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rongeurs clavicules ; il se distingue par des mâchelières tuberculeuses, au nombre de trois de chaque côté ; par des incisives taillées en large biseau et tellement longues qu’elles dépassent les lèvres et font saillie au dehors ; par une tête très-large, plate en dessus, et présentant un museau cartilagineux très-obtus ; par le manque de queue et d’oreille externe ; par des pattes munies d’ongles plats et disposées pour fouir ; enfin par l’atrophie remarquable de l’organe de la vision, atrophie qui est en rapport avec la vie souterraine des aspalax. Le type du genre est le rat-taupe aveugle {mus typhlus de Linné, slepez, zemmi des Russes), bien décrit par Pallas, aux pattes courtes et ramassées, au pelage d’un gris noirâtre, avec un trait blanc contournant le bout du nez, dont la taille atteint 0,20 centimètres, ie poids, l kilogr. et 1/2, et chez lequel l’œil, dépourvu de paupières, de muscles moteurs et de nerf optique, est réduit à un petit point noir entièrement caché derrière la peau. Cet animal était connu des Grecs : Aristote en a parlé ; il se rencontre en Syrie, en Perse, en Pologne, en Hongrie et surtout en Russie. Comme la taupe, il vit dans l’intérieur de la terre, où il se creuse des galeries profondes, tortueuses ; mais il se nourrit exclusivement de racines et de graines. Sa démarche est irrégulière et brusque ; au moindre bruit, il s’arrête, écoute, et quand on l’attaque, se défend avec courage, avec fureur, mais cette fureur est peu menaçante, parce qu’elle est littéralement aveugle.

ASPALOSOMIE s. f. (a-spa-lo-so-mî).

■V. ASPALASOMIE.

ASPAR, général byzantin et patrice, était Alain de race et arien de religion. Il anéantit en Italie (435) le parti (Je Jean, révolté contre Valentinien III, et fut vaincu lui-même en Afrique parGenséric, roi des Vandales. En457, Aspar plaça sur le trône Léon Ier j mais dans la suite, ayant conspiré contre lui, il fut mis à mort par ordre de ce prince (471).

Aspar, tragédie non imprimée de Fontenelle, représentée au Théâtre-Français en 1G80. Cette tragédién’est plus connue aujourd’hui que par les traits satiriques dont elle a été l’objet, et surtout par cette épigramme de Racine :

Ces jours passés, chei un vieil histrion, Un chroniqueur émut la question, Quand à Paris commença la méthode De eus sifflets qui sont tant à la mode. Ce fut, dit l’un, aux pièces de Boyer ;

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Qu’en peu de mots je vais vous débrouiller ; Boyer apprit au parterre a bailler ; Quant à, Pradon, si j’ai bonne mémoire, . Pommes sur lui volèrent largement ; Mais quand sifflets prirent commencement C’est (j’y jouais, j’en suis témoin Odele), C’est à rAspar du sieur de Pontenelle. Le poëteRoy confirma le fait, en disant de FonteneUe, dans le Brevet de la Calotte : •telle ui sortit d’elle. Mais les épigrammes ne peuvent guère être admises en témoignage ; tout au plus peut-on les noter à titre de renseignements historiques. Les Anecdotes dramatiques donnent, on le sait, une autre date au sifflet, celle de 10.36, et ce serait à l’occasion d’une comédie de Thomas Corneille, le Baron de Fondrières, que le premier son aigu, parti d’une clef, aurait traversé les oreilles d’un poète. On attribue aussi, mais à tort, à Racine, <r autres couplets assez plaisants sur la tragédie de FonteneUe ; en voici deux, où ce dernier est censé prendre la parole : Adieu, ville peu courtoise, Où je crus être adoré ; Aspar est désespéré. Le poulailler de Pontoise Me doit ramener demain Voir ma famille bourgeoise ; Me doit ramener demain, Un bâton blanc à la main.

Mon aventure est étrange ;

On m’adorait à Rouen ;

Dans le Mercure galant,

J’avais plus d’esprit qu’un ange.

