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ANG

tournure particulière de son génie. Parmi les peintres qui ont obtenu les plus brillants succès en marchant sur les traces de Wilkie, il nous suffira de citer MM. Mulready, Charles Leslie, Webster, Goodall, Maclise, Eg ; Frith, Elmore, Cope, Horsley, Redgràv

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s’est

acquis une réputation bien méritée comme peintre d’animaux. Dans le paysage, MM. Glover, Havell, Chalon, Tennant, Jutsum, John Lindell, ont déployé une véritable originalité. MM. Calcott et Danby se sont fait remarquer comme peintres de marines. Les vues d’édinces sont traitées avec supériorité par M. D. Ro En général, les tableaux de l’école anglaise contemporaine se distinguent par une perfection de détails extraordinaire ; ils sont composés avec assez d’adresse, mais le coloris en est trop souvent faux et criard. Les aquarellistes se sont beaucoup multipliés depuis quelques années ; plusieurs ont poussé très-loin l’habileté pratique ; tels sont : MM. Corbould, Wild, Nash, Cattermole, Essex, Haag, Wehnert, Prout, Robston, Haaghe, peintres de genre et de sujets anecdotiques ; sir W. Ross et R. Thorburn, peintres de portraits ; Ricbardson et Fripp, peintres de paysages ; Fielding, Warren, Robins, Duncan, peintres de

— IX. Sculpti

porte que les anc

sculpter avec soin des ornements de divers genres sur leurs chariots de guerre, mais qu’ils ignoraient absolument l’art de couler des statues en métal, ou d’en tailler en pierre. Le seul spécimen de sculpture que nous aient laissé les Anglo-Saxons est la corne d’Ulphus, que l’on conserve à York. Après la conquête des Normands, la sculpture tomba aux mains des artistes français et italiens, qui exécutèrent les plus beaux ouvrages de cette époque. Ce fut au xiii» siècle que la sculpture nationale, tout en restant auxiliaire de l’architecture, commença à produire des œuvres vraiment remarquables. Durant la guerre des Deux Roses, cet art subit un temps d’arrêt et ne fut guère cultivé jusqu’à l’époque de la Renaissance, où Torregiano, venu d’Italie, fit deux chefs-d’œuvre, le tombeau de la mère de Henri VII et celui de ce prince lui-même, à Westminster. La révolution amena une nouvelle stagnation de l’art, et, chose plus fâcheuse encore, un prétexte à la destruction d’œuvres précieuses. La Restauration des Stuarts produisit deux artistes d’un véritable talent, Gibbons et Cibber, l’un sculpteur sur bois, le second auteur de deux statues de la Démence, qu’on peut admirer à la maison d’aliénés de Bedlam.

Le xvme siècle nous offre encore deux bons sculpteurs anglais, Busnell, qui fit des statues plus originales que belles, et Francis Bird, dont Westminster renferme quelques bas-reliefs remarquables ; mais le succès de ces artistes fut dépassé par celui qu’obtinrent le Français Roubilliac et le Flamand Ry sbrack : le premier, élève de Coustou, exécuta un

§ rand nombre de statues, entre autres celle de hakspeare, au Bristih-Museum, et celle du compositeur Hsendel, à Westminster ; le second, parent du peintre Pieter Rysbrack, d’Anvers, sculpta les tombeaux de Newton, de Prior, de Vernon, etc. La plupart des productions de la sculpture anglaise du xvmc siècle trahissent, par la mollesse de l’exécution et le maniérisme du style, l’influence de l’art français. John Flaxman (1755-1826) fut un des premiers à réagir contre le faux goût qui dominait alors ; il s’était formé à Rome par l’étude des chefs-d’œuvre de l’antique, à l’é Soque même où David s’y préparait à son rôle e réformateur. De retour à Londres (l79i), il ne tarda pas à se faire remarquer par la noblesse et la sévérité de son talent : son Ugolin, ses Six Prières, son monument de lord Mansfield, ses statues de Pitt et de Reynolds, sont les premiers beaux ouvrages qu’ait produits la sculpture anglaise. Il eut pour émule et pour continuateur Francis Ghantrey (1781-1842), qui toutefois s’inspira bien plus de la nature que de l’art grec, et dut surtout « a réputation aux statues-portaits qu’il fit de

