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ses premières consultations. À l’en croire, elle prédit dès lors la Révolution de 1789, qui allait éclater, et en déroula d’avance toutes les phases. Or, on était à l’aube même de cette Révolution, et il n’y avait pas besoin d’être sorcière pour prédire la rénovation complète à laquelle préludait la France. *

Devenue une sorte d’oracle dan3 le quartier du faubourg Saint-Germain, elle quitta la lingerie et, s’associant k une femme Gilbert, diseuse de bonne aventure, elle s’installa dans un modeste appartement de la rue Honoré-Chevalier, près de Saint-Sulpice. La vogue lui fit acqnise en peu de temps, et il faut dire que l’amour da merveilleux, naturel chez 1 homme, était encore surexcité à cette ardente époque, où l’on vit tant de catastrophes, de ruines subites et de fortunes inouïes. La Sibylle, comme on l’appelait, put bientôt avoir rue de Tournon n» 5 le splendide appartement où vinrent la visiter tous les hauts personnages de la République, du Directoire et de l’Empire. Elle mettait un certain appareil k développer le grand jeu ou le petit jeu, suivant la somme, à consulter le marc de café dans les grandes occasions ; mais si on écarte, parmi les faits relatés dans ses Mémoires, ceux qui sont notoirement faux et les prédictions faites après coup, il est aisé de voir que, pour tout le reste, elle a montré en bien des cas une perspicacité remarquable, mais non tout à fait extraordinaire. À ce point de vue, ses soi-disant prophéties restent assez curieuses k étudier.

Prudhomme, dans son Répertoire des femmes célèbres, en a fait le compte avec la crédulité la plus naïve. Nous le suivrons dans cette amusante revue, mais avec beaucoup plus de scepticisme. En mai 1794, Robespierre, Marat et Saint-Just vinrent, dit-il, la consulter, et elle leur prédit qu’ils périraient sur l’échafaud ; c’est pour cela que Robespierre la lit arrêter. Elle fut, en effet, incarcérée k la Petite Force dans l’été de 1794. Mais si Robespierre et Saint-Just vinrent la voir à cette époque, ce qui est possible, ce ne pouvait être que l’ombre de Marat qui les accompagnait, car Charlotte Corday 1 avait tué l’année précédente. À la Petite Force se rencontrèrent avec elle beaucoup de femmes nobles et Mllo Montansier. L arrivée de la Sibylle fut Une sorte de consolation pour les prisonnières ; elle les rassura, leur donna des conseils qui sauvèrent la vie à plusieurs. Lorsqu’on vint chercher Mlle Montansier pour la conduire au tribunal révolutionnaire, M’ie Lenormand lui dit de faire la malade, de manière à ne pouvoir sortir de son lit. Ce moyen la sauva. Elle prédit ensuite que la liberté des prisonniers dépendait d’un événement Prochain. Le 9 thermidor parut ainsi avoir été prophétisé, mais « l’événement prochain • pouvait être également l’échafaud qui les aurait aussi délivrés de la prison.

La vicomtesse de Beauharnais, détenue au Luxembourg, fit passer k la Petite Force des notes k M"° Lenormand, en la priant de lui prédire son sort et celui<de son époux, général de la République et incarcéré aux Carmes comme suspect dans ses fonctions. Voici, d’après les Souvenirs de Mlle Lenormand, la prophétie de l’oracle : « Le général Beauharnais sera l’une des victimes de la Révolution ; sa veuve, deux ans après, épouserayen secondes noces un jeune officier que son étoile appelle k de hautes destinées. Elle jouira, les douze premières années, des faveurs de la plus haute fortune et d’un rang distingué dans l’État ; mats après, elle sera déchue de toute la pompe des grandeurs et conservera néanmoins la considération générale. >

Beauharnais fut décapité le 23 juillet 1794, cinq jours avant Robespierre. Mme de Beauharnais épousa Bonaparte le 8 mars 1796, et Son divorce fut prononcé en avril 1810. Ainsi, la prophétie s’étant réalisée d’abord par le mariage, la célébrité de Mllo’Lenormand fut consolidée. Nobles, prêtres, magistrats, militaires, femmes d émigrés lu consultèrent. Elle prédit k Mme Bonaparte que son fils Eugène deviendrait prince, que sa fille Hortenso épouserait un militaire qui deviendrait roi, etc., etc. Toutes prophéties faites après coup.

