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de général de brigade (1849). On lui doit plusieurs ouvrageSj dont les principaux sont : Evénements militaires devant Toulouse en 1814 {Paris, 1SU, in-8o) ; Conquête de l’Andalousie, campagnes de 1810 et 1811 (Paris, 1823) ; Campagnes de 1813 et IS14 sur l’Ebre, les Pyrénées et la Garonne {Paris, 1823, in-8o) ; Vingt-six mois à Bougie (Paris, 1840, in-8o) ; Tableau historique de l’Algérie depuis l’occupation romaine jusqu’à la conquête par les Français (Paris, 1845, in-8o) ; Tableau historique, moral et politique sur tes Kabyles (1846, in-8<>), etc.

LAPER v. a. outr. (la-pé — du germanique anglo-saxon lappian, anglais io lap, flamand lappen, probablement du même radical onomatopéique qui a déjà fourni le grec lepô et le latin lambere, lécher). Boire en tirant avec la langue : Le chien lape sa boisson.

La cigogne au long bec n’en put attraper miette, Et le drôle eut lapé le tout en un moment.

La FONT4INE.

— Fam. Boire : Lucien dévora sa /lùle, lapa son lait et descendit. (Balz.)

— Intransitiv. Boire en tirant la boisson avec la langue : Le chien lape quand il veut boire.

LA PERCHE, village et comm. de France (Lot-et-Garonne), arrond. et à 23 kilom. de Marmande, cant. de Lauzun ; 514 hnb. Dans ce bourg se trouve un vieux château qui faisait jadis partie du douaire de Jeanne d’Albret, reine de Navarre et mère de Henri IV. Le château de La Perche, un des plus intéressants monuments historiques de la contrée, dut être construit pendant la domination des Anglais en Guyenne, vers l’an 1390, sous le règne de Charles VI et le pontificat de Boniface IX. Les chroniques en font fréquemment mention comme d’une place très-importante. À partir de 15G3, la seigneurie de La Perche, douaire de Jeanne d’Albret, mère do Henri IV, devint une habitation paisible. Le baron de Francœur en fut le gouverneur au nom de Jeanne d’Albret jusqu^n 1571, où la reine s’en dessaisit à la suite et sous la fâcheuse impression d’une attaque faite contre le château par une bande de brigands. Elle vendit, en 1571, à Guillaume de Ranse, le château, qui devint ensuite la propriété des familles Dupleix, Secondât et Baillet.

Aujourd’hui, le château de La Perche est encore debout, dominant l’un des bourgs les mieux situés de l’arrondissement, entouré de ses anciens fossés et orné d’une très-belle place ; mais il n’a conservé qu’une partie de ses tours, et le pilori qui atteste le droit de haute justice qu avaient jadis les seigneurs du lieu. Le château de La Perche sert aujourd’hui de maison curiale. L’église de La Perche est un des plus curieux monuments de l’architecture du xva siècle : elle appartient au style gothique et fut élevée par les Anglais peu de temps avant leur expulsion définitive de la Guyenne. De vastes souterrains s’étendent au-dessous. Elle a été récemment l’objet de réparations intelligentes.

LAPEREAU s. m. (la-pe-rô — dimin. de lapin). Jeune lapin qui a moins de quatre mois : Le renard chasse les jeunes levrauts en ptuine, et déterre les lapereaux dans les garennes. (Bull.) A l’âge d’un mois, les lapereaux mangent seuls et leur mère partage avec eux sa nourriture. (De Morogues.)

— Encycl. Art culin. Est-il bien digne d’un disciple de saint Hubert de s’abaisser à détruire les jeunes lapereaux, qui ne lui promettent pas une dépouille d une assez grande valeur ? N’est-ce pas là jeter sa poudre au vent ? C’est ce que pensent la plupart des écrivains qui se sont occupés de la question. « N’arrêtons point, dit Giimod de La Reynière, les lapereaux dans leur croissance ; les jouissances prématurées sont toujours, et dans tous les genres, des jouissances imparfaites. Laissons ces animaux aimables vivifier nos champs et nos forêts. Cependant, si quelques-uns, trop pressés de vivre, voulaient absolument manger leur blé en herbe, il est de notre devoir de leur indiquer la meilleure façon de les produire sur leur table. Nous leur dirons donc qu’on mange les lapereaux en terrine et à l’eau-de-vie. Cette dernière façon, au moyen des nombreux ingrédients qu’on y introduit, devient un ragoût fort savant et même chimique. •

Le .lapereau peut se faire rôtir, comme le lapin ; on le sert à la marengo, comme le poulet ; en fricassée à la Saint-Lambert ; on le fait sauter ; on l’assaisonne aux petits pois, à la crapaudine, comme le pigeon ; en blanquette ; on le fait frire, comme le veau ; on peut en faire un fricandeau et l’accommoder a la Sainte-Menehould, en timbale, à l’estragon ou en chartreuse, comme la perdrix.

