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ferme un grand nombre de petites graines. Cette plante habite le nord de l’Europe, où elle croît dans les régions marécageuses. On la cultive quelquefois dans les jardins, à une exposition ombragée ; elle est de la catégorie des plantes dites de terre de bruyère ; on la multiplie de graines semées en terrine, de rejetons transplantés ou de marcottes laites au printemps. Toutes ses parties ont une saveur chaude, piguante, amère, astringente ; elles exhalent une odeur forte, pénétrante, un peu résineuse ; néanmoins celle des feuilles est assez agréable. L’analyse chimique y a constaté une huile volatile plus légère que l’eau, de là chlorophylle, de la résine, du tannin, du sucre incristâllisable et une matière colaraate brune.

Le lédon a des usages assez multiples dans les pays où il croit spontanément. Il a des propriétés narcotiques un peu vomitives ; on emploie ses feuilles, en Suède, contre la coqueluche ; on les iv regardées comme propres à calmer et à guérir les lièvres émotives. I.a décoction a été employée contre les maladies cutanées, la lèpre, la gale, la teigne, etc. On a prescrit l’eau distillée contre la céphalalgie et l’infusion contre les toux nerveuses. Dans les contrées du Nord, ou mêle les feuilles du lédon à la bière en fermentation pour la parfumer ; on les substitue même quelquefois uu houblon, et elles rendent la bière plus enivrante et même narcotique. On se sert aussi de ces feuilles pour éloigner les insectes, pour préserver les garde-robes des atteintes des teignes ; on en frotte les troupeaux pour faire périr la vermine qui les attaque. Enfin cette plante concourt, avec le bouleau, à donner au cuir de Russie son odeur caractéristique.

Le lédon a larges feuilles, vulgairement nommé l/ié du Labrador, se distinguo du précédent par sa taille plus élevée, sa forme arrondie et plus régulière, son écorce brunâtre, ses feuilles plus larges, ovales, oblongues, vert noirâtre en dessus, jaunâtres en dessous, enfin par des étamiues plus courtes. Il croit dans les régions septentrionales de l’Amérique. On le cultive aussi dans les jardins ; on le multiplie de rejetons et de marcottes faites au printemps, et qui peuvent être semées il la même époque l’année suivante ; comme il craint le soleil et les sécheresses trop prolongées, il laut le placer à l’exposition un nord et. dans les intervalles d’arbrisseaux plus élevés. Par l’analyse, on a trouvé dans cette plante de l’acide gallique, du tannin, une matière amère, de la cire, do la résine et des sels. On emploie ses feuilles, dans l’Amérique du Nord, en guise do thé ; l’infusion a une odeur aromatique fort agréable et une saveur astringente. On lui attribue la propriété d’exciter une faim dévorante. On l’a préconisée aussi contre la toux, convulsive, les maladies cutanées, les rhumatismes chroniques.

Le lédon à feuilles de thym se distingue facilement par ses feuilles lisses et sa capsule s’ouvraut par le haut ; on en a fait un genre sous Le nom de leiophy Uwn ; il croît dans la Caroline. V. lédUm.

Ï.BDOUX (Claude-Nicolas), architecte français, né à Donuans, en Champagne, en 1756, mort ù Paris en 1806. La construction du quelques hôtels le mit en relief, et quand il fut question d’entourer de murs la capitale, on songea à lui pour construire les portes des barrières de Paris. Imitateur des. anciens, Ledoux éleva ces massives constructions qu’on voit encore aujourd’hui, parmi lesquolleSi cependant, quelques-unes, entre autres les barrières du Trône, de Charonne, d’Italie, de La Villetto et des Champs-Élysées, sout justement estimées. On lui doit aussi la construction et la décoration du château do Luciemies. Il employa une partie de sa fortune à faire graver ses œuvres et ses projets. Cet ouvrage, qui devait former cinq volumes dont un seul a paru, avait pour titre : l’Architecture considérée sous te rapport de l’art, des mœurs et de ta législation. Dolilla lui a consacré une tirade dans son potima de l’Imagination. l’artisan zélé de la monarchie, il fut emprisonné en 1793, puis remis en iiberlé, et il succomba à une attaque de paralysie.

