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venu de Tours et conçu contre toutes les règles de ta stratégie militaire.

Deuxième armée de la Loire. Le général de Chanzy, nommé par le ministre de la guerre commandant de la deuxième armée de la Loire, qui se composait des 16=, 17« et 21e corps, se hâta d’en réunir les éléments en pallié dispersés. Mais le prince Frédéric-Charles ne lui en laissa pas le temps et se mit à le poursuivre dans 1 intention d’anéantir ce qui restait de troupes françaises. La poursuite ne commença que le 7 décembre ; les Allemands avaient, eux. aussi, à réparer des pertes éprouvées, soit à la bataille de Loigny, soit devant Orléans, que le camp fortifié avait permis de défendre durant un jour çt demi. Le 7 décembre, nos troupes se retirèrent devant les troupes allemandes, faisant bonne contenance et défendant partout leurs positions ; mais le S l’attaque fut plus sérieuse ; elle s’engagea sur toute la ligne, et il y eut une vér.table bataille, à Villorceau. L’arabetta, ministre de la guerre, était arrivé le 9 au quartier général ; la situation fut exposée et discutée. Les troupes pouvaient tenir encore, mais elles étaient presque à bout de forces ; il fallut se résigner à la retraite sur le Loir. Pendant ce temps, le prince Frédéric-Charles envoyait 20,000 hommes sur la

rive gauche de la Loire, leur donnant pour mission de s’emparer du pont de Blois, de traverser la Loire et de tourner la forêt de Marchenoir. Les habitants de Blois avaient fait sauter le pont ; malgré les menaces de bombardement, ils refusèrent de le rétablir ; les Allemands ne furent pas plus heureux à Amboise, et se retirèrent en lançant quelques obus. La seconde armée do la Loire venait d’être sauvée d’un désastre inévitable, et si l’ennemi avait pu la tourner, c’en était fait d’elle. Le 11 décembre, la retraite sur le Loir commença, sans que l’ennemi, qui n’avait rien pénétré des projets de Chanzy, s’en aperçût. Ce n’est que vers le milieu du jour qu’il commença une poursuite qui ne fut pas bien vive ce jour-là. Le 12, même succession de petits engagements sur divers points, et enfin, le 13, on arriva à Vendôme, où l’armée prit ses quartiers, espérant pouvoir s’y reposer quelque temps des fatigues qu’elle supporiait depuis quinze jours. Mais, le 14 au malin, des colonnes se montrèrent sur le front du 2i« corps, et vinrent attaquer Fréteval ; autour de ce point, un combat acharné eut lieu, qui fut suivi, le lendemain, de la grande bataille de Vendôme, livrée par les Allemands pour s’emparer de cette ville. Nos troupes résistèrent avec énergie à toutes ces attaques ; mais on voyait chez elles les traces d une lassitude telle, qu’il n’était pas permis d’attendre de leur part une grande vigueur si la lutte devait recommencer avec le jour, comme la chose paraissait probable. Tous les chefs de corps furent d’avis que la position de Vendôme n’était plus tenable, qu’il fallait chercher une autre base d’opération. La retraite commença donc pendant la nuit, et les brouillards du matin dérobèrent notre marche aux Allemands, qui furent quelques heures sans oser entrer à Vendôme, n’étant pas sûrs que nous l’eussions entièrement abandonné. Des lors, l’armée de la Loire ne trouva plus d’obstacles sérieux duns sa retraite ; ses derrières et ses flancs furent encore inquiétés par quelques colonnes d’éclaireurs et de uhlans, mais il n’y eut que quelques escarmouches et point de combats sérieux. Le 17, l’armée couchait à Epuisay ; le 18, à Ardenay, et le 19 elle était au Mans. Depuis le 7, elle avait rétrograde chaque jour, se battant sans relâche, faisant face à un ennemi victorieux, supérieur en nombre, en discipline et en approvisionnement. (Jette retraite, qui sera mise à côté des retraites les plus célèbres, ne fait pas moins d’honneur à (’habileté de Chanzy, qui la conduisit, qu’a la patience et au courage de ces hommes qui voyaient, pour la plupart, le feu pour la première fois, et qui supportèrent héroïquement des fatigues et des privations rendues plus excessives encore par la température exceptionnellement rigoureuse de cet hiver.

