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rages dans leurs lignes. Enfin, le 23, le bruit de la canonnade d Havelock arrivait jusque dans la Résidence, éveillant mille espérances. Havelock était avec le fameux Outran, le Bayard do l’Inde, et 2,000 hommes environ, à 2 milles de Laknau, ù l’Alumbagh ; mais il devait passer sur le corps des eiwayes et traverser la ville pour arriver jusqu aux assiégés. Havelock n’hésita pas ; il lança ses hommes à la baïonnette et arriva, après des efforts surhumains et des pertes considérables, jusqu’aux portes de la Résidence. Les assiégés étaient sauvés ! On ne saurait décrire la scène émouvante qui se passa alors le soir de ce jour, 25 septembre, derrière ces murailles criblées de boulets et de mitraille. Cependant, la victoire n’était pas encore complète : Havelock, «ne fois entré dans la Résidence, s’y trouva à son tour assiégé. On Îiouvait, il est vrai, attendre maintenant que a prise de Delhi, qu’on apprit le 10 octobre, permit à une seconde armée anglaise de se porter au secours de Laknau. Il fallut, toutefois, déployer la plus grande énergie et la vigilance la plus attentive pour déjouer les nouvelles tentatives des eipayes, furieux de leurs échecs successifs et brûlant du désir de se venger. Cette seconde phase du siège est moins dramatique que la première ; elle lui ressemble cependant par les privations de tout genre et les maladies qui décimèrent la petite garnison. Le 12, on apprit que sir Colin Camphel ! marchait sur Laknau, à la tète de 5,000 hommes. Le même soir, son arrivée fut signalée de l’Alumbagh. Le 15, sir Camphell, se portant en avant, évitait, par un long circuit, les dangers affrontés par Havelock, chassait les insurgés de diverses forteresses

?’ui- lui barraient le chemin et s’établissait

fortement à ini-chemin de la Résidence. Le

lendemain, il continua sa marche victorieuse,

et, le 17, il put rejoindre la garnison, qui s’avançait à sa rencontre. Le siège était Uni dès lors. Toutefois, sir Colin Camphell ne pouvait songer à rester dans Laknau avec ses 0,000 ou 7,000 hommes. Il s’occupa d’abord de tirer sains et saufs de la Résidence les 1,500 malheureux dont elle était le refuge depuis plus de six mois. L’évacuation se fit en bon ordre, le 18 novembre, à quatre heures du matin. Quelques jours après, sir Havelock mourait de fatigue et de maladie. Laknau ne rentra véritablement au pouvoir des Anglais que le 28 mars suivant. Les cipayes, assiégés à leur tour, tirent une résistance énergique et montrèrent une grande valeur ; mais ils ne purent tenir contre les troupes héroïques de sir Colin Camphell, qui se couvrirent encore de gloire en cette occasion ; malheureusement, 1 historien est obligé d’ajouter que cette brillante et glorieuse victoire fut quelque peu déshonorée par les actes de cruauté froide et réfléchie dont se souillèrent les vainqueurs.

LAK-ROUPIE s. f. (lak-rou-pl). Métrol. Monnaie de compte, appelée aussi lack.

LAKTAK s. m. (la-ktak). Mamm. Grand phoque du Kamtchatka, qui atteint quelquefois jusqu’à 12 pieds de longueur et une pesanteur de S00 livres : Le laktak se nomme ursuk un Groenland.

LALA. s. ni. (la-la). Mot persan et turc qui signifio précepteur, gouverneur, et que le sultan donne, par alfection, à ses vizirs et à ses conseillers intimes.

LALA, femme.peintre grecque, née àCyzique (Asie Mineure). Elle vivait au i" siècle av. J.-C, vint à Rome vers les derniers temps de la république, et s’y rendit célèbre par son adresse a peindre des portraits à l’encaustique et sur ivoire. Lala excellait dans les portraits de femme et peignait avec une rapidité extrême. Ses œuvres eurent une vogue extraordinaire.

LALAGÉ s. m. (la-la-jé — du gr. lalagêo, je crie). Ornkh. Syn. de copsyq.uk et d’ixos, genres d’oiseaux. V. turdoïdii.

— Bot. Genre d’arbrisseaux, de la famille de légumineuses, tribu des lotées, comprenant des espèces qui habitent l’Australie.

LALAGÈTE s. m. (la-la-jè-te — du gr. lalagetês, criard, babillard). Entom. Genre d’insectes coléoptères tétramères, de la famille des charançons, qui habitent le Cap de Bonne-Espérance.

