Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 4, Au-Az.djvu/139

Cette page n’a pas encore été corrigée

AVE

. A vent (i/), de Bourdaloue, suite de douze sermons, comprenant deux séries, prêches en 1670, 1684, 1686, 1689, 1693, et publiés par le P. Bretonneau.

1er Avknt. — 1" sermon, — pour la fête de tous les saints (sur la récompense des saints). Jésus-Christ nous propose la gloire céleste comme une récompense ; cette-récompense est sûre, tandis que les récompenses du i monde sont douteuses et incertaines. Celles- ’ , ci sont vides et défectueuses, caduques et périssables ; l’autre est entière-et éternelle. Celle-là surpasse, ou du moins égale nos services ; par elle-même elle suffit à nous rendre parfaitement heureux. Les athlètes courent dans la carrière et combattent ; pourquoi ? Jiour une couronne corruptible ; mais nous, si nous travaillons, c’est pour une couronne immortelle.

2" sermon, pour le 1" dimanche de VA-vent (sur le jugement dernier). Si c’est le propre des rois de juger les peuples, c’est le propre de Dieu de juger les rois. Dieu, ditTertullien, est miséricordieux de son fonds, et juste du nôtre. Si donc il est sévère dans ses jugements, c’est de nous-mêmes que procède cette sévérité, et quand il nous jugera, il ne nous jugera que par nous-mêmes. Il se servira de notre foi pour nous juger comme chrétiens, et de notre raison pour nous juger comme hommes. Servons-nous donc de notre foi et de notre raison pour nous juger nous-mêmes dès cette vie, et appliquons-nous à nous connaître, afin que Dieu ne nous juge point.

3e sermon, pour le 2e dimanche de l’Avent (sur le scandale). Jésus-Christ a été un sujet de scandale pour le monde impie et profane. Mais si nous ne nous scandalisons pas de Jésus-Christ, nous scandalisons Jésus-Christ en scandalisant nos frères, qui sont ses membres. Malheureux celui qui cause le scandale, mais doublement malheureux celui qui le cause quand il est spécialement obligé à donnei

e est homicide des âmes qu’il scandalise ; il se charge devant Dieu de.tous les crimes de ceux qu’il scandalise.

4< : sermon, pour le 3" dimanche de l’Avent (sur la fausse conscience). Quelle est la voie sainte qui mène au Seigneur ? Quelle est la voie opposée que nous devons éviter ? Les

voies.il faut nous préserver j fausse conscience. On se s les états une fausse

e qu oi

pour prépare

s intérêts. Mais ■„

danger se présente surtout parmi les grands et dans les cours des princes, où l’on se forme une morale particulière. Il n’y a point d’erreur plus dangereuse ; c’est une vaine excuse pour se justifier devant Dieu,

5’ sermon, pour le 4^ dimanche de l’Avent (sur. la sévérité de la pénitence). La pénitence est un baptême, parce que c’est elle qui nous lava de nos pèches et qui nous purifie. Or, le

est l’esprit de sévérité. La pénitence di.itêtre sévère ; car c’est un jugement de l’homme

mission de Dieu. Sa sévérité même devient d’autant plus douce qu’elle est plus rude ; c’est, dit Tertullien, la félicité de l’homme pécheur dans cette vie, cette félicité n’étant autre chose que la paix de la conscience.

6" sermon (sur la Nativité de Jésus-Christ). La gloire à Dieu et la paix aux hommes, voilà les deux fruits de la naissance de Jésus-Christ. Le Fils de Dieu nous a apporté du ciel la paix avec Dieu, la paix avec nous-mêmes et la paix avec le prochain. Il nous fallait un médiateur qui pût tout, à la fois satisfaire à la justice de Dieu et nous attirer la miséricorde de Dieu. C’est ce que fait Jésus-Christ, en réunissant dans sa personne Dieu et l’homme. 11 nous découvre les deux sources de la vraie paix : l’humilité de cœur et la pauvreté de cœur. Il nous apprend deux moyens d’entretenir la paix avec nos frères ; le désintéresse-Il^ Avient. — 1er sermon, pour la fête de tous les Saints (sur la sainteté). Les saints sont nos protecteurs et nos modèles. La sainteté trouve dans les esprits et dans les cœurs des hommes trois grands obstacles è. surmonter : le libertinage, l’ignorance et la lâcheté. Les libertins la censurent ; les ignorants s’en font de fausses idées ; enhn les lâches la regardent comme impossible, et désespèrent d’y

" ~" ;" *"-is l’exemple des saints prouve

nage des uns est injustifiable, e ues-autres est sans excuse, et que la lâcheté des derniers n’a pas plus de prétextes.

