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en France, à l’âge de quatre ans, par son père, qui, attaché comme médecin au roi Joseph, lut obligé de s’expatrier à la chute de ce prince. Le jeune Larra rentra en Espagne avec sa famille en 1817. Il débuta, à dix-huit ans, par des poésies, mais attira sur lui tous les regards, en 1820, par un écrit satirique, Et Duende satirico, et surtout, en 1832, par la publication de El Pobrécito kablador (le Pauvre tauseur), pamphlet périodique, où il frondait, avec la verve d’Addison, les hommes et les choses de son malheureux pays. Son journal fut supprimé au quatorzième numéro. Il prit, l’année suivante, la rédaction en chef de la Revue espagnole, et fournit au journal le Monde, sour le pseudonyme de Figaro, une série d’articles humoristiques, d’un Style original et mordant, qui ont été réunis après sa mort sous ce titre : Figaro, coleccion de articulas dramaticos, literarios, etc. (Madrid, 1837, 5 vol. in-8"). Abandonné par une femme qu’il idolâtrait, il se.brûla la cervelle.

« C’est le mérite essentiel de Larra et le vrai sifrne de son génie, dit Ch. de Mazade, d’être 1 humoriste de son siècle et de son pays, de réunir cette ardeur d’inspiration, cette puissance d’analyse, cette souplesse ingénieuse et féconde, cette insouciance des formes ordinaires de l’art, qui sont les qualités générales de l’Aumour, et cet instinct de la réalité qui est particulièrement propre à l’ironie espagnole. Véritable penseur moderne, il prend plaisir à dévoiler les nuances les plus insaisissables de son être, les secrets d’une âme impressionnable et avide de mouvement, d’une intelligence pleine d’éclairs, curieuse de nouveauté et enivrée d’indépendance. Celles-là même de ses œuvres ou se fait sentir la préoccupation des règles, des conditions d’un genre littéraire consacré, et où il semble qu’il y ait le moins de place pour les saillies imprévues de la personnalité, laissent percer quelque chose de cette nature libre et originale, ne fût-ce que par le choix des sujets... L’impartialité n’est point le mérite de cet esprit plus vif que large, plus perçant qu’étendu, qui n’aperçoit d’habitude qu’un côté des questions et ne s’occupe qu’à rechercher le point vulnérable de son ennemi pour y enfoncer l’aiguillon de sa colère ou de son sarcasme. La justice retarderait l’élan de sa pointe acérée... À travers tant d’éclairs de bon sens, de poésie, d’ironie féconde, de vérité, il n’est pas difficile d’apercevoir la passion meurtrière qui envahit peu à peu son ame, mine insensiblement son génie et se décèle par les ébranlements fébriles qu’elle imprime à ses facultés. C’est le scepticisme, un scepticisme d’abord déçuisé sous l’enjouement, sous l’humeur facile, mais qui, au lieu de s’épuiser en se satisfaisant comme un caprice de jeunesse, persiste, s’enracine, s’étend, finit par occuper toutes les avenues de son esprit et de son cœur, et projette son ombre sur tout ce qui l’entoure. Larra, ’on le voit trop au fond, n’eut jamais foi à rien-. Toutes les vérités de ce monde, à son avis, tiendraient sur un papier à cigarette. »

On a de lui plusieurs pièces de théâtre, dont une, la dernière, porte ce titre significatif : Ton amour ou la mort. Il existe plusieurs éditions de ses Œuvres complètes (Madrid, 1843 ; Paris, 1848, 2 vol. in-8<>).

LARRA (Luts-Mariano de), littérateur espagnol contemporain, fils du précédent. Il a été pendant plusieurs années rédacteur de la Gazette de Madrid, et s’est ensuite consacré exclusivement à la littérature dramatique, dans laquelle il s’est fait avantageusement connaître. Nous citerons parmi ses œuvres : Au Palais et dans la rue, drame : le T’aureau et le tigre ; le Col de lâchemise ; les l’rois noblesses ; Qui a un couteau tue ; À la chasse aux eorbeaux ; Un nuage d’été ; Bataille de dames ; l’Amour et l’intérêt ; la Plume et l’épée ; la Colombe et les faucons ; la Plante exotique ; le Roi du monde ; la Prière du soir, etc.

