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plétement justifiées, puisqu’il est prouvé aujourd’hui que cette affection n’est après tout ni mortelle, ni incurable, ni contagieuse. Cependant, chez certains peuples, la loi voulait qurt, si le roi en était frappé, il se baignât dans le San" de ses sujets pour se guérir. Mofse, dans les lois et les conseils qu’il donne aux Israélites au sortir de la captivité d’Égypte, dépeint soigneusement la lèpre et ordonne contre sa prétendue contagion des prescriptions tout à fait inhumaines. Les lépreux étaient condamnés à se tenir hors des portes de Jérusalem ; ils erraient dans la campagne et, lorsqu’ils avaient besoin d’aller chercher des provisions dans la ville, ils les demandaient de loin aux gardiens. Du temps de Jésus-Christ, les lépreux de la Palestine n’étaient pas traités avec moins de rigueur que du temps de Moïse. La lèpre régnait aussi dans le nord de la Syrie. Les eaux du Jourdain étaient regardées comme spécifiques contre cette maladie. Néanmoins, dans plusieurs contrées orientales, cette affection devait être moins redoutable que chez les Hébreux, puisque les lépreux, d’après l’historien Josèphe, loin d’être méprisés et chassés de la société, étaient au contraire l’objet d’une vénération toute particulière. On leur donnait les premières dignités civiles et militaires. Ctésias et Hérodote rapportent que la lèpre régnait en Perse et que ceux qui en étaient frappés étaient bannis de la société humaine. Cependant Plutarque nous apprend qu’Artaxerce aimait passionnément sa sœur et son épouse Atorsa, dont tout le corps était couvert d’une lèpre blanche. Les Indiens et les Grecs ne furent pas à l’abri de cette terrible maladie ; mais Hippocrate avait parfaitement reconnu qu’elle n’était pas bien terrible. On dit qu’elle était très-commune à l’époque du printemps. Les Romains ne furent infectés de la lèpre que lorsqu’ils eurent porté leurs armes en Orient, et ils accusaient toujours l’Égypte de leur avoir fait ce funeste présent. Tout porte à croire que c’est Pompée qui introduisit la lèpre à Rome, lorsqu’il revint chargé des dépouilles de l’Asie. Arétée et Arcbigène, qui eurent occasion d’étudier cette maladie, nous en ont, les premiers, donné une description très-exacte. De Rome ia lèpre se répandit bientôt dans tout l’empire romain, jusqu’au moment où se formél’eut l’empire d’Orient et l’empire d’Occident. À partir de cette époque, on voit la maladie disparaître des contrées européennes et se retirer en Orient.

Mais au moyen âge on la voit renaître en. Occident et y prendre des développements jusqu’alors inconnus. On croit généralement qu’elle fut apportée par les croisés des contrées orientales, où elle a toujours été endémique. Il est au moins certain que les croisades contribuèrent à la répandre davantage ; car avant le xii» siècle on trouve à peine quelques écrivains qui en fassent mention, tandis qu’à partir de cette époque tous les écrits qui sont arrivés jusqu’à nous en donnent des descriptions très-détaillées et très-exactes. On admettait généralement trois degrés dans l’affection des lépreux, et ceux qui en étaient frappés étaient traités avec plus ou moins de rigueur, selon qu’ils présentaient tel ou tel degré de la maladie. Les médecins et les juges étaient chargés d’examiner i’intensité du mal avant de faire l’application des lois qui y étaient relatives. Ainsi, quand les lépreux n’étaient pas encore entièrement deiîgurés, on ne les bannissait pas de la société ; on se contentait de leur interdire l’entrée des réunions. Les Urientaux regardaient la lèpre comme une vengeance diviue. Chez les chrétiens, on séquestrait les malheureux lépreux de la société et on les reléguait dans des endroits isolés, où souvent ils manquaient du strict nécessaire. Les ministres de la religion célébraient, pour l’expulsion des malades, une épouvantable cérémonie qui ressemblait à de véritables funérailles. Voici, d’après Ogée (Histoire de Bretagne), comment se pratiquait la séquestration de ces infortunés ; « Un prêtre, revêtu d’un surplis et d’une étole, allait avec la croix chez le lépreux, qui était préparé à cette cérémonie. Le ministre sacré commençait par l’exhorter à souffrir patiemment et en esprit de pénitence la plaie incurable dont Dieu 1 avait frappé. Il l’arrosait ensuite d’eau bénite et le conduisait à l’Église. Là le lépreux quittait ses habits ordinaires et prenait un vêtement noir préparé exprès, se mettait à. genoux devant 1 autel entre deux tréieaux et entendait la messe, après laquelle on l’arrosait encore d’eau bénite. On voit que cette cérémonie ne différait presque pas de celle des funérailles ordinaires. En conduisant le lépreux de sa maison à l’Église, on chantait les mêmes versets qu’aux enterrements, et après la messe, qui était aussi la même que celle u’on célébrait pour les morts, ou chantait le , ibera et on conduisait le malade à la maison qui lui était destinée. Lorsqu’il y était arrivé, le prêtre lui faisait encore une exhortation, le consolait et lui jetait une pelletée de terre sur les pieds. La maison était petite et avait pour tous meubles un lit complet, un va»e à eau, un coffre, une table, une chaise, une lampe, une serviette et les autres choses nécessaires. Le lépreux so reconnaissait à ses habits. On lui donnait un capuchon, deux chemises, une tunique et une robe appelés housse ou esclavine, un barillet, un euton ï

