Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 2, An-Ar.djvu/253

Cette page n’a pas encore été corrigée

558

ARB

foudre, qui s’élève dans une petite clairière à sept milles de Windsor, près du village de Binfield. Entouré du respect universel, il est couvert d’un grand nombre d’inscriptions, parmi lesquelles celle d’une femme, lady Gower, qui a tracé ces simples mots : //ère Pave sung (ici Pope a chanté). Pope était encore enfant lorsqu’il habitait Binfield. Les richesses de-son père, ancien marchand de Londres, lui donnaient de nombreux loisirs. Faible de corps, et même contrefait, il aimait. et cherchait la solitude, qui favorisait chez lui l’essor du génie poétique. Dès l’âge de douze ans, il avait composé l’Ode à la solitude, sous l’ombre de ce hêtre où il aimait à se reposer, et qu’il devait bientôt quitter cour briller parmi les premiers écrivains de 1 Angleterre.

Le Pommier de Newton, Pommier resté célèbre, parce que la tradition rapporte que c’est, couché sous son ombrage et en voyant une pomme se détacher d’une branche, que Newton conçut la première idée de la gravitation universelle. Ce pommier devint pour les Anglais l’objet de la plus grande vénération ; on y va en pèlerinage, et le gentleman est le plus heureux des hommes quand il peut rapporter de Wooistrop une branche de l’illustre pommier, dont il se fait une canne. On en fabrique aussi des tabatières qui s’élèvent à un prix exorbitant ;. il faut être un lord à plusieurs millions pour porter la gravitation dans sa poche, et

Ce tabac est divin, il n’est rien qui l’égale.

Le Noyer de J.-J. Rousseau. Jean-Jacques parle dans ses Confessions d’un noyer qu’il avait aidé à planter sur l’esplanade du prèsbytère de Bossey, village où il avait passé quelques années de son enfance chez un pasteur. Avec les années, ce noyer prit des-pro-Fortions magnifiques, et, depuis la mort de auteur à’Emile, il devint pour les touristes l’objet d’une sorte de pèlerinage. Aujourd’hui ce noyer n’existe plus : sans respect pour son origine, ou parce qu’il l’ignorait, un paysan l’abattit en 1702. Le Laurier d’Isola Bella, Arbre magnifique qui se trouve dans une des lies Borromées (lac Majeur). Cet arbre a 20 mètres de hauteur, et, ce qui est excessivement rare pour cette espèce, le tronc est de la grosseur d’un homme. "Un glorieux souvenir historique se rattache a ce laurier.- Trois jours avant la bataille de Marengo, un jeune homme a la figure maigre, mais très-expressive, dînait sous son.feuillage. Dans l’intervalle du premier au deuxième service, il écrivit sur l’écorce du laurier, contre, lequel il était appuyé, le mot italien battaglia, (bataille). Ce jeune homme aurait pu écrire victoire, car il s’appelait Bonaparte.

Le Saule de Sainte-Hélène. La mort n’avait pas mis fin a l’exil de Napoléon ; ses exécuteurs testamentaires ne purent obtenir que ses restes furent transportés en Europe, et il fallut se résigner.à 1 enterrer dans sa cage anglaise. À Hut’s Gâte, plongeant du regard dans la belle vallée du Géranion, il avait dit un jour au grand maréchal : « Si je dois mourir sur ce rocher, que l’on m’enterre au-dessous de ces saules, près du ruisseau. > Ses compagnons obtinrent ce dernier asile pour sa dépouille mortelle, et la cérémonie funèbre eut lieu le 9 mai 1821. Vingt ans après, en 1840, un Français, le prince de Joinville, alors ■ capitaine de vaisseau, allait reprendre à la terre d’exil les restes de l’empereur, pour les rapporter à Paris et les déposer aux Invalides, sous la garde des vieux compagnons de sa gloire, et « sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple français qu’il avait tant aimé. » En 1830, de nombreuses pétitions avaient étéadressées à ce sujet aux Chambres, qui les laissèrent d’abord sans réponse. C’est à ce dédaigneux silence que Victor Hugo fait allusion dans son admirable Ode à la colonne :

Hélas ! bêlas ! garde ta tombe,

Garda ton rocher écumant,

Où, t’abattant comme la bombe,

Tu vins tomber tiède et fumant.