Cependant, je pars demain,

Sans argent et sans louange ;

Cependant, je pars demain,

Un biton blanc à la main. FonteneUe essaya de se venger de Racine en décochant contre lui, lorsque parut Âthalie, une épigramme qui finissait par le trait pitoyable que voici :

Pour avoir fait pis qu’Eslher, Comment diable a-t-il pu faire ? Mais, comme nous l’avons déjà dit, l’authenticité de cette épigramme et de la riposte est contestée. Disons, toutefois, à la décharge de FonteneUe, qu’il n’était pas le seul parmi les écrivains de son temps à trouver Âthalie bien .. j j^ autres œuvrea de Racine.

asparagine s. f. (a-spa-ra-ji-ne — de asparagus, nom latin et botanique de Vasverge). Chiro. Substance neutre cristallisable

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qui se trouve toute formée dans un grand nombre de plantes, notamment dans les jeunes pousses d’asperge. Il On lui donne quelquefois le nom à’allhéine et à’asparamide.

, , les de

réglisse, de guimauve, de grande consoude, dans les feuilles de belladone, dans les jeunes pousses de houblon, dans les tiges étiolées des vesces, des pois, des haricots, des fèves, des lentilles, dans les germesvdes tubercules de dahlia, etc. Voici comment on la prépare : on exprime le suc des plantes qui la contiennent, et on le porte à ébullition ; on sépare par flltration les matières albumineuses coagulées : la liqueur évaporée à consistance sirupeuse, puis abandonnée à elle-même, laisse déposer des cristaux à’asparagine que l’on purifie par des cristallisations réitérées.

Vasparagine cristallise en beaux prismes à base rhombe, durs, cassants, sans odeur, d’une saveur fraîche et fade, insolubles dans l’alcool, l’éther, les huiles essentielles et les huiles fixes, solubles dans l’eau bouillante, tes acides et les alcalis, très-peu solubles dans •l’eau froide. L’asparagine jouit de la propriété rotatoire : en solution aqueuse ou alcaline, elle dévie à gauche le plan de polarisation de la lumière ; en solution dans les acides, elle le dévie à droite.

Vasparagine cristallisée a pour formule CSHSAzSOB ; elle peut être théoriquement considérée comme 1 amide du malate d’ammoniaque, de même que l’acide aspartique représente l’amide acide du bimalate d’ammoniaque :

CSHMAsH^So10 — 4HO = C8H8Aî*06 Maiate d’ammoniaque. Eau. Asparagine.

C8H6(AîH4)O10 - 2 HO = CSHTA^OB Bimalate Acide

d’ammoniaque. tjm' aspartique.

Traitée par les acides et tes alcalis, Vasparagine se convertit en acide aspartique ; soumise a l’action de l’acide azotique, elle s’assimile tes éléments de 4 équivalents d’eau et se transforme en malate d’ammoniaque : C8H8As8 08 + 4 HO = C8H4(AsHi)2010

Asparagine.

Mise en contact avec une substance azotée qui existe dans le jus de vesce, Vasparagine se transforme en succinate d’ammoniaque, en s’assimilant deux molécules d’eau et deux molécules d’hydrogène. Ce dernier élément provient de la putréfaction de la matière azotée :

C8H8Az*0« + 2 HO + 2H Asparagine. Eau. Hydrogène.

(AïH3, HO)*, HO, C8H3 05 Succinate d’ammoniaque. Vasparagine joue tantôt le rôle d’acide, tantôt celui de base ; combinée avec les acides à la manière des alcalis, elle nous donne

Le chlorhydrate à’asparagine, qui s’obtient en faisant passer du gaz chlorhydrique sur Vasparagine hydratée ; l’azotate tf asparagine, que l’on prépare en dissolvant 1 équivalent A’asparagine dans l équivalent d’acide azotique dilué : le sulfate à’asparagine, qui s’obtient en abandonnant sur de l’acide sulfurique concentré la solution de l équivalent à’asparagine dans 1 équivalent d’acide sulfurique dilué, etc.

