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Saint-Cloud. Si l’abattement commença de gagner les masses, il en fut autrement des meneurs ; dans les hôtels des grands seigneurs, partisans des Guises, chez la duchesse de Montpensier, dans les cloîtres surtout, la fureur ne connaissait plus de bornes. Elle trouva un bras dans le dominicain Jacques Clément, qui alla assassiner Henri III à son quartier général de Saint-Cloud (1er août 1589).

Le Béarnais restait seul chef de l’armée assiégeante ; mais, les états généraux s’étant prononcés à deux reprises, en 1576 et en 1588, pour la succession catholique exclusive, il se trouvait réellement déchu du trône par la volonté du peuple. La Ligue proclama roi de France, sous le nom de Charles X, le vieux cardinal de Bourbon, dont la royauté fut si éphémère qu’elle ne compte même pas dans l’histoire. Théoriquement, c’était lui !e vrai roi, et Henri IV ne devait être considéré que comme un prétendant, repoussé par la majorité de la nation. Mais ce n’est que l’apparence, comme le dit très-bien Henri Martin, « une apparence qui a jeté dans de singulières illusions sur la Ligue maints écrivains de notre temps. Pour connaître la réalité, il faut examiner les principes, non dans leur valeur abstraite, mais dans leur application. Que vaut le principe républicain dans la Ligue ? Ce principe, par sa nature, est absolument indépendant de tout autre ; si on le subordonne, il disparaît. Or ici, sans parler du caractère dissolvant, négatif de l’unité française, qu’il affecte dans les provinces, il n’est pas seulement allié, il est pleinement subordonné au principe catholique, non plus sous cette forme gallicane qui était celle d’une religion d’État, compatible avec la nationalité, mais sous la forme ultramontaine, hispano-romaine, cosmopolite, qui subordonne la France à une autorité étrangère ; par conséquent, le républicanisme de la Ligue est une chimère. La Ligue fut le parti antinational ; les foules aveugles qu’elle entraînait se dénationalisaient de fait, sans le savoir. »

Il suffit, pour apprécier la justesse et la profondeur de ces remarques, de voir quelle a été la part des Espagnols dans tous les mouvements de la Ligue. Si elle eût triomphé, il est hors de doute que ce n’eût pas été au profit de ceux qui rêvaient une sorte de république théocratique, gérée par les curés des paroisses, comme Paris en offrit le modèle jusqu’à la fin du siège (1589-1590). Cette dernière phase de la Ligue est caractéristique ; en apparence, le pouvoir est aux mains des Seize et de la municipalité ; au fond, les prédicateurs, les moines, les curés sont les véritables maîtres du peuple, et pour conserver quelque autorité, les Seize sont obligés de se vendre à l’Espagne. Ainsi, la seule chose qui fût bonne dans cette révolution, la gérance des intérêts de la ville par ses élus, était entachée d’un vice radical ; elle ne faisait que voiler la domination étrangère.

Le siège de Paris, interrompu par les campagnes de Henri IV contre le duc de Mayenne (batailles d’Arques et d’Ivry, 1589), fut repris en mai 1590, et le blocus, très-sévèrement conduit, quoi qu’en dise la légende du Béarnais faisant passer des sacs de farine par-dessus les murs de la ville, amena l’une des plus effroyables famines que l’histoire ait enregistrées. La Ligue montra pendant ces quatre longs mois, pour armer les masses, exciter leur patriotisme et leur inspirer une confiance héroïque au milieu des souffrances, une ténacité inébranlable et bien digne d’une meilleure cause. Toutes les milices bourgeoises furent mises sur le pied de guerre ; les moines et les curés eux-mêmes revêtirent casque et cuirasse, apprirent le maniement de l’arquebuse et marchèrent aux remparts. C’est la revue de cette milice en capuchon (14 mai 1590) qui s’appelle dans l’histoire la procession de la Ligue. « Les principaux du parti, Rose, Boucher, Lincestre, la barbe et la tête rasées, un hausse-col par-dessus le camail et le rochet, l’épée au côté et la pertuisane au bras, ouvraient la marche ; suivaient, quatre par quatre, au nombre de 1,300, les cordeliers, jacobins, carmes, capucins, feuillants, en ordre de bataille, la hache ou l’arquebuse sur l’épaule, dans un accoutrement moitié religieux et moitié militaire, qui avait quelque chose de burlesque et de terrible à la fois. L’Église « militante, » chantant des hymnes entremêlées de salves de mousqueterie, défila devant le légat, qui la bénit et traita ces moines de vrais Macchabées, nom que quelques-uns méritèrent à la défense des remparts. » On trouvera à Paris (sièges de) l’historique de ce siège célèbre.

