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était nécessaire pour la répression des abus sans nombre tjui existaient dans toutes les branches de l’administration, il crut devoir accepter cette mission, la remplit avec son habileté et son dévouement habituels, et déploya une activité extraordinaire pour approvisionner et mettre en état de défense

Mayence et les autres places du Rhin. Rappelé après le 18 brumaire, il ne voulut accepter pour récompense de ses services

qu une chaire modeste à l’École centrale de a rue Sainte-Antoine (aujourd’hui lycée Charlemagne) à Paris, devint, en 1804, économe du lycée Bonaparte, et, cinq ans plus tard, inspecteur des poids et mesures, auxquels il s’occupa de l’aire appliquer le système métrique.

Proscrit comme régicide, à la deuxième Restauration, il se retira aux États-Unis, où le président Jelïerson lui fit l’accueil le plus chaleureux. Le Congrès lui concéda 500 acres de terre, et, en même temps, le gouvernemont de la Louisiane lui offrit la présidence de son université. Cette offre était trop dans ses goûts pourqu’il ne s’empressât pas de l’accepter. Néanmoins, en 1825, il donna sa démission pour aller s’établir sur les rives de la baie de Mobile, dans une belle propriété qu’il avait acquise avec le prix des terres que lui avait concédées le gouvernement américain. Là, il se fit colon, planteur et pionnier. À la nouvelle de la révolution de 1830, Lakanal éprouva le désir de revoir sa patrie et écrivit au nouveau gouvernement pour lui offrir ses services ; il ne reçut pas de réponse. Peu de temps après, lors du rétablissement de l’Académie des sciences morales, il ne fut pas compris parmi ses membres ; il se crut alors complètement oublié. Mais deux ans plus tard, grâce à l’initiative de Geoffroy - Saint - Hilaire, l’Académie l’avant réélu, il se décida à revenir en France ; toutefois, ce rie fut qu’en 1837 qu’il put mettre son projet à exécution. De retour a Paris, il vécut dans la retraite, assidu aux séances de l’Académie, et ce fut en s’y rendant par un froid rigoureux, vers ’la fin de 1844, qu’il contracta un catarrhe, dont il mourut quelques semaines après. Il s’occupait à sa mort de terminer un ouvrage intitulé : Séjour d’un membre de l’Institut de France aux États-Unis pendant vingt-deux ans, dont le manuscrit disparut mystérieusement, sans qu’on ait jamais pu en retrouver la moindre trace. Il avait publié : Rapport sur les langues orientâtes, commerciales et diplomatiques (1794) ; Exposé sommaire des travaux de Joseph Lakanal pour sauver, pendant la Révolution, les sciences, les lettres et ceux gui les honoraient par leurs travaux (1S3S, in-8o) ; Suum cuigue (1840, in-4o)) ; Première réponse à une note sur ta création de VInstitut (1840, in-8o) ; Tableau synoptique de la Convention nationale (anonyme, 1843, in-8o).

LftKANDOME s. et adj. (la-kan-do-me). Membre d’une peuplade assez nombreuse du Yucatun, sur les bords du Rio de la Passion ; qui appartient à cette peuplade ou à ses membres : Les Lakandojhes. Une tribu la-

KANDOME.

LA.KBI s. m. (la-kbi). Boisson favorite des Tripolitains, qui la tirent du dattier.

— Encycl. On emploie, pour extraire cette liqueur, à peu près le même procédé que les habitants d’autres parties de 1 Afrique emploient pour l’extraction du vin de palmier. L’arbre ayant été dépouillé de son écorce vers le sommet, ainsi que de toutes ses branches, on fait au milieu un trou rond et profond et une large incision, -pour donner passage à la liqueur qui coule presque immédiatement dans une jarre. Souvent le lakby coule pendant un mois d’un même dattier et produit 10 pintes par jour. On marque ensuite l’arbre, qui ne produit plus de fruits qu’au bout de trois ans.

