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toutes les mesures présentant un caractère libéral. En 1814, il devint un des principaux propriétaires du journal le Commerce, dans lequel il publia un assez grand nombre d’articles sur des questions financières, maritimes et économiques. Dans la session de 1847, il vota pour la réforme électorale, mai 3 il refusa de s’associer à l’agitation qui se manifestait, surtout dans des banquets politiques. Après la chute de Louis-Philippe et de la monarchie constitutionnelle, à laquelle ilis’était rallié, Lanjuinais, élu le premier dans la Loire-Inférieure, alla siéger a l’Assemblée constituante, où il devint un des membres importants de la majorité. Il combattit, dans le comité des finances dont il faisait partie, les doctrines socialistes, l’emploi du papiermonnaie, proposa de combler le déficit par la consolidation en rentes des bons du Trésor et des livrets de la Caisse d’épargne, obtint l’adoption de cette mesure financière qui restaura le crédit public ébranlé, et fit plusieurs rapports importants sur des questions financières. Lors de la proposition Râteau, tendant à la dissolution immédiate de la Constituante, M. Lanjuinais demanda que la dissolution n’eût lieu qu’après le vote de la loi électorale, et vit la majorité se rallier à son amendement. Non réélu dans son département lors des élections générales pour la Législative, il fut nommé dans la Seine aux élections complémentaires du mois de juillet 1849. Le 2 juin précédent, Lanjuinais avait été appelé à faire partie, comme ministre de l’agriculture et du commerce, du cabinet présidé par M. Odilon Barrot. Il modilial’ancien système des quarantaines pour les bâtiments venant du Levant, supprima le monopole de la boulangerie à Paris, et, devenu ministre de l’instruction publique par intérim, il autorisa les évêques a se réunir librement en synodes ou conciles. Le 31 octobre de la même année, Lanjuinais quitta le ministère avec ses collègues et redevint un des membres les plus laborieux de l’Assemblée. Ce fut lui, notamment, qui rédigea le rapport dans lequel le ministère était hlâmé au sujet de la destitution du général Changarnier, blâme qui amena la chute du cabinet. Lors du coup d’État du 2 décembre 1851, il fut arrêté avec plusieurs de ses collègues à la mairie du X° arrondissement, conduit à Vincennes et rendu, le 5 décembre^ à la liberté. Sous l’Empire, le vicomte Lanjuinais se tint à l’écart des affaires publiques jusqu’en 1863. À cette époque, il se présenta, comme candidat de l’opposition, dans la Loire-Inférieure, qui l’envoya au Corps législatif, 11 y prit à plusieurs reprises la parole, vota presque toujours contre le gouvernement, et mourut peu de mois avant 1 expiration de son mandat. On doit à M. Lanjuinais, qui penchait vers la monarchie constitutionnelle sans être hostile, toutefois, à la forme républicaine, des brochures, des études économiques, qui ont été réunies et publiées en 1852, une Notice sur la vie et les uuoruges de J.-Denis Lanjuinais, son père (1832, in-8°} ; Nouvelles recherches sur la question de l’or (1855), etc. — Son frère aîné, le comte Paul-Eugène Lanjuinais, né à Rennes en 1789, mort en 1872, succéda à son pèro, comme membre da la Chambre des pairs, en 1827, et fit partie de ce corps politique jusqu’en 1848, époque où il rentra dans la vie privée.

LANKA, nom que les Siamois donnent à l’île de Ceylan, qui, pour eux, est le siège primitif de la religion bouddhique.

LANKIUNK (Prosper-Henri), peintre allemand, né en 1C28, mort en 1692. Il étudia son art à l’Académie d’Anvers, où il s’appliqua surtout à l’étude des chefs-d’œuvre du Titien et de Salvator Rosa. Plus tard, il passa en Angleterre, où il fut protégé par l’amiral Edward Sprag et par un riche amateur, sir "W. Williams. C’est pour ce dernier qu’il avait exécuté la plupart de ses tableaux ; mais la galerie qui les renfermait fut détruite par un incendie, en sorte qu’il nous reste fort peu de chose de l’œuvre de cet artiste. On estimait surtout ses paysages, qui se distinguaient par un grand talent d’invention, un coloris des plus naturels et beaucoup d’harmonie entre les diverses parties du dessin.