L’approche du duc de Parme contraignit Henri IV à s’éloigner des murs de la ville au moment où, réduite par la famine, elle commençait à faiblir. La Ligue, qui dans ce désastre s’était affaissée et avait cédé le pas aux politiques, seuls aptes à nouer des négociations avec le Béarnais, reprit courage. Malheureusement, elle manifesta par des massacres le retour de son énergie ; le président Brisson, les conseillers Larcher et Tardit payèrent de leur vie leur attachement aux formes parlementaires et leur aversion pour la domination de l’Espagne. Séparés par ces meurtres du duc de Mayenne, dont les parlementaires étaient les plus sérieux appuis, les Seize resserrèrent plus étroitement le lien qui les unissait à Philippe II ; ils négocièrent le mariage d’une fille du monarque espagnol avec l’aîné des fils de Henri de Guise. Mayenne résolut alors d’étouffer la Ligue ; il s’empara de la Bastille, fit décapiter quatre des Seize dont il parvint à se saisir, cassa leur conseil et mit des politiques déclarés à la tête de la commune. Paris était plongé dans la stupeur ; un compromis, la convocation des états généraux, s’offrit comme une solution aux deux partis. Convoqués à Suresnes (avril 1593), ces états sont ordinairement désignés sous le nom d’états généraux de la Ligue, par antiphrase sans doute, car la plus grande partie des députés, élus sous la pression du duc de Mayenne, n’étaient rien moins que ligueurs. L’attitude de l’ambassadeur d’Espagne, qui voulait imposer pour reine à la France la fille de Philippe II, mais avec un archiduc d’Autriche pour époux, fit voir assez clairement au bord de quel abîme les intrigues des Seize et de la Ligue avaient poussé la France ; une vague promesse d’abjuration hasardée par Henri IV lui rallia assez de partisans pour que l’assemblée de Suresnes n’eût plus rien à faire en politique ; elle s’occupa du concile de Trente !

Désormais la Ligue avait vécu ; la Satire Mênippée, en la livrant aux risées de la foule, lui porta un coup plus funeste que ne l’eût été une bataille perdue. Les hardis pamphlétaires s’étaient bornés à montrer les ligueurs déguisés en charlatans, sous la livrée de Philippe II, et débitant à force de momeries une drogue détestable, le Catholicon d’Espagne ; ils avaient osé bafouer la fameuse procession de la Ligue. Du Vair, en plein parlement, alla plus loin : « Voilà l’état où nous en sommes réduits, dit-il ; seize coquins ont fait vente au roi d’Espagne de la couronne de France. Non, jamais peut-être il ne s’ouït dire que si licencieusement, si effrontément, on se joua de la fortune d’un si grand et si puissant royaume, si publiquement on trafiqua d’une telle couronne, si impudemment on mit vos vies, vos biens, votre honneur, votre liberté à l’enchère. Et en quel lieu ? Au cœur de la France § »

Après l’abjuration, à l’entrée de Henri IV dans Paris, les ligueurs essayèrent un soulèvement ; mais, privés de l’appui de la garnison espagnole, qui dut quitter la ville le jour même, ils rentrèrent paisiblement chez eux. Sully, tout avare qu’il était, sut trouver de bons écus sonnants pour acheter ce qui survivait des chefs de la Ligue, à Paris et en province, et obtenir les clefs des places fortes. Les derniers débris des bandes armées, recueillis par les ducs de Mayenne et de Joyeuse, firent leur soumission, chèrement payée à leurs généraux, en 1596.

Ligue (la), de Vitet, titre général d’une série de scènes dramatiques : les Barricades (1826) ; les États de Blois (1827) ; la Mort de Henri III (1829), ouvrage très-inférieur aux deux autres. V. barricades et états.

Ligue (la démocratie chez les prédicateurs de la), par Charles Labitte, V. démocratie.

