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•— Adv. Longuement, Avec un objet long :

L’Ire long vêtu. Quelques senoras long voilées tiennent contre la joue leur éventail déployé en manière de parasol {Th. Gaut.)

— Loc. adv. En long, Dans le sens de la longueur : Su promener en long. Mesurer un bassin kn long et puis en travers.

De lomj, Quant il la longueur : Le vent balançait au-dessus de ma tète des cordons de lierre de vingt pieds de lo.no. (G. Sand.) || De long en large, En long et en large, en tout sens : Se promener de long en largi ;. Il De long en long, Plusieurs fois dans le sens de la longueur : Se promener de long en long. Le vieux gentil/tomme se promenait de long en long dans son salon. (Uulz.)

De longue main, Depuis longtemps et avec un soin prévoyant : Tout cela était préparé de longue main. Mes matériaux étaient dégrossis et rassemblés de longue main par mes précédentes études. (Chateaub.)

Tirer la langue d’un pied de long ; Être dans une grande misère. Se dit par allusion au chien qui sort une longue langue lorsqu’il est altéré : Si j’étais de vous autres comédiens, j’aimerais mieux tireh la langue d’un pied de long gue de représenter de pareilles sottises. (Regnard.)

Au long, Tout au long, Tout du long, Longuement, avec étendue, jusqu’au bout : Itaconter au long ce qu’on a vu. Écoutez-moi tout du long. Je vous expliquerai tout au long comment cela est arrivé. Ce récit est tout au long dans le livre.

Çl, j« veux étouffer le courroux qui m’enflamme, Et tout du long fouir sur ta commission.

Molière.

À la longue, Enfin, après beuucoup de temps ou de peine. V. longue.

— Fauconn. Voter en long, Voler en ligne droite.

— Véner. Tirer de long. Faire suivre les chiens.

— Loc. prép. Le long de, Sur le bord de, dans la longueur de : Courir le long de la rivière.

Le long d’un clair ruisseau buvait une colombe. La Fontaine.

U Dans le sens de la longueur de : Une fine rosée rejaillit sur le gazon qu’elle vivifie, et ses perles roulantes étincellent en glissant le long des feuilles. (II. Tuine.) Il Pendant toute la durée de :

Je ronflerai mon soûl la grasse matinée, Et je m’enivrerai le long de la journée.

Regnard.

-~7’ont le long de Dans toute l’étendus de : Il y a des arbres tout le long de la roule, il Pendant toute la durée de : C/iunter tout le long du jour. Travailler tout le long de la semaine.

— Encycl. Anat. Muscle long du cou. Ce nom a été donné pat les auatomistes à un muscle mince et aplati, qui s’étend do l’atlas aux trois premières vertèbres dorsales. Il se compose de trois ordres de faisceaux : faisceaux supérieurs, qui s’insèrent eu haut au tubercule antérieur de l’atlas et il la partie moyenne du corps de l’axis, et se dirigent en bas et en dehors pour s’insérer aux tubercules antérieurs des apophyses transverses des cinq dernières vertèbres cervicales ; faisceaux intérieurs, qui s’insèrent en bus à la face inférieure du corps des trois premières vertèbres dorsales et se dirigent en haut et eu dehors pour s’insérer aux tubercules antérieurs des apophyses transverses des mêmes vertèbres cervicales ; faisceaux moyens, aioifornies, qui réunissent les insertions extrêmes des deux faisceaux précédents. Ce muscle est recouvert par le pharynx, l’artère carotide primitive, la veine jugulaire interne, les nerfs sympathique et pneumogastrique. Il est animé par te plexus cervical profond.

Muscle long dorsal. Ce muscle est constitué par la partie interne et postérieure do ce qu’on appelle la masse commune, Séparé d’abord du muscle sacro-lombuire par un interstice celluluux, il se porte verticalement en haut jusqu’à la première côte, où il se termine. Il s’insère, en bas, à la face antérieure de l’aponévrose lombaire, aux épines sucrées et lombaires ; en haut, il s’insère au sommet des apophyses transverses des vertèbres lombaires, et sur les côtes, au milieu de l’espace qui sépare l’angle de la côte de la tubérosité, aux tubercules apophysaires des vertèbres lombaires et au sommet des apophyses transverses des vertèbres dorsales.

