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— Encycl. La petite famille des lacistémées (elle ne comprend qu’un genre) paraît aussi nécessaire qu’elle est difficile à classer. Elle comprend des arbres ou arbrisseaux à fleurs apétales, disposées en chatons et consistant en des sortes d’écailles bordées d’un cercle de lanières. À l’intérieur de ce cercle, on distingue un filet divisé en deux branches, dont chacune porte une anthère. L’ovaire est surmonté d’un ou deux styles libres ou soudés, portant deux stigmates. Le fruit est une capsule divisée en deux valves, dont chacune contient une ou plusieurs graines. Les feuilles sont simples, alternes, coriaces et toujours vertes.


LACIUS. Temps hér. Héros athénien, qui donna son nom au bourg Lacinia.


LACK s. m. (lak). Monnaie de compte de la Perse. Le lack vaut environ 200,000 fr.


LACKAR, île de l’Océanie, dans la Malaisie, archipel de la Sonde, près et à l’E. de Moa, par 8° 15′ de lat. S., et 127° 15′ de long. E. Environ 35 kilom. de l’E. à l’O., sur 15 kilom, du N. au S. Le sol en est rocailleux et dépourvu d’eau ; à l’aide de l’eau pluviale que les Malais recueillent dans les cavités des rochers, ils cultivent Un peu de riz et de maïs ; élève de bestiaux ; côtes très-poissonneuses.


LACKEMAKER (Jean-Godefroi), orientaliste allemand, né à Osterwick en 1695, mort en 1736. Il étudia la philosophie et les langues orientales à Helmstædt et à Halle. Reçu docteur à Helmstædt (1719), il ouvrit des cours particuliers de grec, d’hébreu et d’arabe dans cette ville, où il obtint ensuite la chaire de grec (1724) et celle de langues orientales (1727). Il mourut prématurément, tué par un travail excessif. On a de lui : Elementa linguæ arabicæ (Helmstsedt, 1718, in-4o) ; De fatis studiorum apud Arabes (Helmstædt, 1719) ; Dissertatio de Al-Kendi (Helmstædt, 1719, in-4o) ; De ritibus quibusdam bacchicis a Græcis ad Judæos recentiores derivatis (Helmstædt, 1724, in-4o) ; Observationes philologicæ (Helmstædt, 1724-1733) ; Antiquitates Græcorum sacræ (Helmstædt, 1734, in-8o).


LACKINGTON (Jacques), libraire et écrivain anglais, né dans le comté de Somerset vers 1740, mort vers 1816. D’abord garçon cordonnier, il employa tous ses loisirs à lire la Bible, les anciens philosophes, se prit de passion pour les livres, puis ouvrit une petite boutique de bouquiniste. Grâce à son intelligence, à sa probité, il fit d’excellentes affaires, de sorte qu’il se trouvait à sa mort le plus riche libraire de Londres. Lackington s’était formé une bibliothèque particulière qui comptait 30,000 volumes. Il a publié : Mémoires des quarante-cinq premières années de ma vie (1791, in-8o) ; Deuxièmes confessions, suivies de Lettres sur les conséquences dangereuses de l’éducation de pension pour les filles (1804, in-8o).


LACKMANN (Adam-Henri), historien et philologue allemand, né à Weningen (duché de Lauenbourg) en 1694, mort en 1753. Il embrassa l’état ecclésiastique, devint, en 1721, recteur du lycée d’Eutin, et fut nommé, en 1733, professeur d’histoire à l’université de Kiel. Parmi ses nombreux écrits, il faut citer les suivants : Miscellanea litteraria (Hambourg, 1721) ; Primitiæ utinenses (Lubeck, 1725, in-4o) ; Epistolæ diversi argumenti (Hambourg, 1728, in-8o) ; Poésies spirituelles et religieuses (Hambourg, 1730, in-8o) ; Introduction à l’histoire du Slesvig-Holstein (Hambourg, 1730-1746, in-8o) ; Historia ordinationis ecclesiasticæ regnorum Daniæ et Norwegiæ, et ducatuum Slesvicensis et Holstensis (Hambourg, 1737, in-8o) ; Annalium typographicorum selecta quædam capita (Hambourg, 1740, in-4o) ; De computatione annorum per hiemes priscis gentibus hyperboræis usitata (Kiel, 1744, in-4o), etc.