Lapereau en jambon. On coupe son lapereau en morceaux ; on le fait revenir et cuire avec des tranches de jambon, un verre de vin blanc, un bouquet de persil, de la ciboule, du bouillon et du poivre ; on tamise la sauce et on la dégraisse ; après quoi, il ne reste plus qu’à la lier.

Lapereau à la poulette. Le lapereau, coupé en morceaux, doit dégorger une demiheure dans de l’eau tiède salée ; on le fait sauter avec un morceau de beurre et une cuillerée de farine ; on ajoute un verre de vin blanc, du bouillon, du sel, du poivre, un bouquet de persil, de la ciboule et des champi LAPE

gnons ; puis on fait cuire, jusqu’à réduction a courte sauce, et on lie.

Lapereau en papillotes. Lorsqu’on veut accommoder ainsi un lapereau bien tendre, on le coupe en morceaux, on le laisse mariner quelques heures avec un hachis de persil, de ciboule, de champignons et d’ail, salé, poivré et huilé. On enveloppe ensuite chaque morceau de l’animal dans du papier blanc, en y ajoutant du hachis ci-dessus, une petite barde de lard, et du beurre dont on a bien graissé le dedans du papier ; on fait cuire sur le gril à très-petit feu et on sert chaud dans le papier. On fait aussi des croquettes de lapereau.

Lapereau à la tarlare. On désosse l’animal, on le coupe en morceaux, on le fait mariner avec huile, poivre, persil, ciboules, échalotes, le tout haché ; on le fait ensuite cuire sur le gril, après 1 avoir pané <re mie de pain ; on arrose de temps en temps avec de la marinade. Ce lapereau, ainsi cuit, se sert sur une sauce a la tartare.

Le lapereau s’assaisonne, en outre, à l’anglaise.

LA. PÉRELLE (Auguste Jubé, baron de), général et historien français. V. Jubé.

LA PÉROUSE (Ile de). V. Vanikoro.

LA PÉROUSE (Jean-François de Galaup, comte de), célèbre navigateur français, né au Gua, près d’Albi, en 1741, mort près de l’Ile de Vanikoro à une époque incertaine, mais vraisemblablement dans le courant de l’année 1788. A quinze ans, il entra dans la marine, où il ne tarda pas à se signaler par son courage et par ses talents dans la guerre contre les Anglais. Blessé et fait prisonnier dans le combat de Belle-Isle (1759), il fut conduit en Angleterre, mais recouvra bientôt la liberté. Enseigne en 1764, lieutenant de vaisseau en 1775, La Pérouse trouva de nouvelles occasions de se distinguer lors de la reprise des hostilités en 1778. Appelé au commandement de la frégate l’Amazone, il combattit contre les Anglais sous les ordres de d’Estaing, prit la frégate l’Ariel et fut nommé capitaine (1780). Peu après, il s’empara d’une nouvelle frégate et d’un navire ennemi près de l’île Royale. Chargé, en 1782, d’aller détruire les établissements de la compagnie anglaise dans la baie d’ffudson, La Pérouse alla raser les forts du Prince-de-Galles et d’York et se montra plein d’humanité pour les Anglais qui, ayant fui, étaient exposés à mourir de faim. Trois ans plus tard, le gouvernement français, voulant compléter les

travaux de Cook et de Clarke, résolut de faire rechercher le passage au nord-ouest de l’Amérique et de faire reconnaître les mers du Japon, les lies Salomon et le sud-ouest de la Nouvelle-Hollande. À côté de ce but scientifique, il y avait un but commercial : l’exploration devait favoriser la pêche de la baleine dans l’océan méridional au sud de l’Amérique et du Cap de Bonne-Espérance, et la traite des pelleteries du nord-ouest de l’Amérique à la Chine et au Japon. Des mémoires furent rédigés par l’Académie des sciences et la Société de médecine ; les instructions, tracées par un ami de La Pérouse, le capitaine de Fleurieu, furent annotées et complétées par Louis XVI : ces instructions, où se fait jour un noble sentiment d’humanité, étaient défectueuses ; elles entraient dans trop de détails, elles embrassaient un champ trop vaste pour un délai restreint. Pour le reste, les préparatifs furent bien dirigés : deux frégates, la Boussole et YAstrolabe, reçurent un nombreux personnel de savants : les mathématiciens Dagelet et Monge, astronomes ; Lamanon, naturaliste ; l’abbé MongèS, géologue et physicien ; le médecin La Martinière, botaniste ; Prévost, oncle et neveu, peintres ; Dufresne, chargé du classement des collections ; Duché de Vancy, peintre de costumes ; de Monneron, ingénieur en chef ; Bernizet, ingénieur-géographe. La Pérouse prit la commandement de la Boussole et donna celui de l’Astrolabe au capitaine de Langle.