LA LA IN ou LALAING, bourg et comm. de France (Nord), cant. nord, arrond. et à G kilom. de Douai, sur laSearpe ; pop. aggl., l,976hab.

— pop. tût., 2,081 hab. Carrière de grès et tourbe. Ce bourg était autrefois défendu par un château fort que Louis XIV fit sauter en 1674. Les ruines de cette forteresse appartiennent aujourd’hui au prince d’Aremberg. Le bourg renferme aussi un château moderne, dont le parc est orné de la pierre tumulaire d’Antoine de Lalaing, mort au xvic siècle.

LALA1N (Jacques DE), dit le Bon chevalier,

né dans le liainmit vers 1421, mort en 1453. 11 se rendit célèbre dans les joutes et les tournois, alla faire le coup de lance dans tous les pays de l’Europe et termina ses vaillantes prouesses en combattant, à la Fontaine des pleurs, contre tous les chevaliers qui se présentèrent. Il fut tué au siège du tort de Fouckes. Jacques de Lalain fut l’un des derniers représentants de la chevalerie du moyen âge ; ses exploits, qui n’offrent aucun intérêt au point de vue historique, ont

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été racontés par Lefèvre de Saint-Remy, dans sa Chronique de Jacques de Lalain, publiée en dernier lieu dans le Pantliéon littéraire {1842, in-S°) ; cette chronique a été paraphrasée, au xvno siècle, par Jean d’Ennetières, qui en fit un poëme en treize livres intitulé : le Chevalier sans reproche Jacques de Lalain (1633).’

LALAlNli D’AUDESARDE (Charles-Eugène, comte de), général français, né à Paris en 1779, mort en 1859. Il suivit sa famille dans l’émigration et entra, en 1799, au service de l’Autriche ; mais, en 1803, il donna sa démission pour rentrer en France. Promu, l’année suivante, capitaine, il fît, avec la grande année, les campagnes de 1805 à 1809, assista à toutes les batailles mémorables livrées dans cet intervalle, et devint successivement chef d’escadron et colonel de cuirassiers, puis major des lanciers rouges dans la garde impériale. Après la campagne de Russie où il donna des preuves éclatantes de bravoure, il fut nommé général de brigade, se distingua à la bataille de Dresde, et fit, en 1814, la campagne de Belgique. Lalaing vit avec joie le retour des Bourbons. Fendant les Cent-Jours, il suivit Louis XV111 à Gand, et devint, en 1815, lieutenant-commandant des gardes du corps. En 1823, il prit part à la guerre d’Espagne, fut promu à son retour lieutenant général et devint, en 1824, commandant de la 7e division militaire à Grenoble. Après la révolution de Juillet, il reçut divers commandements à l’intérieur et fut appelé, sous le second Empire, à faire partie du Sénat.

LALAMANT ou LALLEMANT (Jean), médecin et littérateur français, né à Autun, mort dans la même ville vers la fin du xvic siècle. Il acquit une connaissance approfondie de l’astronomie et des langues anciennes, et publia plusieurs ouvrages relatifs à la médecine, à l’histoire et à la poésie. Nous citerons de lui : Traduction des quatre Philippiques de Dëinostltène en français (Paris, 1549, in-S<>) ; SophoclU tragœdiie (Paris, 1557, in-S»), trad. en vers latins ; Hippocratis de Iwminis state (1571, in-8o) ; De /-’tisonna sui temporis iibellus (1578) ; Exterarum fere omnium et prmeipuarum gentium anni ratio et cum romano collatio (1671, in-8u), etc.

LALANU, île du Danemark. V. Laaland.

LALANDE (Jacques de), jurisconsulte français, né à Orléans en 1022, mort en 1703. Après s’être fait recevoir licencié et docteur en droit (1652), il devint conseiller au présidial d’Orléans (1654), receveur (1683) et maire (1691) de sa ville natale. C’était un homme instruit, doux et juste, très-vigilant dans les affaires publiques, très - négligent de ses propres affaires. On lui doit des ouvrages, dont les principaux sont : Exercilationes utriusque juris ad titulum de state et ordine pneficiendorum, cum tractatu de nuptiis clericorum (Orléans, 1653, in-4o) ; Prxlectiones in tilulum de decimis primitiis et ob’lationibns (Orléans, 1G61, in-4o) ; Commentaire sur la coutume d’Orléans (Orléans, 1673, in-fol.) ; De ingressu in secretaria judicium (Orléans, 1674, in-4o) ; Traité du ban et de l’arrière-ban (Orléans, 1G75, in-4<>) ; Du passage et des étapes des gens de guerre (Orléans, 1679, in-4o), etc.

