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du budget des cultes et l’indépendance du clergé dans l’ordre spirituel ; il réclamait en même temps la liberté absolue de la presse, et la liberté complète, d’association et a enseignement, à Votre pu.ssance se perd, et la foi avec elle, disait-il à la papauté. Voulez-vous sauver l’une et l’autre, unissez-les toutes deux à l’humanité telle que l’ont faite dix-huit siècles de christianisme. Rien n’est stationnaire en ce monde ; vous avez régné sur les rois, puis les rois vous ont asservi. Séparezvous des rois, tendez la main aux peuples ; ils vous soutiendront de leurs robustes bras, et, 3 qui vaut mieux, de leur

1 ’ntes s’étant élevées de l’é]

loctrines politiques de l’Avenu, umu. uspendit la publication pour aller lui-chercher à Rome une sanction ou une cei

l’avenir fut condamné par la fameuse, encyclique du 15 août 1832, et cessa dé’paraître. Les collaborateurs de Lamennais, MM. Gerbet, Lacordaire, Rohrbacher, de Montalembert, de Coux, etc., acceptèrent avec docilité le jugement ; quant à Lamennais, forcé de choisir entre sa foi catholique et sa foi démocratique, il parut hésiter un moment, mais bientôt prit parti définitivement pour la démocratie.

Avenir national (l’), journal des libertés civiles, politiques et religieuses, fondé le 4 juin 1848, par M. Paul Féval, en continuation du Bon sens du Peuple, journal des honnêtes gens, par Paul Féval et Auguste Vitu, qui avait paru avec cette épigraphe, empruntée à la Constitution de 1793 : « Le peuple est l’universalité des citoyens français. » Rédigé par des républicains du sur lendemain, Paul Féval, Auguste Vitu, A. Ponroy, Marc Fournier, Léo Lespès (aujourd’hui Timothée Trimtn), chroniqueur ultravertueux du Petit Journal et auteur d’une Histoire républicaine de la Révolution de 1848, récit des trois glorieuses journées immortalisées par In victoire du peuple, etc., l’Avenir national chantait sur ce ton attique la chute du gouvernement provisoire : ■ Désormais, les messieurs pourront parler aux citoyens sans fléchir le genou. Il n’y aura plus de matamores de la veille ni de parias du lendemain. La rogue, la roide, la revêche aristocratie du National dépose ses parchemins sur l’autel de la patrie étonnée. Dorons des cornes de bœufs, allons quérir chez Jacques Bonhomme huit cents jeunes fillea mal habillées, rouges et ornées de feuillages verts ; achetons des (lûtes à sept trous, et chantons les dieux immortels sur lémode archaïque. Faisonsune fétel Réjouissons-nous 1 Nos seigneurs renoncent à leurs privilèges si légitimes ; les conquérants descendent de leur char... » Toute la collection est de cette force-là. Ce journal des saines opinions ne vécut que quelques mois. Il faut avouer qu’en s’appelant VAuenir, il possédait a un singulier degré le don de seconde vue.

Avenir (l’), journal de critique littéraire et philosophique, fondé en 1855 et supprimé la même année. Nous ne rappellerons que pour mémoire ce recueil, auquel on n’a pas laissé le temps de vivre. On y retrouve, sur ('esprit du xixe siècle, une série d’articles très-remarques lors de leur apparition, dus à la plume de M. Vacherot ; des travaux de M. Barm, le même qui a entrepris de nous faire connaître dans son ensemble le vaste système de liant. Citons encore, parmi les rédacteurs de l’Avenir, MM. Eugène Pelletan, Eugène Despois, Huet, Frédéric Morin, etc. Quelques-uns de ces derniers se distinguèrent par la recherche passionnée de l’union des deux extrêmes contraires : le libéralisme démocratique et l’autorité catholique, fusionnés par l’esprit de l’école philosophique de Bûchez. •

