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C. VIR., centumvir, centumvir, magistrat do l’ancienne Korae.

C. C. V. V., clarissimi viri, hommes très-illustres.

D. M., Dis manibus, aux Dieux mânes.

D. M. S., Dis manibus sacrum, autel ou sanctuaire îles Dieux mines.

D. S. P., desuapecunia, de ses propres fonds.

P., filins, fils. F. S., fratres, frères.

G. D. N., Geuio domini nostri, au Génie de notre maître.

H. AI. H. N. S., hoc monumenlum heredem non sequitur, ce monument ne suit pas notre succession, ne fait pas partie de notre héritage.

M. F. C, hercs faciundum curavit, exécuté par les soins de l’héritier.

I. O. M., Jovi opiimo maximo, à Jupiter, le meilleur et le plus grand des dieux.

K., kaleudis, aux calendes...

L., liber lus, affranchi.

N., nepos, neveu.

O. T. B. Q., «sa tua bene quiescant, que tes os reposent en paix.

F. M., pontifex maximus, grand pontife.

S. C, seiiatuscousulto, par un sénatus-consulte.

S. P. Q. R, senatus populusque romanus, le sénat et te peuple romain.

S. T. T. L., sit libi terra levis, que la terre te soit légère.

V. F., vivus fecit, fit faire de son vivant.

V. P., vivus posuit, lit poser de son vivant.

V. S. !.., volum solvit libens, fit faire pour accomplir un voeu.

Le plus souvent, tous les mots, ceux qui sont écrits en abrégé ou indiqués seulement par l’initiale, de même que les mots écrits en toutes lettres, sont séparés par des points. Quelques inscriptions latines et grecques Sont en vers ; mais la plupart sont en prose. Il en est où la prose et les vers sont mêlés. D’autres, fort rares, unissent le grec et le latin.

Le style lapidaire moderne ne présente presque jamais de difficultés que pour la lecture deschronogrummes, ou lettres numérales majuscules indiquant une date. Ainsi, on lisait sur le clocher de l’horloge du Palais à Paris les vers suivants :

CharLes roy VoLt en Ce CLoCher Cette nouLe CLoChe aCroCher, Faille poVr sonner ChaCVne heVr. Los lettres numérales de ce chronogramme additionnées donnent 1371, date de l’année où fut fabriquée l’horloge. Une autre horloge de Paris, celle qui était située entro la Chambra des comptes et le Palais, portait l’inscription suivante, dans laquelle les lettres numérales étaient d’or, tandis que les autres étaient d’azur :

AV teMps dV roi CharLes Le hVU CestVI hosteL si fVt constrVlt. L’addition des lettres numérales donne 1435. Dans le vers suivant, relatif à la bataille de Montihéry, le-nombre obtenu est 1465 ; A CheVaL, à CheVaL, gendarMcs.à CheVaL. V. ÉPIGJÎAPUIK, INSCRIPTIONS.

LAPIDATEUR s. ni. (la-pi-da-teur — rad. lapider). Celui qui lapidait : Les LAplDATiiuns de saine Étienne.

LAPIDATION s. f. (la-pi-da-si-on — rad. lapider). Action de lapider, de tuer à coups de pierres ; supplice de celui qu’on lapide : La lapidation était le supplice de ceux que lu loi condamnait à mort. (b. Calmet.)

— Antiq. Fête célébrée par les Eginètes, en mémoire de deux femmes Cretoises lapidées par eux dans une sédition,

— Encycl. La lapidation est un supplice tout à fait primitif dont on ne trouve guère de trace, connue supplice légal, que dans la législation juive. Le Lévitique et le Deut-éronome ont énumérô les crimes pour lesquels cette peine était portée ; ce sont : le viol, l’adultère, l’inceste à tous les degrés, sauf un seul (l’inceste commis par un homme avec sa belle-mère), la sodomie, la bestialité, les relations avec une femme à l’époque menstruelle ; ajoutons qu’on punissait encore de la lapidation : la jeune mariée chez laquelle, sutla plainte de l’époux, on ne reconnaissait pas les signes de la virginité, et la fiancée infidèle à son fiancé ; elle devait être lapidée avec son complice. Ainsi, ce supplice atteignait surtout les crimes contre le mariage et la génération. Il en atteignait d’autres, de nature théocratique ; ainsi, devaient être lapidés : tout blasphémateur (Lévit., xxiv, 10) ; les adorateurs des faux dieux (JJeutér., xxvn, 5), et nommément les adorateurs de Moloch (Lévit., xx, 2), surtout ceux qui répandaient, en guise d’olfrande, leur semence devant l’autel, ce qui nous donne une idée des pratiques de ce peuple ; les fils qui maudissent leur père ; les sorciers, les sorcières et ceux qui les consultent (Lévit., xx, 27). Pour tous ces crimes, la lapidation est expresse, dana les livres hébreux ; mais les commentateurs ont pensé qu’elle était de droit dans tous les cas pour lesquels la loi mosaïque prononçait le dernier supplice sans spécifier le genre de mort.

