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sidérable dans.les vaisseaux subjaoents. Les préparations solubles sont réservées pour l’administration à l’intérieur ; les préparations insolubles peuvent être administrées en vapeur, sous forme de fumigations ou inhalations ; enfin, à l’extérieur, s^mploient les unes et les autres. Les préparations arsenicales sont données à l’intérieur pour guérir les maladies graves de la peau, la fièvre intermittente rebelle, certaines formes de rhumatisme, la phthisie pulmonaire et différentes maladies des bronches, etc. Leur dose n’est que de un à quelques milligrammes par jour. À l’extérieur, on emploie l’arsenic contre les maladies rebelles de la peau, et pour la destruction de tumeurs cancéreuses et autres. Il entre dans . la composition du rusma des Turcs, et de plusieurs pâtes épilatoires et parasiticides.

Empoisonnement par les préparations arsenicales. L’emploi qu’on fait de l’arsenic blanc dans l’industrie et dans nos maisons mêmes, son défaut de couleur, son peu de saveur et son action énergique à petites doses, expliquent la préférence que les emrisonneurs donnent a cette substance. Il est signaler encore que l’acide arsénieux a été pris pour du sucre en poudre, et a pu ainsi occasionner des accidents auxquels la malveillance était étrangère ; on ne s’étonnera donc pas que les deux tiers des empoisonnements soient causés par l’arsenic. Ce métalloïde appartient à la classe des poisons irritants, et donne lieu à la production d’une série de symptômes qui se manifestent ordinairement quelques heures après l’ingestion. Il survient alors des vomissements, de l’anxiété, un sentiment de brûlure a l’estomac, des coliques atroces, de la diarrhée, des battements de cœur violents, de l’oppression : enfin, une sueur abondante, visqueuse et froide, et des convulsions suivies de mort, avec prostration et abattement profond.

Secours et contre-poisons. Les personnesappelées à donner des secours aux empoisonnés doivent, en général, agir avec promptitude, et plus particulièrement si la substance toxique est présumée être une composition arsenicale. Dans- le plus bref délai, on doit

" administrer l’ipécacuana pour favoriser un vomissement abondant ; puis, après l’évacuation qui a éliminé la partie non absorbée du poison, il reste à administrer l’antidote ou contre-poison, destiné à neutraliser la portion absorbée. On préférera, chaque fois que cela sera possible, le peroxyde de fer hydraté, qu’on administre à la dose de 400 et 500 gram. Le sulfure de fer noir ou la magnésie peuvent être avantageusement employés. Enfin, k défaut de préparations pharmaceutiques, il faudra faire usage de l’eau albumineuse, pré Farée avec des blancs d’oeufs battus dans eau. On ne devra pas négliger d’administrer un lavement purgatif pour éliminer la, substance vénéneuse passée dans l’intestin, et l’on devra, en outre, soutenir les forces par des stimulants.

Recherches médico-légales de l’arsenic après la mort. On regarde aujourd’hui la" recherche de Varsenic, dans le corps d’une personne qui a succombé à l’empoisonnement par cette substance, comme un problème exempt de difficultés. Il fallait toutefois, pour arriver à ce résultat, des réactifs d’une grande sensibilité, car une bonne partie du poison ayant été rejetée avant la mort par les selles, les vomissements, les urines et les sueurs, on doit s’attendre à ne trouver que des traces de la substance toxique. L’arsenic dévoilera sa présence dans une liqueur suspecte, si l’on soumet cette liqueur a l’action des réactifs chimiques qui doivent, en présence des composés arsenicaux solubles, donner lieu aux développements de phénomènes caractéristiques. (V. Arsbnitb et Arsbniate.) Cependant on emploie de préférence l’appareil de Marsh, parce que ce procédé, en même temps qu’il est d’une excessive sensibilité, est d’une application tout à fait générale. Cet appareil se compose d’un flacon où se produit normalement de l’hydrogène par l’action du zinc et de l’acide sulfurique sur l’eau. Ce flacon est muni d’un tube de dégagement terminé par une ouverture de petite dimension. Après avoir recueilli ’dans les organes du cadavre les liquides suspects, après qu’ils ont été décolorés, filtrés et concentrés, on les introduit dans l’appareil. Si la liqueur contient en réalité un composé arsenical soluble, le gaz qui se dégagera par l’extrémité effilée du tube brûlera avec une flamme pâle et blafarde en répandant une odeur d’ail ; si, à l’aide d’une lampe, on chauffe une portion du tube de dégagement, un anneau métallique se formera en avant^de la partie chauffée j une assiette de porcelaine, exposée à l’action de la flamme, se recouvrira au point de contact d’une tache noire, miroitante et d’éclat métallique. Il ne restera plus à l’expert qu’à s’assurer que les taches obtenues sont bien réellement formées par l’arsenic réduit et résultant de la déeom « position de l’hydrogène arsénié qui se dégage de l’appareil. Ce procédé est assez sensible

