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rustique, celle dont les mouluras sont interrompues par une clef et des bossages dépourvus d’ornements : ces deux espèces d’archivoltes ne conviennent qu’aux constructions rustiques. Dans l’architecture chrétienne, la forme des archivoltes subit les mêmes modifications que celle des autres arcs- elles sont généralement composées d’un ou deux rangs de claveaux simples sans moulures ; quelquelois le second rang est orné de bâtons rompus, de méandres ou d’un simple boudin. Au XW siècle, les rangs de claveaux arrivent jusqu’à trois ; la décoration se complique et présente, entre autres ornements, des dents de scie, des billettes, des pointes de diamant, des rosaces, des besants, et, dans les contrées où subsistent encore les traditions de l’art antique, des oves, des rinceaux, dos denticules. L’intrados de l’arc intérieur, qui est toujours lisse jusqu’au xme siècle, commence, à partir de celte époque, à se couvrir de moulures très-accentuées, et les profils s’évident de plus en plus à mesure qu’on approche du xv<= siècle. Les archivoltes des portails des églises offrent des complications particulières, à raison de l’épaisseur des murs des façades : elles présentent jusqu’à quatre ou cinq rangs de claveaux dans les édifices romans, jusqu’à huit dans les monuments de la période ogivale. Ces arcs concentriques, qui forment les voussoirs, sont décorés avec plus ou moins de luxe suivant l’époque et suivant l’importance de l’édifice. Y. Voussoir.

ARCHON s. m. (ar-chon — du gr. archàn, chef). Entom. Genre d’insectes coléoptères pentamères, famille des lamellicornes, fondé sur une seule espèce, appelée par les auteurs archon émarginé,

AltCHON (Louis), historien, né à Riom en 1G45, mort en 1717. Il fut chapelain de Louis XIV et abbé de Saiut-Gilbert-Neuf-Fontaine, dans le diocèse de Clermont. Il a donné une Histoire ecclésiastique de la chapelle des rois de France (1704-1711), dont il deux volumes 1 ~" : ~’—"’" ~ ’- de Louis XIII.

ARCHONTAT s. m. (ar-kon-ta — rad. archonte). Hist. Dignité d’archonte, il Temps pendant lequel l’archonte était en charge.

ARCHONTE s. m. (ar-kon-te — du gr. archdn, chef). Hist. Nom qui fut donné en Grèce, et principalement à Athènes, à des magistrats qui dirigèrent la république après la mort de Codrus, et qui étaient les chefs du pouvoir exécutif : A la -place des rois, les Athéniens avaient créé-des magistrats sous le nom d'archontes. (Rollin.) Tout le monde sait nue Sophocle a fait de belles tragédies ; mais on ignore communément qu’il commanda les armées et fut élevé à la dignité ^’archonte. (La Harpe.) Les trois premiers archontes ont chacun un tribunal où ils siègent, accompagnés de deux assesseurs qu’ils ont choisis eux-mêmes. (Barthél.) Les archontes étaient surtout chargés de l’administration civile. (Bouill.) Les charges nécessaires pour faire partie de l’aréopage, c’étaient celles cParchonte, de thesmothèle et de polémarque. (P.-L. Cour.) Le traître, l’an passé, m’empêcha d’être archonte ; Je prendrai ma revanche, et, j’y cours de ce pas.

— Dans le Bas-Empire. Titre des grands officiers de la cour do Constantinople. Le plus élevé en dignité s’appelait le grand archonte.

Il Archonte des archontes, Gouverneur ou intendant général des provinces. Il Archonte de l’alage, Commandant de la garde de l’empereur et du palais. Il Archonte des murs, Officier chargé de l’entretien- des murailles de Censtantino ple. il Archonte du tulde, Intendant charge de tout ce qui concernait les bagages de l’armée. Il Archonte de l’orfèvrerie, Officier chargé de la garde de l’orfèvrerie du

— Hist. ecclés. Archonte des antimeuses, Officier ecclésiastique chargé, dans l’Église grecque, de faire approcher de la sainte tableceux qui devaient communier, h Archonte des églises, Ecclésiastique qui avait l’intendance générale des églises. Il Archonte de l’Évangile, Ecclésiastique chargé spécialement de la garde du livre des Évangiles, il Archonte des contaces, Officier ecclésiastique chargé do garder les contaces. Il Archonte des lumières. Ecclésiastique qui avait soin de ceux qui devaient se présenter au baptême.