LANLEFF, village et commune de France (Côtes-du-Nord), cant. de Plouha, arrond. et à 30 kilom. de Saint-Brieuc ; 413 hab. Cette localité possède un monument très-intéressant au point de vue archéologique, et connu sous le nom de Monument de Lanleff. Avant de reproduire les hypothèses auxquelles il a donne lieu, nous en ferons une description sommaire. « Ce curieux édifice se compose, dit M. Mérimée, de deux enceintes circulaires, concentriques, dont l’extérieure, beaucoup plus basse, est détruite en partie. L’autre est percée de douze arcades en plein cintre, reposant sur des piliers carrés avec une colonne engagée sur chaqqe face. Probablement, autretois, l’arcade a l’O. se trouvait vis-à-vis d’une porte pratiquée dans l’enceinte extérieure ; mais, aujourd’hui, elle est détruite, ou, du inoins, complètement défigurée. Les onze autres arcades répondaient chacune à doux arcades en plein cintre, figurées sur la muraille de l’enceinte extérieure, surmontées d’un œil-de-bœuf et encadrées dans une grande arcade. Celle-ci était flanquée de deux colonnes engagées ; une colonne semblable recevait les retombées des deux moindres arcades comprises dans la

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première. Dans l’intérieur de chacune de ces arcades, s’ouvrait une fenêtre en plein cintre, s’élargissant en dedans, mais étroite comme une meurtrière en dehors. Une voûte unissait les deux enceintes. Telle devait être autrefois la disposition du monument.

Aujourd’hui, toute la partie N. du mur extérieur est détruite, et à l’E. de l’édifice a été construite une petite chapelle gothique. Dans le même temps, sans doute, qu’on l’a bâtie, on faisait une espèce ide transsept avec une portion de l’intervalle entre la première enceinte et la seconde. Là seulement s’est conservée une partie de la voûte qui liait autrefois les deux enceintes. Elle est en plein cintre, renforcée d’arcs-doubleaux, d’ailleurs très-grossièrement exécutés, tandis que les arcades intérieures se font remarquer par l’assemblage de leurs claveaux très-régulièrement taillés.

Maintenant, l’enceinte intérieure est à ciel ouvert et l’on ne voit pas même les amorces des voûtes. La muraille, haute encore de 10 mètres, bien que son couronnement n’existe plus, n’a pas une seule fenêtre, mais seulement quelques trous, comme ceux qu’on pratique pour les échafaudages. Impossible de dire aujourd’hui comment le jour pénétrait dans cette espèce de tour. Depuis nombre d’années, cette enceinte sert à la fois de vestibule à la chapelle gothique et de cimetière pour les habitants du village. Dans l’enceinte intérieure, les colonnes engagées sur la face des piliers qui regarde le centre du monument s élevaient aussi haut que les murailles ; leurs chapiteaux ont disparu avec le couronnement de l’édifice. Les autres colonnes, de moindre dimension, engagées dans les deux enceintes, sont, pour la plupart, très-endommagées. On reconnaît, cependant, la forme générale de leurs chapiteaux en pyramide tronquée et renversée avec quatre têtes saillantes sous le3 angles du tailloir. La disposition du monument de LanleiT est celle que l’on donnait aux églises dès les premiers temps du christianisme. •

Ce monument, pour ainsi dire unique, a exercé au plus haut degré la sagacité des érudits. Lanleff en breton veut dire terre des pleurs, mais cette dénomination du pays est comparativement récente. M. le comte de Caylus, après un examen de l’édifice, a conclu que e était un temple gaulois. M. Legonidec, dans un mémoire lu à l’Académie celtique, incline vers la même opinion et pense qu’il était dédié au soleil. Il féappuie sur la nature des reliefs qui ornent les pilastres intérieurs ou extérieurs, et qui représentent une tête de bélier, une tête de taureau, une moitié de soleil. Ces différents symboles du zodiaque, joints au nombre des portes, lui semblent des preuves concluantes. D’autres antiquaires ont prétendu que c’était une église bâtie par les templiers. Ils s’autorisent de différents attributs grossièrement sculptés dans l’intérieur, et de l’établissement des templiers dans le voisinage ; mais on a fait à cette opinion une objection sérieuse, c’est que la charte du duc Ûonan IV, datée de 1 an 1160, dans laquelle tous les biens possédés en Bretagne par les templiers sont indiqués, ne dit pas un mot do Lanlerf. Une dernière opinion, soutenue par l’abbé Deric et M. Penhoat, fait du monument qui nous occupe un baptistère. Tout le monde sait que les premiers chrétiens étaient baptisés par immersion. Les édifices dans lesquels cette grande cérémonie avait lieu, aux fêtes de Pâques et de la Pentecôte, étaient généralement ronds, selon Grégoire de Tours ; au milieu se trouvait un réservoir ou fous, dans lequel on descendait par quelques inarches. On voit, en effet, à la porte du monument une fontaine dont les eaux eussent pu servir à alimenter la piscine du baptême. Cette hypothèse, qui se rapproche de l’opinion émise par un juge aussi compétent que M. Prosper Mérimée, semble la mieux justifiée.