LAC-LAQUE s. m. (lak-la-ke — rad. laque). Précipité que produit l’alun dans une dissolution alcaline de résine laque, et qu’on emploie dans l’Inde pour la teinture.


LA CLÈDE (DE), historien français, mort tout jeune encore en 1736. Tout ce qu’on sait de lui, c’est qu’il entra en relation avec Voltaire, dont il reçut des services pécuniaires, et que, à l’époque de sa mort, il était secrétaire du maréchal de Coigny. On lui doit une Histoire générale du Portugal (Paris, 1735, 2 vol. in-4o), qui s’arrête à 1715. Elle est écrite dans un style agréable, bien que assez négligé ; mais l’auteur n’a consulté que les sources les plus rapprochées de son époque, et semble ne pas avoir connu les chroniques du XVe et du XVIe siècle. L’ouvrage de La Clède fut traduit en portugais par Manuel de Souza (Lisbonne, 1781-1797, 18 vol. in-8o). Miellé et Fortia d’Urban l’ont réédité et continué jusqu’à la régence de dom Miguel, sous le titre d’Histoire générale du Portugal depuis l’origine des Lusitaniens (1828 et années suiv., 10 vol. in-8o).


LACLOS (Pierre-Ambroise-François Choderlos de), général et littérateur français, né à Amiens en 1741, mort à Tarente en 1803. Il est surtout célèbre par son roman des Liaisons dangereuses ; mais ses états de service dans l’armée et son rôle pendant la Révolution méritent d’être relatés. Brillant officier, aussi distingué par son esprit que par ses aptitudes militaires, capitaine du génie à trente-sept ans, il devint peu après secrétaire des commandements du duc d’Orléans, celui qui se fit appeler plus tard Philippe-Égalité, et, très-attaché à ce prince dont il était le conseiller intime, il se trouva mêlé à toutes les intrigues par lesquelles la branche d’Orléans essaya de se substituer à la branche aînée, sous le masque d’un ardent républicanisme. Il fut compromis par les dépositions de l’enquête faite au Châtelet sur les journées des 5 et 6 octobre ; on retrouva sa main dans les désordres populaires de cette époque, et il fut obligé de s’exiler à Londres, en même temps que son protecteur. Lorsque la cour n’eut plus aucun pouvoir, il rentra en France, s’affilia à la Société des jacobins, dont il rédigea le journal, et se mit en évidence par les motions les plus radicales. Il fut l’un des premiers à demander la déchéance, aussitôt après l’issue de la fuite de Varennes, et, en même temps, il rédigeait avec Brissot la fameuse pétition qui fut cause du massacre du Champ-de-Mars (17 juillet 1791). Il est évident que Laclos n’était pas un républicain, et que, à travers tous ces troubles, il poursuivait l’élévation au trône du duc d’Orléans. Ses liaisons avouées avec les patriotes l’aidaient dans ce double jeu. Nommé colonel d’artillerie, il fut adjoint au maréchal Luckner, qui commandait alors sur le Rhin et dont la vieillesse avait besoin d’un aide (1792) ; il fut promu la même année au grade de maréchal de camp. Peu de temps après, s’écroulait l’édifice de ruse et d’hypocrisies si péniblement échafaudé par Philippe d’Orléans ; son conseiller, devenu suspect, fut arrêté, incarcéré à Picpus, et parvint néanmoins à se faire relâcher. Incarcéré une seconde fois, il fut rendu à la liberté après les événements du 9 thermidor. Le Directoire le nomma successivement secrétaire général de l’administration des hypothèques et général de brigade commandant l’artillerie de l’armée du Rhin. Sous l’Empire, il était inspecteur général à l’armée de Sud-Italie, lorsqu’il mourut en 1803.

