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révolution du 10 août. Il était à la Force lors des massacres de septembre et fut mis en liberté par les exécuteurs. Depuis, il mena l’existence la plus aventureuse dans toutes les parties de l’Europe, vivant du jeu, de l’escroquerie et de la mendicité. Sous la Restauration, chose assez étrange, il recevait une pension de 4,000 francs de Louis XVIII, plus 200 francs par mois de la police, qui lui fit écrire ses Mémoires, Il mourut misérable et abandonné, en 1831. Beaucoup de personnes, à cette époque, le connaissaient, sans savoir qui il était, pour l’avoir vu, vieux, misérable et cassé, se promener journellement dans le jardin du Luxembourg. Outre les Mémoires qu’il avait rédigés sous l’inspiration de la police, il en avait écrit secrètement une autre version, qui tomba néanmoins entre les mains de l’autorité, et qui fut mutilée de tout ce qui traitait de l’affaire du collier. C’est cette version fragmentaire qui a été publiée en 1858 par M. Lacour (Paris, in-18).


LA MOTTE (Jeanne-Marte BOUVIER DE), dame GUYON, célèbre mystique française. V. Guyon.


LA MOTTE (Edme-Joachim BOURDOIS DE), médecin français. V. Bourdois.

LÀMOTTE-pUPORTAlL (Jacques-Malo du), marin français, né à Saint -Mulo en 17G0, mort en 1812. Attaché, comme lieutenant de vaisseau, à l’expédition envoyée à la recherche de La Pérouse sous les ordres de d’Entrecasteaux et d’Oribeau, il fut l’un de ceux qui prirent le commandement après la mort de ces deux chefs ; mais la nouvelle de la proclamation de la République arriva peu de

temps après à la connaissance des matelots placés sous ses ordres, et, en présence de l’enthousiasme avec lequel ils l’accueillirent, Lamotte-Duportail se retira et ne rentra en France qu’en 1803. Il avait écrit un journal de l’expédition, qui a beaucoup servi à Labillardière et k Rossel pour les relations qu’ils en ont publiées.

LA MOTTE-FOUQUÉ (Henri-Auguste, vicomte de), général et écrivain allemand, ami de Frédéric le Grand, né à La Haye en 1698, mort à Brandebourg le 2 mai 1774. Il appartenait k une ancienne famille normande qui émigra de la France par suite de la révocation de 1 édit de Nantes. Il devint page à ia cour du prince d’Anhalt-Dessau et s’engagea comme simple soldat dans l’armée prussienne en 1715, quand la Prusse était en guerre contre Charles XII, roi de Suède. En 1719, il obtint le grade de cadet, en 1729, celui de capitaine, et, en 1738, il fut nommé major. Il quitta l’armée prussienne h la suite de quelques démêlés avec son chef, et il prit du service dans l’armée danoise. Lorsqu’il était officier prussien, il gagna la faveur du prince royal de Prusse, plus tard Frédéric le Grand. Ce fut par exception que le roi de Prusse permit à. Fouqué de faire des visites au prince royal, quand il était enfermé dans la forteresse de Kùstein. On sait que le roi de Prusse, irrité de l’insubordination de son fils, était résolu à le faire périr et qu’il n’en fut empêché que par les supplications réitérées de tous les membres de la famille royale. Fouqué était l’ami le plus intime du prince ; il agita en sa faveur la population de Beriin et se concerta avec la princesse royale pour obtenir la grâce du prisonnier ou pour le faire évader. (Je ne fut pas sans regrets que le prince, mis en liberté, vit son ami quitter Berlin pour l’armée danoise, à cause de ses démêlés avec la rigide administration militaire.

Mais à iieine le roi fut-il mort, que le prince, devenu trëdéric II, appela Fouqué de Danemark, le nomma colonel et le mil à la tête d’un régiment. La Motte-Fouqué lit, en cette qualité, la première campagne de Silésie, où il commandait la placi de Glatz (1742). 11 était lieutenant général lorsque éclata la guerre de Sept ans. Le roi de Prusse le chargea d’arrêter, à Landshut, avec 10,000 hommes, un corps d’année de 31,0U0 Autrichiens, afin de permettre à l’armée prussienne d’opérer en sécurité sur un autre point. La bataille fut terrible ; la plus grande partie des Prussiens restèrent sur le champ de bataille, et Fouqué lui-même reçut une blessure très-grave et qui eût été mortelle sans les soins que lui prodigua son domestique, Frauschke. Il tomba donc entre les mains des ennemis, et, malgré le désir de Frédéric, il ne fut pas immédiatement libéré par les échanges de prisonniers ; les Autrichiens refusèrent de l’échanger et le retinrent prisonnier, sous prétexte qu’il commettait un délit en se plaignant trop ouvertement et Injustement de la manière dont étaient traités les prisonniers prussiens. En outrt, les Autrichiens s’emparèrent de toute sa fortune, qu’il avait laissée dans la forteresse. Après le rétablissement de la paix, Fouqué fut mis en liberté et jouit jusqu’à sa mort de l’amitié la plus intime du grand roi.

