temps, il prononça plusieurs discours à la Société dite des bonnes lettres et se déclara avec enthousiasme pour l’affranchissement du peuple grec. En 1827, quoique censeur, il se montra un des adversaires les plus énergiques de la loi contre la presse dite loi de justice et d’amour, présentée par M. de Peyronnet, et proposa à l’Académie française, qui se rangea à son avis, d’envoyer au roi une énergique protestation contre le projet du ministre. Cette attitude hardie lui valut une destitution. Comprenant l’impossibilité de voir se fonder un véritable gouvernement libéral et constitutionnel avec les Bourbons, Lacretelle vit avec sympathie s’accomplir la révolution de Juillet. Toutefois, sous Louis-Philippe, il ne fut point en faveur à la cour. Le nouveau roi, irrité contre lui de ce qu’il avait jugé avec une juste sévérité la conduite de son père, Philippe-Égalité, ne voulut point l’appeler à la pairie, ni le laisser nommer membre du conseil royal de l’instruction publique.
En 1848, affaibli par la vieillesse, il se retira à Mâcon. « Après une vie si laborieusement employée, dit M. Desjardins, sa retraite ne fut point oisive : il fit de sa campagne de Bel-Air un rendez-vous littéraire, où vinrent le visiter MM. de Lamartine, dont il était devenu le compatriote, Villemain, Patin, Guigniaut, Gérusez, Jules Janin. » Il correspondait avec Alfred de Vigny, Victor Hugo, Émile Deschamps, Salvandy, Brifaut, Leclerc, Damiron, etc. C’était un homme aimable, bienveillant, libéral, bien que monarchiste, opposé aux idées extrêmes, et un causeur charmant. Ses cours publics eurent la vogue de ceux de Guizot, Villemain, Cousin, Lerminier, etc. Jusqu’à la fin, il conserva le plein usage de ses facultés intellectuelles, et, l’année même de sa mort, il composa, pour l’Académie, son Éloge de Delille. Il était chevalier de l’ordre de Saint-Michel (1826) et commandeur de la Légion d’honneur (1845). On doit à cet écrivain : Précis historique de la Révolution française (1801-1806, 5 vol. in-18) ; Histoire de France pendant les guerres de religion (1814-1816, 4 vol. in-8o) ; Histoire de France pendant le XVIIIe siècle (1808, 5 vol. in-8o) ; histoire de l’Assemblée constituante (1821, 2 vol. in-18) ; l’Assemblée législative (1824, in-8o) ; la Convention nationale (1824-1825, 3 vol. in-8o). Ces trois ouvrages font suite à l’Histoire de France pendant le XVIIIe siècle ; Considérations sur la cause des Grecs (1825) ; Histoire de France depuis la Restauration (1829-1835, 3 vol, in-8o) ; Testament philosophique et littéraire (1840, 2 vol. in-8o) ; Dix années d’épreuves pendant la Révolution (1840, in-8o) ; histoire du Consulat et de l’Empire (1848, 4 vol. in-8o). Il a, en outre, fourni une foule d’articles aux Débats, au Journal de Paris, au Républicain français ; la plupart ne sont point signés. Parmi les discours qu’il a prononcés à l’Académie française, il faut citer : l’Éloge de Florian, l’Éloge de Bailly (3 mai 1836), Olivier Cromwell et Bonaparte (2 mai 1837), l’Éloge de Delille (8 septembre 1854).