LALANDE (Michel - Richard du), musicien français, né à Paris en 1657, mort en 1762. Quinzième enfant d’un pauvre tailleur, il entra comme enfant de chœur à l’église de Saint-Germain-l’Auxerrois ; et son ardeur pour la musique devint telle, qu’il apprit seul le violon, le clavecin et autres instruments en vogue. A quinze ans, la mue de sa voix lui fit quitter le chœur de son église, et il se livra ussidument à l’étude du violon ; mais l’échec qu’il subit, lorsqu’il se présenta pour faire partie de l’orchestre de l’Opéra, le jeta dans un tel découragement qu’il renonça pour toujours à son instrument de prédilection. Alors il s’appliqua à perfectionner son talent sur l’orgue, et, au concours qui eut lieu à Saint-Germain, pour la place d’organiste do la chapelle royale, il l’emporta sur tous ses rivaux. Malheureusement, son jeune âge le fit écarter du poste honorable qui revenait de droit à sa supériorité. Malgré ces disgrâces successives, le nom de Lalande commençait à se répandre dans la ville et à la conr. Le maréchal de Noailles lui confia l’éducation musicale de ses filles ; et, sur la recommandation de ce seigneur, Louis XIV choisit Lalande pour professeur des princesses royales. Lalande fut bientôt en grande faveur auprès du roi. Il devint maître de musique de la chambre, surintendant de la chapelle, puis le monarque lui fit épouser la cantatrice Anne Rebel, qu’il dota richement. Plus tard, la munificence royale ajouta à ces

—largesses plusieurs pensions, le cordon de l’ordre de Saint-Michel, et enfin la réunion en la personne de Lalande dus quatre surintendances de la chapelle. En 1722, après la mort de sa femme, le surintendant donna sa démission et reçut de Louis XV, encore en ■ fant, une pension de 3,000 livres. Ce musicien mourut à l’âge de soixante-sept ans, après avoir passé quarante-cinq années au service de la cour.

Les soixante motets qu’il avait composés pour la chapelle royale ont été édités avec luxe aux frais du roi. Il a aussi écrit la musique de Mélicertè, pastorale de Molière, et

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le ballet des Éléments, dont le libretto avait été tracé par l’auguste main du roi-soleil. Ces deux partitions sont restées en manuscrit.

LALANDE (Luc-François), prélatet homme politique français, né à Saint-Lô en 1732, mort en 1805. Entré de bonne heure dans la congrégation de l’Oratoire, il professait la théologie dans un des établissements de cette société lorsque la Révolution éclata. Il en embrassa les principes avec ardeur, et publia, en faveur de la constitution civile du clergé, une brochure intitulée : Apologie des décrets de l’Assemblée nationale sur la constitution civile du clergé (Paris, 1791, in-8o), qui obtint trois éditions successives. Mis ainsi en évidence, il fut élu, en 1791, évoque constitutionnel de la Meurihe, et, l’année suivante, membre de la Convention nationale, où, dans le procès du roi, il vota pour le bannissement hors du territoire français. Il fit ensuite partie du conseil des Cinq-Cents jusqu’au l" prairial un VI, et devint, à cette époque, archiviste de la police.

