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de représenter la pièce de Le Sage, et il fallut l’ordrb formel du dauphin, fils de Louis XIV {13 octobre 1708), pour que la pièce fût jouée. Les financiers offrirent, dit-on, cent mille livres à Le Sage pour qu’il retirât sa pièce ; Le Sage refusa, avec une noble abnégation. On ne sait sur quoi rflpose cette anecdote, que rend du reste vraisemblable le caractère bien connu de l’écrivain. Une autre, baaucoup plus certaine, dont a pour garant Collé, qui fut l’ami de Le Sage, montre assez quelle était sa juste susceptibilité en ces matières, et comment il entendait le respect dû à son talent. Ayant promis de lire le Turcaret chez la duchesse de Bouillon, il fut retenu au palais par un procès que, par malheur, il perdit, et se trouva en retard d’une heure. Comme il entrait enfin dans le salon, il fut reçu d’assez mauvais visage par la duchesse, qui lui reprocha aigrement d’avoir l’ait perdre une heure à tout son monde. « Madame, répondit froidement Le Sage, puisque je vous ai fait perdre une heure, il est bien juste que je vous en fasse regagner deux. ; je n’aurai pas l’honneur de vous lire ma pièce. • Il sortit, et aucune instance, aucune prière ne put le décider k revenir sur cette détermination. Le Sage donna maintes fois des preuves de cet esprit d’indépendance, et, malgré la médiocrité de sa fortune, qui ne reposait que sur son travail, il repoussa k plusieurs reprises des offres avantageuses, dont l’acceptation eût enchaîné sa liberté.

Enfin, en 1715, il publia les deux premiers volumes de son chef-d’œuvre, Gil Blas, qui reste un des meilleurs romans de la littérature française. Nous ne reviendrons pas sur les questions qu’a soulevées cet ouvrage et qui sont maintenant résolues eu faveur de Le Sage ; nous les avons discutées et approfondies en faisant le compte rendu de l’œuvre (v. Gil Blas). Nous nous contenterons de donner la conclusion de Walter Scott, plus désintéressé dans la question que les critiques français ou espagnols. « Le titre d’au- ’ teur original de ce délicieux ouvrage, dit-il, a été sottement, je dirais presque avec ingratitude, contesté à Le Sage par ces demicritiques qui s’imaginent découvrir un plagiat dès qu’ils peuvent apercevoir quelque espèce de ressemblance entre le plan générai d’un bon ouvrage et celui d’un autre de même nature, traité plus anciennement par un écrivain inférieur... Ce n’est point le simple cadre d’une histoire, ni même l’adoption de détails mis en œuvre par un auteur antérieur, qui constituent le crime littéraire de plagiat. Le propriétaire du terrain d’où un grand sculpteur tire son argile pourrait tout aussi bien prétendre k la propriété des figures que pétrissent les doigts créateurs de l’artiste, et c’est la même question dans les deux, cas : peu importe d’où vient la matière première et sans forme ; on ne s’occupe que de celui k qui elle doit son mérite et son excellence. •

Une des meilleures preuves à donner contre l’hypothèse du P. Isla, d’après laquelle Le Sage n’aurait fait que copier un manuscrit espagnol de Solis ou de tout autre, c’est que notre romancier ne fit paraître le troisième volume que neuf ans après les deux premiers (1724), et le quatrième seulement en 1735. Dans l’intervalle, il publia des traductions de l’italien, YOrlando innamorato, de Boïardo (1717-1721, 2 vol. in-8°), les Aventures de Ousmaii d’Alfarache (1732) et le Chevalier de Beuuchesne, roman dont le fond lui avait été fourni par les aventures réelles d’un capitaine de llibustiers. À ce propos, on lit dans le Journal d’un curieux, qui notait ses impressions au jour le jour, cette phrase significative : « Le Sage, auteur de Cil Blas, vient de donner (janvier 1733) la vie de M. de Beauchesne, capitaine de flibustiers. Ce.livre ne saurait être mal écrit, étant de Le Sage, mais il est aisé de s’apercevoir, par les matières que cet auteur traite depuis quelque temps, qu’il ne travaille que pour vivre et qu’il n’est plus le maître, par conséquent, de donner k ses ouvrages du temps et de l’application. Il y a six ou sept ans que la Ribou (veuve du libraire) lui a avancé cent uistoles sur son quatrième volume de Gil /lias, qui n’est pas encore fini et ne le sera pas de sitôt. » S’il n’avait eu qu’à copier, il n’aurait pas t’ait si longtemps attendre son libraire. Le pronostic de ce bourgeois de Paris se trouva d’ailleurs démenti, puisque Le Sage achevait Gil Blas deux ans plus tard.

