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n’étaient autrefois qu’une occasion de débiter les lieux communs les plus insipides ; de grands esprits, comme La Bruyère, Fénelon, Voltaire, les firent sortir de cette ornière où d’autres se sont ingéniés à les faire rentrer. L’éloge de Richelieu, le parallèle de Démosthène avec Cicéron. de Corneille avec Racine, ont fait longtemps le fond de ces morceaux d’apparat, et l’on retrouve encore ces vieilleries, à peine déguisées, dans les plus récents de ces discours. La tragédie avait ses lieux communs dans les inévitables tirades, le songe du deuxième acte, les réponses ou questions obligées du confident ; le drame moderne place ses lieux communs dans les monologues, tant il est malaisé d’échapper à la routine,

— En théologie, on appelle lieux communs les arguments et preuves destinés à être placés dans les sermons et homélies. C’est à l’imitation des rhéteurs que les théologiens ont pris ce terme, et consacré cet usage. Ils distinguent dix chefs de lieux communs :

L’Écriture sainte.

La tradition.

L’autorité de l’Église catholique. Les décisions des conciles généraux. L’autorité des souverains pontifes. Les Pères de l’Église.

Les théologiens qui ont succédé aux Pères de l’Église.

Les philosophes et les jurisconsultes. Le témoignage des historiens.

La raison naturelle.

Mélanchthon a publié un ouvrage Sous le titre de Loci communes theologici, répertoire des propositions fondamentales de la foi, espèce de catéchisme raisonné ou de théologie élémentaire. Citons encore, sur la même matièro, le traité composé par le savant dominicain Alouzo Cano, évêque des Canaries.

Consulter, sur les lieux communs, Quintilieii, /»$t. orat. ; Cicéron, Topiques et De aratore, II, 30 ; Thkm ville, De la théorie des lieux communs dans tes Topiques d’Aristote (1856, in-8o).

— Ichtliyol. Le lieu diffère du merlan et de la morue par son corps plus large eV plus mince en proportion ; sa tête est moins grosse et sa mâchoire est dépourvue de barbillons ; le dos est noirâtre ou d’un vert sombre ; tout le corps est couvert de très-petites écailles ; la gueule est très - fendue, et les deux, mâchoires, dont, l’inférieure est proéminente, sont garnies, ainsi que le palais, de très-petites dents ; les yeux sont grands, à iris argenté. D’après Duhamel, le lieu n est pas un poisson de passage ; on en prend toute l’année, et de diverses grandeurs, sur les côtes de la Bretagne et du Cornouailles ; la pèche en est plus abondante en été, parce qu’ils se trouvent alors attirés par les sardines, dont ils sont très-friands. On pêche facilement le lieu à l’hameçon ; sa voracité est si grande, qu’il se laisse prendre même par un appât artificiel.

LIEUE s. f. (lieu — du latin teuca, que les auteurs latins disent être un mot gaulois. On trouve en effet, dans le celtique : gaélique leig, irlandais leige, leagik, breton leo, lev. Les Romains ont si bien naturalisé dans leur langue le nom de la mesure itinéraire des Gaulois, qu’on la retrouve aujourd’hui chez tous les peuples de l’Europe latine). Métrol. Mesure itinéraire, dont la valeur ancienne n’est pas bien connue et dont la valeur moderne a beaucoup varié, mais qu’on fait égale aujourd’hui a 4 kilomètres : Les chevaux de Perse sont si bons marcheurs, qu’ils font trèsaisément sept à huit lleue» de chemin suns s’arrêter. (Butf.) Le chameau peut faire trois cents LIKUKS «n huit jours. (Bulf.) Il Se prend pour une distance indéterminée, mais à peu près égale à une lieue : Il nous reste à faire deux petites lieues pour arriver. Ce hameau est à trois mortelles lieues du chef- lieu de la Commune.

Lieue de pays, Lieue conforme à celle qui est en usage dans le pays dont il est question. Il Lieue kilométrique, Lieue de 4 kilomètres. Il Lieue de terre ou lieue commune, Lieue de 25 au degré, c’est-à-dire de 4k,444.