Avenir..«nouai ^l’), journal du soir, quotidien, politique, littéraire, financier, scientifique et agricole, fondé le 10 janvier 1865, par M. A. Peyrat, ancien rédacteur en chef de la Presse. Dans le programme de ce journal, M. Peyrat disait : • Nous n’avons qu’une ambition, qu’un but : servir la cause de la libre pensée, de la démocratie, de la Révolution, à laquelle, depuis de longues années, nous ayons consacré notre vie. > Et plus loin : « La démocratie commence enfin à recevoir le prix de sa persévérance et de sa longue abnégation. Chaque jour lui apporte une réparation légitime, chaque heure voit grandir ses espérances. Le parti réactionnaire et l’absolutisme théocratique peuvent lui prodiguer encore tpus les genres d’outrage et d’analhème ; ces anathèmes et ces outrages sont pour les libres penseurs une raison de plus d’avouer hautement cette démocratie laborieuse et féconde, et d’exalter les services qu’elle a rendus aux sciences, aux arts, à la liberté publique, à tout ce qui mérite le nom de civilisation. De plus en plus dévoué à cette grande cause, qui est celle de la justice et du droit, nous fondons ce journal pour ladéfendre ; moins pour lui prêter un concours dont elle n’a pas besoin, que pour nous honorer en combattant pour elle. ■ Voilà, certes, de nobles et généreuses paroles, qui résumenten quelque sorte l’esprit de progrès qui vivifie le xixs siècle, et, ce qui est encore plus louable, c’est que cette feuille paraît vouloir remplir scrupuleusement son programme et parcourir, Sans en dévier, la ligne qu’elle s’est tracée. Cependant M. Peyrat n’est pas un de ces publicistes novices qui s’aveuglent sur les précipices de la route qu’ils parcourent. Vétéran de la presse, il ne peut se dissimuler les difficultés de son entreprise, ci à connaître les férils de sa profe

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porte, on sent à son langage net et ferme qu’il partage cette conviction de tous les esprits sensés et de bonne foi, que la liberté ne doit pas être traitée selon la doctrine étroite de certains docteurs es sciences politiques ; qu’il lui faut des ailes, la lumière et l’espace, et il ne se croit pas dispensé des devoirs que chacun doit rendre à cette mère féconde par les mécomptes et les dangers auxquels ces devoirs exposent. Aussi ajoutaitt-il : < Quels que soient les résultats de nos efforts, la plus douce des satisfactions nous

! est assurée ; nous aurons donné à la démocratie

un nouveau gage de notre dévouement ; mieux encore, nous aurons marqué notre place entre ’es amis de la iiberté. « L’Avenir national, fidèle à ces prémisses, n’a cessé, depuis sa fondation, de réclamer la modification « de toutes les lois qui gênent la liberté individuelle, la liberté de la presse et la liberté de réunion ; » il a demandé la séparation absolue de l’Église et de l’État ; il a protesté, au nom de la civilisation, contre les cruautés commises en Pologne par la Russie, et combattu pour l’émancipation des noirs aux États-Unis. Le

journal la France, par la plume sénatoriale de son rédacteur en chef, lui a reproché de présenter le régime impérial ■ comme une forme d’absolutisme qui élève au-dessus des institutions le gouvernement personnel, qui condamne le Sénat et le Corps législatif à un rôle passif, en leur enlevant l’honneur de l’indépendance et de l’initiative, » (V. l'Avenir national du 13 février 1865.) Nous n’avons pas mission de nous prononcer sur cette polémique. Le lecteur, qui comprend combien est mouvant le sable sur lequel repose la politique, appréciera notre réserve.

M. Peyrat a su s’entourer de collaborateurs qui ne sont pas des nouveaux venus dans le journalisme libéral : le feuilleton dramatique est confié à la plume si fine et si fantaisiste de M. Et. Arago ; les questions d’enseignement ainsi que celles d’économie sociale et politique sont magistralement traitées par M. Fréd. Morin.

La démocratie pure doit faira des vœux cour le succès de cette jeune et courageuse feuille, qui, dédaignant d’avoir une nuance, comme il est de mode aujourd’hui, ose arborer franchement une couleur. Ce qui caractérise cette feuille, c’est une grande netteté de pensée et d’expression ; en la prenant pour guide, le lecteur n est pas exposé aux étonnements ; il peut marcher, les yeux fermés -..l’Avenir national parle et pense toujours sur le même ton, et toutes les opinions qu’il exprime paraissent sortir d’une source unique. Si un de ses rédacteurs dit rouge aujourd’hui, soyez persuadé qu’un autre ne dira pas blanc demain, et c’est une grande qualité par ce temps de fluctuations, où des hommes dont la foi paraissait robuste, vous font tomber, comme disait si pittoresquement Napoléon 1er, de sur. prises en surprises.