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noir, des cliquettes, un couteau, une baguette et une ceinture de cuir. Avant de le quitter, le prêtre lui défendait de paraître en public sans son habit de lépreux et les pieds nus ; d’entrer dans les églises, dans les moulins, dans les lieux où l’on cuisait le pain ; de laver ses mains ou ce qui lui était nécessaire dans les fontaines et dans les ruisseaux ; de toucher aux denrées qu’il voudrait acheter aux marchés autrement qu’avec une baguette pour faire connaître ce qu’il marchandait, et d’entrer dans les maisons et

dans les cabarets pour y acheter du vin, ayant seulement la liberté de s’arrêter à la porte, de demander ce qu’il voulait et de le faire mettre dans son baril. Il lui était ordonné de ne puiser de l’eau qu’avec un vase propre ; de ne point répondre à ceux qui l’interrogeraient dans le chemin et dans les

rues, s’il n’était sous le vent, afin qu’ils ne fussent pas incommodés de son haleine et de l’odeur infecte qui s’exhalait de son corps ; de ne point s’engager dans les chemins étroits, de ne point toucher aux enfants. Enfin ces malheureux étaient regardés comme des morts parmi les vivants. Leurs enfants ■n’étaient point baptisés sur les fonts, et l’eau qui servait à leur baptême était jetée dans des lieux retirés. Lorsqu’un lépreux tombait malade, le prêtre lui donnait ia communion et l’extrême-onction et, après sa mort, on l’enterrait dans sa maison ou dans un lieu destiné aux lépreux. On taisait son service à l’église comme celui des autres personnes. » La maison dans laquelle il avait habité étaiff brûlée, ainsi que tout ce qui lui avait appartenu. Quand ces infortunés sortaient, ils étaient forcés d’agiter leurs cliquettes, afin que les passants tussent avertis de leur présence et s’éloignassent du chemin qu’ils suivaient. Les lépreux vivaient du produit des biens assignés à leur établissement, des fonds votés par la commune à laquelle ils appartenaient, ou bien encore, et c’était le cas la plus fréquent, de la charité publique. Tout travail leur étant interdit, il arrivait fréquemment, lorsque les aumônes n’étaient pas suffisantes, que ces malheureux manquaient de tout, même de pain. De la des émeutes et des mesures très-sévères de la part de l’autorité pour les réprimer. Muratori raconte qu’en Italie les lépreux, de concert avec les juifs, fomentèrent une révolte qu’on eut beaucoup de peine à apaiser et qui fit couler beaucoup de sang. Les décrétales de saint Grégoire permettaient aux lépreux, de se marier s’ils trouvaient une femme qui voulût partager leur sort. Ceux des lépreux qui avaient des biens pouvaient en conserver l’usufruit, mais ils n’avaient le droit ni de tester, ni d’hériter, ni de vendre, ni de contracter le moindre engagement ; ils étaient hors la loi. « Lés juristes, dit Jourdan, considéraient ceux qui étaient atteints de la lèpre comme des êtres morts civilement, et dont la séquestration du restant de la société formait les funérailles. Les ecclésiastiques les regardaient comme des infortunés que la main de Dieu avait frappés et que cette cause rendait respectables et sacrés. Les médecins étaient saisis de frayeur à leur aspect, parce qu’ils savaient le mal absolument au-dessus des ressources de leur art. Enfin les historiens n’avaient pas de termes assez énergiques, de couleurs assez sombres pour peindre cette hideuse maladie qui, par son extension, sa violence, sa longue durée et sa puissante influence mérite, sans contredit, d’occuper la première place parmi toutes celles, si nombreuses pourtant, qui ont désolé l’espèce humaine et ravagé l’Europe d’un bout à l’autre pendant toute la longue période du moyen âge. »