LARRABURE (Raymond), homme politique français, né à Saint-Jeàn-Pied-de-Port (Basses-Pyrénées) en 1799. Il acquit une assez

grands fortune, devint membre du conseil général de son département et fut élu, en 1849, par les électeurs des Basses-Pyrénées, membre de l’Assemblée législative, où il vota ayec la majorité monarchique. Après le coup d’État du 2 décembre, M. Larrabure revint à Pau, dont il fut nommé maire, fit acte d’adhésion à l’Empire et se porta candidat officiel au Corps législatif en 1857. Elu député, puis réélu avec 1 appui de l’administration en 18S3, M. Larrabure prit fréquemment part aux discussions de la Chambre lorsqu’il s’agit de questions relatives à l’agriculture et aux finances. Le 7 juillet 1867, notamment, il prononça un discours qui fut très-remarque et dans lequel il fit un tableau très-sombre de la situation de l’Empire. C’était la première fois qu’un député de la majorité osait tenir un pareil langage, et il produisit une vive sensation. Quelques jours avant les élections générales de. 1869, M. Larrabure fut nommé membre du Sénat, où il siéga silencieusement jusqu’à la fin de l’Empire. Les élections ayant donné h Pau une majorité considérable à l’opposition, il crut devoir donner sa démission de maire. Depuis la révolution du 4 septembre 1870, il est rentré dans la vie privée.

LARIUGA, autrefois Tarraga, ville d’Espagne, prov. et à 20 kilom. S.-O. de Pampe LARR

lune ; 2,000 hab. Aux environs, sources d’eaux minérales.

LARRAGA (Appollinario), peintre espagnol, mort en 172S. Ce fut surtout par l’étude des œuvres de Pedro Orrente qu’il se forma dans son art, et, comme lui, il excella dans la représentation des animaux de tous les genres.

Ses tableaux, qui se trouvent pour la plupart dans les églises de Valence, sa ville natale, sont remarquables par leur coloris, qui se rapproche de celui de l’école vénitienne, et surtout par un savant emploi de toutes les ressources du clair-obscur. — Sa fille, Josepha-Maria Larraga, morte vers le milieu du xvme siècle, étudia aussi la peinture sous sa direction, et acquit un talent remarquable, bien que la difformité de ses mains eût paru d’abord opposer un obstacle insurmontable à ce qu’elle pût manier aisément le pinceau. Elle y parvint cependant, ainsi que le prouvent, du reste, deux de ses toiles, conservées à Valence : un Reliquaire de la Vierge et un Saint Thomas de Villeneuve, dans lesquels on loue la pureté du dessin et la grâce vigoureuse de l’exécution. Maria Larraga se fit surtout une grande réputation comme miniaturiste, et ouvrit à Valence une école où

elle forma de nombreux élèves.

LARRAMENDI (Manuel de), philologue espagnol, né dans le Guipuscoa vers la fin du xviie siècle, mort en 1750. Il entra dans la compagnie de Jésus, professa d’abord les langues anciennes et la rhétorique et fut plus tard appelé à la chaire de théologie du collège de Salamanque, qu’il occupa avec distinction jusqu’à l’époque où il fut choisi pour confesseur par la reine Marie-Anne de Neubourg, veuve de Charles II. Il revint ensuite dans sa province natale et s’y consacra exclusivement à l’étude de la langue basque,

dont il a été le premier à exposer d’une façon théorique les règles fondamentales. On a de lui, en espagnol : l’Impossible vaincu ; l’art de la langue basque (Salamanque, 1729, in-S"), ouvrage qui est loin de tenir tout ce que promet son titre ambitieux, bien que l’on y trouve d’excellents renseignements sur les règles et les formes de cette langue si peu connue ; Discours historique sur l’antique et célèbre Cantabrie (Madrid, 1736, in-S°) ; Dictionnaire trilingue, castillan, basque et latin (Saint-Sébastien, 1745, 2 vol. in-fol.), précédé d’un discours où Larramendi attaque la plupart des grammairiens espagnols et en particulier Grégoire Mayano, qui, en retour,

soutint que c’était dans ses propres ouvrages que Larramendi avait pris tout ce qu’il avait écrit ayant l’ombre du bon sens sur la langue basque ; VAntiquité et l’universalité du basque en Espagne (Salamanque, 174S), écrit dans lequel l’auteur entreprend de prouver que le basque est la langue mère d’où sont dérivés le castillan et ses différents dialectes.