— pi. Archontes, Nom donné par les archontiques aux êtres surnaturels qu’ils croyaient avoir présidé à la création du monde.

— Moll. Sorte do coquille très-peu connue, et qui paraît avoir les caractères des hyales.

— Encycl. L’archontat fut d’abord une transformation de la royauté. Après le dévouement de Codrus, les Athéniens, prétendant que nul n’était digne de succéder à un tel prince, changèrent la royauté en une magistrature à vie (1045 av. J.-C), en laissant toutefois ce pouvoir affaibli à Médon, fils de Codrus, et à douze de ses descendants. En 752, l’archontat ne fut plus donné que pour dix ans. Enfin, en 6S3, il devint annuel et fut divisé entre neuf archontes, dont les trois premiers se partageaient les anciennes prérogatives de la royauté. L’archonte éponyme donnait son nom à l’année ; il était le protecteur légal des veuves et des orphelins, le gardien des droits des familles. L archonte roi était chargé des fonctions religieuses et jugeait les crimes d’impiété et d’homicide, h’archonte

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polémarque commandait l’armée et jugeait les différends entre les citoyens et les étrangers. Les six derniers, nommés archontes thesmothètes, connaissaient des causes nombreuses qui n’étaient pas du ressort de leurs collègues. Chacun des neufs archontes avait le droit de publier des édits. Tous étaient primitivement choisis parmi les eupatridesou nobles. Mais la constitution de Solon rendit l’archontat également accessible aux riches, en en faisant le privilège de la première classe de citoyens, qui comprenait tous ceux dont le revenu était le plus considérable, eupatrides ou non. Après les guerres médiques, Aristide fit passer un décret qui rendait toutes les charges publiques, même celles à’archonte, accessibles à tous les citoyens. La personne des archontes était sacrée tant qu’ils étaient en fonction. A leur sortie de charge, ils rendaient compte de leur administration devant l’assemblée du peuple, à qui étaient réservés le contrôle suprême et l’élection, et entraient alors de droit à l’aréopage, s’ils n’étaient l’objet d’aucune accusation. Les archontes subsistèrent jusqu’à la prise d’Athènes, par Démétrius Poliorcète (296 av. J.-C).

ARCHONTIQUE s. m. (ar-kon-ti-ke — rad. archonte). Hist. ecclés. Membre d’une secte du ne siècle, issue do colle dos valentiniens. Les archontiques prétendaient que le monde avait été crée par des esprits célestes qu’ils nommaient archontes (chefs) ; ils rejetaient les sacrements, niaient la résurrection des morts, et avaient en horreur les femmes, qu’ils regardaient comme une invention du diable.

ARCHOPTOSE s. f. (ar-ko-ptô-ze — du gr. archos, le rectum ; ptàsis, chute). Chir. Chute du rectum.

ARCHORRHAGIE s. f. (ar-kor-ra-jî — du gr. archos, le rectum, l’anus ; rhagein, rompre). Chir. Fissure à l’anus,

ARCHORRHAGIQUE adj. (ar-kor-ra-ji-kerad. archorrhagie). Chir. Qui appartient àl’archorrhagie.

ARCHORRHÉE s. f. (ar-kor-ré — du gr. archos, l’anus ; rheô, je coule). Méd. Hémorragie à l’anus.

ARCHORRHÉIQUE adj. (ar-kor-ré-i-kerad. archorrhée). Méd. Qui appartient à l’archorrhéc.

ARCHOSYRINX s. f. (ar-ko-si-rainkssdu gr. arkos, l’anus ; surinx, tuyau). Chir. Fistule à l’anus.

archure s. m. Çar-chu-ro — du lat. arca, coffre). Techn. Espèce do tambour circulaire qui entoure les meules d’un moulin à farine.

ARCHYLE s. m. (ar-chi-Ie — du gr. arche, principe ; ulè, matière). Philos. Nom donné par Ritgen à la matière primitive, à l’essence de la matière.