Il Lieue marine, Lieue de 20 au degré, c’est-à-dire de 5*,555. Il Lieue majeure, Distance d’un vingtième de degré mesurée sur un grand cercle de la sphère, dans le langage des marins, il Lieue mineure, Distance d’un vingtième de degré mesurée sur un petit cercle de la sphère, dans le langage des marins.

il Lieue de poste, Lieue de 3>i,898. il Lieue d’une heure, Lieue de 4k,872. Il Lieue de Paris, de Sotogne et de Touraine, Lieue de 28,25 au degré, c’est-à-dire de 3k,933. Il Lieue de Beauce et de Câlinais, Lieue de 34 au degré, c’est-à-dire de 3k,268. Il Lieue de Bretagne et d’Anjou, Lieue de 24,25 au degré, c’est-à-dire de 4k,581.’ll Lieue de Picardie, de Normandie, de Champagne, Lieue de 25 au degré, c’est-à-dire do 4k,444. Il Lieue d’Artois, du Maine, du Perche, du Poitou, Lieue de 28 au degré, c’est-à-dire de 3k,964. il Lieue du Bourbonnais, Lieue de 23 au degré, c’est-à-dire de 4^,826. Il Lieue de Bourgogne, Lieue de 21,5 au degré, c’est à-dire de 5k, i2i. il Lieue de Provence et de Gascogne, Lieue de 19 au degré, c’est-à-dire de 5k,849. Il Lieue d’Angleterre, Lieue de 5k,569339. Il Lieue royale d Espayne, Lieue de 7k,06637b. Il Lieue commune d’Espagne, Lieue de 5^,606569. il Lieue de Portugal, Lieue de 6*, 179740. Il Lieue marine

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de Portugal, Lieue équivalente à la lieue marine française, il Lieue de Prusse, Lieue de 7k,407407. il Lieue suisse, Lieue de 4^,480.

— Fam. Grande distance : Approchez, ne vous tenez pas à une lieue de moi,

Long d’une lieue, Extrêmement long :

Récit LONG n’uNE LIEUE.

A cent lieues, à mille lieues de, Être fort éloigné de : Ce que vous dites est À cent lieues de ma pensée. J’étais À mille lieues de le croire coupable, il Être à mille lieues, Être fort distrait, ne pas suivre ou ne pas comprendre ce qui se dit.

Sentir, voir une chose d’une lieue, de cent lieues, Pressentir, deviner de fort loin une chose, l’arrivée d’une chose : J’ai senti d’une lieue la proposition qu’il vient de me faire. (Acad.) Le public cherche à me deviner pour se moquer de moi ; je vois cela de cent libues. (Volt.) Il Sentir d’une lieue, Laisser deviner facilement ce qu’on est à ses paroles, à ses manières : Le vieillard, qui avait l’air futé, attentif et patient, sentait d’une lieue son docteur en théologie. (Ph. Chasles.)

Faire quatorze lieues en quinze jours, Se dit d’un homme excessivement lent : Mais ils vont fort lentement et ne firent, comme on dit, ou’en quinze jours quatorze lieues. (D’Ablanc.)

— Prov. En tout pays, il y a une lieue de mauvais chemins. On rencontre partout des obstacles, des difficultés.

L1EU-HËU, L1EU-IIEVA, ou encore LIN-LEO U, impératrice et régente de la Chine vers l’an 187 avant J.-C. Sous le règne de son fils Hoei-ti, cette princesse, aussi cruelle qu’ambitieuse, s’empara de toute l’autorité, et se rendit odieuse par ses crimes. Hoei-ti ne régna que sept années, et mourut épuisé par ses débauches. Lieu-Heu, craignant qu’on ne mit sur le trône un des frères de l’empereur, supposa un enfant qu’elle acheta d’une paysanne, s’en déclara tutrice, et, pour empêcher que cette supercherie ne fût découverte, elle fit étrangler la mère Huit ans

plus tard, elle faisait assassiner son prétendu fils. Elle avait alors tiré ses parents de la misère pour les élever aux principales dignités de 1 empire j elle donna même à quelques-uns des provinces en souveraineté, à condition de lui en faire hommage. Tous se rendirent insupportables par leur hauteur et par leur fierté ; et les grands prenaient des mesures pour les faire rentrer dans le néant, lorsque cette abominable princesse fut emportée par une mort subite, qui délivra l’empire de sa tyrannie.

L1EU-K1EU, groupe d’Iles de l’empire chinois. V. Lieou-IChikou.

LIEUR, EUSE s. (li-eur, eu-ze— rad. lier). Personne qui lie, qui est chargée de lier : Une lieuse de gerbes.

— Adj. Entoin. Chenilles lieuses ou substantiv. Lieuses, Chenilles qui réunissent plusieurs feuilles, plusieurs fleurs d’une plante pour y filer leur cocon.

