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et il a laissé : Estai d’une géographie de la Transylvanie (Hermanstadt, 1789, in-8o) ; les Souuerains de la Transylvanie el l’histoire de cette contrée sous leur gouvernement (Hermanstadt, 1790-1792, S vol. in-8<>) ; Histoire des peuples de la Dacie (Hermanstadt, 1791, in-8").

LEBRET, ville de France. V. Labrit.

LEBRET (Cardin), seigneur de Flacodrt, jurisconsulte français, né à Paris en 1558, mort en 1C55, doyen des conseillers d’État. Il a laissé les ouvrages suivants : Traité de la souveraineté du roi, de son domaine et de sa couronne (1632) ; Harangues et plaidoyers ; Ordo perantiquus judiciorum civilium.

LEBRET (Henri), historien français, né a Paris vers 1630, mort vers 1708. Après avoir rempli divers emplois, il entra dans les ordres et devint archidiacre de Montauban. On lui doit plusieurs ouvrages historiques : Histoire de ta ville de Montauban (Paris. 1668, in-4") ; Abrégé de l’histoire universelle (Paris, 1G7C) ; Histoire du Nouveau et de l’Ancien Testament (Paris, 1684) ; Récit de ce qu’a été et de ce qu’est Montauban (1701, in-8o).

LEBRET (Alex.-Jean), littérateur français, né à Beaune en 1C93, mort à Paris en 1772. Il vint se fixer dans cette dernière ville, où il fut avocat et censeur royal. On lui doit un certain nombre d’ouvrages, parmi lesquels nous citerons : Instructions nouvelles sur les procédures civiles et criminelles du parlement (Paris, 1725, in-12) ; Nouvelle école du monde (Lille, 1764, ? vol. in-12) ; Elise ou l’Idée d’une honnête femme (Paris, 1766, in-12) ; Mémoires secrets de Bussy-Rabutin (1768, 2 vol. in-iz) ; la Nouvelle lune (17G8, 2 vol. in-12) ; les Amants illustres (1769, 3 vol. in-12) ; Y Emploi du temps dans la solitude (1773, iu-12), etc.

LEBRET (Jean-Frédéric), historien allemand, né en 1732, mort en 1807. Après avoir, fait ses études à l’université de Tubingue, il se plaça comme précepteur chez un négociant de Venise (1757). De retour en Allemagne (1762), il fut nommé successivement professeur au gymnase de Stuttgard, bibliothécaire du duc de Wurtemberg et chancelier de ce prince, qu’il accompagna dans les voyages que fit ce souverain en Italie, en France, en Angleterre et dans les Pays-Bas. Lebret a laissé, entre autres importants ouvrages : Origines Tlmscim diplomaties (1763) ; Histoire d’Allemagne (m i) ; Histoire d’Italie (1778-1787,10 vol. in-4o) ; Cours de statistique des Etals italiens (1783, 2 vol.) ; De fragmentis Theodori Mopsuesteni (1790) ; Magasin à l’usage de l’histoire civile et ecclésiastique (1771-1787, 10 vol. in-8o). On connaît, en outre, de lui beaucoup d’écrits sur la, théologie, l’histoire et l’archéologie.

LEBRETON s. ra. Ce-bre-ton — nom de l’inventeur). Arboric. Forme particulière des arbres fruitiers en espalier ou en contre-espalier. Il On l’appelle aussi bâtardière.

LE BRETON (Guillaume), seigneur de La Fon, poote fiançais, né à Nevers, mort en 1578. Il exerçait la charge d’avoeat au parlement de Paris. Dans sa jeunesse, il composa un livre d’élégies, de sonnets, etc., qui a été perdu. Français d’Amboise, son ami, publia quelques-unes de ces pièces à la suite de l’Adonis, tragédie allégorique de Le Breton, où Charles IX est représenté sous les traits dAdonis, Cette tragédie, imprimée en 1579 (Paris, in-12, chez Abel L’Angelier), eut un "grand nombre d’éditions ; elle est suivie d’un pofiine intitulé : l’amour mercenaire. Le Breton avait composé plusieurs autres ouvrages, notamment quatre tragédies : Didon, Dorothée, Tuilie, la Charité ; une comédie : le Ramoneur ; un Paradoxe, que les dûmes doivent marcher le sein découvert, etc., qui n’ont pas été imprimés.

