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ses excessives et trompeuses de la guerre etde la marine, enfin aux nombreux mil iards dont le Mexique et l’Allemagne ont chargé notre passif. Mais ce n’en est pas moins, à. notre sens, la condamnation sans appel de tout régime monarchique. Il n’y a pas de monarchie sans liste civile, sans parasitisme.

Nous terminerons cet article en donnant en chiffres ronds le montant de la liste civile des souverains des États suivants :

fr.

Russie 42,500,000

Turquie..’ 33,300,000

Autriche • 19,000,000

Italie 16,800,000

Espagne, avant la proclamation de la république en

février 1873 13,000,000

Angleterre.. 11,700,000

Prusse 11,700,000

Bavière 6,200,000

Suède et Norvège -. 4,500,000

Portugal 3,800,000

Saxe 2,500,000

Danemark 2,400,000

Brésil 2,400,000

Belgique ; 4,200,000

"Wurtemberg 2,000,000

Hollande 1,600,000

Grand-duché de Bade.... 1,400,000 Grèce 1,300,000

En regard de ces chiffres, il est instructif d’indiquer le traitement des chefs du pouvoir exécutif des États républicains. La république des États-Unis, qui compte près de 40 millions d’habitants, alloue à son président une somme annuelle de 125,000 francs, plus les gages de quelques domestiques, les frais d’ameublement, d’éclairage, de réparation de la Maison-Blanche (palais présidentiel), qui sont votés annuellement. En Suisse, le président de la Confédération touche 13,500 francs. En France, sods le Consulat, Napoléon Bonaparte, consul à vie, reçut 500,000 francs par an. La constitution de 1848 donna au président de la république un traitement de 600,000 francs, et une loi lui attribua, quelque temps après, un supplément de 600,000 francs, pour frais de représentation. Enfin, en 1871, le traitement du président de la république a été fixé à 600,000 francs, plus 162,400 francs pour frais de maison.

LISTEAU s. m. (li-stô). Forme qu’on donne quelquefois au mot listel.

LISTEL s. m. (li-stel — rad, liste, quia signifié bande). Architeot. Petite moulure carrée et unie, qui en surmonte ou fn accompagne une autre plus grande, ou qui sert à figurer des cannelures. Il Moulure plate que l’on place au-dessous de J’échine du chapiteau dorique grec.

— Artill. Petite moulure d’une pièce d’artillerie.

— Mar. Petite lisse ou morceau de lisse, il Morceau de bois servant à combler un creux, dans un mât ou une. vergue, il Nom donné à des morceaux do bois qui servent à la réparation des mâts et des vergues, il Suite de tringles posées à l’intérieur dun bâtiment en construction, à la hauteur où l’on doit placer les baux.

— Monn. Cercle qui règne autour de la circonférence des monnaies, entre le bord extérieur de la pièce et le grènetis : Le listel est plus élevé que le corps de la pièce de monnaie, afin de protéger la gravure intérieure contre les atteintes du frottement résultant de la circulation. Pour faciliter l’exhaussement du lisTel, on a soin de relever préalablement à la frappe les rebords du flan, à l’aide de la machine à cordonner.

— Techn. Baguette que les menuisiers emploient à former des encadrements ou des retords, à couvrir des joints.

— Rem. Le Dictionnaire de l’Académie indique listeaux, pour le pluriel de ce mot.

LISTER (Martin), naturaliste anglais, médecin, né en 1638, mort en 1712. Il avait étudié la médecine à Oxford et s’était fixé à Londres pour pratiquer son art. Au retour d’un voyage en France, où il avait suivi le comte de Portland, ambassadeur d’Angleterre, il fut nommé médecin ordinaire de la reine Anne. Ce savant a laissé, sur la conchyliologie, des ouvrages encore très-estimés aujourd’hui. Les principaux sont : Historia sive synopsis conc/iyliorum (1685, 2 vol. in-fol., avec 1,000 planches) ; Connliyliorum bivatvium exercitatio antitomica (1696, in-4o) ; Historié animalium Anglix très tractatus(Lon- dres, 1672, in-8o) ; De cocldeis (Londres, 1694, in-8o) ; Cochlearum et limacum exercitatio anatomica (Londres, 1695, 2 vol. in-8o). On lui doit aussi un livre intitulé : Joumey to Paris in the year 1698 (Londres, 1699).