Laclos s’était fait connaître, dès 1782, par le plus audacieux roman d’alcôve qu’ait vu naître le XVIIIe siècle, où pourtant ces sortes d’œuvres n’étaient pas rares, les Liaisons dangereuses (Amsterdam et Paris, 1782, 4 parties in-12) ; malgré la licence des peintures, c’est une œuvre virile, un roman de moralité, le seul qui pût effrayer cette société en décomposition et lui faire peur d’elle-même. (V. Liaisons dangereuses.) Il publia ensuite des Poésies fugitives (1783), une lettre à l’Académie française,'à propos de l’éloge de Vauban (1786, broch. in-8o) ; Carnot y a joint ses observations. On lui doit encore la continuation de l’ouvrage de Vilate, Causes secrètes de la révolution du 9 thermidor (1795, in-8o) ; il a collaboré à la Galerie des états généraux (1789), à celle des Dames françaises, et à plusieurs ouvrages sur les fortifications et l’art de la guerre. C’était un homme d’un grand talent littéraire, un écrivain sobre et énergique, d’une imagination puissante. Ses ennemis politiques ont voulu faire croire qu’il s’était peint lui-même sous le masque de cet horrible Valmont, le roué sans cœur dont il a fait son héros ; il paraît, au contraire, avoir vécu avec une grande simplicité, et son esprit, dans la vie privée, était plutôt enclin à la bonhomie qu’à la malice. On lui a imputé tout aussi gratuitement une profonde dépravation de mœurs, parce que ses héros sont dépravés ; mais s’il fallait être un scélérat pour peindre le crime et l’infamie, les plus grands génies, à commencer par les poètes tragiques, seraient bons à séquestrer. Ce qu’on peut lui reprocher plus légitimement, c’est la part qui lui revient dans les basses et louches manœuvres du duc d’Orléans, et comme il vivait avec l’entourage de ce prince, on doit croire qu’il a peint la société qu’il avait sous les yeux.


LACMA s. m. (la-kma — du péruv. llama). Mamm. Syn. de lama.


LA COLOMBIÈRE (Claude DE), prédicateur français. V. Colombière.


LA COLOMBIÈRE (Marc Vulson de), écrivain héraldique. V. Vulson de La Colombière.


LA COLONIE (Jean-Martin DE), général et historien français, né à Bordeaux en 1674, mort dans la même ville en 1759. Tout jeune encore, il prit du service dans l’armée de l’électeur de Bavière, se distingua pendant la guerre de la succession d’Espagne, devint maréchal de camp, puis accompagna le prince Eugène de Savoie contre les Turcs, et se conduisit de la façon la plus brillante lors de la prise de Belgrade (1717). De retour dans sa ville natale, il consacra ses loisirs à l’étude. On a de lui : Mémoires contenant les événements de la guerre depuis le siège de Namur (1692) jusqu’à la bataille de Belgrade (Bruxelles, 1737, 2 vol. in-12) ; Histoire de la ville de Bordeaux (Bordeaux, 1757, 3 vol. in-12). Ces deux ouvrages, dont le style est incorrect et prolixe, renferment un grand nombre de particularités curieuses.