Une fois à sou quartier général, Chanzy s’occupa activement de réorganiser l’armée ; des hommes venus de divers côtés portèrent bientôt son effectif à 130,000 hommes, qui , disposaient de 350 bouches à feu. Il voulut alors se porter sur Chartres et tacher de débloquer ou de ravitailler Paris ; les événements vinrent lui montrer qu’il devait songer, non à attaquer, niais à se défendre. Des colonnes mobiles, échelonnées sous les ordres du général Ferry Fisani pour inquiéier la marche de l’ennemi et surveiller ses mouvements, l’avaient rendu plus circonspect et lui avaient fait éprouver des pertes sérieuses dans les combats acharnés de Courtalin, de Saini-Quentin, de Belair, de Courtiras, de Danzé, ne Varennes, de Lancé, de Villeohauve. Mais bientôt ces colonnes se sentirent repoussées par le flot sans cesse croissant des années ennemies ; le 7 janvier, les avant-postes français dans les environs de Vendôme avaient été obngés de reculer ; le lendemain, la colonne établie à Châteuu-Renaud lut violemment pressée ; en même temps, un engagement avait lieu près du Theil, à la suite duquel le général Rousseau s’était replié. (J’était l’armée du prince Frédéric-Charles qui avançait, forte de 180,000 hommes de troupes fraîches, pour terrasser cette armée qui, depuis plus d’un mois, se dérobait

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si habilement à sa poursuite. Tout faisait présager une attaque générale. Ella commença dans lajournée du 10 janvier ; l’ennemi avançait sur deux colonnes commandées par le prince Frédéric-Charles et par le duc de Mecklembourg, tandis que des troupes lancées le long du Loir manœuvraient pour séparer du reste de l’armée les généraux Jooffroy, de Curtin et Cléret. L’action dura jusqu’à la nuit close et fut des plus vives à Montfort, à Champagne, à Parigné-l’Evêque, àJupille et à Changé. Rien n’était terminé et tout annonçait la grande bataille, qui s’engagea le lendemain sur toute la ligne. À six heures du soir, nous restions maîtres d. ; toutes nos positions ; notre seul échec sérieux, l’évacuation momentanée du plateau d’Anvours, avait été brillamment réparé ; si nos pertes étaient sérieuses, celles de l’ennemi étaient plus considérables encore. En somme, la position se trouvait excellente, et on pouvait espérer de la conserver le lendemain, lorsqu’un incident inattendu vint tout changer. Une colonne ennemie, faisant un retour offensif, alors que la bataillé était terminée, vient attaquer l’importante position de la Tuilerie ; les mobiles bretons qui la gardaient sont saisis d’une terreur panique. Non-seulement ils se retirent, mais ils jettent leurs armes, s’enfuient effarés, semant dans la ville l’alarme et la terreur et entraînant la débandade et le désordre sur le passage. Une confusion inexprimable en résulte, et la retraite devient une nécessité. Mais elle ne peut s’opérer sans encombre, et on est obligé d’abandonner à l’ennemi nombre de malades et de prisonniers qui n’avaient pu sortir de la ville. Les ponts, imparfaitement détruits, livrèrent passage à des colonnesppussiennesquipoursuivirent notre armée, se retirant dans un désarroi indescriptible ; les 16» et 17e corps surtout

étaient complètement désorganisés, et, sans la fermeté du général Jaurès, commandant le 21= corps, la retraite pouvait devenir un véritable désastre. Les combats de Sillé-le-Guillaume et de Saint-Jean-sur-Erve mirent fin à la poursuite des Prussiens et permirent à l’armée de se mettre à l’abri derrière la Mayenne, qu’elle traversa le 19 janvier. C’est en cet endroit, et en voie de réorganisation, que l’armistice la trouva et que la conclusion de la paix vint terminer son rôle.

