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LACE

de se lever à l’entrée de Claude et doter leurs lacernx.

La tacerna était généralement de couleur Sombre (fusci coloris, dit Martial) ; on la faisait avec de la laine de moutons de la Bétique (boitiez : laceras). Quelquefois les gens riches la faisaient teindre en pourpre de Tyr ou en autre couleur. Martial parle de lacernx de cette dernière espèce, qui ne coûtaient pas moins de 10,000 sesterces. Lorsque la présence de l’empereur était attendue aux jeux, publics, on avait coutume de ne mettre que des lacerus blanches. Quelquefois, on tirait la lacerna sur sa tête, lorsqu’on voulait garder l’incognito. Le plus souvent, on se servait dans ce but du cucullus ou capuchon, qui, dans ce cas, était attaché à la lacerna même, dont il constituait une sorte d’annexé.

laceron s. ni. (la-se-ron — altér. de /aileron). Bot. Nom vulgaire du laiteron dans les campagnes.

LACERT s. m. (la-sèr). Ichthyol. Nom vulgaire du collionyme lyre.

LACERTlEN, IENNE adj. (la-sèr-tiain, iène

— du lat. lacerta, lézard), Erpét. Qui ressemble ou qui se rapporte au lézard, Il On dit

aussi LACËRTIN, INE, et LACEKTIDE, LACERTOÎDE

ou lacertinide pour les deux genres.

— s. m. pi. Famille de reptiles sauriens, ayant pour type le genre lézard : Beaucoup de naturalistes se sont occupés du groupe des lacertikns. (E. Desmarest.)

— Encycl. Ce groupe, aussi naturel qu’intéressant, a été créé par Cuvier et admis depuis par tous les naturalistes, qui lui donnent pour caractères distinotifs : corps arrondi, allongé ; queue extrêmement longue ; quatre pattes à quatre ou cinq doigts distincts armés d’ongles crochus ; tête en pyramide quadrangulaire ; bouche très-fendue ; langue libre et extensible ; peau écailieuse. Tout le monde connaît les lézards, qui forment le genre principal du groupe des lacertiens. Le groupe entier contient dix-neuf genres, que l’on divise généralement en d^ux sections : celle des pléodontes ou lacertiens a dents pleines, et celle des cœlodontes ou lacertiens a dents creuses. La première section tout entière appartient au nouveau monde et la seconde se trouve exclusivement dans i’ancien continent. On ne connaît aucun lacertien habitant les lies de l’Océanie ni le continent australien.

LACERTIFORME adj. (la-sèr-ti-for-medu lat. lacerta, lézard, et de forme). Erpét. Qui a la forme d’un lézard.

— s. m. pi. Famille de reptiles sauriens fossiles.

LACET s. m. (la-sé — dimin. de lacs). Petit lacs, cordon de fil ou de soie, qu’on passe dans des œillets pour serrer une partie de vêtement : Passer un lacet. Serrer un lacet. Je m’avisai, pour ne pas more en sauvage, d’apprendre à faire des lacets. (J.-J. Rouss.)

— Série de zigzags imitant la disposition du lacet d’un corset : On gravit les montagnes par des routes en lacet.

— Piège fait avec un petit cordeau ou liguette, qui prend le gibier par le cou : Tendre un lacet. Prendre des perdrix, des lièvres au Lacet. Pour prendre les lagopèdes, il ne faut que leur présenter du pain, et saisir ce moment pour leur passer un lacet au cou. (Buff.)

— Fig. Piège, embûche ; ne s’emploie qu’au pluriel : Je me suis laissé prendre aux lacets de cet intrigant. (Acad.) L’éloquence éblouit les simples, la dialectique leur tend des lacets. (Boss.)

— Cordon avec lequel les Turcs font étrangler un condamné : Le Grand Seigneur lui envoya le lacet. Deux eunuques lui apportèrent

le LACET.

En montant sur le trône, un Kroce sultan Au lacet meurtrier abandonne ses frères.

Lemierre.

Il On dit plus ordinairement cordon.

— Corde munie de boules, qui servait d’arme de guerre aux anciens cavaliers mexicains, et dont on se sert encore dans l’Amérique du Sud, pour la chasse de certains animaux : Jeter le laciît. h On dit plus ordinairement lasso et mieux laso.

— Mar. Filin avec lequel on lace deux voiles ou une bonnette, il Anneau à lacet, Petite ferrure à deux branches qui embrassent un anneau.

