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LAW DB LAUUISTON (J.-Alex.-Bernard, comte), général et diplomate français. V. Lau-

RtSTON.

LAWB, petite rivière de France, formée, près do Bruny (Pas-de-Calais), par la jonction de la Riette et de la Lietto. Elle passe à Béthune et so jette dans la Lys, près d’Estaires, après un cours de 48 kilom. La Lluvb est navigable depuis le lieu appelé Ecluse de l’Argent-Perdu jusqu’à son embouchure. Reliée, à Béihnne, au canal d’Aire à la Bassée par un embranchement do 2,400 mètres, elle offre à la navigation un parcours total de 10,299 mètres ; la pente est de 7m,20, rachetée par cinq écluses ; le tirant d’eau est de ini,20 ; la charge maxima des bateaux, est de 92 tonnes.

. LAWES (Henri), compositeur anglais, né à Salisbury en 1600, mort à Londres en iggi. 11 devint, en 1625, un des chanteurs de la chapelle de Charles I<=r, et acquit beaucoup do réputation en composant la musique d’intermèdes, de chansons, de mascarades, etc. Lawes, tout en adoptant le style italien, sut conserver une originalité qui lui a valu les éloges de Milton et de Waller. Il fut enterré à Westminster. Nous citerons de lui Cornus, pièce écrite par Milton et jouée en 1G34, et trois recueils d'Ayres and dialogues (Londres, 1653, 1C55 et 1G69), contenant cent cinquante chants, duos et trios. — Son frère, William Lawes, fut également un compositeur distingué, qui fi t parue de la chapelle de Charles Ier, et composa notamment une collection de Psaumes. Pendant la guerre civile, il servit dans les troupes royales comme capitaine, et périt au siège de Chester en 1645.

LAWES (Édouard-Hobson-Vitruvius-Sergeant), jurisconsulte anglais, né en 1790, mort à Londres en 1857. Il exerçait depuis 1810 la profession d’avocat lorsqu’il fut nommé, en 1832, greffier en chef de la cour des faillites, poste qu’il conserva jusqu’à Sa mort. On lui doit des ouvrages qui ont beaucoup contribué à la réforme de la procédure anglaise en 1827. Les principaux sont : Traité élémentaire de ta procédure pour les actions citiiles (1810) ; Traité des chartes parties (1810) ; Idées sur quelques modifications à introduire dans la procédure (1827), etc.

LAWFËLD, village et coihm. de Hollande, " dans le duché de Limbourg, à 6 kilom. O. de Maastricht ; 307 hab. Célèbre par une victoire du maréchal de Saxe sur le duc de Comberland, le 2 juillet 1747, et par un autre succès des Français en 1794.

Lunrfcld (bataille de), La guerre de la succession d’Autriche durait depuis déjà six ans, avec desalternatives dont le résultat, en définitive, devait être funeste pour la France, mais qui, du moins, ne furent pas sans gloire. Les Hollandais, à la faveur d une apparence de neutralité, nous faisaient une guerre très-réelle et surtout très-lucrative, dans laquelle leur commerce réalisait de larges bénéfices ; mais Louis XV ne tarda pas à se convaincre qu’il jouait avec eux un rôle de dupe, et, dès qu’il eut été désabusé de l’espoir de les voir se poser comme médiateurs sincères entre lui et ses ennemis, il résolut de prendre à leur égard une attitude plus caractérisée. Il leur signifia donc, sans toutefois on venir à une déclaration d’hostilité, que.de même que trois ans auparavant 20,000 Hollandais avaient pris position près de Lille sans prétendre faire la guerre au roi, il allait à son tour entrer sur leur territoire sans intention hostile contre la République, mais avec la ferme volonté d’arrêter les ressources qu’elle fournissait à l’Angleterre et à l’Autriche. Louis XV mit aussitôt sa menace à exécution, et, sans s’inquiéter de l’espèce de mesure révolutionnaire que prit la Hollande en nommant stathouder un prince de la maison d’Orange, il plaça 120,000 hommes sous les ordres de Maurice do Saxe, le vainqueur de Fontenoy, qu’il avait créé maréchal général des armées françaises, titre qu’avaient seuls porté Turenne et Villars. Au commencement de juin (17<n), Louis XV se rendit à l’armée ; le maréchal de Saxe, maître de tout le pays à la gauche de l’Escaut, songeait à s’emparer de Maestricht, et il lit marcher l’armée dans cette direction ; mais le duc de Cuinberland, qui commandait les alliés, s’était retranché de manière à couvrir les approches de la ville, entre les sources du Denier et Maestricht, position ou ne peut plus avantageuse pour fuire échouer les projets du maréchal, et dont le village de Lawfeld était la clef. Les revêtements terrassés qui faisaient de chaque verger de ce village une espèce de citadelle, les feux croisés qu’on y avait établis, l’élite des. troupes anglaises, hanovriennes et hessoises qui le défendaient avec quelques régiments hollandais, l’armée entière qui les appuyait, une pluie froide et presque continuelle qui rendait le terrain impraticable, mille autres obstacles, enfin, dont il fallait triompher pour forcer les retranchements de Lawfeld, semblaient rendre inexpugnable la position des ennemis. Le maréchal de Saxe n’en résolut pas moins de livrer bataille, certain qu’une victoire seule pouvait lui ouvrir les portes de Maestricht.