mais, pour que cette expérience ait toute sa valeur, il faut s’être assuré, au préalable, que tous les réactifs employés, que les verres même dont on fait usage, sont exempts d’arsenic.

Arsenic normal. MM. Couerbe et Orfila, en 1839, signalèrent dans les o» de l’homme

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la présence d’une petite quantité d’arsenic qu’on appela arsenic normal. Cette découverte était de la plus haute importance, car elle ôtait à peu près toute valeur aux expertises médico-légales dans les cas d’empoisonnement arsenical. Mais depuis cette époque, l’arsenic normal ne put être retrouvé ni par la commission de l’Institut, nommée pour l’examen de cette question, ni par Orfila lui-même, ni par tous les expérimentateurs qui ont inutilement multiplié leurs recherches. La primitive découverte ne peut être attribuée qu’à ce que le cadavre qui servit à l’expérience contenait accidentellement de l’arsenic. Cependant la question resta longtemps dans le domaine de la discussion, et, en 1840, le procès de Mme Lafarge provoqua une controverse violente entre MM. Orfila et Raspail. Après plusieurs expertises contradictoires, M. Orfila vint à Tulle pour éclairer la justice de ses lumières, et, comme résultat de ses investigations, déclara « que M. Lafarge avait été empoisonné par l’arsenic. » Cette déclaration mit fin aux débats, et parut déterminer le verdict de culpabilité rendu contre Mme Lafarge. M. Raspail, arrivé trop tard, fit paraître un mémoire accusateur, dans lequel il attaquait les conclusions de M. Orfila sur trois points principaux : l<> les taches, arsenicales obtenues représentaient une quantité impondérable de poison et insuffisante pour faire affirmer la culpabilité ; 2» cet arsenic pouvait provenir du terrain du cimetière, des vases qui avaient contenu le corps.inhumé de M. Lafarge, ou même être Yarsenic normal, que M. Raspail se faisait fort de trouver partout, dans le fauteuil des juges et dans M. Orfila lui-même, s’il voulait se soumettre à l’expérience ; 30 il pouvait provenir aussi des réactifs impurs. Ici, M. Raspail s’appuyait sur le refus constant d’Orfila de livrer à "son examen-les réactifs apportés à Tulle j M. Raspail a même imprimé plus tari ! qu’Orfila possédait un préparateur qui, pour flatter les idées de son maître, mettait exprès de l’arsenic dans les réactifs. Il est difficile aujourd’hui, en présence des affirmations contradictoires de deux adversaires également autorisés, de pouvoir résoudre cette question débattue. Voici toutefois quelques observations que nous pouvons présenter : à l’égard du premier point, il est certain que la quantité d’arsenic trouvée dans la dernière expertise devait être regardée comme insuffisante pour créer une conviction ; mais il ne faut pas oublier qu’après plusieurs expertises, il ne restait plus du corps de Lafarge que quelques débris ; que, d’ailleurs, dans le corps d’un homme empoisonné, on ne peut retrouver que des traces de substance toxique j enfin, il est juste de reconnaître que la conviction du jury avait d’autres fondements que l’assertion d’Orfila, et plusieurs témoignages portent à croire qu’avant l’<

pouvait avoir quelque confiance dans l’existence de l’arsenic normal, à l’époque où Ras■—’-■■ -d’hui on sait

, ’ont foi

dans aucun cas l’arsenic normal. Les expertises médico-légales conserveront donc toute leur valeur, si on a’ la précaution, comme nous l’avons dit, d’essayer le terrain des cimetières où sont inhumées les victimes, ainsi que les vases qui peuvent avoir servi à transporter le cadavre. Quant à la troisième objection formulée par M. Raspail, nous pouvons présumer que le chimiste éminent qui a recommandé avec tant de soin l’essai préalable des réactifs, n’a pas dû se soustraire lui-même aux obligations qu’il impose aux experts-légistes ; et 1 accusation, si étrangement grave, que M. Raspail a fait peser sur l’illustre chimiste, s’est écroulée faute de base.

