°) ; De la longévité humaine, par Flourens (Paris, 1854, in-12) ; l’Art de vivre longtemps, par Noirot (Paris, 1868, in-18) ; Un secret pour vivre cent ans, par Maire (Paris, 1868, broch. in-go) ; le Secret de longue vie (Londres, 1872, in-8<>) ; la Longévité humaine ou l’Art de conserver la santé et de prolonger la vie, par Froissac (Paris, 1873, in-S°) ; le Secret de longue vie, par un octogénaire [M. Moreau-.Christophe] [Paris, 1873, in-S°).

Longévité litiiualno (DE LA) et do In qunnliiô do tIo iur le glu’ic, par P. Flourens (Paris, 1854, in-12). Comme tout l’ensemble de la science médicale, la macrobiotique comprend deux parties" distinctes : l’une de pure observation, l’autre essentiellement pratique. Or ces deux parties sont loin de s’être développées parallèlement : la pathologie a atteint de nos jours un degré voisin de la perfection ; la thérapeutique ne paraît pas avoir réalisé de grands progrès depuis le temps de Galien ; si bien qu’un grand nombre de personnes très-sérieuses se croient autorisées à nier cette branche de la science de guérir. Le même phénomène s’est produit pour la macrobiotique : on a parfaitement défini, grâce surtout au travail de Flourens, les conditions normales de la durée de la vie, les causes qui l’abrègent, mais on connaît beaucoup moins bien les moyens de la prolonger. Flourens, cependant, s’est fait à cet égard quelques généreuses illusions, comme nous le verrons par l’analyse de son livre.

La vie humaine présente quatre termes différents : la durée moyenne, la durée ordi- k naire, la durée naturelle et la durée anomale. La vie moyenne s’obtient en divisant la somme d’années qu’ont vécu un grund nombre d’individus décèdes à tout âge par le nombre même de ces individus. Le chiffre qui l’exprime indique le nombre d’années qu’un nouveau-né a chance de vivre. On entend par vie ordinaire l’espace de temps que parcourent communément les individus échappés aux accidents qui abrègent la vie. Elle se termine à l’âge auquel parviennent ordinairement ceux qui dépassent le commencement de la vieillesse. C’est en quelque sorte la vie moyenne des vieillards. La vie naturelle ou normale représente la durée qui appartiendrait à la vie de l’espèce en vertu de la constitution propre. Elle se termine par l’effet de la vieillesse seule, et les limites entre lesquelles ce terme est marqué traduisent la loi même de la durée de la vie ; mais comme ces limites ne seront atteintes que par le petit nombre de ceux qui pourront entièrement se soustraire à l’influence continue des diverses causes troublantes, ce terme ne sera que rarement atteint, et il arrivera que la règle pourra sembler par le fait ne plus être que l’exception. Quant à la vie extraordinaire ou anomale, c’est une déviation de la loi agissant en sens inverso de la déviation produite par les morts prématurées, mais qui ne compense pas celle-ci d’une manière notable. Elle indique la limite extrême et exceptionnelle au delà de laquelle il n’y a plus que l’impossible. C’est par la statistique que 1 on connaît la durée moyenne de la vie humaine et que l’on calcule sa durée ordinaire ; lesfaits historiques font connaître la durée anorbaïe. En s’aidant ensuite tour à tour de la statistique et de l’histoire, la physiologie a déterminé la durée normale, la durée naturelle de la vie, principal objet du problème dont Flourens a cherché la solution. Il a conclu : 1» que la durée moyenne de la vie est aujourd’hui en Europe de trente-six à quarante ans ; 2° que la durée ordinaire est à peu près de soixante-quinze ans ; 3° que la durée anomale est au moins d’un siècle et demi ;