La lapidation s’effectuait en dehors des portes de la ville. Le condamné avait toute la durée du trajet pour faire révoquer, s’il la pouvait, la sentence, et donner de nouvelles preuves de son innocence. Les témoins qui avaient porté la parole contre lui devaient non-seulement assister à l’exécution, mais

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marcher en tête, et, arrivés au lieu désigné, jeter les premières pierres ; toute l’assistance venait jeter sa pierre à leur suite, jusqu’à ce que mort s’ensuivit. Quelquefois, pour abré fer les souffrances du patient, on le plaçait ans un trou, et il était écrasé d’un seul coup d’une pierre énorme. Le cadavre était ensuite pendu à un poteau et exposé jusqu’au soir. La lapidation était aussi le supplice popufaire, celui qu’infligeaient les foules exaspérées, en dehors de toute forme de procès : d’après les récits évangéliques, Jésus-Christ faillit plusieurs fois être lapidé par le peuple, saint Étienne mourut de cette façon, et saint Paul gardait les manteaux des Juifs, afin qu’ils eussent les mains plus alertes. Dans

I histoire profane, on trouve une seule trace dusupplice.de la lapidation ; en 570, Sigebert, roi d’Austrasie, s’étant emparé de la ville de Paris, fit lapider quelques mutins, sur le front de ses troupes.

Lapidation do sniut Étienne (LA), Sujet

fréquemment traité en peinture, V. Etiunne (saint).

LAPIDE (Cornélius a), en hollandais Von

de" Slecn, en français Corneille de La Pierre,

théologien et orientaliste belge, né vers 1566, mort en 1637. Entré do bonne heure dans l’ordre des jésuites, il s’adonna avec ardeur à l’étude de la philosophie, de la théologie et des langues orientales, professa pendant plus de vingt ans l’hébreu au collège de Louvain, et fit ensuite à Rome des leçons sur l’Écriture sainte. On a de lui des Commentaires sur tou3 les livres de la Bible, qui ont grandement servi à tous les théologiens —modernes. Ces Commentaires, publiés séparément d’abord à Anvers, de 1G1S à 1642, ont été réunis deux fois (Anvers, 1681, 10 vol., et Venise, 170S, 16 vol. in-fol.).

LAPIDÉ, ÉE (la-pi-dé) part, passé du v. Lapider. Supplicié à coups de pierres : Saint Étienne fut lapidé. Pldlopœmen fut enterré très-honorablement, et les prisonniers de Messine furent lapidés autour de son tombeau. (Uoll.)

— Substantiv. Personne lapidée : La seule mauvaise action qu’il se reprochât dans toute sa vie, c’était, lors de son pèlerinage à la Mecque, d’avoir jeté’ sept pierres au grand diable dcJamrai ; il craignait toujours la rancune de Satan le lapidé. (Ed. Laboulaye.)

LAPIDB1 CAMPI. V. Crau (la).

LAPIDER v. a. ou tr. (la-pi-dé —■ lat. lapidare ; de lapis, pierre) : Tuer à coups de pierres ; Les Juifs lapidaient les femmes adultères, et en général tous ceux que la loi condamnait à mort. Une pierre est bientôt trouvée pour lapider un malheureux. (Shakspeare.)

— Poursuivre à coups de pierres : Ces enfants lapidaient un malheureux chien.

— Par ext. Frappé avec des projectiles quelconques : Les Israélites lapidaient les paresseux avec de la fiente de bœuf.

— Fig. Maltraiter en paroles ou par écrit : // me lapide avec ses reproches.

LAPIDESCENT, ENTE adj. (la-pi-dèsssan, an-te — lat. lapidescens ; de lapis, pierre). Hist. nat. Qui a la dureté de la pierre. Il Qui se change en pierre, qui se pétrifie.

LAPIDEUR, EUSE s. (la-pi-deur, eu-zerad. lapider). Personne qui lapide.