LANA1EUR, bourg de France (Finistère), chef-lieu de canton, arrond. et à 12 kilom. N.-E, de Morlaix ; pop aggl., 895 hab.—pop. tôt., 2,729 hab. Minoteries ; fabriques de poteries communes ; tourbières. Sous l’église, construction du xc siècle, sa trouve une crypte dans laquelle se voient une fontaine qui a’ servi, dit-on, aux baptêmes par immersion, et plus anciennement, sans doute, au culte druidique, et la statue de saint Mêlas, prince breton, mis à mort vers 538. Sur le fût des colonnes dp cette crypte sont sculptés des serpents entrelacés. D’après une croyance très-répandue dans le pays, les eaux de la fontaine dont nous venons de parler déborderont un dimanche de la Trinité et détruiront l’église. Près du bourg s’élève la chapelle du prieuré de Kernitron, reconstruit au xiio siècle.

LAN.NASKEDË, village de Suède, dans le gouvernement de Joenkjœping, connu par une excellente source minérale très-fréquentée ; 900 hab. environ.

LANNE s. f. (la-ne). Pêche. Ligne fine qui part de la maîtresse corde.

LANNEAU DE AIAKEV (Pierre-Antoine-Victor de), fondateur du collège Sainte-Barbe, né à Bard (Côte-d’Or) en 1758, mort à Paris en 1830. Nous avons parlé longuement de cet homme estimable à l’article Barbb (collège Sainte-), auquel nous renvoyons le lecteur. Nous nous bornerons à ajouter que, à

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l’époque de la Restauration, on reprocha vivement à Victor deLanneau d’avoir reconnu la constitution civile et de s’être marié. Vainement il opposa un bref du pape qui l’avait relevé de ses vœux à l’époque de son mariage ; il n’en fut pas moins en butte aux attaques des orthodoxes zélés ; aussi, tout en conservant la haute surveillance de Sainte-Barbe, il crut devoir s’adjoindre, pour diriger cet établissement, Mouzard, Adam, et son hls, Adolphe. On lui doit quelques ouvrages d’éducation : Cours ou Leçons pratiques de grammaire française (1824) ; Grammaire des enfants (1824) ; Dictionnaire de poche (1827) ; Dictionnaire poétique des rimes (1828) ; Dictionnaire de poche latin-français (1829).

LANNEAU DE SIAREY (Régulus-Adolphe de), administrateur, fils du précédent, né à Paris en 1796. Il avait dix-nuit ans lorsqu’il suivit en Russie, en qualité de secrétaire, le général Mathieu Dumas, qui le fit nommer, en 1813, adjoint au commissaire des guerres. Fait prisonnier à. Dresde, il subit dix-huit mois de captivité, puis devint commissaire et fut destitué à la seconde Restauration. M. A. de Lanneau se tourna alors vers l’enseignement. En 1819, son père l’associa à son œuvre, en lui confiant la direction de Sainte-Barbe, qu’il administra seul de 1S30 a 1838. M. Adolphe de Lanneau devint ensuite administrateur de l’institution nationale des Sourds-Muets, et prit définitivement sa retraite en 1858.

LANNÉE s. f. (la-né — de Latines, n. pr.). Bot. Syn. d’ooiNB.