Telle est l’histoire en abrégé de ces deux armées de la Loire, qui, pendant quelques mois, semblèrent appelées a sauver la France, auxquelles ne manqua ni le courage, ni l’héroïsme, et avec lesquelles un général habile eût pu accomplir de grandes choses. Après Sedan, le sort de la campagne ne pouvait être changé, mais un général audacieux, entreprenant eût débloqué Paris et rendu les conditions de la paix plus acceptables. Ceux qui jugent tout au point de vue du succès et de l’utilité pratique auront en médiocre estime ces efforts qui, pour eux, n’ont abouti qu’à prolonger la guerre et à augmenter le chiffre de la rançon. Mais pour ceux qui ont souci avant tout de l’honneur national, ils remercieront l’armée de la Loire de l’avoir sauvé, et de s’être montrée plus -grande encore par ses revers qu’elle ne l’eût été par ses victoires. La France capitulant le lendemain de Sedan, s’annihilait comme l’Autriche au lendemain de Sadowa ; au contraire, avec cette folie héroïque de la résistance, pour emprunter l’expression de notre plus implacable ennemi, elle a montré qu’elle était encore une grande nation. Voici ce que dit à propos de l’armée de la Loire un homme qui n’est pas suspect de partialité à notre égard, le colonel Rustow, dont la Guerre des frontières du Hhin est un des meilleurs ouvrages que nous ayons à ce sujet : « Les Français n’obtinrent pas dans leurs nouvelles organisations les résultats que pouvaient exiger d’eux les gens qui n’aïuieut pas à étudier les chiffres et les circonstances véritables. Mais celui qui se livre à cette étude, aurait-il eu la plus haute opinion du patriotisme et de la vitalité des Français, conviendra que les républicains français ont dépassé de beaucoup son attente dans leurs nouvelles organisations. Malgré ces grands résultats, certains savants et journalistes allemands auront peut-être encore l’audace de parler des Français comme d’un peuple dégénéré ; mais nous avons du moins la conviction que les soldats allemands n’eu parleront pas de la même façon. »

Parmi les ouvrages qui contiennent le plus de détails sur les deux armées de ia Loire, nous citerons : la Première armée de la Loire, par le général d’Aurelle de Paladines (Paris,

1871, in 8°) ; la Deuxième armée de la Loire, par le général de Chanzy (Paris, 1871, in-8°J ; Orléans, par le général Martin des Pallières (Paris, 1872, in-S°) ; la Guerre des frontières du lildn, par Rustow (Paris, 1871, in-s<>)- ; la Guerre en province, par Freycinet (Paris,

1872, in-8°) ; Opérations des armées allemandes, depuis la bataille de Sedan jusqu’à la fin de ia guerre, d’après les documents officiels du grand quartier général, par Blume, major au grand état-major prussien, traduit de l’allemand, pur E. Costa de Serda (Paris, 1872, in-8<>) ; histoire de la guerre de 1870-1871, par Adrien Desprez (Paris, 1872, in-8°), etc.

Loiro (canal latékal A Là), voie navigable de France, qui commence sur la rive gauche de la Loue, vis-à-vis de Digoin, et fait suite au canal de Roanne à Digoin. Il a

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pour but de suppléer à l’insuffisance de la navigation du fleuve. Il suit la rive gauche de la Loire, reçoit le canal du Centre, gui a traversé la Loire sur un pont-aqueduc, franchit plusieurs petits cours d’eau, quitte le département de l’Allier pour entrer dans celui de la Nièvre, traverse l’Allier au Guétin, sur un superbe pont-aqueduc, entre dans le département du Cher, passe au pied de Sancerre, entre dans le département du Loiret, traverse la Loire à Ousson, au-dessous de Chàtillon, et se joint au canal de Briare. Le développement total du canal latéral est de 197,015 mètres, sans compter les deux petits embranchements de Saint-Thibault et de Fourchambault ; sa pente est de" 105 mètres, rachetée par 42 écluses ; le tirant d’eau normal, de îm^o, et la charge moyenne des bateaux, de 50 tonneaux. Ce canal, commencé en 1832, fut terminé en 1838, et il a coûté près de 30 millions. Il présente de beaux travaux d’art.

LOIRE (département de la), division administrative de la France centrale, formée de l’ancien Forez, d’une partie du Lyonnais et du Beaujolais ; ce département tire son nom de la Loire, qui le traverse du sud au nord. Ses limites sont : au N., le dépnrtement de Suône-et-Loire ; à l’E., ceux du Rhône et de l’Isère ; au S., ceux de la Haute-Loire et de l’Ardèche ; et àlO., ceux de l’Allier et du Puy-de-Dôme. Superficie, 475,962 hectares, dont la moitié à peu près (250,830 hect.) en terres labourables, 83,664 en prairies naturelles, 12,664 en vignes, 31,857 en pâturages, landes et bruyères et 96,366 en bois, forêts, étangs, chemins, cours d’eau, etc. Il est divisé en trois arrondissements : Saint-Étienne, chef-lieu ; Roanne et Montbrison ; 30 cantons, et 328 communes ; il contient une population de 550,611 hab. Le département de la Loire, démembré en 1793 de 1 ancien département de Mhône-et’Loire forme la 2« subdivision de la 8e division militaire ; il ressortit à la cour d’appel de Lyon, à l’académie de Lyon, et à la 7e conservation des forêts.

