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" C’est lui qu» l’on estime, et vous devez savoir Que l’exemple est surtout votre premier devoir. L’exemple d’un grand prince impose et se fait suivre : Quand Auguste avait bu, la Pologne était ivre.

Voltaire (Philos. Sans-Souci). Pierre «tait créateur, il a forme" des hommes. Tu formes des héros...Ce sont les souverains Qui font le caractère et les mœurs des humains. Un grand homme du temps a dit dans un beau livre : Quand Auguste buvait, ta Pologne était ivre. Ce grand homme a raison : les exemples d’un roi Feraient oublier Dieu, la nature et la loi ; Si 1b prince est un sot, le peuple est sans génie.

Voltaire (épître à l’impératrice Catherine II).

AUGUSTE III, électeur de Saxe et roi de Pologne fils du précédent, né en 1606, monta sur le trône à la mort de son père (1733). Frédéric le Grand le chassa deux fois de la Saxe (1710 et 1755). Il mourut en 1763, C’était un prince indolent et adonné aux plaisirs.’ Il avait publiquement abjuré le protestantisme.

AUGUSTE (Fréd.-Guill.-Henri), prince de

. Prusse, né en 1790, mort en 1843, combattit

’ à Iéna à la tète d’un bataillon de grenadiers, et fut fait prisonnier à Prenzlow. Amené alors en France, il fut rendu à la liberté en 1807, après avoir séjourné à Nancy, Soissons et Paris ; contribua, à Kulm, à la défaite de Vandamme ; fit la campagne de 1814 a la tète d’une

J brigade ; commanda un corps d’armée en 1815 ; prit Maubeuge, Landrecies et Marienbourg, et bombarda PhUippeviUe, dont il laissa la garnison sortir avec les honneurs de la guerre. À la paix, il rentra à Berlin, où il s’occupa du perfectionnement des armes de l’artillerie et du génie. Il était neveu du grand Frédéric. En lui s’éteignit la branche collatérale de

en 1822, était fils d’Ernest II et de Charlotte-Amélie, princesse de Saxe-Meiningen. Sa première femme, Louise-Charlotte, princesse de Mecklembourg-Schwerin, qu’il avait épousée en 1797, étant morte en couches, il épousa en secondes noces, en 1802, Caroline-Amélie, princesse de Hesse-Cassel, qui ne lui donna point d’enfants. Il succéda a son frère en 1804, administra ses États avec sagesse, et fut l’objet de la constante bienveillance de Napoléon. H cultivait les lettres et a laissé quelques

AUGUSTE D’UDUSE (Augusto-Graziani), ■ poète latin moderne, né à Udine au xvie siècle. Il enseigna les belles-lettres dans sa ville natale et à Trieste. Il a composé des odes latines qui ont été imprimées sous ce titre : Augusti valis odœ, Venise, 1529.

AUGusTÉEs.f. (ô-gu-sté — rad. auguste). Bot.’ Genre do plantes rubiacées. Syn. de schreibersie.

AUGUSTEMENT adv. (ô-gu-ste-man-rad. auguste). D’une manière auguste.

AUGUSTENBOURG (Ducs d’). Les ducs■ d’Augustenbourg appartiennent à la maison de Holstein, et forment un rameau de la branche royale de Danemark. Ils ont pour souche Jean, frère puîné de Frédéric II, roi de Danemark, dont tes quatre fils formèrent les lignes de Sonderbourg, de Norbourg, do Glucksbourg et de Plcen. Les trois dernières se sont éteintes. Celle de Sonderbourg se divisa en six rameaux, par les six fils d’Alexandre, duc de Sonderbourg, mort en 1627. Quatre de ces rameaux sont éteints. Les deux qui se

■ sont perpétués portent "les noms de Glucksbourg et d’Augustenbourg. Le premier est

. récemment arrivé au trône de Danemark, par l’extinction de la branche royale. Le rameau d’Augustenbourg a fourni le prince Chrétien-Charles-Auguste, élu prince royal de Suède en 1809, et mort en 1810, au milieu de graves symptômes d’empoisonnement ; ce fut pour recueillir les droits de ce prince que le maréchal Bernadotte fut appelé en Suède.