2c sermon, pour le 1" dimanche de l’Avent (sur le jugement dernier). Des signes précurseurs annonceront ce jugement. Dieu a tout fait et pour lui-même et pour ses élus. En se déterminant à juger le monde, il a eu deux vues principales : l’une, de se faire justice à lui-même ; fautre, de la faire a ses prédestinés. Ce jugement vengera Dieu des outrages qu’il a reçus du monde, et ses élus des injustices que leur a fuites le monde. Que le pauvre et le faible désirent et aiment ce jugement, tout eu le craignant.

3» sermon, pour le 2<> dimanche de l’Avent (sur le respect humain). Dieu exclut de son

AVE

vitude honteuse, une lâche crainte des vains jugements du monde, une petitesse d’esprit et une faiblesse de cœur. C’est une lâcheté odieuse, impardonnable. C’est une trahison. Le respect humain détruit dans le cœur de l’homme le fondement de la religion, qui est l’amour de Dieu ; il fait tomber l’homme dans les plus criminelles apostasies. Ce scandale tend a la destruction du culte de Dieu. Que les Cjhefs de la société réagissent par leur exemple contre cette servitude et cette honte.

4« sermon, pour le 3» dimanche de l’Avent (sur la sévérité évangél’tque). La voie du Seigneur est la voie étroite du salut. Mais la sévérité évSTigélique, en quoi consiste-t-elle ? La vie de Jean-Baptiste nous montre un homme austère, sévère, mais en même temps un homme désintéressé, humble, charitable. Ces troiâ caractères manquaient à la sévérité des Pharisiens ; dont le fond était un esprit d’intérêt, un orgueil secret et une dureté impitoyable pour le prochain. La vraie sévérité do 1 Évangile consiste dans un plein désintéressement, dans une sincère humilité, dans une charité patiente et compatissante,

5« sermon, pour le 4e dimanche de l’Avent (sur la pénitence). On est toujours assuré de la réalité de son péché, mais jamais absolument de la validité de sa pénitence. A quels caractères propres devons-nous la reconnaître ? Pour pouvoir compter sur notre pénitence, il en faut juger par les fruits. Cesréduisent a

iitions s

trois : retrancher la

6« sermon (sur la Nativité de Jésus-Christ). La naissance de Jésus-Christ, qui fut un sujet de joie pour les pauvres, est un sujet de crainte pour les puissants et les riches. Jésus-Christ a paru pour être et la ruine des uns et la résurrection des autres. Si l’on suit la voie du monde, on doit ressentir de la crainte ; si l’on cherche Dieu en esprit et en vérité, qu’on espère des trésors infinis de grâce et de misé de Bourdaloue ont pour caractères des traits distinctifs que tous les critiques ont mis en relief. Au point de vue de la pensée, on remarque et l’on admire une liberté, une indépendance, qui sont celles d’un apôtre et d’un réformateur. Sous le rapport de la forme, on n’admire pas moins la beauté des plans généraux, l’ordre et la distribution qui régnent dans chaque partie du discours, la clarté, la vigueur, et, comme a dit d’Aguesseau, la popularité de l’expression, simple sans bassesse, noble sans affectation. C’est une éloquence nerveuse, qui, par la supériorité des vues, s’adresse à la raison plus qu’au sentiment. L’étude des sermons de Bourdaloue convient surtout aux esprits positifs, et doit, être des plus utiles à ceux qui ambitionnent les succès oratoires, soit dans les luttes du barreau, soit dans les débats des assemblées politiques. L’éloquence de ces discours produit une impression d’autant plus forte que tout y est médité, réfléchi, mesuré. Point de ces images de style, de ces saillies brillantes, qui séduisent un moment l’esprit sans frapper ^intelligence ; mais, par compensation, une telle abondance et une telle science des arguments et des preuves oratoires, que l’invention multipliée de ces grands moyens dialectiques devient du génie. Les sermons de Bourdaloue ont de commun avec les harangués de Démosthène la vigueur de la logique et la sévérité du style.