LISTER (Joseph-Jackson), savant anglais, né à Londres vers la fin du siècle dernier. Bien qu’exerçant la profession de négociant, il consacra de bonne heure ses loisirs à l’étude de l’histoire naturelle et s’occupa surtout d’observations faites à l’aide du microscope, ainsi que du perfectionnement de cet instrumentée fut d’après ses indications que les opticiens de Londres construisirent, pour la première t’ois, en 1827, des microscopes composés, exempts des défauts qui en rendaient l’usage incommode. En 1834, Lister publia, dans Us Philosophical Transactions, un

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mémoire Sur la structure et les fonctions des polypes et des ascidies tubulaires et cellulaires. Dans ce mémoire, il décrivait non-seulement une nouvelle espèce, mais encore un nouveau genre de mollusques ascifliens, genre auquel le savant Wiegmann donna, en l’honneur de l’auteur de la découverte, le nom de Perophora Lislri. Depuis 1832, Lister est membre de la Société royale de Londres.

LISTER (Thomas-Henri), littérateur anglais, né en 1301, mort en 1842. Sa fortune lui permit de s’adonner sans entraves à son goût pour les lettres. Il publia plusieurs romans, parmi lesquels, nous citerons : Gramby (1826) et Herbert Lacy, une tragédie historique intitulée Epicharis, qui fût représentée en 1829 à Drury-Lane, et un ouvrage historique, la Vie et. l’administration d’Édouard, premier comte de Clarcndon (1838, 3 vol. in-S°).

LISTE HE s. f. (li-stè-re — de Lister’ natur. angl.) Moll. Genre de mollusques à coquilles bivalves, formé aux dépens des cames, et qui doit être désigné sous le nom do Iriijonettc.

— Bot. Genre de plantes de la famille des orchidées, tribu des néottiées, comprenant des espèces qui croissent dans l’hémisphère nord.

LISTIA s. m. (li-sti-a). Bot. Genre de plantes, de la famille des légumineuses, tribu des lotées, comprenant des espèces qui croissent au Cap de Bonne-Espérance.

LISTON s. m. (li-ston — rad. liste). Blas. Petite bande en forme de ruban qu’on môle ordinairement avec les ornements de l’écu et sur laquelle on place quelquefois la devise.

— Mar. Bande de bois recouvrant le bord de la première rangée des feuilles qui servent à former la doublure d’un vaisseau.

LISTON (John), comédien anglais, né en 1777, mort à Londres en ISiG. Il fut d’abord précepteur, et, comme il avait un goût prononcé pour le théâtre, il employa le temps dont il pouvait disposer à jouer au bénéfice d’individus qui obtenaient du lord grand chambellan la permission de donner des représentations au théâtre de Haymarket. Ayant été bien accueilli du public, il se détermina à suivre la carrière théâtrale, obtint un engagement à Dublin, s’essaya avec peu de succès dans les rôles tragiques, puis se tourna vers la comédie et y réussit complètement. Il joua avec distinction les pères nobles et les paysans à Newcastle et autres villes comprises dans l’exploitation de la troupe de Stephen Kemble, déployant sans efforts cette force d’originalité et de gaieté communicative que l’on vantait avec enthousiasme partout où il paraissait. Charles Kemble, voyageant dans le Nord, vit ce comédien, et, vivement frappé de son talent, le recommanda de suite à, Colman, qui le lit débuter à Londres en 1805. Le succès de Liston ayant’été complet, cet artiste fut engagé à la fin de la même année à Covent-Garden. Accueilli avec transport, il resta à co théâtre jusqu’en 1823. À cette époque, Liston, ayant eu quelques difficultés avec les directeurs, passa au théâtre de Drury-Lane, où il continua à se faire applaudir. La nature avait contribué autant que l’étude et l’observation à l’effet général de son jeu, Sa physionomie était grotesque et originale. À peine entrait-il en scène qu’il était accueilli par un rire universel excité par sa vue seule et auquel il était impossible de résister. Dana quelques-uns de ses rôles de bas comique, qui lui convenaient si bien, il y avait dans toute sa personne un mélange de balourdise, de simplicité, de niaiserie véritablement extraordinaire. En 1827, Liston vint jouer à l’Odéon, à Paris, avec une troupe d’acteurs anglais et produisit un grand effet dans le rôle de M. Acres, des Miuaux, comédie de Sheridan. Peu de temps après, ce remarquable comédien se retira du théâtre en pleine possession de tout son talent.