LEBRETON (François), pamphlétaire français, pendu à Paris en 1586. Il était avocat à Poitiers lorsqu’il écrivit trois pamphlets, dans lesquels il exposait avec énergie les misères du peuple et les abus criants dont il avait à souffrir. Henri III, à qui il eut la hardiesse de les envoyer, le livra au parlement, qui condamna Lebreton à être pendu et ses pamphlets a être brûlés. Ces écrits, devenus extraordinairement rares, sont intitulés : Renionstrances aux estais de France et à tous les peuples chrestiens pour la délivrance du pauvre (Paris, 1586) ; Accusation contre le chancelier lirisson (Paris, 1586) ; Remontrance au roi sur l’accusation qui lui a été présentée, laquelle il n’a onc voulu ouïr,

LEBRETON (André-François), imprimeur français, né en 1708, mort en 1779. Il était fils d’un conseiller en l’élection de Paris et petit-fils maternel de Laurent d’Houvry, imprimeur et fondateur de l’Almanach royal en 1683. Lebreton est surtout connu par l’honneur qu’il eut d’imprimer Y Encyclopédie. Les suppressions et les adoucissements qu’il pratiquait dans les articles des auteurs lui valurent une lettre furibonde et célèbre de Diderot. Lebreton était juge consul, syndic de sa corporation et premier imprimeur du roi.

LEBRETON (R.-P. François), homme politique français, né dans la Bretagne en 1753, mort un peu avant 1830. Il devint, en 1790, procureur-syndic du district de Fougères, fut élu successivement député à l’Assemblée législative (1791) et a la Convention iiatio LEBR

nale (1792), où il se rapprocha du parti des girondins. Dans le procès de Louis XVI, il vota pour la détention perpétuelle ; mais, après la condamnation à mort du roi, il vota contre l’appel au peuple. Emprisonné en 1793, il revint siéger à la Convention après le 9 thermidor (27 juillet 1794), fit ensuite partie du conseil des Cinq-Cents jusqu’en 1798 et rentra, a cette époque, dans la vie privée.

LEBRETON (Joaehjm), littérateur français, né à Saint-Méen (Bretagne) en 1760, mort à Rio-Janeiro (Brésil) en 1819. Il était sur le point de recevoir les ordres lorsque éclata la Révolution, dont il embrassa les principes avec ardeur. Lebreton se rendit alors à Paris, épousa M’ie Darcet, fille de l’inspecteur général de la Monnaie, et, sous le Directoire, il occupa la place de chef de bureau des beaux-arts au ministère de l’intérieur, Entré au tribunat après le 18 brumaire, admis, dès 1796, à l’Institut, il fut nommé secrétaire de la classe des beaux-arts et concourut activement à la formation du musée national. Lorsqu’en 1815 il vit les étrangers dépouiller le Louvre, il osa attaquer ouvertement le duc de Wellington et reprocha au gouvernement anglais d’avoir fait enlever les marbres du Parthénon. Cette véhémente sortie le fit exclure de l’Institut. En 1816, il partit pour le Brésil avec une société d’artistes et d’industriels ; la colonie fut très-bien accueillie par le roi ; mais à cet accueil gracieux se borna la protection du monarque. Aussi les résultats de l’entreprise ne répondirent point aux espérances conçues, et Lebreton, découragé, mourut quelque temps

après. On lui doit : la Logique adaptée à la rhétorique (Tulle, 1789, in-8») ; deux Notices dans la Décade philosophique, l’une sur Raynal, l’autre sur Deleyre ; un Rapport sur l’état des beaux-arts pour le concours des prix décennaux en 1810 ; des notices sur divers membres de l’Institut. Enfin, on lui attribue également la rédaction d’un ouvrage désavoué par sa famille : Accord des vrais principes de l’Église, de la morale et de la raison sur la constitution civile du clergé par les éoêques constitutionnels (Paris, 1791, in-8»).

LEBRETON (Jacques-Alexandre-Exupère), médecin, né à Paris en 1784, mort dans cette ville en 1S57. Fils d’un accoucheur distingué, il se destina lui-même à la pratique des accouchements, et se fit recevoir docteur avec

une thèse sur les Raisons qui établissent la nécessité de l’application du forceps (Paris, 1810, in-4o). Dans les premières années de sa carrière, il fit des cours d’accouchement qui furent très-suivis. En 1819, il publia des Recherches sur les causes et le traitement de plusieurs maladies des nouveau-nés (1 vol. in-8o), ouvrage qui touche à des questions pratiques d’une hautéimportance. Enfin, en 1821, il fit éditer ses Tableaux propres à faciliter l’élude du manuel opératoire applicable à chaque espèce d’accouchement.