LAP1DEUX, EUSE adj. (la-pi-deu, eu-zelat. lapidosus ; de lapis, pierre). Qui est de la nature de la pierre : Les montagnes sablonneuses et les lapideuses. (B. de St-P.)

II In us.

LAPIDICOLE adj.(la-pi-di-ko-le — du lat. lapis, pierre ; colo, j’habite). Hist. nat. Se dit de quelques animaux qui construisent leur demeure dans les pierres : Insectes lapidicolks.

LAFID1F1CATION s. f. (la-pi-di-fi-ka-si-on — rad. lapidifier). Miner. Formation des pierres : La LapidificatioN diffère de la pétrification, qui s’empare de substances animales, végétales ou minérales pour les convertir en pierre. (Acad.)

LAPIDIFIÉ, ÉE (la-pi-di-fi-é) part, passé du v. Lapidifier.. : Masses géologiques lapidifiées. Sables lapidifiés.

LAPIDIFIER v. a. ou tr. (la-pi-di-fi-é — du lat. lapis, pierre ; fieri, devenir. Prend deux i de suite aux deux prem. pers. plur. de l’imp. de l’ind. et du subj. prés. : Nous lapidi fiions, que vous lapidifiiez). Convertir en pierre : La cause qui a lapidu-ié les terrains géologiques.

Se lapidifier v. pr. Être lapidifié : Les matières qui causent la pierre n ont pas le loisir de s’assembler pour s’endurcir et lapidifier, (A. Paré.)

LAPIDIFIQUE adj. (la-pi-di-fi-ke — rad. lapidifier). Qui a la propriété de former des pierres : Cause lapidifique.

LAP1E (Pierre), géographe français, né à Mézières en 1779, mort à Paris en 1S50. Élève de l’École du génie, il fut attaché tout jeune encore au cabinet topographique du comité de Salut public, puis du Directoire, et entra ensuite au Dépôt de la guerre comme ingénieur géographe. Sous le Consulat, Lapie passa, comme capitaine, à l’armée d’Italie ; sous l’Empire, il fut chargé de l’exécution do grands travaux topographiques, devint, en 1814, directeur du cabinet topographique

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du roi, prit ensuite la direction des travaux nécessaires pour lever la carte de France exécutée par le Dépôt de la guerre (1S28), et fut promu colonel en 1532. On lui doit de nombreuses publications, notamment : Atlas complet pour le précis de la géographie de Malte-Bran (1812) ; Mémoire sur te cadastre de la France (1816) ; Atlas classique et universel de géographie ancienne et moderne (1828) ; Nouvel atlas classique de géographie (in-fol.) ; Carte générale de la Turquie, en 15 feuilles (1822-1824) ; des cartes de la Russie, de la Perse, de l’Asie occidentale, etc. ; Mémoire sur les voyages exécutés dans l’océan Glacial arctique ; Mémoire sur la carte de la partie nord-est de l’Afrique.

LAPIÈDRE s, f. (la-piè-dre). Bot. Genre de plantes, de la famille des amaryllidées, comprenant plusieurs espèces qui croissent en Espagne.

LAPI EURE (Sophie), femme poète française, née vers 1775. Elle n’est connue que par des chants républicains, qu’elle composa sous le Directoire. Sophie Lapierre, âgée alors de vingt ans à peine, faisait partie de la petite pléiade de femmes, Louise Aldin, Jeanne Ausiot, Nicole Sognot, Marie Lambert, qui suivirent les doctrines de Babeuf et s’affilièrent au club du Panthéon. Douée d’une âme ardente, d’une imagination vive et d’un véritable talent poétique, elle fut séduite par les théories égalitaires que proclamaient l’apôtre et ses adhérents ; elle fut le ïyrtée de la République des égaux. Quelques-uus de ses chants ont de la vigueur :

Un code infâme a trop longtemps Asservi lus hommes aux hommes : Tombe le règne (les brigands. Sachons enfin où nous en sommes.

Tu nous créas pour être égaux, Nature, a bienfaisante mère ! Pourquoi des biens et des travaux L’inégalité meurtrière ?

Rûveillez-vous & notre voix. Et sortez de la nuit profonde : Peuples ! ressaisisse ! vos droits, Le soleil luit pour tout le monde I

Ses cantiques républicains étaient chantés en chœur par les babouvistes, dans leurs réunions. Comprise dans les poursuites exercées contre eux, Sophie Lapierre fut envoyée avec Babeuf, Darthé, Drouet et leurs coaccusés devant la haute cour de Vendôme. Elle fut acquittée ; l’accusation portée contre elle, dit L. Jourdan, ne parut pas assez grave pour qu’elle fût condamnée, lorsqu’il s’agissait d’une conspiration capable de compromettre la sûreté d’une grande république. Sophie Lapierre mourut dans l’obscurité.