LaKCIIMI, -déesse de la prospérité et de la fortune, dans la mythologie indienne ; on la représente en jaune, assise sur un lotus, tenant dans une "main une corde et dans l’autre un collier. En lui voyant ce cordon, instrument de supplice, on se rappelle la peinture que fait Horace de la Fortune : elle apporte les biens comme les maux. Elle habite dans la gueule des vaches et elle porte des mamelles remplies de lait. Les uns la disent fille de Bhrigou ; les autres la font sortir du sein de la mer quand les dieux barattaient l’Océan lacté, pour en extraire Vamrita ou ambroisie. Elle apparut après la lune ; de là vient qu’elle passe pour sa sœur. À sa première vue, les dieux furent frappésd’admiration jtouséprouvèrent un sentiment d’amour, Siva plus que tout autre. Mais Vichnou fut celui qu’elle choisit pour son époux. Cette déesse est adorée en cinq mois différents : mais la fête la plus fameuse est cello qui tombe à la pleine lune du mois d’dswina (septembre-octobre). Toute la nuit on est éveillé, et la fête porte le nom de Codjâgara. Ce mot signifie : Qui est éveillé. On croit que c’est le cri que pousse Lakchmi, en descendant pendant cette nuit : elle a promis des richesses à tous ceux qui veilleraient : aussi ehusse-t-on le sommeil par les jeux, la gaieté et les récits intéressants. Le symbole de la déesse, pendant ces fêtes, est un panier rempli de blé, devant lequel on fait les cérémonis qu’exige le rituel. Lakchmi porte encore le nom de Sri, qui a quoique analogie avec celui de Cérès. Ainsi,

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sa naissance rappelle celle de Vénus, et son nom celui de la déesse de l’agriculture, Lakchmi forme avec Saraçouati, femme de Brnhma, et avec Bhavani, femme de Siva, une véritable Trimourti, "ou trinité femelle, quoique pourtant on puisse la regarder aussi comme l’une des Matris-saktis ou émanations de Bavhani.

LAKE (Arthur), prélat anglais, né à Southampton vers 1550, mort en 1G2G. Il fut successivement archidiacre de Surrey (1605),

doyen de Worcester (1GOS), évêque de Bath et Wells (1616) et fonda un cours d’hébreu et un cours de mathématiques au New-Collège à Oxford. C’était un prédicateur distingué et un théologien fort instruit. On a de lui un recueil de Sermons, des Méditations, des Expositions du premier et du cinquante-cinquième psaume (Londres, 1629, in-fol.).

LAKE (Guillaume van), théologien hollandais, né à Middelbourg en 1650, mort en 1710. Il remplit des fonctions pastorales dans sa ville natale. Ses principaux ouvrages sont : Sur la rémission des péchés accordée aux Pères de l’Ancien Testament ; Démonstration et défense de la vérité et de la divinité de l’Écriture sainte (1676, in-12) ; le Cri des veuves et des orphelins (Flessingue, 1678) ; les Signes des temps (Middelbourg, 1683) ; la Consolation d’Israël (1684) ; les Souffrances du Messie (1701), etc.

LAKE (Gérard, vicomte), général anglais, né en 1744, mort en 1808. Issu d’une famille qui prétend remontera. Lancelotdu Lac, l’un des chevaliers de la Table ronde, il entra, dès 175S, au service, fit avec distinction les campagnes de la guerre de Sept ans et devint aide de camp du général Pearson. Envoyé en Amérique en 1781, il combattit ii Yorktown, sous les ordres de Comwallis, revint ensuite en Europe et fut envoyé, en 1793, en Hollande, où il fit lever aux Français le siège de Wilhelmstadt. Promu aloiS au grade de général, il fut chargé de réprimer la révolte des Irlandais (1797-1798), les battit à. Vinegar-Hill, et fut battu lui-même à Castlebar par le général français Huinbert ; mais, étant revenu attaquer ce dernier avec des forces considérables, il le lit prisonnier avec son petit corps d’armée, et vint ensuite facilement à bout des Irlandais qui étaient découragés. Appelé, en 1800, au commandement en chef de l’armée des Indes sous le gouverneur Wellesley, il s’occupa d’abord d’organiser les troupes indigènes, soumit, en 1802, les Zemindars, et, lorsque la guerre eut éclaté, en’1803, entre les Mahrattes du rajah Scindiah et l’Angleterre, il marcha sur Delhi. Après avoir vaincu, prés de Coel, le général Perron, Français au service de Scindiah (28 août 1803), il prit d’assaut Allighuz, et, la route se trouvant ainsi libre jusqu’à Delhi, il parvint, le il septembre, à 9 Kilom. de cette ville. Là, il trouva un autre Français, le général Bourquien, à la tête d’une nombreuse armée, qu’il parvint cependant à mettre en fuite après une lutte acharnée. Cette victoire, qui lui ouvrit les portes de Delhi, fut suivie, le 17 octobre suivant, de la prise d’Agra. Une dernière victoire, remportée le 1er novembre, à Laswari, sur les Mahrattes, mit fin à cette guerre, qui donna aux Anglais toutes les possessions de Scindiah, à l’est de la rivière Tchuinboul, et assura ainsi la domination anglaise dans l’Inde septentrionale. En récompense d’aussi signalés services, le général Lake fut élevé à la pairie et reçut le titre de baron Lake de Delhi, Laswari et Aston Clinton, En 1804 ; il marcha contre un autre chef mahratte, Holkar, qui menaçait le rajah de Djaipour, allié de 1 Angleterre, -s’empara de Gwalior et de Rampnura, enleva, le 17 novembre, le’camp de Holkar, à Ferrouchabad, vint ensuite mettre le siège devant Bhurtpore, et força le chef indigène à signer une paix si onéreuse que celui-ci reprit bientôt les armes ; mais, battu de nouveau, poursuivi et traqué dans le Lahore, il dut se soumettre définitivement, à des conditions encore plus rigoureuses que les premières. Lake revint bientôt après en Angleterre, où il fut aussitôt élevé au rang de vicomte et nommé gouverneur de Plymouth. — Son second fils, Georges-Auguste-Frédéric Lake, né en 1780, servit, en 1796, sous ses ordres, en Islande, le suivit plus tard dans l’Inde, et fit avec lui toutes les campagnes de 1801 à 1807. Promu, à son retour, lieutenant-colonel, il rit partie de l’expédition du général Spencer à Gibraltar et à Cadix, et passa ensuite en Portugal, où il fut tué à, la bataille de Roleia (17 août 1808).