Il en est autrement de ce qu’elle put prédire aux gens de l’entourage ou mémo aux ennemis du premier consul ou de l’empereur. Son intimité avec Joséphine, que sa crédulité de créole ignorante et sa crainte d’être délaissée conduisaient souvent chez la Sibylle, permettait k celle-ci d’être parfaitement informée et de prédire k coup sûr. Ainsi, la femme du général Moreau étant venue la consulter en 1803, elle lui dit que son mari portait ombragea Bonaparte et qu’il n’était que temps pour iui de quitter la France, ce que le général s’empressa de faire. Une indiscrétion de Joséphine avait sans doute livré k Mlle Lenormand le secret de l’arrestation résolue par Bonaparte, qui, furieux, fit mettre la Sibylle en prison. C’est le récit do M"Ç Lenormand ; mais quelles inadvertances il révèle I Moreau fut précisément arrêté en 1803, jugé en 1804, condamné à deux ans de prison, et il quitta la France en 1805 pour un exil indélini. Voilà comment la prétendue Sibylle, qui savait l’avenir, ne connaissait même pas le passé. Un certain général Dubuc, condamné k mort pour tait d’espionnage, dit tout haut, en marchant vers le peloton d’exécution, qu’il regrettait bien do

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n’avoir pas écouté Mlle Lenormand qui l’avait engagé à s’enfuir. Si le fait est vrai, il prouve seulement que la prophètesso était bien informée. Ses prédictions à Joséphine sur l’imminence d’un divorce qui se réalisa ne furent que la conséquence des confidences journalières de l’impératrice et ne peuvent guère émerveiller. On se rend pourtant compte de la puissance occulte que devaient lui supposer même des gens d’esprit, car il y en eut beaucoup qui allèrent la voir, et, k plus forte raison, la foule ignorante et crédule. Elle étonnait les gens les plus prévenus contre elle et ceux mômes qui ne se présentaient qu’avec méfiance ; un regard inquisiteur lui révélait la pensée secrète qui lui amenait le client ; quelques questions posées comme au hasard lui faisaient toucher du doigt l’espérance ou la crainte qui l’agitait : les tarots ou le marc de café n étaient que les accessoires obligés de la réponse qu’elle tenait toute prête. Mais comme tous les sorciers, elle était impuissante k connaître, par son art. sa propre destinée ; elle ne put prévoir ni son arrestation en 1794, ni son incarcération en 1803 et en 1809, ni le procès suivi d’une condamnation k la prison qui lui fut intenté k Bruxelles en 1821. Elle avait prédit qu’elle atteindrait cent vingt-quatre ans et elle mourut dans sa soixante-quinzième année.

Mlle Lenormand a beaucoup écrit, beaucoup trop même, car ses souvenirs étaient si confus que, prétendant relater des faits réels, des entrevues qu’elle aurait eues avec tels ou tels personnages, elle commet les plus lourdes méprises. Nous citerons ; les Souvenirs prophétiques d’une sibylle sur les causes de son arrestation en 1809 (Paris, 1815, in-8<>) ; Anniversaire de la mort de Joséphine (1815) ; la Sibylle au tombeau de Louis XVJ (1816) ; l’Oracle sibyllin ou Suùe des souvenirs -prophétiques (1817) ; la Sibylle au congrès d’Aixla-Chapelle (1819) ; Mémoires historiques et secrets de l’impératrice Joséphine (1820, 2 vol. in-go) ; Y Ange protecteur de la France au tombeau de Louis XVIII (1824) ; Ombre de Catherine II (1826). Bile devait publier, sous le titre à’Album de Mlle Lenormand,

grand

ouvrage, composé surtout d’autographes de ses principaux clients, et qui aurait été bien curieux. Comme le prix de la souscription était de 925 fr. par exemplaire, elle rencontra si peu d’adhérents qu’elle renonça à cette publication.

LENORMANT (Charles), archéologue et historien français, né à Paris en 1802, mort à Athènes en 1859. Il se préparait k renseignement du droit lorsqu’il se prit de passion pour l’archéologie pendant un voyage en Italie. Peu après son retour en France, Lenormant obtint une place d’inspecteur des beaux-arts (1825), et il suivit, trois ans plus tard, son ami ChampoIIion en Égypte, qu’il explora avec le plus grand soin, se rendit ensuite en Grèce, où il lit partie de la commission de Morée, et fut successivement