LEBRETON (Eugène-Casimir), général et homme politique français, né en 1791. Fils d’un laboureur beauceron, il s’engagea comme volontaire en 1813. Chef de bataillon au 53» de ligne, il fit la campagne de Vendée après 1830, fut envoyé en Afrique en 1835, et devint gouverneur do Mascara après la prise de cette ville. L’année suivante, il obtenait les places de commandant en second et de directeur des études à l’École de la Flèche. Élevé au grade de colonel du 22° de ligne en 1840, il prit, pendant six ans, part aux principales expéditions d’Afrique. En 1846, il se porta candidat à la députation dans l’arrondissement de Nogent-le-Rotrou, mais il ne

fut point élu. L’année suivante, il reçut le grade Jde général de brigade. Nommé, eu 1848, représentant du peuple dans le département d’Eure-et-Loir, il se fit remarquer lors de la journée du 15 mai, et, pendant l’insurrection de juin 1848, à la tête d’une colonne d’attaque, il enleva le clos Saint-Lazare. À la suite de ces événements, il fut nommé questeur de l’Assemblée nationale à la place du général Négrier, tué en combattant. Réélu à la Législative, il s’associa à tons les vote3 réactionnaires de la majorité et fut le seul des questeurs qui fit acte d’adhésion à l’odieux coup d’État du 2 décembre. Il devint alors membre de la commission exécutive, reçut le commandement du département d’Eure-et-Loir, le grade de général de division, et fut élu député, avec l’appui de l’administration, dans une circonscription de la Vendée, en 1852 et en 1857. Depuis 1863 jusqu’à la chute de l’Empire, le général Lebreton, qui avait été mis à la retraite, représenta la 3e circonscription de la Vendée au Corps législatif. Après avoir voté les mesures les plus draconiennes présentées par le gouvernement, dont il n’avait cessé d être le candidat officiel, M. Lebreton se rapprocha, en 1869, du tiers parti, devint alors questeur de la Chambre, prononça, le 2 juillet 1870, un discours pour demander le retour en France des princes d’Orléans, appuya le cabinet 01livier dans ses désastreuses entreprises, et rentra dans la vie privée après la révolution du 4 septembre. Il avait vu à son début et il voyait au déclin de sa carrière l’étranger envahir le pays, et la race fatale des Napoléons nous léguer en tombant la défaite et la ruine.

LEBRETON (Théodore), poète français, né à Rouen en 1803. Fils d’un simple journalier, il entra lui-même comme apprenti dans une

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fabrique d’indiennes, apprit presque seul a lire et à écrire, et devint un excellent ouvrier. Poussé par sa vocation poétique, il se mit à composer des vers dépourvus d’orthographe, mais qui révélaient un véritable sentiment de l’harmonie, une naïveté touchante, une inspiration réelle, des idées heureuses. Mme Desbordes-Valmore, ayant lu des essais du jeune ouvrier, le fit connaître au public en obtgnant, dans un journal de Rouen, l’insertion de deux pièces remarquables : le Délire poétique et l’Impiété. Les applaudissements de Chateaubriand, de Béranger, de Lamartine, de Victor Hugo vinrent bientôt encourager Lebreton, qui publia son premier recueil de vers sous ce titre : Heures de repos d’un ouvrier (Rouen, 1837, in-18). Trois ans plus tard, il quitta son atelier pour devenir conservateur de la bibliothèque que M. Leber venait de léguer à la ville de Rouen. En 1848, les électeurs de la Seine-Inférieure l’envoyèrent siéger à l’Assemblée nationale, où il vota avec les républicains modérés ; mais il ne fut pas réélu à l’Assemblée législative. On trouve, dans les premières poésies de M. Lebreton, un grand sentiment religieux, joint à un esprit de résignation qui rappelle l’inspiration poétique sous laquelle écrivait Silvio Ptillico. Toutefois, dans ses dernières poésies, les misères des travailleurs lui ont’inspiré des plaintes plus viriles. Outre le recueil précité, on lui doit : Nouvelles heures de repos d’un ouvrier (1842, in-S») ; la Mort du duc d’Orléans (1842) ; Espoir (1845, in-12) ; la Fraternité, revue maçonnique, recueil mensuel (1843-1848) ; Rioijraphie normande (Rouen, 1857-1858, in-8o), etc.

LE BRETON (Guillaume), chroniqueur et potHe. V. Guillaume Le Breton.

LEBRETON DE LA LODT1ERË (Amable-Louis-François), poète français, né à Cognes,

près de Saint-Calais, mort dans le bourg de Vassé en 1796. Il appartenait à la congrégation de l’Oratoire et avait reçu les ordres. Sa mort, prétend-on, doit être attribuée à un assassinat. On a de lui quatre satires en vers faciles, les Juvénales (1776, in-12).

