Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 1, L-Leo.djvu/170

Cette page n’a pas encore été corrigée

166

LANN

per l’armée française en deux. Attaqué alors par l’archiduc Frédéric-Charles, n’ayant plus de munitions, exposé à un feu terrible, Lannea se place sur le front de sa ligne et est atteint tout à coup par un boulet qui lui brise les deux jambes (22 mai 1809). À cette nouvelle, Bonaparte court vers le brancard qui portait le maréchal dans l’Ile de Lobau pour y subir l’amputation, et lui dit d’une voix étouffée, dit-on, par les larmes : à Lannes, mon ami, me reconnais-tu ? C’est l’empereur. C’est Bonaparte. C’est ton ami. » Selon une version, le duc de Montebello, ouvrant les yeux, répondit : » Dans quelques heures, vous aurez perdu l’homme qui vous a le plus aimé. » D’après une autre version, dans un entretien particulier, le maréchal reprocha amèrement au despote sa politique, aussi fatale à lui-même qu’à la France, et lui donna des conseils qui, naturellement, ne furent point écoutés. Après avoir subi l’amputation, Lannes fut transporté à Vienne, où il mourut quelques jours après, le 31 mai. Ses restes furent transportés à Paris et déposés au Panthéon (6 juillet 1810). Une statue en marbre du maréchal a été érigée dans la ville de Lectoure après la révolution de Juillet 1830.

« Lannes, dit Napoléon à Sainte - Hélène, était un homme d’une bravoure extraordinaire ; calme au milieu du feu, il possédait un coup d’œil sûr et pénétrant, prompt à profiter de toutes les occasions qui se présentaient. Il avait une grande expérience pour la guerre ; il s’était trouvé dans cinquante combats isolés et à cent batailles plus ou moins importantes. Comme général, il était infiniment au-dessus de Moreau et de Soult. » Lannes manquait absolument d’instruction et d’éducation. Dans son langage, il était grossier et brutal, et devant Bonaparte lui-même, en présence de cet homme qui voyait se prosterner lâchement devant lui tant d autres hommes, il n’avait cessé de conserver sa franchise et son libre parler d’ancien républicain. C’est ainsi qu’il avait vivement protesté contre le concordat et la restauration de la noblesse. Après la bataille d’Eylau, Napoléon ayant attribué toute la gloire de cette journée k Murât, Lannes entra dans une violente colère : « Nous avons combattu plus que lui, Augereau et moi ! s’écria-t-il ; croyez-vous que je sois homme à me laisser échapper une seule palme ? Non, par personne, pas même par votre coq empanaché de beau-frère, qui vient, après la victoire, chanter coricoco ! ■

Lorsque Napoléon chargea le peintre Robert de faire le portrait de Lannes, qui devait figurer dans la galerie des maréchaux, Lannes reçut fort mal l’artiste et lui dit, en parlant de celui qui l’envoyait : « Que veutil faire de mon portrait, ce b -là ?» Un

jour où l’on parlait aux Tuileries devant lui, des défenseurs de Saragosse qu on accusait de fanatisme : « Messieurs, dit-il, ce sera ce que vous voudrez, mais je puis vous assurer que ce sont des b qui se battent bien ! »

Lannes avait épousé, en premières noces ; une demoiselle Méric, avec laquelle il divorça, et dont un fils, né pendant le mariage, fut, après la mort du maréchal, déchiré adultérin par les tribunaux. En secondes noces, il s’était marié avec M11* de Guéhéneuc, fille d’un entrepreneur de lits militaires, née en 1781, morte en 1856. Elle devint dame d’honneur de Marie - Louise, se retira de la cour lors de l’avènement de Louis XVIII et se consacra à l’éducation de ses enfants.