Vers la même époque, il publia Estevaniile Gonzalez, emprunté a la même source inépuisable des romans picaresques espagnols (2 vol. in-8°) ; puis une Journée des Parques (1 vol. iii-12), simple dialogue, plein d’esprit et de Sel. Mais sa principale ressource fut le théâtre de la foire, pour lequel il travailla pendant vingt ans et composa une centaine de pièces. La Harpe a trop dédaigné des productions d’un esprit toujours vif et alerte, qui, sans doute, sacrifia un peu au goût du public pour lequel il travaillait, mais qui garda pourtant la plupart de ses qualités. Ses meilleures pièces ont été recueillies par lui-même et d’Orneval, mêlées k quelques autres de divers auteurs dans le Théâtre de la Foire (1737, 10 vol. in-12). Le critique, de fort mauvaise humeur à cette occasion, leur refuse le naturel, la variété, laponne plaisanterie, l’étude des caractères ; il se plaint d’y rencontrer tant d’arlequins, de colombines, de scaramouches et de pierrots ; c’est la loi du genre, et le mérite

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de l’auteur consiste précisément a trouver des ressources nouvelles, des combinaisons originales, avec des éléments qui restent les mêmes. L’observation suivante est plus juste : «Toutes les scènes étaient, dit-il, plus ou moins assaisonnées de la satire, mais le plus souvent de la sutire à gros sel, et, ce.qu’on n’aimait pas moins, de plaisanteries et d’équivoques assez claires pour être fort libertines. Au point que souvent même le choix des rimes avertissait le spectateur de substituer les mots propres, c’est-k-dire les gros mots. Le mot propre échappa une fois à l’actrice, qui alla passer quelques jours à la Salpétrière. Le Sage avoue que toutes les pièces delà foire étaient remplies d’obscénités ; je ne les connais pas et je m’en rapporte à lui ; mais il excepte celles de son recueil et je ne comprends rien à cette distinction. Il fallait qu’il lut blasé sur la gravelure comme sur le comique de son théâtre. »

Le même reproche a été adressé à l’œuvre entière de Le Sage ; on a représenté ses romans comme d’une lecture dangereuse pour la vertu et la morale. Voici comment Walter Scott, bon juge en ces matières, réfute cette allégation. «Le docteur Johnston a dit très-justement que personne ne se fera voleur de grand chemin, parce que, sur le théâtre, il aura vu Macheat acquitté (Macheat est le héros de l’opéra du Gueux) ; assurément personne non plus ne deviendra escroc ou chevalier d’industrie pour avoir pris intérêt aux aventures d un fripon spirituel comme Gil Blas, ou libertin pour avoir lu Tom Jones. 11 n’y a de dangereux que ces ouvrages infâmes qui s’adressent directement aux sens pour éveiller en nous les mouvements les plus grossiers de notre nature, mais il n’y a rien de pareil à craindre de la lecture d’un roman exempt de toute peinture indécente, quelque vives qu’en toient les situations. »

Malgré tous ses travaux et l’estime où était tenu son admirable talent, Le Sage n’avait rencontré ni la fortune, ni même l’aisance ; tant qu’il eu eut la force, il travailla pour vivre. * Sur la fin de sa vie, dit l’illustre romancier qui s’est fait son biographe, Le Sage sortait peu. Une compilation intéressante d anecdotes et de bons mots, ouvrage posthume, publié en 1748, termina les longs travaux de l’auteur de Gil Blas. Elles sont racontées encore avec toute la vivacité qui caractérise son genre d’esprit et on peut supposer qu’elles avaient été recueillies dans son portefeuille

fiour former un jour quelque ouvrage réguler. Mais elle» furent livrées au public dans l’état où elles se trouvaient lorsque la vieillesse engagea Le Sage, alors dans sa soixante-quinzième année, k renoncer k tout travail suivi. Il souffrait alors plus que jamais de la surdité k laquelle était il sujet depuis 1709, car il y fait dès lors allusion dans le prologue critique de Turcaret. 11 en souffrait au point d’être obligé de se servir constamment d’un cornet, ce qui avait encore augmenté son goût pour la solitude et la vie de famille, qu’il avait toujours préférées aux plaisirs mondains. Néanmoins sa conversation était si agréable que, lorsqu’il se rendait k son café favori dans la rue Saint-Jacques, les assistants formaient cercle autour de lui ; quelques-uns même montaient sur les tables et sur les sièges, afin da ne rien perdre des fines causeries et des anecdotes que ce grand observateur de la nature humaine savait raconter avec la même grâce et la même force qu’il l’avait fait autrefois dans ses écrits. »