LEBRETONIE s. f. Ce-bre-to-nî — de Lebreton, sav. fr.). Bot. Genre d’arbustes, de la famille des malvacées, dont l’espèce type croit au Brésil.

LE BR1GANT (Jacques), linguiste français. V. Brisant.

LEBRIJA ou LEBRIXA, la Nebrissa des Romains, ville d’Espagne, province et à 60 kilom. S.-O. de Sèville, à 8 kilom. de la rive gauche du Guadalquivir ; 12,000 hab. Fabrication de mantes, poterie, savon, cire, chapeaux ; fours à. chaux, tuileries. Récolte considérable et commerce d’huile. La ville, dont les maisons sont élégantes, est située au milieu d’une campagne délicieuse et d’un groupe de collines séparées par de riches vallées ; elle possède trois hôpitaux, un collègé et une belle église paroissiale, en partie de style arabe, en partie d’un style plus moderne. Le rétable, œuvre d’Alonso Cano, -a une grande valeur artistique. La tour, remarquable par sa hauteur et l’élégance de sa construction, a été bâtie au siècle dernier sur le modèle de la Giralda de Sôville.

LEBRIJA, rivière de l’Amérique du Sud, dans la république de la Nouvelle-Grenade, province de Boyaca ; elle prend sa source à environ 30 kilom. S. de Painplona, coule au S.^O. et se jette dans la Magdalena, par la rive droite, après un cours de 220 kilom.

LEBRIXA, ville d’Espagne. V. Lebrija.

LEBRIXA (Françoise de), en latin Francisco Nebrïsacn» !», fille du linguiste Antoine de Lebrixa. Elle vivait dans la seconde moitié du xvne siècle. Élevée par son père, elle reçut une forte éducation, devint une habile rhétoricienne, une savante. On raconte que lorsque Antoine, empêché par la maladie ou par quelque affaire, ne pouvait donner sa leçon publique à l’université d’Alcala, c’est Françoise qui, nouvelle Hypatie, le remplaçait.

LEBRIXA (Antoine de), linguiste espagnol. V. Antoine de Lebrixa.

LE BRUMENT (Jean-Baptiste), architecte français, né à Rouen en 1736, mort dans la même ville en 1804. Fils d’un entrepreneur de bâtiments, qui le destinait à la même profession, Le Bruinent vint à Paris pour se perfectionner dans l’architecture. Ses études terminées, il revint à Rouen, mit la dernière main à la construction de l’église Sainte-Madeleine, et fut chargé de l’achèvement du grand bâtiment de l’abbaye de Saint-Ouen, aujourd’hui l’hôtel de ville.


LE BRUMENT (Robert), chimiste et teinturier français, parent du précédent, né à Rouen. Il vivait au xvme siècle ; il enrichit son industrie de diverses améliorations remarquables, et découvrit, en 1763, un procédé pour teindre en noir, sur fond bleu de Saxe, les étoffes de laine et de soie. Cette invention, source de richesse pour la ville, fut très-favorablement appréciée par Holker, chimiste

distingué, qui faisait le plus grand Cas dos talents de Le Bruinent.


LEBRUN (Laurent), littérateur français, né à Nantes en 1607, mort à Paris en 1603. Il appartenait à la compagnie de Jésus et s’adonna particulièrement à la poésie latine. Do ses nombreux ouvrages, nous citerons seule LEBR

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ment les principaux : Virgile chrétien (lG6l) ; YIgnaciaae ; les Sept Psaumes de la pénitence ou David pénitent ; l’Ovide chrétien ; Héroîdes ; la Franciade ; les Vêpres de la Vierge ; l’Eloquence poétique ; les Métamorphoses, etc.


LE BRUN ou LEBRUN (Charles), le plus célèbre des peintres français du siècle de Louis XIV, né à Paris le 24 février 1619, mort dans la même ville le 12 février 1690. Comme tant d’autres artistes de génie, il manifesta dès sa plus tendre enfance sa vocation pour la peinture. Son père, qui était ■sculpteur, lui donna les premières leçons de dessin. Un jour qu’il l’avait mené avec lui. dans l’hôtel du chancelier Séguier, où il était employé à quelque ouvrage, le chancelier remarqua le petit Charles qui dessinait avec beaucoup d’application ; il s’approcha de cet enfant, le questionna, lui trouva de la gentillesse, de l’esprit et des dispositions pour la peinture qui méritaient d’être cultivées ; il se chargea de son avancement, et l’envoya à l’école de Simon Vouet, le meilleur maître du temps. Le Brun n’avait alors que onze ans. Il étonna tout le monde par la rapidité de ses progrès. À douze ans, il fit avec succès le portrait de Son aïeul ; à quinze ans, il peignit des tableaux d’histoire, entre autres un Hercule assommant les chevaux de Diomède, qui fut placé au Palais - Royal. Après un séjour à Fontainebleau, où il étudia les peintures qui décorent le château, il exécuta pour la communauté des maîtres peintres et sculpteurs de Saint-Luc, de Paris, un Saint Jean plongé dans l’huile bouillante.