Vasparagine produit des sels métalliques à la manière des acides ; ces sels peuvent être exprimés par la formule :

C8H7MA3*0« dans laquelle 1 équivalent de métal est substitué à 1 équivalent d’hydrogène. Parmi ces sels nous citerons : Vasparagine potassique (CSH’KAZSOS), qu’on obtient en traitant Vasparagine en poudre par une solution alcoolique de potasse ; 1 asparagine zincinue (C8 Hï ïn As» 69), qui s’obtient en feuillets cristallins lorsqu’on fait bouillir l’oxyde de zinc dans une solution aqueuse et bouillante d’asparagine ; Vasparagine cadmique :

, (CSHlCdAsSOS), qui s’obtient en prismes fins et brillants lorsqu’on fait dissoudre à chaud l’oxyde de cadmium dans une solution aqueuse a asparagine ; Vasparagine cuivrioue (C8 H7 Cu A*—06), qui se dépose sous la forme d’un précipité bleu d’outremer lorsqu’on mélange des solutions saturées à chaud A’asparagine et d’acétate de cuivre ; Vasparagine plomoique : (C8H7PAAz*08), qui se présente sous la forme d’une masse gommeuse incolore et difficile a dessécher ; 1 asparagine argeniique, qui se présente sous là forme de cristaux agglomérés en forme de champignons, presque noirs par réflexion, et d’un beau jaune par transparence.

ASPARAGINE, ÉE adj. (a-spa-ra-ji-nédu gr. asparagos, asperge). Bot. Qui ressemble à l’asperge. On dit aussi asparagoïde et asparagé. il s. f. pi. Famille de plantes dont l’asperge est le type. Il Quelques botanistes en font une simple tribu : La famille des asparaginées comprend des herbes vivaces, des arbrisseaux à racine tubéreuse ou fibreuse, à feuilles alternes, opposées ou verticillées, et remplacées quelquefois par des écailles. (Focillon.) Le fameux dragonnier, l’un des arbres tes plus gros du règne végétal, appartient à la

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— Encycl. Les différents botanistes qui ont appliqué les noms à’asparaginées ou d asparagées au groupe de plantes dont l’asperge est te type, n’ont pas pris ces noms dans le même sens. Pour de Candolle, les asparaginées forment une tribu de la grande famille de liliacées. Pour de Jussieu, elles constituent une famille particulière qui se distingue des liliacées par des fruits bacciformes, contenant un petit nombre de graines, et par des feuilles souvent sessiles. A. Richard sépare des asparaginées de Jussieu les dioscorées, qui ont l’ovaire infère.

Voici les caractères que Richard assigne à la famille des asparaginées distinguée des dioscorées : fleurs hermaphrodites ou unisexuées, monoïques ou dioïques, axillaires ou terminales, solitaires, géminées ou réunies en grappes ; périanthe ordinairement pétaloïde, formé de quatre, six ou huit divisions plus ou moins profondes ; étamines en nombre égal à celui des divisions du périanthe, à filets distincts, rarement réunis par leur base, à anthères biloculaires, introrses j ovaire libre, triloculaire, rarement uniloculaire ; fruit charnu, bacciforme ; graines ordinairement subglobuleuses à périsperme épais, charnu ou corné, renfermantun embryon très-petit, cylindrique. La tige des asparaginées est herbacée ou frutescente et sarmenteuse ; les feuilles sont alternes, quelquefois opposées ou verticillées, rarement engainantes a leur base ; quelquefois elles sont très-petites et réduites à l’état d’écailles ; la racine est fibreuse.

Genres principaux : asperge, muguet, polygonale, maianthème, parisette, fragon, dra-, gonnier, smilax.

ASPARAGIQUE adj. (a-spa-ra-ii-ke — rad. asparagine). Chim. Nom d’un acide extrait do l’asperge.

AsparagoïDE adj. (a-spa-ra-go-i-de— du gr. asparagos, asperge ; eiaos, forme). V. Asparagine.

asparagolithe s. f. (a-spa-ra-go-li— du gr. asparagos, asperge ; WAos, pierr

Miner. Phosphate de chaux cristallise, qi nomme vulgairement pierre d’asperge.