LARRANAGA (Gregorio-Romero), littérateur espagnol, né à Madrid en 1815. Après avoir été pendant plusieurs années avocat dans sa ville natale, il accepta à la Bibliothèque nationale un emploi qui lui permit de satisfaire ses goûts littéraires. Il est membre du Lycée artistique et littéraire, ainsi que de l’Institut espagnol, qui a couronné plusieurs de ses œuvres. Cet auteur, fécond et très-goûté dans son pays, a abordé à peu près tous les genres et s’est fait connaître comme poète, comme auteur dramatique et comme romancier. Nous citerons, parmi ses compositions dramatiques : Doua Jimena de Ordoîîez, drame ; Garcitaso de laVega ; les Mystères de l’honneur et la vengeance ; Philippe le Beau ; Juan Bravo le Comwiero ; le Licencié Vidriera ; la Croix de la tour blanche ; Padilta ou le Siège de Médina ; Mathias l’amoureux ; Berthold ; Gil Blas et Sangrado ; les Amants de Chiachon ; le Héros de Baylen ; Faust d’Underval ; Maria Jtemon ; la Bellesœur ; Paul le marin, etc. On a encore de lui : Poésies ; le Bourreau, conte fantastique ; Contes ■historiques et traditions populaires ; Légendes chevaleresques ; la Bible et l’Alcorau, nouvelle ; la Malade du cœur, nouvelle ; Aimer avec peu de fortune, nouvelle en vers, etc. 11 a, en outre, écrit dans un grand nombre de journaux, notamment dans la America.

LARRATE adj. (lar-ra-te — rad. larre). Entom. Qui ressemble à un làrre.

— s. m. pi. Tribu d’insectes hyménoptères, de la famille des fouisseurs, ayant pour type le genre larre : Le palare, le larre, le lyrops sont des larrates. (Léman.)

LARRE s. m. (la-re). Entom. Genre d’insectes hyménoptères, 13rpe de la tribu des larrides, dont 1 espèce type habite l’Europe : Onreconnaît les espèces du genre larre à leurs mandibules privées de dentelures. (Blanchard.) On trouve les labres dans les terres sablonneuses des pays chauds et souvent aussi sur les fleurs ombellifères. (Léman.) !1 On dit aussi

LARRA,

— Encycl. Ce genre a été établi par Fabricius. Les larres ressemblent beaucoup aux pompilles, tant par leurs formes générales et leurs couleurs que par leurs habitudes ; ils s’en distinguent cependant par leur tête, qui est plus large, par leurs mandibules et par leurs pattes plus courtes ; ils se rapprochent encore plus des astates, mais ceux-ci sont beaucoup plus grands. Ces hyménoptères se trouvent dans les terres sablonneuses des pays chauds ; ils affectionnent les fleurs des

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ombellifères et surtout celles des carottes. Les femelles piquent fortement. L’espèce qui se trouve le plus souvent en France et dans le midi de l’Europe est le larre ichneumoniforme, dont le corps est d’un noir obscur, sans taches, l’abdomen d’un noir luisant, avec les deux premiers anneaux fauves. Il est probable que le larre anathème n’est qu’une variété du précédent.

LARREA (José-Maria), auteur dramatique espagnol, né à Madrid en 1S28. On a de lui un grand nombre de pièces, qui ont été représentées la plupart avec succès sur les

scènes de sa ville natale. Les meilleures sont les suivantes : Tout ce qui reluit n’est pas or ; Un amour impossible ; Elles et nous ; Pcro Grullo ; Une belle-mère ; l’Occasion ; le Commencement d’un règne ; les l’rois noblesses, avec Mariano de Larrona ; À la chasse aux corbeaux, avec le même ; les Deux inséparables ; le Doute ; le Romancero de la semaine sainte ; Sages et fous ; les Deux amis, etc.

LARRÉE s. f. (la-ré — de Larrey, méd. fr.). Bot. Genre d’arbrisseaux, de la famille des zygophyllées, comprenant plusieurs espèces qui croissent sur les Andes du Pérou.