— Miner. Les minerais d’arsenic sontirépandus dans presque tous les gîtes métallifères, associés ordinairement à d autres minéraux. Ils se rapportent au groupe des arsénides de M. Beudant, et se distinguent en ce qu’ils dégagent des vapeurs arsenicales par grillage, (tu par simple calcination avec de la poussière de charbon. Ce dégagement de vapeurs est accompagné d’une odeur d’ail. Nous décrirons, en peu de mots, les principales espèces minéralogiques de ce groupa, celles, du moins, qui sont employées comme minerais arsenicaux.

— L’arsenic natif est une substance d’éclat métallique dans sa cassure fraîche, mais qui noircit promptement à l’air. Il présente, au reste, les caractères chimiques de l’arsenic. On trouve l’arsenic natif en masses fibreuses, quelquefois mamelonnées à la surface, et posées de couches /vwipi»nt. TÎnii«s. f.w

substance plus disséminée qu’abondante, qu’oi rencontre surtout dans les gîtes métallifère de sulfure d’argent et d’oxyde d’étain.

Arséniures métalliques. On connaît plusieurs composés d’arsenic et de métaux, dont les principaux sont : le biarséniure de cobalt, smaltine ou cobalt arsenical, Co As2, substance d’éclat métallique, gris d’acier, cristallisant en cubes modifiés, et qu’on trouve en petites masses dendritiques (cobalt tricoté). Il est le plus ordinairement mélangé à d’autres arséniures, de telle sorte que la richesse métallique des différents échantillons est très-variable. Un autre arséniure de cobalt, qui répond à la formule Co2 As3, accompagne souvent le précédent. Ces minéraux se rencontrent ordi ARS

nairement dans les dépôts de sulfure, d’argent et de chalcopyrite, soit dans les terrains de cristallisation, en Saxe et en Bohême, soit dans les terrains de sédiments, comme à Sainte-Marie-aux-Mines, dans les "Vosges, dans la Hesse, le Hanau, laThuringe. Ils sont employés pour la fabrication du smalt, verre bleu utilisé en peinture ; du safre, résidu de

frillage qui peut donner par fusion des verres leus ; enfin, il se débite sous le nom d’azur, et les plus beaux échantillons sont même vendus sous la dénomination impropre d’oùIremer. Il existe également un protoarséniure répondant à la formule CoAs. — L’arséniuré de nickel, nickeline ou nickel arsenical, Ni As, matière rougeâtre, d’éclat métallique. Attaquée par l’acide azotique, la nickeline donne à cet acide une couleur verte, qui se change en une belle teinte bleue par l’addition d’ammoniaque ; enfin, par la potasse, elle précipite en vert. Un autre arséniure, le biarséniure de nickel ou arsenickel, a pour formule Ni As2. Il est gris d’acier, inaltérable à l’air, et cristallise en cubes. Un troisième arséniure paraît répondre à la formule Nia As3. On voit que ces arséniures sont isomorphes de ceux de cobalt, qu’ils accompagnent ordinairement et qu’on exploite avec eux. On connaît encore des arséniures d’argent, d’antimoine, de bismuth et de fer. +

Arsénio-sulfures. Ce sont : 1° Varséniosulfure de cobalt ou cobaltine, cobalt gris, cobalt éclatant, matière d’un éclat très-vif, blanc d’argent, ou blanc rougeâtre, cristallisant en formes dérivées du cube. On trouve cette substance en Suède et en Norvège, avec la chalcopyrite. en amas plus ou moins considérables dans les terrains de cristallisation ; 2° l’arsénio-sulfure de nickel, nickel gris ou disomose, substance d’un gris d’acier, isomorphe à la cobaltine qu’il accompagne ; 3° l’arsénio-sulfure de fer ou inispickel, qui est doué (d’éclat métallique, blanc d’argent ou jaunâtre, et cristallise en prismes rhomboïdaux droits, isolés ou groupés. Il est attaqué par l’acide azotique, et précipite de cette solution, en bleu, par l’action du cyanure ferrosopotassique. Il se trouve dans la nature, tantôt accompagnant les minerais d’oxyde d’étain, tantôt en liions isolés. Il est exploité pour la fabrication de l’arsenic, de l’acide arsénieux, de l’orpiment et du réalgar artificiel.