LAPIEURE (Louis-Emile), peintre, né à Paris vers 1820. Élève de Victor Bertin, il étudia le paysage sous la direction de cet artiste, puis alla se perfectionner en Italie. M. Lapierre est un paysagiste studieux, mais dépourvu d’originalité. Pendant quelques années, il s’est adonné au paysage historique, puis il s’est tourné vers la nouvelle école des paysagistes naturalistes. Nous citerons de lui : ûaphnis et Chloé (lS45)-, 'Abbaye de Thélème (1847) ; A quoi rêvent tes jeunes filles ? le Jardin Ùoboli, à Florence (1S4S) ; la Fontaine Egérie ; les Saisons (1850) ; Soleil couchant ; Sous les chênes (1855) ; Forêt au printemps ; Forêt en hiver (1S59) ; le Hocher de Mitly (lSCl) ; Soleil couchant ; Barrage sur le Loing (1863) ; Requête sous bois (1S65) ; Jardin de Fontainebleau (1866) ; Une vente dans la forêt de Champagne (1868) ; le Lever de ta lune (1860), etc.

LA riHIUÎE (Corneille de), théologien belge. V. Lapide.

LAPILLEUX, EUSE adj. (la-pil-leu, eu-ze — du lat. lapillits, diinintit. de lapis, pierre). Bot. Il se dit d’un fruit dont la chair renferme des corps durs, vulgairement appelés pierres : Une poire lapilleusc.

LAPILLI s. m. pi. (la-pil-li — mot lat. qui signif. petites pierres). (îéol. Cendres volcaniques.

— Agr. Tufs ponceux désagrégés.

LAP1LL1FORME adj. (la-pil-li-for-medu lat. lapitlus, petite pierre, et de forme). Miner. Se dit de corps qui ont la forme de petites pierres, ou qui sont en petits grains.

LA P1LONNIÈHE (François de), jésuite converti au protestantisme et réfugié en Angleterre vers 1710. Il est auteur des ouvrages suivants : l’Athéisme découvert par le P. Bardouin, jésuite, dans les écrits de tous les Pères de l’Église et des philosophes modernes (1715, in-8o) ; l’Abus des confessions de foi (1716, in-8o) ; Défense des principes de la tolérance (Londres, 1718, in-8«) ; A third defence (Londres, 1718, in-8o) ; histoire des dernières révolutions a"Angleterre, contenant ce qui s’est passé de j>lus remarquable et de plus secret depuis le rétablissement de Charles II jusqu’à l’avènement du roi Guillaume et de ta reine Marie, trad. de l’anglais, de Burnet (La Haye, 1725, S vol. in-4o) ; Further accouul of himself (Londres, 1729, in-s<>). On doit aussi à La Pilonnière une traduction de la République de Platon (1725, in-S<>).

LAPIN, INE (la-pain, i-ne. — L’origine de ce mot n’est pas certaine ; Diez le tire de clap, clapier, avec suppression du c ; mais il vaut saus doute mieux y voir avec Scheler un dé LAPI

rivé du même radical que le latin lepus, lièvre, se rattachant comme lui à la racine sanscrite lep, aller, en lithuanien lepli, errer, vagabonder. Comparez le Scandinave lipr, agile). Mamm. Mammifère rongeur, du genre lièvre : Lapin sauvage. Lapin Se garenne. Lapin domestique. Lapin dé clapier. Peau de lapin. Gibelotte de lapin. La fécondité du lapin est encore plus grande que celle du lièvre. (Buiï.) Le lapin primitif, le lapin de garenne .nous est venu d’Espagne. (Toussenel.) il Lapin d’Allemagne, Nom vulgaire du souslik. Il Lapin d’Amérique, Nom vulgaire de l’agouti. || Lapin d’Aroe, Nom vulgaire du kanguroo philandre. il Lapin de Norvège, Nom vulgaire du lemming. n Lapin du Brésil, Nom vulgaire du cochon d’Inde. Il Lapin de Bahama, Espèce do marmotte. Il Lapin à longue queue, ïalaï, espèce do lièvre.