Macdonald, Barry et West ont été, après Flaxman et Chantrey, les meilleurs statuaires de l’Angleterre pendant la première moitié du xixe siècle. À ces noms, nous devons ajouter celui de sir R. Westmacott, le doyen des sculpteurs anglais contemporains, l’auteur du monument d’Elisabeth Warren, à Westminster, et des statues allégoriques des Proyrès de la Civilisation qui ornent le fronton du British-Museum. À côté d’une Nymphe et d’un Enfant endormi, exposés par lui au Palais de l’Industrie, en 1S55, nous avons vu figurer quelques ouvrages des sculpteurs les plus réputés aujourd’hui au delà du détroit, notamment de MM. John Bell, P. Macdowel, T. Camphell, J. Gott, J. Gibson, W.-C. Marshall, T. Sharp, E.-B. Stephens, J.-H. Foley, P. Hollins, É.-H. Baily, Westmacott junior, J’. Hanckock, etc. Parmi ces artistes, les uns, suivant la voie indiquée par Flaxmann, s’attachent à l’imitation de 1 antique ; les autres, comme Chantrey, demandent leurs modèles à la société contemporaine, et n’hésitent pas à reproduire, dans des sujets de pure fantaisie, nos types et nos costumes modernes : les pre ANG

miers tombent pour la plupart dans le pastiche ; les seconds ne savent pas toujours éviter la trivialité. Ils se distinguent, en général, par une sorte de grâce élégante et romanesque qui est comme le cachet de l’école, et travaillent le marbre avec une finesse et une perfection de détails vraiment extraordinaires. Us sont, du reste, d’une grande faiblesse dans le modelé des parties nues, surtout lorsqu’ils sculptent des figures de femmes : cela tient, selon la remarque de M. de Calonne, à ce que le cunt leur interdisant l’usage des modèles féminins, ils sont obligés, la plupart du temps, d’étudier la nature de seconde main, d’après des statues ou des dessins. N’oublions pas dé signaler parmi les causes principales de l’infériorité de l’école anglaise, tant en peinture qu’en sculpture, le caractère positif de la nation, qui ne saurait favoriser les productions purement idéales, et le puritanisme anglican qui interdit l’accès des temples aux statues et aux tableaux.

— X. Architecture anglaise. De nombreuses pierres druidiques et quelques-unes Aa' "" mystérieuses constructions auxquelles savants ont donné le nom de monuments pélasgiques, tels sont, avec quelques tours grossières, les seuls vestiges de l’architecture des anciens Bretons. Il ne reste guère de la domination romaine que d’imposants débris d’ouvrages militaires, de chaussées et de murailles fortifiées, destinées à arrêter les incursions des peuplades belliqueuses de la Calédonie. Vers la fin du vie siècle, le moine Auguschrétienne. Le monastère de Wiremouth et la