ASPARAGOPSIDE s. f. (a-spa-ra-go-psi-de — du gr. asparagos, asperge ; opsis, apparence). Bot. Genre d’algues marines, de la famille des floridées, comprenant une seule espèce, trouvée sur les côtes d’Égypte et de Syrie. Elle est parée des plus belles couleurs, et son port rappelle celui des asperges.

ASPARAMIDE s. f. (ass-pa-ra-mi-dede asparagus, nom latin et botanique de l’asperge, et de amide). Chim. Nom donné quelquefois à l’asparagine, parce qu’elle peut être considérée comme l’amide du malate d’ammoniaque.

ASPARTATE s. m. (a-spar-ta-te — rad. aspartique). Chim. Sel formé par la combinaison de l’acide aspartique avec une base.

— Encycl. L’acide aspartique étant un acide monobasique, la composition des aspartates neutres se représente par la formule générale :

C8H5As06, HOMO = C8H6A^Ol, MO. La plupart des aspartates sont solubles et possèdent une saveur qui rappelle celle du bouillon de viande. Qu’ils soient obtenus avec l’acide aspartique actif ou avec l’acide aspartique inactif, ils offrent la même composition et les mêmes propriétés chimiques ; il n’y a de différence entre les sels des deux acides aspartiques que dans la solubilité, la forme cristalline et l’existence du pouvoir rotatoire.

ASPARTIQUE adj. (a-spar-ti-ke — rad. asparagine). Chim. Se dit d’un acide qui se produit soit par la métamorphose de l’asparagine sous l’influence des acides et des alcalis, soit par la transformation des sels ammoniacaux de l’acide malique, de l’acide maléique et de l’acide fumarique soumis à l’action de la chaleur et traités par l’acide chlorhydrique.

— Encycl. L’acide aspartique, découvert en 1827 par Plisson, a pour formule :

ou C8H»Aî08,2HO.

On peut le considérer, au point de vue théorique, comme une amide acide dérivant du bimalate d’ammoniaque par la perte de deux équivalents d’eau :

C8H*08, (A>rH3, HO), HO — 2 HO =

■C« H5 0«, 2 HO Acide aspartique. Il présente, d’après M. Pasteur, deux modifications isomères qui se comportent différemment avec la lumière polarisée, et qui correspondent aux deux procédés différents par lesquels on le prépare. Obtenu avec l’asparagine naturelle, il jouit de la propriété rotatoire ; produit par la transformation du bimalate d’ammoniaque et des autres sels ammoniacaux, il n’exerce aucune action sur le plan de polarisation de la lumière. M. Gerhardt distingue ces deux acides isomères en appelant le premier acide aspartique actif, le second acide aspartique inactif.

L’acide aspartique actif se prépare en faisant bouillir l’asparagine avec de la potasse

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caustique, ce qui donne de l’aspartate de potasse, et en traitant ce sel par 1 acide chlorhydrique. Il cristallise en tables minces, rectangulaires, tronquées sur les angles. Les cristaux sont d’un aspect soyeux, micacé ; ils appartiennent au système rhombique. L’acide aspartique actif est très-peu soluble dans l’eau et dans l’alcool, assez soluble dans les acides chlorhydrique et azotique, ainsi que dans les alcalis aqueux. Il est sans odeur et d’une saveur aigrelette, avec un arrière-goût de bouillon de viande. Dissous dans la potasse, la soude ou l’ammoniaque, il exerce la rotation vers la gauche ; il l’exerce, au contraire, vers la droite, lorsqu’il est dissous dans les acides.

L’acido aspartique inactif s’obtient en chauffant à 200» le bimalate d’ammoniaque, et en faisant bouillir pendant quelques neures te résidu de l’action de la chaleur avec l’acide chlorhydrique. La solution évaporée fournit, par le refroidissement, du chlorhydrate d’acide aspartique cristallisé. Ce chlorhydrate dissous dans l’eau, puis traité par l’ammoniaque, donne une abondante cristallisation d’acide aspartique inactif. L’acide aspartique inactif est très-peu soluble dans l’eau ; il y est, toutefois, bien plus soluble que l’acide actif.