L’un ique soulagement apporté à cette épouvantable situation des lépreux fut dû a l’excès du mal lui-même. La lèpre devint un fléau si général que, loin de songer, comme on avait fait jusque-là, à isoler les lépreux, on dut se décider à les réunir dans des hôpitaux spéciaux, connus sous le nom de léproseries. Chaque ville, chaque localité tant soit peu populeuse dut avoir sa maladrerie particulière. Il se fonda même, vers la fin du xn« siècle, un ordre spécial pour soigner les lépreux, l’ordre de 6aiut-Lazare, et le xnre siècle vit s’élever environ 19,000 léprescries ou maladreries, où les lépreux

étaient soignés par les religieux de l’ordre nouveau. Qu’était-ce que ce mal si horrible et qui nécessita de si vigoureux remèdes ? Bien des auteurs et de savants médecins ont prétendu que la lèpre du moyen âge n’était autre chose que la maladie vénérienne. « En résumé, dit M. L.-A. Labourt dans ses savantes recherches sur l’origine des ladreries, maladreries et léproseries, l’existence de la lèpre au moyen âge est un fait mystérieux. La nature et l’origine de cette affection ne sont pas plus connues que celles de la lèpre dont parlent nos livres saints. Non-seulement on ignore pourquoi les léproseries furent établies et quelles maladies on y traitait, non-seulement il n’exisve aucune preuve que ces établissements aient été fondés par des seigneurs au temps des croisades, dans le but charitable de prévenir la propagation parmi leurs vassaux du terrible lieau encore subsistant sous le ciel enflammé de la Palestine, mais on peut prouver qu’il a existé des léproseries en France dès l’époque celtique. « Certes, cette manière de voir de M. Labourt est loin d’être certaine ; elle est opposée, en

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tout cas, à l’origine qu’on assigne généralement aux léproseries ; mais nous ne pouvions nous dispenser de citer un auteur dont l’autorité est incontestable en cette matière.

Cependant la lèpre, sous l’influence de l’hygiène publique, du changement des constitutions et des modifications particulières de l’état atmosphérique, finit par disparaître peu à peu ; de sorte qu’à la fin du xve siècle on n’en trouve presque plus de traces en Europe. Aussi voyons-nous François i« mettre par ordonnance tous les biens des léproseries à la disposition du grand aumônier de France. Aujourd’hui la lèpre, sans être absolument inconnue en Europe, ne se rencontre plus guère qu’en Asie et en Afrique, surtout en Égypte.

— Bot. Le genre lèpre a été placé par Fée dans le groupe des coniocarpées, et caractérisé ainsi par ce botaniste : thalle crustacé, lépreux, uniforme ; apothécion nul ; gongyles nus, libres et agglomérés, épars sur la surface de la plante. Les lèpres, ainsi nommées à cause de leur analogie avec certaines affections dartreuses, se rencontrent sur les murs, les pierres, les vieilles écorces. Plusieurs lèpres sont odorantes ; leur thalle est mou et spongieux, et sa couleur présente des nuances diverses. La lèpre la mieux connue est la lèpre jaune, dont la croûte est etfuse, égale, mince, un peu ridée et composée de granules globuleux et nus.

LEPREAS, héros éponyme. V. Leprée.

LE PUÉDOUR (Louis-Joseph-Marie), administrateur français, né à Pleyben (Bretagne) en 1758, guillotiné à Brest le 22 mai 1794. Avocat au parlement de Rennes et partisan des doctrines-libérales, il fut nommé en 1792 membre de l’administration du département du Finistère, dans lequel il organisa la garde nationale. Mais il prit parti pour les girondins et essaya de les sauver par les armes. La tentative ayant échoué, Le Prédour, décrété d’accusation, se constitua prisonnier et fut condamné à mort.