L1EUREY, bourg et commune de France (Eure), canton.de Saint-Georges-du-Vièvre, arrond. et à 16 kilom S. de Pont-Audemer ; pop. aggl., 516 hab. — pop. tôt., 2,152 hab. Fabrication de toiles, rubans, satins et damas. Commerce de bestiaux, de toiles et de laine.

L1EUSAINT ou HEBRSA1NT, village et commune de France (Seine-et-Marne), canton de Brie-Comte-Robert, arrond. et à 13 kilom. N.-O, de Melun, sur un petit affluent de la rive droite de la Seine ; 651 hab. Belles pépinières, distillerie de betteraves ; fabrication d’instruments aratoires, élève de mérinos. Commerce considérable d’arbres indigènes et exotiques. On a découvert récemment sur le territoire de cette commune un cercueil galloromain en plomb, couvert d’ornements.

LIEUSSOUX (J.-P.-P.-Aristide), ingénieur hydrographe français, né en 1815, mort en 1858. À sa sortie de l’École polytechnique, il entra dans le corps des ingénieurs hydrographes de la marine, et ses explorations successives sur les côtes de la Méditerranée et de l’Algérie déterminèrent l’agrandissement et l’amélioration du port d’Alger. En 1855, Lieussoux, nommé secrétaire de la commission internationale pour le percement du canal de Suez, fixa dans ta baie de Péluse le débouché du canal, et fit rejeter le projet primitif des écluses, qui auraient occasionné des dépenses considérables. De retour en France après l’accomplissement de sa mission, il rectifia l’embouchure de l’Adour, créa un port de refuge à Saint-Jean-de-Luz, puis passa en Algérie pour y contrôler divers projets de chemins de fer. À peine était-il revenu à Paris qu’une fièvre typhoïde l’enleva en quelques jours. On lui doit : Recherches sur les variations de la marche des pendules et des chronomètres (Paris, 1854, in-8o) ; Études sur les ports de l’Algérie (Paris, 1857, in-8o, 2e édition). Lieussoux a attaché pour jamais son nom à la loi chronométrique des températures, loi qu’il a découverte pendant sa surveillance des montres et des chronomètres au dépôt de la marine, et aux travaux de l’isthme de Suez.

L1EUTAUD (Jacques), astronome français, né à Arles vers 1660, mort à Paris en 1733. Il enseigna avec succès les mathématiques à Paris, et devint membre de l’Académie des

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sciences en 1699. Ce savant rédigea la Connaissance des temps, de 1702 à 1729 (27 vol. in-12), et les Ephémérides, de 1704 à 1711 (8 vol. in-4o).

LIEUTAUD (Joseph), célèbre médecin français, né à Aix, en Provence, en 1703, mort en 1780. Reçu docteur dans sa ville natale, il alla perfectionner son instruction à Montpellier et, de retour à Aix, il professa la botanique, la physiologie, l’anatomie, s’attachantde préférence à cette dernière science. Médecin à l’hôpital d’Aix, il eut toutes les facilités nécessaires pour faire un grand nombre de dissections, et publia des ouvrages qui fondèrent sa réputation. Vers 1750, Sénac le fit appeler à Versailles et attacher à l’infirmerie royale de cette ville. Quelque temps après, il fut nommé médecin des enfants de France et, à la mort de Sénac (1770), il lui succéda comme premier médecin du roi. Depuis longtemps, il était membre associé de l’Académie des sciences. Lieutaud avait un esprit droit, mais froid et sceptique. ■ On lui entendait rappeler fréquemment, dit Saucerote, l’adage hippocratique Natura morbor-um medicalrix. Il disait que les remèdes sont nuisibles quand ils ne guérissent pas, et ils guérissent rarement, ajoutait-il. En un mot, il n’avait que médiocrement foi dans la puissance de l’art qu’il pratiquait cependant avec tant de distinction. » On a de lui : Essais anatomiques contenant l’histoire exacte des parties qui composent l’homme, avec la manière de disséquer (Aix, 1742, in-8»), le seul traité vraiment original qui eût paru depuis V/inslow, dont les écrits avaient jusqu’alors fait loi en matière d’anatomie, bien qu’ils renfermassent de nombreuses erreurs, que Lieutaud relevait dans son livre ; Elementa physiologie (Paris, 1745, in-8<>) ; Examen critique du Traité de la structure du cœur, de Sénac (1750), qui lui attira la protection de ce médecin ; Synopsis unioersa praxeos medicse (Amsterdam, 1765, 2 vol. in-4»), ouvrage divisé en deux parties qui ont été publiées séparément en français sous ces titres : Précis de la médecine pratique (Paris, 1759, in-8"), et Précis de la matière médicale, avec un Traité des aliments et des boissons (Paris, 1766, in-8o) ; Bistoria anatomica-inedicu, sistens numerosissima cadaverum humanorum exstispicia, edente Portai (Paris, 1767, 2 vol. in-4o), recueil qui ne renferme pas moins de 4,000 observations, recueillies en partie par Lieutaud, etc. On lui doit en outre un grand nombre de mémoires et d’observations, et une seconde édition avec notes de ses Essais anatomiques, sous le titre à’Anatomie historique (Paris, 1776-1777, 2 vol. in-8»).