Garde ton âpre Sainte-Hélène,

Où de ta fortune hautaine.

L’œil ébloui voit le revers ;

Ton 6aule sacré dont les feuilles S’éparpillent dans l’univers.

Le Saule d’Alfred de Musset ; saule pleureur qui a été planté, dans la grande nécropole de Paris, sur la tombe de ce poète charmant. C’était la réalisation d’un désir que l’Anacréon français avait formulé dans ces vers d’une poésie simple et touchante :

Mes chers amis, quand je mourrai,

Plantez un saule au cimetière ;

J’aime son feuillage éploré ;

La pâleur m’en est douce et chère,

Et son ombre sera légère

À la terre où je dormirai. La poésie a des échos qui se répondent h toutes les extrémités du monde. Un bardé américain ayant lu ce vœu touchant, eut l’idée de répondre à l’appel du barde français. Il alla prendre sur les bords du Rio de la Plata un jeune saule avec lequel il s’embarqua, lui prodigua, aux yeux de l’équipage ému, tous les soins d’une sollicitude maternelle, débarqua en France au milieu d’une acclamation gêné raie ; et aujourd’hui, dans la sombre enceinte du cimetière du Père-Lachaise, le saule du poète français a un frère.

Arbre de Noël, branche d’arbre vert, houx, pin ou sapin, qui joue le principal rôle dans les divertissements de la jeunesse et de l’enfance la veille de la fête de Noël. Cette fête se célèbre principalement chez les peuples du Nord d’origine Scandinave et germanique, qui aspirent le plus vivement au retour de la belle saison. C’est un jour de joie et d’allégresse pour l’enfance, cet emblème vivant de la saison printanière. Le printemps est loin encore ; mais l’homme prend si facilement l’espérance pour la réalité. Les païens avaient leurs saturnales ; nous avons la Noël et Carnaval. La chose change de nom, mais c’est toujours la njême chose. Pourquoi en sérait-il autrement ? Ces fêtes sont les fêtes de la nature, et •la nature est immuable ; elle était au temps d’Adam et’de Constantin ce qu’elle est auiiècle. C’est en Norvège surtout qu’il faut

annoncée et représentée par l’arbre de Yule ; ni l’Allemagne, ni l’Angleterre, qui ont accepté les usages des peuples du Nord, ne les ont conservés fidèlement. Voici, à ce sujet, quelques particularités extraites du Voyage en Norvège de M. Louis Enault. "

« L’hiver joyeux est inauguré par les fêtes d’Yule, qui commencent la nuit de Noël et qui se prolongent jusqu’au dimanche des Rois. C’est une quinzaine de jours qui se passent en parties de plaisir, en dîners et en visites. On se prépare longtemps à l’avance à ces fêtes d’Yule... EstrCe un lointain souvenir des saturnales du vieux moride ?

« Les fêtes d’Yule remontent à une période antè-historique.. On les trouve en Norvège longtemps avant l’introduction du christianisme. Le roi Olof les proscrivit comme des vestiges impies du paganisme. Plus tard, et sous la domination dès lors incontestée du christianisme, elles furent rétablies. Leur coïncidence avec les fêtes de Noël, si chères à tout le nord de l’Europe, les préserva désormais de la persécution. On crut les célébrer en l’honneur du Christ, bien que leur nom d’Yule, ou Jule, qu’elles ont conservé, dérivât de Jolner, un des surnoms d’Odin....

Le matin de NoGl, on prend la plus belle gerbe dans les greniers, .on la fiche au bout d’une perche, on plante la perche sur le toit de la principale habitation du Gaard, à côté de la cloche de commandement, dont la voix de hronze transmet les ordres du >père de famille... Ainsi veut-on qu’à l’exemple de l’homme, les oiseaux puissent aussi fêter Yule. »

Ce nom 6e retrouve chez tous les peuples septentrionaux : les Irlandais, les Danois, les Suédois disent Jul, Jeul, Jol ; les Anglais et les Scots, Joule, Jeole, Yule, Yu ; les Anglo-Saxons, Jehal, Geol, Gehuil ; les Finnois et les Ethouiens, Joulon, Joulo ; les Celtes, Gevyl, Gevell ; les Lapons, Jouis.