Le 2 juillet 1747, la bataille s’engagea à dix heures du matin, et dura jusqu’au soir. Un corps de troupes placé sous les ordres du comte de Clermont fondit sur le village fortifié, tandis que le maréchal de Saxe, à la

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lête de quelques régiments, l’assaillait sur un autre point. Les retranchements furent vaillamment défendus, et ce ne fut qu’après six attaques meurtrières que les positions furent enlevées. Les Anglais se distinguèrent surtout par une opiniâtre résistance ; eux seuls balançaient encore la victoire, lorsque des cris de triomphe retentissant tout autour d’eux leur annoncèrent la prise de Lawfeld. Ils se résignèrent enfin à battre en retraite, mais en bon ordre, et se retirèrent sous les murs de Maastricht. La cavalerie angio-hanovrienne se signala par des charges brillantes, qui furent accueillies par nos soldats avec la plus héroïque impassibilité ; elle finit par être rompue et écrasée, mais sa vaillante conduite donna au duc de Cumberland Je temps d’opérer sa retraite avec le gros de l’armée et de repasser la Meuse. Le comte d’Estrées poursuivit les ennemis et leur lit un grand nombre de prisonniers, parmi lesquels se trouvait le général Ligonier, né sujet français. Louis XV ne le traita pas moins avec beaucoup de bienveillance ; il le fit même manger à sa table, et il lui adressa les paroles suivantes, qui eussent bien dû servir de leçon à Mme de Pompadour : « Général, ne vaudrait-il pas mieux songer sérieusement à la paix que de faire périr tant de braves gens ? » Nous avions perdu 5,000 à e,000 hommes, les ennemis 10,000, 29 pièces de canon, et une foulu de drapeaux et d’étendards. Toutefois la victoire ne fut pas assez complète pour permettre d’entreprendre le siège de Maestricht, en présence d’une armée que la défaite n’avait pas démoralisée. Dans l’impossibilité de la déloger de ses positions, le maréchal avisa aux moyens de l’y retenir et de faciliter ainsi la conquête du Brabant ; il envoya Lowendahl faire le siège de Bergop-Zoom, dont la brillante conquête le dédommagea de l’inutilité de ses efforts contre Maestricht. V. Beiig-op-Zoom (siège de).

LAWI s. in. (la-oui). Philol. Nom de la deuxième lettre de l’alphabet éthiopien, répondant à notre l.

I.AWCESTINE (Charles - Anatole - Alexis, marquis du), général, né à Paris en 1786, mort dans la même ville en 1870. Il était petit-ills de Mmu do Genlis et filleul de Louis-Philippe. Élève de l’École militaire de Fontainebleau (1804), il entra dans les dragons, fit les campagnes d’Allemagne, passa en 1808 en Espagne, fut grièvement blessé à Almoracid et devint aide de camp de Sébastian ! . Pendant les campagnes de Russie (1812) et de Saxe (181.3), Lawœstine se conduisit brillamment. Nommé chef.d’escadron après la bataille de Leipzig (1813), colonel de chasseurs après les combats d’Areis-sur-Aube et de Saint-Dizier (1814), où il donna de brillantes preuves de son courage, il quitta le service lorsque Louis XVIII prit possession du trône. Ce fut lui qui, à la suite d’un déjeuner à Tortoni, avec trois autres jeunes colonels de la grande armée, fit donner aux émigrés le nom de voltigeurs de Louis XV. À son retour, Napoléon lui rendit le commandement du 3e chasseurs à cheval, a la tète duquel il fit une charge magnifique sur la cavalerie anglaise pendant la bataille de Waterloo (1815). À la seconde rentrée des Bourbons, Lawœstine donna sa démission, motivée par son attachement à Napoléon, et fut, pour ce motif, exilé de France. Il reprit du service après la révolution do Juillet et devint maréchal de camp en 1S31, lieutenant général en 1841. Mis à la retraite en 1848, il fut remis en activité par Louis Bonaparte (1849), qui lui donna, peu avant le coup d’Etat, le commandement de la garde nationale de Paris, et l’appela à siéger au Sénat en 1852. M. de Lawœsdue était, depuis 1863, gouverneur des Invalides lorsqu’il mourut.