Le Sage eut trois fils, dont deux, l’ainé et le plus jeune, lui causèrent quelque chagrin, on embrassant la profession de comédien. Le Sage, qui de tout temps, et surtout depuis Turcaret, avait manifesté contre les acteurs la plus violente aversion, qui les avait poursuivis de ses sarcasmes dans tous ses écrits, ne fut pas même désarmé par les succès qu’obtint dans cette carrière son fils aîné, qui se fit applaudir sous le nom de Montménil, dans des rôles de valets et de paysans. Pendant longtemps son père ne voulut entendra parler ni de lui, ni de son talent, ni de ses succès. À la fin, cependant, on amena entre eux une réconciliation qui fut complète, .et la mort de Montménil, arrivée peu de temps après (1743), ne fut que plus sensible au vieillard, à qui elle porta un coup douloureux. Sou désespoir fut si grand, qu’il résolut, de quitter Paris et de vivre entièrement dans la solitude. Le troisième fils de Le Sage, connu au théâtre sous le nom de Pitténec, écrivit aussi quelques comédies, mais n’eut de succès ni comme auteur ni comme acteur. On ne sait ce qu’il devint. Le second fils de Le Sage fut la consolation des dernières années de sa vie ; il avait embrassé l’état ecclésiastique, et il était, au moment de la mort (le Montménil, chanoine de la cathédrale de Boulogne-sur-Mer ; ce fut près de lui que Le Sage

alla chercher un asile. Le chanoine recueillit son père, sa mère et sa sœur, pourvut k leurs besoins et les entoura des soins les plus affectueux. Une lettre curieuse, écrite par le comte de ïressan, longtemps après la visite qu’il fit au romancier, mais pleine de détails intéressants, est le seul document que l’on possède sur les dernières années de Le Sage. Elle était adressée k un personnage resté inconnu ; nous la donnons en entier.

« Paris, ce 20 janvier 1780.

Vous m’avez prié de vous donner quelques notions sur les derniers jours du célèbre

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auteur de Gil Blas et de plusieurs ouvrages. estimés. Voici, monsieur, les seules que je puisse vous donner. Après la bataille de Fontenoy, k la fin de 1745, le feu roi n’ayant nommé personne pour servir sous les ordres de M, le maréchal de Richelieu, les événements et de nouveaux ordres m’arrêtèrent à Boulogne-sur-Mer, où je restai commandant en Boulonnais, Ponthieu et Picardie.

Ayant su que M. Le Sage, âgé d’environ quatre-vingts ans, et son épouse à peu près du même âge habitaient k Boulogne, un de mes premiers soins fut de les aller voir, et de m’assurer par moi-même de leur état présent. Je les trouvai logés chez leur fils, chanoine de la cathédrale de Boulogne, et jamais la piété filiale ne s’est occupée avec plus d’amour k soigner et k embellir les derniers jours d’un père et d’une mère qui n’avaient presque aucune autre ressource que les médiocres revenus de ce fils.

« M. l’abbé Le Sage jouissait k Boulogne d’une haute considération. Son esprit, ses vertus, son dévouement k servirses proches, le rendirent cher à monseigneur de Pressy, son digne évêque, k ses confrères et k la société.

a J’ai vu peu de ressemblances aussi frappantes que celle de l’abbé Le Sage avec le sieur Montménil, son frère ; il avait même une partie de ses talents et de ses dons les plus aimables ; personne ne lisait des vers avec plus d’agrément ; il possédait l’art si rare de ces tons variés, de ces courts repos, qui, sans être une déclamation, impriment aux auditeurs le sentiment et les beautés qui caractérisent un ouvrage.

Je regrettais et j iivais connu le sieur Montménil ; je me pris d’estime et d’amitié pour son frère ; et la l’eue reine, sur le compte que j’eus l’honneur de lui rendre de sa position et de son peu de fortune ; lui fit accorder une pension sur un bénéfice..

On m’avait averti do n’aller voir M. Le Sage que vers le milieu du jour ; et ce vieillard me donna l’occasion d’observer, pour la seconde fois, l’effet que l’état actuel de l’atmosphère peut faire sur nos organes dans les tristes jours de la caducité.