LAKEMAKEll (Jean-Godefroi), orientaliste allemand. V. Lackemaker.

LAKEMAN (Stephen-Bartlett), officier anglais, né à Darmouth (Devonshîre) en 1825. Après avoir fait ses études au collège Louisle-Grand, à Paris, il entra dans l’armée, fit, dans l’Inde, une campagne contre les Seikhs, et fut ensuite envoyé au Cap de Bonne-Espérance, où il servit sous les ordres du général Cathcart dans la guerre contre les Cafres. Il organisa un corps de cent cinquante volontaires, auxquels il donna le nom de Waterkloof raugers, et a la tête desquels il devint, par ses audacieux coups de main, et surtout par ses expéditions nocturnes, la terreur de l’ennemi, qui n’appela plus ses soldats que les chasseurs de la mort. Créé che LAKN

valier en 1853, en récompense-de ses services, Lakeman se rendit bientôt après en Turquie, s’y mit au service du sultan, dont il reçut le titre de Misa-Pacha (1854), et fit, sous Isk’ander-Bey, la campagne du Danube et de la Valachie,

LAKEN, faubourg de Bruxelles. V. Laeken.

LAKISME s. m. (la-ki-sme — rad. lakiste). Caractère, tendances de l’école lakiste : Le lakisme a traversé la Manche et a f.iit invasion chez nous dans la poésie de Lamartine.

LAKISTE adj. (la-ki-ste ou lé-kist, à l’anglaise

— de 1 angl. lake, lac, parce que la plupart de ces poètes fréquentaient les bords des lacs du nord de l’Angleterre). Littér. Se dit de certains poètes qui professent un grand amour de la nature ; se dit aussi du style, de la manière de ces poètes : Les poètes lakistes les plus connus sont Wordsworth et Coleridge.

— Substativ. Postes lakistes : Les lakistes les plus connus sont Coleridge et Wordsworth, Ce serait une assez neuve et utile manière du caractériser Lamartine et de renouveler l’étude tant de fois faite de sa poésie que de ia comparer d’un peu près avec ces deux grands lakistes. (SterBeuve.)