Ligue (le triomphe de la), tragédie de Nérée, non représentée (1607). Comme la Guisiade, de P. Matthieu, ce drame n’a guère d’autre intérêt que celui qui s’attache aux œuvres des contemporains, des faits mis en scène. Il a été écrit au même point de vue que la Guisiade, en faveur de la Ligue et de son chef populaire. Le Triomphe de la Ligue, en tant que tragédie, ne supporterait pas l’analyse. Voltaire n’a pas dédaigné de lire cette vieille pièce, mais dans un but tout particulier ; il y a relevé quelques vers évidemment imités par Racine, dans Athalie :

|poem>Je ne crains que mon Dieu, lui tout seul je redoute... On n’est point délaissé quand on à Dieu pour père... Il ouvreà& tous la main, il nourrit les oiseaux, Il donne la viande aux jeunes passereaux.</poem>

Cela suffit tout juste pour tirer de l’oubli Nérée et sa tragédie.


Ligue des fanatiques et des tyrans (LA), tragédie nationale en trois actes et en vers, par Ch.-Phil.-H. Ronsin (Paris, 1791, in-8° ; Lille, 1793, in-8°). Cette pièce, très-violente contre le roi, et plus violente encore contre la reine, fut représentée après le retour de Varennes. Écho passionné, quoique souvent fidèle, des ressentiments populaires, cet ouvrage obtint une vogue à laquelle se prêtaient d’ailleurs les événements de cette grande et redoutable époque.

Ligne relierait- (la), une de ces conspirations imaginées par la police du second Empire, pour effrayer les bourgeois (1853). Celle-i ci est absolument ridicule. Elle était légitimiste, et la police la découvrit peu de temps après un manifeste du comte de Chambord qui avait eu du retentissement. Ses affiliés, au nombre de vingt-deux, avaient pour chefs : un papetier, un libraire, un ex-greffier, un compositeur de musique, un médecin et un invalide. Le généralissime était un certain Adjutor Dubuisson, réfugié en Belgique ; la police se garda bien dé mettre la main sur lui, et même on croit que ce personnage n’a jamais existé. On se contenta de produire ses lettres, qui étaient très-compromettantes... pour les, autres. Il ne s’agissait de rien moins que d’enlever Vincennnes et le Mont-Valérien, pour le compte de Henri V, à l’aide du papetier Jeanne et de l’invalide. On saisit chez un corroyeur du quai Saint-Michel des brevets portant : Liberté, Égalité, Fraternité

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(comme c’est bien la devise de Henri V !) puis : Justice aux provinces. Tout pour le peuple et pur le peuple. Au dessous : Fides robttr, sit Normannis Victoria semper. France, Bnus, liée, Patria, Récompense. Ce charabia cosmopolite encadrait cette mention : » Nourriture : viande, légumes, pain 6lanc, 1 kilogr. ; vin, 1 litre ou 2 litres de cidre pur ; tabac, 1G gt ; eau-de-vie, 3 petits verres. En campagne le nombre des rations augmentera selon les règles établies pour tous les grades. Les jours de fête, la broche. » Des décorations et des rubans furent trouvés chez Jeanne.

En face d’une conspiration si bien organisée, le second Empire se sentit mal à l aise. Le papetier et l’invalide étaient surtout compromis ; on trouva même que le complot avait des ramifications, et qu’un dentiste, Jamet, avait arraché des dents, dit le réquisitoire, dans fin intérêt légitimiste. Tous les accusés furent condamnés à deux ans et quatre ans de prison (août 1853) ; l’introuvable Adjutor Dubuisson échappa seul.

Ligne du bien publie. La fondation de cette Ligue est due à M. Edmond Potonié, qui en conçut l’idée en 1859, et se mit alors à publier en trois langues une circulaire, dans laquelle il demandait le concours des hoinme-s distingués de tous les pays pour propager les idées de justice. Le programme de cette Ligue peut se résumer ainsi : plus d’armées permanentes, plus d’impôts indirects, de douanes et d’oc-trois ; plus de monopoles ; toutes les libertés, séparation de l’Église et de l’État, instruction pour tous, solidarité humaine, arbitrage international, abolition de la peine de mort ; de la justice découlera la paix. Victor Hugo, Garibàldi, Schulze, Delitzsch, etc., répondirent à l’appel de M. Ponionié, et, grâce à la Peace-Society de Londres, grâce à un riche Anglais, M. John Noble, qui envoyèrent les premiers fonds à la Ligue, ces adhésions furent publiéessous forme de petites brochures, intitulées Correspondance cosmopolite. Bientôt après parut à Anvers le Cosmopolite, journal qui devint l’organe de la Société, et dès lors la propagande de la Ligue se fit en neuf langues dans toute l’Europe. Depuis la fondation de la Ligue du bien public (1863), un grand nombre de ligues et de sociétés analogues ont été fondées sur le continent européen.

