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était-il très-fréquenté, et ses élèves devinrent bientôtsi nombreux, qu’ils formèrent une école d’où sont sortis quelques peintres distingués.

LAUREXINIQUE ndj. m. (lo-ré-ksi-ni-ke). Se dit d’un acide eristallisable volatil, que l’on extrait de l’écorce du mélèze.

LAUREY s. m. (lo-ré). Ornith. Variété du lori à collier.

LAURI ou DES LAURIERS (Balthasar), peintre flamand, né à Anvers vers 1570, mort à Rome en 1642. Il se rendit, tout jeune dans cette dernière ville, où il se maria et passa le reste de sa vie. Lauri avait reçu les leçons de son Compatriote Paul Bril, dont il adopta la manière. Il fut un des premiers paysagistes de son temps. — Son 111s, François Lavjr :, né à Rome en 1610, mort en 1635, fit de rapides progrès sous André Sacehi, visita l’Italie, la Hollande, l’Allemagne, la France, donna la preuve d’un talent plein de feu et d’originalité, et fut enlevé par une mort prématurée. Son ouvrage le plus important consiste en trois Déesses, peintes à fresque dans le palais Crescenzi, à Rome.

LAUH1 (Philippe), peintre italien, frère du précédent, né à Rome en 16Ï3, mort dans la même ville en 1694. Élève d’Angelo Caroselli, il débuta par de petits tableaux de genre, dont il emprunta les sujets aux légendes bibliques et à la mythologie. C’étaient des paysages pittoresques, d’un coloris un peu terne, mais pleins de lumière, et animés de petites figures finement exécutées. Ces premières productions furent accueillies favorablement. Toutefois, désireux de montrer qu’il pouvait se livrer avec un égal succès k la grande peinture, il se mit à peindre dans l’église de la Paix, à Rome, Adam et Eve, de grandeur colossale ; mais il ne réussit qu’à produire une œuvre complètement ; manquée. À peu près à la même époque, il exécuta, encore en de vastes proportions, plusieurs fresques dans le palais Borghèse. C’étaient des paysages : aussi sotit-il moins mauvais que l’Adam et Eve ; mais ils sont très-inférieurs à ses petits tableaux. C’est dans ses œuvres de petite dimension que Lauri a donné la véritable mesure de son talent. Sa Venus entourée des Saisons du palais Doria, par exemple, est une création charmante, pleine de poésie et d’humour. Elle est supérieure au Sacrifice du dieu Pan et au Saint Français du Louvre, qui sont pourtant d’excellents petits tableaux. Le musée de La Haye possède, de cet artiste, un Paysage avec des nymphes d’une délicatesse exquise. On voit à Vienne une Fuite en Égypte, où le paysage triste et sévère est d’un caractère saisissant. Cet excellent peintre de genre compta parmi ses amis Claude Lorrain, qui lui fit exécuter la plupart des figures qu’on admire dans ses toiles radieuses. Les dessins de Lauri sont nombreux et superbes. Le Louvre n’en possède qu’un très-petit nombre ; mais on en voit à Rome une fort belle collection.

LA UHI A, viKe d’Italie, dans l’ancien royaume de Naples (Basilicate) ; 7,800 hab.

LAUR1A (François-Laurent, de Brancati, cardinal de), théologien italien, né à Lauria (Basilieaie) en 1611, mort k Rome en 1693. Il entra dans l’ordre des cordeliers, et reçut d’Innocent XI le chapeau de cardinal. Ses principaux ouvrages sont : des Comment/lires sur les sentences de Scot (8 vol., in-fol.), et un traité De prxdestinatione et réprobations (Rome, 18S8, in-4"), dans lequel il adopte les théories de saint Augustin sur la grâce.

LAURIA ou LORIA (Roger). V. Loria.

LAUR1ANO (Augustin-Tribonius), historien roumain, né en Transylvanie vers 1815. Il professa d’abord la philosophie à Bukarest, prit une part active aux mouvements politiques qui eurent lieu en Transylvanie en 18*8 et fut nommé, en 1851, par le prince Ghikn, inspecteur des écoles moldaves. Nous citerons de lui : Teiitamen erilicum in tinijuamromanicum (Vienne, 1840) ; Jstoria romunitor (Jassy, 1843) ; Coup d’œil sur l’histoire des Roumains des deux Ducies (Bukarest, 1846), écrit en roumain, en français, en allemand et en latin. Il a rédigé et publié avec M. Balcesco, de 1844 à 1847, un recueil périodique intitulé : le Magasin historique de la Dacie (4 vol., in-8o), et il a dirigé pendant quelque temps une revue scientifique et littéraire, l’Universel.