LISTON (Robert), chirurgien anglais, né en 1794, mort en 1848. Il vint se fixer en 1817 à Londres, où, tout en exerçant son art, il fit avec un grand succès des cours d’anatomie et de chirurgie. Infatigable travailleur, praticien éminent, Liston devint un des premiers chirurgiens de l’Angleterre. Devenu professeur de chirurgie à Édimbourg, il s’attacha à apporter d’importantes améliorations dans l’hôpital de cette ville ; puis retourna en 1834 à Londres, où il fut chirurgien à l’hôpital du Nord, professeur de clinique chirurgicale et administrateur du collège royal de chirurgie. Liston s’attacha à simplifier l’art opératoire et montra dans ses écrits la netteté et la précision qui étaient le caractère dominant de son enseignement. Outre des Mémoires et des Leçons, insérés dans la Lancette et autres recueils scientifiques, on lui doit : Principes de chirurgie (1833J, dont le succès fut très-grand.

L1STOWEL, bourg et paroisse d’Irlande, dans le comté de Kerry, à 24 kilom. N.-E. de Tralee, sur la Féale ; 2,558 hab. On y remarque une jolie église, une belle chapelle et les ruines d’un château.

LISTRODÈBE s. m. (li-stro-dè-re — du gr. listron, batte ; derê, cou). Entom. Genre d’insectes coléoptères tétramères, de la famille des charançons, tribu des cléonides, comprenant plus de cinquante espèces qui toutes vivent en Amérique.

LISTRONYX s. m. (li-stro-nikss — du gr. listron, batte ; onwe, ongle), Entom. Genre

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d’insectes coléoptères pentamères, de la fa- :

mille des lamellicornes, tribu des scarabées, 1

comprenant deux espèces qui habitent les ré- !

gions australes de l’Amérique. |

LISTROPTÈRE s. m. (li-stro-ptè-re — du gr. listron, balte ; pimm, aile). Entom. Genre d’insectes coléoptères tétramères, de la famille dés longicornes, tribu des cérambycins, comprenant quatre espèces qui habitent l’Amérique du Sud.

LISTEOSCÉLIDE s. f. (li-stro-sé-li-de— du j gr. listron, batte ; skelos, jambe). Entom. Genre d’insectes orthoptères, de la famille des locustiens ou sauterelles, tribu des gryllacrites, dont l’espèce type habite les Moluques.

L1STWOER, une des deux vierges qui, dans la mythologie Scandinave, sont les compagnes de la déesse infernale Hela. L’autre s’appelle Bigwor.

Lisuarie île Grèce, roman de chevalerie espagnol, attribué à Feliciano de Silva (Séville, 1525, in-4o). Il forme la septième partie de la longue série dus Amadis et se place après Don Ftorisando, qui en est la sixième. Cependant Lisuarte est la continuation, non de ce dernier, mais du précédent, les Exploits d’Esplandian ; il reprend le fil de l’histoire juste à l’endroit coupé. Cetté œuvre imite de trop près les précédentes ; elle est longue et manque de proportions. L’intérêt n’est pas concentré comme dans VAmadis, où tous le cèdent en vertu, en valeur au héros principal. Dans Lisuarte de Grèce, l’attention est partagée entre le héros et son oncle Perion, comme lui cavalier parfait, combattant intrépide, amoureux.galant et miroir de toutes les vertus. C’est trop de deux à la fois dans le même livre. Nous empruntons à M. de Gayangos, l’excellent critique espagnol, un bref résumé de cet ouvrage. Le roman commence avec la résolution qu a prise Perion d’aller en Angleterre pour se faire armer chevalier par le puissant roi Cildadan. De nombreux chevaliers l’accompagnent, mais il ne peut donner suite à son dessein. La jeune Alquifa, envoyée par la fee Urgande, l’embarque dans un esquif conduit par des singes qui le transportent à Trébizonde. Là, il est armé chevalier par l’empereur et devient amoureux de sa fille, la belle Gricileria. Cependant Lisuarte de Grèce et un grand nombre de chevaliers courent le monde à sa recherche, tuent des géants, délivrent des princesses enchaînées, livrent des combats fabuleux ; mais ils n’arrivent à Trébizonde que lorsque Perion en est déjà parti. Là, Lisuarte tombe amoureux d’Onolaria, sœur de Gricileria. Puis il quitte Trébizonde et parcourt l’Europe en quête d’aventures. Il rencontre Perion, sans le reconnaître, en rase campagne, et se bat avec lui ; les deux vaillants y vont de si bon cœur que tous deux restent horriblement blessés sur le terrain. Enfin, fatigué de la géographie asiatique, l’auteur ramène son héros à Carthagène, en Espagne. Bien que l’action ait lieu désormais dans un pays réel, les exploits du héros n’en sont pas moins hyperboliques et hors de toute vraisemblance. Le roman se termine par le récit des couches d’Onolaria, qui met au monde un enfant appelé Amadis de Grèce. Ce héros, pTédestiué aussi à bien des aventures, aussitôt après sa naissance tombe entre les mains de corsaires noirs.