Avenir politique de l’Angleterre (ûE L*J,

par M. de Montalembert (1855). Que va devenir l’Angleterre ? Telle est ta question par laquelle s’ouvre cet ouvrage. -"-’ ' ble à la sécurité de cette grande nation, à la durée de ses glorieuses institutions, et surtout à sa moralité politique. La confiance sans bornes, l’envie trop légitime, l’admiration passionnée qu’elle inspirait depuis un siècle aux esprits éclairés, aux âmes généreuses, ont fait place peu a peu à des sentiments très-ditférents. Pendant que les anciens et fidèles partisans de" l’Angleterre, et tout ce qu’elle représente dans le monde, en sont encore à la défiance ou à l’appréhension, ses adversaires, en nombre toujours grossissant, appellent et saluent d’avance la chute de la vieille Angleterre. Là, comme ailleurs, absolutistes et démocrates s’entendent au fond pour former les mêmes vœux, applaudir à la même catastrophe. L’Angleterre a trop longtemps confondu les uns et les autres. Elle a donné un trop éclatant démenti à la fausse logique, a la

liberté sans bornes, sa prospérité sans rivale fournissent de trop formidables arguments à la fois contre la démagogie socialiste, qui veut tout passer au crible d’une, égalité sauvage, et contre cette théorie monarchique qui ne sait préserver les peuples du désordre et de la terreur qu’en les refoulant dans le silence et le néant... Depuis i’avortement ou l’abdication du libéralisme continental, elle est désormais seule au monde. Partout s’exhale la secrète impatience de ceux qui se disent : Quand donc le monde sera-t-il débarrassé de ce cauchemar ? Qui nous délivrera de ce nid d’aristocrates opiniâtres et de libéraux attardés ? Quand brisera-t-on l’orgueil de ce

Feuple, qui brave les lois de la logique, qui a audace de croire en même temps à la tradition et au progrès, de maintenir la royauté et" de pratiquer la liberté, de repousser la révolution et d échapper au despotisme ? • Le passage qu’on vient de lire montre clairement l’esprit dans lequel M. de Montalembert a étudié et jugé l’Angleterre. Également ennemi de l’égalité démocratique et de la monarchie absolue, il devait naturellement trouver chez nos voisins son idéal politique. On sent qu’il prend plaisir à opposer cet idéal aux réalités que nous avons sous les yeux, et qu’en donnant pour thème à son âpre éloquence l’avenir de

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I Angleterre, il ne perd pas un instant de vue le présent de la France, l’histoire récente de ses révolutions, le système d’administration qui la régit, les partis qui la divisent, etc..

M. de Montalembert veut bien recunnaùre que le progrès constant et le triomphe définitif de la démocratie sont aujourd’hui des faits incontestables, aussi évidents que le progrès et le triomphe de la monarchie absolue depuis le xvc siècle jusqu’au xvm&.

Mais cette victoire de la démocratie lui paraît contenir le grand danger de la société moderne. C’est que dans la démocratie, telle qu’elle est représentée sur le continent.il voit 1 ennemie de tout ce qui dure, de tout ce qui résiste, de tout ce qui grandit. Cette démocratie révolutionnaire, en faisant de la vie des nations un orage perpétuelles réduit à chercher un refuge dans l’absolutisme. Bien que ce danger existe en Angleterre comme ailleurs, tout annonce qu’en Angleterre le mouvement démocratique, préservé de ses excès, pourra se concilier avec la stabilité du droit, avec le maintien des libertés publiques, avec le respect de la dignité individuelle,

M. de Montalembert signale les symptômes du mal démocratique au delà du détroit ; mais il rassure le lecteur en lui rappelant la sagesse avec laquelle l’Angleterre s’est, dé tout témps, réservé l’usage illimité de la plus éclatante inconséquence, et le droit de ne pas sacrifier sa gloire, son bonheur et sa sécurité à une logique plus ou moins irréprochable. Ce n’est pas l’Angleterre qui se laissera jamais conduire à l’utopie ou à l’abîme, au nom d’un principe qu’elle aura posé ou accepté. En ouvrant la porte à la démocratie, elle aura soin de lui opposer des digues. « La démocratie arrivera, mais en arrivant, elle trouvera à qui parler. Elle reconnaîtra que* sur la plupart des points la place est prise, et que l’aristocratie anglaise n’est ni assez aveugle, ni assez exclusive pour préparer ces faciles et dangereux triomphes que les aristocraties continentales ont laissé remporter à leurs ennemis. »