LEDRAN (Henri-François), remarquable chirurgien et écrivain médical, né à Paris en 1085, mort dans cette ville en 1770. Fils d’un habile chirurgien militaire, il fut chirurgieujiiajor de la Charité, démonstrateur d’anatomie dans le même hôpital, et membre de l’Académie royale de chirurgie. Il était renommé surtout pour la iithoiomie. Il a écrit plusieurs ouvrages de chirurgie remarquables, dans lesquels on remarque une expérience éclairée et beaucoup d’observations ingénieuses. Voici les litres de ces œuvres : Parallèle des différentes manières de tirer la ■pierre hors de la vesiie (Paris, 1730) ; Observations de chirurgie auxquelles on a joint plurieurs réflexions en faneur des étudiants (Paris, 1731, 2 vol. in-12), dont la Faculté do médecine de Paris possède un exemplaire très-rare, enrichi d’un grand nombre de corrections manuscrites laites par l’auteur ; Traité ou liéjlexions tirées de la pratique sur les plaies d’armes à feu (Paris, 1737J ; Traité des opérations de chirurgie (Paris, 1742) ; Abréijé économique de i’anutomie du corps humain (Paris, 17US) ; Consultations sur ta plupart des maladies qui sont du ressort de la chirurgie (Paris, 1763) ; liécit d’une guérison

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singulière de plomb fondu dans la vessie, et Lettre sur la dissolution du plomb dans cet organe (Paris, 17G9).

LEDRAN (Nicolas-Louis), archiviste français, né àSaint-Cloud en 1687, mort en 1774. Entré en qualité de traducteur dans les bureaux du ministère des affaires étrangères, il fut chargé par le marquis de Torcy de la garde des dépôts^ traités, négociations et correspondances politiques. Transféré dans d’autres bureaux, il fut fréquemment replacé à son poste d’archiviste, qu’il conserva jusqu’en 17G2, époque à laquelle il se retira avec une pension de 9,000 francs sur les fonds des affaires étrangères. Ledran fut’, dit-on, le modèle des archivistes. On conserve, sous le nom de Papiers Ledran, plus de tient volumes manuscrits, et une volumineuse collection de Mémoires particuliers, qu’il rédigeait en réponse aux demandes des divers ministres sous lesquels il servait. Il a également laissé une grande quantité de Précis très-importants sur les affaires d’État.

LÈDRE s. f. (lè-dre — du gr, laidros, effronté), lîntom. Genre d’insectes hémiptères homo[jtères de la famille des cercopides, comprenant un petit nombre d’espèces, répandues dans les diverses régions’du g|obc : Les lèdrîjs se font remarquer par leur lèle extrêmement large, (blanehard.)

— Encycl. Ce genre a été établi par Fabricius et adopté par Latreille, qui lui donne pour caractères : les deux premiers articles des antennes presque de longueur égale ; le corselet dilaté uniquement sur les côtés. L’espèce qui sert de type à ce genre est la lèdre à oreilles, insecte d’un vert grisâtre, marbré de jaune, avec quelques nervuresplus brunes. Cet insecte singulier a le corselet élevé, retombant sur le devant ; des deux côtés de son élévation se dressent deux appendices foliacés, posés dans le sens de la longueur de l’insecte, plus que demi-circulaires, avançant un peu du côté de la tête, légèrement dentelés sur les bords. Son écusson est grand et comme formé de deux lobes ; les élytres sont disposés en toit, arrondis à leur extrémité. La tête, très-déprimée, est aussi large que le corselet et s’avance horizontalement de sa partie la plus basse. Les

yeux sont situés sur les cotés et le chaperon s’avance au-devant d’eux, d’abord en ligne droite, pour s’arrondir ensuite ; les tibias postérieurs, beaucoup plus longs que les précédents, sont bordés d’une membrane dentelée au côté externe ; le tarse est court, et le premier article est plus long que les autres. L’abdomen paraît concave en dessous, à Cause de ses lianes qui retombent à droite- et à gauche. On trouve cet insecte sur le chêne, aux environs de Paris. C’est la cigale granddiable de Linné. On en connaît deux autres espèces : la lèdre marbrée, qui habile Madagascar ; la lèdre à épée, qui est propre k la Tasmanie, et la lèdre perdue, qui appartient à l’Amérique septentrionale.