Yule est tout simplement le symbole du soltstice d’hiver^ et larbre, la branche, ]’«<•- qui le représentent, figu d’une année pleine de pro La fête de Jul, dans la Scandinavie, fut entourée des plus grands privilèges ; elle eut celui de protéger les criminels contre la justice. Cette trêve, appeléele Julfr’ed ou la paix de Jul, commençait à la nuit de Noël.

En ce jour, si impatiemment attendu de toute la’famille, parents et enfants, maîtres et serviteurs, voisins et amis, la première chose qui frappe dans le salon, ou dans la chambre de l’hospitalité chez les paysans, c’est l’arbre enchanté, beau sapin fraîchement coupé, aux branches chargées de lumières, de fleurs, de fruits, de dentelles, de jouets, de friandises, de dorures. On en voit dont la seule ornementation revient à plusieurs milliers de francs. C’est un souvenir du chêne Yadrasil, cet arbre du monde célébré dans VEdda, dont la couronne était caressée par un nuage brillant, source de la rosée, et qui s’élevait toujours vert, au-dessus de la fontaine d’Urda.

Le Norvégien, qui a suspendu une gerbe de blé sur son toit rustique, a parsemé le parquet ciré de sa demeure de petites branches de sapin, aux fraîches odeurs. Les guirlandes vertes festonnent les murs. Sur les meubles frottés et polis, des flocons de laine blanche s’entremêlent aux fleurs artificielles. On attend les parents et les convives, amenés en traîneau.

L’Allemagne reste éveillée pendant toute cette nuit, la Weihndcht. La fête appelle à elle les petits enfants. Dès la veille, un arbre, chargé de petits cierges, de bonbons, de joude Werther, fait allusion au bonheur

domestique de cette charmante veillée ; Charlotte, qu’entourent ses petits frères et ses petites sœurs^ dissimule son inquiétude sous un sourire grondeur, et leur dit : o Vous aurez, si vous êtes sages, une bougie roulée, et encore quelque chose avec. • L’heure venue, la porte de la maison s’ouvre à l’éclat des lumières, pour étaler les merveilles, les présents, admirés de tous. Le Christbaum est salué des cris d’une joie bruyante. Heureux arbre, qui est remplacé en France par une 6iîcAe prosaïque, qu’on bénissait, dit un vieux chron : •

ARB

queur, en versant du vin dessus, et en disant : Au nom du Père !

Pour l’Angleterre, la Noël et le jour de l’an s’annoncent au cri de Christmas ! (Messe, fête du Christ). Ne parlons pas des monceaux de victuailles préparés pour la circonstance. ■ Merry Christmas and happynew-year ! Joyeuse Noël et heureuse année I Cherchons l’arbre 1 où est-il ? — Cet arbre est le mistletoc, branche de gui ou de houx, enlacée de lierre, suspendue dans le salon, et portant, comme en Allemagne, des jouets, des friandises, des cadeaux, etc. C’est aussi la branche de sapin portée de ferme en ferme, de chaumière en chaumière, par les waits, ou chanteurs ambu- ’ lants, qui parcourent les campagnes, en redisant les vieux Carols ou Noëls des anciens âges. Si un gentleman a l’adresse d’attirer une femme ou une jeune fille sous le feuillage suspendu dans la salle de réunion, il a le droit de l’embrasser. Le mistletoc est l’arbre sous lequel on ne peut refuser un baiser : tel est l’arbre de la réalité. Mais en Angleterre, la’ Noël est encore plus célébrée en imagination qu’au naturel. Il existe h cette époque de 1 année une littérature spéciale, illustrée d’images faites pour la circonstance, qui font succéder un monde fantastique, vaporeux, au monde réel et connu. Conteurs et dessinateurs cherchent à fasciner l’esprit et les sens par des scènes, des tableaux, des apparitions, moitié chrétiennes, moitié païennes, qui associent dans un pêle-mêle étrange les deux éléments jadis hostiles qui se sont disputé la- foi des races Scandinaves et saxonnes.

Dans le midi de l’Europe, l’arbre de Noël est inconnu, à moins qu’on ne veuille en retrouver en Provence une image touchante dans la Jtose de Jéricho, tige rameuse desséchée qui, mise dans un vase d’eau, se gonfle peu à peu d’humidité, s’étend et se dilate au grand ébahissement des convives qui entonnent les vieux noëls.