LANNES (Napoléon-Auguste), duc de Montebello, diplomate français, fils aîné du maréchal, né en 1801. Créé pair de France par Louis XVIII en 1815, à l’âge de quatorze ans, il fit, en 1827, une première et courte apparition au Luxembourg, alla visiter les États-Unis, et, à son retour, suivit Chateaubriand dans son ambassade à Rome. Après la révolution’de Juillet, il vint siéger régulièrement à la Chambre des pairs, et sembla d’abord vouloir se ranger parmi les membres de l’opposition légitimiste ; mais, cédant bientôt aux avances que lui faisait la nouvelle cour, il se rallia U la dynastie d’Orléans, dont il défendit constamment la politique, et se prononça notamment contre le projet de loi relatif à l’abolition de l’hérédité dans la pairie. Il soutint, en 1833, l’amendement de Cousin dans la discussion du projet de loi sur l’abrogation du deuil du 21 janvier, et appuya, en 1835, le projet de loi sur la presse. Il était devenu, en 1833, ministre plénipotentiaire en Suède, puis à Berlin ; en 1836. il fut nommé ambassadeur en Suisse et demanda au gouvernement fédéral l’éloignement des réfugiés politiques, et, plus tard, celui du prince Louis-Napoléon, qui habitait alors Arenenberg. Il venait d’être nommé depuis peu ambassadeur k Naples, lorsqu’il fut appelé, le 1er avril 1839, à remplacer le comte Mole au ministère des affaires étrangères ; mais, le cabinet ayant été dissous le 12 mai suivant. il alla reprendre son poste à Naples, et négocia, en 1844, le mariage de la princesse Caroline do Salerne avec le duc d Aumale. En 1847, il reçut le portefeuille de la marine. Il présenta, pendant son ministère, un rapport dans lequel il se prononçait contre l’opportunité de 1 affranchissement des esclaves. La révolution de Février le mit momentanément à l’écart ; en avril 1849, le département de la Marne l’envoya à l’Assemblée législative, où il vota avec la majorité réactionnaire. Après

LANN

le 2 décembre 1851, il renonça k la vie politique ; mais, en février 1853, il accepta 1 ambassade de Saint-Pétersbourg, qu’il garda jusqu’en 1864. À son retour, il fut appelé à faire partie du Sénat. Depuis la révolution du 4 septembre, il est rentré dans la vie privée.

LANNES (Gustave-Olivier), comte de Montebello, général français, frère du précédent, né à Paris en 1804. Il s’engagea, en 1830, dans la cavalerie, assista à 1 expédition d’Alger, puis alla servir dans les rangs des patriotes polonais. À son retour en France, il retourna à l’année d’Afrique et franchit successivement tous les grades jusqu’à, celui de colonel de chasseurs, auquel il fut promu en 1847. Le 22 décembre 1851, Louis Bonaparte le créa général de brigade et le choisit pour un de ses aides do camp. En 1854, il fut nommé commandant de la cavalerie de la garde impériale et, l’année suivante, élevé au grade de général de division. En octobre 1861, M. Lannes reçut une mission k Rome et fut admis en audience particulière par le pape. Il revint l’année suivante dans cette ville pour y prendre le commandement du corps français d’occupation, et retourna en France à l’époque fixée pour l’évacuation (1866). L’année suivante, il devint membre du Sénat. Mis à la tête de la division de cavalerie de la garde impériale, il garda ce poste jusqu’en 1869, époque où il fut mis dans le cadre de réserve. — Un frère des deux précédents, Alfred Lannes, comte de Montebello, mort en 1861, fit partie delà Chambre des députés après 1830.

LANN1LIS, bourg de France (Finistère), ch.-l. de caut., arrond. et k 23 kilom. N. de Brest, au bord de l’Aber-Vrach et de l’Aber-Benouhic. Pop. aggl., 1,145 hab.— pop. tôt., 3,318 hab. Fabriques de couvertures grossières ; fonderie, tuilerie. Exportation de blé. L’église, bâtie en 1774, est surmontée d’une flèche élégante. Dans le cimetière, se voit le tombeau de François de Çoum, œuvre remarquable du xvi< ! siècle. La statue du mort est couchée sur le tombeau, les mains jointes. 11 est armé de toutes pièces ; ses pieds sont appuyés sur un lion. A 2 kilom. N.-E. du bourg. le château de Kerouartz dresse, sur la rive gauche de l’Aber-Vrach, ses belles cheminées en pierre.

LANNION, ville de France (Côtes-du-Nord), ch.-l. d’arrond. et de cant., à 65 kilom. N.-O. de Saint-Brieuo, sur le Léguer. Pop. aggl., 5,462 hab. — pop. tôt.. 6,223 hab. L’arrondissement renferme 7 cantons, 65 communes et 113,097 hab. Tribunal de l’c instance ; collège communal ; bibliothèque publique. Eaux minérales anticalculeuses, ferrugineuses, froides. Tanneries, brasseries, fabrication de toiles, chapeaux, papier ; coutellerie, armurerie, blanchisserie de cire ; exploitation de sable calcaire. Commerce actif, consistant principalement dans l’exportation du chanvre teille, des os d’animaux, céréales et graines oléagineuses ; et dans l’importation des vins, cidre, eaux-de-vie, épiceries, sel, graines de fin et de chanvre, bois du Nord, houille, fer, produits du Midi.