LAWRENCE, ville des États-Unis d’Amérique, dans l’État de Massachusets, à 20 kilom. N. do Boston, sur la rive droite du Merrimac ; 12,000 hab. Manufactures de laine et de coton, fonderies, ateliers de construction ; vastes établissements industriels. Hôtel de ville remarquable.

LAWRENCE (Jean), agronome anglais, né a Colchester en 1753, mort en 1839.11 montra une précoce intelligence qui fut probablement, chez lui, la cause d’une affection nerveuse et d’un affaissement momentané dans le développement des facultés. Forcé par sa mauvaise santé d’habiter la campagne, après un séjour à Londres, il s’adonna à l’économie rurale, se créa une belle fortune, propagea les comités agricoles et acquit un assez grand renom par ses écrits. Nous citerons de lui : les Droits et les remèdes ou Théorie et pratique de la politique, ouvrage dans lequel il adopte les idées politiques de J.-J. Rousseau ; Traité philosophique et pratique sur les chevaux et les decoirs de l’homme envers les êtres animés (Londres, 1798, 2 vol. in-8") ; Mélanges, recueil de morceaux littéraires et philosophiques (1804) ; Histoire du cheual et de la décadence de l’espèce chevaline (Londres, 1810) ; 'Traité général de l’administration de la maison rurale (Londres, 1802) ; le Moderne cultivateur (1802), etc.

LAWRENCE (Thomas), célèbre portraitiste anglais, né à Bristol en 17G9, mort à Londres en 1830. Son père avait essayé un peu de tous les métiers, surtout de celui de comédien, dans lequel il n’avait pu réussir, et il termina sa carrière à Oxford, où il tenait un

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cabaret. Dès l’âge de six ans, le jeune Thomas Lawrence étonnait les clients de son père par sa grâce et sa facilité à réciter les vers ; à dix ou douze ans, il dessinait au crayon des fantaisies et des portraits où perçait déjà un germe de talent. Il croyait toutefois que sa vocation véritable était au théâtre, et il s’engagea dans une troupe, à Bath, où il joua Jaffier, de Venise sauvée ; une cabale montée par son propre père le fit échouer. Il partit pour Londres et en revint à ses crayons. Il montrait une telle habileté, que son atelier fut bientôt fréquenté par toute l’aristocratie ; il trouva du reste dans Reynolds un maître et un protecteur bienveillant. Reynolds lui apprit à peindre et se vit presque dépassé de prime saut. En 1789, à peine âgé de vingt ans, Lawrence peignit, dans la fleur de sa surprenante beauté, la célèbre actrice miss Farenc. Résolu d’attirer sur lui les regards du public élégant, il chercha, dans les portraits qu’il était chargé de faire, la manière de les rendre excentriques sans nuire à la beauté qu’il voulait toujours donner à ses modèles. Le portrait de iniss Farenc, la célèbre actrice, étonna toute l’aristocratie de Londres ; l’actrice avait de