Cette aristocratie anglaise, qui doit sauver la liberté anglaise du naufrage, M. de Montalembert nous fait connaître les caractères particuliers qu’elle présente, et les conditions qui ont assuré sa force. Il nous montre la pairie attirant à elle les grandes notabilités de la politique et de la magistrature, de l’armée, de la diplomatie et du monde financier, sans aucun souci de leur origine plus ou moins populaire, et en même temps refoulant dans le gros de la nation toutes ses branches collatérales, qui, à partir des petits-rils puînés de tout pair d’Angieterro, demeurent confondues avec le reste des citoyens sans aucun titre, sans aucune marque distinctive. Grâce à ce

roulement permanent entre la nation et la pairie, cel.s-ci constitue un véritable patrioiat politique et national, et non une caste exclusive, ierniée aux talents, aux services, aux ambitions que produisent les rangs inférieurs de la société.

é foncière et de l’héritage,

; sse dérivant de la liberté

, et ayant pour résultat l’indivisibilité du patrimoine foncier des familles. Là est, dit-il, la force de l’aristocratie anglaise, le palladium de la liberté anglaise ; là est le boulevard qui, jusqu’ici, a défendu la société anglaisé contre l’omnipotence monarchique et contre les envahissements de la démagogie. Communs à toutes les classes de la société, formant, non une distinction de caste, mais une institution populaire et nationale, le droit d’aînesse et le droit de substitution créent pour l’esprit de liberté des foyers de résistance, de force et de durée, enracinés dans le sol. Malheur à l’Angleterre libérale, le jour où elle connaîtra l’action dissolvante de cette égalité absolue des partages, qui est peut-être «. l’instrument le plus efficace que le despotisme ait jamais pu inventer pour broyer toutes les résistances, et pulvériser toutes les forces collectives ou individuelles ! «

Avenir (l’), buste en marbre, par M. Mathurin Moreau ; Salon de 1859. C’est une figure de femme au visage voilé, mais dont les traits se laissent entrevoir à travers la draperie légère qui la recouvre. « J’aime cette idée philosophique, dit M. Z. Astruc ; en effet, l’avenir ! chose changeante, incertaine comme la femme. Elle est bien gracieuse, cette blanche énigme ; mais sa grâce irrite ; vingt fois l’idée vous vient de l’embrasser de colère, en la regardant. » Quant à la transparence du voile de marbre jeté sur cette figure, c’est là, dit M. Delaborde, « un artifice d’outil un peu puéril et renouvelé de certain trompe-1 œil qui fait l’admiration des touristes dans la. chapelle de Sainte-Marie del{a Pieta dé Sangri, à Naples. » On sait qu’un Sculpteur de l’extrême décadence italienne, Corradini. imagina de représenter, dans cette chapelle, la mère de Raimondi Sangro enveloppée, de la tête aux pieds, d’un long voile, et de travailler le marbre de façon à lui donner un simulacre de transparence. Ce tour d’adresse du ciseau, bien souvent répété depuis lors en Italie, particulièrement à Milan dans la première moitié de notre siècle, a tenté les artistes français à leur tour. Indépendamment de l’Avenir, de M. Moreau. le Salon de 1859 offrait deux figures exécutées à l’imitation’ de l’œuvre napolitaine, une Vestale, par M. Carrier

Un rat plein d’ei

Et qui ne conm

« Sur le bord d’ui

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Belleuse, et Agrippine portant les cendres de Germanicus, statue sculptée par M. Maillet.

AVENT s. m. (a-van — du lat. adventus, arrivée, avènement ; on écrivait autrefois advient). Espace de temps.comprenant les quatre dimanches qui précèdent Noël, ei pendant lequel l’Église se prépare à cette fête par la pénitence : Le premier dimanche de Savent. Anciennement, les fidèles jeûnaient trois fois pendant chacune des semaines oui précèdent TAvent. L’abbé Boileau parut à la cour plusieurs avents et carêmes. (St-Sim.)

lS<œ

Il S’emploie au pluriel pour désigner ta saison, l’époque de l’année qui correspond à l’Avent : C’est aux avents gu’on a coutume de planter. (Acad.) Les chasselas se maintiennent pour la plupart au delà de la saison de* avents. (LaQuintinic.)

— Elliptiq. Jeûner l’Avent, Jeûner pendant l’Avent : Certains ordres religieux jeûnent encore ^’Avest.