LACOMBE (le Père François DE), religieux barnabite de Thonon (Savoie), qui vivait au XVIIe siècle. Il fut, avec Mme Guyon, un des plus fervents apôtres du quiétisme. Comme les historiens les plus sévères pour Mme Guyon ne suspectent pas la pureté de ses mœurs, on peut croire que l’intimité qui exista entre elle et le barnabite fut toute spirituelle, toute mystique, du moins en ce qui concerne la nouvelle sainte Thérèse, car il paraît que le moine éprouva pour elle des sentiments plus terrestres. Au reste, nous ne nous sentons pas de force à expliquer cet amphigouri de mysticisme qui emporte irrésistiblement deux êtres l’un vers l’autre, leur fait parler le langage le plus passionné, le moins chaste souvent, mais qui n’en annihile pas moins le corps au profit exclusif de l’âme. Quoi qu’il en soit, il paraît que Mme Guyon conçut pour le Père Lacombe une passion violente, dont le spiritualisme épuré monta jusqu’au délire. Devenue veuve en 1676, à l’âge de vingt-huit ans, elle engendra par la grâce l’objet de sa passion, âgé de trente-trois ans, qui se reconnut son fils spirituel. La mère et le fils passaient quelquefois ensemble des heures entières dans des contemplations extatiques. Ils parcoururent pendant dix ans la Savoie et une partie de l’Italie, vivant tantôt réunis, tantôt séparés, à Thonon, à Annecy, à Gex, à Turin, à Verceil, à Dijon, à Grenoble. Partout Mme Guyon distribua de larges aumônes, fit beaucoup de prosélytes, avec lesquels elle eut des entretiens mystiques, obtint des visions et des révélations. Tout en se croyant dirigée par le Père Lacombe, c’était elle-même qui le dirigeait, à l’insu de tous deux peut-être. Il ne pouvait vivre loin d’elle. En 1680, le couple mystique arriva à Paris ; le Père Lacombe dut alors rentrer dans la maison de son ordre, qu’il avait anciennement habitée. Le 3 octobre 1687, l’archevêque de Paris, Harlay de Chanvalon, alarmé des progrès de la nouvelle doctrine, fit enfermer le barnabite dans la maison des Pères de la doctrine chrétienne. Loin de Mme Guyon, il se mourait de mélancolie. Il finit par lui écrire (ce qui était peut-être le vrai secret de sa vie) qu’il était éperdu, désespéré d’amour. Mme Guyon sourit à cette lecture : « Il est devenu fou, » dit-elle. C’était vrai ; il mourut fou dans une autre maison religieuse où il avait été transféré.


LACOMBE (Gui du Rousseau de), jurisconsulte français, mort en 1749. Il exerça, à partir de 1737, la profession d’avocat près le parlement de Paris et publia plusieurs ouvrages, dont les principaux sont : Commentaires sur les nouvelles ordonnances, sur les donations, les testaments (Paris, 1733, in-4o) ; Arrêts et règlements notables du parlement de Paris et autres cours souveraines (1743, in-4o) ; Recueil de jurisprudence civile (Paris, 1736, in-4o), ouvrage jadis fort estimé ; Traité des matières criminelles (Paris, 1741, in-4o) ; Recueil de jurisprudence canonique et bénéficiale (Paris, 1748, in-8o), etc.