Lannion, dont le nom apparaît pour la première fois dans le xiie siècle, tomba, en 1346, au pouvoir des Anglais, auxquels deux soldats de la garnison ouvrirent une poterne de la ville, un dimanche, à la pointe du jour. Les Anglais se précipitèrent dans la ville, où ils mirent tout k feu et à sang, malgré l’héroïque résistance de Geffroi de Pontbkuic, k la mémoire duquel les Lannionnais ont érigé une croix. Le château fut démantelé à cette époque. Lannion n’a aucun monument digne d’être décrit. Nous nous bornerons à signaler : l’église Saint-Jean-du-Baly, bâtie au xvic siècle ; l’église de Kennaria - au-Traon, fondée en 1178 ; la chapelle Sainte-Anne, édifice de 1650 ; le monastère des Ursulines ; l’hôtel de ville, etc.

Les deux curiosités principales des environs de Lannion sont l’église de Bréléveuez et le château de Coètfree. Bâtie sur une hauteur escarpée, l’église de Brélévenèz est surmontée d’une ilèche élégante et se recommande par le caractère byzantin de sa chapelle absidale, de ses arcades, de son portail et de sa crypte. Plusieurs des chapiteaux des colonnes sont historiés. Il y a une crypte, qui doit être du xie siècle. Le château de Coètfree, bâti sur le versant d’une des collines qui dominent la charmante vallée du Léguer, est flanqué de tours, dont l’une, celle du sud-ouest, conserve encore ses créneaux et. ses mâchecoulis. L’entrée principale est, eu grande partie, détruite. Aucun document ne fait connaître l’époque de la fondation du château de Coëtfrec, mais les archéologues les plus autorisés pensent qu’il remonte au xve siècle.

LANNO (François - Gaspard - Aimé), sculpteur français, né à Rennes en 1800. D’abord élève de F. Lemot et de Cartellier, il entra ensuite à l’École des beaux-arts, remporta le second prix en 1825, le grand prix de sculpture en 1827, sur le sujet de Alucius Saevola, puisse rendit à Rome, d’où il fit quelques envois qui furent remarqués. De retour à Paris en 1833, M. Lanno a exécuté et exposé un assez grand nombre d’œuvres qui lui ont valu, en 1855, la croix de la Légion d’honneur. Cet artiste consciencieux, mais de peu d’originalité, n’a exécuté aucune œuvre qui

LANN

ait signalé hautement son nom à l’attention publique. Nous citerons de lui : Pandore chez Epiméthée, bas-relief (1831) ; Lesbie (1832), statue en marbre, envoi de Rome qu’il exposa en 1834, et qui fait partie du musée de Rennes ; La ChalotaU (1836) ; Montaigne (1S3S), statue en bronze érigée à Périgueux ; Fénelon (1840), statue en bronze érigée dans la même ville ; le Maréchal Brune (1843), statue en bronze, pour Brives-Ia-Gaillarde ; Majour, statue en bronze qu’on voit dans la même ville ; Fénelon, statue en pierre qui décore la place Saint - Sulpicej Sainte Geneviève, statue en pierre qu’on voit k l’église de la Madeleine, k Paris ; Pascal, Fiécnier, le Génie de l’art égyptien, statues décoratives placées au nouveau Louvre ; Montaigne, h. l’École normale ; Étienne, k l’Opéra-Comique ; Apollon et les neuf Muses, statues qui décorent le théâtre de Rennes ; Bertrand d’Argentré, au palais de justice de la même ville ; Noé (1864). On lui doit, entre autres bustes, ceux de Philippe le Long, de Bonnivet, au musée du Louvre ; de Montaigne, de Dubois, de Boulay de la Meurtàe, etc.

LANNOY, bourg de France (Nord), ch.-l. de cant., arrond. et k 10 kilom. N. — E. de Lille ; 1,842 hab. Filatures, tissage mécanique et à la main, tannerie, brasserie, fabrique d’huile, sucrerie. Grand commerce de couvertures de laine façon anglaise. Lannoy était une ville très-florissante dans tes xne, xm< ! et xive siècles, par ses fabriques de pannes, de serges, de camelots et d’une étoffe nommée tripp ; mais les terreurs, les cachots, les bûchers dont Philippe II couvrit la Flandre pendant qu’il exerça sa puissance sanguinaire dépeuplèrent cette ville, habitée, en grande partie, par des réformés. Jean de Lannoy la fit entourer de murailles et de fossés et y fit construire une église et un château vers la fin du xve siècle. L’église subsiste encore ; elle a été restaurée et agrandie au xvna siècle ; on y remarque quelques belles boiseries. Il ne reste plus que dos décombres du château, et les murailles qui tombaient en ruine furent détruites dans la campagne de 1792.