LANNEL (Jean de), sieur du Chaintiîkau et de Cuambord, historien et romancier français du xvno siècle. On ne connaît ni la date de sa naissance, ni celle de sa mort, et l’on n’a sur sa vie que fort peu de renseignements. Neveu de M. "de Hillerin, trésorier do France à Poitiers, qui lui fit obtenir la protection du maréchal de Brissac, il passa, après la mort de ce dernier, au service du duc de Lorraine, à la cour duquel il se trouvait encore en 1060. Il n’est plus fait nulle part mention de lui après cette époque. Parmi ses ouvrages, il en est un qui fit beaucoup de bruit lors de sa publication ; nous voulons parler de son Roman satirique (Paris, 1624, in-s° de 1,113 pages), dans lequel il fait un tableau frappant, parfois même un peu cru, des mœurs de la cour ; il y a introduit, sous des noms supposés, plusieurs des personnages les plus célèbres de son temps ; mais il est presque impossible aujourd’hui de soulever le voile et de deviner quelles figures nous cachent ces noms assez ridiculement forgés, du reste. Il paraît, cependant, que la perspicacité des contemporains ne fut pas toujours mise en défaut à ce sujet, car, pour la dérouter, l’auteur crut devoir donner, sous le titre de lioman des Indes (Paris, 1G25, in-S°), une nouvelle édition de son livre, dans laquelle il a changé le lieu de la scène et les noms des acteurs. La lecture de cet ouvrage est assez attachante, grâce au talent narratif de l’auteur ; mais la peu d’intérêt qu’inspire le héros, 1 invraisemblance et la bizarrerie des situations dans lesquelles il se trouve placé, et d’où l’on est sûr d’avance qu’il sortira, finissent par rebuter et fatiguer. On a encore de Jean de Lannel : Histoire de la vie et de ta mort d’Artémise (Paris, 1622, in-12) ; Histoire de Don Juan, roi de Castille, recueillie de divers auteurs (Paris, 1622, in-8») ; Jtecueil de ptusieurs harangues, remontrances, discours et avis d’affaires d’État de quelques officiers de la couronne et d’autres grands personnages (Paris, 1622, in-8°) ; Vie de Godefroy de Bouillon, duc de Lorraine, roi de Jérusalem (Paris, 1625, in-8°) ; Lettres de Jean de Lannel (Paris, 1626, in-8°).

LANiNEJIEZAN, bourg de France (Hautes-Pyrénées), ch.-l. de cant, arrond. et à 26 kilom. N.-E. de Bagnères-de-Bigorre, sur un plateau, près de la source du Gers. Pop, aggl., 1, G57 hab. — pop. tôt., 1,772 hab. Carrières de marne et de sables. Vastes landes. Église romane ; restes d’une voie romaine, débris d’un château fort.

LANNER (Joseph-François-Charles), compositeur allemand de musique dansante, né à Vienne en 1802, mort près de cette ville en 1843. Heureusement doué pour l’art musical, cet artiste apprit fort jeune le violon et acquit, sans le secours d’aucun maître, un talent très-distingué sur cet instrument. C’est également avec la seule aide de livres théoriques qu’il apprit la composition. Il débuta par l’arrangement, en quatuors et quintettes, pour cordes, de morceaux d’opéras et d’ouvertures. Mais bientôt le démon du rhythme fit bruire à ses oreilles ses mesures inflexiblement cadencées, et Lanner s’adonna complètement aux compositions dansantes. Un

succès unanime accueillit ses premiers essais ; ses œuvres se multiplièrent, et le compositeur acquit un renom européen. Les innovations qu’il apporta dans l’harmonie,

l’instrumentation et le rhythme de ce genre musical, font de quelques-unes de ses compositions, notamment de ses valses, de véritables chefs - d’œuvre. L’estime dont jouissait ce compositeur en Allemagne était telle, que plus de vingt mille personnes, dit-on, suivirent son convoi. Outre des valses, Lanner a encore publié des galops, des quadrilles, des marches, des pots-pourris, 1 ouverture de la féerie intitulée le" Prix d’une heure dévie, et la musique d’une pantomime.

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Le nombre de ses compositions gravées dépasse 200.

LANNES (Jean), duc de Montebello, maréchal de France, né à Lectoure en’ 1769, mort à Vienne en 1809. Son père, qui était garçon d’écurie, lui fit apprendre h. lire et à écrire, puis le mit en apprentissage chez un teinturier. En 1792, Jean Lannes s’engagea dans un bataillon de volontaires du Gers, devint bientôt après sergent - major et montra, à l’armée des Pyrénées - Orientales, une telle bravoure, qu’il fut nommé officier et devint chef de brigade en 1795. Néanmoins, cette même année, il se vit compris parmi les officiers supérieurs destitués pour incapacité. Lannes n’en résolut pas moins de poursuivre une carrière pour laquelle il se sentait né ; il se fit présenter au général Bonaparte, et obtint de faire partie de l’armée d Italie comme simple volontaire. Il ne tarda pas a, se faire remarquer et fut nommé, après le combat de Millesimo, chef de brigade (1796). Il se distingua successivement à Dego, à Cadagno, au pont de Lodi, à la prise de Pavie. Nommé alors général de brigade, il enleva un faubourg de Mantoue, fut blessé à Governolo, reçut deux nouvelles blessures à Arcole (14 novembre), et, apprenant le lendemain que le combat continue, il monte à cheval, s’élance sur le pont d’Arcole au milieu de la mitraille, entraîne les soldats, est de nouveau atteint et tombe sans connaissance. À peine guéri, Lannes prend part à la bataille de Rivoli (1797), marche sur Rome, enlève les retranchements d’Imola, puis est envoyé par Bonaparte auprès du pape pour traiter de la paix.

