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AYM

l’or, passa sur l’argent sans le reconnaître et en indiqua la présence dans un endroit où l’on ne trouva que du fumier.

La situation commençait à devenir embarrassante, lorsque deux flambeaux d’argent furent dérobés à la princesse de Condé. Aymar se mit aussitôt en quête, et sa baguette le conduisit chez l’horloger qui les avait vendus. Il n’y trouva rien, mais le lendemain un inconnu remettait à l’hôtel le prix des flambeaux. Seulement, comme ils avaient coûté 24 livres et qu’on en reçut 30, on soupçonna fort le rusé paysan d’avoir opéré la restitution de ses propres deniers. Ayant eu ensuite la maladresse d’accuser d’un ancien vol un domestique qui n’était entré que longtemps après au service du prince, et n’ayant pas rendu de meilleurs services a la police, qui avait tenté de l’utiliser, il fut renvoyé dans sa province.

Les prodiges y recommencèrent de plus , belle. Mais Jacques Aymar était surveillé de ’ près, et l’on eut bientôt découvert qu’il avait dans le pays, et jusque dans la police locale, de nombreux compères qui le servaient avec beaucoup d’intelligence. On sut même que c’était à leurs renseignements qu’il devait d’avoir découvert et le bossu et le vol commis chez le lieutenant du bailliage. Quant aux évolutions de sa baguette, elles s’expliquent par la manière dont il la tenait entre ses doigts. Il suffisait de la plus légère impulsion pour lui imprimer soit des oscillations rapides, soit un mouvement de rotation sur elle-même.

La baguette divinatoire et son grand prêtre rentrèrent du même coup dans l’obscurité. On ignore l’époque précise h laquelle mourut le célèbre raodomancien.

Ainsi finit cette comédie... qui se joue encore aujourd’hui, sous une autre forme et avec d’autres jongleries, et que l’on continuera a jouer tant qu’il y aura ici-bas des niais et des charlatans, c’est-à-dire dans tous les siècles des siècles.

AYMÉ (Jean-Jacques), nommé le plus souvent Job Aymé dans les journaux du temps. Homme politique et magistrat, né à Montélimart en 1752, mort en 1818. Il était avocat dans sa ville natale avant la Révolution, qu’il accueillit d’abord avec enthousiasme. Nommé procureur-syndic de la Drôme, il fut destitué pour son modérantisme après le 10 août, se signala dès lors par son zèle réactionnaire, et fut nommé en l’an III membre du conseil des • Cinq-Cents. Mais on produisit contre lui des pièces qui prouvaient sa complicité avec les bandes royalistes connues sous le nom de Compagnies de Jésus et du Soleil.^ Le conseil ■ le déclara incapable d’exercer les fonctions législatives jusqu’à la paix. Mais, dix-huit mois plus tard, l’Assemblée, dominée alors par les royalistes, prononça son admission et l’élut pour secrétaire. Il prit part à toutes les intrigues contre la République, et fut déporté à Cayenne lors du coup d’État du 18 fructidor. Il parvint à s’évader, rentra en France après le 18 brumaire et obtint du nouveau gouvernement une place de directeur des droits réunis. Il a publié en 1800 une relation de sa déportation.

AYMON (Jean), littérateur et docteur en théologie, né en Dauphiné en 1661, mort vers 1734 ; fut curé pendant quelque temps, puis abjura le catholicisme à Genève et se retira ensuite à La Haye, où il se maria. Quelques années plus tard, il obtint la permission de rentrer en France et entra au séminaire des missions étrangères. Un an après, en 1707, il s’enfuit en Hollande avec plusieurs manuscrits qu’il avait volés à la Bibliothèque du roi, entre autres les Actes du concile de Jérusalem de 1672, qu’il publia à La Haye (1708) sous le titre de Monuments authentiques de la religion

de Home, etc.