— Par ext. Recueil ou ensemble de sermons prêches ou destinés à être prêches pendant 1 Avent : /.’Avent de Bossuet. £’Avent de Bourdalotte. /, ’Avent de Afassillon. Prè-

— Homonyme. Avant, à vent.

— Encycl. On donnait primitivement le.nom d’Avent (udventus, événement) au jour de Noei, qui fut l’avènement du Seigneur, Adventus Domini. Ce n’estqu’à partir du vnï siècle que ce mot désigna les trois ou quatre semaines qui précèdent NoSl. L’Avent commence l’année ecclésiastique, qui, comme on le sait, n’a pas le même point de dépHrt que l’année civile, non plus que Tes mêmes divisions. Le premier dimanche de l’Avent se trouve être le dimanche le plus proche de la fête de saint André (30 novembre), et ne peut tomber que

Jrften’t

dire du 27 novembre au 3 décembre ; en sorte que l’Aoeni commence le premier dimanche qui se rencontre à partir du Î6 novembre. La chose a été ainsi réglée pour que l’Avent fût toujours composé de trois semaines entières et d’une quatrième au moins commencée, ces Semaines étant mystiquement destinées à représenter les 4,000 ans qui ont précédé la venue du Messie. L’Avent n’a pas cependant toujours commencé à la même époque. Dans la liturgie de saint Ambroise (Milan), il y a sept semaines à’Avent, et la première est celle qui vient après la Saint-Martin. Tel était aussi l’antique usage de l’Église de Tolède et de toute l’Espagne, qui suivait la liturgie mozarabique. En Angleterre et en Irlande, l’Avent durait anciennement quarante jours, pendant lesquels les moines ne mangeaient qu’une fois par jour, sur le soir ; il fut réduit a quatre semaines vers la fin du ive siècle, époque de l’introduction du rite romain dans ces contrées. Saint Grégoire, dans son Sacrami’ntaire, compte cinq semaines qu’il appelle dimanches avant Noël, et qui sont comme les dimanches de l’Aoeni ; on trouve encore ailleurs que l’Avent a quelquefois été appelé simplement Carême. Il fut un temps où l’on appelait première semaine de l’Avent celle qui était la plus rapprochée de Noël, et qui, pour nous, est maintenant la dernière. Encore aujourd’hui, dans l’Église grecque, l’Avent commence au H novembre, et s’appelle Carême de saint Philippe, ce qui a du rapport avec l’usage de le commencer à la Saint-Martin. Dans les premiers siècles de l’Église on jeûnait, pendant l’Avent, trois fois par semaine : le lundi, le mercredi et le vendredi.

Il est fait mention de ce jeûne dans le neuvième canon du concile de Màcon, tenu en 581. Cet usage était, dès les temps les plus reculés, celui de l’Église romaine et de l’Eglise de France, où il fut introduit par saint Perpétue, évêque de Tours ; on croit assez généralement que ce jeûne n’a été prescrit par le concile de Mâcon qu’aux ecclésiastiques. Plus tard, ce jeûne, qui commençait à la fête de saint Martin, devint quotidien ; c’est ce qui fit donner à l’Avent le nom de Carême de saint Martin. Les Capitulaires de Charlemagne nous apprennent que, dans le ixe siècle, on pratiquait encore un jeûne de quarante jours. Un écrivain rapporte qu’à cette époque ce jeûne n’était pas d’obligation pour tout le monde, mais une simple pratique de dévotion. Le pape Urbain V, qui mourut en 1370, enjoignit, au commencement de son pontificat, à touà les ecclésiastiques de sa cour, l’abstinence de l’Avent, sans les astreindre au jeûne, et sans même comprendre les laïques dans le précepte de l’abstinence. Depuis 1787,

Far concession de Pie VI, on ne jeûne pendant Avent, 6a Italie, que deux jours parsemaîne, le mercredi et le vendredi, en remplacement des jeûnes que l’on faisait autrefois les vigiles des apôtres. Le jeûne de l’Avent tomba peu à peu en désuétude dans un grand nombre d’églises ; mais, dans la plupart des ordres religieux, il a été rigoureusement observé jusqu’à nos jours. En France, rien ne distingue, depuis’ le concordat, cette époque de l’année des autres, si ce n’est que l’Église, voulant rappeler à ses fidèles que c’est un temps de pénitence, libre toutefois, emploie une couleur simple et obscure, le violet, dans ses ornements sacrés ; elle suspend également la plupart de ses chants de joie.