Après le traité de Campo-Formio, Lannes reçut le commandement des départements dol’Isère, de la Drôrae, de l’Ardèche et du Gard. Peu après, il fut appelé à faire partie de l’expédition d’Égypte, où à prit part à presque toutes les affaires importantes, contribua à la prise de Gaza, de Jafla, fut grièvement blessé à Saint - Jean - d’Acre, et reçut une nouvelle blessure à Aboukir (24 juillet 1799). De retour en France avec le grade de général de division (1799), Lannes, qui subissait au plus haut point l’ascendant de Bonaparto, n’hésita point à s’associer à ses projets ambitieux et contribua au succès du coup d’Etat du 18 brumaire (9 novembre 1799). Peu après, il fut nommé commandant en chef de la garde consulaire et mis à la tête de l’avant-garde de l’armée des Alpes. Après avoir franchi le Saint - Bernard, il s’élance en avant, ayant à peine quelques canons, chasse les Autrichiens d’Aoste, de Chàiillon, s’empare d’Ivrée par escalade (25 mai 1800), de Pavie, de Stradella, contribue au succès do la bataille de Montebello, « où, selon son langage, les balles claquaient sur les os de ses soldats comme la grêle sur des vitrages, » et soutient pendant sept heures, à Marengo, les efforts de l’armée autrichienne et de 80 pièces de canon ; sa brillante conduite dans cette affaire lui fit décerner un sabra d’honneur.

En 1801, Lannes se rendit en Portugul comme ministre plénipotentiaire ; mais, sans instruction, d’un caractère brusque et emporté, il n’avait aucune des qualités nécessaires pour faire un diplomate. Se croyant en pays conquis, il voulut faire entrer à Lisbonne des marchandises sans payer de droits, et, sur les plaintes de la régence de Portugal, il fut remplacé par Junot.

Lors de l’établissement de l’Empire, Lannes devint maréchal de France (1804), p’uis grand-croix de la Légion d’honneur (1805), et reçut, peu après, le titre de duc de Montebello. Pendant la campagne de 1805 contre l’Autriche, il fut mis a. la tête de l’avantgarde de la grande année, et commanda raile gauche à la bataille d’Austerlitz { 2 décembre 1805). Après avoir occupé quelquo temps la Moravie, Lannes fit, en 18u6, la campagne de Prusse et assista a la bataille d’iéna ; puis il marcha contre les Russes, qu’il battit a. Pultusk, où il fut blessé (20 décembre), resta quelque temps à Varsovie et contribua à la prise deDantzig (24 mai 1807). De retour à la grande armée, il assista à la bataille de Friedland (14 juin) et fut nommé colonel général des suisses.

Envoyé en Espagne en 180$, il commença par battre, à Tudela, Palafox et Castanos, puis fut chargé de diriger les opérations du mémorable siège de Saragosse, et s’empara de cette ville le 21 février 1809, après avoir éprouvé, de la part des habitants, la plus héroïque résistance.

De retour en France, Lannes alla se reposer de ses fatigues, au sein de sa famille, dans sa belle terre de Maisons, près de Paris. Comblé d’honneurs et de richesses, le duc de Montebello éprouvait le besoin de jouir d’un peu de repos, lorsque Bonaparte, entraîné par son ambition vertigineuse, se lança dans une nouvelle guerre avec l’Autriche. Ce fut en pleurant, dit-on, que Lannes quitta sa femme et ses enfants. Mais à Abensberg (20 avril 1809), à Eckinûhl, àRatisboane, il redevint ce qu’il avait toujours été, la terreur de l’ennemi. Toujours à l’avant - garde, il marche sur Vienne, et, après avoir battu les Autrichiens à Amstetten (5 mai), il arrive avec Bonaparte aux portes’ de Vienne, qui, bombardée, capitule le 12 mai. Il avait lait un mal épouvantable a. l’ennemi, rompu et culbuté ses lignes à Essling, lorsque la rupture des ponts jetés sur le Danube vint cou-