Archy-Moore OU l’Esclave blanc, par Richard Hildreth, roman abolitionniste, composé au retour d’un voyage que fit l’auteur dans les États du Sud, et durant lequel il avait puapprécier la condition des esclaves, dans ce

Eays. L’ouvrage parut d’abord en 1837, sous simple titre d’Archy-Moore, et obtint quelque succès ; réimprimé en 1852, après avoir subi divers remaniements, il fut, cette fois, publié sous lo titre de Y Esclave blanc, et devint bientôt populaire, malgré le grand bruit

de mistress II. Beecher-Stowe. Archy-Moore est l’autobiographie d’un esclave de ce nom, fils d’une négresse et du propriétaire de l’habitation, mais qui, par un caprice du sort, semble avoir hérité seulement de la couleur et de la vivacité de la race blanche. La scène sépasse en 1812, à l’époque de la guerre des États-Unis avec l’Angleterre, Après de nombreux revers, Archy-Moore, séparé de sa famille, est embarqué avec d’autres compagnons d’esclavage pour un des ports du Sud ; mais le navire est pris par l’ennemi et tous les esclaves rendus à la liberté, Archy, devenu maître de ses destinées, se fait matelot, arrive en Angleterre, où, à force de travail et d’intelligence, il devient un riche négociant. Il retourne alors en Virginie, où, après de nombreuses vicissitudes, il retrouve et affranchit sa femme et ses enfants qu’il avait laissés dans l’esclavage, et dont il était séparé depuis vingt-trois ans,

ARCHYTAS do Tarent, philosophe pythagoricien, né à Tarente vers l’an 440 av. J.-C, mort vers l’an 360, était contemporain et ami de Platon. Ce philosophe fut à la fois mathématicien, astronome, homme d’État et général. Il jouit au plus haut degré de l’estime de ses concitoyens, qui lo placèrent sept fois à la

croit l’inventeur de la vis, de la poulie., de la crécelle, ainsi que plusieurs découvertes en géométrie. La célèbre colombe volante, dont l’antiquité lui attribuait la construction, était sans doute une sorte d’automate analogue à ceux de Vaucanson. Archy tas avait composé un grand nombre d’ouvrages, dont il ne nous est parvenu que des fragments. Il reste cependant sous son nom un traité sur les Universaux. On connaît la belle ode qu’Horace a consacrée ’ de sa mort :

Te maris et terrai numeroque carentis an

Mcnsnrem cohibent, Arctiyta, etc. Pulueris exigui prope liitusparva Matinu

ARCHYTÉE s. f. (ar-chi-té). Bot. Genre de la famille dos théacees ou caraelliées, renfermant une seule espèce, qui croît au Brésil.

(ancien duché de Toscane) ; 3,200 hab.

ARCIFÈRE adj. (ar-si-fè-rc — du lui. arcus, arc ; ferre, porter). Mytli. lat. Qui porto un arc. Surnom do plusieurs divinités, telles que Cupidon, Diane, Apollon.

— Astron. Substantif. L’arcifère, Le Sagittaire, un des douze signes du zodiaque.

Arciforme adj. (ar-si-for-me — du lat. arcus, arc ; forma, forme). Qui a la forme d’un arc.

— Anat. Fibres arciformes. Fibres qui partent de la ligne blanche, dépendent de l’aponévrose du grand oblique du côté opposé, s’entre-croisent avec celles du côté correspondant, et viennent renforcer l’angle de séparation dès deux piliers de l’anneau.inguinal externe.

ARCIGÈRE adj. (ar-ci-jè-re — du lat.arcus, arc ; gerere, porter).Myth. lat. Syn. de arcifère.

— Entom. Se dit d’une espèce du genre atto : Latte arcigère est une aranéide du midi de la France, ainsi nommée parce qu’elle a sur l’abdomen un arc de cercle blanc qui entoure sa partie antérieure. (Walken.)

ARCILIÈRES s. f. pi. (ar-si-li-è-re — rad. arc). Techn. Pièces de bois cintrées et tournant sur place, qui entrent dans la construction d’un Dftteau foncet.

ARCIMBALDE s. f. (ar-sairr-bal-de). Bot. Syn. de menziézie.

AUCIMBOLD1, célèbre famille milanaise originaire de Parme, qui donna plusieurs archevêques à la capitale de la Lombardie.

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né v.,

de son talent de portraitiste, pour être peintre de la cour de l’empereur Maximilien, emploi qu’il conserva sous Rodolphe. Selon Lanzi, il excellait à peindre certaines figures qui, vues à distance, semblaient représenter un homme ou une femme, et qui, de près, offraient un mélange de fruits, de Heurs, de feuillages. ou de tous autres objets. C’est ainsi qu’il peignit une figure de Y Agriculture, composée de manches de charrues, de cribles, de faux et d’autres instruments aratoires. Un peintre de Crémone, Giovanni da Monte, qui vivait dans le même temps, produisit des fantaisies analogues : il personnifia la Cuisine, en formant la tête et les membres avec des marmites, des chaudrons et d’autres ustensiles. Des compositions de ce genre, peintes par Arcimboldi, se voient au musée de Vienne.

arcinelle s. f. (ar-si-nè-lo — du lat. arcinella, dimin. de arca, arche). Moll. Nom donné à diverses coquilles, appartenant, les unes au genre came, les autres au genre cardite.