Lisuarte de Grèce a été traduit en français, au temps de la vogue des Amadis, par Nicolas d’Herberay, sieur des Essaris (1548, in-fol.).

L1SVINUS COM1TATUS, nom latin du pays de Libovin au moyen âge.

LISYANTHE, LISIANTHE OU LYSIANTHE s. m. (li-zi-an-te). Bot. Genre de plantes, de la famille des gentianées, comprenant plusieurs espèces qui toutes habitent l’Amérique. LISZT (Franz), célèbre pianiste et compositeur hongrois, -né à Reidîng (Hongrie) le 22 octobre 1811. Son père, régisseur du prince E’sterhazy et amateur distingué, lui enseigna les éléments de l’art musical. À six ans, l’enfant commençait l’étude du piano et se produisait trois ans après en public à Œclenbourg. Peu après, le jeune virtuose, accompagné de son père, se rendit à Presbourg, où il eut la bonne fortune de rencontrer ueux zélés protecteurs, les comtes Amaden et Zopary, qui lui constituèrent une pension de 600 florins pendant six ans, pour l’aider à compléter son éducation. Conduit h Vienne, Liszt perfectionna son talent d’exécution sous la direction de Ch. Czerny et reçut de Salieri des leçons d’harmonie et de composition. Après un séjour de dix-huit mois à Vienne, le pianiste vint à Paris et se présenta au Conservatoire, dont sa qualité d’étranger lui fit fermer les portes. Mais Liszt n’était pas homme à reculer devant un obstacle. Dès son arrivée, il se lit entendre dans plusieurs concerts donnés à l’Opéra et devint à la mode parmi les grandes familles du faubourg Saint-Germain. Les adulations et les excessives caresses de ses aristocratiques patronnesses développèrent chez lui cette imperturbable confiance en lui-même qui est un des côtés faibles de sa grande nature artistique. En 1824, Liszt se rendit à Londres, où il retrouva ses triomphes des salons parisiens, puis revint à Paris, les oreilles fatiguées de cette prophétie : • Tu seras Mozart ! » prophétie dont il crut la réalisation prochaine. La direction de l’Opéra