LIEOTENANCE s. f. (lieu-te-nan-serad. lieutenant). Office, charge, grade de lieutenant : Être pourvu d’une lieutënance, Je vais de ce pas au Louvre ; je donne ma démission de capitaine du rot pour demander une lieutenance dans les gardes du cardinal. (Alex. Dum.)

LIEUTENANT s. m. (lieu-te-nan — de lieu et de tenant). Celui qui est investi de tout ou partie de l’autorité d’un autre et qui le remplace au besoin : Un général envoie au feu ses plus dévoués lieutenants pour gagner une bataille. (Balz.)

— Administra polit. Lieutenant général du royaume, Officier créé dans des circonstances critiques ou pendant la minorité de quelques rois, et qui était investi de la même autorité que le roi. Il Lieutenant du roi, Gouverneur d’une ville importante, ordinairement d’un port ou d’une forteresse, qui ne relevait que du roi. Il Lieutenants des maréchaux de France, Officiers généraux créés en 1651. Il Lieutenant aide de ta grande fauconnerie, Officier de,1a fauconnerie, placé sous les ordres du grand fauconnier de France, jouissant des privilèges des commensaux et qui appartenait à la noblesse.

— Art milit. Officier de l’armée dont le grade est immédiatement au-dessous de celui de capitaine : Lieutenant d’infanterie, de cavalerie, d’artillerie. Lieutenant en premier. Lieutenant en second. Caruot fut nommé, à vingt ans, lieutenant du génie. (Ch. Habeneck.) Il Sous-lieutenant, Officier du grade le moins élevé dans l’armée de terre : J’avais repris l’habit d’un mesquin sous-lieutenant d’infanterie. (Chateaub.) Il Lieutenant-colonel. V. ce mot à son rang alphabétique, il Lieutenant général, Officier qui était immédiatement subordonné au maréchal de France : Le lieutenant général était le premier entre ceux qu’on appelle officiers généraux. Dans l’artillerie, Officier qui, sous les ordres du grand maître, commandait l’artillerie dans une province : Lieutenant général de Picardie. Lieutenant général du Boutonnais.

Il Lieutenant général des armées du roi, Titre que l’on donnait, sous l’ancienne monarchie, aux généraux de division, dont le grade dans la hiérarchie militaire venait immédiatement après celui de maréchal de France.

— Mar. Lieutenant de vaisseau, Officier de marine, dont le grade est immédiatement au-dessous de celui de capitaine de corvette.

Il Lieutenant en pied, Officier en second d’un bâtiment de guerre, quel que soit son grade.

Il Lieutenant général des armées navales. Ancien officier général, qui commandait sous le vice-amiral, il Lieutenant général des galère», Ancien officier qui commandait sous le général des galères. Il Lieutenant de galère, Offi LIEU

cier qui suppléait le capitaine dans le commandement d’une galère, il Lieutenant de frégate légère, Ancien officier dont le grade était intermédiaire, entre ceux de lieutenant et d’enseigne de vaisseau. Il Lieutenant de galiote, Ancien grade immédiatement inférieur à celui de lieutenant de vaisseau.

Il Lieutenant de flûte, Officier qui commandait en chef sur une flûte. Il Lieutenant de l’amiral, Fonctionnaire qui, dans les sièges d’amirauté, avait la surveillance sur les affaires relatives à l’administration de l’amiral.

Il Lieutenant de port, Officier qui suppléait, en cas de besoin, le capitaine de port.