LANNOY (Guillebert de), diplomate et voyageur français, né en 1386, mort en 1462. Successivement chancelier et chambellan du duc de Bourgogne, il se signala dans les guerres de son temps, notamment, en 1413, contre les Polonais ; puis il visita la Lithuanie et l’Angleterre, et revint dans sa patrie, où il fut nommé gouverneur de l’Ecluse. En 1420, il assista à l’assemblée de Troyes. où Isabeau de Bavière signa le honteux traité qui donna la France à Henri V, et fut chargé par ce prince d’une mission qui ne tendait à rien moins qu’au rétablissement d’une monarchie chrétienne k Jérusalem. Après avoir parcouru dans ce but la Prusse, la Pologne et la Hongrie, il parvint à Constautinople, d’où il se rendit en Syrie. Ce fut là qu’il recueillit une foule de documents relatifs à la mission dont il avait été chargé ; il les réunit dans ses Pèlerinages de Syrie et d’Égypte, dont il offrit une copie au roi d’Angleterre et une autre au duc de Bourgogne, qui le créa> en 1429, chevalier de l’ordre de la Toison d’or. Celte relation de la mission de Lannoy a été publiée dans le tome XXI de YArchxologia ; mais il en existait une autre plus complète, comprenant tous ses voyages, et écrite par lui-même, laquelle a été publiée, par la Société des bibliophiles de Mons, sous ce titre : les Voyages et ambassades de messire Guillebert de Lannoy (1399-1450 [Mons, 1S42]). On peut consulter sur ce livre une brochure du savant historien polonais Lelewel, intitulée : Guillebert de Lannoy et ses voyages en 1413, 1414 et 1421 (Bruxelles, 1845. ; en polonais, Posen, 1844).

LANNOY (Charles de), général espagnol, né en Flandre en 1470, mort en 1527. Il s’illustra au service de l’Autriche et eut le commandement général des armées de Charles-Quint. Ce fut lui qui gagna la bataille de Pavie, où François Ier fut fait prisonnier. En lui remettant son épée, le roi lui dit : «Voilà l’épée d’un roi qui mérite d’être loué, puisque, avant de la rendre, il s’en est servi pour répandre le sang de plusieurs des vôtres. » Cela était vrai, et le roi avait un peu trop profité de la certitude où il était que les Impériaux ne voulaient pas le tuer, pour en tuer lui-même très - inutilement et impunément plusieurs qui cherchaient à le faire prisonnier. De Lannoy fit cette noble réponse :« Je prie Votre Majesté d’agréer que je lui donne la mienne, qui a épargné le sang de plusieurs des vôtres. » 11 fit conduire le roi de France au château de Pizzighitone, et, après le traité de Madrid, ce fut lui qui accompagna jusqu’à la frontière française ce souverain. Pour récompenser ses services, Charles - Quint lui avait accordé la principauté de Sulmone. C’était un général habile et prudent, mais qui manquait de résolution et d’audace.

LANNOY (Ferdinand de), duc de Boyennes, général espagnol, fils du précédent, né en Italie vers 1510, mort en 1579. Il devint général d’artillerie, donna de nombreuses preuves de courage et de talent en Italie, en Allemagne et en Flandre, puis fut successivement gouverneur de la Hollande, de l’Artois, de Gray, qu’il fortifia, et grand bailli d’Amont. Lannoy était aussi distingué comme savant que comme homme de guerre. Il passe pour l’inventeur de l’artillerie de campagne, et on lui doit de bonnes cartes de la Bourgogne et de la Franche-Comté.

LANNOY (Julienne-Cornélie, baronne de), femme de lettres hollandaise, née à Brédaen 1738, morte en 1782. Descendant d’une des plus anciennes familles de la Hollande et douée par la nature de tous les avantages extérieurs, elle reçut une brillante éducation, mais vécut ensuite loin du bruit et des plaisirs du monde, consacrée tout entière au culte des Muses. Ses ouvrages n’eurent pas une médiocre influence sur la renaissance de la poésie hollandaise, On a d’elle des pièces de théâtre, entre autres : Léon le Grand (1767) ; le Siège de Harlem (1770), et Cléopâtre (1776) ; des Œuvres poétiques (Leyde, 1780, 2 vol.) et des Poésies posthumes (1783), éditées par Bilderdyk.