— Chein. de fer. Mouvement de lacet, ou simplement lacet, Oscillations transversales qu’éprouvent les trains.

— Techn. Petite broche de fer servant à unir les deux parties d’une charnière. Il Petite corde qui tient à une cheville, à laquelle on attache un bout de boyau qu’on veut retordre.

— Bot, Lacet de mer ou lacet de Neptune, Espèce de varech filiforme.

— Encycl. Chasse. On donne particulièrement le nom de lacet à un piège à l’aide duquel on prend les oiseaux au nid. Le lacet est un tii dans lequel on a pratiqué un nœud coulant qui contourne le nid à sa partie supérieure. Lorsque l’oiseau rentre dans son nid, il ne tarde pas à élever la tête au-dessus tlu bord ; le chasseur alors tire rapidement le fil et l’oiseau est pris par le cou. On so sert d’un simple fil pour prendre les pinçons, les moineaux, les chardonnerets, les fauvettes, etc.

LACH

Pour les merles, les geais, les grives, les perdreaux, etc., on emploie un lacet en crin de cheval, attaché à une ficelle mince.

— Chemins de fer. Le mouvement de lacet, si incommode pour les voyageurs, lorsque la vitesse du train est un peu considérable, peut naître au moment où la locomotive et les wagons passent sur un point de la voie où la distance des rails augmente ou diminue ; alors il persiste pendant quelque temps, mais s’éteint peu à peu, si le chemin devient régulier ; mais il peut être dû aussi, soit à une inégalité dans le fonctionnement des deux pistons, soit à l’alternance des efforts qu’ils transmettent ; alors il persiste tant que la vitesse est assez grande pour qu’il puisse se manifester, car le mouvement de lacet ne se produit jamais à de petites vitesses.

LACEUR s.m.{la-seur — rad. lacer).Techn. Ouvrier qui fait des filets pour la chasse, . pour la pèche.

LACEURE s. f. (ia-su-re — rad. lacer). Ruban qui attachait le haut des canons des chausses ou l’entournure des manches.

LACHA, nom actuel du mont Olympe.

LA CHABEAUSSIÈRE (Ange-Étienne-Xavier Poisson de), littérateur français, né à Paris en 1752, mort en 1820. Pour échapper à la carrière ecclésiastique à laquelle son père le destinait, il embrassa l’état militaire et servit dans les gardes du corps en même temps que Dalayrac. Ce fut en collaboration avec ce dernier et quelques autres jeunes —gens, qu’il écrivit une tragi-comédie, intitulée -.’Lamentine ou les Tapouis, qui éohoua sur le théâtre des Comédiens italiens. Cet échec ne découragea pas La Chabeaussière, qui, deux ans plus tard, fit représenter sur la même scène les Maris corrigés, comédie en trois actes qui obtint beaucoup de succès. 11 s’associa de nouveau avec Dalayrac, qui ne s’occupait plus que de musique, et leur collaboration fut cette fois plus heureuse qu’au début ; elle produisit deux charmants opéras : VEclipse totale (1782) et le Corsaire (1783), dont, le succès eut pour résultat de faire renoncer Dalayrac et son ami à l’état militaire. À partir de cette époque, La Chabeaussière se consacra presque exclusivement à la’liltérature dramatique et fit preuve d’une grande fécondité, qui était loin d’exclure le talent. Quoique la Révolution eût trouvé en lui un chaud partisan, elle faillit lui être fatale ; dénoncé, en 1794, par sou propre gendre, il fut enfermé aux Madelonnettes et désigné pour être traduit devant le tribunal révolutionnaire le 10 thermidor ; il fut sauvé par*la révolution qui eut lieu la veille du jour marqué pour son jugement. Rendu ù la liberté, il écrivit son Catéchisme républicain ou Principes de morale républicaine à, l’usage des écoles primaires (1795), in-8u), qui lui valut d’être porté pour 2,000 fr. sur la liste des hommes de lettres auxquels la Convention accorda des indemnités en 1795. L’année suivante, il fut nommé membre du comité d’administration, qui venait d’être placé à la tète de l’Opéra, mais qui fut supprimé dès l’année suivante. À la fin dé sa gestion, La Chabeaussière, qui par son faste et par son orgueil s’était fait beaucoup d’ennemis, fut accusé de dilapidation. L’accusation fut portée au conseil des Cinq-Cents par Thiessé, et, à cette occasion, Pons de Verdun fit circuler une épigramine où, faisant allusion au nom de

famille de La Chabeaussière, il disait plaisamment :

Petit poisson deviendra grand

Pourvu que Dieu lui prête vie.