nommé, après la chute de Charles X, chef de section des beaux-arts, conservateur k la bibliothèque de l’Arsenal (1830), conservateur adjoint à la bibliothèque royale, suppléant de M. Guizot à la chaire d’histoire de la Sorbonne (1835), conservateur des imprimés (1837), et enfin conservateur du musée des antiques à la bibliothèque royale (1841). Pendant que MM. Michelet et Quinet faisaient au Collège de France de brillantes leçons en faveur de l’idée démocratique, contre les jésuites et l’esprit clérical, M. Lenormant se constitua k la Sorbonne le champion des idées contraires, et se rendit bientôt extrêmement impopulaire dans la jeunesse des écoles, À la suite de la suspension du cours de M. Quinet (1846), les étudiants, après avoir énergiquement protesté contre cette mesure gouvernementale, allèrent continuer leurs protestations au cours de M. Lenormant, qui devint l’objet des manifestations les plus hostiles, et se décida, pour y échapper, à donner sa démission. Deux ans plus tard, il alla occuper au Collège de France la chaire d’archéologie égyptienne, où il fit, devant do rares auditeurs, des leçons peu propres k déchaîner les tempêtes. M. Lenormant avait été nommé en 1839 membre de l’Académie des inscriptions. C’était un homme instruit, doué d’un goût très-vif pour les arts. Indépendamment d’un grand nombre de mémoires

ut d’articles sur les arts, l’histoire, la religion, insérés dans les Annales de l’Institut archéologique de Home, le Recueil de l’Académie des inscriptions, la Revue de numismatique, le Correspondant, qu’il a dirigé de 1843 k 1855, on lui doit : Des artistes contemporains (Paris, 1833, 2 vol. in-8°) ; 2Vésor de numismatique et de glyptique (Paris, 1836-1850, 5 vol. in-fol.) ; Introduction à l’histoire orientale (Paris, 1838) ; Musée des antiquités égyptiennes {Paris, 1842, in-fol.), avec Lhôte ; Elite des monuments céramo-graphiques (Paris, 1844-1857, 3 vol. in-4»), avec M. de Witte ; Questions historiques (Paris, 1845, 2 volumes in-8»), etc.

LENORMANT (François), archéologue et historien, fils du précédent, né à Paris en 1835. De très-bonne heure il s’est adonné, sous la direction de son père, k des études archéologiques. Il a voyagé en Grèce, en Syrie et autres contrées de l’Orient, et a été nommé sous-bibliothécaire de l’Institut. Catholique convaincu comme son père, M. Frau LENO

çois Lenormant a collaboré k l’Ami de la religion, ad Correspondant, k la Gazette de France. C’est un érudit distingué qui s’est fait avantageusement connaître par un assez grand nombre de publications ; par malheur, il a aussi commis les plus lourdes bévues. Nous citerons de lui : Essai sur la classification des monnaies des Lagides (1856) ; Sur l’origine chrétienne des inscriptions sinaîtiques (1859, in-8°) ; une Persécution du christianisme en 1860 ; les Derniers événements de Syrie (1860, in-8°), recueil de lettres publiées d’abord dans les journaux ; Deux dynasties françaises chez les Slaves méridionaux au xivc et au xv« siècle (1861, in-8°) ; le Gouvernement des îles Ioniennes (1861, in-8°) ; Histoire des massacres de Syrie (l8Gl, in-8°) ; Recherches archéologiques à Eleusis (1862, in-8°) ; la Révolution en Grèce (1862, in-8°) ; Essai sur l’organisation politique et économique de la monnaie dans l’antiquité (1863, in-8«) ; la Grèce et les îles Ioniennes (1865, in-is) ; Manuel d’histoire ancienne de l’Orient fises, 2 vol. in-8°), ouvrage couronné par 1 Académie française ; Lettres assyriologiques sur l’histoire et les antiquités de lAsie (1871, in-4»), etc.

