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nous donner une idée de son étendue, et les débris de vitraux peints, encore suspendus aux colonnes des vieilles ogives, sont un témoignage de sa richesse artistique. L’église actuelle d’Attigny ne faisait jadis qu’un même corps avec l’habitation des rois et des empereurs et s’y trouvait enclavée ; elle a conservé de son ancienne construction une tour romane et un très-beau chœur ogival. Le palais d’Attigny cessa de jouer un rôle politique après la disparition de la seconde race. Les Anglais le pillèrent en 1359, et ce qui restait de cette antique demeure royale, après avoir servi de dépôt aux magasins de l’armée française pendant le xve siècle, fut complètement ruiné par les guerres de religion.

ATTIL ou ADIL, nom porté par deux rois suédois. D’après la chronique originale d’Olaf Pétri, le premier Attil était fils de Domar et régnait dans le ne siècle de notre ère. C’est souverain dans ce royaume un chien, Racket. Le second Attil, fils et successeur d’Ottar, vivait dans le ve siècle et se distingua par d’heureuses expéditions militaires. On raconte de lui dans les légendes populaires des aventures romanesques avec Ursa, jeune bergère qu’il enleva sur les côtes d’Allemagne et qu’il épousa.

ATTILA s. m. (a-ti-la). Ornith. Genre d’oiseaux de la famille dos coracinés, ne comprenantqu’une seule espèce, l’auila du Brésil, nommé aussi tyran olive.

— Ichth. Nom vulgaire d’un poisson très-vorace, particulier au Pô, fleuve d’Italie.

ATTILA, surnommé le Fléau de Dieu, roi des Huns en 434, d’abord conjointement avec son frère Bléqa, dont le meurtre le rendit, en 442, le seul chef de toutes les hordes de Huns qui erraient dans les vastes contrées au nord du Pont-Euxin et du Danube. Ces peuples le considéraient comme le plus intrépide de leurs guerriers ; bientôt il leur inspira un enthousiasme superstitieux, en feignant d’avoir trouvé une épée divine (l’épée était le symbole de leur divinité). Vainqueur du monde barbare, qu’il voulait tout entier précipiter sur les deux empires romains, Attila commença ces grandes expéditions qui semblaient devoir submerger la civilisation antique, dévasta l’Europe du Pont-Euxin a l’Adriatique, soumit les empereurs d’Orient et d’Occident à un tribut annuel et aux plus avilissantes sujétions, s’avança, en 451, à travers la Germanie, franchit le Rhin, et promena la flamme et le fer dans la Gaule épouvantée. Aétius, général de Valentinien III, sauva ce qui restait de l’empire romain d’Occident, en liguant tous les barbares qui campaient dans les Gaules, et en écrasant le formidable chef des Huns aux plaines Catalauniques, près de Chalons-sur-Marne (451). Attila repassa le Rhin, se jeta l’année suivante en Italie, anéantit Aquilée et d’autres villes, et s’avança jusqu’à Rome, qui fut sauvée par les prières et les négociations du pape saint Léon. Le barbare se contenta, pour cette fois, de l’or qu’on lui prodigua et regagna ses campements du Danube, toutefois, en menaçant de revenir si on ne lui donnait la main d’Honoria, sœur de Valentinien (qui lui avait envoyé secrètement son anneau), avec la moitié de l’empire pour dot. C’est pendant cette invasion que les habitants de la Vénétie, fuyant devant les Huns, se réfugièrent dans les lagunes de l’Adriatique, d’où sortit Venise. Attila mourut en 453, au milieu des orgies d’un nouveau mariage. Son vaste empire fut démembré. Le conquérant barbare se regardait, dit-on, comme l’instrument des vengeances divines, comme le fléau de Dieu ; il mettait sa gloire à inspirer la terreur au monde : « L’herbe ne croit plus, disait-il, où mon cheval a passé. »