LE PRÉDOUR (Fortuné-Joseph-Hyacinthe), amiral français, fils du précédent, né en 1793, mort en 1866. Entré à l’âge de onze ans dans la marine, il traversa successivement tous les grades. Promu amiral en 1847, il prit le commandement de la station navale du Brésil, et signa, en 1849, un traité avec Rosas pour la libre navigation de la Plata. Démissionnaire en 1851, il accepta l’année suivante le titre de vice-amirai, puis fut nommé successivement membre titulaire du du conseil de l’amirauté, grand officier de la Légion d’honneur, sénateur et membre du conseil-de l’ordre de la Légion d’honneur. On lui doit : Instructions nautiques sur la mer de Chine, traduites de l’anglais de Horsburgh (Paris, 1824, in-4o) ; Résumé des opérations hydrographiques faites sur la côte occidentale d’Afrique (Paris, 1828, in-so) ; Instructions nautiques sur les mers de l’Inde (Paris, 1837-1839, 5 vol. in-so), trad. de Horsburgh.

LEPRÉE ou I.EPREAS, héros éponyme grec, fondateur de Leprée dans l’Elide. Il était fils de Glaucon, ou, ’selon d’autres, de Neptune. Ce fut lui qui conseilla à Augias de lier et d’emprisonner Hercule au lieu de lui donner la récompensa de son travail. Néanmoins, il se réconcilia avec le héros et entra en lutte avec lui pour savoir lequel des deux l’emporterait dans des exercices de force. Furieux d’être toujours vaincu, il défia Hercule au combat et fut tué.

LÉPREUX, EUSE adj. (lé-preu, eu-zerad. lèpre). Qui est affecté de la lèpre : Un vieillard lépreux. Une femme lépreuse. Il Qui a rapport à la lèpre, qui est de la nature de la lèpre : Eruption lépreuse. Affection

LÉPREUSE.

— Par ext. Couvert de dartres, de pustules :

Il est assez de mains chercheuses de vermine, Qui savent éplucher un écrit malheureux, Comme un p&tre espagnol épluche un chien lépreux. A. de Musset.

— Par anal. Couvert de croûtes, de taches imitant la lèpre : Les baraques s’adossant, pressées les unes contre les autres, sans ordre ni alignement, à des masures vermoulues dont les murailles lépreuses attristent le regard. (H. Castille.)

— Substantiv. Personne affectée de la lèpre : Un lépreux. Une lépreuse. Un hôpital de lépreux.

— Syn. Lépreux, ladre. V. LADRE,

— Encycl. V. LÈPRE.

Lépreux de la cilé il Aoslo (le), nouvelle, par Xavier de Maistre" (Pétersbourg, 1811). L’auteur avait connu le malheureux qu’il met en scène, confiné par ordre dans une masure isolée, et il n’a ajouté aucun ornement romanesque à ce qu’il apprit ou devina de son histoire et de ses sensations. La sincérité du récit, l’attendrissement du narrateur ont suffi pour faire de ce petit livre un chef-d’œuvre. Il est impossible d’exciter plus vivement l’émotion que dans ces pages, où il peint avec les couleurs les plus vives et les plus originales le muet désespoir d’un malheureux que la plus cruelle des maladies expose aux dégoûts des autres hommes. En plaçant près de lui une sœur dont il a seulement la consolation d’entendre la voix, parce que, atteinte à un moindre degré du fléau qui l’a

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frappé, son approche pourrait la priver elle-même de tout espoir de guérison, l’auteur a beaucoup accru la pitié qu’inspire cet infortuné. Mais cette sœur vient de mourir, et maintenant il est seul, plongé dans une amère solitude ; séparé de ses semblables, poursuivi par le sentiment de ses maux, il ne peut même goûter de sommeil. Il s’entretient avec un militaire de sa triste situation ; pour tout domaine, il a un jardin où il cultive quelques fleurs. De loin, il assiste au bonheur d’autrui ; il voit les laboureurs travailler aux champs, les enfants courir à leurs jeux, les fiancés célébrer des noces joyeuses. Pour lui, défense de communiquer avec les hommes ; la sort lui refuse toute activité, toute distraction. Ii attend avec résignation la mort, qui sera sa délivrance.