LEDHOU (Pierre-Laurent), prélat belge, né à Huyé en 1G40, mort à Liège en 1721. Membre ûe l’ordre des augustins, il professait la théologie à Liège, quand le pape Innocent XI le manda à Rome et le nomma préfet de la Propagande. Innocent XII l’honora aussi de sa faveur ; mais Ledrou, choisi pour consulteur dans l’affaire des jansénistes, et s’étaiit prononcé pour ie Père Quesnel, tomba en disgrâce, reprit la chemin de la Belgique, et se retira à Liège avec le titre de vicaire général du diocèse. Il a laissé quatre Dissertations sur la contrition et l’attrition (Kome, 1707),

LEDItt (Nicolas-Philippe), physicien, né à Paris en 1731, mort dans la même ville en 1807. Il se fit, dans toute l’Europe, une réputation immense par ses expériences de physique amusante, qui lui valurent le surnom do Cornus. Il imagina un nouveau système de caries nautiques, dont des exemplaires furent remis à La Pérouse en présence de Louis XVI (1785). On lui doit encore un procédé pour convertir le fer en acier, l’introduction en France de la catoptrique ou fantasmagorie, l’application de 1 électricité à la thérapeutique pour les maladies nerveuses, notamment l’épilepsie et la catalepsie. Une commission de médecins ayant constaté dans un rapport l’efticacité de ce mode de traitement (1783), Ledru l’appliqua dans un établissement considérable qu’il forma dans l’ancien couvent des Cèlestins à Paris. À cette époquej il fut nommé physicien du roi et de la Faculté de médecine. Louis XV, qui jusqu’à sa mort s’amusa des expériences de physique de Ledru, lui avait précédemment donné ie titre de professeur de physique des Enfants de France. Pendant un assez long séjour eu Angleterre, il avait perfectionné et fait construire divers instruments, notamment des boussoles horizontales et verticales, et avait obtenu, a son retour, un brevet pour établir une fabrique d’instruments de physique de tous genres. Ce savant passait pour avoir trouvé le moyen d’obtenir à toute heure, par un procédé simple et peu coûteux, sans boussole et sans aimant, la direction magnétique et son inclinaison avec autant de justesse et de certitude que si l’on employait les meilleurs instruments. Pendant la Révolution, il fut arrête, puis relâché, et à alla habiter alors Fonteuay-aux-Roses. Ledru était excessivement laborieux, sobre, sans

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ambition, généreux avec les pauvres ; il parlait avec une extrême facilité, et il faisait avec une grande adresse des tours do prestidigitation merveilleux. On a parfois confondu avec lui un autre prestidigitateur de la même époque, dont nous avons parié au mot Coiius.

LEDUU (André-Pierre), naturaliste français, né à Chantenay (Maine) en 17G1, mort au Mans en 1825. Il était curé de la paroisse du Pré, au Mans, quand en 1793 il se retira dans sa famille et se réfugia ensuite à Paris. Il demanda et obtint du Directoire l’autorisation d’accompagner, comme botaniste, le capitaine Baudin dans son expédition aux Canaries et aux Antilles ; puis, à son retour en France, en 1798, il fut nommé professeur de législation à l’École centrale de la Sarthe. Quand l’établissement de l’Université vint l’éloigner de l’enseignement public, il ouvrit dans sa maison, au Mans, un cours gratuit de physique et d’histoire naturelle. Venu 3 Paris en 1816, et n’ayant pas trouvé d’emploi, il retourna définitivement au Mans. U a laissé un Discours contre le célibat ecclésiastique (Le Mans, 1793, in-8°) ; plusieurs Histoires du Maine, des recherches et des notices sur le chef-lieu et le département ; des Mémoires sur tes Cuanches, premiers habitants des îles Canaries ; enfin un récit du Voyai/e aux îles de Ténériffe, la Trinité, Saint-Thomas, Sainte-Croix et Porto-liico, exécuté par ordre du gouvernement français, de septembre 1796 à juin 1798 (Paris, 1810, 2 vol. in-S°).

LEDKU (Hilaire), peintre français, né à Hoppy (Pas-de-Calais) en 1769, mort à Paris en 1840. Il était fils d’un charpentier et, grâce à la générosité du seigneur de son petit pays, il alla étudier le dessin à l’école de Douai. À son arrivée à Paris, ses débuts dans la peinture (17G3) furent remarqués ; il avait du reste choisi un sujet essentiellement sympathique : les Adieux de Lesurques à sa famille. Aux expositions suivantes, il produisit : Querculane (1S02) ; Indigence et honneur (180-i) ; la Jeune mère (1800) ; l’Artisan aveugle (1S24) ; Y Accordée de village (1825) ; le Vieux porteur d’eau. Bien que toutes ces compositions eussent été dans leur temps très-goùtécs et même récompensées d’une médaille d’or, Ledru mourut pauvre et oublié.