Ce département est situé sur les confins du plateau central de la France. Toute sa partie S. se compose de granits et de roches cristallines micacées ; 1 élément calcaire domine dans ia partie N. Il appartient presque en totalité au bassin de la Loire, sauf une petite partie au S., qui se rattache à celui du Rhône. À l’E., se dresse une chaîne de montagnes, prolongement des Cévennes, qui se dirige au N. et se rattache aux montagnesde la Bourgogne. La chaîne qui domine k l’O. se détache des monts d’Auvergne et se dirige du S. au N.-O. « À l’E., dit M. Ad. Joanne, se trouve la montagne dite de la Madeleine, et à l’O., celles de Belmont et de SainC-Germainla-Montagne, qui s’élèvent à 650 mètres. Autour de ces montagnes, de première formation, se groupent des collines cultivées, qui, par leur inclinaison, semblent former les gradins d’un amphithéâtre. À l’O., sur le penchant des coteaux ou dans la plaine, sont des villages, des bourgs, des châteaux ; à l’E., des ruines féodales, des ravins, des rocs élevés qui servent de parois à la Loire. Au N. sétend la belle plaine de Roanne, ombragée d’arbres et parsemée de villages, de châteaux et d’usines ; au S., le riche bassin de Saint-Étienne, dominé au N. par la chaîne du Pila, qui, partant des Cévennes, va se terminer brusquement près de Givors, à la jonction du Gier et du Rhône. La direction générale de cette chaîne est S.-S.-E., N.-N.E. ; elle sépare dans son prolongement S. les affluents de la Loire de ceux du Rhône. C’est un vaste et sombre massif, couvert de forêts et de pâturages, dont la base a 24 kilom. d’étendue du N. au S., et 16 kilom. de l’û. À l’E. Le point culminant a 1,434 mètres. Parfois ce pic se couronne d’un nuage ou d’un brouillard que les paysans appellent le Chapeau du Pila. D’où ce dicton local :

Quand Pila prend son chapeau,

Prends ton manteau. »

Parmi les points culminants nous désignerons la Madeleine, 1,092 mètres ; la Pierresur-Autre, 1,640 mètres ; la montagne des

Charmettes, 1,443 mètres ; la Grande-Pierre-Basanne, 1,399 mètres ; le Bessat, 1,245 mètres, et la Tarentaise, 1,107 mètres.

La Loire parcourt ce département sur une longueur de 123 kilom. Le Rhône le côtoie sur une longueur de il kilom. Les autres cours d’eau importants qui l’arrosent sont : le Gier, le Furens, la Semène, la Dunerette, l’Ondaine, la Coise, l’Auzieu, la Thoranche, la Loise, le Rhins, le Sornin, la Bonson, la Mare, le Lignon, l’Aix, la Renaison et la Tessonne. Eu outre, de nombreuses sources jaillissent sur les pentes du mont Pila ; il est question de les recueillir et de les verser dans le Furens. Les canaux de Roanne à Digoin et de la Grand’Croix à Givors traversent en partie le département. Le voisinage des montagnes rend la température sujette à de nombreuses variations ; les vents dominants sont ceux du nord, du nord-ouest, du sud et du sud-ouest.

On trouve dans le département de la Loire des mines d’anthracite et de houille, des granits, des schistes primordiaux, des quartz, des filons de baryte sulfatée et de plomb, des carrières de pierre de taille, des filons de galène, d’antimoine, de cuivre, de pyrite de 1er et d’or, des carrières de marbre, de grès et de porphyre, des carrières de marbre, de