LALANDE (Joseph-Jérôme Le Français de), astronome français, né à Bourg-en-Bresse le 11 juillet 1732, mort à Paris le 4 avril 1807. Les jésuites, à qui fut confiée son éducation, relevèrent dans les pratiques les plus minutieuses de la dévotion. A l’âge de dix ans, Lalande composait des romans mystiques et des sermons qu’on lui permettait de débiter en chaire, Son père le plaça ensuite au collège do Lyon, où, pendant sa rhétorique, il montra le désir de se consacrer au barreau. La grande éclipse de soleil de 1748 le détermina pour l’astronomie. Ses parents l’ayant1 envoyé à Paris pour y faire son droit, il obtint de Delisle la permission de prendre part à ses observations ; il suivit en même temps le cours que professait cet astronome au Collège de France, et devint bientôt après, sans toutefois abandonner son premier maître, l’élève de Lemonnier, qui lui fit obtenir, à vingt ans, une mission assez délicate. Lacaille, en partant pour le Cap, avait publiquement invité tous les astronomes de l’Europe à concourir au succès de son expédition par des observations qui seraient confrontées avec celles qu’il allait faire lui-même. Lemonnier se fit donner la mission d’aller observer à Berlin ; puis, quand tout fut prêt pour son départ, il se fit remplacer par Lalande, que Frédéric accueillit avec bonté, tout en montrant un grand étonnement de voir un si jeune homme chargé d’observations qu’on disait si importantes. Lalande, bientôt reçu membre de l’Académie de Berlin, travaillait utilement avec Euler, et réformait ses idées dans la conversation de Maupertuis, d’Argens, de Lamettrie et des autres philosophes réunis à la cour du roi de Prusse, Il publia, dès 1752, une notice sous ce titre : Domini de Lalande, astronomi réyii, de obseruationibus suis berolinensibus, ad parallexin lunes deflniendam. L’Académie des sciences récompensa ce travail en le nommant, à vingt et un ans, à une place d’astronome vacante depuis plusieurs années.

Lalande estimait beaucoup Lacaille et fit tous ses efforts pour se faire associer par ce grand homme à ses travaux. Lemonnier, qui détestait Lacaille, vit avec le plus grand dépit, la direction’que tendait à prendre Lalande ; il l’attaqua sans réflexion, Lalande répondit sans ménagement, et Lemonnier rompit entièrement avec son ancien élève, Lalande ne put jamais rentrer en grâce ; il disait que son maître lui avait gardé rancune « pendant une révolution entière des nœuds de la lune. »

Il commença, vers 1753, à travailler à la théorie des planètes, dont il s’est occupé ensuite tout le reste de sa vie. Il fit construire à cette époque un héliomètre de 18 pieds pour la détermination des diamètres apparents, dont il rectifia, pour plusieurs, notamment pour- ceux jde la lune et du soleil, les valeurs acceptées avant lui.

Il donna, en 1759, une nouvelle édition améliorée des tables de Halley pour les planètes et les comètes, augmentée des tables des satellites de Jupiter par Wargentin, du catalogue de Lacaille et de l’histoire de la fameuse comète de Halley. Il n’avait pas encore réuni les éléments nécessaires pour donner des tables entièrement neuves.

11 fut, en 17G0, chargé de la rédaction de la Connaissance des temps, et y fit entrer, pour la première fois, en 1760, de nombreuses notices biographiques. Cet usage s’est conservé depuis. La méthode de Lacaille, pour la détermination des longitudes par l’observation des distances de la lune au soleil et aux étoiles, venait d’être adoptée en Angleterre à la recommandation de Maskelyne. ; Lalande disposa la publication dont il était chargé, et qui, comme on sait, est principalement faite pour nos marins, de manière à rendre facile l’application do cette méthode.

Delisle, presque octogénaire, lui abandonna, en 1762, sa chaire de professeur d’astronomie au Collège da France ; Lalande l’a occupée avec éclat jusqu’à ses derniers jours. Il y a formé un grand nombre de disciples, parmi lesquels ou distingue Henry, Barry, Piazzi, d’Agelet, Le Français de Lalande, son neveu, enfin Méchain. Il attirait chez lui, pour les former aux observations et aux calculs, ceux de ses jeunes auditeurs qu’il voyait les plus attentifs, et allait même jusqu’à les

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prendre en pension, pour trouver le moyen de les aider en réduisant leurs dépenses.

La première édition de son grand Traité d’astronomie est de 1764. C’était, sous tous les rapports, l’ouvrage le plus complet qu’on eût encore publié sur cette science.

Lalande était, en 1769, il la tête des astronomes français, et se trouva naturellement investi, pour le passage de Vénus de cette année, des mêmes fonctions centralisatrices dont Lacaille avait été chargé pour le passage de 1761. Mais son autorité, beaucoup moins grande, ne fut pas aussi généralement acceptée. Les expéditionsdirigées par Hell en Finlande, Green et l’amiral Cook àïaïti, et qui produisirent les meilleurs résultats, avaient été disposées en secret. Lalande publia, en 1772, les résultats des calculs qu’on lui avait transmis, et, par précaution, essaya do jeter des doutes sur les observations qui n’avaient pas été adressées à Paris. Tout cela ne profita pas à la gloire de l’astronomie française. La parallaxe du soleil fut alors fixée à peu près à 8",6. Lalande et Hell trouvèrent bientôt d’autres motifs de se quereller ; mais, à la mort de Hell, Lalande s’empressa de revenir sur les jugements précipités qu’il avait portés.