LEDRU DES ESSAHTS (François-Roch, comte), général français, frère d’Antlré-Pierie Ledru le naturaliste, né à Chantenay (Maine) en 1765, mort à Champrosay en 1S44. Élève des oratoriens du Mans, il s’engagea en 1702, comme volontaire, dans le 2e bataillon de la Sarthe. Nommé général de division en 1811, après avoir conquis tous ses grades un à un à la pointe du sabre, car il avait fait toutes les campagnes de la Révolution et de l’Empire, et s’était distingué à Austerlitz, à Iéna, à Eylau, à Wagram, etc., il se lit encore remarquer à la Moskova ; c’est lui qui passa la Bérézina le dernier, et il ne ces^a de combattre que sous les murs de Paris. La Restauration l’accueillit avec faveur. En 1818, il fut chargé du commandement de la 71-’ division militaire, et sut pacifier Grenoble encore en ébullition. En 1830, il licenciait les régiments dits de la charte, formait, avec les soldats licenciés de la garde royale, les Ose et 66e régiments de ligne, et organisait le 4<= bataillon dans les régiments qui vinrent successivement tenir garnison à Paris et dans la iro division militaire. En 1836, Louis-Philippe le nomma pair de France.

LEDRU - ROLIIN (Alexandre - Auguste), homme politique, membre dû-gouvernement provisoire de 1848, né au Mans eti 1S08. Il est le fils du médecin Ledru, membre de l’Académie de médecine, et le petit-fils du célèbre prestidigitateur surnommé Cornus, qui fut professeur de physique des Enfants de France sous Louis XV, et qui laissa à sa famille une fortune assez considérable. Le jeune Ledru fut un des élèves les plus distingués de la Faculté de droit do Paris. A vingt-deux ans il fut reçu avocat. Ce fut à cette époque qu’il ajouta à son nom celui de Koilin, qui appartenait à sa bisaïeule maternelle, pour éviter la confusion probable entre lui et un autre avocat distingué, M. Charles Ledru. Deux ans après son entrée au barreau, à donnait son premier gage au parti démocratique en protestant contre l’état de siège. En 1834, quand les massacres de la rue Transuonain eurent jeté le deuil dans la capitale, il fut un des premiers à demander compte du sang versé, dans un mémoire qui fit une profonde sensation (1834, deux éditions). Il plaida successivement pour Caussidière dans le procès

d’avril, pour la Nouvelle Minerve en 1837, pour Laveaux, à la Chambre des pairs (affaire Meunier), pour le Journal du peuple, le Charivari, etc. Il s’occupa ensuite de la fondation ou de la direction de journaux judiciaires, tels que : le Journal du palais, le Droit, et enfin acheta une charge d’avocat à la cour de cassation (1833). Les devoirs de sa profession, ses travaux de jurisconsulte ne l’absorbaient pas tout entier, et il.réservait comme une part de lui-même pour l’étude des idées démocratiques et des moyens de les appliquer. En 1841, la mort de Garnier - Pages l’aine ayant laissé un siège vacant à la Chambre, les électeurs du Mans, il la presque unanimité, choisirent Ledru-Rolli" pour remplacer l’illustre représentant qu’ils avaient perdu. Dans sa profession de foi, le nouveau

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député avait manifesté des opinions ultraradicales qui firent sensation : « Aujourd’hui, disait-il à ses électeurs, le peuple, c’est un troupeau conduit par quelques privilégiés comme vous, comme moi, messieurs, qu’on nomme électeurs ; puis par quelques autres privilégiés encore, qu’on salue du titre do députés. > En outre, il parlait d’améliorations sociales, de 1» question des salaires, de la révision de l’impôt, etc. Il fut poursuivi à propos de ce programme, condamné, par la cour d’Angers, mais définitivement mis hors de cause par la cour de cassation.

À la Chambre des députés, il siégea naturellement à l’extrême gaucho et fit ses débuts oratoires dans une question de fonds secrets. On put conclure dès lors qu’il occuperait un rang honorable parmi les orateurs parlementaires, mais sans prévoir encore le développement qu’obtiendrait son talent. La réforme de la législation criminelle, l’agiotage sur les chemins de for, la loi sur les annonces judiciaires et diverses autres questions importantes lui donnèrent de nouvelles occasions de se faire remarquer, et bientôt il devint un des hommes considérables du parti républicain, dont il était d’ailleurs, à la Chambre, le seul représentant avoué.