Partant de Brest le 1er août 1785, l’expédition mouille à Madère et à Ténéritre, d’où Monge revient en France ; touche à la Trinité et arrive, le G novembre, sur la côte du Brésil, en vue de l’île Sainte-Catherine. Après une navigation de quatre-vingt-seize jours, elle ne compte pas un seul malade. Remettant à la voile, le 19 novembre, elle descend l’Amérique du Sud, double le cap Horn, et relâche dans la baie de la Conception, au Chili, le 22 février 1786. Les dames chiliennes font aux officiers un gracieux accueil. Quittant la Conception le 15 mars, les frégates remontent vers le nord et se dirigent vers l’Ile de Pâques. À partir de cette première station dans l’Océania, le voyage devient intéressant. Le 8 avril, on a connaissance de l’Ile de Pâques, que l’on explore jusqu’au 10. Puis on arrive aux lies Sandwich, et, de l’île Mowée, on gagne la côte d’Amérique ; on atterrit au mont Saint-Élie, sur la côte nord-ouest de l’Amérique, par 60° de latitude septentrionale. La mission proprement dite de La Pérouse devait commencer à ce point, d’où Cook avak été repoussé par les gros temps et les courants. La Pérouse devait rencontrer les mêmes difficultés que Cook, et Vancouver devait employer trois années à terminer la reconnaissance incomplète de cette mer. La Pérouse prolonge la côte amé LAPE

ricainedunord au sud jusqu’au port de Monterey, sur une étendue de 500 à 600 lieues. Sur ce parcours, il découvre la baie de Monti, reconnaît l’entrée de la rivière de Behring et trouve le port des Français, où deux chaloupes montées font naufrage. Le 24 septembre, il part de Monterey pour gagner les mers du Japon, et, le 5 novembre, il découvre la petite lie de Necker, à 100 lieues nord-ouest des îles Sandwich, sous le tropique du Cancer. Le lendemain, dans la nuit, les deux frégates, très-rapprochées Tune de l’autre, courent le risque de se perdre sur un récif. Le 14 décembre, elles passent en vue des Mariannes, et, le 3 janvier 1787, elles mouillent dans la rade de Macao. Elles touchent aux Philippines, passent dans les eaux de l’île Fonnose et s’engagent, le 25 mai, dans le détroit de Corée. Cette partie du globe (les côtes de Tartarie et les îles du Japon) n’était alors connue que par les traditions confuses des missionnaires. Le 6 juin, La Pérouse a connaissance de la côte du Japon, et, le 11, il aborde à la côte de Tartarie : il prolonge tantôt l’une, tantôt l’autre. Le 4 juillet, il entre dans la grande baie de SufFren ; il découvre le détroit de La Pérouse, puis la baie d’Estaing et la baie de Castries, sur la côte de Tartarie, après avoir exploré les Kouriles. Sur ce parcours, il reconnaît la séparation de l’île Shégalien d’avec la Corée, et celle de l’île de Chika d’avec la grande île du Japon ; et il relève les îles des États, de la Compagnie, des Quatre-Frères et de Malikan. Le 7 septembre 1787, l’expédition relâche au havre de Saint-Pierre-et-Saint-Paul, au Kamtchatka : des ordres favorables de l’impératrice Catherine lui ménagent une douce hospitalité ; elle y reçoit des dépêches venues de France, et M. de Lesseps, se séparant de l’état-major, revient par terre avec les journaux et les cartes de l’expédition. Le 29 septembre, les frégates reprennent la mer et cherchent en vain, dans un espace de 300 lieues, la grande île indiquée à l’est du Japon par d’anciennes cartes espagnoles. Traversant la ligne pour la troisième fois, elles entrent dansarchipel des Navigateurs et mouillent, le 9 décembre, à Maouna, l’île centrale, pays riant et fertile, habité par des naturels iéroces ; le capitaine de Langle et onze matelots sont assassinés par ces sauvages, qui en blessent vingt autres grièvement. Renonçant, pour le moment, à châtier les insulaires, La Pérouse fait route vers l’archipel des Amis le 14 décembre ; le 31, il reconnaît la pointe de Van-Diémen, et, le 25 janvier 1788, il atterrit à Botany-Bay, au moment où une flotte anglaise met à la voile pour le port Jackson. L’expédition partit de Botany-Bay à la fin de février. Quel fut son sort ultérieur ?... On attendit en Europe vainement son retour ; les événements qui avaient précipité le cours de la Révolution française détournèrent l’attention inquiète. L’Assemblée nationale promit enfin une récompense aux marins de toute nation qui retrouveraient les traces de La Pérouse, et rendit un décret (9 février 1791) qui ordonnait des recherches expresses ; la même année, l’amiral d’Entrecasteaux partit pour le sud-est de l’Océanie avec deux frégates. L’insuccès de cette expédition suspendit les recherches ; cependant des bruits vagues couraient ; en 1826 et en 1828, le capitaine anglais Dillon et Dumont-d’Urville reconnurent tour à tour le théâtre de la catastrophe. C’était l’île de Vanikoro, où l’on recueillit divers débris ayant appartenu à l’expédition de La Pérouse et que l’on déposa au musée de la marine à Paris.