cathédraled’Hexham, qui datent du siècle suivant, offrent une ornementation bizarre, fantastique, mélange confus d’animaux monstrueux et de figures symboliques : quelques archéologues prétendent y reconnaître les caractères d’un style anglo-saxon ; mais il est bien avéré que non-seulement ces édifices, mais toutes les constructions religieuses élevées depuis cette époque jusqu’au xie siècle, furent 1 ouvrage d’artistes français. C’est ainsi qu’Alfred le Grand appela un certain Grymbaud pour bâtir la crypte de l’église de Cantorbéry, et qu’Édouard le Confesseur, qui résidait en France avant son élévation au trône, inir de ce pays les architectes auxquels il confia les premiers travaux de son abbaye de Westminster. Guillaume le Conquérant importa à son tour le style romano-byzantin, qui venait à peine d’éclore sur le continent. C’est dans ce style que furent construites les cathédrales de Glocester, d’Exeter, de Durhara, de Peterborough, d’Oxford et de Sainte-Croix, près Winchester. On attribue à l’évêque de cette dernière ville, Henri de Blois, frère du roi Étienne, l’introduction de l’ogive, dont on trouve les premières traces dans les cathédrales de Rochester et de Northampton, dans les monastères de Cantorbéry et de Château-d’Acre. Bientôt ce nouveau mode architectural devint dominant, et, du xii" au xve siècle, produisit une quantité considérable d’édifiées religieux, parmi lesquels nous citerons les cathédrales d’York, de Wells, de Winchester, de Liehfield, de Worcester, de Chichoster, de Lincoln, de Glocester, de Westminster, etc. Les beautés de premier ordre que l’on admire dans la plupart de ces édifices ont fait penser à plusieurs archéologues anglais, à Minier entre autres, que l’architecture gothique avait pris naissance en Angleterre ; mais, ainsi que le fait remarquer judicieusement un autre savant anglais, Hope, « si cette opinion était fondée, 1 Angleterre présenterait les premiers modèles de ce style, aussi bien dans la simplicité de ses traits primitifs que dans la complication de ses développements ultérieurs. Elle eût créé des modifications inconnues aux autres pays, ou, du inoins, il n’y manquerait aucune de celles qu’on rencontre ailleurs. Enfin, selon toute vraisemblance, les principaux architectes des églises gothiques, construites même hors de l’Angleterre, auraient été Anglais : or, loin de donner des modèles, l’Angleterre fut toujours la dernière à adopter les modifications introduites dans le style ogival ; elle ne peut présenter le moindre détail dont on ne trouve, sur le continent, un type plus ancien ; elle n’a point de cathédrales gothiques qui approchent, pour l’étendue, de celles d’Anvers de Paris, de Cologne et de Milan ; pour l’élévation, de celles-d’Amiens, de Beauvais, de Paris et de Reims ; pour la richesse des ornements, de celles d’Amiens encore, de Reims, de Ratisbonne et de Côme. » Le seul caractère bien distinct de l’architecture gothique, en Angleterre, consiste dans la forme des fenêtres, dont les meneaux montent droit jusqu’à l’arcade mère de la croisée, ce qui a fait donner le nom de perpendiculaire au style ogival anglais. Il est à remarquer aussi qu’un certain nombre d’églises ont des absides carrées, que les tours ont constamment cette même forme, et qu’elles sont d’ordinaire crénelées comme celles des manoirs féodaux. En général, l’ornementation manque de légèreté, et, loin d’accuser une conception indigène et originale, révèle, par le défaut d’harmonie entre les parties d’un même édifice, des emprunts faits à des constructions antérieures. Il est permis de croire du reste que, tout en employant ses propres architectes, l’Angleterre dut revenir plus d’une fois aux artistes du continent. C’est à un Allemand, nommé Klauss ou Kloos, que l’on attribue la construc ANG

tion de Kings’ Collège, à Cambridge, l’un des plus remarquables monuments de la fin de l’ère gothique. La Tour de Londres, le palais de Windsor et la grande salle du palais d’Edouard III, à Westminster, sont les plus belles productions de l’architecture militaire et de l’architecture civile pendant la même période. Le style de la Renaissance fit son apparition sous les Tudors et fut associé à l’architecture gothique. Les palais de Richmond et d’Hampton - Court, la chapelle d’Henri VIII et les tombeaux des reines Elisabeth et Marie à Westminster, la chapelle de l’évêque West dans la cathédrale d’Ely, les six cercueils placés par l’évêque Fox autour du chœur de la cathédrale de Winchester, le portail de l’Université, à Oxford, sont les principaux modèles de ce style mélangé, où l’on ne retrouve ni l’élégance de détails, ni la capricieuse fantaisie qui distinguent les productions de l’art continental à la même époque. Inigo Jones donna, sous Charles Ier, l’exemple d’un ordre unique, en imitant le style gréco-romain dans la construction de Saint-Paul à Covent-Garden, de l’hôpital de Greenwieh, etc. L’architecture, négligée sous la République et le Protectorat, reprit une nouvelle faveur après la Restauration. Wien^construisit une quantité prodigieuse d’édifices, notamment l’église de Saint-Paul de Londres, tes tours de Westminster, la Theatrum d’Oxford, l’hôpital de Chelsea, etc. D’autres architectes de son temps ne furent pas moins féconds. On remarque parmi eux : Hawskmoor, Gibbs, Thomas Archer, John "Vanbrugh, Talman. Au xvm« siècle, le style Louis XV lit invasion en Angleterre : les architectes les plus distingués de cette époque ont été W. Chambers et Robert Taylor.