Une autre affaire singulière lui tomba sur les bras, à la même époque (1773) : il avait préparé, pour une lecture publique à l’Académie, un mémoire sur les comètes qu’une circonstance indifférente l’empêcha de communiquer. Le public, on ne sait pourquoi, so figura que Lalande avait dû prédire la destruction de notre planète. L’émotion fut telle, que le lieutenant de police voulut avoir communication du mémoire. N’y ayant trouvé

rien d’alarmant, il en ordonna la publication ; mais le public resta persuadé qu’on avait obligé Lalande à changer le texte de son manuscrit.

La même année 1773, sa légèreté et sa manie de la discussion lui suscitèrent une querelle avec Cassini de Thury, qui n’était pas à sa hauteur comme astronome, mais qu’il attaqua avec une véhémence injustifiable. Son pamphlet avait été reçu avec une telle défaveur par l’Académie, que Lalande fut presque sur le point de s’expatrier. Voici une autre aventure du mémo genre : Bernardin de Saint’-Pierre s’était imaginé innocemment que la terre est ullongée dans le sens dos pôles, et que le flux et le reflux de la mer sont dus à la foute des glaces ; Lalande se moqua trop malicieusement de cette idée bizarre, et Bernardin de Saint-Pierre l’attaqua a outrance dans la préface do sa Chaumière indienne. Ce fut Delambre qui apaisa cette nouvelle querelle.

Un passage de Mercure devait avoir lieu le 3 mai 178G. Lalande eut l’imprudence do l’annoncer la veille, dans le Journal de Paris, précisant jusqu’à la seconde l’heure de la fin du phénomène. Les tables étaient loin encore d’être assez parfaites pour qu’il fût possible de donner une approximation comparable à celle à laquelle prétendait Lalande ; Use trompa rie 40 minutes, et en fut d’autant plus honteux que Mercure était justement celle des planètes qui l’avait le plus occupé. Cette erreur n’enlève rien a son mérite, elle montre seulement que le progrès est lent. Deux siècles auparavant, Hévélius avait attendu quatre jours un passage analogue ; de quatre jours à 40 minutes, la différence est déjà grande.

L’un des derniers ouvrages auxquels Lalande donna ses soins est le complément de la seconde édition de l’Histoire des mathématiques, du Montucla, qu’il lit paraître en 1802, après la mort de l’auteur, d’après les manuscrits qu’il avait laissés, mais avec des additions de divers savants et de lui-même.

Outre ses nombreux ouvrages, Lalande avait inséré plus de 150 mémoires dans lu recueil de l’Académie. Il avait donné des articles intéressants au supplément do VEncyclopédie, et avait refondu, en 1789, pour l’Encyclopédie méthodique, tous les articles d’astronomie de la même collection.

a Lalande, dit Delambre, n’a point renouvelé ta science astronomique dans ses fondements, comme Copernic et Kepler ; il ne s’est point immortalisé, comme Bradley, par deux découvertes brillantes ; il n’a point été un théoricien aussi savant et aussi précis que Mayer ; il n’a point été, nu même degré que Lacaille, un observateur et un calculateur exact, adroit, industrieux, scrupuleux et infatigable ; il n’a point eu, comme Wargentin, la constance de s’attacher à un objet unique, pour être seul dans un rang à part ; mais, s’il n’est à tous ces égards qu’un astronome do second ordre, il a été le premier de tous comme professeur : plus qu’un autre, il a su répandre l’instruction et le goût de la science, il voulut être utile et célèbre, et il sut y réussir par ses travaux, par son activité, par son crédit et ses sollicitations ; enfin, en entrenant une correspondance très-étendue avec les savants. Il chercha sans cesse à faire le bien de l’astronomie, et voulut la servir même après sa mort, par la fondation d’une médaille que l’Académie des sciences décerne chaque année a l’auteur de l’observation la plus intéressante, ou du mémoire le plus utile aux progrès de l’astronomie. »

Il aimait, d’ailleurs, à faire parler de lui, n’importe comment, et il disait lui-même :

« Je suis toile cirée pour les injures, et épongo pour les louanges. » Il poussait l’amour uu bruit et de la popularité jusqu’à s’installer, la nuit, sur le Font-Neuf, avec un télescope,