AYMON (les quatre fils). On donne ce nom à quatre chevaliers fameux dont les aventures merveilleuses sont racontées dans une vieille chanson de gestes du xiiie siècle, et servirent de texte à une suite de poèmes et de romans légendaires du moyen âge. Aymon, prince des Ardennes, Saxon d’origine, fut chargé par Charlemagne de gouverner le pays dont Alby était la capitale, et prit le titre de duc de Dordon ou de Dordogne. Il eut pour fils les quatre preux Renaud ou Reynauld, Guichard ou Guiscard, Alard ou Adélard, et Richard ou Richardet, que Charlemagne arme chevaliers. Renaud, dans cette circonstance, avait juré à Charlemagne une fidélité à toute épreuve, en son nom et au nom de ses frères. Mais ensuite le duc d’Aigremont, frère d’Aymon, s’étant attiré la colère de Charlemagne, celui-ci envoya des troupes contre lui ; il ne voulait que le vaincre et lui imposer des conditions, mais Ganeron, moins scrupuleux, le tua dans la bataille. Alors Renaud et ses frères vinrent trouver Charlemagne pour lui demander justice du meurtre de leur oncle. N’ayant pu rien obtenir, ils se considérèrent comme déliés de leur serment, puis, aidés par le magicien Maugis, leur cousin, ils se frayèrent, l’épée à la main, un passage à travers les soldats du grand roi, et plus d’une fois ils ne durent leur salut qu’à leur unique cheval Bayard, que leur avait donné la fée Orlande. C’est alors que commence la merveilleuse série de leurs prouesses : combats sanglants, sièges de forteresses, retraite chez le roi d’Aquitaine, qui donne sa sœur, la belle Clarisse, en mariage à Renaud pour prix de la vaillance avec laquelle il avait combattu les Sarrasins ; construction du château de Montalban ou Montauban sur les bords de la Dordogne ; refus du roi d’Aquitaine de livrer ses hôtes à Charles ; siège du château de Montauban par ce dernier, assisté de Roland, son neveu, et de Richard de Normandie ; défense héroïque de la place ; combat singulier de Roland et de Renaud décrit à grands traits comme les combats de l’Iliade ; sortilège de Maugis, qui transporte au milieu de Montauban le roi Charles endormi ; instances de Renaud pour obtenir la paix ; refus de Charles, qui exige avant tout que Maugis lui soit livré : sortie nocturne de la garnison, et capture de Richard de Normandie par Renaud, qui menace de mettre à mort son prisonnier si le roi s’obstine à repousser ses propositions de paix : préparatifs du supplice ; opiniâtreté de Charles et générosité de Renaud, qui donne spontanément la liberté à Richard. Les douze pairs menacent alors le roi de quitter son service s’il ne conclut la paix avec les fils Aymon. Charles ouvre les yeux : il reconnaît qu’il a été trompé par quelques courtisans, entre autres par Pinabel, et il envoie celui-ci, pieds et mains liés, aux douze pairs, afin qu’ils en disposent à leur gré. Il accorde ensuite la paix aux fils Aymon, à condition qu’ils lui remettront leur cheval, le fameux Bayard, et que Renaud partira pour la Terre sainte. En effet, Renaud, suivi de Maugis, se met en route pour Jérusalem. Après avoir contribué à délivrer la ville sainte, qui était au pouvoir des Perses, il revient en Europe, distribue ses biens à ses enfants, et, revêtu d’habits de pèlerin, erre à l’aventure dans les bois, se nourrissant de fruits sauvages. Il arrive alors à Cologne, où l’on travaillait à bâtir la fameuse cathédrale qui n’est pas encore terminée ; il offre ses services à l’architecte, qui les accepte, mais les manœuvres le tuent pendant qu’il est endormi et le jettent dans le Rhin. Son corps fut ensuite retrouvé miraculeusement, et on lui éleva un riche tombeau. Enfin, la légende rapporte que le vaillant chevalier fut canonisé sous le nom de saint Regnault.

M. Paulin-Pâris, dans ses belles études sur les chansons de gestes, est parvenu à dégager du fond primitif de cette légende toutes les additions qu’y ont faites ceux qui l’ont gâtée en voulant l’étendre, entre autres les troubadours. Il a établi que l’histoire des quatre fils Aymon a pris naissance dans les pays du nord, qu’elle appartient soit à la Flandre, soit à la Belgique ou à la Westphalie, et qu’elle a peut-être pour fondement des faits réels que l’imagination des poètes a rendus très-difficiles à discerner. Renaud a réellement été mis au nombre des saints ; sa canonisation est confirmée par le passage suivant du sceptique Bayle : « L’histoire de Luxembourg, composée par Jean Bartels, abbé d’Epternach, nous apprend que Renaud a été martyrisé pour le nom de Jésus-Christ, qu’il a été canonisé, que l’Église célèbre sa fête et qu’on lui a consacré des temples, entre autres l’église de Saint-Renaud, dans le pays de Cologne, à laquelle est annexé un couvent de filles. On voit aussi à Cologne l’église du même saint, auprès de celle de Saint-Maurice, et, dans cette église, l’image des quatre frères sur la muraille. »