Il existe trois relations du voyage de La Pérouse (1797 et 1799, 4 vol. in-4o et in-S° ; 1831, par de Lesseps). L’immense collection faite par les savants et une partie des mémoires ont péri avec les navigateurs, dont quelques - uns paraissent avoir survécu au naufrage pendant quelques années.

Lu PéroiMO (voyage A la recherche de), par d’Entrecasteaux (1808 et 1809, 2 vol. in-4o, avec atlas). Le 9 février 1791, l’Assemblée nationale ordonna que la marine de l’État fit des recherches pour retrouver les restes de l’expédition de La Pérouse. Le gouvernement choisit d’Entrecasteaux, officier qui avait déjà voyagé dans les mers de l’indo-Chine, et lui prescrivit de visiter toutes les côtes que La Pérouse devait parcourir après son départ de Botany-Bay. Deux frégates, la Recherche et Y Espérance, furent placées sous le commandement du contreamiral d’Entrecasteaux et du capitaine de Kermadec, à qui fut adjoint un nombreux personnel de savants. Le 28 septembre 1791, l’expédition met à la voile, à Brest. Au lieu de se rendre aux îles des Amis, où l’appellent ses instructions, elle se dirige sur les îles de l’Amirauté, en passant par le sud de la Nouvelle-Hollande, et gagne la terre de Van-Diémen. Après avoir reconnu, le 28 mars, l’île d’Amsterdam, les deux frégates s’engagent, un mois après, dans un canal qui reçoit le nom de d’Entrecasteaux. Les explorations commencent. Le 28 mai, on se dirige vers la côte sud-ouest de la Nouvelle-Calédonie ; au prix de périls renouvelés, on reconnaît une côte de 200 milles d’étendue, en suivant une chaîne immense de récifs, puis on arrive aux îles de l’Amirauté. D’Entrecasteaux, s’apercevant alors qu’on lui a donné de faux renseignements sur ces îles, fait voile pour Amboine, l’une des Moluques, puis visite suc LAPE

cessivement les côtes de la terre de Van-Diémen, de la Nouvelle-Hollande et de la Nouvelle-Zélande, et découvre quelques îles inconnues, entre autres l’archipel de la Recherche. Le 25 mars 1793, l’expédition s’arrête au havre de Tonga-Tabou, île principale de l’archipel des Amis. Elle entre en relation avec les naturels, dont les signes ne sont pas compris : La Pérouse avait paru dans Cet archipel ; avec l’aide d’un interprète, on aurait obtenu des renseignements utiles. En avril, les frégates passent devant les Nouvelles-Hébrides et relâchent au havre de Balade, port de la Nouvelle-Calédonie, où Cook était entré en 1774. M-algré la férocité des naturels, l’expédition se livre à des études scientifiques, et fait de nombreux relèvements. Le capitaine de Kermadec succombe à une maladie de langueur (6 mai 1793). Remettant à la voile le 9 mai, les bâtiments passent, le 19, en vue de l’archipel de San ta-Cruz ; on voit, la nuit, à une distance de 15 lieues, l’île de la Recherche ; la position indiquée correspond à celle qu’avait déterminé© Dumont d’Urville en 1828. Cette île est la même que celle de Vanikoro : là était le théâtre du désastre de La Pérouse ! Quelques survivants pouvaient encore être retenus dans ces parages ! La Pérouse pouvait être du nombre : la catastrophe datait de quatre ou cinq ans ! Par malheur, les frégates se dirigent sur l’île Santa-Cruz, puis vers la terre des Arsacides, ensuite vers les îles de la Louisiade (juin) ; elles traversent le détroit deDampier, entre la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle-Guinée. Le 19 juillet, d’Entrecasteaux meurt. Les recherches sont continuées sans résultat sous le commandement d’Auribeau, et, après la mort de ce dernier (21 août 1794), l’expédition revient eu Europe par le Cap. Deux ans après, de Rossel, capitaine de pavillon de d’Entrecasteaux, qui rapportait en France les fruits de l’expédition, fut fait prisonnier par une frégate angolaise ; les cartes dressées par les officiers français servirent dans le voyage de 1797 et 1798 que les Anglais firent à la 13rre de Van-Diémen.