Le célèbre roi des Huns n’est pas toujours désigné sous le nom d’Attila ; cette dernière forme nous est venue probablement des historiens grecs, qui l’appellent en effet, Attila ou Attelos ; en Allemagne, il était populaire surtout dans les anciennes légendes, sous le nom d’Etiel ; il est très-probable que ces deux noms, Etzel et Attila, n’en faisaient qu’un seul au commencement, et que ce sont deux prononciations différentes du même mot. Plusieurs opinions contradictoires ont été émises sur l’origine de ce mot. Les uns prétendent que Etzel n’est que la corruption d’Attila, et qu’Attila, à son tour, est un diminutif régulièrement formé du gothique Atta, père : c’eût été non pas un nom propre, mais un surnom honorifique, comme la plupart des nations primitives en donnent à leurs chefs. Mais il semble assez étrange qu’un roi un ait reçu un titre emprunté à la langue gotique ; cependant on peut admettre que les Goths, qui entrèrent les premiers en relation avec le fléau de Dieu, traduisirent dans leur langue le surnom honorifique du roi, qui signifiait peut-être père, dans l’idiome hunnique, et que ce nom germanisé servit dès lors chez tous les peuples européens à désigner Attila. Du reste, dans les anciens poëmes germaniques et Scandinaves, on voit déjà le roi hun figurer sous les noms de Aetta, Atli ; on trouve même dans une poésie nordique le passage suivant, dans lequel l’auteur joue sur le mot Attila ; Atli ek heiti atall skall ek ther wera (ce qui correspond mot pour mot à l’allemand : Atli ich heiss, atall (scharf) ich dir werden), c’est-à-dire : Je m’appelle Atli, et je te serai terrible (atall).


Et même l’auteur de la Wilkina-ok Niflunga saga appelle le roi hun non pas Atli, mais bien Attila. Grimni fait remarquer au surplus que le radical atta, atti, œtti, signifie père dans la plupart des langues asiatiques encore parlées de nos jours. À ce propos, nous ferons remarquerde notre côté que, dans les idiomes tartares, et encore aujourd’hui dans le dialecte ottoman parlé à Constantinople par les Turcs, avec lesquels, les Huns présentent des affinités ethniques frappantes, le vocable ata a le sens de père, — et qu’il entre dans la composition de différents noms propres ou titres de dignités, tels qu’Ata-melik, Ata-bek, etc.

Un fait qui est encore assez curieux et digne d’être relaté, c’est que, dans différentes langues, le radical ata a les sens variés de père, de juge, de chef, de roi, de noble, etc., toutes fonctions ou qualités qui ne sont qu’une des manifestations du pouvoir absolu du père de famille dans la société antique ; ainsi, en Frise, Âttha, c’est le juge ; Attalus est le nom d’un roi des Marcomans, Aitala celui d’un roi maure, etc. Ainsi, suivant cette opinion, Attila dériverait de Atta, en gothique père, et le suffixe ila qu’il contient serait analogue à celui qui existe dans Rugila (nom du père d’Attila), dans Swintila, dans Chintila, etc.

Un autre rapprochement non moins intéressant à faire, c’est que, dans les écrivains orientaux, le Volga est appelé des différents noms de Alhel, Idel, Edel, Etil (en tartare Etzel), mots qu’on traduit généralement par le Volga roi, le fleuve prince.

Une autre opinion qui, elle aussi, ne semble pas trop invraissemblable, est celle qui veut rechercher l’étymologie d’Attila ou d’Etzel dans des langues qui peuvent avoir quelque affinité avec celle que parlaient les Huns. Ainsi, Otrokocsi, dans ses Origines unngaricœ, affirme que le nom d’Attila était Athila dans la langue hunnique, et signifiait feu, acier ; et il compare ce mot avec le mot hongrois etzel, qui signifie actuellement acier en magyar. C’est probablement pour cela qu’un de nos éditeurs les plus intelligents, M. Hetzel, prend, lorsqu’il écrit, le pseudonyme de Stafd, qui n’est autre chose, d’après la signification hongroise, que la traduction allemande de son véritable nom (stahl veut dire acier en allemand ; rapprochez de l’anglais steel).

Nous ferons de plus observer que le nom d’Etzel ou Hetzel se rencontre encore assez fréquemment chez les Allemands, et que d’autre part beaucoup de Hongrois s’appellent Attila.