LE NÔTRE (André), célèbre architecte et dessinateur de jardins, né à Paris en 1613, mort en 1700. Son père était surintendant des Tuileries et le fit entrer dans l’atelier de Simon Vouet pour y étudier la peinture ; mais André Le Nôtre avait plus de goût pour l’art décoratif des jardins, et, ayant succédé à son père, il fit planter la grande allée qui porta le nom d’avenue des Tuileries. Il possédait le goût, on pourrait dire le génie de la perspective, et tous ses travaux furent on ne peut plus remarquables k ce point de vue. Une circonstance favorable le mit en évidence ; Fouquet l’ayant choisi pour dessiner le pare de Vaux, Le Nôtre en fit un séjour magnifique. Pour la première fois les portiques, les grottes, les rochers, les rocailles, les statues, les labyrinthes, les berceaux et les treillages embellirent les jardins. Pour la première foi3 aussi le ciseau du jardinier tailla les arbres, aligna les charmilles et força le buis et les ifs k se prêter k ses caprices. Un terrain nu, sablonneux, improductif, se couvrit de plantations, de quinconces, de charmilles, de parterres, et fut 1 objet d’une admiration universelle. Le marbre et le bronze, sous la figure des dieux et des déesses, décorèrent les bassins et les bosquets d’un désert transformé en oasis. Louis XIV, lors de ta fête de Vaux, fut tellement émerveillé de ce coup d’œil féerique qu’immédiatement il nomma Le Nôtre directeur des jardins royaux. Le Nôtre se surpassa dans la création de l’immense parc de Versailles, où tout était k faire, au milieu d’obstacles qui paraissaient invincibles. On raconte que lorsqu’il en proposa au roi les diverses distributions, à chaque grande pièce dont Le Nôtre lui indiquait le projet, Louis XIV émerveillé s’écriait : « La Nôtre, je vous donne 20,000 francs. • Le jardinier l’arrêta à la quatrième interruption en lui disant’ : ■ Sire, je yous ruinerais ; vous n’en saurez pas davantage. > Il montra surtout sa puissance et son esprit de ressources dans le parti qu’il tira de ce fangeux marais de Versailles qu’on voulait, mais qu’on ne pouvait dessécher. Quand Louis XIV, après des études infructueuses, eut dit que ce dessèchement lui semblait d’une difficulté inouïe, Le Nôtre lui répondit : « Moi je le crois impossible ; mais au lieu de m’obstiner k vouloir détourner toutes les eaux, je ferai le contraire j je les réunirai pour former un canal. • Et il ht ce qu’il avait dit. Telle fut l’origine du beau canal qui, du côté de l’ouest, termine si heureusement le parc de Versailles et semble en prolonger l’étendue jusqu’à l’horizon. Vaux, Versailles et Trianon ne furent pas les seuls titres de Le Nôtre k la gloire. On lui dut les jardins de Cluguy, de Chantilly, de Saint-Cloud, de Meudun et de Sceaux. Le parterxe du Tibre et les canaux du parc de Fontainebleau sont encore do lui, ainsi que la célèbre terrasse de Saint-Germain et la belle promenade d’Amiens, chantée par Gresset.

En 1778, Le Nôtre obtint du roi d’aller en Italie étudier de nouvelles parties de son art. Il obtint une audience du pape Innocent XI, auquel il montra le plan du parc de Versailles. Comme le pape se plaignait de son grand âge et de ses infirmités. Le Notre, avec son sans-gêne habituel, lui répondit : < Allons donc, mon révérend père, vous enterrerez tout le sacré collège ! » Ce qui lit rire le pontife. Alors Le Notre, plein d’effusion, lui sauta au cou, comme il avait coutume de le faire avec Louis XIV lorsqu’il le revoyait après une ubsence. Le Nôtre a raconté cetta entrevue dans une lettre k Bontemps, le valet de chambre du roi.

Agé de près de quatre-vingts ans, il demanda k Louis XIV la permission de quitter son service. Le roi acquiesça k sa demande, k la.condition que son jardinier viendrait de temps k autre le voir, et il voulut, comme dernier témoignage de sympathie, lui donner des armoiries, en sus des lettres de noblesse et du cordon de Saint-Michel qu’il lui avait déjà octroyés. « Les armoiries 1 répondit Le Nôtre, j’ai déjà les miennes : trois limaçons couronnés d’une feuille de choux ! » D’une intelligence hors ligne, d’un goût artistique exquis, bonhomme, sans souci, mais ferme, et tenant même tète au roi sans s’effrayer

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des rayons du grand Nec pluribus impar, Le Nôtre est pour nous une des figures les plus originales do la cour de Louis XIV. L’élôvntion de ce paysan, promenant ses larges épaules, son habit terreux et sa carrure à peine dégrossie au milieu dos courtisans qu’il coudoie et raille, nous semble plus prouver en faveur de l’esprit de Sa Majesté le grand roi que ses plus belles conquêtes et ses monuments les plus majestueux.