— Encycl. On appelle lakistes, dans la poésie anglaise, une petite école de poëtes qui se produisit vers les premières années du xix» siècle ; ce nom leur vient de ce que les principaux d’entre eux, Wordsworth, Coleridge et Southey, habitaient les rives romantiques des lacs du Cumberland et du Westmoreland, qu’ils ont chantées sur tous les rhythmes. Leur but, fort louable, était de substituer le culte de la nature et l’analyse dés sentiments humains à la pompe et à la roideur des classiques. Cette école a eu quelque influence sur la poésie anglaise, et elle a conservé des disciples en Allemagne et même en France. C’est d’elle que nous viennent quelques beaurx. paysages de Théophile Gautier, dans ses premières poésies, et les sonnets intimes de Sainte-Beuve, dans Consolations et Joseph Delorme ; mais elle ne tarda pas à tomber dans le discrédit. Qui pourrait résister à l’ennui, qui vous enveloppe comme d’une chape grise, en lisant les poésies de Wordsworth ? C’est lui qui est le lakiste par excellence ; car, en dehors de ses lacs et des fades rêveries que l’eau lui inspire, il est incapable de trouver une idée ; si bien que, à force d’y revenir sans cesse, il réussit à les faire prendre en horreur. Il y a plus de variété dans Coleridge, qui s’amuse aux superstitions, aux mythes, aux légendes, et sait inspirer de l’intérêt. Ils publièrent leurs œuvres réunies, sous le titre de Ballades lyriques (1798-1800, 3 vol. in-S"). Southey ne se rattache à eux que par quelques poésies, les moins bonnes de ses recueils, et, à la suite, vint la foule des imitateurs, qui outrèrent encore la monotonie du thème et se perdirent dans la brume. Ce ne furent plus que lacs, montagnes, vallées, soleils levants, soleils couchants, promenades dans les bois et clairs de lune. Villemain, si indulgent pourtant de poëtes d’une mince videur, a appelé les lakistes a des métaphysiciens raisonneurs sans invention, mélancoliques sans passion, qui, dans l’éternelle rêverie d’une vie étroite et peu agitée, n’ont produit que des singularités sans puissance sur l’imagination des autres hommes. » Lord Byron

a criblé d’épigrammes les lakistes et Wordsworth en particulier ; il y avait dans leur poésie trop de prose et de puérilité niaise pour qu on ne l’excuse pas de s’être moqué d’eux, souvent avec une malice cruelle.

LAKNAOUTY, ville de l’Indoustan anglais. V. Gour.

LAKNAU, en anglais Lucknoui, ville de l’Indoustan anglais, ancienne capitale de l’Aoude, à 300 kilom. S.-E. d’Agra, à 8S0 kilom. N.-O. de Calcutta, sur la rive droite du Goumty, par 2G<>51r de lut. N., et 780 35’ de long. E. ; 200,00 hab. Bibliothèque très-précieuse en manuscrits persans, arabes et indous. Arsenal, manufactures de coton, de soie, de cuir et de salpêtre. Fondée dans te dernier siècle, cette ville n’a ni les souvenirs d’Ouzein et de Delhi, ni les monuments d’Amber et d’Agra, mais elle a ce que n’ont plus ces capitales mortes, une population proportionnée à son enceinte et douée d’une apparence de vie et d’activité. De beaux édifices mauresques, aux coupoles peintes, aux minarets élancés, bordent de toutes parts des rues larges et populeuses. Si leurs murs ne sont que de brique, le stuc blanc, vert ou rouge qui les recouvre, le marbre qui les revêt souvent à l’intérieur n’offrent pas trace de vétusté, nul indice de ruine prochaine. Partout, dit un voyageur, à travers cette vaste cité, on se croise avec d’élégants cavaliers vêtus d3 drap d’or et de cachemire, montant de jolis chevaux et précédés de serviteurs courant devant eux, une pique d’argent ou un sabre à la main. Ici, de nobles musulmans portés sur des palanquins découverts et dorés, furent un riche houka d’argent ciselé, au milieu d’une suite nombreuse montée sur des dromadaires aux caparaçons éclatants ; là, nonchalamment étendus sur des éléphants, de petits maîtres luknovis conversent ensemble d’un howdah à l’autre, l’éventail ou le gourgouri à la main ; et, con LAKN

trustant avec leur fastueuse nonchalance, avec leurs attitudes efféminées et leurs regards éteints par l’opium et par la plus hideuse débauche, de sauvages Afghans, aux yeux fauves, à la barbe inculte, passent à côté d’eux, balancés sur le dos de chameaux gigantesques. » Les nababs d’Aoude avaient fait de grandes dépenses pour embellir Laknau : elle est décorée de plusieurs palais, de bazars, de musées et de bibliothèques renfermant des curiosités européennes et asiatiques. Les jardins des anciens nababs sont magnifiques ; parmi les monuments de la ville, on doit encore citer deux édifices construits par le général Martine. Les manufactures principales sont celles de coton, do sucre, de cuir et de salpêtre. Le commerce y est très-étendu et la navigation fort active. Les environs de Laknau sont parsemés d’un grand nombre de tombeaux de saints indous et mahoinètans.