LACRETELLE (Henri DE), poëte, littérateur et homme politique, fils du précédent, né à Paris en 1816. Il s’est adonné de bonne heure
à la culture des lettres, et s’est avantageusement
fait connaître par des poésies, des
romans et des pièces de théâtre. Disciple de
Lamartine en poésie, il se prononça, à son
exemple, pour la république, lors de la révolution
de 1848, fit alors partie de la commission
préfectorale de Saône-et-Loire, devint
par la suite conseiller d’arrondissement, et
se présenta, à diverses reprises, sous l’Empire,
comme candidat de l’opposition dans ce
département. Lors des élections supplémentaires
du 2 juillet 1871, M. de Lacretelle a
été nommé membre de l’Assemblée nationale
dans le département de Saône-et-Loire. Chaud
partisan de la république, il est allé siéger à
gauche, a pris à maintes reprises la parole,
a déposé, le 6 septembre 1871, une proposition
demandant l’instruction primaire gratuite
et obligatoire, et a voté contre la loi
départementale, contre le pouvoir constituant
de l’Assemblée, contre la dissolution des gardes
nationales, pour le retour de la Chambre
à Paris, pour la dissolution, etc. M. de Lacretelle
n’est pas seulement un républicain
sincère, c’est encore un écrivain de talent,
un esprit fin et distingué. Nous citerons de
lui : les Cloches (Paris, 1841), recueil de
vers, dédié à Lamartine ; Dona Carmen (Mâcon,
1844) ; Valence de Simian (Paris, 1845) ;
Nocturnes (Paris, 1846), poésies ; Avant-scènes (Paris, 1855), recueil de trois pièces non représentées sur le théâtre : Gabrielle d’Estrées, Jean Huss, les Saturnales ; Fais ce que dois (1856), pièce en trois actes et en vers, avec Decourcelle, jouée à la Comédie-Française ;
Contes de la méridienne (1859) ; les Noces de Pierrette (1859) ; les Nuits sans étoiles (1861) ; la Poste aux chevaux (1861) ; le
Colonel Jean (1865) ; Sous la hache (1872), roman
écrit pour plaider l’abolition de la peine
de mort, etc. — Son frère, Charles-Nicolas de
Lacretelle, né en 1824, a suivi la carrière
des armes. Il s’est distingué à l’affaire de
Brazia, en Algérie (1853), où il commandait
une compagnie de la légion étrangère, est
devenu, à la suite de sa brillante conduite
lors de la bataille de l’Alma (1854), chef de
bataillon de zouaves, et a été successivement
nommé colonel (1857), commandeur de la Légion d’honneur (1861), général de brigade (1855) et général de division (1870). Lorsque
éclata la guerre avec la Prusse, il fit partie
du 1er corps d’armée placé sous les ordres
du maréchal Mac-Mahon, assista à la
bataille de Reichschoffen, à la capitulation de
Sedan, et fut alors envoyé, comme prisonnier,
en Allemagne.
LACRITUS, sophiste grec, né à Phasélis,
dans l’Attique, au IVe siècle avant notre
ère. Isocrate le forma à l’éloquence, et, d’après
Photius, il fut le promoteur de quelques lois
à Athènes. Il ne reste rien de Lacritus, dont
le nom est parvenu jusqu’à nous grâce au
discours que Démosthène prononça contre lui.
LA CROIX (Antoine DE), auteur dramatique français du XVIe siècle. Sa vie est inconnue ;
on sait seulement de lui qu’il est l’auteur
d’une tragédie dont le sujet est tiré du prophète
Daniel, et qui a pour titre : les Trois
enfants dans la fournaise. Cette pièce, qui ne
paraît pas avoir été représentée, fut imprimée
à paris en 1561. Elle a un prologue et
des chœurs, mais ne possède aucune division
en actes et scènes ; monologues et dialogues
se succèdent sans interruption. Elle est écrite
en vers de huit pieds. C’est un des plus étranges
produits de la littérature dramatique de
ce temps, où, par Jodelle et Grévin, le théâtre
essayait de se constituer en France.
LACROIX (Étienne), missionnaire et jésuite français, né à Saint-Pierre-du-Bosguérard,
diocèse d’Évreux, en 1579, mort à Goa en 1643.