Nous avons déjà parlé d’une chanson de gestes du xiiie siècle, qui est le plus ancien monument bibliographique de la légende, et dont l’auteur supposé est Huon de Villeneuve ; la Bibliothèque impériale en possède un exemplaire manuscrit. Elle possède aussi un autre manuscrit d’un poëme du xve siècle, où la même légende forme une épopée de trente mille vers. L’histoire des Quatre fils Aymon fut imprimée pour la première fois en 1493, et M. Brès en a publié, en 1820, une nouvelle édition d'où il a fait disparaître tout ce qui lui a paru s’écarter de la légende primitive. Cest en 1619 que parut à Anvers la Chronique des quatre fils Aymon, imprimée sur papier brouillard en gros caractères ; cette même chronique se vend encore aujourd’hui dans les foires de la Belgique et dans plusieurs de nos départements, avec une image grossière où l’on voit les quatre frères juchés les uns derrière les autres sur le robuste cheval Bayard. Ces petits livres, faits pour les enfants et pour les simples habitants des campagnes, s’impriment encore en très-grand nombre à Épinal, à Montbéliard et à Limoges. Enfin, tout le monde sait que l’Arioste, dans son Roland furieux, a rendu immortel le nom de Renaud de Montauban et celui de sa sœur Bradamante, dont il a évidemment emprunté les types originaux à notre légende nationale.


AYNÈS (François-David), littérateur français, né à Lyon en 1766, mort en 1827, fut pendant quelque temps principal du collège de "Villefranche. Il a laissé plusieurs ouvrages classiques, entre autres : Dictionnaire universel de géographie ancienne et moderne ; le Livre des premières classes ; Narrations choisies des histoires de Tite-Live, etc. Mais il est connu surtout par des publications qui, sous l’Empire, le firent emprisonner plusieurs fois : Correspondance authentique de la cour de Home avec la France, depuis l’invasion de l’État romain jusqu’à l’enlèvement du souverain pontife (1808) ; Pièces officielles touchant l’invasion de Borne par les Français (1808). Il avait aussi traduit et propagé secrètement la bulle d’excommunication contre Napoléon.


AYNET s. m. (è-né). Péch. Baguette à laquelle on enfile les harengs pour les saurer. il Sorte de brochette en bois, longue do quatre à cinq pieds, qui sert à enfiler les sardines par les yeux, pour les laver dans l’eau de mer avant de les mettre dans le sel. Il On dit

Ajni-Aui.crl. titre d’un traité. et statistique de l’empire mogol sous le règne de l’empereur Djelal ed-Din Mohammed Akbar, écrit par son vizir Aboul Fazl. Il constitue la troisième et dernière partie de YAkbarnamè, <M livre d’Akbar, du même auteur. Le premier volume comprend une revue rapide des ancêtres d’Akbar, et le second volume raconte les événements de son règne depuis son avènement au trône. Une traduction libre et très-abrégée de cet ouvrage, qui contient de précieux documents historiques, fut entreprise par M. Francis Gladwin. Le Ayni-Akberi est du plus haut intérêt, parce que c’est un tableau original, et officiel en même temps, de l’organisation de l’empire mogol à l’époque de sa plus grande prospérité. 11 est divisé en quatre sections.- les trois premières sont exclusivement réservées à la politique et à la législation ; la quatrième traite de la statistique et de la législation, et comprend la description détaillée des différentes provinces comprises à cette époque dans l’empire mogol ; en outre, elle présente un exposé fidèle des anciennes institutions religieuses et littéraires des Indous.

AYNITU s. m. (è-ni-tu). Bot. Petit arbre de la famille dos euphorbiaeées, dont le bois odorant s’emploie en fumigations.

AYODHYA s. f. (a-io-di-a). Myth. ind. Capitale de Râma, aujourd’hui Oude.

AYOI.AS (Juan d’), capitaine espagnol, accompagna Pedro de Mendoza à la conquête de la rivière de la Plata et reçut le gouvernement de Buénos-Ayres. Lui-même, après mille aventures, fit ensuite la conquête du Paraguay, dont il fut nommé gouverneur, et fonda la ville de l’Assomption. L’audacieux aventurier, voulant ouvrir une communication avec le Pérou, partit à la tète de deux cents Espagnols, parvint à son but, mais fut tué dans un combat avec une peuplade d’Indiens sauvages (1538).