LARUEY (Isaac de), historien français, né à Montivilliers (Seine-Inférieure) en 1638, mort en 1719. Il était encore sur les bancs du collège, lorsqu’il composa un petit poème latin sur l’abdication de la reine Christine. Comme sa famille le destinait au barreau, il renonça pour un temps à la littérature, s’adonna à 1 étude du droit, prit ses grades, puis exerça la profession d’avocat dans sa ville natale. Larrey y vivait tranquille et heureux, lorsque les édits contre les protestants vinrent apporter le trouble dans sa famille, en soustrayant à son autorité sa fille aînée, âgée de douze ans, qui, à l’instigation de quelques zélés catholiques, avait abandonné la maison paternelle pour entrer dans un couvent. Craignant le même sort pour ses autres enfants et très-attaché à la religion réformée, Larrey quitta secrètement la France avec sa famille et se rendit en Hollande, où les ouvrages historiques qu’il écrivit pour se créer des ressources lui valurent le titre d’historiographe des états généraux. Par la suite, à 1 appel de l’électeur de Brandebourg, il se rendit à Berlin, où il reçut, avec une pension, les titres de conseiller aulique, de conseiller de légation, et devint lecteur de la reine Sophie-Charlotte, À une mémoire excellente il joignait une grande vivacité d’esprit et travaillait avec une grande facilité. On lui doit les ouvrages suivants : Histoire d’Auguste (Rotterdam, 1690, in-8<>) ; Histoire d’Ëléonore de Guyenne (Rotterdam, 1691) ; Histoire d’Angleterre, d’Écosse et d’Italie avec un abrégé des événements les plus remarquables arrivés dans les autres Etals (Rotterdam, 1697-1713, i vol. in-fol.) ; Histoire des sept sages (Rotterdam, 1713-1716, 2 part, in-8o) ; Histoire de France sous le règne de Louis XIV (Rotterdam, 1718-1822, 3 vol. in-4o), etc.

LARREY (Dominique-Jean, baron), célèbre chirurgien français, né à Baudéan, près de Bagnères-de-Bigorre, en 1766, mort à Lyon en 1842. Il n’avait pas treize ans lorsqu’il commença ses études médicales à Toulouse, sous la direction de son oncle le docteur Larrey, 11 vint à Paris en 1787, et lit, bientôt après, un voyage en Amérique en qualité d aide chirurgien. De retour en France, en 1789, il suivit les cours deDesault etdeSabatier, et fut nommé aide-major à l’armée du Rhin en 1792. Larrey devint ensuite chirurgien en chef de la grande armée, qu’il suivit en Corse, en Égypte, en Russie, enfin jusqu’à "Waterloo, où.il fut blessé et fait prisonnier ; membre de l’Institut de France, de l’Académie de médecine, de l’Institut d’Égypte ; baron après la bataille de Wagram ; membre du conseil de santé des armées, du conseil d’hygiène et de salubrité, de la Société philomathique, de la Société médicale d’émulation ; associé ou correspondant d’un grand nombre d’Académies et de sociétés savantes, médicales et étrangères ; professeur du Val-de-Grâce ; enfin, chirurgien en chef de l’hôpital du Gros-Caillou et des Invalides.

Si la vie d’un homme doit se juger par les services qu’il a rendus à l’humanité, on peut le dire sans crainte d’être démenti, il n’a jamais existé un niédecin qui ait rempli sa carrière mieux que le baron Larrey. Sa vie a été une série d’actes qui attestent à la fois l’homme bienfaisant, le citoyen sincèrement dévoué à son pays, le médecin profondément convaincu de l’importance et de la noblesse de sa profession. Larrey s’est acquis d’incontestables droits à la reconnaissance publique par la large part qu’il a prise au progrès de la science et au perfectionnement de l’art chirurgical. Ses mémoires de chirurgien militaire démontrent qu’il s’est trouvé à plus de soixante batailles rangées et de quatre cents combats, dans lesquels il a reçu des blessures plus ou moins graves, en pansant les blessés sur la place même où ils avaient été frappés. Quel vaste champ d’observations pour un esprit aussi pénétrant et aussi inventif que celui de Larrey ! Il improvisait des moyens de secours applicables aux cas les plus insolites ; il prodiguait indistinctement ses soins à tous les blessés ; aussi, dans la campagne de Syrie, l’ayait-ou surnommé la Providence du soldat 1 II n’existait plus d’ennemis à ses yeux parmi les blessés ; tous