« En retraçant, dit M. Patin, une disgrâce particulière, M. de Maistre a su peindre, dans cette admirable production, l’un des Sentiments les plus profonds, les plus universels de notre nature, celui qui nous attache à la société des hommes, et qui sans doute ne peut jamais se produire avec plus de force, éveiller une plus vive sympathie, que dans cet isolement cruel auquel le sort condamne quelques infortunés, dont l’ouvrage qui nous occupe en ce moment offre une image si frappante et si pathétique. Quel sujet plus attachant et plus élevé que celui qui nous intéresse, comme hommes, au malheur d’une créature exclue du commerce de ses semblables, et qui même, selon la désolante expression de l’auteur, n’a plus de semblable dans le monde ?... Jamais l’image d’un malheur si complet n’avait été présentée ; et M. de Maistre a su trouver, pour la rendre, un langage d’une vérité et d’une éloquence qu’il lui était bien difficile d’égaler dans ses autres compositions, et certainement impossible de surpasser. »

LEPUÉVOST (Auguste), archéologue et historien français, né à Bernay (Normandie) en 1787, mort en 1859. Sous-préfet en 1814, il fut révoqué en 1815 après les Cent-Jours, devint membre du conseil de l’Eure en 1831, représenta, comme député, l’arrondissement de Bernay de 1S34 à 1848, et vota à peu près constamment pour les mesures présentées par le gouvernement de Louis-Philippe. La révolution de LS48 le rendit à la vie privée. Leprévost s’était adonné de bonne heure aux sciences historiques et s’était attaché à l’étude des sources. Membre libre de l’Académie des inscriptions et belles - lettres (1833), correspondant du ministère de l’instruction publique pour les travaux d’histoire, il faisait en outre partie de plusieurs sociétés savantes. Indépendamment de notices et d’articles insérés dans l’Annuaire historique, les Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, le Moniteur universel, et de nombreuses brochures, on lui doit, entre autres ouvrages : Notice historique et archéologique sur le département de l’Eure (1832, in-12) ; Dictionnaire des anciens noms de lieu du département de l’Eure (1810, in-12) ; Ancienne division territoriale de la Normandie (Caen, 1840, in-4o) ; Histoire de SaintMartin-de-Tilleul (1840).

LE PRÉVOST D’IRAY (Chrétien-Siméon, vicomte), littérateur et érudit français, né à Iruy, près de Mortagne (Orne), en 1768, mort en 1S49. Ayant perdu sous la Révolution la plus grande partie de son patrimoine, il composa un certain nombre de vaudevilles et de comédies, puis entra dans l’enseignement, professa l’histoire et devint inspecteur général. Louis XVIII le nomma gentilhomme de la chambre, et il entra en 1818 à l’Académie des inscriptions et belles-lettres. Parmi ses pièces de théâtre, nous citerons : la Clubomanie (Paris, 1795), comédie en trois actes et en vers ; Alphonse et Léonore (Paris, 1798), comédie en un acte ; le Quart d’heure de Rabelais (1799), comédie en un acte ; Manlius Torquatus, tragédie en cinq actes, jouée à l’Odeon en 1798 ; Gentil - Bernard (1801), Jean La Fontaine (1806), comédies eu un acte, etc. On lui doit en outre plusieurs ouvrages, dont les principaux sont : l’ableaux comparatifs de l’histoire ancienne et de l’histoire moderne (1802) ; Histoire de l’Égypte sous le gouvernement des Romains (1816) ; Influence de la Grèce en général et de Corinthe en particulier sur les arts de l’Etrurie et de Rome (1838) ; Vertu et repentir, poème (1S43J ; Uoileau mis à l’index, ou le Nouvel art poétique (1844, in-8o), etc.

LEPRÉVOT DIT BEAUMONT (J.-T.-G.), secrétaire du clergé de France, né dans la

haute Normandie. Il vivait dans la seconde moitié du xvme siècle. C’est à lui qu’on doit la découverte du pacte de famine, qu’il signala au parlement de Rouen. Il expia cruellement la révélation de cette infamie. Dénoncé par Rinville, qui lui avait donné connaissance du pacte et se trouvait compromis pour ce fait, Beaumont fut, le 17 novembre 176S, arrêté et incarcéré à la Bastille. Sa captivité dura vingt et un ans et deux mois. De la Bastille, il avait été transféré au donjon de Vinceunes, puis à Charenton, puis à Bicêtre, enfin à Bercy, et il ne recouvra sa liberté que deux mois après la prise de la Bastille. Il a publié l’histoire de ses souffrances sous ce titre : Tableau historique de la captivité de Leprécot de Beaumont, écrit par lui-même (Paris, 1791, brochure in-8Q).