beaux bras : Lawrence la représenta les bras nus et les mains cachées dans un manchon. En France, pays rationaliste, on aurait accablé le peintre, et un Biderot n’aurait pas manqué de faire ressortir l’absurdité de la nudité des bras et du manchon de fourrure ; en Angleterre, pays du positivisme et de l’excentricité, ce portrait fit fureur, et toutes les ladies voulurent avoir les bras nus, comme mis Farenc. « Ce jeune homme commence comme je finis, » dit à ce propos le vieux Reynolds. Lawrence était lancé ; en 1791, il fut nommé associé honoraire de l’Académie, puis, à la mort de Reynolds, premier peintre du roi. Il devint un personnage considérable ; les modèles affluèrent, et les guinées aussi. Le portrait en pied de miss Siddons (1797) porta à son comble sa réputation. Il crut pourtant devoir modifier sa manière, lorsqu’il se vit reprocher par Hoppner, un de ses rivaux, la désinvolture, poussée presque jusqu’à l’indécence, de quelques-uns de ses portraits. La pureté d’aspect et d’exécution de ceux de Hoppner le piqua d’émulation, et son talent un peu trop fashionable y gagna. Mais, en dépit de ses efforts, il ne put jamais s’éloigner beaucoup, dans ses portraits de femmes, du genre dans lequel il excellait ; aussi, vingt ans plus tard, le célèbre poète Samuel Rogers disait : « Je choisirais Philips (portraitiste d’un goût sévère et châtié) pour peindre ma femme, et Lawrence pour peindre ma maîtresse. » Loin de s’alarmer de la façon dont Hoppner avait caractérisé le genre de leur peintre favori, les élégantes assiégeaient en foule son atelier, pleines d’indulgence et de pardon, pourvu qu’il les fit belles. Il peignit k cette époque un grand nombre de femmes du monde, pour la plupart célèbres par leur beauté. Hommes politiques, postes, artistes, savants, tout ce que l’Angleterre comptait d’illustre reçut une vie nouvelle, grâce à son pinceau. De tous ses portraits, les plus réussis sont ceux de Daring, - de Lord Aberdeen, de Lady Cooper, de Miss Arbuthnot et de la Duchesse de Suderland. Ses portraits de mères parées de leurs enfants so placent en première ligne, et, à ce titre, la Comtesse G.ower, Lady G. Eltis, la Marquise de Londonderry doivent compter parmi ses chefsd’œuvre.

George IV le chargea de peindre, pour la galerie de Windsor, moyennant une rente annuelle de 25,000 livres, les portraits de 1 tous les héros controversés du grand hasard de Waterloo, » suivant l’expression de M. Charles Blanc. Il fit tous ces portraits, parmi lesquels ceux àeWellington, de Dlûcher, de l’Empereur Alexandre, du Moi de Prusse. Durant le voyage qu’il dut pour cela faire en Europe, il peignit, en outre, le pape Pie Vif, Charles X, la Duchesse de Derry, etc. « Ces derniers portraits, dit Charles Blanc, ne sont

fias sans défaut ; Charles X a, chez Lawrence, a tournure d’un lord de la trésorerie ; le souverain pontife a le sourire anglican d’un évoque de Cantorbéry, et il semble que la pommade anglaise, avec ses parfums et Ses mensonges, ait rehaussé l’éclat des chevelures. ■ George IV donna à Lawrence un collier avec une médaille d’or, comme jadis Charles lor l’avait fait pour le grand Rubens. Lawrence n’eut rien à envier ; il fut tout ce qu’il pouvait être : président de l’Académie royale de Londres, membre de celles de Florence et des Etais-Unis, décoré de tous les ordres, même de la Légion d’honneur, par Charles X. Ses derniers, portraits furent ceux de Wulter Scott, Curran, Astley Cooper, Sir IJumphry Davy, Lord Grey, Canning, Castlereagh, Aberdeen, William Pitt. À Londres, les peintres avaient l’habitude d’afficher leurs prix à leurs portes ; on ne lira pas sans intérêt ceux de sir Lawrence : a La tête de trois quarts, 200 guinées ; le portrait à mi-corps, 400 guinées ; à mi-jambes, 500 guinées. »

Lawrence était l’homme à la modo : il faisait des vers galants ; il eut beaucoup de succès dans le monde, et quelques-uns lui furent reprochés, comme d’avoir fuit mourir d’amour une ou deux miss sentimentales et d’avoir comparu, comme témoin à décharge, dans le scandaleux procès de la reine Carofine. Il eut cependant une affection sincère

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pour la femme d’un consul danois nommé Wolfe ; il succomba, dit-on, à la tristesse