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avaient des droits égaux à ses secours généreux. « Le bon et habile Larrey, dit M. Thiers dans son Histoire du Consulat et de l’Empire, véritable héros de l’humanité, soignait les blessés de l’ennemi, afin que l’ennemi soignât les nôtres. » Larrey était doué, au plus haut degré, d’un courage imperturbable dans le danger ; avec le même calme, il affrontait la mitraille de l’ennemi et l’air pestilentiel des épidémies. Sur le terrain, il opérait avec le même sang-froid, avec la même sûreté de main que s’il se fût trouvé professant sa clinique dans les hôpitaux militaires. Il imprimait aux chirurgiens placés sous ses ordres l’impulsion de son activité infatigable. Il leur donnait l’exemple et se montrait devant eux prêt à parer à toutes les éventualités de la guerre. Il était pour les blessés un père qui souffre des douleurs de ses enfants ; il soutenait leur courage et les consolait. Son ardente énergie pour soustraire les blessés à la mort semblait braver le génie de destruction de ta guerre. Ambroise Paré des temps modernes, Larrey doit être regardé comme l’organisateur de la chirurgie militaire en France, et l’organisation qu’il a établie a servi de modèle à celle" de la plupart des armées européennes. C’est lui qui a surtout contribué à fixer les grands principes de la pratique chirurgicale dans nos années. On lui doit la création des ambulances volantes, parcourant le terrain pendant l’action et assurant aux blessés des secours immédiats. C’est à lui que l’on est encore redevable de la simplification des pansements, permettant d’improviser les plus utiles ressources, par les-moyens les plus faciles ; c’est ainsi qu’à l’armée du Rhin, en généralisant l’emploi du linge fenêtre dans le pansement des plaies et en substituant des feuilles de végétaux à des compresses, et des branches d’arbre à des attelles, il sut parer à toutes les nécessités au milieu des circonstances les plus critiques. C’est.à Larrey que la chirurgie doit encore le principe des appareils inamovibles dans le traitement d’un grand nombre de fractures ; celui des amputations primitives des membres dans les plaies d’armes à feu, et l’emploi de procédés aussi rationnels que rapides pour les amputations dans les articulations de l’épaule, de la hanche, de la cuisse et de la jambe. Il a montré les avantages des pansements rares des plaies, et exposé les indications du trépan et les phénomènes consécutifs des plaies de tète, etc.

Au milieu de la vie active des camps, Larrey se reposait de ses fatigues par l’étude, l’observation des faits, et même par l’enseignement qu’il prodiguait aux infirmiers et aux chirurgiens placés sous ses ordres.

Les nombreuses publications scientifiques de Larrey portent l’empreinte de la franchise et de la naïveté de son caractère. Il écrivait comme il voyait, comme il pensait, comme il opérait, et ses ouvrages dogmatiques portent avec eux la conviction. Voici les titres des principaux : Mémoires de chirurgie militaire et campagnes (Paris, 1812-1817, 4 vol. in-S°) ; Relation des voyages et des campugnes de 1815 à 1840 (1840, in-S°) ; Relation historique et chirurgicale de l’expédition de l’armée d’Orient en Égypte et en Syrie (1803, in-S°) ; Clinique chirurgicale exercée particulièrement dans les camps et les hôpitaux militaires depuis 1792 jusqu’en 1836 (Paris, 1830-1836, 5 vol. in-s<>) ; Recueil de mémoires de chirurgie (Paris, 1821, in-8o). Enfin, on lui doit de nombreux mémoires, notices ou rapports sur divers sujets de médecine et de chirurgie, tels que : la Fièvre jaune ; le Choléra ; la Syphilis ; l’Epilepsic traumatique ; la Chorée ou Danse de Saint-Gui ; Effets des substances vénéneuses végétales ; Phénomène de la lésion des nerfs et de leur cicatrisation ; Journées de juillet 1830 ; Traitement des fractures des membres, Appareils inamovibles ; Fausse articulation de l’humérus ; Carie des os ; Amputation des membres ; Amputation coxo - fémorale ; Amputation de la jambe ; Effets consécutifs des plaies de la tête, cause particulière de surdité ; Ophthalniie d’Égypte ; Extirpation des glandes salivaires ; Plaies pénétrantes de poitrine ; Opération de l’empyème ; Plaise de la vessie ; Hernie-inguinale compliquée, et beaucoup d’autres travaux insérés dans le recueil de Mémoires de médecine, de chirurgie et de pharmacie militaires, et les divers journaux de médecine. Il faut encore mentionner trois discours prononcés successivement par Larrey aux obsèques de Pelletan, de Dupuytren et de Broussais.

« Le baron Larrey, dit un de ses biographes, est l’expression la plus haute et la plus complète de la chirurgie d’armée ; il en résume tous les devoirs, toutes les vertus... Larrey était un chirurgien d’armée complet ; il fut le premier de sa race. Jusqu’à lui, on avait ignoré la grandeur et l’importance de la chirurgie aux armées. Non-seulement il organisa le service, l’éleva à la hauteur où Napoléon élevait 1 édifice de sa puissance militaire, mais il fit plus encore, et c’est là surtout que sa personnalité apparaît brillante et pure : il a l’intrépidité du capitaine le plus brave, la sévère probité du plus intègre administrateur, l’ardeur, l’activité du simple

soldat, l’humanité d’un père, le courage du magistrat ; il est savant, il aime son arcavec passion ; son esprit observateur ne laisse échapper aucun phénomène sans en tenir compte ; d’ailleurs, d’une bonté, d’une sim-