LAURICESQUE ou LAUR1SSERGUES (Antoine), sieur DB Lagarouste, mécanicien français, né près de Kigeae (Lot) en 1644, mort en mo. Il s’adonna avec passion à l’étude des mathématiques, de la physique, de la mécanique, et exécuta un grand nombre d’instruments et de machines aussi utiles qu’ingénieuses. Lauricesque passa sa vie en province, se bornant à faire de temps à autre des voyages à Paris pour présenter k l’Académie des sciences les produits de son esprit inventif. Nous citerons de lui le beau Miroir ardent, qui lui coûta plusieurs années de travail, et qu’on voit à l’Observatoire, un Chariot inversable, qu’il inventa pour envoyer son miroir à Paris, un Moulin à bras pour les places de guerre, une Machine pour curer les ports, qui futemployée avec succès à Toulon en 1703, un Bateau à vingt-quatre rames, muni d’une machine, et qu’il suffisait de quatre hommes pour faire mouvoir. Lauricesque avait représenté, en outre, sous le nom de Pandohjre, Apollon, les Muses et cinquante

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nymphéa, dont trois jouaient de la flûte et deux de la harpe. Lorsqu’on touchait des claviers, placés au-dessus de ce Parnasse, toutes les figures se mettaient en mouvement ; Apollon et les Muses chantaient, pendant que les nymphes jouaient de leurs instruments. Ce chef-d’œuvre de mécanique n’a été dépassé que par les automates de Vaucanson.

LAUR1COCHA, ville de l’Amérique du Sud, dans la république du Pérou, département de Lima, près du lac de même nom, à 06 kilom. S.-O. de Guanuco ; 6,000 hab. Aux environs, riche mine d’argent de Pasco. Le lac de Lauricocha a 13 kilom. de longueur sur 3 kilom. de largeur ; il s’écoule par la Tugaragua, qui forme l’Amazone avec l’Ucayale.

LAURIDIE s. f. (lo-ri-di — dimin. du lat. laurus, laurier). Bot. Syn. d’ÉLÉODENDRON.

LAURIDSEN (Niels), érudit et poète danois, mort en 1579. Il était rils d’un évêque, qui le fit entrer dans les ordres. Lauridsen professa ensuite la littérature k Copenhague et se fit connaître par des poésies grecques et latines. Nous citerons de lui : Catechesis chrisliana (Wittemberg, 1574, in-8o), en vers latins ; Historia nativitatis (Wittemberg, 1574, in-4»} ; Cantina Marin, Zacharis et Suneonis (Wittemberg, 1575, in-4"), en vers grecs, ainsi que l’ouvrage précédent. — Son frère, Huns Lauridsen, mort en 1605, est surtout connu sous le nom û’Amerinus. Il s’adonna à la médecine et cultiva la poésie latine. On lui doit, entre autres écrits : Curmina (Wittemberg, 1578, in-8o) ; llipensium episcopormn, séries (Copenhague, 1591, in-4o).

LAURIE s. f. (lo-ri). Moll. Genre de mollusques terrestres, formé aux dépens des maillots, et comprenant les espèces dont la coquille est ombiliquèe.

LAURIER s. m. (lo-rié — lat. Munis, même Sens), Bot. Genre d’arbres et d’arbrisseaux, type de la famille des laurinées : Le Laurier est an des plus beaux genres du renne vénétal. (Bosc.) *,

Et que m’importe encor le tombeau de Virgile, Et l’étemel laurier auquel je ne crois pas ?

Sainte-Beuve.

Ce tanner, c’est Daphné, chère au dieu qui l’adore. Sous l’écorce vivante elle palpite encore ; Ses brus tendus encore agitent ses rameaux.

Parseval-Graudmaison.

Il Laurier alexandrin, Nom vulgaire d’une espèce de fragon. Il Laurier-amande, laurieramandier, laurier au lait, laurier-cerise, laurier d’Espagne, Nom vulgaire d’une espèce de cerisier. Il Laurier d’Apollon, laurier noble, Noms poétiques du laurier commun. Il Laurier aromatique, Nom vulgaire du brésillet. Il Laurier des /roquais, Nom vulgaire du sassafras.