AUGUSTENBOURG (Frédéric -Christian-Auguste, duc d’), fils du duc Christian ou Chrétien, né en 1829, était major au service de la Prusse, lors de l’invasion du Danemark par les troupes des deux grandes puissances allemandes. La branche aînée de sa famille s’étant éteinte en 1863, dans la personne de Frédéric VII, roi de Danemark et duc de Schleswig-Holstein, le ducd’Augustenbourg put se croire légitime héritier dés duchés, et prit le nom de Frédéric VIII. On a souvent répété que le duc Christian, son père, avait cédé ses droits au roi de Danemark par le traité de Londres de 1852, moyennant une somme de sept millions ; cette assertion n’est pas exacte : le duc Christian possédait de vastes domaines dans le Schleswig, que le gouvernement danois le força à vendre, en le menaçant de la confiscation s’il s’y refusait ; c’était donc purement et simplement une expropriation forcée, dont les sept millions furent le prix. Leduc, il est vrai, promit, pour lui et sa famille, de ne rien entreprendre contre le traité de Londres de 1852 et la nouvelle loi de succession au trône do Danemark de 1853, et il a tenu cette promesse ; mais il ne pouvait’ pas renoncer, au nom de ses fils, majeurs à cette époque, aux droits qu’il avait sur le Schleswig-Holstein, et ceux-ci ont protesté.contre le changement violent de l’ordre de succession. À la mort de Frédé ■ rie VH, le fils aîné du duc Christian a donc fait valoir ses droits, et si on lui réclame les sept millions, il peut dire : • J’y

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duché. » Le duc d’Augustenbourg a pour lui le droit héréditaire et Te droit populaire ; il est appelé par le vœu général. En 1SG3, les duchés, opprimés par les Danois, réclamèrent leur indépendance, dont Frédéric VIII devint le drapeau, et il fut reconnu par la diète germanique comme le seul prétendant légitime, opinion que partagèrent la Prusse et l’Autriche, aux conférences de Londres de 1864. Aujourd’hui, les duchés, la diète et l’Autriche soutiennent encore ses justes prétentions ; la Prusse seule a changé d’avis, ’ parce qu’elle désirerait s’annexer les duchés ; mais ceux-ci ne veulent pas plus de la domination prussienne que de la domination danoise. Enfin, après de longues intrigues diplomatiques, et sous l’influence de la France, il fut décidé qu’on ferait appel au vote populaire ; les États seront réunis dans un prochain délai, et voteront alors pour la Prusse, ou pour le Danemark, ou pour le duc d’Augustenbourg, qui consacrerait l’indépendance des duchés, en les faisant rentrer dans la Confédération germanique.

AUGUSTENBOURG, ville du Schleswig, sur la côte occidentale de l’Ile d’Alsen, dans le Petit-Belt ; 6,000 hab. Château des ducs d’Augustenbourg,

AUGUSTI (Frédéric-Albert), théologien protestant, né à Francfort-sur-l’Oder en 1696, d’une famille juive (Ben Abraham Herschell), mort en 1782. Converti au christianisme par un ministre luthérien, il devint lui-même pasteur dans le duché de Gotha. Parmi ses ouvrages, on estime surtout ses apologies de la religion chrétienne contre les juifs : Nous citerons notamment : De adveutus Christi necessitate, tempore templi secundi, Leipzig, 1794 ; Aphorismi de studiis judœorum hodier- nù, Gotha, 1731 ; Mystères des juifs concernant le fleuve miraculeux Sambathion et les juifs rouges, pour l’explication du verset 12 au ch. xvh du 2<= livre des Rois (en allemand), Erfurt, 1748, etc.

AUGUSTI (Jean-Chrétien-Guillaume), théologien allemand, petit-fils du précédent, né à Eschenberg (Gotha) en 1772 ; mort en 1841. Il a publié (en allemand) : Faits mémorables de l’archéologie chrétienne, 1817 et 1S30,2= édition, sous le titre de : Manuel d’archéologie chrétienne, Leipzig, 1836 et 1837 ; Manuel de l’histoire des dogmes chrétiens, 1805 et 1835, Leipzig ; Principes pour servir à une traduction historique et critique de l’Ancien Testament, 1809.

AUGUSTIN (SAINT-) s. m. (sain-to-gustain — du nom de saint Augustin). Typogr. Ancien nom du caractère corps de dor de saint Augustin, publié en 1465 : On appela les caractères d’imprimerie cicéro, saint-augustin, gros-canon, des traités de Cicêron, des œuvres théologiques et des livres de liturgie, auxquels ces caractères furent d’abord employés. (Balz.)