La discussion du paragraphe de l’adresse relatif au fameux voyage de Belgrnve-Squure en 1S44 fut pour lui l’occasion d’un magnifique triomphe. Dans la même session, il combattit le projet de loi sur les fonds secrets, parla sur les brevets d’invention, l’abolition de l’esclavage, les affaires de Taïti, les troubles de liivo-de-Giers, puis sur des pétitions intéressant les classes ouvrières, contre le projet d’armement des fortifications de Paris, contre l’impôt du timbre des journaux, etc. Dans la session de 1S46, il attaqua la fusion dynastique, et combattit avec uno mâle amertume les hideux trafics de la corruption électorale. L’année suivante, il joua un rôle tout à fait prépondérant dans la grande campagne des banquets réformistes et arbora hardiment le drapeau du radicalisme pur U Lille, à Chalon-sur-Saône, à Dijon et ailleurs. Ce mouvement des banquets, dont les opposants de la gauche dynastique avaient donné le signal, prenait irrévocablement sa direction dans le sens Je la démocratie républicaine, qui avait ses organes de publicité dans le National et surtout dans la UéfQrme, journal d’une nuance plus tranchée, que Ledru avait fondé et qu’il soutenait do su fortune personnelle.

Le 24 février 184S, à lu. tribune de la Chambre, l’orateur républicain se saisit de l’initiative et, au nom du peuple eu armes, protesta contre la régence de la duchesse d’Orléans et demanda la nomination d’un gouvernement provisoire. Acclamé comme l’un des membres de ce gouvernement, il alla siéger à l’Hôtel de ville, et fut en outre chargé du ministère de l’intérieur. Dans le gouvernement, il re-préseraa, avec Flocon, l’élément jacobin, si l’on peut employer ces comparaisons, comme Louis Blanc et Albert formaient 1 élément socialiste, et les autres membres le parti républicain modéré. L’un de ses premiers actes comme ministre fut l’envoi de commissaires dans les départements, pour remplacer les préfets de Louis-Philippe. La mesure en elle-même était urgente ; mais quelques choix furent malheureux, chose bien concevable en un tel moment, quand les circonstances obligeaient à tout improviser. La réaction abusa cruellement de ces quelques nominations fâcheuses, dont elle exagéra, avec une mauvaise foi insigne, l’importance et le nombre. Parmi les commissaires, un certain nombre pestèrent incontestablement au-dessous de leur tâche, mais’ la presque totalité se composait d’hommes honorables ; voyez, d’ailleurs, la notice que nous avons Consacrée U ces fonctionnaires de la seconde République (commissaires nu la UÉPUBuyuK). C’est à ces commissaires que Ledru-Rollm adressa ces fameuses circuiaires et ces bulletins qui provoquèrent un si grand déchaînement des partis hostiles à la révolution, et qui en réalité, sauf quelques passages regrettables et qui, d’ailleurs, ont été desavoues, sont aussi remarquables par l’élévation des sentiments

exprimés que par la largeur des idées démocratiques. Ou en trouvera l’analyse et l’appréciation à l’article nuLLiims. de la liiïi>u 13LIQUB.

Comme membre du gouvernement provisoire, Ledru-Rollin soumit presque constamment les mesures les plus démocratiques et les plus radicales. On peut lui reprocher dos fautes, mais des fautes seulement. Caractère facile et cordial, il put être accusé par les révolutionnaires de s’être laissé parfois entraîner ’ par certains de ses collègues à quelques actes dont la réaction profita ; niais personne n’a jamais suspecté sa bonne foi ni la sincérité de ses sentiments démocratiques. De même, il n’avait guère étudié jusqu’alors les problèmes posés plutôt que résolus par les écoles socialistes ; nourri des traditions de la première République, il n’avait suivi que cuntusement la marche des idées, et il était surtout préoccupé des questions politiques ; mais il était acquis de sentiment et de conviction à toute réforme sérieuse en faveur de l’émancipation populaire. La réaction le savait bien, et c’est ce qui explique la haine aveugle donc elle l’a constamment poursuivi. Au 1C mars, lois de la fameuse manifestation des bonnets à poil (v. aiAUs), quelques bandes do gardes