L’ancien administrateur de l’Opéra passa en jugement et fut acquitté. Il se consacra dès lors entièrement aux lettres et devint un des rédacteurs assidus des Soirées littéraires- et de la Décade philosophique.

Voici la liste des principaux ouvrages de La Chabeaussière : le Sourd, comédie proverbe en un acte (1783) ; ce fut un de ses amis qui la présenta à l’Ambigu et qui se l’attribua ; la Confiance dangereuse, deux actes en vers (1784) ; Azéma ou le Nouveau liobinson, opéra-comique, musique de Dalayrac (1786) ; VEclipse totale, comédie en un acte, remaniée sous le titre de : VEclipse de lune ou VAstrologue (1799) ; Œuvres divines, renfermant des poésies, des essais de traductions eu vers d’Homère, de Virgile, d’Horace (1 soi) ; Lasthénie ou une Journée d’Alcibiade, comédie en un acte (1802) ; Attendre et courir, vaudeville (1803) ; Poésies galantes d’Anacréon, Bion et Aloschus (lS03, in-S») ; Cutistan, opéracomique en trois actes, musique de Dalayrac (1S05), en collaboration avec Étienne ; Apologues moraux, imitations de poètes persans (18U, in-8°).

LA CHABEAUSSIÈRE (Ange-Jaeqûes-Marie de), littérateur, frère du précédent, né à Paris en 1755, mort dans la même ville en 1823. Entré dans l’administration des mines, il y remplit, entre autres fonctions, celles d’inspecteur, de directeur des salines de Cette, perdit sa place en 1793, entra, en 1815, dans les bureaux de la direction générale des mines, mais fut bientôt après mis à la réforme et se trouva sans emploi ni pension. La Chabeaussière monta alors une entreprise de carbonisation, qui le ruina complètement, puis devint régisseur adjoint du théâtre du Gymnase. Il faisait partie de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale, à la LACH

quelle il fit de nombreux rapports. On lui doit : Verssur teretour de Louis le Désiré(S, in-S°} ; Table des matières du Bulletin de la société d’encouragement (1S20) ; des mémoires dans le Journal des mines, des articles dans le Nobiliaire univei-sel de Sainte-AHaye, et Sinus calculés, restés manuscrits.

LÂCHAGE s. m. (lâ-cha-je — do lâcher). Action de lâcher.

— Navig. Action de faire descendre un cours d’eau à un bateau.

LA CHAISE (le père François d’Aix de), jésuite célèbre, confesseur de Louis XIV. La révocation de l’édit de Nantes et le mariage secret de Louis XIV avec la marquise de Maintenon sont les deux grands faits principaux qui se rattachent à sa mémoire. Né à Aix (Loire) en 1624, mort à Paris le 20 janvier 1709, il sortait d’une noble famille du Forez et était petit-neveu du père Coton, confesseur de Henri IV. Il commença ses études au collège de Roanne, les acheva à celui de Lyon, où, devenu professeur, il enseigna la philosophie et la théologie ; il devint ensuite recteur de la maison des jésuites de Grenoble, puis provincial de soh’ordre, à Lyon. C’est à la protection de l’archevêque de cette ville, Camille de Villeroy, qu’il dut de remplacer le père Ferrier comme confesseur de Louis XIV- ; en peu de temps, il fit des progrès considérables dans l’esprit du roi, qui l’admit dans ses plus secrets conseils et auquel il dicta les plus funestes résolutions. Lorsque le père de La Chaise parut pour la première fois devant Louis XIV, il avait déjà cinquante et un ans ; cependant, le roi fut charmé de sa physionomie. Ses yeux bleus respiraient la persuasion ; son front haut et large indiquait l’intelligence ; sa taille, un peu courbée par l’âge, était élégante ; tout son extérieur était plein de distinction. Dès son arrivée, il eut en face de lui Mme de Montespan, triomphante. La favorite ne l’aima point ; cependant, il ne la heurta pas de front, et, devant un scandale déjà ancien, se renferma souvent dans le silence. À l’époque des fêtes de Pâques, il se trouvait dans des embarras extrêmes ; un jour même, il envoya en son lieu et place le père Deschamps, qui refusa l’absolution au roi. M""« de Montespun lui garda surtout rancune à cause de la faveur passugère de Mile de Fontanges. Elle aurait même, selon La Beaumelle, fait à ce sujet ce grossier jeu de mots : « Le père de La Chaise est une chaise de commodités ! « Mme de Maintenon qui, vers la même époque travaillait tout à la fois à sa propre fortune et à la conversion de Louis XIV, écrivait au cardinal de Noailles : « Le père de La Chaise a déploré vingt fois avec moi les égarements du roi ; mais pourquoi ne lui interdit-il pas absolument l’usage des sacrements ? II se contente d’une demi-conversion ; vous voj’ez bien qu’il y a du vrai dans les Petites Lettres (les Provinciales). Le père de La Chaise est un honnête homme ; mais l’air de la cour gâte la vertu la plus pure et adoucit la plus sévère. »