Le roi des Huns joue sous le nom de Etzel un rôle considérable dans les poëmes cycliques des Niebelungen, et, sous celui de Alli dans les traditions Scandinaves. Les faits historiques ont été, il faut l’avouer, singulièrement interprétés et transposés dans les légendes poétiques ; mais ce n’est cependant pas un motif suffisant pour suspecter, comme quelques auteurs l’ont fait, l’authenticité de leur origine. Ainsi, il est bien évident, par exemple, que le thème des fantastiques légendes attribuées par les Orientaux à Iskander a bien pour point de départ, pour motif principal, la vie d’Alexandre le Grand telle que nous la connaissons par les données historiques des Grecs (V. Alexandre) ; et cependant Dieu sait si l’imagination des conteurs orientaux s’est abandonnée à ses inspirations les plus déréglées, dans l’Iskander Nâmê, par exemple. Le même phénomène a dû se passer pour Attila, et, en général, pour toutes les personnalités qui passent du domaine historique dans le domaine mythologique ; il s’opère alors un travail d’interprétation, d’amplification très-intéressant à suivre, et dont les récentes recherches de l’école allemande nous ont fait connaître avec certitude la marche. Non-seulement le fait historique est, dans ce cas, systématiquement et intrinsèquement altéré, mais il joue encore le rôle de point central autour duquel on groupe une foule de faits qui lui sont absolument étrangers, et qu’on lui assimile violemment. C’est alors que la tâche de l’historien devient difficile, lorsqu’il s’agit de résoudre ces agglomérations mystiques, ces nébuleuses de l’histoire, et qu’il faut en dégager des vérités positives. C’est une difficulté de ce genre qu’offre la légende d’Attila dans les poèmes germaniques et Scandinaves ; une foule de détails déroutent à première vue ; les différences même qui existent entre les versions germaniques et Scandinaves augmentent l’incertitude ; le roi des Huns est incorporé à cette troupe de héros dont il adopte le caractère en perdant son originalité primitive. Néanmoins, a l’aide de l’admirable méthode iss ie de la linguistique et créée par l’école de Grimm, Walter, Kun, Max Müller, Roth, Bensey, etc., on arrive à restituer, avec les récits fantaisistes des Niebelungen, le personnage historique dans son intégrité. Nous donnerons plus loin, avec l’analyse des Niebelungen, un échantillon exact des légendes auxquelles a donné naissance Attila.

Nous nous sommes borné, dans cette courte notice, à esquisser rapidement l’Attila de la tradition, sans entrer dans le détail des faits, afin d’éviter un double emploi avec l’article ci-dessous. Bientôt, sur les pas de M. Amédée Thierry, nous pénétrerons plus avant dans cette formidable histoire, nous analyserons la physionomie du grand barbare, d’après les résultats obtenus par les investigations laborieuses de l’éminent historien. V. Attila (Hist. d’)

Le nom d’un tel dévastateur devait rester proverbial, et, en effet, il revient souvent


sous la plume des écrivains ; c’est ainsi que La Fontaine a appelé son fameux Rodilard

L’Attila, le fléau des rats.

Voici des allusions empruntées à d’autres auteurs :

« C’est le plus fameux chicaneur de notre province, et je ne pense pas que la Normandie en ait jamais porté un si redoutable. Son nom seul fait trembler les veuves et met en fuite les orphelins. Il n’y a pièce de pré ni de vigne, à trois lieues de lui, qui soit assurée à celui qui la possède. C’est Attila en petit, c’est le fléau, de Dieu dans son voisinage.

Balzac.

Que d’acteurs convoqués pour ce drame tragique !
La Prusse va bondir en trouant la Belgique ;
L’aigle de Pétersbourg, qu’un long vol fatigua.
S’est posé sur la cendre où fume encor Praga ;
Dès demain, vers son but il volera plus vite ;
N’entends-tu pas hurler l’Attila moscovite ?
Sur un sol ravagé rêvant d’autres débris.
Un pied sur la Vistule, il tient l’œil sur Paris. »

Bartélémy.

Attila, poème latin du vie siècle, dont l’auteur est inconnu. Le titre est celui-ci : De la première expédition d’Attila dans les Gaules. En 1777, des recherches faites dans les archives de Bavière amenèrent la découverte d’un manuscrit très-bien conservé du xiie siècle ; M. Fischer, attaché à la légation de Deux-Ponts à Munich, publia ce poème en 1780. Il n’était pourtant pas complet : ou n’en avait trouvé que les treize cent trente-trois premiers hexamètres ; cent dix-neuf autres vers furent découverts, un peu plus tard à Carlsruhe, dans un manuscrit du ixe siècle. L’auteur de ce poëme suit une marche entièrement historique, merveilleux, ni même à rien ter sur l’expédition d’Attila des traditions et des monuments qui se sont perdus depuis. L’ouvrage renferme des locutions barbares ; cependant l’auteur a quelquefois imité de bons modèles, et surtout Virgile, dont il s’est approprié des vers entiers. Il adresse son poème à ses frères, ce qui fait voir qu’il était moine.