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grès et de porphyre, des carrières de plâtre et de l’argile jaune. Les plaines de Roanne et de Montbrison produisent en abondance du blé et des vins estimés, mais, dans l’arrondissement de Saint-Étienne, la production est loin de suffire à la consommation. Dans ce département, les cultivateurs exploitent soit par eux-mêmes, soit par des métayers à moitié fruit qui portent le nom de grangers, soit entin par des fermiers qui payent une redevance en argent. Ces derniers sont encore peu nombreux. La moyenne culture domine ; mais, en général, le cultivateur est dans la gêne. La moitié des terres environ est cultivée en céréales ; le reste est consacré à des cultures diverses ou laissé en jachère. Malgré les efforts de quelques grands propriétaires et, des sociétés d’agriculture, peu de progrès ont été réalisés. Il n’y a là rien d’étonnant, vu le peu d’aisance qui règne chez les cultivateurs et le défaut comçlet d’une instruction agricole quelconque. L’araire Dombasle est fréquemment employé et il rend de grands services. L’ancien araire est encore presque exclusivement en usage dans les parties montagneuses. On a cherché à le supplanter, mais sans succès ; et, en effet, il a ici sa raison d’être ; au lieu de vouloir le supprimer, il vaudrait mieux, à ce qu’il semble, tenter de l’améliorer, tout en lui conservant ses qualités de bas prix et de maniement facile qui le rendent cher aux cultivateurs. Quelques herses perfectionnées, entre autres celle de Valcour, sont d’un usage assez général. Il y a des machines à battre, mais chez quelques grands propriétaires seulement ; la majeure partie de la population exécute le battage au fléau. Les herses à cheval, les semoirs, les défonceuses sont connus, mais à peine employés. Parmi les productions agricoles du département, le froment et le seigle occupent la plus large place. Le premier donne annuellement une moyenne de 136,000 hectolitres et le second plus de 630,000. L’avoine est aussi un produit fort important. On en récolte chaque année près de 175,000 hectolitres. La pomme de terre donne de 1 million a 1,200,000 hectolitres. Les coteaux présentent un assez grand nombre de petits vignobles. Les prairies artificielles commencent à être en faveur ; cependant elles n’occupent encore qu’un espace assez restreint. La production de la soie n’a pas pris de grands développements ; la récolte annuelle est évaluée

à près de 30,000 kilogrammes, mais elle reste souvent au-dessous de ce chiffre. La culture et l’aménagement des étangs ont eu de tout temps, dans le département de la Loire, un développement considérable. Aujourd’hui la superficie de ces masses d’eau est de près de 4,000 hectares. Autrefois ou convertissait accidentellement en étangs des terres de médiocre valeur ou épuisées. Dans un assez grand nombre de points, cette pratique a été abandonnée ; ainsi l’étang Le Comte, d’une étendue de 120 hectares, est aujourd’hui mis à sec. On trouve encore nombre d’étangs d’une étendue de 4 à 5 hectares. Ceux du Roi, de Lavernay, de Savigneux ont une> superficie qui varie de 20 à 50 hectares. L’aménagement des étangs a pour règle générale de faire alterner la culture ou assec et ï’éuolage ou immersion. Parfois cette alternance a lieu d’année, en année, parfois de trois ans en trois ans ou même davantage. Cette dernière méthode est le plus souvent appliquée aux terres argileuses qui présentent plus de difficulté pour le défrichement. Pour empoissonner les étangs on emploie, en proportions diverses suivant la nature des fonds, les carpes et les tanches auxquelles on mêle quelques brochets. 200 à 250 carpes par hectare paraissent être une quantité suffisante. Sur lès terres fortes on ajoute 100 à 125 tanches et 70 à 80 sur les fonds légers et sablonneux. On met, en outre, environ Ï0 litres de ces jeunes carpes qu’on nomme feuilles en pisciculture. Ces feuilles doivent servir de nourriture aux brochets ; ce qui reste l’année d’après constitue la carpe dempoissonnage, connue Suus le nom de nourrain. Dans le département de la Loire, les frais de construction d’un étang sont nécessairement variables, eu égard à la diversité des conditions dans lesquelles est placé le pays où il se trouve ; cependant on peut à la rigueur établir que ces frais ne s élèvent pas en, général, iunoinsde 300 francs, ni à plus de 400 francs par hectare. Le revenu net est de près de 30 francs par hectare. La culture en étangs est donc assez profitable ; malheureusement elle est d’une insalubrité telle que, dans la vallée de Bussy et à Sainte-Foy-Saint-Sulpiee, où elle est très-répandue, la mortalité s’élève au double de la moyenne ordinaire. Aussi des mesures ont-elles dû être prises en vue de supprimer ceux des étangs qui étaient les plus dangereux pour la santé publique. Tout porte à croire du reste que la plupart des étangs ne tarderont pas à disparaître. La création du canal du Forez, qui prend les eaux de la Loire pour les déverser au loin dans les terres les plus arides, permettra bientôt de transformer en belles prairies le sol des étangs qui existent encore. •

La Loire est avant tout un département industriel, et, sous ce rapport, il estl’un despks importants de France. Les principales branches de son industrie sont : la fabrication îles rubans qui occupe plus de 60,000 ouvriers a Suint-Étienne et à Saint-Chamoud, la fabrication du velours, des peluches, des coton-