Dans les pays catholiques et principalement dans les grands pays du Nord, où domine la religion protestante, en Allemagne et en Àntleterre, un sentiment plus développé des joies e la famille fit donner à ces petites fêtes une importance de plus en plus grande ; aux rubans on ajouta dès jouets, des bonbons, et la fête de Noël devint, en souvenir de Jésus naissant, la fête par excellence des petits enfants. C’est en effet dans les pays du Nord et de l’Est que l’on.observe surtout cet usage d’orner un arbre vert le jour de Noël, usage complètement inconnu dans l’ouest de la France et dans les ’ contrées méridionales.

En Allemagne principalement, ce jour est l’occasion des plus charmantes fêtes d’intérieur. Tous les parents se rassemblent dans la demeure du chef de famille, et les amis sont invités à ces cordiales réunions. Sur une table dressée dans la plus grande salle de la maison, on élève de petits sapins chargés de bougies, et la maîtresse de la maison dispose les présents destinés à chacun de ceux qui assistent à cette fête. Tout cela se fait en grand secret, car on veut laisser à chacun le plaisir de la surprise. Le soir, les petites bougies du Christbaum sont allumées et éclairent les richesses répandues sur la table. La salle magique s’ouvre, les enfants s’y précipitent avec des cris de joie ; chacun court à la part de largesse maternelle qui lui est réservée, et alors ce sont des acclamations de bonheur, des transports qui ravissent le cœiir de celle qui a si bien su deviner les goûts de ses petits convives.

En Angleterre, l’arbre de Noël se généralisé. 11 se fait à Londres une énorme consommation de branches de houx. Il se consomme moins de buis en France le jour des Rameaux, que de houx à Londres la Veille de Noël. » Ce jour-là, dit le Magasin pittoresque, les boutiques rivalisent de coquetterie pour attirer les chalands. Toutes celles où se débitent des comestibles ou des boissons se parent de leur mieux, soit avec leurs marchâhdisés les plus attrayantes, soit avec des ornements étrangers, et parmi ces ornements, le plus généralement employé est la branche de houx. Les bouchers, les charcutiers, les pâtissiers, les épiciers en tapissent l’intérieur et l’extérieur de leurs établissements. Mais c’est principalement dans les cuisines que les vendeurs de noux sont surs de placer avantageusement leur’marchandise, car toutes les cuisinières de Londres sont convaincues que si elles n’avaient pas suspendu à la Noël une branche de houx contre les vitres de leur fenêtre, elles n’obtiendraient pas un regard tendre ou affamé du moindre policeman. » Terminons par cette ballade charmante, l’ARSRE de Noël, chant d’une mère, composée par le poëte Hebel :

« Il dort, il dort ; il est la comme un petit prince. Cher ange, je t’en prie, ne t’éveille pas. Dieu, prends soin de mon enfant dans son

amour chercher un petit arbre dans la chambre.

Qu’y a-t-il aux branches de cet arbre ? Un

beau gâteau, une chèvre, un petit bœuf, des

fleurs roses, et jaunes et blanches ; tout cela

Qu’y a-t-il encore sur cet arbre ? Un beau mouchoir rouge et blanc. O inon enfant ! Que Dieu te garde ; que Dieu te garde des larmes amères I

ARB

Qu’y a-t-il encore ? Un joli petit livre, enfant, un livre avec des images de saints et de bonnes prières.

À présent, va, réjouis-toi, il ne manque plus rien de bon. Que vois-je ? une verge ! La voilà.

— » Elle ne te fait pas plaisir. Mais une mère a le cœur tendre ; elle’enveloppe cette verge de soie et de rubans.

« Tout est disposé avec soim Le petit arbre est beau comme un arbre de niai, et le Noël des enfants dure jusqu’au jour.

Mais voilà que le garde de nuit annonce la onzième heure. Comme le temps passe !

Que le Seigneur te protège et te donne une autre fête ! le Christ aime les petits enfants et il leur sourit. Tâche d’être sage comme lui. »

Ce chant, dont une traduction ne saurait reproduire la touchante simplicité, est très-populaire en Allemagne.