Avant (l’), de Massillon, suite de dix sermons prêches devant Louis XIV, à Versailles, en 1699. Ce fut le début d’un grand talent oratoire ; salué par Bourdaloue lui - même. «’ Une histoire de la vie et des ouvrages de Massillon nous manque, dit M. Sainte-Beuve : ce serait un sujet heureux... Une étude complète sur Massillon deviendrait naturellement celle de l’éloquence même dans la dernière moitié du règne de Louis XIV ; on y suivrait ce beau fleuve de l’éloquence sacrée ; on le descendrait dans toute la magnificence de son cours ; on en marquerait les changements à partir de l’endroit où il devient moins rapide, moins impétueux, moins sonore, où il perd de la grandeur austère ou de l’incomparable majesté que lui donnaient ses rives, et où, dans un paysage plus riche en apparence, plus vaste d’étendue, mais plus effacé, il s’élargit et se mêle insensiblement à d’autres eaux, comme aux approches de l’embouchure, t

"L’Avent comprend les sermons prêches sur le bonheur des justes (pour la fête de tous les Saints) ; sur la mort du pécheur et la mort du juste (pour le jour des Morts) ; sur le jugement universel (pour le 1" dimanche de 1 Avent) ; sur les afflictions (pour le 2e dimanche de l’Avent) ; pour la fête de la Conception de la sainte Vierge ; sur le délai de la conversion (pour le 3» dimanche de l’Avent) ; sur les dispositions à la communion (pour le 4» dimanche de l’Avent) ; pour le jour de Noël ; sur la divinité de Jésus-Christ (pour le jour de la Circoncision) ; pour le jour de l’Epiphanie.

Nous allons analyser en quelques mots chacune de ces conférences. — 1" sermon. Le bonheur des justes ici-bas consiste dans les lumières de la foi, qui adoucissent.toutes les peines de l’âme fidèle, et- qui rendent celles du pécheur plus amères ; il consiste encore dans les douceurs de la grâce, qui calment toutes les passions, et qui, refusées au cœur corrompu, le laissent eu nroie à lui-même î

’ AVE

ces jouissances procurées par la grâce sont les unes intérieures et secrètes, les autres extérieures et sensibles.

2e sermon. Rien n’est plus affreux que la mort pour le pécheur : soit qu’il rappelle le passé, soit qu’il considère le présent, soit qu’il scrute l’avenir, il ne voit partout que les images les plus sombres ; mais la grâce surmonte cette horreur naturelle à tous Tes hommes ; et ce qui fait le désespoir du pécheur mourant devient pour le juste une source • abondante de consolations.

35 sermon. Ici-bas, Je pécheur vit inconnu à lui-même par son aveuglement ; aux autres, par ses dissimulations et ses artifices ; au grand jour du jugement universel, il se connaîtra et il sera connu. L’examen dont il sera l’objet portera sur l’histoire de sa vie, de ses mœurs, de ses passions. Non-seulement le pécheur sera montré à lui-même, il sera encore montré à toutes les créatures, et alors quelle sera sa confusion !

4e sermon. On oppose tous les jours dans le monde trois prétextes à l’usage chrétien des afflictions. On met en avant sa propre faiblesse, un caractère trop sensible ; ensuite, on arguë de l’excès et de la nature des afflictions ; on se persuade que l’on porterait avec résignation des maux moins graves et moins désolants ; enfin, on assure que les afflictions semblent mettre des obstacles au salut du chrétien. Il faut confondre et rejeter tous ces prétextes.

5e sermon. Marie nous donne l’exemple d’une double fidélité à la grâce reçue : une fidélité de précaution, qui lui fait craindre les moindres périls, et une fidélité de correspondance, qui la rend attentive jusqu’à la fin à faire de nouveaux progrès dans les voies de la grâce.

6« sermon. Le pécheur diffère sa conversion ou parce qu’il croit que la grâce lui manque, ou parce qu’il s’imagine qu’un jour, revenu du monde et de ses passions, il swra plus en état de commencer une vie chrétienne et de soutenir cet engagement, deux raisons spécieuses que combat l’orateur chrétien.