L’ouvrage qu’il a publié sous le titre : Mémoires du baron de La Motte (Berlin, 1788, 2 vol.) est très-important, au point de vue historique, parce qu’il contient toute sa correspondance avec Frédéric le Grand. On

consultera avec fruit, sur La Motte-Fouqué, l’ouvrage publié par son neveu sous le titre : Biographie de Henri-Auguste de La MotteFouqué (Beriin, 1824).

LA MOTTE-FOUQUÉ (Caroline de Briest, baronne ds), femme de lettres allemande, née

LAMO

en 1733, morte en 1831. Mariée toute jeune encore à M. de Rochow, elle ne tarda pas à divorcer, et se remaria au baron de La Motte-Fouqué. Les productions de la baronne de La Motte-Fouqué sont nombreuses’ ; elle a excellé surtout dans le genre du conte. Voici la liste de ses principaux ouvrages : les Trois contes (Berlin, 1806) ; Roderig (Berlin, 1807) ; la Dame de Fallcestein (Berlin, 1810) ; Lettres sur l’éducation des femmes (Berlin, 1811) ; Petits contes (Berlin, 1811) ; Magie de la nature (Berlin, 1812) ; l’Espagnol et le volontaire (Berlin, 1814) ; Feodora (Leipzig, 1815) ; la Vierge héroïque de la Vendée (Leipzig, 1816) ; Nouveaux contes (Berlin, 1817) ; Laàoiska ( Leipzig, 1820) ; Petits romans (Iéna, 1821) ; le Passé et le présent (Berlin, 1822) ; la Duchesse de Montmorency (Leipzig, 1822) ; les Femmes dans le grand monde (Berlin, 1826) ; la Table à écrire, ou le Vieux temps et te nouveau (Berlin, 1833), publié après la mort de l’auteur.

LA MOTTE-FOUQUÉ (Frédéric-Henri-Charles, baron de), écrivain allemand, né à Brandebourg en 1777, mort à Berlin en 1843. De bonne heure il montra un goût prononcé pour la poésie, mais les guerres de la Révolution vinrent l’arracher à ses méditations. En 1794, il entra dans le régiment de cuirassiers du duc de Weimar. Après une première" campagne, il fut mis en garnison à Àschersleben, où il se maria. Mais cette union ne fut pas heureuse, et il se sépara de sa femme. 11 suivit son régiment à Bûckeburg, où il devint lieutenant et où il reprit ses études littéraires. En 1802, il visita Weimar, et entra en relation avec Gœthe et Schiller, qui l’encouragèrent dans ses essais poétiques. Il se maria avec la veuve de Rochow, connue aussi dans les lettres, et se retira dans une des terres de sa femme, où il se voua tout entier à son goût pour la littérature. Jusqu’en 1810, il ne publia guère que des drames, mais il s’essaya plus tard dans le genre lyrique et dans le roman, où il eut un certain succès. En 1813, la guerre d’indépendance vint l’arracher k ses loisirs ; il entra comme lieutenant dans les chasseurs volontaires, mais il dut bientôt abandonner la campagne, k cause de sa santé délabrée. Après la mort de sa seconde femme, en 1831, il s’établit k Halle, où il lit des cours sur l’histoire de la poésie et sur l’histoire contemporaine ; puis, en 1842, il se maria pour la troisième fois, et se rendit à Berlin pour y faire, comme k Halle, des leçons de littérature. Peu de temps après, il mourut d’apoplexie.

Le romantisme allemand de la première période était essentiellement catholique et féodal. La plupart des amis littéraires de La Motte - Fouqué avaient poussé l’amour du moyen âge jusqu’à en adopter le fanatisme religieux, et ceux d’entre eux qui étaient nés protestants n’avaient pas hésité à passer au catholicisme. Fouqué n’alla pas jusque-là : il resta puritain profestant, mais il garda le culte de la noblesse, qui seule à ses yeux représentait les idées de moralité et de force, et était capable de préserver une nation de la décadence.