AYOLI s. m. (a-io-li — mot provonç. formé de ayé. ail ; oli, huile). Art culin. Sorte de sauce faite d’ail et d’huile d’olive, que lesProvençaux mangent avec la morue et avec divers légumes.

AYON s. m. (a-ion). Argot. Place, boutique : Je remarque, en passant, que le mot ayon se prononce, à peu de chose près, comme haillon. (P. Mornand.)

AYORA, bourg d’Espagne, eh.-lieu de district, prov. et à 55 kilom. S.-O. de Valence ; 3,500 hab.

AYOlîTi-ANSARI ou JOB ANSARI, célèbre santon qu’on dit avoir été chrétien, mais que les Turcs révèrent au point qu’ils ont donné son nom à la mosquée sise au fond du port de Constantinople, dans laquelle doit se trouver son tombeau, et où les sultans vont ceindre le sabre à leur avènement au trône. On écrit et l’on prononce aussi quelquefois Eïoub au lieu de Ayoub.

d’Ayoub. C’est de ce patronymique Ayoub, qui n’est autre que le mot hébreu Job, que les Ayoubites furent ainsi appelés. Le fondateur de cette dynastie, Salaeddin, commença à régner vers l’année 567 de l’hégire (1171 de notre ère), après avoir renversé les Fatimites d’Egypte. Ses descendants régnèrent sur l’Égypte, la Syrie, l’Yemen, et furent mutuellement dans un état d’hostilités perpétuelles. Voici, d’après d’Herbelot, un résumé historique des règnes de ces différents princes.-Noureddin Ali, surnommé Malek al-afdhal

(l’éminent), et l’aîné de tous, succéda à père dans la Syrie et dans la Palestine, et ensuite en Égypte, après la mort de son frère Malek al-aziz (le glorieux). Il mourut l’an 621 de l’hégire (1221 de notre ère), après avoir été dépouillé de la Syrie, de l’Égypte, et réduit a la seule ville de Samosate par son oncle Malek al-adel (le juste).

Malek al-aziz Othman, second fils de Salaeddin, succéda à son père dans le royaume d’Égypte. Il mourut l’an 595 de l’hégire (1198 de notre ère), et eut pour successeur son frère al-afdhal, qu’il avait auparavant dépouillé de la Syrie.

Malek al-dhaher (l’apparent), troisième fils de Salaeddin, succéda à son père dans la principauté d’Alep et de ses dépendances. Il mourut l’an 613 de l’hégire (1216 de notre ère), et laissa pour successeur son fils Malek al-aziz, qui n’était pas encore âgé de trois ans.

Al-malek al-Adel, frère de Salaeddin, n’eut, pour tout partage dans sa succession, que le château de Karak ; mais il chassa Malek alafdhal, son neveu, de l’Égypte, et mourut en 1218, laissant après lui plusieurs enfants.

Malek al-kamel (le parfait), fils de Malek al-adel, succéda à son père sur le trône d’Egypte. C’est lui qui, en 1227, abandonna Jérusalem aux Francs, sur lesquels il avait repris Damiette.

Citons encore Malek al-moaddham (le magnifique), qui régna à Damas ; Malek al-achraf (le noble), qui régna en Mésopotamie ; Malek

al-modhaffer (le victorieux) ; Malek al-f Malek saleh (le bon), qui régna en Egy, Malek al-moaddham, fils du précédent, qui

î Égypte ;

Malek saleh (

Malek al-moaddham, fils au prece,

régna également en Égypte, sous la tutelle de sa mère Shaghr ad-dourr (branche de perles) et de ’ïzzeddin Ibek Turcoman, chef des Mamelouks ; ce fut lui qui fut défait par saint Louis, l’an 468 de l’hégire, et qui, à son tour, le battit et le fit prisonnier. Avec ce dernier

firince, commencent les désordres des Mameouks, qui" devaient amener la ruine de cette dynastie. Moaddham fut tué par ’Izzeddin, qui, lui-même, périt assassiné par la mère de la victime. Cette princesse fut mise à mort par les Mamelouks, qui proclamèrent roi Eothouz.de leur propre nation, et lui donnèrent.le titre de Malek al-modhaffer, le roi victorieux. Ainsi Unifia dynastie des Ayoubites en Égypte. Cependant la branche de Syrie continuait encore à subsister, représentée alors par Malek al-naser (le vainqueur), qui régnait à Alep ; ce prince se rendit maître de Damas et fut appelé par une faction pour régner „ Syrie, fut tué par Houlaghou-Khar, reur des Mogols ou Tartares, l’an 1259 de notre ère, deux ans après la prise de Bagdad, avec son frère Malek ad-dhaher, et autres membres de sa famille, lorsque la ville d’Alep fut prise et saccagée par Houlaghou. La dynastie des Ayoubites, ajoute d’Herbelot, finit dans la Syrie en la personne de ce prince, quoiqu’il y eût encore quelques personnes de sa famille dispersées dans différents endroits.