— Techn. Format de carton, ayant de 18 à 13 pouces

panachées d’incarnat et à peluche couleur de feu.

AUGUSTIN s. m. (ô-gu-stain —de Augustin, n. pr.). Hist. ecclés. Religieux qui suit la règle do saint Augustin. Les augustins sont serviteurs du roi.

La Fontaine.

Augustins déchaussés, Augustins qui se sont soumis à la réforme de leur ordre, vers la fin du xvie siècle, et qui furent introduits en Franco par l’évêque d’Embrun. On les appelle aussi grands augustins. il Petits augustins, Augustins qui se soumirent à la réforme de leur ordre, établis à Bourges vers 1563. On les appelait aussi augustins i>e la reine Marguerite.

— Môtrol. Augustin couronné, Monnaie d’or, appelée aussi augustaire.

— Encycl. Les augustins faisaient remonter la fondation de leur ordre à saint Augustin, évêque d’Hippone ; mais, en réalité, il n’a commencé à être connu que vers le xii" siècle. Les augustins n’étaient d’abord que des ermites épars en Italie, et ce fut le pape Alexandre IV qui les réunit en 1256, et les soumit à la règle de saint Augustin. L’ordre ne tarda pas à se répandre dans toute l’Europe, et donna naissance à de nombreuses congrégations, de l’une desquelles sortit dans la suite le fameux Luther. Formant l’un des quatre ordres mendiants, ces religieux se vouèrent à la prédication, portèrent l’Évangile jusqu’en Orient, et devinrent les rivaux des dominicains. Ce furent les pères Hamet et Mathieu, de Saint-François, qui introduisirent les augustins en France vers 1629, et qui bâtirent, près de la rue Notre-Dame-des-Victoires, à Paris, un couvent que l’on appela des Petits-Pères, à cause de la petite taille de ses fondateurs. On connaissait déjà néanmoins à Paris le couvent des Çrands-Augustins, sur l’emplacement occupé aujourd’hui par le marché de la Vallée, et celui des Petits-Augustins, dont Marguerite de Valois fonda la maison en 160S ; c’est l’hôpital actuel de la Charité. Le costume des augustins consistait en un vêtement noir et blanc à larges manches


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. Les

augustins déchaussés marchaient pieds nus et portaient toute leur barbe. — Il y a aussi un ordre d’auguslines. V. plus loin.

AUGUSTIN, ine adj. (6-gu-stain — rad. Augustin, n. pr.). De saint Augustin, qui est conforme aux opinions, aux doctrines de saint Augustin :

La grâce agit, cette avgwline gr5.ee Dans son esprit porte un jour efficace.

Voltaire. AUGUSTIN (saint), le plus célèbre des Pères

père, Patrice, était païen et ne se convertit que dans un âge avancé ; sa mère, la célèbre Monique, sanctifiée depuis par l’Église, était chrétienne et s’efforça de lui inspirer la foi ardente dont elle était animée. Il étudia d’abord dans sa patrie, ensuite à Madaure et à Carthage. Ses mœurs s’altérèrent dans cette dernière ville, en même temps que son esprit s’y perfectionnait. II se livra aux plaisirs avec l’emportement de son âge et rardeur d’un caractère impétueux. Lui-même nous a fait, dans ses Confessions, l’aveu des fautes de sajeunesse : le goût des représentations théâtrales et de" la littérature profane ; une liaison avec une femme qu’il aima^ au reste, avec fidélité pendant de longues années et dont il eut un fils, Adéodat ; une adhésion passionnée aux doctrines du manichéisme, telles furent ses erreurs, et il s’en accuse lui-même avec une franchise et une humilité admirables. Après avoir professé l’éloquence à Tagaste et à Carthage, il se rendit à Milan, où il avait obtenu une chaire. Saint Ambroise occupait alors le siège de cette ville. Les prédications de cet illustre prélat attirèrent Augustin, qui se sentit peu à peu touché par la doctrine, après n’avoir admiré d’abord que l’orateur. Il rit un retour sur lui-même, commença de réformer sa vie, et, après de longues luttes et de douloureuses agitations, embrassa enfin la foi de sa mère et adora le Dieu de l’Évangile. Il nous a laissé l’admirable récit (Conf. VIII, n, 12) des circonstances qui déterminèrent sa conversion ; et qui ne sont point sans analogie avec l’illumination de saint Paul sur le chemin de Damas.