« Un seul homme en Europe, dit Victor Cousin, a laissé un nom dans le bel art qui ’ entoure un château ou un palais de jardins gracieux ou de parcs magnifiques : cet homme est un Français du xvn« siècle, c’est Le Nô-. tre. On peut reprocher à Le Nôtre une régularité peut-être excessive et un peu de manière dans les détails ; mais il a deux qualités qui rachètent bien des défauts : la grandeur et le sentiment. Celui qui a dessiné le parc de Versailles, celui qui, a l’agrément des parterres, au mouvement des fontaines, au bruit harmonieux des cascades, aux ombres mystérieuses des bosquets, a su ajouter la magie d’une perspective infinie au moyen de cette large allée où la vue se prolonge sur une nappe d’eau immense pour aller se perdre en des lointains sans bornes, celui-lk est un paysagiste digne d’avoir une place k côté de Poussin et du Lorrain. »

LE NOURRY (Denis-Nicolas), latiniste et bénédictin français, né k Dieppe en 1647, mort k Paris en 1724.11 consacra toute sa vie k l’étude, travailla aux éditions des œuvres de Cassiotiore(lG79), deSaint Ambraise(1086-1690, 2 vol. in-fol.), et publia un grand ouvrage : Apparalus ad bibliothecam maximum Putrum veterum et scriptorum ecclesiasticorum (Paris, 1694-1097, 2 vol. in-8<> ; 1707-1715, 2 vol. in-fol.), recueil de dissertations dans lesquelles il discute avec une rare érudition l’authenticité des ouvrages des Pères de l’Eglise.

LENOX, ville des États-Unis d’Amérique, dans l’État de New-York, à 290 kilora. N.-O. de New-"ïork, sur le canal Erié : 7,500 hab. Commerce de bois, céréales, bestiaux.

LENOX. V. Lennox.

LENS, en latin Lentium, Lendum, ville de France (Pas-de-Calais), chef-lieu de canton, arrond. et k 19 kilom. S.-E. de Béthune, sur le chemin de fer do Fampoux k Hazebrouck ; 7,290 hab. Fabrication et raffineries de sucre, distilleries, brasseries, tanneries ; exploitation de trois mines de houille. Commerce de grains, lin, chanvre. Suivant quelques historiens, Lens aurait été fondée par le proconsul romain Publius Lentulus, et les Francs y auraient été surpris et défaits par Aôtius pendant qu’ils célébraient les nooes de Clodion. Au txo siècle, c’était un rendez-vous de chasse pour les fils de Charles -le Chauve. Chef-lieu d’un comté, cette ville était déjà entourée de fortifications au xie siècle et appartenait alors k Eustache II de Boulogne, père de Godefroi de Bouillon. Isabelle de Hainaut l’apporta en dot k Philippe-Auguste. Réunie à la France par le traité de Pèronne en 1192, elle reçut en 1209 une charte de commune de Louis VIII, Vers 1220, saint Pacifique y fonda le premier monastère de franciscains qui ait existé dans les Flandres. Pendant les guerres du xvo, du xvio et du xvne siècle, Lens fut souvent prise et reprise par les Flamands, les Bourguignons, les Français et les Espagnols. Elle venait de retomber au pouvoir de l’archiduc Léopold d’Autriche, gouverneur des Pays-Bas, lorsque Coudé remporta sur ce prince, dans la plaine voisine, la célèbre bataille de Lens, qui lui ouvrit les portes de cette ville.

L’église de Lens, flanquée d’une grosse tour carrée et reconstruite de 1775 k 1780, possède le chef et le corps de suint Vulgan, moine anglais qui évangélisa la contrée au vie siècle et qu un grand nombre de pèlerins viennent invoquer. Il ne reste que des vestiges insignifiants de l’ancien château de Lens, reconstruit au xmo siècle. Les houillères de Lias, exploitées par trois puits d’extraction, produisent annuellement plus de

2 millions et demi d’hectolitres de houille. À un kilomètre de la ville s’élève l’arbre de Coridé, tilleul vénérable sous lequel reposa l’illustre capitaine après la victoire de Lens. À côté se voit un monument en marbre érigé sous la Restauration, et portant ces vers extraits du Lutrin de Boileau :

— C’est ici, grand Condé, qu’eu ce combat celôbre. Où ton bras fit trembler le Rhin, l’Escaut et l’Ebre, Lorsqu’aux plaines de Lens nos bataillons poussés Furent presque a tes yeux ouverts et renversés. Ta valeur, arrêtant les troupes fugitives, Rallia d’un regard leurs culiortes craintives, Répandit dans leurs rangs ton esprit belliqueux, Et força la victoire à te suivre avec eui.

■ La plus complète victoire récompensa les efforts des Français, disent k propos de la bataille de Lens les auteurs de 1 Histoire des villes de France ; 4,000 morts, 5,000 prisonniers, la prise des canons, de plusieurs étendards et de tous les bagages de l’armée ennemie, tel fut le résultat de cette glorieuse journée. »

Lcn« (bataille de). La guerre de Trente ans, qu’allait clore la paix do Westphalie, n’avait été qu’une écrasante succession de revers pour la maison d’Autriche. Cependant les troubles naissants de la Fronce lui rondi-