Sulfures d’arsenic. Il en est deux très-connus sous les noms d’orpiment et de réalgar. Le protosulfure ou réalgar, As S, est une subtance d’un rouge éclatant, dont la poussière est jaune orangé, cristallisée en prismes rhomboîdaux obliques, ou en petites masses compactes. Le trisulfure ou orpiment, As S3, est en cristaux peu distincts, rhomboîdaux, en lames parallèles ou en masses compactes et terreuses. Ces substances, qu’on rencontre accidentellement dans-les fiions, sont peu abondantes et disséminées dans les dépôts cristallins. Ceux que le commerce emploie sont des produits artificiels.

Sulfures multiples. Ce sont : le sulfure double éargent et d’arsenic ou proustite, le sulfure triple d’arsenic, de cuivre et de fer ou tennantile, combinaisons isomorphes à celles de l’antimoine, et dans lesquelles l’arsenic remplace le métal.

Enfin, la condurite ou arsénite de cuivre hydraté et l’acide arsénieux, qu’on trouve quelquefois mélangé à d’autres ’ :

ARSENICAL, ALE adj. (ar-se-ni-kal — rad. arsenic). Chim. Qui a rapport à l’arsenic, qui contient de l’arsenic : Pâte arsenicale. Vapeurs arsenicai.es. Sels arsenicaux. Intoxication ARSENICALE.

— Substantiv. : Les arsenicaux, Les composés d’arsenic.

ARSÉniciase s. f. (ar-sé-ni-si-a-ze — rad. arsenic). Méd. Intoxication arsenicale chro ARSÉNICIQUE adj. V. Arséniqub.

ARSÉnicite s. f. (ar-sé-ni-si-te — rad. arsenic). Miner. Minerai composé de chaux et d’arsenic ; c’est un arséniate de ebaux. On l’appelle aussi pharmacolithe, c’est-à-dire pierre-poison, du gr. pharmakon, poison, et lithos, pierre.

5ÉNICO

fer-ri-fè-re). Qui contient

dentellement de l’arsenic et du fer. il On dit

aUSSi ARSÉNIFÉRB.

ARSÉNICOPHAGE s. et adj. (ar-sé-ni-kofa-ie — de arsenic, et du gr. phagô, je mange). Celui ou celle qui mange de l’arsenic, il On dit

aussi TOXICOPHAGE.

— Encycl. Si l’on en croit des récits qui ne

Earaissent pas indignes de foi, une partie de population, dans la Styrie, la basse Autriche et quelques autres contrées de l’Allemagne, ferait usage de l’arsenic pris à peu près quotidiennement. Le but de ces arsënicophages est de se procurer une plus grande aptitude à la marche dans les montagnes. En effet, sous l’influence de ce régime, les montagnards de ces pays paraissent avoir l’haleine plus longue, ce qui les rend plus propres à résister a la fatigue de leurs ascensions continuelles. Les jeunes paysannes en consomment également une petite quantité dans le but d’acquérir de l’embonpoint et de la fraîcheur. On en fait prendre aussi aux bestiaux pour accélérer l’engraissement. Il est inutile de dire que les

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doses sont faibles pour commencer ; mais, par l’habitude, les arsénicophages arrivent à’ consommer 15 à 20 centigrammes et plus d’arsenic blanc. Cependant quelques imprudents dépassent les limites ordinaires, et en sont presque toujours les victimes. Il faut ajouter aussi que, cette dangereuse habitude une fois contractée, il est impossible de la perdre, sous peine d’un prompt dépérissement. Toutefois, cet usage de l’arsenic, en quelque sorte domestique, explique son action bienfaisante dans les cachexies et les maladies qui altèrent

firofondément la constitution ; il justifie l’utiité du traitement arsenical dans l’asthme et la phthisie pulmonaire.

arsénides s. m. pi- (ar-sé-ni-de — rad. arsenic). Miner. Groupe mînéralogique de la troisième classe de Beudant. Les arsénides dégagent des vapeurs arsenicales d’odeur alliacée, soit par simple grillage, soit-par calcination avec de la poussière de charbon, Ils comprennent l’a™™*» "">'f 1<Kï nrspnUirex.

if, les arséniures,

arséniates, l’acide arsénieux et les arsénites.

rad. arse-

ARSÊNIÉ, ÉE adj. (ar-sé-ni-é nie). Chim. Qui renferme de l’arsenic, qui est combiné avec de l’arsenic : Hydrogène arsénié, h On dît aussi arséniqué.