LONG (Thomas), controversiste anglais, né à Exeter en 1021, mort dans cette ville en 1700. Il fut nommé, k la Restauration, ministre à Exeter, place qu’il perdit en 1088, pour avoir refusé de prêter serment de fidélité au prince d’Orange. On possède de lui un certain nombre d’ouvrages qui décèlent une connaissance approfondie de l’antiquité et des Pères de l’Église. Nous citerons : Estai sur l’usage de l’Oraison dominicale dans le culte public (Londres, 1058, in-8") ; Calvinus redivivus (Londres, 1673, in-8o) ; Folie de la séparation (Londres, 1GS1, in-i»), dirigé contre les séparatistes ; Ûistuire des donatistes (Londres, 1(177, in-8») ; Défense des premiers chrétiens relativement à l’obéissance à leur prince, contre les calomnies d’un Hure intitulé Vie de Julien l’Apostat (Londres, 1683, in-S°) ; Histoire du tous tes complots papistes et fanati-

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guescontre le gouvernement établi dans l’Église et dans l’État (Londres, 1684, in-S°) ; Vax cleri (Londres, 1600), etc.

LONG (Roger), littérateur et astronome anglais, né dans le comté de Norfolk en 1680, mort en 1770. Il fut reçu, en 1704, maître es arts à Cambridge, où il prit, vingt-quatre ans plus tard, le titre de docteur en théologie. En 1729, il devint vice-chancelier de cette université et membre de la Société royale, fut ensuite nommé, en 1751, recteur de Bradwell, dans le comté d’Essex, et résida dans cette ville jusqu’à sa mort. Son principal ouvrage est un Traité d’astronomie (1742-1704, 2 vol. in-4o}, renfermant d’excellentes descriptions du mouvement apparent du ciel. Il publia en outre, sous le pseudonyme de Dicniaiiiiiim CuniuiirigiciiNis, un pamphlet intitulé : Défense des droits des Églises et des collèges (1731) ; une Vie de Mahomet, placée en tète de VJJistoire des Sarrasins, d’Oakley (1757), et plusieurs poèmes aujourd’hui oubliés. Dans le but de populariser l’étude de l’astronomie, il avait fait construire une vaste sphère creuse, où trente personnes pouvaient s’asseoir commodément et sur la surface intérieure de laquelle étaient peintes les constellations du ciel, telles qu’elles apparaissent à un observateur placé sous une latitude septentrionale.

LONG (Isaac le), érudit et historien hollandais, qui vivait dans la première moitié du xvme siècle. Tout ce qu’on sait de lui, c’est qu’il appartenait à la secte des frères moraves. On lui doit : Bibliothèque des Dibles flamandes (Amsterdam, 1732, in-4o) j ouvrago curieux ; Histoire de la liëfornmiion à Amsterdam ; Cabine : des antiquités néerlandaises (Amsterdam, 1730-1733, 0 vol. in-4o), dont les deux premiers volumes sont de Nideck.

LONG (John), voyageur anglais, qui vivait dans la seconde moitié du xvme siècle. Il vécut longtemps chez les Indiens du Canada, visita ensuite les peuplades d’au delà des grands lacs, puis revins en Angleterre vers 1788. On a publié la relation de ses excursions sous ce titre : Voyages d’un interprète et commerçant indieu décrivant les mœurs et les coutumes des Indiens de l’Amérique septenlrio* noie (Londres, 1701, in-4"), traduit en français avec ce nouvel intitulé : Voyages chez • tes différentes nations sauvages du l’Amérique septentrionale (Paris, un II [1794], in-s°).

LONG (Édouard), historien et littérateur anglais, né dans le pays de Cornouailles en 1734, mort en 1813.11 alla habiter la Jamaïque, où il avait de grandes propriétés, devint secrétaire du gouvernement, juge de la cour de l’amirauté, puisretotirnaeu Angleterre (1709), où il termina sa vie. On lui doit, entre autres ouvrages : YAnligaUicun ou THistoire et les aventures de Nurry Cobhum (Londres, 1757) ; le Procès du chien du fermier Carter, accusé de meurtre (1771) ; lié flexions sur ta cause des nègres (1772) ; histoire de la Jamaïque (1774, 3 vol. in-4o), ouvrage estimé ; Lettres sur lès colonies (1775, in-s»), etc.