Envoyé dans les Indes, en 1602, il professa
la théologie et la philosophie au collège fondé
par les jésuites à Salcette, devint maître des
novices, recteur, et s’adonna en même temps
à la prédication. Lacroix était très-versé dans
la langue des habitants du Canara et dans
celle des Mahrattes. Parmi les ouvrages qu’il
composa dans ces idiomes, on cite :Vie de saint Pierre apôtre, poëme en langue mahratte ;
un poème sur la Passion de Jésus-Christ
et des Discours en vers, contenant la réfutation
des erreurs des Orientaux (Goa, 1634, 2 vol. in-fol.).
LACROIX (François DE), théologien français,
né à Valenciennes en 1582, mort en
1644. Membre de la Société de Jésus, il professa
les humanités au collège de Douai, devint
supérieur du noviciat de Tournay, provincial
de son ordre, et s’adonna avec succès
à la prédication. On lui doit : Hortulus Marianus, sive praxes variæ colendi Virginem Mariam (Douai, 1622), plusieurs fois réédité et traduit en français ; Relation de la Cochinchine, traduction du P. C. Borri (Lille, 1631,
in-12).
LACROIX (Séraphin DE), théologien français,
de l’ordre des récollets, né à Lyon en
1589, mort on ne sait à quelle époque. Il a
laissé des ouvrages de controverse, dont le
plus remarquable est intitulé : le Flambeau
de la religion catholique (1627, in-4o).
LACROIX (Émeric DE), écrivain, né à Paris
vers 1590, mort à une époque inconnue.
On ne possède aucun détail sur la vie de cet
auteur, qui n’est connu que par ses œuvres.
Nous avons dit de lui tout ce qu’on en peut
dire, en analysant son principal ouvrage (v.
Cynée). On ne peut que regretter de ne pas
connaître mieux cet homme extraordinaire,
qui développa, sur certains points, des idées
libérales si avancées, que l’espérance de les
voir réaliser semble aujourd’hui encore, à
certains esprits, une illusion généreuse. La
glorification du travail manuel et du commerce,
le désarmement général, l’établissement
d’un tribunal européen pour juger les
différends internationaux peuvent paraître
des utopies ; mais nous pensons qu’il fallait
avoir un esprit bien large, un bien grand sentiment
de l’intérêt public et de la dignité humaine
pour concevoir de pareils projets au
XVIIe siècle. Ce livre remarquable de Lacroix
est intitulé : le Nouveau Cynée ou Discours
des occasions et moyens d’établir une paix générale et la liberté du commerce par tout le monde (Paris, 1623, in-8o). Lacroix a écrit, en outre : Adonia seu Mnemosyne Henrici
Magni (1613, in-8o) ; Soleria Casalea, sive expeditio italica Ludovici Justi (1620, in-8o) ;
P. Statii Silvarum frondatio sive antidiatribe
(1639, in-16) ; Ad Statii Silvas muscarium, sive
elenchus (1640, in-8o).
LACROIX (Jacques DE), en latin Crucius, théologien hollandais, né à Delft en 1595,
mort en 1650. Il remplit, pendant la plus
grande partie de sa vie, les fonctions de pasteur
dans sa ville natale, eut une grande renommée
d’érudition et fut en relation avec
les principaux savants de son époque. On a
publié, sous le titre de Mercurius Batavus
(Delft, 1653-1650, 5 livr.), sa correspondance
avec Rivet, Saumaise, Vossius, etc. Ce recueil
fut mis à l’index à Rome. On a de Lacroix
un ouvrage souvent réimprimé et intitulé :
Suada Delphica sive orationes LXIX varii argumenti ad usum studiosæ juventutis (1675, in-12).
LACROIX (C.-S.), écrivain dramatique français, qui vivait dans la première moitié du XVIIesiècle. Tout ce qu’on sait de lui, c’est
qu’il était avocat au parlement de Paris. On
a de lui : Climène, tragi-comédie pastorale,
représentée en 1628 ; l’Inconstance punie ou
la Mélanie, tragi-comédie (1630). Ces deux
pièces sont au-dessous du médiocre.