Le but principal de la mission de d’Entrecasteaux était manqué ; mais de nombreuses découvertes, des reconnaissances étendues, des déterminations multipliées, ne sont pas des résultats médiocres pour la navigation et la géographie. Il a été publié trois relations de ce voyage : 1° la relation rédigée par de Rossel (1808, 2 vol. in-4o, avec atlas par Beautemps-Beaupré, ingénieur hydrographe de

l’expédition) ; elle traite exclusivement des détails nautiques ; 2° une autre rédigée par La Billardière (1809, 2 vol. in-4<>, avec atlas), et consacrée à l’histoire naturelle : 3° celle de Fréminville (Brest, 1838, in-8o), plus complète et plus intéressante que les deux premières, dont elle est une refonte heureuse.

La Pérouae (VOYAGES AUX ÎLES DE LA MER

du Sud, à la recherche de), par le capitaine P. Dillon (Paris, 1836, 2 vol., avec carte et plan). Pendant vingt ans, Dillon avait navigué dans l’océan Pacifique sur des bâtiments de commerce, et il avait failli, en 1813, périr dans une terrible aventure aux îles Fidgi, quand une circonstance imprévue vint le mettre sur les traces d’un lamentable événement. En 1826, il commandait le Saint-Patrick, allant de Valparaiso au Bengale. Ayant mouillé dans une île de l’archipel mélanopolynésien où deux matelots avaient été déposés treize ans auparavant, un des naturels lui présenta une poignée d’épee en argent, portant des caractères gravés, mais à demi effacés. Dillon crut y reconnaître les initiales de La Pérouse ; il s’informa de la provenance de cet objet : les matelots lui désignèrent l’île de Vanikoro, qui fait partie dfc l’archipel de Quirot ou des terres du Saint-Esprit. Il fit voile aussitôt dans la direction de cette île, devant laquelle d’Entrecasteaux avait passé, mais la nuit. En route, il jugea à propos de retourner à Calcutta. La Compagnie des Indes lui donna un vaisseau convenable, la Research, lui remit des présents pour les indigènes, et lui adjoignit un agent français, M. Eugène Chaigneau (janvier 1827). De retour à Tikopia, il renouvela ses questions ; des naturels lui offrirent de lui servir de guides et d’interprètes. Arrivé au groupe des îles Vanikoro (ou de La Pérouse), il ne put obtenir que des renseignements confus ; il fit des excursions dans l’île, et, à la fin, il trouva un chef qui lui fit un récit véridique, selon toute probabilité. Ce récit ne difierait pas beaucoup des rapports des gens de Tikopia. On n’a aucune raison de suspecter ce témoignage, car les naturels de Vanikoro ne sont pas anthropophages ; ils se contentent d’utiliser les ossements des naufragés, macérés dans l’eau de mer, pour en faire des pointes de lance ou de flèche. D’après le vieux chef de l’île, les deux navires de La Pérouse auraient fait naufrage, l’un après l’autre, pendant ia nuit, sur les récifs de deux îles du groupe. Les hommes du premier vaisseau, ayant fait usage de leurs armes, auraient été massacrés ; les gens de l’autre navire, ayant fait des présents aux indigènes, auraient eu la vie sauve et auraient construit un petit navire avec les débris du grand. Ils étaient repartis quelques mois après, en laissant à terre quelques hommes qui s’étaient ensuite disséminés dans diverses îles, et qui étaient morts au service des différents chefs. Dillon explora le théâtre de la double catastrophe ;