ARC1S-SUR-AUBE, ch.-lieu d’arrond. (Aube), sur la rive gauche de l’Aube, à 27 kilom. de Troyes et 157 kilom. de Paris ; pop. aggl. 2,771 hab. — pop. tôt. 2,815 hab. L’arrond. a 4 cant., 93 comm., 35,764 hab. Fabrication de bonneterie, filatures de coton, commerce de fils d’archal et d’ouvrages en fer, ’tanneries, carrières de meules pour les couteliers. Patrie de Danton. Dans un château des environs, naquit Villehardouin, historien de la quatrième croisade. Sanglante bataille livrée dans la campagne de 1814. V. ci-après.

AfiClS-SU !l-AUBE (bataille d’). Après les brillants succès qui signalèrent l’admirable campagnéde 1814, Napoléon, réduit par ses victoires mêmes aune poignée de combattants, tandis que la masse écrasante des alliés n’en paraissait nullement affaiblie, conçut le plan d’une audacieuse manœuvre qui allait doubler, tripler peut-être le nombre de ses invincibles solclr.ts : c’était de se porter sur les derrières de l’ennemi, de marcher sur les places fortes de l’État, d’en concentrer sous sa main toutes les garnisons, puis de revenir rapidement avec ces troupes nombreuses et aguerries prendre les alliés à revers et jeter le plus effroyable bouleversement dans leurs colonnes. Toutefois, avant de mettre ce hardi projet à exécution, il comprit la nécessité de faire subir à l’une des deux armées envahissantes un échec capable de ralentir sa marche sur la capitale. Celle de Bohème, que commandait le prince de Schwarzenberg, avait pris position à Nogent et lui prêtait le flanc : c’est elle qui allait se trouver exposée aux coups redoutables du vainqueur de Champaubert et de Montmirail. Le 19 mars (1814), Napoléon se-dirigea sur Provins, où il espérait tomber au milieu des colonnes très-peu concentrées du prince de Schwarzenberg, dont il ne connaissait pas les derniers mouvements, mais qui, inquiet de se trouver si près de son terrible adversaire, avait rappelé autour de lui, dans la journée du 18, ses corps trop dispersés. Napoléon, avec sa prodigieuse justesse de coup d’œil, s’était bien vite rendu compte de cette prudente manoeuvre ; mais sachant par expérience qu’en se jetant résolument au milieu de troupes en mouvement, on n’a qu’une faible résistance à vaincre, il avait traversé l’Aube sur le pont de Plancy et s’était porté vers la Seine. Il ordonna aux maréchaux Oudinot et Macdonald et au général Gérard de remonter vers lui par Provins, Villeuauxe, Anglure, Plancy, et de

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le rejoindre à Arcis par la rive droite de l’Aube ; Ney devait parvenir au même point dans la journée avec [a jeune garde, et Priant avec la vieille ; pendant ce temps-là, lui-même y arriverait le lendemain matin 20, avec la cavalerie de la garde, en remontant l’Aube par la rive gauche. Le lendemain, en effet, Napoléon fut rendu vers le milieu du jour a Arcis, où il trouva le général Sébastiani et le maréchal Ney fort soucieux des mouvements

3u’ils avaient observés sur leur route : tous eux croyaient avoir aperçu l’armée entière de Bohême concentrée entre Arcis et Troyes. S’il en était ainsi, nous n’avions pas de temps à perdre pour repasser l’Aube et mettre cette

moins de 20,000 hommes, il nous était impossible de tenir tête aux 90,000 combattants du prince de Schwarzenberg. Mais Napoléon, gui avait vu ces troupes échelonnées les jours précédents, ne pouvait se résigner à croire qu’elles se fussentsubitementeoncentrées pour une bataille ; néanmoins, il n’y avait plus à on douter : Schwarzenberg, ferme quoique peu téméraire, avait fini par trouver honteux de reculer toujours devant un ennemi épuisé et si inférieur en forces ; il était d’ailleurs fatigué des propos des Prussiens, de leurs forfanteries continuelles, et il avait résolu d’affronter le choc que sa dignité militaire ne lui permettait plus d’éviter. Vers deux heures, il se trouvait donc en face d’Arcis, ayant ses différentes masses de troupes reliées autour de lui.