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s’empressa de lui confier un libretto, Don Sanche ou le Château de l’amour ; et le compositeur en herbe écrivit sa partition avec une rapidité qui témoignait de sa confiance en son génie. L’œuvre, représentée le 17 octobre 1825, fit un éclatant fiasco.. Liszt regagna alors l’Angleterre pour chercher de plus faciles succès. De retour en France, il perdit son père à Boulogne et se trouva, à l’âge de dix-sept ans, seul, sans appui, sans conseils et déjà chargé d’une réputation bien lourde à porter. L’artiste se mit au travail, se cloîtra et pendant plusieurs années rompit ses doigts à toutes les difficultés du piano, de manière à déchiffrer à première vue les traits les plus difficiles. À ce moment, une grave maladie, suivie d’une longue convalescence, le jeta dans le mysticisme religieux, dont l’influence devait plus tard l’arracher au monde. Ce premier accès ne fut heureusement pas de longue durée. Liszt reparut plus triomphant que jamais, et, le 17 avril 1835, se lit entendre dans une séance de la société des concerts du Conservatoire. Son succès fut immense et l’opinion des artistes le plaça définitivement au rang des plus célèbres pianistes. Après de longues excursions en Allemagne, en Italie, en Russie, en Espagne et en Portugal, partout comblé d’ovations sans précédent, l’artiste revint en Allemagne pour organiser à Bonn le festival en l’honneur de l’inauguration de la statue de Beethoven, et il fit entendre une cantate de sa composition, écrite pour cette cérémonie. On peut lire, dans les Soirées de l’orchestre, de Berlioz, ce qu’il en coûta à Liszt de peines, de tourments, d’abnégation, d’habileté, de sacrifices pécuniaires pour mener à bonne fin cette gigantesque entreprise. Les souverains allemands s’étaient cotisés pour payer la statue ; Liszt prit entièrement à sa charge personnelle tous les frais occasionnés par la fête et se ruina. En 1849, l’illustre pianiste se rendit à Weimar, où il reçut le titre de maître de la chapelle du grand-duc. À partir de ce moment, Liszt s’attacha à faire de Weimar la ville la plus importante de l’Allemagne, au point de vue musical, et se voua corps et âme à la propagation des œuvres et du système musical de Richard Wagner, dont le Lohengrin fut représenté à Weimar pour la première fois. Alors aussi se forma la fameuse trinitô Liszt-Wagner-Schumann, tant discutée, tant bafouée par les petits journaux, mais qui mérite le respect dû à trois esprits de premier ordre luttant seuls en désespérés, en vaincus.du moment, contre le monde musical entier.

Tout en conservant ses fonctions à Weimar, Liszt fit de fréquents voyages à Rome et en France. En 1801, le bruit courut qu’il nlla.it épouser la princesse Wittgenstein, et il s’en fallut de peu, en effet, que ce projet d’union ne devint un fait accompli. Vers la même époque, le duc de Saxe-Weimar nomma Liszt son chambellan, pour l’attacher plus complètement à sa cour ; mais ce moyen lui réussit peu. Pendant un séjour qu’il fit à Rome en 1864, le célèbre artiste sentit se réveiller avec une extrême intensité les sentiments religieux qui s’étaient emparés de lui dans sa jeunesse, et, poussé par son imagination sans contre-poids, il se décida tout à coup à entier’dans les ordres. Le 25 avril 1865, il fut tonsuré dans la chapelle du Vatican par son ami, l’archevêque Hôhenlohe. Depuis lors, l’abbé Liszt n’a pas renoncé à la musique, mais n’a plus écrit que de la musique d’église. On l’a vu organiser des concerts au proiit d’œuvres catholiques, notamment à Ratisbonne (1869), et faire exécuter des œuvres de sa composition, entre autres une messe à Saint-Eusiache, où il dirigea lui-mêmél’orchestre en costume ecclésiastique (1806).

Le compositeur Liszt a eu deux filles, dont l’une, morte depuis plusieurs années, épousa M. Emile Ollivier, et dont l’autre est devenue la femme du compositeur Wagner.^ Il a été nommé commandeur de la Légion d’honneur en 1861.

Comme pianiste, le talent de Liszt n’a jamais été contesté. Vigueur, énergie, domination du clavier, intuition des styles, netteté, toutes les qualités transcendantes du virtuose sont réunies dans sou jeu. Il n’a jamais rencontré, il ne rencontrera vraisemblablement point de rival en exécution, pas plus que Paganini n’a trouvé d’émulés. Toutefois, la grâce et le charme lui font souvent défaut « dans les auditions publiques, » car, entre le Liszt des concerts et le Liszt de l’intimité, le pianiste merveilleux qui sait rendre les plus sublimes adagios de Beethoven comme ne les chanterait aucune voix humaine, il y a une distance immense. Parmi les critiques qu’il s’est attirées, il en est deux qui sont pleiue : ment justifiées : d’abord, la difficulté de sa musique, qui fait reculer d’effroi les plus habiles pianistes, et son goût excessif pour les tours de force ; en second lieu, ses^poses théâtrales et ses excentricités d’un goût souvent contestable. La mise en scène a été son grand faible, surtout lors de ses débuts. « Voyez-le, disait Scudo, faire son entrée dans un concert publie ; d’abord il jette ses gants au garçon de salle, puis s’assied avec fracas. Il promène son regard dominateur sur son nombreux auditoire, le fixe tour à tour sur chacune de ses dévotes qu’il tient immobiles sous sa prunelle ardente, comme un vautour fascine de timides colombes. Eniin il pose ses mains sur le clavier, et, tout eu