Ligue do l’enseignement. Cette ligue, qui a pour principale mission d’encourager le développement de l’instruction du peuple dans

les endroits qui sont privés d’écoles, de concourir par des envois de livres, par des subventions incessantes à la création de cours d’adultes et de bibliothèques populaires, a été fondée en 1865 par M. Jean.uacé, qui en est devenu le président. Avec une infatigable activité • Je fondateur de cette vaste association, dit M. Lereboullet, s’est employé à provoquer en tous lieux et vis-à-vis de tous l’œuvre de propagande intellectuelle à laquelle il a voué sa vie. Habile à communiquer son énergie aux hommes dévoués qui se sont groupes autour de lui, M. Jean Macé a puissamment contribué à faire de la Ligue de l’enseignement une vaste fédération intellectuelle, d’autant plus influente qu’elle ne relevé que d’elle-même., qu’elle ne compte dans sou sein que des citoyens libres, affranchis de toute attache administrative. ■ La Ligue n’a pas seulement pour objet de propager l’enseignement, mais encore de faire adopter renseignement obligatoire, gratuit et laïque. « Par ces mots « enseignement laïque, » dit M. Macé, nous entendons l’indépendance de l’écoie vis-à-vis de l’Église, ou plutôt des Églises. C’est la consécration du principe de la liberté de conscience dans renseignement, et rien de plus... Les Anglais, qui sont des gens pratiques, se sont exprimés en des termes d une clarté parfaite. Ils désignent l’école laïque sous le nom d’école non sectaire, par opposition à l’école sectaire, où la religion et l’enseignement sont confondus. »

La Ligue de l’enseignement, aujourd’hui répandue dans toute la France, compte plus de 30,000 adhérents. Son budget, qui s’accroît sans cesse, se compose de souscriptions libres, et toutes les ressources dont elle dispose sont employées à envoyer des livres, à créer des bibliothèques populaires et des cours d’adultes. C’est la Ligue qui, avec l’approbation et le concours du ministre de la guerre, a entrepris eu 1872 de fonder des bibliothèques régimentaires. D’après le rapport fait par M. Javul à l’assemblée générale annuelle du cercle parisien de la Ligue, le 15 février 1873, dans l’espace de moins n’une année, la Ligue a créé 53 bibliothèques militaires, et dépertsé une somme de près de 5,000 fr. pour l’accomplissement de cette entreprise vraiment patriotique. Elle a contribué, en outre, à la foudation de 120 bibliothèques populaires et communales, et les seuls achats de livres, sans parler des cartes et des tableaux synoptiques, se sont élevés à la somme de 25,937 fr.

C’est également la Ligue qui a pris l’initiative du grand pétitionnement pour l’instruction obligatoire, et grâce au zèle de ses membres, elle est arrivée à créer une manifestation sans précédent dans l’histoire de notre pays : les deux pétitionnements de 1870 et de 1872 ne comprennent pas moins de 1,207,207 adhérents.

La Ligue de l’enseignement ne s’est pas bornée à doter un grand nombre d’écoles de

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livres achetés à ses frais, elle a voulu avoir sa bibliothèque à elle. « De distributeur de livres, dit M. Lereboullet, le cercle parisien de la Ligue s’est fait éditeur, et l’entreprise a pleinement réussi. [1 a demandé à M. Jean Macé d’écrire à l’intention des classes populaires quelques pages de lecture facile sur les questions du jour. » Depuis lors, l’auteur de 1 Histoire d’une bouchée de pain a fait paraître, sous forme de fascicules, plusieurs écrits sur les questions relatives à l’éducation populaire : les idées de Jean-François, la Séparation dé l’Église et de l’école, la Demi-instruction, etc., écrits d’un style éloquent, simple et familier, destinés à être répandus dans le peuple.

Dans ces dernières années, il a été fondé en Angleterre, sous le titre de Ligue de l’éducation nationale, une société qui poursuit le même but que notre Ligue d’enseignement, et qui a pris une extension considérable. En octobre 1871, elle ne comptait pas inoins de 315 succursales.