LACOMBE (Jacques), littérateur et jurisconsulte français, beau-père de Grétry, né à Paris en 1724, mort dans cette ville en 1811. D’abord avocat, il renonça au barreau pour se consacrer à la culture des lettres et se fit libraire. Écrivain de quelque talent, il a laissé un assez grand nombre d’ouvrages. Voici le titre des principaux : les Progrès des sciences et des arts sous le règne de Louis XV (ode in-8o) ; le Salon, en vers et en prose, ou Jugement des ouvrages de peinture exposés au Louvre en 1753 (in-8o) ; les Amours de Mathurine, pièce imitée de Daphnis et Alcimadure, opéra languedocien (1756) ; Abrégé chronologique de l’histoire ancienne des empires et des républiques avant Jésus-Christ (1757, in-8o) ; Dictionnaire portatif des beaux-arts (1759, in-8o) ; le Charlatan, opéra-bouffe, en deux actes et en vers libres, parodie de Tracollo medico ignorante (1759, in-8o) ; Abrégé chronologique de l’histoire du Nord et des États de Danemark, de Russie, de Suède, de Pologne, de Prusse, de Courlande, etc., etc. (1762, 2 vol. in-8o) ; Histoire de Christine, reine de Suède (1762, in-12) ; le Spectacle des beaux-arts (1762, in-12) ; Histoire des révolutions de Russie (1773, in-12) ; Poétique de M. de Voltaire ou Observations recueillies de ses ouvrages, concernant la versification française, etc. (1766, 2 part. in-8o) ; Dictionnaire encyclopédique des arts et métiers (1789 et 1791, 8 vol. in-4o, et 6 vol. d’atlas) ; Dictionnaire encyclopédique des amusements des sciences mathématiques et physiques, etc. (1792, in-4o, avec atlas de 86 pl., représentant plus de 1,253 objets) ; Encyclopediana, ou Dictionnaire encyclopédique des anas (1792, in-4o) ; Dictionnaire des jeux, annexé au tome III du Dictionnaire des mathématiques (Paris, 1794, in-4o, avec 16 pl.) ; Dictionnaire de toutes les espèces de chasse (1795, in-4o, avec 32 pl.) ; Scipion à Carthage, opéra en trois actes et en vers libres, mêlé de chants et de déclamation (1795, in-8o) ; Dictionnaire de toutes les espèces de pêche (1796, in-4o, avec 14 pl.) ; Dictionnaire encyclopédique de l’art aratoire et du jardinage (1797, in-8o, avec atlas de 54 pl.) ; Dictionnaire des jeux mathématiques (1799, in-4o) ; Dictionnaire des jeux de famille ou amusements de société, faisant suite au Dictionnaire des jeux, annexé au tome III du Dictionnaire des mathématiques (in-4o, avec 6 pl.) : ces Dictionnaires font presque tous partie de l’Encyclopédie méthodique ; Mémoires secrets de la duchesse de Portsmouth, publiés avec des notes historiques (1805, 3 vol. in-12) ; Précis de l’art théâtral dramatique des anciens et des modernes (1808, 2 vol. in-8o), ouvrage fait en collaboration avec Chamfort. Lacombe, en outre, avait élaboré, pour l’Encyclopédie méthodique, un vocabulaire encyclopédique resté en manuscrit. Enfin, notre savant auteur a concouru à la rédaction de l’Avant-coureur de 1760, et du Mercure de 1761 à 1763.


LACOMBE (François), écrivain français, né à Avignon en 1735, mort en 1795. Il chercha longtemps des ressources dans des travaux littéraires, et devint, dans les dernières années de sa vie, commissaire de police à Montpellier. La Convention le mit sur la liste des hommes de lettres à qui elle accorda des secours (1795). Presque tous les livres qu’il a publiés sont sans nom d’auteur. Ils se composent de traductions et de quelques ouvrages originaux. Nous citerons : Lettres historiques et philosophiques du comte d’Orrery (1753, in-12), trad. de l’anglais ; Lettres choisies de Christine, reine de Suède (1759, in-12) ; Lettres secrètes de Christine, reine de Suède, aux personnes illustres de son siècle (Amst., 1749), ouvrage de pure fantaisie ; Dictionnaire du vieux langage français (1765-1767, 2 vol, in-8o) ; Observations sur Londres et ses environs, avec un Précis de la constitution d’Angleterre et de sa décadence (1780, in-12) ; le Mitron de Vaugirard (1776), etc.