La révolution qui ramena le goût aux productions de l’antiquité fut puissamment aidée, en Angleterre, par la publication de l’ouvrage de James Stewart sur les monuments de la Grèce, et par les travaux de divers savants sur les ruines de Pompéi et d’Herculanum. Mais la plupart des édifices religieux ou civils, construits sous l’influence de cette réaction, ne sont que des pastiches ridicules. De notre temps, les architectes anglais se sont mis à copier indifféremment tous les styles, grec, romain, byzantin, gothique, renaissance, poinpadour, égyptien, chinois même, et, ce qui est plus déplorable encore, à les accoupler entre eux de la façon la plus monstrueuse. Le dix-neuvième siècle a vu s’élever toutefois trois constructions très-remarquables en leur genre : le pont de Waterloo sur la Tamise, le tunnel bâti sous ce fleuve par l’ingénieur français Brunel, et le fameux Cristal - Palace qui, après avoir abrité sous ses murs de fer et de cristal l’exposition universelle de 1851, est devenu le palais de Sydenham. V. Londres (Monuments de).

— XI. Gravure anglaise. Jusqu’au dixhuitième siècle, la gravure n’a guère été cultivée en Angleterre que par les artistes venus du continent. L’Allemand Wenceslas Hollar, qui y passa la plus grande partie de sa vie, y exécuta des travaux considérables. Amené à Londres, en 1637, par lord Arundel, il.grava les principaux chefs-d’œuvre de la collection de cet amateur célèbre, fit pour les éditeurs d’intéressantes estampes représentant les monuments les plus remarquables de la capitale et les divers costumes des dames anglaises (Ornatus muliebris Anglicanus et Theatrum mulierum), grava plusieurs portraits d’après Van Dyck, et concourut à illustrer les meil- ’ leurs ouvrages qui furent publiés en Angleterre pendant son séjour, notamment la Bible polyglotte, le Monasticon, le Virgile d’Ogilby, . le Juvénal de Stapleton, la cathédrale de Saint-Paul et le Warwickshire de Dugdale. Francis Place est le seul élève anglais que nous lui connaissions. William Faithorne, John Smith, Robert White, qui travaillèrent en même temps que lui, n’eurent qu’un talent très-secondaire.

À côté de l’école nationale de peinture, créée au dix-huitième siècle par Hogarth, Gainsboroug et Reynolds, se forma presquesimultanément une école de graveurs. Hogarth

fut lui-même un burinisteN spirituel et mordant ; mais ses estampes, il faut l’avouer, n’ont d’autre mérite que l’invention. D’autres praticiens plus habiles se chargèrent de reproduire les compositions des peintres anglais. Quelques-uns, comme Robert Strange, Ingram, William Ryland et Woolett, suivirent le style français. D’autres, Richard et Robert Earlom, Ardell, Green, etc., portèrent la manière noire à un haut degré de perfection. Un Italien, Francesco Bartolozzi, amené en Angleterre, en 17G4, par Richard Dalton, secrétaire intime de George III, mit à la mode la gravure au pointillé, et forma de nombreux disciples, dont le meilleur fut Sherwïn. John Webber, William Sharp, J. et C. Heath, Medman, Fittler, etc. furent, avec les précédents, les meilleurs graveurs de l’Angleterre au dixhuitième siècle. Tous, à l’exception de Strange, élève de Le Bas, qui travailla d’après les anciens maîtres, prirent pour sujets de leurs estampes les compositions des peintres anglais. John Boydell, riche marchand de gravures et graveur lui-même, contribua puissamment à favoriser cette tendance par les publications de sa Galerie de Shakspeare, à laquelle collaborèrent les dessinateurs et les graveurs les plus habiles de l’Angleterre. Cet éditeur intelligent fit paraître, en outre, dix-neuf volumes • d/estampes, exécutées d’après les chefs-d’œu ANG

vre de l’école anglaise (177S et années suiv.), et confia à Robert Earlom la reproduction du célèbre Livre de vérité’ de notre Lorrain. Les estampes en manière noire, exécutées par les artistes anglais de cette époque, se distinguent par leur velouté et leur moelleux ; quelquesunes, celles de Ryland et d’Earlom notamment, sont brillantes et colorées. Woolett associa, à l’imitation déVivarès, l’eau-forte, la pointe sèche et le burin, et arriva, dans la gravure de paysages, à une chaleur, une légèreté, une transparence extraordinaires. Strauge inventa une méthode par laquelle, au moyen de quatre couleurs, ir savait rendre les dessins originaux de manière à opérer l’illusion la plus frappante. En 1775, Thomas Bewick ressuscita la gravure sur bois, qui, depuis, a fait des progrès considérables et a servi à l’illustration d’une multitude de publications périodiques : Thomas Hood, Sears, Branstone, Harvey, Tabagg, Nesbit, Clennell, etc., se sont particulièrement distingués en ce genre. Les gravures sur bois que, de nos jours, M. J. Thompson a exécutées d’après Mulready, Wilkie, Landseer, Calcott, Maclise, etc., sont d’une élégance et d’une finesse merveilleuses.