Cet écrivain était d’une fécondité surprenante. Il a laissé vingt-quatre pièces de théâtre. La première, qui est aussi la meilleure, est intitulée : le Néron du Nord (Berlin, 1810) ; c’est un drame en trois parties, dont le sujet est emprunté k ia légende des Niebelunyen. Parmi ses autres drames, nous citerons : Alboni (1813) ; Hermann (1818), et un Don Carlos (1823), qui est le contre-pied de celui de Schiller. Par esprit de réaction monarchique et cléricale, le poète donne le beau rôle au duc d’Albe et à Philippe IL

Parmi ses poésies : Gedichte (Stuttgard, 1816-1827), quelques-unes respirent un sentiment exquis. Fouqué s’était aussi essayé, sans beaucoup de succès, dans la chanson patriotique : Poésies d’aoant la guerre de 1813 et pendant cette guerre (Kerlin, 1813). On peut en dire autant de ses Chansons de chasseurs (Hambourg, 1818). Vers la fin de sa vie, il composa des Cantiques et hymnes religieux, qui furent publiés après sa mort (1846).

Les romans de Fouqué sont, de toutes ses œuvres, celles qui ont le plus contribué k sa réputation. Ils jouirent, pendant un certain temps, d’une grande vogue ; ce sont principalement des récits niaisement chevaleresques, mais où l’on remarque une grande imagination, une véritable habileté à mettre en mouvement les personnages. Citons dans le nombre : Atwin (1808,2 vol.) ; l’Anneau enchanté (1812, 3 vol.) ; Ondine (Berlin, 1813), son chef-d’œuvre ; les Aventures de Tàiodolf l’Islandais (1815, 2 vol.) ; les Aventures merveilleuses du comte Alexandre de Lindenslein (1817, 2 vol.) ; le Chevalier Elidour (1822, 3 vol.) ; l’Amour sauvage (1823, 2 vol.) ; Nouvelles et récits (Berlin, 1812-1819). Fouqué a collaboré à plusieurs journaux littéraires de l’Allemagne, et a fondé l’Annuaire des légendes, YAnnuaire des dames et les Jtécréations, Il a publié ses premiers ouvrages sous le pseudonyme de Pcllegrinua.

LAMOTTE-HOCDAR (Antoine Houdar de Lamotte, connu sous le nom de), célèbre littérateur français, né k Paris en 1672, mort en 1731. Il était fils d’un chapelier. Destiné au barreau, mais dévoré do l’ambition de se faire un nom littéraire, il s’essaya d’abord dans les plus petits genres. Il avait du talent, du sa LAMO

voir, une volonté opiniâtre. Aussi ses premiers échecs lui furent sensibles. Ayant donné une farce, les Originaux (1093), au Théâtre-Italien, il fut si inconsolable de l’avoir vue tomber, qu’il voulut se faire moine et qu’il entra à la Trappe. Sa vocation prit lin en même temps que son dépit, et il revint à Paris tenter la chance. Quelques opéras, l’Europe galante, musique de Campra, le Triomphe des arts, Issé, Sémélé, marquèrent son retour aux choses profanes ; il obtint la quelque succès. Mais les vers de Lamotte sentent trop la prose ; on a oublié Quinault, k plus forte raison l’un de ses disciples, qui n’est pas le meilleur. Cependant, tout en versifiant péniblement ces opéras, Lamotte visait à rompre avec toutes les vieilles traditions chères aux classiques. La querelle des anciens et des modernes était un peu assoupie ; il la réveilla par son Iliade en vers français et en douze chants, précédée d’un Discours sur Homère (1714, in-8°). Cette traduction, ou plutôt cette imitation singulière, dans laquelle Lamotte avait courageusement élagué tout ce qui lui semblait de trop dans l’épopée grecque, fit grand bruit. Le Discours sur Homère a des parties excellentes ; prenant parti pour les modernes contre les anciens, Lamotte se refuse justement à cette idolâtrie, poussée jusqu’au fétichisme, que les partisans des anciens voulaient imposer. ■ Ces sortes de Savants, dit-il, reprochent à cinq ou six ignorants de notre siècle d’avoir méprisé les anciens ; mais les cinq ou six ignorants n’ont point méprisé les anciens ; ils ont seulement condamné l’estime outrée et l’espèce d’idolâtrie où l’on tombe à leur égard ; ils ont voulu qu’on rendît justice k tous les temps, que l’on sentît le beau partout où il est, sans acception de siècle, et qu’on ne fit pas les modernes d’une autre espèce que les anciens. » Lamotte eut tous les rieurs de son côté tant qu’il soutint modérément une si bonne cause, et même tant qu’il se borna à faire la critique de certains passages d’Homère, à trouver mauvais, au point de vue des idées modernes, quelques peintures et d’oiseux développements. Il n’en fut plus de même dès

qu’il essaya de se substituer, lui, ni sceptique du xvme siècle, au vieil aède des temps héroïques et de montrer comment Homère aurait dû faire. Son Iliade, pleine de vers affreusement durs et prosaïques, donna trop raison aux partisans des anciens. Mme Dacier combattit le poème et sa préface ; Lamotte répliqua par ses Réflexions sur la critique (nii) ; Uàcon lit paraître son Homère vengé ; le P. Bufher, Boivin, l’abbé Terrasson, l’abbédePonsintervinrent par des livres ou de simples brochures. Ce fut un combat en règle.