Quand le roi, d’après les conseils de son confesseur, eut épousé en secret Mme de Maintenon, celle-ci en-voulut au père de La Chaise du Secret imposé à cette union, du ton familier qu’il conservait envers elle, et du peu d’ardeur qu’il semblait apporter aux affaires de la religion. Ce dernier reproche n’était fondé qu’en apparence. Chargé de la feuille des bénéfices, et tenant chaque vendredi avec le roi un conseil de conscience, le confesseur agissa.it sans cesse, mais avec calme et en homme du monde, sur l’esprit de Louis XIV, qui lui reprochait quelquefois d’être trop doux. Il lui répondait alors : « C’est vous, sire, qui êtes trop doux. » S’il avait besoin d’auxiliaires, il ne les cherchait, point parmi ceux qui affectaient les dehors religieux ; une de Ses maximes était que des dévots ne sont bons à rien. » Mais, avec cette fine modération et cette souplesse d’esprit, il servait plus sûrement que personne les intérêts de sa compagnie et de la cour de Rouie. Lors de l’assemblée du clergé en 1682, il fut le médiateur secret entre le roi et le pape, tâcha de concilier les prétentions rivaies, ne voulut prendre aucune part aux discussions et ne se montra dans l’assemblée que pour régler un différend survenu entre des religieux d’Embrun et le chapitre de la cathédrale.

Le père de La Chaise se montra plus à découvert contre le protestantisme ; mais là encore on retrouve sa modération naturelle et son peu de penchant aux violences. Il enveloppa la France d’un réseau de missions, parmi lesquelles celles des jésuites tenaient le premier rang. De toutes parts, on prêchait les hérétiques ; on convertissait par tous les moyens, voire même à prix d’argent ; les exemptions de charges payaient les abjurations. On annonçait le triomphe universel de la vraiu foi ; la cour était dans le ravissement. Mais lorsqu’on s’aperçut que les intendants de province avaient exagéré les résultats et donné comme faites des conversions encore à faire, on ne voulut pas perdre des âmes que l’on avait cru d’avance posséder, et Louvois fut envoyé avec des troupes pour appuyer les missionnaires du Languedoc, du Vivarais et du Dauphins. Des persécutions s’unirent aux moyens tentés jusque-là pour persuader ou corrompre les consciences. Rien, il est vrai, ne prouve que ie père rie La Chaise ait prêté la main

LACH

à ces persécutions ; tout dans son caractère montre, au contraire, qu’il devait y être opposé, mais il eut au moins le tort de ne rien tenter pour les empêcher. Cependant l’hérésie résistait encore ; il était des convictions que rien ne pouvait entamer. Le roi, voulant achever son ouvrage, et obtenir l’unité religieuse comme il avait l’unité politique, révoqua l’édit de Nantes (17 octobre 16S5). On ne peut certes pas douter que son confesseur n ait été pour beaucoup dans cette détermination. « Le père de La Chaise a promis qu’il n’en coûterait pas une goutte de sang, • écrivait M me de Maintenon. Promesse de jésuite I les dragonnades arrivèrent, les confesseurs bottés parcoururent les campagnes, deux millions de réformés emportèrent hors de France leur activité et leur industrie ; des pays entiers furent dévastés, les protestants égorgés par centaines, la France couverte de sang, déshonorée, affaiblie pour satisfaire la dévotion d’un roi devenu imbécile, —la haine d’une vieille et cruelle prostituée contre la religion de son enfance, les projets ambitieux du confesseur du roi et de l’infâme confrérie à laquelle il appartenait.