La plupart des graveurs anglais contemporains se sont presque exclusivement attachés à reproduire les peintures de leurs compatriotes. Les estampes de MM. Georges Doo et L. Gruner, d’après les maîtres classiques, ne manquent pas de distinction, mais elles n’ont pas toute la science désirable. M. J. Weber a gravé avec talent les célèbres cartons de Raphaël (à Hampton-Court) ; M. Lewis a fait, en manière noire, de très-belles reproductions do Rosa Bonheur. MM. John Burnet, Samuel Cousins, H.-T. Ryall, Atkinson, W.-B. Cooke, William Holl, James Wilmore, Goodall, William Miller, J. Outrim, Thomas Landseer, Barlow, Robinson, Frédérick Bacon, Walt, Prior, John Pye, etc., ont interprété avec succès les compositions de Wilkie, de Turner, de "Sant, de Calcott, de Leslie, de Mulready, d’Edwin Landseer, etc. Ce dernier, qui a exercé le burin des plus habiles graveurs de l’Angleterre, gagne beaucoup à être ainsi traduit. Il en est de même de la plupart des peintres anglais de notre époque, dont les productions originales ont un coloris faux et déplaisant. Les estampes anglaises brillent, au contraire, par la légèreté de la touche, la finesse des nuances, la transparence et l’harmonie de la couleur. Les graveurs de paysages excellent particulièrement à représenter les fonds embrumés, les montagnes voilées et comme estompées par de légères vapeurs, les ciels mêlés de nuages. Les effets auxquels ils parviennent ne sont peut-être pas plus vrais que ceux des peintres, mais, du moins, ils sont plus agréables. Nous avons surtout en vue ici la gravure sur acier, dans laquelle les artistes de l’Angleterre ont acquis une véritable supériorité. C’est dans cette manière délicate- et suave, employée avec succès à l’illustration des Keepsake, que MM. G. Ward, Shenton, Thomas Vernon, Francis Holl, et quelques autres ont gravé des portraits fort séduisants. Quelques artistes ont déployé un talent réel dans la lithographie. Nous pouvons citer, parmi les meilleurs ouvrages qui aient paru en ce genre, les Collections de vues architecturales d’Angleterre et de Belgique, par MM. Haghe et Nash, des portraits et des compositions diverses d’après les peintres anglais, par MM. R.-J. Lane et Maguire. Ce dernier a reproduit beaucoup de portraits de personnages de la famille royale, peints par J. Winterhalter.

Angleterre (l’) jugée pnr Jncqac. Bo.,-

homme. Deux courants d’idées, tout a fait opposés, se manifestent en France à propos de l’Angleterre. L’un est éminemment sympathique aux lois et à la constitution anglaises ; l’autre, qui prend sa source dans les vieilles rancunes nationales, ne voit dans l’Anglais qu’un rival, un ennemi qu’il faut combattre a outrance. Pour ces deux tendances différentes, quand elles arrivent à l’état de sentiment, de passion, deux mots ont été créés : anglomanie, anglophobie. Il y a l’anglomanie des équilibristes politiques, l’anglomanie des économistes, etc. ; il y a l’anglophobie socialiste, l’anglophobie cléricale, l’anglophobie militaire, etc. Nos publicistes de la démocratie libérale penchent généralement du côté de l’anglomanie ; de temps en temps ils jettent des regards d’envie sur les institutions et les libertés de nos voisins. Ils doivent savoir gré au Grand Dictionnaire universel du XIX' siècle de s’être étendu longuement et avec une sorte de complaisance sur ces institutions et ces libertés. Mais Jacques Bonhomme, qui a cependant la prétention d’être libéral jusqu’à la moelle des os (il ne comprend, il est vrai, que la liberté unie à l’égalité), est affligé d’une incurable anglophobie. Il l’a puisée, dit-il, dans l’étude de l’histoire. Aussi, sa tète se monte, son sang bout, sa veine s’allume, quand il entend préconiser ce qu’on appelle les institutions libérales de l’Angleterre. Donc il’demande à protester ici et à dire une bonne fois pour toutes à John Bull tout ce qu’il a sur le cœur. Nous lui laissons la parole, en récla-