Nous n’entrerons pas davantage dans ce débat, qui passionna toute ia société lettrée et donna lieu à des centaines de volumes de critiques et de récriminations ; les partisans des anciens, comme ceux des modernes, se querellaient dans le vide. Il faut laisser aux anciens leur génie et la façon splendide dont ils l’ont le plus souvent manifesté ; les contrefaire et leur prêter des niaiseries, pour rabaisser leur mérite, ne pouvait rien prouver ; encore nous mettrons-nous du côté de Lamotte, qui s’insurgeait avec raison contre une secte littéraire, incapable de rien inventer, et qui voulait annihiler le génie moderne en le pliant de force à des goûts qui ne peuvent plus être les siens.

Lamotte, véritable novateur, ne borna pas là sa protestation ; travaillant depuis longtemps, sans grand succès, pour les scènes, d’opéra, il n aspirait k rien moins qu’à renouveler le théâtre ; il émit, en excellente prose, presque toutes les vérités qui ont fait Je succès des romantiques de 1830. Il osa attaquer les unités, ce colosse k triple face des classiques. « Il prouva d’abord, dit Villemain, et la chose était facile, que dans nos meilleures pièces l’unité de lieu coûtait beaucoup k la vraisemblance ; qu’il fallait des hasards impossibles pour amener toujours les différents personnages dans le même lieu, qui sert aux entretiens du prince, aux complots des conspirateurs, à la confidence des amants ; puis il soutint que, si les spectateurs se prêtaient k une première supposition qui les transportait dans Athènes et dans Rome, leur imagination ne résisterait pas davantage aux changements de lieu, d’acte en acte. L’unité de temps ne lui parut pas plus raisonnable ; il dit tout ce que nous savons sur l’invraisemblance d’une intrigue complexe, nouée et dénouée en quelques heures, et sur l’ennui des récits préliminaires. » Tout cela est juste, dénote un esprit droit, sensé et puissant, car il faut toujours une grande force pour remonter le courant des idées reçues ; mais, de ses théories audacieuses, Lamotte n’a jamais tiré que des œuvres médiocres. C’est lk son infériorité sur les hommes qui, de nos jours, ont résolu les mêmes problèmes littéraires en théorie et en pratique. Les Macchabées (1722), Romutus (1722), Inès de Castro (1723), sa plus célèbre tragédie, Œdipe (1730), sont excellentes d’intention, et très-médiocres d’exécution. Après avoir démontré l’inanité de tous les vieux préjugés classiques, Lamotte en demeure l’esclave, tout comme un autre ; il use et abuse des confidents, des récits, falsifie l’histoire sous prétexte de l’embellir, et se montre enfin très-inférieur & ses propres idées sur l’art dramatique.

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« Si l’on acceptait sans réserve, dit H. Rir gault, le témoignage de Fontenelle, de Mme do Lambert et de l’abbé Trublet, on prendrait Lamotte pour un des plus beaux génies qu’ait jamais produits la France en philosophie, en éloquence et môme en poésie. Si l’on en croyait Laharpe, ou le tiendrait pour un faiseur de paradoxes, pour » un esv prit toujours faux dans les matières de goût. » La vérité se trouve entre ces deux jugements. Lamotte n’est ni un philosophe ni un orateur, ni surtout un poète ; c’est un esprit fin, varié, le plus Souvent raisonnable, et qui ne cesse d’être juste que lorsqu’il veut excéder la justesse, en appliquant la rigueur de la logique k des objets qui ne la comportent pus. C’est, comme Fontenelle, un de ces poètes géomètres pour qui la poésie n’est que l’art de rimer des raisonnements ot de cadencor la prose. On s’est étonné que Lamotte, auteur d’opéras, de tragédies ce d’odes qui lui avaient ouvert les portes de l’Académie, ait, en attaquant la poésie, travaillé lui-même k diminuer sa renommée. La Faye, dans une ode dont une strophe est restée célèbre, se plaint qu’il déserte l’Hôlieon. Mais Lamotte ne s’était jamais élevé bien haut sur l’illustre montagne, et il se retrouva tout naturellement, et presque de plain-pied, dans

la plaine. En effet, si la poésie n est que da la prose mise en vers, c’est un art plus pénible qu’important, plus puéril qu’ingénieux ; ot il y a toute facilité et tout profit a redescendre de la prose rimée à la prose sans rimes. Lamotte avait un ; ixiome : « La prose peut dire plus exactement tout ce que disent les vers, et les vers ne peuvent pas dire tout ce que dit la prose, »