LONG (George), érudit anglais, né à Poulton (comté de Laucastre) en 1800. A l’âge devingt-quatre ans, il passa aux États-LTuis

pour professer les langues anciennes à l’université de la Virginie. Rappelé à Londres en 1826, Long fut chargé d’enseigner les lettres grecques k l’université, où il professa ensuite le latin de 1842 à 1840. En 1837 il s’était fait recevoir avocat, sans toutefois suivre la carrière du barreau. Eu 1848 il ouvrit, a la Société de Middle-Temple, un cours de droit, qu’il continua jusqu’en 1848 ; mais n’ayant point obtenu le succès qu’il espérait, il reprit l’enseignement des lettres en 1849, et fut attaché au collège de Brighton. M. Long a édité, sous le patronage de la Société des connaissances utiles, dont il fait partie, le Journal d’éducation (1831-1835) ; l’Encyclopédie à un penny (1832- 1836, 29 vol. in-4o), un des ouvrages de ce genre les plus populaires ; Dictionnaire biographique (1842-1844, 3 vol. in-go). U. Long a publié, en outre, les Vies des grands hommes, traduites de Plutarque (Londres, 1844-1848, 5 vol.) ; la France et ses révolutions (Londres, 1850), etc.

LONG (Jacques le), historien français. V. Lelong.

LONGÀ, rivière de l’Afrique méridionale (Guinée inférieure), dans le N. du Benguelu. Elle sort d’un lac du pays de Libolo et se jette dans l’Atlantique, par 110 50’ de huit. S., après un cours d’environ 320 kiïoin. à

ro.-s.-o.

LONGAILLESs. m. pi. (lon-ga-lle ; Il mil.rad. long). Toehii. Douves, pièces qui font la longueur du tonneau, par opposition aux l’onçailles, qui en constituent le fond.

LONGANIME ad, L (lon-ga-ui-me — lat. longuiiimis ; de tongus, long, et animus, esprit). Qui a de la longanimité, de la palieuce et de l’indulgence. Il Peu usité.

LONGANIMEMENT adv. (lon-ga-ni-meman

— rad. tuuganime). Avec longanimité. Il Peu usité.

LONGANIMITÉ s. f. (lon-ga-ni-mi-tédu lat. longus, long ; animus, esprit). Noble indulgence qui fait endurer patiemment les torts de personnes inférieures en dignité et en pouvoir : La longanimité des princes est lu plus difficile et la plus rare de toutes leursvertus. U Acte d’une noble patience : L’homme

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dispnlera-t-il à la femme le privilège de la patience et les longanimités de l’amour ? (A. Martin.)

— Patiente et courageuse résignation : Supporter ses maux avec une admirable longanimité. s

LONG-ATOUT s. in. (lon-ka-tou — de long et do atout). Jeu. Au whist, Dernier atout ou derniers atouts du jeu qui restent en main, tous les autres ayant été joués : Atioi’r longatout.

LONG-BOUCHON s. m. Fam. Vin fin, ainsi dit parce que les vins de ce genre, notamment les vins de Bordeaux, sont souvent bouchés avec des bouchons très-longs.

LONGCHAMP (Henriette de), femme peintre française, née à Saint-Dizier en 1819. Elle s’est exclusivement adonnée à la peinture des fieurs et des fruits. Au Salon de 1841, où elle débuta, M’e de Longchamp exposa un Panier de /leurs et un Groupe de fruits, traités habilement et reproduisant cette fraîcheur un peu métalliquedontSaint-Jeanavaitdonné l’exemple. L’U/fraude à la Vierge, qui parut eu 1847, lui valut une 3e médaille, et elle obtint un nouveau succès, en 1848, avec son tableau intitulé la Croix du chemin, exécuté d’une brosse intelligente et fine. Le Camellia, les Guirlandes de roses (1849) et plusieurs morceaux qui parurent à l’Exposition universelle (1855) pâlirent en présence des toiles de Saint-Jean. Par l’exécution, devenue lourde, ces morceaux étaient d’ailleurs, pour la plupart, inférieurs uux précédents tableaux de l’artiste. Depuis cette époque, les peintres de fieurs se sont tellement multipliés, que la notoriété de Ml’o de Longchamp s’est un peu effacée. Parmi les tableaux k l’huile ou à l’aquarelle qu’elle u exposés depuis cette époque, nous citerons : llnses blanches (1857) ; Cainellias (1859) ; Groupes de fruits (1801) ; Offrande à sainte Geneviève ; Pensées (18G3) ; Eludes de marguerites (1864) ; Groupes de fleurs (1805) ; Fruits (1866)4 Meurs (1809), etc. ’ '

LONGCHAMPS s. m. (lon-chan —de Longchamps, ancienne abbaye). Promenade que les Parisiens font aux Champs-Élysées et au bois de Boulogne, pendant la semaine sainte, et où l’on va surtout pour montrer et voir des toilettes : Le premier jour de longchamps.