— Fam. Terme d’amitié : Mon petit lapin I (Balz.) || Homme rusé ou brave et résolu : C’est un fameux lapin. De chez qui sortezvous donc, sans indiscrétion ?De chez un lapin nommé Margoi’itis. (Bal ?..) Ah ! je te prie de croire que l’homme qui me rendra rêveuse pourra se vanter d’être un rude lapin. (Gavarni.) il Lapine, Femme qui fait beaucoup d’enfants.

— Argot dos compagnons. Apprenti.

— Loc. pop. Brave comme un lapin, Habillé de neuf. Il Propre comme un lapin, D’une propreté parfaite. Il Courir comme un lapin, Courir très-vite. Il Avoir les yeux rouges comme un lapin blanc] Avoir les yeux excessivement rouges.

— Dans le langage des cochers de messageries, Voyageur ou marchandises portés en fraude, et dont le cocher s’approprie le port.

— Ornith. Oiseau du genre chouette.

— Ichthyol. Nom vulgaire d’un poisson de Tabago.

— Moll. Nom marchand d’une coquille univalve.

— Encycl. Zool. Le grand genre lièvre (lepus) se divise en deux sections assez naturelles, les lièvres proprement dits et les lapins. Ces derniers se distinguent facilement en ce qu’ils ont le corps plus raccourci, les formes plus lourdes et plus trapues ; les oreilles égales en longueur à la tète, ou même plus courtes, rarement un peu plus longues ; les jambes plus courtes, avec moins de disproportion entre les antérieures et les postérieures. Ils sont beaucoup moins coureurs que les lièvres et se creusent des terriers quand ils ne trouvent pas d’excavations dont ils puissent profiter. Ils sont aussi plus sociables, et il n’est pas rare d’en trouver plusieurs ensemble dans la même habitation. > Le lapin, dit Buifon, est supérieur au lièvre par la sagacité. Tous deux sont conformés de même et pourraient également se creuser des retraites ; tous deux sont également timides à l’excès ; mais l’un, plus imbécile, se contente de se former un gîte à la surface de la terre, où il demeure continuellement exposé aux insultes et aux attaques, tandis que l’autre, par un instinct plus réfléchi, se donne la peine de fouiller la terre et de s’y pratiquer un asile qu’il n’oublie jamais, quelque éloigné qu’il puisse être. »

Le lapin commun (lepus cuniculus), espèce type, est bien connu ; son pelage, à l’état sauvage, est d’un gris mêlé de fauve, avec une plaque rousse sur la nuque ; les oreilles, à peu près de la longueur de la tète, sont noires au bout ; la gorge et le ventre sont blanchâtres ; la queue est brune eu dessus, blanchâtre en dessous, noire à l’extrémité ; le dessous des pieds d’un roux fauve. Ce pelage varie de finesse et de couleur ; mais c’est surtout dans les races domestiques qu’il présente des variations considérables, comme nous le verrons plus loin.

On pense généralement que ce rongeur est originaire du nord de l’Afrique, d’où il aurait été introduiten Espagne à une époque très-reculée, et de là de proche en proche dans touto l’Europe. Il s’est signalé tout d’abord par les dégâts considérables qu’il a commis ; on l’accuse d’avoir entièrement dévasté les îles Baléares et celles de Lipari, au point d’avoir nécessité l’envoi de plusieurs légions romaines pour le détruire. On dit même que, par les nombreuses galeries creusées sous les murs de Tnrragone, il a contribué à la destruction de cette ville. De nos jours encore, le lapin est un fléau pour les digues de la Hollande, qu’on est obligé de maintenir en bon état par une surveillance incessante et de fréquentes réparations. Au moyen âge, la multiplicité des garennes libres faisait subir à l’agriculture des pertes incalculables. Il ne faut donc pas s’étonner que, jusqu’à la fin du siècle dernier, on se soit surtout occupé du lapin comme d’un animal nuisible. Il n’y a. pas très-longtemps que cet animal est élevé et multiplié en grand, en vue de la spéculation.

Le lapin habite de préférence les régions montagneuses ; toutefois, on le trouve aussi dans les plaines boisées, dans les dunes et même au bord des marais. Il se creuse des terriers, où il passe en général la plus grande partie de la journée. C’est seulemenffle matin et le soir qu’il sort pour prendre ses ébats ; mais il revient toujours à son gîte. Un proverbe dit : « Le bon et franc lapin meurt toujours dans son terrier. » Parfois cependant, pris à l’improviste, il se blottit au pied des