Les Fables de Lamotte, écrites au même point de vue d’opposition qui lui avait fait composer son Iliade et ses tragédies, sont ingénieuses, pleines de bon sens, de pensées fines, mais ne recèlent pas un atome de poésie. Ses Odes, ses Egloyues, avec des intentions excellentes et novatrices, restent également l’œuvre d’un froid versificateur, Sa prose, au contraire, a des mérites incontestables de concision et de netteté, qui présagent Voltaire. Ajoutons, pour être complet, a la liste des œuvres déjà citées, quelques tragédies lyriques, œuvres de sa jeunesse : Amadis (1699) ; ûmphale (1701) ; Alcyone (1708) ; Scanderbeg (1706) ; quelques comédies : les Trois Gascons (1702) ;

Port de mer

(1704) ; le Talisman (1704) ; Richard Minutolo, tiré de Boccace (1705) ; l’Amant difficile ; le Magnifique, etc. ; parmi ses discours, liéflexions sur la tragédie (1730), et enfin le recueil de Lettres de Lamotte, qui sert de supplément à ses œuvres (1754, in-12). Ses tragédies ont été éditées séparément, avec l’étude qui leur sert de préface (1730, 2 vol. in-8") ; ses Œuvres complètes forment 11 vol. (1754, in-12). Il a été aussi imprimé des Œuvres choisies de Lamotte (l8il, 2 vol. in-18).

La vie de cet homme, qui fut un révolutionnaire théorique en littérature, fut on ne peut plus simple. Lamotte était un philosophe modeste et bienfaisant ; il occupa le fauteuil de Thomas Corneille à l’Académie française (1710). Son compétiteur évincé, J.-B. Rousseau, lui attribua, peu de temps après, les ^scandaleux couplets qui causèrent son propre exil ; l’honnêteté de Lamotte ne fut jamais mise en doute, et cette calomnie, quoique corroborée par Boindin, n’obtint aucun crédit. Dans la grande querelle littéraire qui remplit la moitié de sa vie, il répondit toujours aux critiques et aux invectives avec calme et avec le plus parfait bon ton ; c’était un esprit convaincu et tenace, mais il estimait en tout la modération. Dès l’âge de trente ans il devint aveugle, et cette cruelle infirmité n’altéra ni sa bonhomie ni sa verve. On connaît sa réponse k un jeune homme qu’il avait heurté dans une foule, et qui lui donna un soufflet :’« Monsieur, lui dit-il, vous allez être bien fâché : je suis aveugle. » Il fréquenta jusqu’k la fin de sa vie le salon de M"06 Lambert, qui estimait beaucoup sa causerie aimable et substantielle. — Un de ses petits-neveux, Charles-Antoine de la. Motte-Houdar, né en 1773, mort en 1806, s’engagea au commencement de la Révolution, fit les premières campagnes de la République, fut attaché plus tard comme officier d’état-major à l’armée d’Italie, fit la campagne d’Égypte, où il conquit le grade de chef d’escadron, et fut nommé colonel par Napoléon, au camp de Boulogne. Il se distingua encore aux combats d’Uliii, de Memmingeu et k la bataille d’Austerlitz, et fut emporté par un boulet k la bataille d’Iéna, L’empereur, qui estimait beaucoup son courage et ses qualités guerrières, voulut que sou nom fût donné k une des rues de Paris.

LAMOTTE-MESSEMK (François Le Poulchue de), poète français, né k Mont-de-Marsait vers 1540, mort en 1597. Il suivit le métier des armes, devint capitaine et prit part aux guerres de religion. S’étant retiré en Lorraine, il employa ses loisirs k retracer en vers les événements de son temps. On a de lui : les Sept livres des honnestes loisirs, intitules chacun du nom d’une ptanette, qui est un discours en forme de chronologie, où sera véritablement discouru des plus notables occurrences de nos guerres civiles, avec un mélange de divers poèmes, d’élégies, stances et sonnets (Paris, 1587, in-12), chronique rimée, qui contient des particularités dignes d’inté-