LACOMBE (Jean-Baptiste), révolutionnaire français, né à Toulouse en 1748, exécuté à Bordeaux en 1794. Il commença par être instituteur dans sa ville natale, puis se rendit à Bordeaux, qu’il dut quitter, dit-on, à la suite de différentes escroqueries. Il ouvrit alors une école dans un village, où il vécut obscurément jusqu’en 1793. Il revint à cette époque à Bordeaux, parvint à se rendre agréable aux représentants envoyés en mission, et s’éleva jusqu’à la présidence de la commission militaire qui fut instituée dans cette ville par Beaudot, Ysabeau et Tallien. Lacombe était un juge impitoyable ; on ne saurait excuser les nombreuses condamnations qu’il prononça, inspiré par la passion politique plus souvent que par l’équité. Mais ce qu’on ne saurait admettre, bien que les biographes le répètent à l’envi, c’est qu’il se soit approprié les dépouilles de ses victimes. Nous ne pensons pas qu’on veuille parler des redingotes des nobles qu’il envoyait à l’échafaud, et, quant à leurs propriétés foncières, il existait, en 1793, comme aujourd’hui, pour leur transmission, des règles qu’il n’était pas plus qu’aujourd’hui possible de transgresser. Tout ceci n’est pas dit pour excuser la façon sommaire de procéder que Lacombe avait adoptée. Le 27 thermidor au II (15 août 1794), la commission militaire de Bordeaux l’envoya, à son tour, à l’échafaud, après un jugement non moins sommaire que ceux qu’on lui reprochait avec raison.


LACOMBE (Dominique), prélat français, né à Montrejean en 1749, mort en 1823. Il appartenait à la congrégation des doctrinaires et était recteur du collège de Guyenne, à Bordeaux, lorsque éclata la Révolution. Il se montra favorable aux idées nouvelles, adopta la constitution civile du clergé, et prêta le serment qu’elle imposait. Nommé alors curé de la paroisse Saint-Paul, à Bordeaux, il fut élu, en 1791, député à l’Assemblée nationale, donna sa démission en 1792, et vint reprendre l’exercice du ministère sacré. En 1797, il fut élu évêque métropolitain de la Gironde, et, sur la demande du gouvernement, donna, en 1801, sa démission, afin de faciliter la conclusion du concordat. L’année suivante, il fut nommé évêque d’Angoulême ; mais son installation à ce siège ne se fit pas sans de grandes difficultés suscitées par la cour de Rome, qui exigeait des évêques constitutionnels une rétractation à laquelle ceux-ci ne consentirent qu’en apparence. Lacombe administra son diocèse avec autant de sagesse que de fermeté et d’indépendance vis-à-vis du saint-siége, et s’attira ainsi de nombreux ennemis, qui n’osèrent pas lever la tête tant que dura l’Empire, mais qui, à la Restauration, ne lui épargnèrent ni les attaques ni les calomnies. Il n’était pas, du reste, en odeur de sainteté auprès du gouvernement rétabli, et, à leur passage dans sa résidence, le duc et la duchesse d’Angoulême refusèrent de le voir, quoiqu’ils eussent reçu tous les autres membres du clergé. On lui demanda sa démission à plusieurs reprises, mais il refusa constamment de la donner, et ce fut pour affaiblir du moins son autorité, puisqu’on ne pouvait l’en déposséder, que l’on enleva à sa juridiction épiscopale le département de la Dordogne, par la création de l’évêché de Périgueux.


LACOMBE (Rose), héroïne de la Révolution, née vers 1770. Elle était comédienne lors des premiers événements de 1789, et quitta le théâtre pour se mêler à tous les mouvements populaires. Elle figurait, habillée en homme, le sabre à la main, dans le cortège qui ramena de Versailles, le 6 octobre 1789, la boulanger, la boulangère et le petit mitron. Au 10 août, elle était au premier rang des combattants et se montra si vaillante qu’une couronne civique lui fut décernée par les fédérés ; elle alla la déposer à l’Assemblée législative. Au 31 mai, membre de la réunion de l’évêché, où fut préparée cette journée si funeste à la République, elle se montra plus énergique que les hommes eux-mêmes, et quels hommes ! Elle fit également partie de la manifestation populaire qui défila, le 26 août 1793, devant la Convention, réclamant la mort des traîtres, l’expulsion des nobles et l’épuration de toutes les administrations. Jusque-là, elle n’avait éprouvé aucun déboire ; en octobre 1793, lors