Attila, tragédie de Corneille, en cinq actes et en vers, représentée en 1667. Cette pièce est encore plus faible qu’Agésilas, qui l’avait précédée d’une année. L’amour continuait à envahir le théâtre : Corneille alla chercher Attila, roi des Huns, pour s’opposer à cette irruption ; mais Attila n’y suffit pas. La fable est mal conçue, le dialogue dur, incorrect. D’ailleurs, la pièce avait le malheur de paraître la même année qu’Andromaque, où Racine donnait à la langue une harmonie, un charme inconnus jusque-là : le style de Corneille n’en devait paraître que plus raboteux. Boileau avait laissé passer Agésilas sans rien dire, mais après Attila, le trait satirique lui échappa :

J’ai vu l’Agésilas,
Hélas !
Mais après l’Attila,
Holà !

Attila renferme cependant de belles pensées, où l’on retrouve encore l’inspiration cornélienne. On remarque surtout la scène où le roi des Huns délibère s’il doit s’allier à l’empire romain, qui tombe, ou à la France, qui s’élève. On rapporte que Turenne, assistant à une représentation de Sertorius, s’écria : « Où Corneille a-t-il appris la guerre ? » Dans Attila, l’homme d’État pourrait dire : « Où Corneille a-t-il appris les secrets de la politique ? »

Attila, tragédie romantique de Werner, le célèbre auteur du Vingt-quatre février. Cette tragédie est une des productions les plus parfaites et les plus originales de cet écrivain. Il « prend l’histoire du Fléau de Dieu au moment de son arrivée devant Rome. Le premier acte commence par les gémissements des femmes et des enfants qui s’échappent d’Aquilée en cendres ; et cette exposition, non-seulement excite l’intérêt dès les premiers vers, mais donne tout de suite une idée terrible de la puissance d’Attila. À ses côtés, marche une princesse de Bourgogne, Hildegonde, qui doit l’épouser et dont il Se croit aimé. Cette princesse nourrit un profond sentiment de vengeance contre lui, parce qu’il a tué son père et son amant. Elle ne veut s’unir à lui que pour l’assassiner ; et, par un singulier raffinement de haine, elle lui a prodigué ses soins lorsqu’il était blessé, de peur qu’il ne mourût de la mort glorieuse du soldat. Cette femme, sorte de furie, attachée sous des traits doux aux pas d’un tyran, produit un grand effet. Enfin paraît le terrible Attila ; il s’assied au milieu des débris fumants des palais qu’il vient de renverser, et semble à lui seul chargé d’accomplir en un jour l’œuvre vengeresse, du temps. « Il a, dit Mme de Staël, comme une sorte de superstition envers lui-même ; il est l’objet de son culte ; il croit en lui ; il se regarde comme l’instrument des décrets du ciel, et cette conviction mêle un certain système d’équité à ses violences. Il reproche à ses ennemis leurs crimes, comme s’il n’en avait pas commis plus qu’eux tous ; il est féroce, et néanmoins c’est un barbare généreux ; il est despote, et se montre pourtant fidèle à sa promesse ; enfin, au milieu des richesses, il vit comme un soldat. » Bientôt Attila constitue un tribunal sur la place publique et juge sommairement les délits qui sont portes devant lui. Il condamne son ami coupable de parjure, l’embrasse en pleurant, mais ordonne qu’il soit immédiatement livré aux exécuteurs. Enfin on amène & ses pieds un fratricide, et, comme lui-même a tué son frère, le remords le saisit, il détourne la tête-et n’ose condamner le coupable. Le second acte nous transporte à la cour de Valentinien, à Rome. L’auteur semble avoir emprunté le style de Tacite, pour peindre avec autant de sagacité que de profondeur là frivolité du jeune empereur, qui, au sein des plaisirs, oublie le danger qui menace son empire ; la violence et la vanité de l’impératrice mère, qui sacrifie l’État à ses rancunes particulières, et cependant se prête à toutes les bassesses aussitôt qu’un danger personnel vient la menacer ; et les courtisans, qui, à la veille de la ruine générale, intriguent encore pour se nuire mutuellement.