C’est par les actes, les résultats, qu’il faut juger les hommes, et, malgré toute sa modération apparente, le père de La Chaise laisse la mémoire d’un des dévots les plus violents et les plus odieux. Ses contemporains, même Saint-Simon qui ne ménageait personne, se sont laissé prendre à ses dehors cauteleux. « Le père de La Chaise, dit Saint-Simon, était d’un esprit médiocre, mais d’un bon caractère, juste, droit, sensé, sage, doux et modéré, fort ennemi de la délation, de la violence et des éclats ; il avait de l’honneur, de la probité, de l’humanité, de la bonté ; affable, poli, modeste, même respectueux ;... fort jésuite, mais sans rage et servitude... Il para bien des coups en sa vie, supprima bien des friponneries et des avis anonymes contre beaucoup de gens, en servit quantité, et ne fit jamais de mal qu’à sou corps défendant. » D’Aguesseau le représente aussi comme ■ capable d’amitié, de reconnaissance et bienfaisant même, autant que les préjugés de son corps pouvaient le lui permettre. » Malheureusement, l’homme privé disparaît devant

l’homme public, et le nom du célèbre confesseur ne peut nous rappeler maintenant que cette politique souterraine, ces intrigues d alcôve et de chapelle que les jésuites savaient mener si adroitement. Le père de La Chaise, comme le père Escobar, personnifie le jésuitisme, l’astuce, la mauvaise foi, la persécution voilée sous une feinte bonhomie, la soif des richesses et de la puissance cachée sous des protestations d’humilité. Maître de l’oreille du roi, il savait à propos inspirer à Louis XIV les résolutions les plus favorables à l’ordre des jésuites, en lui en laissant la responsabilité et le mérite ; provoquer en sa faveur des donations en bonnes terres, en bon argent comptant, et avoir l’air de les subir. C’était pour que la volonté de Dieu fût faite qu’il laissa ie roi lui bâtir, au faubourg Saint-Antoine, une résidence princière, entourée des plus beaux jardins de Paris. Le château de Mont-Louis, possession des jésuites, embellie aux frais du trésor royal, devint son habitation particulière. C’est là qu’il aimait à vivre dans un luxe bien peu conforme à l’Évangile, à s’entourer de ses parents, de ses amis, de ses flatteurs, de toute une petite cour intime. Des bois, des vergers, des jardins, des eaux jaillissantes embellissaient ce magnifique séjour, dont 1er roi, pour plaire à son confesseur, avait fuit reconstruire et agrandir les bâtiments ; à telles enseignes que le peuple finit par donner à cette résidence le nom du Père- Lachaise, comme si elle eût été sa propriété. Le cimetière fondé, en 1804, sur le même emplacement porte encore la même dénomination.

Entre temps, le père de La Chaise était un zélé numismate ; il sut inspirer à Louis XIV le goût des médailles, et l’Académie des inscriptions l’admit au nombre de ses membres en 1701. Il a publié en 3 vol. in-fol. (1661-1663) ses cours de philosophie et de théologie au collège de Lyon. Le recueil de l’Académie des inscriptions contient aussi quelques-uns*" de ses mémoires.

Lachaise (CIMETIÈRE do Père-). Ce cimetière, situé au N.-E. de Paris, sur le territoire de l’ancienne commune de Charonne, annexée à la capitale depuis 1SG0, et dont l’entrée principale se trouve en face de la rue de la Roquette, est, par ses vastes proportions et par les illustrations nombreuses qui semblent s’y être donné rendez-vous, le plus important des cimetières de la capitale.

Le terrain considérable que l’on désigne aujourd’hui sous le nom de cimetière du Père-Lacbaise ou de cimetière de l’Est porta à l’origine le nom de Champ-l’Evèque, parce qu’il appartenait à l’évêque de Paris. Il devint, en 1026, la propriété de l’ordre des jésuites, qui commença par l’enclore de murs et y construisit, un milieu des massifs d’arbres, une maison dont remplacement est à peu près représenté aujourd hui par le rondpoint central. Ce fut, dit-on, du sommet culminant de cet enclos que, sous la Fronde, Louis XIV put voir le combat du faubourg Saint-Antoine, entre Turenne et Coudé ; de là le nom de Mont-Louis qui remplaçait déjà, vers 1652, celui de Champ-l’Evèque. Vingt ans plus tard, le père de La Chaise, jésuite, fut