— Admin. jud. Officier de judicature, qui tenait la place du premier officier- de la juridiction, en son absence : Un magistrat ou un juge ne peut régulièrement se créer à lui-même un lieutenant. (Volt.) Il Officier sous les ordres du prévôt de Paris. Il Lieutenant général, Magistrat qui, dans les justices royales ou dans les présidiaux, avait les mêmes fonctions que le lieutenant civil à Paris. Il Lieutenant civil, second officier du Châtelet et premier des lieutenants de la prévôté et vicomte de Paris, il Lieutenant criminel, Magistrat établi dans un siège royal pour connaître de toutes les affaires criminelles, j Lieutenant criminel de robe courte, Un des quatre lieutenants du prévôt de Paris, qui siégeait au Châtelet.

Il Lieutenant de roi, Magistrat délégué par le roi près du tribunal d’un bailliage ou d’une sénéchaussée : Lieutenant de roi au bailliage de Senlis. Il Lieutenant particulier, Magistrat qui jugeait en l’absence du lieutenant général dans les présidiaux et autres justices royales, il Lieutenant de police, Magistrat qui avait la direction de la police à Paris et dans les principales villes du royaume : En humiliant le lieutenant de police, le parlement voulut donner au régent une dure et honteuse férule. (St.-Sim.)

— Véner. Lieutenant de louveterie, Celui qui avilit une permission de chassa étendue, accordée sous la condition d’avoir un équipage pour détruire les loups.

— Encycl. Hist. et admin. On désigne sous le nom de lieutenant des magistrats ou fonctionnaires de l’ordre administratif ou judij ciaire, qui existaient en France avant la révolution de 1789, et diverses sortes d’officiers de l’armée de terre et de mer. Nous allons dire quelques mots de ces divers grades et fonctions.

Lieutenant général. Sous l’ancienne monarchie, on désignait sous ce nom un magistrat de robe courte, établi dan3 chaque bailliage ou sénéchaussée, pour suppléer au bailli ou au sénéchal empêché. Les fonctions de lieutenant général furent instituées dans chaque bailliage, par ordonnance royale, en 1453. Ces magistrats furent, pendant quelque temps, élus par les sénéchaux de la province ; puis leur charge devint un office vénal. Ils devaient être âgés de trente ans (ordonnance de Blois), docteurs ou licenciés, ou avoir rempli pendant six ans les fonctions de conseiller à un parlement. Après dix ans d’exercice, ils pouvaient être nommés maîtres des requêtes, et plusieurs d’entre eux devinrent conseillers d’État sous Louis XVI. Ce furent les lieutenants généraux qui, en 1789, présidèrent la plupart des assemblées primaires pour l’élection des états généraux. Bien que leur juridiction fût purement civile, il n’était pas rare de trouver des ecclésiastiques parmi les lieutenants généraux. Ces magistrats étaient exempts de toute charge publique.

Lieutenant particulier. Les magistrats désignés sous ce nom étaient chargés de remplacer les lieutenants généraux empêchés. Ils jugeaient d’abord au civil et au criminel ; mais à partir de 1586, sauf de rares exceptions, leur juridiction fut purement civile. Ces fonctionnaires devaient être âgés de vingt-sept ou de trente ans, selon que leurs sièges ne ressortissaient pas ou ressortissaient au parlement. Us étaient exempts des charges publiques et jouissaient de tous les honneurs, droits et émoluments du lieutenant général lorsqu’ils le remplaçaient. À Paris, il y avait deux lieutenants particuliers, jugeant au civil et au criminel, et présidant alternativement, de mois en mois, la chambre du conseil et l’audience du présidial’.

Lieutenant civil. Le lieutenant civil était, sous l’ancienne monarchie, un des lieutenants du prévôt de Paris, chargé de juger les affaires civiles en première instance. Il dirigeait la police jusqu’à l’époque où fut établi le lieutenant général de police (1667). C’était à lui qu’étaient présentées toutes les requêtes en matière civile. Il jugeait toutes les contestations qui demandaient une prompte solution, sur un rapport qu’on appelait référé. C’est maintenant le président du tribunal civil qui juge les référés. Le lieutenant civil était conservateur des privilèges de l’Université de Paris. Il pouvait taire défense d’exécuter les sentences rendues dans des sièges ressortissant au Châtelet. Toutes les affaires de famille, à l’exception de celles des princes du sang, étaient de sa compétence. Les assemblées de parents ou conseils de famille, pour la tutelle des mineurs, se tenaient dans son hôtel. Les demandes de séparation de corps et d’interdiction étaient portées à son tribunal. On faisait en sa présence l’ouverture des testaments que l’on trouvait cachetés après la mort, etc. Assisté du