Le général Sébastiani, piqué de certaines paroles de Napoléon, qui avait refusé de prendre ses craintes au sérieux, s’était lancé sur la route de Troyes avec quelques escadrons pour observer une seconde fois ce qu’il croyait d’ailleurs avoir déjà bien vu. Il ne tarda pas à apercevoir, derrière quelques ondulations de terrain, la cavalerie bavaroise et la cavalerie autrichienne qui s’avançaient en masse, et it revint à toute bride rendre compte à Napoléon de cette reconnaissance. On fit aussitôt monter à cheval les divisions Colbert et Exelmans pour les opposer au torrent de la cavalerie """"mie ; mais elles furent aussitôt culbutées sur l’autre, et l’empereur, qui accourait e point, n’eut que le temps de se réfugier

in d’un bataillon polonais, qui se forma

carré pour protéger le précieux dépôt abrité par ses baïonnettes. Les Polonais résistèrent héroïquement à une pluie d’obus et aux assauts répétés d’innombrables escadrons. Dès que le premier choc de cette cavalerie se fut amorti, Napoléon s’élança vers Arcis, arrêta, rallia ses cavaliers en fuite ; puis, mettant l’épée à la main ; « Soldats, s’écria-t-il, n’êtes-yous plus les vainqueurs de Champaubert et’de Montmirail ! » et reformant lui-même leurs rangs rompus.par ce choc inattendu, il leur fit exécuter des charges furieuses sur l’ennemi, dont ils- parvinrent à contenir les masses sans pouvoir toutefois les repousser entièrement. De son côté, Ney, établi dans le Grand-Torcy, s’apprêtait a résister à tous les efforts de l’armée de Bohême. En attendant que 6,000soldats de la vieille garde, dont on apercevait’ les têtes de colonnes sur l’autre rive de l’Aube, arrivassent à son secours, il n’avait que 10,000 jeunes soldats fi opposer à toutes les réserves russes, prussiennes, autrichiennes, qui marchaient à cette attaque, c’est-à-dire à plus de 40,000 hommes d’infanterie, sans compter des flots de cavalerie. Il défendit le Grand-Torcy avec uni invincible énergie, et arrêta par un feu épouvantable les masses de l’infanterie autrichienne. Accablé un moment sous le nombre et rejeté hors de cette position, il y rentra aussitôt par une charge furieuse à la baïonnette exécutée par quelques-uns de ses bataillons, et résista comme un mur de fer à tous les assauts. Pendant ce temps-là, Napoléon, courant sans cesse d(’Arcis à Torcy pour électriser les troupes par’sa présence, faillit voir son étonnante destinée terminée d’un seul coup. Un obus tombe devant les rangs d’un jeune bataillon, peu familiarisé encore avec ce genre de spectacle. À l’aspect du projectile fumant, les hommes les plus rapprochés reculent d’un

F as. Napoléon pousse aussitôt son cheval sur obus, pour leur enseigner le mépris du danger ; mais alors l’obus éclate et le couvre de Feu et de fumée, en blessant seulement son cheval. Napoléon sort sain et sauf du nuago enilammé : « Ne craignez rien, mes amis, dit-il en riant à ses jeunes soldats effrayés ; le boulet qui me tuera n’est pas encore fondu ; » puis il se jette sur un autre cheval, au milieu de leurs cris d’enthousiasme.

Grâce à ces actes d’héroïque témérité, nous conservons notre position. Enfin, la vieille garde, conduite par l’intrépide Friant, débouche par le pont d’Arcis. Napoléon en détache aussitôt deux bataillons au secours de Ney, tandis qu’il range lui-même le reste en avant d’Arcis. Au même moment, le général Lefebvre-Desnouettes arrivait de Paris avec

2,000 cavaliers ; le général Sébastiani, mettant aussitôt à profit ce renfort inespéré, se déploya dans la plaine d’Arcis, et culbuta à son tour les « scadrons ennemis. Mais on luttait contre une supériorité de forces trop écrasante pour oser prétendre à une véritable victoire : toute l’ambition de Napoléon et de ses généraux était de se maintenir jusqu’à la nuit, afin d’échapper à un désastre auquel notre indomptable énergie fut seule capable de nous soustraire. Nous avions en effet combattu d’abord avec 14,000 hommes contre 40,000, puis avec 20.000