Arbres de la Liberté. L’usage des arbres symboliques, des arbres sacrés, remonte à. la plus haute antiquité. Il suffit de rappeler le myrte et le tilleul consacrés à Vénus, le laurier à Apollon, le chêne à Jupiter, le cèdre aux Euménides, etc. Des forêts entières étaient même consacrées à certaines divinités. On sait aussi combien les Gaulois avaient en vénération le chêne et la plante parasite qui s’y attache, le gui.

De tout temps on a, chez nous, planté des mai en signe de réjouissance publique. Le mai ou arbre de mai était d’ailleurs planté par beaucoup de peuples, le premier jour du mois de ce nom, sans doute pour célébrer le retour du printemps. Les clercs de la basoche, à Paris, plantaient leur mai en juillet, dans la grande cour du Palais de Justice, qui s’appelle encore Cour du mai. Partout ces arbres étaient sans racines.

À l’époque de la Révolution, l’enthousiasme public transforma les mai en arbres de la Liberté, qui devaient grandir avec les institutions nouvelles. ’,

Le premier qui planta un arbre de cette nature paraît avoir été Norbert Pressac de la Chassagnaie, curé de Saint-Gaudens, près de Civray, département de la Vienne. En mai . 1790, dans l’enivrement des grandes fédérations, qui resteront comme une des pages les plus sublimes de notre histoire moderne, le pasteur patriote eut l’idée de célébrer ainsi l’installation de la municipalité constitutionnelle. Il fit planter un jeune chêne sur la place • du village ; et, en présence de tous les habitants, prononça à la louange de la Révolution une harangue dont le passage suivant nous a été transmis :

’ » Au pied de cet arbre, vous vous souviendrez que vous êtes Français ; et dans votre vieillesse, vous rappellerez à vos enfants l’époque mémorable a laquelle, vous l’avez planté.»

À la suite de cette cérémonie, tous les citoyens qui avaient des procès les terminent d’enthousiasme par simples décisions d’arbitres, et les plus vieux ennemis, les hommes de religions différentes, les riches et les pauvres, s’embrassent au milieu de l’allégresse universelle. Cet épisode, mentionné dans l’Histoire des arbres de la Liberté, de Grégoire, et dans une lettre insérée au Moniteur ia 25 mai 1790, se reproduisit des miniers de fois dans toutes unes de France. On sait quelle était de la nation dans cette première

fraternité universelles. Cette flamme d’enthousiasme et d’amour, cette vie nouvelle qui palpitait dans les veines du peuple s’épanchait au dehors en manifestations symboliques, qui étaient de véritables actes de foi, et qui font sourire aujourd’hui des générations desséchées de scepticisme. Les plantations à’arbres de la Liberté étaient donc en réalité l’un des rites de la religion nouvelle, qui avait pour dogmes la Patrie, la Liberté, l’Égalité. Cet emblème charmant, orné de fleurs et de rubans à la nation (c’est-à-dire.tricolores), devint pour le peuple le signe de>ralliement, le labarum du civisme, aussi sacré pour le citoyen que le drapeau l’est pour le soldat. En mai 1192, on en comptait plus de-soixante mille en France. Paris en avait déjà alors un grand nombre. L’ex-marquis de Villette, adepte chaleureux des idées nouvelles, écrit à cette époque : « On voit s’élever dans Paris deux cents arbres de la Liberté tous chargés de guirlandes, de rubans et de fleurs. » (Chronique de Paris.) Cet ornement gracieux, indépendamment de l’idée qu’il Symbolisait, avait eu outre l’avantage d’inaugurer dans les étroites et noires cités de la vieille France un embellissement naturel qui ne demandait qu’à être généralisé, et d’y introduire une chose aussi nouvelle que la liberté : la verdure et le ehant des oiseaux. Grégoire avait-il l’intuition des idées de notre temps sur l’édilité, lorsqu’il écrivit à ce sujet : « Peut-être sentira-t-on qu’il est possible et que dès lors il est nécessaire, dans les rues infectes de diverses communes, de faire des plantations qui seront quelquefois un principe de salubrité, et toujours une source d’agrément. • (Hist. des arbres de la Liberté.). "

Au 20 juin 1792, jour de 1 envahissement des Tuileries, l’un des détails dii programme de la journée était d’aller planter Parbfe de là liberté sur la terrasse des Feuillants, en coin-