Au milieu de ces caractères frivoles ou bas, apparaît le pape Léon, une des grandes figures de l’histoire, ainsi que la princesse Honoria, à laquelle Attila veut rendre son héritage. Honoria est secrètement éprise du farouche conquérant, et son caractère, en opposition avec celui d’Hildegonde, indique suffisamment le rôle qu’elle doit jouer’auprès d’Attila. L’intérêt croît avec la marche des événements. Attila, après avoir défait les troupes de Valentinien, marche sur Rome, dont il va s’emparer, lorsque le pape Léon, dans tout l’éclat de la pompe sacerdotale, vient le sommer au nom de Dieu de ne pas pénétrer dans le siège de la chrétienté ; le discours de Léon est un hymne plein de grandeur et d’enthousiasme. Attila, frappé d’une terreur superstitieuse, rétrograde aussitôt avec son armée. < On voudrait que la tragédie finit là, de Staël, et il y aurait déjà initié peut-être dans la théorie mystique de l’amour, conduit la princesse Honoria dans le camp d’Attila, la’nuit même où Hildegonde l’épouse et l’assassine. Le pape, qui sait d’avance cet événement, le prédit sans l’empêcher, parce qu’il faut que le sort d’Attila s’accomplisse. Honoris et le pape Léon prient sur le théâtre pour Attila. La pièce finit par des actions de grâces, et, s’élevant vers le ciel comme un encens de poésie, elle s’évapore au lieu de se terminer. »

On ne saurait trop louer le talent poétique de Werner dans ce drame. Il y a déployé tous les secrets de l’harmonie, et toute la souplesse, tout le charme d’une diction qui n’a jamais été surpassée.

Atilla, poème épique anglais, par M. Herbert, publié en 1838. Il ne faut pas confondre cette composition avec une étude historique du même auteur, intitulée : Attila et ses prédécesseurs, qui date de la même année. Le p<>ëme a » pour sujet le triomphe définitif du christianisme, après l’insuccès de la puissante tentative du roi barbare. Celui-ci avait entrepris de fonder un empire antichrétien sur les ruines du pouvoir temporel de Rome, à l’expiration de la période de 1200 ans, limite qui avait été fixée à sa durée par des prédictions païennes. Le poème de M. Herbert ne remplit pas toutes les conditions de l’épopée ; mais on y trouve, comme dans toutes les productions du génie anglo-saxon, des aspirations morales’et des pensées philosophiques exprimées en beaux vers.

Attila (histoire d’) et de ses successeurs jusqu’à l’établissement des Hongrois en Europe, suivie de Légendes et Traditions, par M. Amédée Thierry, 2 vol. in-8o, Paris, 1856, Didier.

« Amené, dans le cours de mes travaux sur la Gaule romaine, à m’occuper d’Attila et de son irruption au midi du Rhin en 451, j’ai été arrêté, en quelque sorte malgré moi, par une curiosité indicible, devant l’étrange et terrible figure du roi des Huns ; et je me suis mis à l’étudier avec ardeur. Mettant de côté la fantasmagorie de convention qui a fait d’Attila, pour presque tout le monde, un personnage beaucoup plus légendaire qu’historique, j’ai voulu pénétrer jusqu’à l’homme et le peindre dans sa réalité, sinon tel que les contemporains l’ont vu, du moins tel qu’ils nous ont permis de l’entrevoir.

Ainsi parle l’éminent historien au début de son vaste et beau travail, fondé sur une étude approfondie des précieux extraits de Priscus, qui fit partie de l’ambassade envoyée par Théodose II auprès d’Attila ; des chroniques de Prosper d’Aquitaine et d’Idace, de l’histoire du Wisigoth Jornandès, des relations ou des légendes des peuples latins, des poèmes teutoniques, enfin des traditions hongroises.

Il y a lieu d’espérer qu’un tel labeur, exécuté avec autant d’érudition que de sagacité critique, nous a donné enfin une histoire définitive du roi des Huns. De nouveaux détails pourront être ajoutés, mais vraisemblablement sans que le fond même du récit soit sensiblement altéré.

La célébrité du chef barbare est fondée sur l’épouvante. D’autres conquérants, lesTamerlan, les Alàric, les Genséric, les Radagaise, aussi grands dévastateurs, ne sont pas autant que lui chargés de la malédiction des siècles. Ce n’est pas seulement un personnage, historique ; c’est le type et le symbole populaire de