7« sermon. Quatre dispositions sont nécesfruit : une foi respectueuse qui nous fasse discerner ; une foi prudente qui nous fasse éprouver ; une foi ardente qui nous fasse aimer ; une foi généreuse qui nous fasse im 8» sermon. Jésus-Christ, par sa naissance, vient rendre la gloire à Dieu et la paix aux hommes : à Dieu, la gloire que les hommes avaient voulu lui ravir ; aux hommes, la paix qu’ils n’avaient cessé de se ravir à eux 9e sermon. L’éclat et l’esprit du ministère de Jésus-Christ prouvent également la gloire de sa divinité. Si Jésus-Christ n’était qu’un homme, l’éclat de son ministère serait pour nous une occasion inévitable d’idolàtrje, et Dieu même serait coupable de l’erreur de ceux qui l’adorent ; en second lieu, l’esprit de son ministère deviendrait le piège funeste de notre innocence.

10« sermon. La vérité, figurée par l’étoile, trouve dans les muges des adorateurs ; dans les prêtres, des dissimulateurs ; dans Hérode, un persécuteur. Telle est encore parmi nous, sa destinée ; peu la reçoivent, beaucoup la cachent et la déguisent, encore plus la méprisent et la persécutent.

Les appréciateurs de l’éloquence de Massillon placent l’Avent au-dessus dnPeiit Carême, si lu et si admiré. Comme on l’a vu par l’analyse, c’est dans l’Avent que se trouve le sermon sur la mort du pécheur et sur la mort du juste, deux tableaux d’une perfection égale. Le premier peut être cité comme un exemple de cette-vigueur d’expression que l’on se plaît trop à disputer aux talents qui brillent par l’élégance : « Alors, le pécheur mourant, ne trouvant plus dans le souvenir dû passé que

qui l’épouvi, , — -■

qui avoir recours, ni aux créatures qui lui échappent, ni au monde qui s’évanouit, ni aux hommes qui ne sauraient le délivrer de la mort, ni au Dieu juste qu’il regarde comme un ennemi déclaré dont il ne doit plus attendre d’indulgence, il se roule dans ses propres horreurs, il se tourmente, il s’agite pour fuir la mort qui le saisit, ou du moins pour se fuir lui-même. Il sort de ses yeux mourants je ne sais quoi de sombre et de farouche qui exprime les fureurs de son âme ; il pousse, du fond de sa tristesse, des paroles entrecoupées de sanglots qu’on n’entend qu’à demi, et l’on ne sait si c’est le désespoir ou le repentir qui les a formées. Il jette sur un Dieu crucifié des regards affreux, et qui laissent douter si c’est la crainte ou 1 espérance, la haine ou l’amour qu’ils expriment ; il entre dans des saisissements ou l’on ignore si c’est le corps qui se dissout ou l’âme qui sent l’approche de son juge ; iL soupire profondément, et l’on ne sait si c’est le souvenir de ses crimes qui lui arrache ces soupirs ou le désespoir de quitter la vie. Enfin, au milieu de ces tristes efforts, ses yeux se fixent, ses traits changent, son visage se défigure, sa bouche livide s’entr’ouvre d’elle-même, tout son esprit frémit, et, par ce dernier effort, son âme infortunée s’arrache comme à regret de ce corps de boue, tombe

AVE

1047

entre les mains de Dieu, et se trouve seulé au pied de ce tribunal redoutable. »

L’un des meilleurs sermons de Massillon, bien qu’il soit très-rarement cité, est le sermon sur les afflictions. Massillon en a de plus brillants ; il n’en a pas de plus persuasif. Tout y est simple et sur le ton d’une conversation presque familière. U inspire un sentiment de mélancolie inconnu dans le siècle de Louis XIV. Ce sermon est de ceux qui n’éblouissent pas d’abord, mais que l’on goûte de plus en plus quand on les relit.

Terminons par une appréciation de M. de Sacy, qui, après avoir signalé quelques-uns des côtés faibles du talent de Massillon, rapproché du génie de Bossuet, ajoute : " Comme orateur, que Massillon ne soit donc qu’au second rang ! C’est encore une assez belle place aprè3 Bossuet. Comme écrivain, malgré des défauts qui ne sont que l’excès de ses qualités, il restera toujours l’un des modèles de notre langue, et celui qu’il faudra étudier pour l’harmonie, pour l’abondance, pour la richesse incomparable de son style. Je ne parle pas de sa profonde connaissance du cœur humain, et de ce terrible dialogue entre la passion et la foi, qui fait le fond de tous ses discours. Massillon est le plus philosophe de nos orateurs chrétiens. Dans un siècle éminemment religieux, on a pu lui préférer Bourdaloue ; Bourdaloue parlait un langage compris de tout le monde alors. On comprendra Massillon tant qu’il y aura des passions en lutte contre la loi morale. •

AVENTÉ, ÉE (a-van-té) part. pass. du v.