?ue lui donna la mort de cette dame. Il n’a

ait qu’une seule couvre qui ne soit pas un fiortrait : ce sont deux enfants qui se réveilent dans les bras l’un de l’autre. Cette composition a été gravée à la manière noire par Georges Doo, sous ce titre : la Nature. Lawrence mourut le 30 janvier 1830, en écoutant lire les éloges du poète Camphell sur le sculpteur Flaxman. Lawrence était un Boucher travaillant dans le grand, mais préférant le chatoiement du velours noir à celui de la chair, quelque chose comme un Boucher funèbre. Voici des renseignements sur la manière de travailler du maître anglais, fournis par M, Feuillet de Couches, qui fut un de ses amis : « En moins de sept à huit minutes, sa main alerte avait esquissé la crayon, frappant de ressemblance, d’un dessin qui n’était dépourvu ni de liberté ni d’élégance et de grâce, suivant le personnage. Plus tard, il se ressentit toujours de cette pratique de sa jeunesse, et, a. l’époque de sa grande carrière, il se plaisait à faire, à la pierre d’Italie rehaussée de blane, de ces légères esquisses où il se livrait à toute la verve d’un premier sentiment. Cette habitude des deux crayons était même si forte, qu’il l’étendit à ses tableaux à l’huile, et qu’il exécutait de lu sorte, sur le canevas, son dessin, presque terminé, avant de l’empâter de couleurs. C’est toujours ainsi qu’il procéda jusqu’à la fin de sa vie, couvrant la toile de deux portraits, dont l’un devait se perdre sous l’autre ; mais trop souvent, il faut le dire, le fini fit regretter l’expression plus vraie et plus saisissante du premier jet. » Nous emprunterons à M. Chesneau un jugement général sur l’œuvre et la manière de Lawrence :

« Lawrence est un Reynolds aminci ; comme lui, et bien plus que lui encore, il ne procède que par artifices. Il dissimule ses faiblesses très-nombreuses et simule à ravir les plus brillantes qualités. Il n’est point dessinateur, et ses figures sont vivantes ; il n’est point coloriste, et ses figures ne manquent pas d’un certain éclat harmonieux. Il n’a jamais compris la force ni la vérité. Toujours et partout, il triche. La beauté simple ne letouche pas. Il veut la femme élégante, distinguée. Il lui donne des carnations lymphatiques, roses, bleues, creuses surtout, et sans dessous. Et les femmes se trouvent ravissantes, ainsi travesties. Il a le culte de la toilette. Les falbalas, les fourrures, les volants, la taille plus ou moins haute, le chignon plus ou moins relové, des bandeaux ou des spirales, voilà ce qui le préoccupe d’abord. Ce n’est plus Gainsborough ni Reynolds, mais particulièrement le premier, ne reculant devant aucun caprice de la mode, et trouvant si vite les grandes lignes qui l’affranchissent de son caractère éventuel. Au contraire, Lawrence invente lui-même la mode de demain ; il fixe sur une toile qui durera des siècles un ajustement, une coupe d’habit qui ne durera qu’un jour... Il eut un genre de génie qu’on ne dédaigne point chez un peintre, mais qui a besoin d être vigoureusement soutenu par de plus sérieuses qualités : il eut le génie de la grâce et du chillon. Sachons-lui gré toutefois d’avoir pris l’exacte mesure do ses qualités, et de n’avoir point tenté de s’élancer dans les vagues régions de l’histoire. Lawrence nous intéressera, nous occupera toujours, parce qu’il a su laisser dos témoignages un peu fardés, mais vivants sous leur fard, de son temps, de son pays et do ses contemporains. »

LAWRENCE (Jaraes), littérateur anglais, né à la Jamaïque en 1774, mort à Londres en 1841. Il lit d’assez longs voyages en Allemagne, en France, etc., pondant lesquels il prit le titre de chevalier do Lawrence, acquit une connaissance approfondie de plusieurs langues et publia divers ouvrages, dont les principaux sont : l’A nu du cœur, pouino ; l’Echappé d’Eton, recueil de mélanges en prose et en vers ; l’Empire des noirs ou les Droits de la femme (Paris, 1807, in-12), livre que Lawrence a successivement publié on allemand (1801), en français et en anglais (1811), et qui fut saisi sous l’Empire, par la police française, comme attentatoire aux mœurs ; l’Anglais à Verdun ou le Prisonnier de paix, drame (1813) ; De la qualité de gentilhomme en Angleterre (1824, m-8<>), ouvrage rempli de piquantes anecdotes sur l’aristocratie de son pays.

LAWRENCE (William), chirurgien anglais, né vers 1785, mort en 18G7. Après avoir pris ses grades à Londres, il devint successivement membre de la Société royale (1813), professeur de médecine opératoire au collège des chirurgiens (1815), directeur d’un service à l’hôpital Saint-Barthéleniy (1819), professeur à la clinique de l’hôpital ophthalmique, président du collège des chirurgiens et membre de plusieurs autres sociétés savantes anglaises et étrangères, notamment de l’Académie des sciences de Paris, qui l’admit, en 1863, au nombre de ses membres correspondants. Lawrence n’a fait faire à la science aucun progrès marqué ; mais il s’est acquis un assez grand renom en s’attachant à propager les réformes médicales, les idées nouvelles, et on attaquant avec vigueur les préjugés de ses confrères. À ce point de vue, il a rendu des services importants et il a con-