Ligue internationale et permanente de la

pnix. Cette Ligue fut fondée le 3 mai 1867 par M. Frédéric Passy, qui, le mois précédent, en avait proposé la création dans le journal le Temps. Les fondateurs de cette association, parmi lesquels nous citerons, outre M. Passy, MM. Michel Chevalier, Arlès-Dufour, le P. Gratry, le P. Hyacinthe, le grand rabbin Isidor, le pasteur protestant Martin Paschond, etc., se placèrent exclusivement sut le terrain de la revendication de la paix, et, à l’exemple rie la Société de la paix de Londres, ils écartèrent avec soin tout ce^qui pouvait toucher à la politique et aux questions sociales. Dans ces limites trop circonscrites, « la Ligue internationale et permanente de la paix, dit M. Ch. Lemonnier, a cependant rendu des services véritables. C’est avec un zèle infatigable que M. F. Passy multiplie les conférences, écrit et répand par centaines des brochures qui, suivantson expression favorite, « font la guerre à la guerre. • C’est toujours un grand bien que de mettre sous les yeux des populations le tableau des maux de la gusrre ; mais quand le cœur est soulevé par tant d’horreurs, quand l’esprit cherche à sortir de ces abîmes, il demande autre chose que de vaines peintures. Celte neutralité politique, au surplus, a valu à. la Ligue internationale et permanente de la paix l’adhésion de la classe purement bourgeoise, surtout dans les pays que pénètre et domine encore l’esprit munarchique. »"Un discours que prononça le P. Hyacinthe dans la séance annuelle de la Ligue à Paris, le 24 juin 1869, fit grand bruit, et lut la cause première de la rupture du célèbre carme avec l’Église romaine. En 1872, la Ligue internationale et permanente de la paix, pour ne pas être confondue avec son homonyme la Ligue internationale do la paix et de la liberté, a changé son nom en celui de Société des amis de la paix, et a déclare qu’elle avait pour objet la propagation et la défense des grands principes de l’indépendance des muions, de justice et de respect mutuel, principes dont ta consécration pratique se trouve dans la substitution de l’arbitrage aux solutions violentes de la guerre. Elle publie un Bulletin à des époques indéterminées.

Ligne internationale do la paix et de la

liberté. C’est dans le Phare de la Loire que M. E. Mangin émit le premier, le 5 mai 1867, l’idée de fonder dans un congrès cette Ligue, qui se distingue de toutes les autres sociétés de la paix par l’affirmation très-nette d’un programme politique. Aussitôt on vit s’organiser en Suisse un comité international, composé de Arnaud Goegg, Jules Barni, Jolissaint, Bossak-Hawke, etc., et ce comité convoqua à Genève, le 9 septembre 1867, le premier congrès de la paix et de la liberté, qui choisit pour président le général Garibàldi. 60,000 adhésions arrivèrent de tous les pays, et parmi les adhérents se trouvaient Victor Hugo, Quinet, Louis Blanc, Caruot, Jules Favre, Pelletan, Simon de Trêves, Ch. Lemonnier, Jacoby, Mittermaier, Catalan, Elisée Reclus, Littré, Stuart Mill, Ch. Dollfus, Scheurer-Kestner, etc. Le congrès, dont les débats eurent un retentissement énorme, décida « qu’une Ligue de la paix et de la liberté, véritable fédération cosmopolite, serait fondée ; qu’il était du devoir de chaque membre de cette Ligue de travailler à éclairer et à former l’opinion publique sur la véritable nature du gouvernement, exécuteur de la volonté nationale, et sur les moyens d’éteindre l’ignorance et les préjugés qui entretiennent les différentes chances ne guerre ; de préparer par ses constants efforts la substitution du système des milices nationales à celui des armées permanentes ; de faire mettre à l’ordre du jour, dans tous les pays, la situation des classes laborieuses et déshéritées, afin que le bien-être individuel et général vienne consolider la liberté politique des citoyens. » Ildécida, en outre, l’institution d’un comité central permanent et la fondation d’un journal franco-allemand sous ce titre, les ÉtatsUnis d’Europe. Le comité central qui fut alors constitué fonda, au mois de novembre 1S69, les États-Unis d’Europe, en français et en allemand, journal qui parut chaque dimanche à Berne, sous la direction de Vogt, du 5 janvier 18G8 au 25 avril 1869, puis fut remplacé par un bulletin mensuel, publié à Genèvç sous la direction de Jules Barni.