Il Laurier épineux, Nom vulgaire d’une variété de houx. Il Laurier-épurge, Nom vulgaire du daphné lauréole. Il Laurier grec, Nom vulgaire de l’azédarach. Il Laurier de mer, Nom vulgaire d’une espèce de phyllanthe. || Laurier odorant, Nom vulgaire de la plumiérie rouge, il Laurier de Portugal, Nom vulgaire du cerisier de Portugal, Il Laurier-rose, Nom vulgaire du genre nérion. 11 Laurier-rose des Alpes, Nom vulgaire du rhododendron des Alpes. Il Laurier rouge, Nom vulgaire de la plumiérie rouge. Il Laurier de Saint-Antoine, Nom vulgaire de l’épilobe. Il Laurier-sauce, Nom vulgaire du laurier commun, n Laurierlin, Nom vulgaire de la viorne-tin. Il Lauriertulipier, Nom vulgaire des mugnoliers.

— Par ext. Branche de laurier commun -, Apportez ks lauriers, les palmes des vainqueurs,

Delille.

— Fig. Victoire, gloire, succès, triomphe : Les guerres et les conquêtes produisent toujours beaucoup plus de larmes qu’elles ne font naître de laurikrs. (Boss.) Une mauvaise action cachée sous des laurikrs n’en est pas moins odieuse. (Rcveillé-Parise.)

Quels lauriers me plairont de son sang arrosés ?

Racine.

Le sommeil est permis, mais c’est sur des laîiricrs..

Voltaire.

De tout laurier un poison est l’essence.

ISÉRANOER.

Aux plus fameux auteurs, comme aux plus grands guerriers

Apotlon ne promet qu’un nom et des Muners.

BoiUSAU.

La noire calomnie

Flétrit de ses poisons les lauriers du génie.

C, Delavigne.

Cueillir, moissonner des lauriers, Remporter des victoires : Comment se fait-il que tes Français, si fiers de leur gloire militaire, payent des gens pour se battre en leur place, et fassent moissonner les lauriers, comme faire leurs foins, par des hommes de peine et des domestiques à gages ? (A. Karr.)

S’endormir sur ses lauriers, Ne point poursuivre une carrière glorieusement commencée.

Se reposer sur ses lauriers, Jouir d’un repos mérité par des succès éclatants et nombreux.

— Blas. Meuble de l’écu qui représente un arbrisseau à feuilles longues et pointues, dont la tige parait unie et sans nœuds, et qui est le symbole de la victoire : Bagar, en JJauphiné ; D’argent au laurier arraché de sinople, traversé d’un sautoir alaise de sable, côtoyé de deux étoiles de gueules en chef.

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— Eneycl. Les lauriers sont des arbres ou des arbrisseaux, généralement imprégnés dans toutes leurs parties de sucs et d’huiles aromatiques. Ils ont des feuilles alternes, le plus souvent persistantes, entières, lisses, luisantes et d’un vert foncé en dessus, plus pâles en dessous. Les fleurs, ordinairement hermaphrodites, -quelquefois déclines par avortement, petites, verdâtres, peu apparentes, sont le plus souvent groupées à l’extrémité des rameaux, plus rarement solitaires k l’aisselle des feuilles. Elles sont dépourvues de corolle, et présentent un calice campanule ou étalé, de quatre k six divisions profondes, ordinairement concaves ; neuf étamines (rarement six ou douze), à filets libres, aplatis, insérés à la base des divisions du calice ; un ovaire libre, à une seule loge uniovulée. Le fruit est Un drupe sec ou charnu, renfermant une graine k tégument mince, sans albumen. Ce genre, par suite des démembrements qu’il a subis, ne renferme plus qu’un assez petit nombre d’espèces, qui croissent dans les régions chaudes et tempérées du globe, mais que l’on cultive aujourd’hui fréquemment dans les jardins, k cause de l’élégance de leur port et de la beauté de leur feuillage. L’une d’elles surtout est célèbre dès la plus haute antiquité et mérite que nous en parlions avec quelques détails.

Le laurier noble (laurus nobitis), appelé encore laurier franc, laurier d’Apollon ou des poêles, quelquefois aussi désigné sous les noms plus prosaïques de laurier d jambon ou laurier-sauce, est un arbre d’environ 10 mètres, à tige cylindrique, régulière, divisée en rameaux droits, qui portent des feuilles alternes, coriaces, "glabres, d’un beau vert foncé en dessus, persistantes, et des fleurs jaune verdàtr’é, groupées en petits bouquets axillaires. Le fruit est un drupe ovoïde, noir, un peu charnu, renfermant une graine blanche, k tégument mince, mais assez solide. Le laurier habite les régions tempérées et même assez chaudes de l’ancien continent ; il est très-répandu au pourtour du bassin méditerranéen. Aux Canaries et en Orient, il