Sa transformation intérieure était presque accomplie ; mais il lui en coûtait de quitter le monde et la vie profane ; il ne pouvait se résoudre surtout à briser des liens qui lui étaient chers. Un jour enfin, un dernier combat, décisif et terrible, s’engagea’dans son âme ; il avait fui la compagnie de quelques amis fidèles pour aller chercher sous un bosquet de son jardin la solitude et le calme qui manquaient a son cœur ; n’invoquait, bien que confusément, le secours du ciel ; tout à coup il croit entendre sortir, comme d’une maison voisine, une voix qui lui disait : Toile et lege, prends et lis. Surpris, se demandant de quel endroit est partie cette voix, et surtout quelle lecture lui était indiquée, il court retrouver Alype, son ami : un livre était placé sous ses yeux, c’étaient les épîtres de saint Paul ; Augustin l’ouvre au hasard et tombe sur ce passage de l’apôtre : Ne passez pas votre vie dans les festins et les plaisirs de la table... mais revetez-vous de Notre Seigneur Jésus-Christ, et gardez-vous de satisfaire les désirs déréglés de votre chair. Augustin n’eut pas besoin d’en lire davantage ; un rayon de lumière avait dissipé les ténèbres de son intelligence, et embrasé son cœur d’une flamme toute céleste. Dès lors le calme revint en lui, son sort fut fixé, et il ne s’occupa plus que de conformer sa vie aux principes qu’il avait embrassés. Il était alors dans sa trente-deuxième année. Il reçut le baptême de la main même de saint Ambroise, retourna à Tagaste, où il donna ses biens aux pauvres, et se rendit ensuite à Hippone, où l’évêque Valère l’ordonna prêtre, malgré sa résistance. Peu auparavant, d avait eu la douleur de perdre sa mère, dont les larmes éloquentes n’avaient pas été sans influence sur sa détermination.

En 395, un concile l’adjoignit à Valère en qualité de coadjuteur, et, quelque temps après, il lui succéda sur Je siège d’Hippone, ou ses vertus et son génie jetèrent un éclat dont le souvenir est encore vivam dans toute

séminaires. Il combattit avec un zèle infatigable, et réfuta tour à tour les doctrines des manichéens, des donatistes et des pélagiens ; instruisit son peuple par des discours et des écrits, et, dans le plus éloquent de ses ouvrages, la Cité de Dieu, justifia la religion chrétienne du reproche que lui adressaient les païens, qui voyaient dans son établissement la cause des irruptions des barbares et des malheurs de l’empire. Consumé de travaux et d’austérités, il mourut à l’âge de soixante-seize ans, pendant que la ville d’Hippone était assiégée par les Vandales.

Saint Augustin a laissé un nombre prodigieux d’ouvrages, et dans tous on remarque un génie vaste, un esprit pénétrant, une force de raisonnement admirable, un style plein de douceur et d’énergie.. On lui reproche, il est vrai, des expressions impropres, l’abus des antithèses et des subtilités, défauts qui tiennent à son époque, et dont il a moins que tout autre subi le joug.

Outre la Cité de Dieu, son chef-d’œuvre, lesprincipaux ouvrages de saint Augustin sont ses Confessions, où il fait l’histoire de sa jeu 'a grâce et

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nesse et de sa conversion miraculeuse ; ses Rétractations, qui se rapportent à un usage de l’antiquité, et qui sont une critique de ses propres ouvrages ; les Traités sur h le libre arbitre, écrits contre les à<les pélagiens-, et qui le firent sur docteur de la grâce ; dés Traités sur l’Écriture ; un Commentaire sur les psaumes ; un nombre considérable de Lettres et de Sermons, ainsi que d’autres écrits contre les hérétiques de son temps.