Les acides aspartiques actif et inactif se combinent avec les acides et avec les bases. C’est ainsi qu’on a le chlorhydrate d’acide aspartique actif ou inactif (C$W A=OS, IIC/), le sulfate d’acide aspartique actif ou inactif (C3l|7Aï08,2(S03, HO), et les aspartates d’ammoniaque, de soude, de baryte, etc. (V.

ASPARTATE.)

ASPASIE %. f. (a-spa-zi). Bot. Genre de la famille des orchidées, tribu des vandées, comprenant une seule espèce qui vit en faux parasite sur le tronc des arbres.

— Entom. Genre de coléoptères pentamères carabiques, formé aux dépens des lébies, et comprenant une seule espèce, qui

sïl.

ASPASIE, femme de Périclès, célèbre à Athènes par sa beauté et son génie, née a Milet.

Un jour, il prit fantaisie à Praxitèle de faire une déesse d’une femme qu’il aimait ; il modela d’après elle une statue, et cette statue, posée sur une colonne de marbre pentélique, fut placée dans le temple de Delphes. C’est ainsi que chez les Grecs toute femme, à quelque rang qu’elle appartint, devenait divine dès qu’elle était belle. Avant de parler d’Aspasie, quelques lignes sont nécessaires. Que ces lignes soient pour elle, qui le méritait plus que Phryné, comme le socle (piédestal serait trop ambitieux) sur lequel nous voudrions la placer. Regrettons seulement de ne pouvoir faire ce socle en marbre pentélique.

Un des plus grands faits de l’histoire, peut-être le plus grand, est, à coup sûr, la bataille de Salamine.

Qu’on suppose Xerxès vainqueur, et ce point lumineux, cette première aurore qu’on aperçoit là-bas, dans cette presqu’île, dans ce coin du monde, en Attique, disparaît tout à coup, s’efface. Les ténèbres se font, et ces ténèbres couvrent le monde. Qui sait pour* combien de siècles I

Mais, heureusement pour le progrès, il devait en être autrement. Toutes les forces de l’Orient barbare : les Mèdes et les Perses au bouclier d’osier, les Assyriens à la massue garnie de fer, les Saces, les Arabes, les Indiens, les Balluches... les trois millions d’hommes enfin du fils de Darius, viennent échouer contre une poignée de braves, avantposte de l’Occident.

Le grand roi est vaincu, il est chassé, chassé honteusement ; la Grèce n’a plus rien à redouter de l’Asie ; c’est à l’Asie de trembler.

Mais la division se met tout à coup chez les vainqueurs. Sparte l’Impérieuse est jalouse d’Athènes la Superbe. Un duel s’engage. Il dure plus de vingt ans. On se prend à craindre une fois encore que les ténèbres ne se fassent.

Non. Athènes est prédestinée. Plus tard, elle Sera vaincue peut-être par sa rivale ; aujourd’hui, elle doit être, elle est victorieuse... Et ce point lumineux, cette aurore que nous apercevions tout à l’heure, brillant sur la grande cité hellénique, va devenir un foyer de lumière dont les rayons, après plus de deux mille ans, nous éclairent encore, nous éblouissent.

Nous sommes au commencement du ve siècle avant notre ère.

À partir de cette époque, l’histoire d’Athènes, c’est l’histoire de la Grèce, l’histoire du monde. Histoire bien courte, elle ne dure pas un siècle, elle n’a que quelques pages. Mais que de grandes choses a vues éclore ce siècle ! que de grands noms écrits en ces quelques pages 1

Il semble que tous ceux qui devaient atteindre au plus haut degré dans chacune des branches de l’art et de la science, que tous ceux qui devaient rester les maîtres éternels du genre humain, que tous les génies se soient donné rendez-vous... Écoutez : EschylevAnacréon, Pindare, Pythagore, Sapho viennent de mourir ; mais voici Sophocle, Euripide et Aristophane ; voici Hérodote, Thucydide et Xénophon ; voici Socrate et Platon ; voici Phidias, Zeuxis et Polygnote ; voici Hippocrate ; voici Corinne... Et, afin que le monde ne

Fasse pas tout d’un coup de la lumière dans obscurité, afin que la chatne d’or ne soit pas brusquement interrompue, après eux, voici