Avenfer. Placé à un bon vent : Voile avkntée.

AVENTER v. a. ou tr. (a-van-té — rad. à

et vent). Mar. Placer au bon vent : Aventer

une voile.

AVENTICUM, nom latin de la ville d’Avenches.

aventiers adj. m. pi. (a-van-tiô — lat. adventitii} qui surviennent). Jurispr. anc. Qualification donnée aux biens qui provenaient d’une succession autre que celle des ascendants.

AVENTIN. (Momt), nom d’une des collines de Rome, située à l’extrémité S.-O. de la ville, et formant deux petits plateaux séparés par une étroite vallée : l’un touche à la rive gau-1 che du Tibre, l’autre se trouve derrière celui-ci, dans la direction du S.-E. L’Aventin, dont il est fait si souvent mention dans l’his-I toire de Rome ancienne, tirait son nom du roi d’Aibe Aventinus, qui y avait son tombeau j ce l’ut le mont sur lequel- Rémus consulta les auspices, et où il fut ensuite Inhumé ; c’est là qu’Ancus Martius fit transporter -les habi- ! tants des villes latines qu’il avait conquises ; enfin, i’Aventin fut la quatrième colline qui, par son incorporation à la ville éternelle, vint agrandir le petit État romain. Quoique cette colline ne fût pas comprise dans le pomarrium, c’est-à-dire dans l’enceinte religieuse de la . cité, à cause des tombeaux dont nous avons

parlé, elle ne se couvrit pas moins de temples

I et d’habitations. Là, en effet, s’élevait le fameux temple de Diane, bâti, sous Servius Tul- ; îius, par les Romains et les Latins réunis, pour servir de lien et de centre à l’union des 1 deux peuples ; tout à côlé, on voyait le temple

! de Minerve Aventiuensis, et, dans les envi*

rons, les maisons particulières de Trajan, de 1 son ami Licinius Sura et de cette belle Hhilis, chantée si tendrement pur Properce. L’empereur Claude enferma le mont Aventin dans | l’enceinte religieuse de la cité ; c’était alors le quartier le plus populeux de la ville éternelle ; c’est aujourd’hui l’endroit le plus désert de

Quelques historiens et plusieurs écrivains ont confondu le mont Aventin avec le mont Sacré ; c’est une erreur’ qu’il est important de rectifier. Le mont Aventin n’est pas du tout le mont Sacré. Ce dernier estv situé à plus d’une lieue de Rome, sur les bords de l’Anio. C’est là que se retirèrent les plébéiens. Ce qui fait la confusion, c’est que l’Aventin était le quartier du peuple, comme le mont Palatin était celui de l aristocratie.

Aventin (RETRAITE SUK LE MONT). Dès l’O rigine, sous Romulus, deux ordres avaient été établis à Rome : les patriciens et les plébéiens. Le corps des patriciens avait le monopole exclusif des honneurs, des dignités, de la puissance politique, des fonctions militaires, civiles et sacerdotales, la plus forte part dans les terres conquises et la meilleure partie du butin. Les plébéiens, c’est-à-dire le dernier ordre de l’État et l’immense majorité du peuple, étaient exclus des fonctions publiques, et étaient en outre assujettis aux patriciens par une sorte de vasselage appelé patronage, qui rendit long et difficile leur affranchissement politique. La révolution, tout aristocratique, qui substitua la république consulaire à la royauté, changea peu de chose au sort des plébéiens ; mais elle eut au moins pour résultat de débarrasser la scène du contre-poids qui tenait en équilibre les deux ordres, et de laisser libre le champ clos où allait s’entamer cette guerre de races qui forme une des parties les plus dramatiques et les plus émouvantes de l’histoire romaine.

Les premiers effets de cette lutte se rirent sentir l’an 493 av. J.-C. La plèbe, ruinée par l’usure, était devenue la proie et la victime des patriciens ; car à Rome, comme à Athènes avant Solon, la loi livrait au créancier la U-