M. Le Sage s’éveillant le matin, dès que le soleil paraissait élevé de quelques degrés sur l’horizon, s’animait et prenait du sentiment et de la force k mesure que cet astre approchait du méridien ; mais, lorqu’il commençait k pencher vers son déclin, la sensibilité du vieillard, la lumière de son esprit et l’activité de ses sens diminuaient en proportion ; et dès que le soleil paraissait plongé de quelques degrés sous l’horizon, M. Le Sage tombait dans une sorte de léthargie dont on n’essayait pas même de le tirer.

J’eus l’attention de ne l’aller voir que dans les temps de la journée où son intelligence était la plus lucide, et c’était k l’heure qui succédait a son dîner ; je ne pouvais voir sans attendrissement ce vieillard estimable qui conservait la gaieté, l’urbanité de ses beaux ans, quelquefois même l’imagination de l’auteur du Diable boiteux et de 'Turcaret ; mais un jour, étant arrivé plus tard qu’à l’ordinaire, je vis avec douleur que sa conversation commençait à ressembler k la dernière homélie de l’archevêque de Grenade, et je me retirai.

M. Le Sage était devenu très-sourd ; je le trouvais toujours assis près d’une table où reposait un grand cornet ; saisi quelquefois par la main avec vivacité, il demeurait immobile sur sa table lorsque l’espèce de visite qu’il recevait ne lui donnait pas l’espérance d’une conversation agréable : comme commandant dans la province, j’eus le plaisir de le voir s’en servir toujours avec moi j <àt cette leçon me préparait k soutenir bientôt la pétulante activité du cornet de mon cher et illustre confrère et ami, M. de La Condamine.

M. Le Sage mourut dans l’hiver de 1746 k 1747. Je me fis un honneur et un devoir d’ussister k ses obsèques avec les principaux officiers sous mes ordres. Sa veuve lui survécut peu de temps. L’abbé Le Sage fut regretté quelques années après par son chapitre et la société éclairée dont il avait fait l’admiration par ses vertus.

J’ai l’honneur d’être, etc.

Le comte de Tressan,

■ Lieutenant général des armées

du roi ; de l’Académie française

et de celle des sciences.

Le Sage mourut le 17 novembre 1747 ; sa veuve lui survécut jusqu’en 1752. Ses œuvres choisies ont été publiées par M. Poitevin en 1838 (Paris, in-8°) ; elles contiennent : le Diable boiteux, Gil Bios, le Bachelier de Salamanque, Guzman d’Alfarache, et deux pièces de théâtre, Crispin rival de son maîtreet Turcaret. Ces deux pièces sont les seules qui soient restées des sept dont Le Sage avait composé le recueil intitulé par lui Théâtre français (1739, réimp. en 1774, 2 vol. in-12). Gil Blas a eu un nombre considérable d’éditions, et a été non-seulement traduit, mais copié et imité dans toutes les langues.

Terminons par cette courte appréciation du talent de Le Sage par M. Hipp. Lucas. « Legrand naquit le jour où Molière mourut, mais ce n’est pas lui qui fut son héritier. Si un auteur a quelques droits k ce titre, c’est Le Sage, qui s’est rapproché de lui par un. style vif et piquant, par un esprit satirique