devient très-grand et forme des forêts assez étendues. Il peut croître en plein air, avec quelques soins et à une bonne exposition, jusque sous le climat de Paris ; mais il reste beaucoup plus petit. Il préfère un sol léger et sec. On le multiplie de graines, qu’il faut semer aussitôt après leur maturité, car elles rancissent vite et perdent promptement leur faculté germinaiive. Dans le Midi, on peut semer en pleine terre sur une plate-bande bien exposée et bien abritée ; mais il faut couvrir les jeunes plants, durant l’hiver, avec de la fougère ou des feuilles sèches, ou bien encore avec un paiilis. Dans le Nord, on sème en terrines qu’on place sur couche et sous châssis au printemps suivant ; l’année suivante, on repique les jeunes plants en pots, que l’on rentre en orangerie pendant les trois ou quatre premiers hivers ; après quoi, on peut les mettre en pleine terre. V. ne faut pas choisir pour cela l’exposition la plus chaude, car le laurier ainsi placé entrerait de bonne heure en végétation et serait endommagé par.les gelées tardives ; il vaut mieux le planter k l’aspect du nord. Dans les contrées septentrionales, cet arbre exige l’orangerie ou la serre tempérée durant l’hiver ; on le tient alors en caisses, qu’on doit remplir d’une terre très-substantielle, parce qu’il absorbe beaucoup par ses nombreuses racines. On peut encore multiplier le laurier par ses rejetons, qu’il produit en abondance k sa base, ou bien encore de boutures et de marcottes. 1 Le laurier, dit V. de Bomare, était très-célèbre chez les anciens : les généraux romains victorieux étaient couronnés de laurier dans leurs triomphes, ou ils en tenaient une branche à la main comme signe de la victoire ; les tentes, les vaisseaux, les lances des soldats vainqueurs, les faisceaux, les javelots en étaient ornés ; on s’en servait pour les cérémonies religieuses, on l’employait comme instrument de divination j ou attribuait au laurier la propriété de n’être jamais frappé de la foudre, de garantir le blé de lu. nielle, etc. On en faisait usage pour des remèdes ; de la, selon toute apparence, la coutume d’orner de couronnes de laurier les statues d’Esculape. Le laurier était encore consacré à Apollon ; l’amour que ce dieu avait pour la.nymphe Daphné est la raison qu’en donnent les mythologistes. Aujourd’hui, en quelques endroits, on couronne d’une branche de laurier chargé de ses baies les nouveaux docteurs en médecine : il semble même que les noms de bachelier et de baccalauréat tirent leur origine de baccx lauri. Cet arbre était célèbre dans la médecine des anciens ; on le regardait comme une panacée universelle. » De nos jours encore, le laurier a conservé sa signification symbolique ; dans certains pays catholiques, ou en porte des branches k la main, k la procession du dimanche des Rameaux. Si l’arbre ne figure plus aussi souvent par lui-même, on le trouve fréquemment représenté sur les portraits des grands hommes, sur les diplômes, les sceaux, les médailles et les monnaies. Sa réputation médicale a aussi bien diminué. Toutes ses parties sont considérées comme excitantes, pt administrées dans certains eau d’atonie et de débilité générale ; ses feuilles ont été plus spécialement conseillées dans l’inappétence, la faiblesse de l’estomac, l’aménorrhée, le ca- ! tarrhe pulmonaire, etc. On les administre ■

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tantôt en infusion dans l’eau, tantôt dans du vin ou de la bière. Les fruits jouissent de propriétés analogues, mais plus actives. C’est un remède populaire comme emménagogue. On en retire une huile et on en prépare un onguent, qu’on emploie beaucoup à l’extérieur contre les douleurs rhumatismales. On s’en sert aussi quelquefois pour le pansement des plaies et des ulcères atoniques. Ces fruits entrent encore dans quelques préparations pharmaceutiques, telles que le baume de Fioravanti, l’eau thériacale, l’esprit carminatif de Sylvitis, etc.