LACROIX (DE), diplomate et écrivain français, né à Paris, mort en 1704. En 1670, il
quitta la France pour se rendre à Constantinople,
où il devint secrétaire d’ambassade
sous M. de Nointel. Pendant un séjour de
dix ans en Turquie, il étudia les mœurs de ce
pays, et, de retour en France, il publia les
ouvrages suivants : Mémoires concernant diverses relations très-curieuses de l’empire ottoman (Paris, 1684, 2 vol. in-12) ; Guerre des Turcs avec la Pologne, la Moscovie et la Hongrie (Paris, 1689, in-12) ; État général de l’empire ottoman depuis sa fondation jusqu’à présent (Paris, 1695, 3 vol. in-12), traduction
qui paraît être de Pétis de Lacroix, et que le
secrétaire de M. de Nointel publia sous son
nom ; la Turquie chrétienne, contenant l’état présent des nations et des églises grecque, arménienne et maronite dans l’empire ottoman (Paris, 1695, in-12), ouvrage curieux, mais superficiel.
LACROIX (Phérotée DE), littérateur français, né à Lyon vers 1640, mort vers 1715. Il s’adonna à l’enseignement de l’histoire, de la géographie, des mathématiques, etc., et publia des ouvrages dont quelques-uns eurent du succès de son temps. Nous citerons : Abrégé de la morale, où sont contenus les vrais principes de se bien conduire et de se rendre parfaitement heureux (Lyon, 1675, in-12); l’Art de la poésie française (Lyon, 1675, in-8o), réédité sous ce titre : l’Art de la poésie française et latine, avec une idée de la musique (Lyon, 1694, in-12) ; Nouvelle méthode pour apprendre facilement la géographie universelle (Lyon, 1690, 4 vol. in-12), ouvrage accompagné de cartes, de dessins de costumes, et qui a été traduit en allemand ; Relation universelle de l’Afrique ancienne et moderne (Lyon, 1688, 4 vol. in-12).
LACROIX (Claude), jésuite allemand, né dans le Limbourg en 1652, mort en 1714. Il a laissé un Commentaire sur la théologie morale de Busembaum (Cologne, 1719, 2 vol. in-fol.). Cet ouvrage est l’un de ceux qui ont le plus
donné prise aux attaques contre les jésuites.
Aussi, ceux de Paris et de Toulouse le désavouèrent-ils
lorsqu’une nouvelle édition en fut publiée en 1754.
LACROIX (Jean-Baptiste), auteur dramatique,
né à Paris en 1664, mort dans la même
ville en 1742. Son père était armurier du roi.
Il fut lui-même, pendant douze ans, premier
secrétaire du maréchal de Biron, inspecteur
général de l’infanterie, et obtint ensuite une
pension de 4,000 francs, qui lui fut servie
jusqu’à sa mort. On ne connaît de lui qu’une
œuvre dramatique : l’Amant Protée, comédie
en trois actes et en prose, mêlée de divertissements,
laquelle fut représentée, en 1728, au
Théâtre-Français, et n’obtint aucun succès.
Cependant les critiques du temps reconnaissent
qu’au milieu de nombreux défauts cette
pièce renfermait quelques situations comiques,
qui l’auraient peut-être sauvée, si le
sujet avait offert un peu plus d’intérêt et surtout
n’avait pas été traité à la manière des farces italiennes, dont le public était dégoûté depuis longtemps.
LACROIX (Louis-Antoine-Nicole DE), géographe, né à Paris en 1704, mort dans la même ville en 1760. C’était un ecclésiastique, qui s’adonna à une étude approfondie de la géographie et écrivit sur cette science des ouvrages élémentaires adoptés pendant près d’un demi-siècle dans l’enseignement. Ses principaux livres sont : la Géographie moderne (Paris, 1747, in-12), plusieurs fois rééditée; Abrégé de géographie (Paris, 1758, in-12) ; Géographie moderne et universelle, précédée d’un Traité de la sphère, formant un cours complet de géographie, rééditée et refondue par Comeiras (1801, 2 vol. in-8o) ; Méthode d’étudier, tirée des ouvrages de saint Augustin, trad. de l’italien de Ballerini (Paris, 1760).