AYOUN-MOCSA, c’est-à-dire sources de Moïse, ville de l’Arabie Pétrée, près du golfe et au S.-E. de Suez. C’est près de là, suivant la tradition des Arabes, que s’effectua le passage de la mer Rouge par les Hébreux.

AYOUS. Myth. ind. L’un des princes de la dynastie solaire, fils de Pourouravas et d’Oui. (é-pa-ru). Bot, Arbre des

;. Plante du Brésil,

AYPARHU S. :

Moluques.

AYPI s. m. (é-pi). E espèce de cynanque.

AYR, ville et port d’Écosse, ch.-lieu du comté du même nom ; 15,749 hab. Fabrique do tapis ; ses tanneries, ses chantiers de construction et ses mines de houille donnent beaucoup d’activité à son port, sur le golfe de la Clyde. Le comté d’Ayr, qui a 165,000 hab-, fournit les excellents fromages dits de Dunlop ; mais ce pays est surtout connu par une race de vaches très-renommées. L’origine de cette race est inconnue ; cependant, on suppose qu’elle est issue de la race de Jersey et de Guernesey. Plutôt petite que grande, la race d’Ayr est bien proportionnée ; elle a les lombes larges, la ligne dorsale bien soutenue, les membres grêles, l’encolure et la tête fines. En général, sa robe est pie, jaune et blanche, ou rouge et blanche. Très-bonne laitière, elle fournit le lait qui sert à fabriquer le fromage de Dunlop. Elle alimente en outre la ville de Glascow en lait et on" beurre. Lorsque leur lait diminue, ces vaches s’engraissent rapidement. Cette race est d’un entretien facile, en raison de sa petite taille ; cependant, elle demande à être mieux soignée que nos petites races ne le sont en général ; de sorte que, quand on ne peut pas bien la nourrir, il faut lui préférer la race bretonne ou la bressane, et la flamande ou la normande dans les pays fertiles. On a employé les animaux d Ayr au croisement des races de la Bretagne, de la Bresse et de la Franche-Comté. Ce croisement a donné des produits bien conformés et bons pour le lait, quand ils ont été bien soignés dans la jeunesse.

ayra s. m. (é-ra). Mamm. Espèce de renard de la Guyane.

AYRAUT (Pierre), magistrat et jurisconsulte, né à Angers en 1536, mort en 1601. Il suivit les leçons des plus célèbres jurisconsultes, entre autres de Cujas, professa le droit civil dans sa ville natale, devint ensuite un des premiers avocats du parlement de Paris, et fut nommé, en 1568, lieutenant criminel à Angers. Il exerça ces fonctions avec tant d’équité et peut-être de rigueur, qu’on le surnomma YEcueil des accusés. Pendant la Ligue, il resta fidèle à la cause royale. Il jouissait en paix de sa gloire et de l’estime publique, lorsqu’un événement malheureux vint abreu- • ver de chagrin ses dernières années. Son fils aîné, René Ayraut, fut entraîné par les jésuites à entrer dans leur compagnie. Ce fut en vain que le malheureux père obtint un arrêt du parlement, un ordre du roi, et qu’il s adressa même au pape ; son fils, caché dans quelque maison de l’ordre, ne lui fut pas rendu. Il écrivit alors son célèbre traité de la puissance paternelle, De jure patrie. Ce moyen ne lui réussit pas mieux. Bien plus, René, dont les jésuites guidaient la main, écrivit une réfutation de ce beau traité. Le vieillard mourut désespéré. Outre l’écrit que nous venons de citer, on a de cet éminent jurisconsulte de nombreux ouvrages de droit, dont le plus important a pour titre : De l’ordre et instruction judiciaire dont les anciens Grecs et Romains ont usé en accusations publiques, conféré à l’usage de notre France, et si on peut condamner ou absoudre sans forme ni figure de procès, (1575) ; c’est un ouvrage encore utile à consul-