ARSÉNIEUX adj. m. (ar-sé-ni-eu — rad. arsenic). Chim. Se dit de l’acide résultant de la combinaison de l’arsenic et de l’oxygène.

— Encycl. L’acide arsénieux, ou vulgairement l’arsenic blanc, a pour formule, dans la notation dualistique, As O3, et dans la notation unitaire, As2 O3. C’est un corps solide à la température ordinaire, blanc ou incolore, et qui se présente sous deux aspects distincts. Récemment sublimé, il est incolore, transparent et assez solublé : c’est l’acide vitreux. Par l’effet du temps, sa transparence s’altère, il prend une opacité de plus en plus considérable et se montre alors sous forme de masses amorphes, d’un blanc laiteux ou légèrement jaunâtre : c’est l’acide porcelanigue, toujours moins soluble que le précédent. La pulvérisation de l’acide vitreux produit la même transformation. Cet acide cristallise par voie de solution et par sublimation, et il se trouve soit sous forme d’octaèdres, soit sous forme de tétraèdres ; c’est donc une substance dimorphe. Soumis à l’action de la chaleur, l’acide arséiieux se volatilise, et cristallise par sublimation dans le dôme des cornues. Si cette volatilisation s’opère sur une brique chaude, elle n’est accompagnée d’aucune odeur, tandis que si elle s’opère sur du charbon rouge, il y a réduction de l’arsenic, qui s’oxyde consécutivement, avec production d’une odeur alliacée. La dissolution d’acide arsénieux, à l’instar des acides faibles, rougit légèrement la teinture de tournesol. Cet acide est plus soluble dans l’acide chlorhydrique étendu que dans l’eau pure.

Vacide arsénieux prend naissance par 1 oxydation de l’arsenic, et se produit chaque fois que ce métalloïde est chauffé dans un courant d’air. On l’obtient ordinairement par le grillage des arsénio-sulfures de fer, de cobalt ou de nickel. On place ces minerais sur la sole d’un fourneau à réverbère, et l’air chaud, qui a passé à travers la grille du foyer, vient les traverser. Les arsénio-sulfures se décomposent dans cette opération, et produisent de l’acide sulfureux qui se dégage en vapeur, et de l’acide arsénieux qui reste condensé dans les tuyaux ; par une seconde sublimation, on purifie ce dernier.

L’arsenic blanc est employé dans l’industrie pour la fabrication des toiles peintes et des papiers peints ; dans les verreries, pour la préparation du vert de Scheele, de l’orpiment et du réalgar artificiels ; dans le chaulage des blés, où il a pour but de préserver le grain de la piqûre des insectes ; enfin, on s’en sert pour détruire les rats, et il entre dans la composition" du savon de Bécœur, qui sert aux . naturalistes pour conserver les animaux empaillés. Ces divers usages industriels ont 1 inconvénient de mettre en toutes sortes de mains une substance très-vénéneuse, et la malveillance a souvent utilisé la facilité avec laquelle on pouvait se procurer l’arsenic. Cette substance, à l’état d’acide amorphe et pulvérisé, a pu souvent être confondue avec du sucre pilé, et bien des malheureux ont été victimes d’une erreur de ce genre. Depuis quelques années, de nouveaux règlements régissent la délivrance des poisons dans les pharmacies, et cette mesure a diminué le nombre des empoisonnements causés par l’arsenic blanc. Parmi les dispositions de l’ordonnance du 29 octobre 1846, sur la vente des substances vénéneuses, nous citerons celles qui se rapportent à l’acide arsénieux : « L’arsenic et ses composés ne pourront être vendus, pour d autres usages que la médecine, que combinés avec d’autres substances. Les préparations arsenicales ne pourront être vendues ou délivrées que par des pharmaciens, et seulement à des personnes connues et domiciliées. Les quantités livrées, ainsi que le nom et le domicile des acheteurs, seront inscrits sur le registre spécial dont la tenue est prescrite par

l’article 6 La vente et l’emploi de l’arsenic

et de ses composés sont interdits pour le chaulage des grains, l’embaumement des corps et la destruction des insectes. » L’emploi de l’acide arsénieux en médecine est le même que celui des préparations arsenicales solubles (V. Arsenic) ; plus spécialement, il entre dans la composition de la liqueur de Fowler, de la