LACROIX (Pierre-Firmin), prêtre de la doctrine chrétienne, littérateur et professeur de philosophie à Toulouse, mort en 1786. Il a composé quatre ouvrages, qui sont : J.-J. Rousseau à l’archevêque d’Auch (Neuchâtel, 1764, in-12), anonyme ; Lettre de J.-J. Rousseau, qui contient sa renonciation à la société et ses derniers adieux aux hommes (1765, in-12), anonyme ; Traité de morale (Carcassonne, 1767, in-12, 2e édit. augm. ; Toulouse, 1775, 2 vol. in-12) ; Connaissance analytique de
l’homme, de la matière, de Dieu (Paris, 1772, in-12).
LACROIX (Jean-François DE), écrivain français qui vivait dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. On ne sait rien de la vie de ce fécond compilateur, qui a publié, sous le voile de l’anonyme, un grand nombre d’ouvrages sur l’éducation et l’histoire. Nous citerons de lui : l’Esprit de Mlle de Scudéry (Paris, 1766, in-12) ; Abrégé chronologique de l’histoire ottomane (Paris, 1768, 2 vol. in-8o) ; Anecdotes anglaises jusqu’à la fin du règne de George III (Paris, 1769) ; Anecdotes italiennes (Paris, 1769) ; Anecdotes du Nord (Paris, 1770) ; Anecdotes militaires de tous les peuples (Paris, 1770, 3 vol. in-8o), réédité sous le titre de Dictionnaire historique des sièges et batailles mémorables (1771) ; Anecdotes des républiques (Paris, 1771, 2 vol. in-8o); Anecdotes arabes et musulmanes, avec Hornot (1772). On lui doit encore : Dictionnaire portatif des faits et dits mémorables de l’histoire ancienne et moderne (1768, 2 vol. in-8o) ; Dictionnaire historique des femmes célèbres (Paris, 1769, 2 vol. in-8o) ; Dictionnaire historique des cultes religieux établis dans le monde (Paris, 1770, 3 vol. in-8o), plusieurs fois réédité ; Dictionnaire historique des saints personnages (Paris, 1772, 2 vol. in-8o). Lacroix a collaboré à l’Histoire littéraire des femmes françaises de l’abbé de La Porte (1769).
LACROIX (Isaac-Jacob), graveur suisse,
né à Payerne, canton de Berne, en 1751, mort
vers le commencement du XIXe siècle. Après
avoir pris des leçons de Miollet, de Méchel
et d’Eichler, il se rendit en Italie, où il visita
les principales villes, séjourna deux ans à Rome, puis revint dans son pays, où il s’occupa surtout de graver des ornements typographiques. Lacroix a travaillé à l’ouvrage de Hedlinger sur les Médailles, à la Galerie figurée de Dusseldorf, à la Danse des morts. Ses pièces les plus remarquables sont deux gravures à l’eau-forte d’après Hackert : une Vue de Césène et une Vue de Saint-Pierre de Rome.
LACROIX (Sébastien), révolutionnaire français,
exécuté le 13 avril 1794. Il prit part à
la journée du 10 août 1792, puis il devint
commissaire du conseil exécutif pour les Subsistances,
fut envoyé, en septembre 1792, à Meaux, revint ensuite à Paris et y proposa l’abolition de la royauté. Lacroix devint successivement, à partir de cette époque, procureur général, président de la section de
l’Unité et membre du Comité révolutionnaire.
Traduit devant le tribunal révolutionnaire,
comme complice d’Hébert et de son ami Chaumette.
il fut condamné à périr sur l’échafaud.