LANNOY (Marie-Antoine de), architecte, né k Paris en 1800. Il eut successivement pour maître Vaudoyer, Delespine, H. Lebas, obtint le second prix d’architecture en 1826, légrand prix en 1828, et fit alors le voyage réglementaire d’Italie. De retour en France, M. Lannoy fut chargé de plusieurs constructions publiques et privées, et devint, jusqu’en 1849, architecte de la Banque. On doit k cet habile architecte : le Temple d’Anlonin , envoi de Rome ; Étude de l’île libertine (1832), qui a figuré k l’Exposition universelle de 1855 ; Projet d’agrandissement de la Bibliothèque royale ; Études architecturales en Italie ; Études artistique^ de la régence d’Alger (1835-1837) ; le Tombeau de Robert de Naples (1852), etc.

LANOUA1LLE, bourg de France (Dordogne), ch.-l. de cant., arrond. et à 54 kilom. S.-E. de Nontron. sur un plateau élevé, près de la Loue. Pop. aggl., 650 hab. — pop. tôt., 1,546 hab. Forges. Le maréchal Buguaud y possédait Une propriété.

LA NOUE (François de), dit Bras do Fer,

le Bayard huguenot, né en 1531 d’une des plus illustres familles de Bretagne, blessé mortellement au siège de Lamballe en 1591. Des exercices d’armes et d’équitation, des jeux violents, quelques rares lectures, telle était l’éducation du temps, telle fut l’éducation de La Noue. Placé comme page à la cour de Henri II, il s’appliqua de lui-même à réparer les imperfections d’un pareil système et se familiarisa de préférence avec les grands hommes de Plutarque, qu’Amyot naturalisait alors en France. Il fit ses premières armes en Piémont, sous le maréchal de Brissac, su conduisit en brillant gentilhomme, et, devenu orphelin, revint en Bretagne administrer ses biens,

Vers cette époque, d’Andelot, frère de Coligny, étant allé se fixer en Bretagne pour quelque temps, résolut d’amener La Noue au protestantisme et y parvint. La Noue était naturellement religieux, il était instruit ; les abus de l’Église dominante l’avaient frappé bien souvent : il embrassa donc la Réforme en toute sincérité ; cependant il ne prit aucune part k la conspiration d’Amboise. Mais, k la nouvelle du massacre de Vussy, il se rangea sous les drapeaux de Condé, assista à la bataille de Dreux, où Condé fut pris, et dirigea avec Coligny la retraite de l’armée battue. Puis il rentra dans ses foyers jusqu’à la reprise des hostilités (1567). Alors il débuta par la prise d’Orléans, parcourut le Nord et l’Ouest pour lever des troupes, rejoignit le prince de Condé, qui était k la veillo de livrer la bataille de Saint-Denis, et suivit le prince en Lorraine après l’action. Pris à Jarnac et remis en liberté, il fit le siège de Poitiers, fut repris k Moncoatour (15G9) et reçut, dans cette seconde captivité, les témoignages les plus flatteurs de ses ennemis. Coligny avait proposé k la cour de l’échanger contre Strozzi, seigneur distingué, qu’il tenait en son pouvoir. Le cardinal de Lorraine s’opposa à cet échange, en disant qu’il y avait plusieurs Strozzi en France, tandis que les profestants n’avaient qu’un seul La Noue, En toute occasion, ce vaillant et intrépide guerrier montra que la valeur peut s’allier k l’humanité. Il sut maintenir parmi ses troupes la plus exacte discipline et se montra partout le protecteur des vaincus. ■ Ainsi, dit un historien catholique, La Noue faisait en quelque sorte revivre, au milieu des horreurs de la guerre civile la plus cruelle, l’humanité, la douceur et le noble désintéressement qui avaient autrefois mis Bayard au premier rang des chevaliers. »

C’est au siège de Fontenay-le-Comte (1570) que, un coup d’arquebuse lui ayant fracassé le bras gauche, il dut se faire amputer. Jeanne dAlbret l’avait décidé k subir cette terrible opération, k laquelle d’ailleurs elle eut le noble courage d’assister. On remplaça le bras amputé par un bras de fer, ce qui fit donner k La Noue le surnom qu’il porte dans l’histoire.

Tandis qu’à la faveur de la paix concluo au mois d’août 1570 entre catholiques et protestants La Noue s’emparait de Valenciennes et de Mons pour la France, Charles IX violait le traité et massacrait les protestants. En ce moment, La Noue, assiégé dans Mons, était obligé de cupituler. N’osant encore retourner en France, il chercha un refuge dans le camp des Espagnols. Le duc de Longueville, gouverneur de la Picardie, ayant appris le lieu de sa retraite, prit sur lui de l’appe-