Ces premiers travaux valurent à Le Brun de nombreux applaudissements. Le chancelier Seguier, qui n’avait pas cessé de le protéger et lui avait même donné un logement dans son hôtel, pensa qu’il était temps de le faire voyager eu Italie. Cet homme illustra lui assigna, à cet effet, une pension et lui donna des lettres de recommandation pour les personnes les plus qualifiées de Rome. Eu passant à Lyon, Le Brun rencontra Poussin, qui retournait lui-même en Italie (1642), et qui, charmé de ses talents et de son enthousiasme pour l’art, le prit en amitié et lui donna des conseils. Arrivé k Rome, le jeune artiste étudia avec soin les monuments de l’antiquité, travailla sous la direction du Poussin, et fit des morceaux qui, dans une exposition publique, furent attribués à ce grand maître. «On croit cependant reconnaître, dit l’abbé de Fontenai, que la manière des Carraches est celle à laquelle il donna la préférence. Peut-être lui a-t-il manqué, selon la remarque de M. de Piles, d’aller à Venise pour profiler des ouvrages du Titien et de Paul Vêronèse ; on ne sait pas pourquoi il n’eut pas cette curiosité. •

Charles Le Brun revint à Paris en 1646, précédé d’une réputation méritée. Les commandes lui arrivèrent de tous côtés. En 1047, il exécuta, pour la corporation des orfèvres, un Martyre de saint André qui fut placé à Notre - Dame. Dès cette époque, il se préoccupa de fonder à Paris une Académie de peinture et de sculpture semblable à celle de Rome, et il se servit du crédit qu’il avait auprès du chancelier Séguier pour obtenir, au commencement de 1648, des lettres patentés qui amenèrent la fondation de cette institution. Il occupa successivement tous lus grades de cette compagnie célèbre : après avoir exercé les fonctions de professeur à diverses reprises, il lut nommé recteur et chancelier en 1655, réélu recteur en 1659, chancelier à vie en 1663 ; en 1668, les charges de recteur et de chancelier ayant été réunies et rendues immuables lui furent déférées ; enfin, il devint directeur en 1633.

En 1649, Le Brun fut chargé, avec Eustache Lesueur, de la décoration de l’hôtel du président Lambert, qui est situé à l’extrémité de l’Ile Saint-Louis. Lesueur était le seul rival capable d’être opposé à Le Brun et da balancer sa réputation. Les deux artistes choisirent des sujets bien propres à faire ressortir la différence do leur génie : Le Bruu peignit les Travaux d’Hercule ; Lesueur, l’Histoire de l’Amour. Ils firent preuve, dans l’exécution, de qualités fort dissemblables. « Autant Le Brun était énergique, dit M. Charles Blanc, autant Lesueur était suave et tendre. L’un, tourmenté par le souvenir d’Annibal Carrache, faisait contraster les groupes, les attitudes, les membres et les draperies, étalait son savoir académique, remuait sa composition et lui imprimait, par des touches mâles et par la violence de certains tons, un aspect grandiose ; l’autre, devinant Raphafil, restait simple, tranquille et doux, laissait suivre à ses lignes et à ses figures les mouvements naturels de la grâce, et, recouvrant de tons attiédis ses délicates et ingénieuses pensées, leur donnait le caractère d’un rêve charmant. • Lesueur mourut en 1655, ù l’âge de trente-huit ans. On lit dans les Mélanges de Vigneul-Marville que, pendant la maladie de ce grand artiste, Le Brun, qui l’estimait infiniment et le craignait peut-être, alla le visiter plusieurs fois, et qu’ayant appris sa tin, il ne put s’empêcher de dire que cette mort venait « de lui tirer une grosse épine du pied. »

Fouquet, le surintendant, chargea Le Brun de décorer sa fastueuse résidence de Vaux, et lui donna, indépendamment du prix de ses ouvrages, une pension de 12,000 livres. L’artiste exécuta dans ce château plusieurs pein-