Lacroix avait publié le véhément Discours
qu’il avait prononcé lors du recrutement pour
la Vendée, en avril 1793.
LACROIX (Jean-François DE), conventionnel français, né à Pont-Audemer en 1754, exécuté le 20 avril 1794. Avocat à Anet, près de Dreux, au commencement de la Révolution,
il devint alors procureur général syndic
du département, puis député d’Eure-et-Loir
à la Législative. On le vit, pendant les
derniers mois de 1791, attaquer avec force
les ministres, à propos des colonies et des relations
étrangères, provoquer des mesures
de rigueur contre les émigrés, renouveler
la proposition du licenciement de la garde
du roi, et, en juin, défendre le duc d’Orléans,
accusé par Ribbes d’être le chef d’une
l’action opposée à la cour. Lors des événements
du 20 juin, Lacroix demanda que le
maire et la municipalité de Paris fussent appelés
à la barre pour rendre compte de ce
qui se passait ; mais, peu de jours après, il
provoqua la levée de la suspension de Pétion,
prononcée par le département. Le 7 janvier
1792, il fit porter un décret d’accusation
contre les officiers du régiment de Cambrésis,
qui furent, en conséquence, arrêtés à Perpignan,
de là conduits à Orléans et massacrés
en septembre à Versailles. Dans le même
temps, il fit ôter au département la surveillance
sur la nouvelle municipalité de Paris,
et demanda que les bronzes des édifices nationaux
et les statues des rois fussent convertis
en canons. Le 5 février, il accusa Louis XVI
d’être l’auteur de tous les troubles par son
refus de sanctionner le décret contre les princes.
Il demanda avec chaleur la mise à exécution
du décret frappant de la déportation
les prêtres insermentés, défendit ensuite
une adresse envoyée de Marseille contre
Louis XVI, attaqua La Fayette avec acharnement
à raison de la lettre écrite par ce général
sur les attentats commis le 20 juin contre
la personne du roi, accusa enfin les ministres
et les généraux de perfidie, demandant
que, puisque l’Assemblée avait déclaré
la patrie en danger, elle concentrât en elle-même
tous les pouvoirs. Lacroix se signala
en août par de nouvelles attaques, notamment
à la séance du 10, dans laquelle on
acheva de détruire la monarchie. Il y fit décréter
l’envoi de commissaires aux différentes
armées, pour y annoncer la déchéance du roi,
et ensuite la création d’une cour martiale
pour juger, sans désemparer, les Suisses faits
prisonniers à l’attaque du château. Le 19 du
même mois, il fut nommé président de l’Assemblée.
Prudhomme, Mercier et autres l’accusent
d’avoir été, en septembre, un des complices
des massacres des prisons, ce qui n’est
nullement démontré. Réélu à la Convention,
il en devint président le 4 octobre. Il vota la
mort de Louis XVI. Depuis le mois de décembre
1792 jusqu’au mois d’avril 1793, il se rendit
trois fois en Belgique, avec son ami Danton,
et, d’après le témoignage suspect de
Prudhomme, ce fut Robespierre lui-même
qui, méditant déjà leur perte, les aida à obtenir
cette mission, en leur faisant entrevoir
la possibilité d’y faire fortune. Lacroix, dit-on,
pressura en effet les Belges, et s’enrichit,
surtout aux dépens des églises et de
l’armée française. En mars, il aida à l’établissement
du tribunal révolutionnaire et devint,
en avril, membre du comité de Salut
public. Les girondins l’accusèrent violemment
pour sa conduite en Belgique et ses liaisons
avec Dumouriez. Mais tout le parti de
la Montagne, uni alors contre les girondins,
le soutint fortement. À son retour, il rendit
compte de sa mission, s’éleva contre la trahison
de Dumouriez, fit décréter que les membres
de la famille des Bourbons serviraient
d’otages pour garantir la vie des commissaires
de la Convention livrés aux Autrichiens,
et qu’aucun noble ne serait admis dans la