LongcbatupB, ou plus régulièrement Lo»£ciiaïup, car l’orthographe généralement admise est évidemment fautive, ancienne abbaye de religieuses fondée au xmo siècle par Isabelle de France, sœur de saint Louis, et démolie lors de la Révolution. Elle était située à l’extrémité S. — O. et dans l’enceinte même du bois de Boulogne, près du village do ce nom, sur la rive droite de la Seine, dans la plaine étroite qui doit k sa configuration le nom de long champ. Dame Isabelle avait écrit à Hénieric, chancelier de l’Université : 0 Je veux assurer mon salut par quelque pieuse fondation ; le roi Louis IX, mon frère, m’octroie trente mille livres parisis ; dois-je établir un couvent ou un hôpital ?» Le chancelier opta pour qu’on ouvrit un asile à des nonnes de l’ordre de Sainte-Claire. • La Révolution lui u donné tort, dit M. de La Bédollière ; elle eût conserve l’hôpital, elle a démoli le couvent. » Eu 1260, Isabelle fit bâtir l’église, les dortoirs et le cloître » de l’Humilité de Notre - Dame. ■ Si l’on en croit Agnès d’IIurcourt, qui a écrit sa vie, les trente mille livres furent dépensées. L’année d’ensuite, le 23 juin, les religieuses de la règle de Saint-François prirent possession de l’abbaye en présence de Louis IX et de toute la cour. Le roi accorda de grands biens k ses protégées, qu’il visitait souvent, et on voit que, par son testament du mois de février 1209, ce prince, prêt k s’embarquer pour sa dernière expédition en Palestine, lit un legs de soixante livres à l’abbaye de Notre-Dame, proche de Saitit-Cloud. Isabelle finit ses jours à l’abbaye de Longchamps en cette même année 1209. L’origine royale de la maison qu’elle avait fondée valut à celle-ci le patronage des souverains français. Marguerite et Jeanne de Brabant, Blanche de France, Jeanne de Navarre et douze autres princesses y prirent le voile. Philippe le Long y a daté une charte de l’année 1319 ; il y mourut auprès de sa fille Blanche, le 2 janvier 1321, d’une dyssenterie compliquée de fièvre quarte. Pendant qu’il agonisait, l’abbé et les moines de Saint-Denis vinrent processionnellement l’assister, apportant comme remède un morceau de la vraie croix, un saint clou et un bras de saint Simon. L’application de cos pieuses reliques laissa tout juste au roi le temps de tester, et il expira. Nul doute qu’un médicament prescrit par le moins habile des médecins dont Paris regorge aujourd’hui n’eût avantageusement remplacé le saint clou, le bras de suint Simon, voire même la vraie croix tout entière ; mais les temps étaient propices aux miracles et uux superstitions.

Longchamps, quulilié premier monastère des sœurs urbanistes de Sainte-Claire, ne comptait pus moins de quarante religieuses. Son voisinage de Paris, sou origine illustre, ses visiteurs non moins illustres, ses nobles habitantes, ses vicissitudes pendant les luttes sanglantes du xv> ut du xvie siècle, sa décadence mondaine et sa ruine, tout, jusqu’à la tradition, qui ne nous u conservé.de cette retraite vouée k la prière qu’un but de promenade pour le monde élégant, fournirait d’iuteressants épisodes k la plume d’un chroni