Ses œuvres forment un corps complet de théologie, où les écrivains ecclésiastiques ont largement puisé. La meilleure édition est celle des bénédictins, Paris, Ï679-1700. Ses ouvrages les plus importants ont été traduits en

Augustin (Lettres de saint). La correspondance de ce grand docteur de l’Église n’est pas seulement curieuse en ce qu elle nous fait connaître ses sentiments les pluî intimes, mais encore elle mérite de fixer l’attention par l’importance des questions qui se trouvent traitées incidemment dans quelques-unes de ses lettres. Elle se compose de deux cent soixante-dix lettres, et les plus intéressantes atteignent presque les proportions d’un traité ou d’un livre. Le professeur Maxime ayant écrit à Augustin pour lui témoigner son étonnement de voir les chrétiens invoquer des martyrs portant des noms barbares plutôt que d’adresser leurs prières à Jupiter, à Junon, à Minerve, à Vesta, qui, selon lui, ne sont que des noms divers sous lesquels on adore le père commun des dieux et des hommes, saint Augustin répond à Maxime en lui montrant combien est ridicule l’opinion qui tend à faire regarder tous les dieux comme les membres distincts d’une divinité unique et seule réelle. En finissant, il adresse à Maxime ces paroles remarquables : « Sache seulement, pour que tuji’en ignores et que tu ne sois pas entraîné à des insuites sacrilèges, que les chrétiens catholiques ne rendent de culte à aucun mort et n’adorent rien de ce qui a été créé par Dieu, mais Dieu seul, qui a fait et créé toute chose. »

Dans une autre lettre adressée au comte Marcellm, Augustin démontre que le pardon des injures n’est point un précepte contraire au bien de l’État. Si l’Évangile commande à. celui qui reçoit un soufflet de tendre l’autre joue, il n’en faut pas conclure que la religion chrétienne défend de punir le crime et de repousser la violence. Le précepte de Jésus-Christ regarde plutôt la disposition du cœur que les actes extérieurs : si l’on punit le coupable, il ne faut jamais que ce soit par un motif de vengeance, mais, au contraire, dans l’intention de lui faire du bien.

Ailleurs, il s’entretient longuement avec Célestin sur les diverses natures des êtres. Il en distingue trois : l» nature muable par rapport au lieu et par rapport au temps, c’est le corps ; 2o celle qui change seulement par rapport au temps, c’est l’âme ; 3° celle qui est immuable sous tous les rapports, c’est Dieu. Le corps est capable de bonheur ou de malheur ; Dieu est la félicité par essence ; l’âme est malheureuse quand elle penche vers la matière et les appétits sensuels, elle est heureuse quand elle se porte vers l’Être souverain.

Le pieux et savant évêque a écrit plusieurs fois à saint Jérôme, et on suit avec intérêt les dissentiments qui éclatèrent entre eux, sans toutefois les faire sortir des limites de-la charite chrétienne. À propos de la nouvelle traduction de la Bible, que voulait faire saint Jérôme, Augustin lui conseille de traduire en latin les meilleures versions grecques, plutôt que de prendre le texte hébreu pour base do son travail. Il le blâme d’avoir approuvé la dissimulation et le mensonge officieux de saint Pierre, dont l’épître aux Galates fait mention.

Le goût des femmes pour la parure est l’objet d’une lettre très-remarquable. Saint Augustin traite cette question avec une grande modération. Il ne croit pas qu’on doive interdire absolument les parures aux femmes mariées, il ne condamne que l’usage du fard, et avec une grande élévation de styleie parure des chrétiens de l’un et spXe n’est ni l’or, ni les pierres les riches étoffes, mais la pureté

„ U défend aussi d’une manière

absolue certaines parures superstitieuses qui étaient en usage alors, et qui semblaient être une espèce d’hommage aux démons.

Un débiteur, poursuivi par ses créanciers, vint un’jour se réfugier dans l’église de saint Augustin, et celui-ci, qui donnait tout son argent aux pauvres, emprunta la somme nécessaire pour arrêter les poursuites. Il adressa ensuite à tout le peuple une sorte de circufaire, par laquelle il priait les fidèles de faire entre eux une quête, afin qu’il pût rendre ce qu’on lui avait prêté. Cette circulaire contient des détails précieux sur les mœurs du temps.

L’ensemble de cette correspondance excite un intérêt soutenu ; il est impossible de la lire sans en aimer l’auteur, et sans admirer les brillantes qualités de son esprit.

Augusitn on eiiago (Saïm1), tableau de Murillo, au musée royal de Madrid. Le saint évêque d’Hippone est agenouillé et comme en extase devant la céleste vision qui s’offre à lui : à sa gauche apparaît Jésus-Christ crucifié ; à sa droite, la Vierge entourée ’d’un nombreux cortège d’anges, dont l’un tient la mitre et un autre la crosse épiscopale. Les figures sont de grandeur naturelle ; le tableau

de l’autre i précieuses,