Lakuau (siège de). Le siège de Laknau est l’un des épisodes les plus dramatiques de la révolte des cipayes en 1S57. L’une des principales causes de la révolte fut précisément l’annexion delà province d’Aoude, dont Laknau était la capitale ; aussi cette ville devaitelle être le foyer et le théâtre d’un des mouvements les plus accentués. Au moment où le premier signal du soulèvement fut donné à Meerut, Laknau comptait près de 150,000 habitants. Quant aux troupes, qui tenaient garnison dans la province récemment annexée, elles étaient au nombre de 23,000 environ, mai 3 les Européens n’y entraient que pour 900 soldats. Cependant, Delhi était aupouvoir de l’insurrection, que Laknau n’avait pas encore bougé. Ce ne fut que dans les derniers jours de mai que les cipayes du 7l« de ligne se révoltèrent, mirent le feu aux bungalows de leurs officiers et tirèrent sur ceux-ci. Heureusement qu’un homme d’une énergie et d’un talent remarquable, sir Henry Lawrence commandait k Laknau pour les Anglais. Sans sir Lawrence, don t le frère, sir J oh n Lawrence, l’ut un peu plus tard nommé vice-roi de l’Inde anglaise, Laknau eût été prise sans coup férir et l’on ne peut pas dire si le sort futur de la révolte n’eût pas été tout autre par la suite. Sir Lawrence, comprenant l’impossibilité de défendre la ville avec le peu d’hommes qu’il avait à sa disposition, s’enferma dans le palais de la Résidence avec tous les Européens, ses 900 hommes de troupes et quelques milliers de cipayes restés fidèles. Cependant, les révoltés battaient la campagne et le mouvement prenait de l’extension. Cawnpore était tombé au pouvoir de Nana-Sahib, dont le nom rappelle assez les horreurs qui furent commises sur ce point. Le 30 juin, sir Lawrence fit une sortie avec 600 hommes pour attaquer un parti de cipayes campé à Chinhut, à 9 milles de Laknau. Malheureu- ’ sèment, les cipayes étaient en force, et sir Lawrence eut beaucoup de peine à ramener à la Résidence ses troupes décimées et à y rentrer lui-même avec elles. Cette malheureuse sortie eut encore pour résultat d’amener les vainqueurs dans Laknau même et de les décider à faire le siège de la Résidence. Ce siège, destiné à rester fameux dans les fastes militaires par l’héroïsme de ses défenseurs, commença le 1er juillet. Il débuta sous les plus tristes auspices pour les assiégés. Le 4, le vaillant sir Lawrence mourait, frappé à mort, dans la chambre même où il travaillait, par un éclat d’obus. Le major Banks prit alors le commandement des troupes. Jusqu’au 20, les assiégeants se contentèrent de faire pleuvoir sur la Résidence une grêle de boulets qui pénétraient jusque dans les lieux les plus reculés. Nous n’essayerons pas de dépeindre le rare courage qu’il fallut aux malheureuses femmes pour ne pas mourir de privations et de frayeur, derrière ces murailles qui ne les garantissaient qu’à demi de leurs féroces ennemis. Le 20, les cipayes attaquèrent la Résidence sur tous les points ; mais grâce à l’admirable résistance des officiers Anderson, Gubbins, Sago, etc., partout ils furent repoussés, en laissant un millier des leurs sur le carreau. Le 21, le major Banks ayant été tué par un boulet, comme il inspectait une batterie, le commandement passa au colonel (depuis brigadier général) Injrlis qui le conserva jusqu’à la fin du siège. À la suite de leur échec, les cipayes avaient changé de tactique ; abandonnant toute attaque ouverte, ils avaient résolu d’employer les mines pour arriver au cœur de la place. Le 27 juillet, une de ces mines éclata, le 10 une autre, le 1S août une troisième, le 5 septembre une quatrième. Heureusement, la vigilance dos assiégés put déjouer ces tentatives redoutables à l’aide de contre-mines intelligentes, et l’ennemi abandonna encore ce système d’attaque. Dans la Résidence, la position n’était plus tenable ; la faim commençait à faire des ravages. Les maladies se développaient d’une manière effrayante ; quelques semaines encore, et les vaillants défenseurs n’auraient plus la force de tenir leurs armes.

Mais, à ce moment, un émissaire put pénétrer dans la place et apporter la nouvelle que le général Havelock arrivait au secours des assiégés. Cette nouvelle ranima l’espoir de ceux qui semblaient prêts à perdre courage. Le 5 septembre, 8,000 cipayes se ruèrent sans succès sur tous les points qui pouvaient leur ’ donner accès dans la place : ils se retirèrent décimés par la mitraille et rentrèrent décou-