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queur. Qu’il nous suffise de dire que Longchamps, comme tous les autres couvents, passa d’une règle austère un relâchement ; la pureté des mœurs y fit bientôt place k la licence, au désordre le plus effréné. Henri IV y prit une maîtresse, Catherine de. Verdun, jeune nonne de vingt-deux ans, n laquelle il donna le prieuré do Saint-Louis de Vernon, et dont le frère, Nicolas de Verdun, devint premier président du parlement de Paris. Cet exemple fut fatal U la moralité de l’abbaye, k en juger par une lettre que saint Vincent de Paul écrivait, le 25 octobre 1652, au cardinal Mazarin : « Il est certain, disait-il, que, depuis deux cents ans, ce monastère a marché vers la ruine totale de la discipline et la dépravation des mœurs. Ses parloirs sont ouverts aux premiers venus, même aux jeunes gens sans parents. Les frères mineurs recteurs approuvent le mal ; les religieuses portent des vêtements immodestes, des montres d’or. Lorsque la guerre les força k se réfugier dans la ville, la plupart se livrèrent k toute espèce de scandale, en se rendant seules et en secret chez ceux qu’elles désiraient voir.» On voit, par ce curieux document, que les relations de l’abbaye avec la capitale étaient fréquentes, et que les Parisiens préludaient par des promenades partielles k la grande cavalcade périodique. Plusieurs circonstances contribuaient k les entraîner vers ces parages. Dèi le xv’o siècle, on allait à Boulogne entendis prêcher le carême par les cordeliers et les aumôniers de Longchamps. « En 1429, est-il dit au Journal de Charles VU, frère Richard, cordelier, revenu depuis peu de Jérusalem, fit un si beau sermon, que, après le retour des gens de Paris qui y avaient assisté, on vit plus de cent feux k Paris, en lesquels les hommes brûlaient tables, cartes, billes, billards, boules, et les femmes les atours de leur tête, comme bourreaux, truffes, pièces de cuir et de baleine, leurs cornes et leurs 511tfi1es.11 On rapportait, en outre, un grand nombre de miracles opérés par l’invocation de la princesse Isabelle, que le pape Léon X, par sa bulle du 3 janvier 1521, déclara bienheureuse, accordant en même temps aux religieuses do Longchamps le privilège de célébrer en sa mémoire un service, le dernier jour d’uoùt da chaque année. Il fallait aussi passer p^r Longchamps pour gagner lo mont Valérien, habité par des ermites, qui, au temps où Mercier rédigeait son 'Tableau de Paris en 1782, attiraient encore un «concours étonnant de peuple et de bourgeois. » H y avait » Iluxion » sur ce point, et l’autorité ecclésiastique se vit souvent dans lu nécessité d’employer do sévères mesures de police. • Les évoques do Paris, écrit l’abba Le bœuf, ont toujours veillé à ce qu’un trop grand concours à Longchamps n’en troublât la retraite. La bulle du pape Grégoire XIII, sur un jubilé, en avait assigné l’église pour une des sept stations. Pierre do Gondi, évêque, mit l’église de Saint-Koch à la place de celle de Longchamps, et, lorsque le pape eut appris ses raisons, il loua sa prudence par un bref que j’ai vu, dutô du 10 mars 1584.»

Une fois le premier abus introduit à Longchamps, la porte s’ouvrit toute grande k celte corruption dans les mœurs, déjà si largement répandue dans les hautes classes. Les plaisirs mondains, les enivrements do la vie parisienne s’y révélèrent sous le masque d’une éducation recherchée et sous le prétexta do chants religieux et de musique d’église. Ce fut au commencement du règne de Louis XV que se régularisèrent ces pèlerinages des trois jours delà semaine sainte, déjà fort courus depuis longtemps, et qui amenaient toute la cour et toute la finance k l’ubbuyu do Longchamps. Nous ne répéterons pas ici ce que nous avons dit précédemment a noire article Boulogne (bois de) sur lu promenade do Longchamps. La mode ne tarda pus k remporter sur la piété ; le plaisir et la dévotion marchèrent de front, et bientôt ce fut le plaisir qui passa le premier. Les solennités de l’église, de pieuses, devinrent profanes. On s’y rendit comme k ces concerts spirituels qui obtenaient parmi le beau inonde uno vogue sans pareille. Les saintes filles, formées aux leçons des actrices de l’Opéra, et concurremment avec ces dernières, chantèrent ténèbres pondant la semaine sainte avec un succès tel, qu’on accourut chez elles comme au spectacle ; les notes éclatantes da la célèbre M"1-’ Le Maure firent retentir les voûtes de l’église de Longchamps, et l’on vit la grande ville assiégeriitiéralement la petiteubbaye. Ce fut pendant

plusieurs années une cohue effroyable. Un jour enfin, lu brillante cavalcade, arrivant comme k l’ordinaire le mercredi saint aux portes de Longchamps, trouva l’église fermée par ordre de M. de Beauniont, archevêque de Paris. Les femmes k la mode et les riches oisifs ne se tinrent pas pour battus, le pèlerinage annuel n’en continua pas moins ; k défaut des cantiques de Loiigchuuips, onalla écouter au bois de Boulogne les petits oiseaux jaseurs. Les impures triomphèrent. Le but du rendez-vous changea, l’objet de ce bruyant concours de monde resta le inème ; désormais lu mode régna en souveraine.

Lorsque vint la Révolution, la promenade de Longchamps était célèbre, mais l’ubbuve ne l’était plus guère. De vieux monastère tut vendu, et le marteau des spéculateurs l’abattit sans pitié. Ou brisa les nombreux tombeaux de l’église, et les cendres de la fondatrice, de Jeanne de Bourgogne, femme de