Les diverses parties du laurier trouvent quelques applications dans l’industrie et l’économie domestique. Le bois est assez dur, souple, flexible, difficile k rompre ; on en fait de petits meubles et des objets d’art, qui conservent longtemps une odeur agréable ; le.e rameaux servent à faire des cercles ou des cereeaux pour les petites futailles ; tes anciens en fabriquaient leurs arcs. Les feuilles forment un condiment d’un usage fréquent pour aromatiser les sauces et les ragoûts, dont elles relèvent la saveur. Les fruits ou baies servent quelquefois au même usage ; on les employait autrefois pour la teinture, et on les utilise encore aujourd’hui pour la parfumerie. Ces baies donnent par expression une huile concrète, verdâtre, d’une consistance analogue k celle du beurre, et fortement aromatique. On retire aussi des feuilles une huile essentielle. Dans les pays où il croit naturellement, le laurier sert k faire des haies et des palissades. On le trouve assez souvent dans les jardins d’agrément, où il produit un bel effet ; on le plante isolé, ou plus fréquemment dans les massifs ; il présente plusieurs variétés intéressantes, k feuilles larges ou étroites, k feuilles planes ou ondulées, ou panachéesde jaune ou de blanc, etc.

Par son arôme très-prononcé, comme par ses propriétés énergiques, le laurier ne pouvait manquer d’appeler l’attention des chimistes. Bonastre a trouvé dans ses fruits : de l’huile volatile, de la laurine, de la laurane, une huile grasse de couleur verte, de la cire, une huile liquide, do la résine, de la fécule, un extrait goniineux, de la bassorine, une substance acide, du sucre incristallisable et de l’albumine. D’après Maison, la laurine, qui forme la partie solide de l’huile de laurier, constitue une matière grasse particulière ; elle est blanche, cristalline, peu soluble dans l’alcool et l’éther froid, très-soluble dans l’alcool bouillant, et fond a 45". La laurane ou lauro-stéarine (triluurine ou laurétine de quelques chimistes) est un principe eristallisable très-amer. La matière grasse peut être extraite au moyen du sulfure de carbone. On y a signalé aussi un sel, le taurélate de potassium, etc.

Le laurier a joué un grand rôle dans l’histoire, dans la légende, dans la poésie. On pourrait remplir bien des pages avec les extraits des auteurs qui en ont parlé. Contentons-nous de citer quelques passages du naïf Antoine Mizauld, qui écrivait vers la fin du xvio siècle ; nous conserverons religieusement le style de l’auteur et l’orthographe du temps. « Le laurier qui est proprement dédié aux triomphes : et comme dit Pline, le huissier des empereurs et des pontifes et semer de parure et tapisserie k leurs palais, et d’embellissement en leurs portes : se pourroit iustement plaindre de moy, si ie l’oubliois en ce discours et récit des remèdes des arbres, mesmement veu qu’il est non seulement cogneu par son nom entre les François, mais aussi diligemment cultiuéj et bien chéri. Je trouue donc ma plume pour en escrire et suis délibéré d’en discourir assez amplement, et un peu dauantage que ie n’ay pas fait des arbres précédens : tant k cause de son excellence, que pour ce aussi qu’en nostre traicté des secrets des iardins nous n’en auons pas touché vn seul mot. Mais soit assez parlé, il faut venir au faict.

Apollon),

Mon laurier tu seras tousiours a. moy sacré (dit Verd en toute saison : et mon arc et ma lire Seront faits de ton bois ; tu seras consacré Pour servir aux triomphes da ceux qui leur empire Ont orné de victoire, non de fureur et d’ire. L’entrée des grands palais ta présence ornera Et gardienne loyalle on t’en renommera ; Comme donc de cheueux mou chef blond est tressé, Ainsi de verds rameaux tu seras entassé, *

Mais revenons à la botanique.

Parmi les autres espèces qui appartiennent ou ont appartenu k ce genre, nous citerons : 10 l’avocatier et le camphrier ; Z° le cannellier, auquel se rattachent le laurier-cassier et le culilaban (v. cannellier) ; 3° le laurier à longues feuilles (laurus mala bathrum), qui serait aussi mieux k sa place dans les cannelliers ; il diffère du vrai cannellier, seulement par ses feuilles très-longues, plus étroites, marquées de trois nervures longitudinales ; il est originaire de l’Imle ; on emploie ses feuilles en pharmacie ; elles entrent dans la composition de la thériaque ; d’après Bergius et Guibourt, ce serait cette espèce, et non le cassier, qui fournit l’écorco connue, dans la matière médicale, sous les noms de cassia lignea, cannelle de Java ou du Malabar, etc. ; 4" le laurier pichurim, arbre de l’Amérique du Sud, qui fournit les fruits appelés dans le commerce fèves pichurim ou pichonim, noix de sassafras, muscades de Para, etc. ; t>° le laurier rouge ou de Bourbon, arbre de moyenne