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et profond. Le S»ge a peint les mœurs qu’il avait sous ses yeux et n’a inventé que les ressorts da ses ouvrages ; ce sont des miroirs où se reflètent les caprices du jour, les ridicules du siècle, les vices éternels du cœur humain. Il est arrivé k la morale, non par la déclamation, mais par In représentation du vice dans sa nudité. Le Sage avait le rire d’Asmodée sur les lèvres, rire comprimé qui n’éclatait jamais dans ses œuvres. La raillerie est incisive chez lui comme chez Molière ; elle n’est pas folle comme chez Dancourt et Regnard. Tout mot porte dans son langage précis. Est-il donc besoin que les personnages d’une pièce soient vertueux pour qu’éle produise un effet utile et moral ? Faut-il absolument que le crime soit puni k la fin, et la vertu récompensée ? Croit-on que le tableau du vice heureux n’est pas capable de dégoûter les honnêtes gens, et qu’il y ait des bonheurs dans la vie qu’ils-seraient tentés d’acheter au prix de leur conscience ? Est-ce que la crainte de tomber dans le ridicule et le mépris où l’on voit certaines gens ne suffirait pas k la rigueur pour retenir les natures équivoques ? .... Ce sont les désagréments éprouvés par la représentation de 'Turcaret qui nous ont valu Gil Mas. Nous n’avons pas le droit de nous plaindre ; et cependant quel dommage qu’un homme doué d’un style si vif, si pénétrant, d’une imagination si ingénieuse, n’ait pas continué sa carrière sur le Théàtre-Ertniçais I N’est-il pas douloureux de se rappeler que vingt-cinq années de sa vie ont été consacrées au théâtre de la foire, parce qua le despotisme et la sottise de messieurs les comédiens du roi avaient rebuté son génie ! LESAGE (Georges-Louis), littérateur français, né en Bourgogne en 167G, mort en 1759. Il quitta la France avec sa famille, qui était protestante, se livra à l’instruction de la jeunesse en Angleterre, puis alla se fixer k Genève. Lesage avait de l’esprit et de l’originalité, mais un savoir superficiel. Parmi ses ouvrages, nous citerons : le Mécanisai ?, de l’esprit ou o.Morale naturelle (Genève, 1G9A) ; la Reliijiondu philosophe (Londres, 1702-1709) ; Aphorismata philosophica (1711-1714) ; Remarques sur l’Angleterre, fuites pur un voyageur (1713) ; Des études (172G) ; De l’économie '(Il'H) ; les Principes naturels des actions des hommes (1747) ; VÉsprit des lois (1752). etc LESAGE (Georges-Louis), mathématicien et physicien suisse, fils du précédent, né k Genève en 1724, mort dans la même ville en 1803. Son père l’envoya étudier la médecine k Paris. Il y accepta, ’ pour vivre, un emploi de précepteur, puis retourna dans sa ville natale, où il se livra k l’enseignement des sciences physiques. Pour expliquer la gravitation, il reprit, en les perfectionnant, les anciennes idées de Leucippe et de Démoorite sur les atomes. Dans un mémoire sur les affinités, couronné par l’Académie de Rouen en 175S, il rit connaître son système, qui attribuait k l’action impulsive des atomes tous les phénomènes de l’attraction et du mouvement des corps célestes.

Aux objections faites contre ses idées, il répondit par un ouvrage intitulé Lucrèce neiotonien, qui eut-dans son temps quelque célébrité. On le trouve dans les Mémoires de l’Académie de Berlin, année 17S2. Mais ce qui recommande Lesage k la reconnaissance de la postérité, ce sont moins ses idées cosmologiques que les belles expériences au moyen desquelles il prouva k Genève, en 1774, la possibilité de la télégraphie électrique. Son appareil comprenait vingt-quatre fils métalliques, correspondant aux vingt-quatre lettres de l’alphabet. Ces fils étaient noyés dans un massif de résine, et chacun d’eux se terminait par un électroscope k balle de sureau. En faisant communiquer l’extrémité opposée h celte balle avec une machine électrique, l’ôlectroscope indiquait le fil électrisé, et par suite la lettre misé enjeu. Lesage a laissé, outre un assez grand nombre d’éludos et de dissertations insérées dans divers recueils scientifiques, plusieurs ouvrages manuscrits, entre autres, une Dissertation sur l’électricité appliquée à la transmission des nouvelles.

LESAGE (Bernard-Marie), homme politique français, mort en 1796. Député k la Convention pour le département d Eure-et-Loir, il se prononça dans le procès de Louis XVI pour fa mort, mais avec l’appel au peuple et le sursis. Le 10 mars 1793, il présenta le rapport sur l’organisation du tribunal révolutionnaire, et faillit, quatre mois après, en être une des premières victimes, ayant été proscrit avec les girondins k la suite du 31 mai. Rappelé dans le sein de la Convention avec ses amis, après le 9 thermidor, il devint membre du comité de Salut public, fut l’un des rédacteurs de la constitution de l’an 111, passa ensuite au conseil des Cinq-Cents, et s éteignit quelque temps après dans une complète obscurité.

LESAGE (Hervé-Julien), prélat et littérateur français, né en 1757, mort en 1832. Prieur des Prémontrés de Bogueho, il refusa le serment k la constitution civile du clergé, émigrâ, et rentra en France en 1802, pour reprendre son ancienne cure. On lui doit : Opinion sur te prêt du commerce (1805) ; une traduction de flammer, Exposition de la morale chrétienne (1817, 2 vol. in-12), etc.

LE SAGE DE MONTMÉNIL (René-André), comédien français, fils aîné de l’auteur de

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