Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 2, An-Ar.djvu/191

Cette page n’a pas encore été corrigée

496 APO

— Prov. et fig. Il faut que l’apostume crève, II faut ^ue ce que l’on cache finisse par se découvrir.

c pane h crac nt, InQKration. V. ABCES.

apostumé, ée (a-po-stu-mé) part. pass. du v. Apostumer.

APOSTUMER v. n. ou intr. (a-po-stu-môrad. apostumé). Former apostumé, venir à suppuration : La tumeur, l’abcès apostumé. il Vieux. On dit aujourd’hui : La tumeur abcède.

ÀPOSURES s. m. pi. (a-po-zu-re — du gr. a priv. ; pous, pied, et oura, queue). Entom. Tribu de lépidoptères nocturnes, dont les chenilles n’ont point de pattes à la partie inférieure du corps,

APOSYRME s. m. (a-po-zir-rne — du gr.

hasse). Méd. XJ ?""™"’* ;-
l’a peai

apotactique s. m. (a-po-ta-kti-ke — du gr. apotattomai, jo renonce). Hist. ecclés. Membre d’une secte chrétienne qui renonçait à. tous les biens de la terre. Même sens que

APOSTOLIQUE.

APOTAPHE adj. (a-po-ta-fe — du gr. apo. loin de ; taphos, tombeau). Antiq. Nom donne à ceux qui étaient privés de sépulture, soit en vertu de quelque disposition de la loi, soit par pur accident.

apote s. m. et adj. (a-po-te — du gr. a

Eriv. ; potos, boisson). Qui n’éprouve pas le esoin de boire, qui peut vivre sans boire : Les Heures, les lapins sont apotes.

apotélesmatique adj. (a-po-té-lè-smati-ke — du gr. apo, de : teleà j’achève). Se disait, au moyen âge, de l’astrologie judiciaire basée sur l’inspection des planètes, des étoiles, du ciel : Art apotélesmatique. Calcul ap’oté-

LESMATIQUE.

apotélesme s. m. (a-po-té-lè-sme — du gr. apo, de ; teleô, j’achève). Méd. Terminaison d’une maladie.

AFOTEMNOUM s. m. (a-po-tèmm-noummdu gr. apotemnô, je divise). Bot. Genre de champignons rangé parmi les coniomycètes.

APOTÈRE s. m. (a-po-tè-re — du gr. a

Sriv. ; potos, boisson). Bot. Genre de plantes e la famille des guttifères, fondé sur une espèce originaire de Java.

APOTHÉCIE s. f. (a-po-té-sî — du gr. apothèkè, réservoir}. Bot. Réceptacle qui, dans les lichens, renferme les corpuscules reproducteurs, n On dit aussi APOTHECE.APOTHÉCION et APOTIIÈQUE.

— Encycl. Les apothécies sont les réceptacles de la fructification dans les lichens. Ces réceptacles sont tantôt ouverts en godets, tantôt clos par une membrane nommée péri-. thègue, tantôt fournis par l’expansion même du lichen nommée thallus ou thalle, tantôt formés par une substance distincte. Ils renferment des espèces de sacs verticaux, eylindroïdes ou en massue, appelés thèques, À ces thèques ou cellules-mères s’entremêlent des cellules allongées, simples ou rameuses, unies par, leur sommet, nommées thèques avortées ou paraphyses, qui lient tout ce système en une sorte de masse unique. Les thèques renferment des corps ovoïdes, cloisonnés et biloculaires, au nombre de quatre ou de ses multiples, que l’on désigne sous le nom de spores, et que l’on regarde comme de véritables sporanges. On n’a pas encore pu observer la germination de ces spores. On a classé les lichens d’après les caractères de leurs apothécies : ainsi on appelle coniothalamés ou pulvérulents ceux dont les apothécies sont fournies par le thalle même, idiothalamés ou crustacés ceux où elles sont formées par une substance propre, gastérathalamés ceux où elles sont munies de périthèques, et hyménolhalamés ceux où elles sont ouvertes. Les apothécies ont été souvent désignées sous les noms de disque, scutelle, tubercule, globule, lirellc, etc., suivant les différentes formes qu’elles affectent.

apothème s. m. (a-po-tè-me — du gr. apo, loin de ; tithèmi, ^ place). Chim. Dépôt brun et pulvérulent qui se forme lorsqulon dissout dans l’eau un extrait quelconque.

— Géom. Perpendiculaire abaissée du centre d’un polygone régulier sur un de ses côtés : Tout polygone irrégulier, mais circonscriptible à une circonférence, peut avoir aussi uifxpo- thème. (La Landrière.)

— Encycl. Vapothème est une droite qui parait dans plusieurs figures de géométrie :

1» Dans un polygone régulier, on appelle apothème le-rayon, du cercle inscrit, ou, ce qui est la même chose, la perpendiculaire aba.ssée du centre sur un des côtés. Ce côté est partagé en deux segments égaux par la ren outre de Vapothème. Soient AB = C le côté d’un polygone régulier quelconque, BO=R le

rayon du cercle circonscrit, et OD = A l’apothème. Le triangle BOD est rectangle, et donne par conséquent la relation

OD2 = BÔ2-BDS. ou A3 = R2—C4

d’où. A^V-m2— C2.

igle au centre, O, et, par suite, -O. On a

A=Rc(

—O

Cette seconde formule est très-usitée pour calculer Vapothème d’un.polygono en fonction du rayon ou, inversement, pour trouver le rayon à l’aide de Vapothème.

20 Dans une pyramide régulière, Vapothème est la perpendiculaire abaissée du sommet sur un des côtés de la base.

30 Dans un cône droit, Vapothème est la ligne droite qui joint le sommet à la circonférence de la. base. Cette ligne est encore souvent appelée côté ou arête.

apothéosant (a-po-tô-0-.zan) part. prés, du v. Apothéoser.

APOTHÉOSE s. f. (a-po-té-o-ze — du gr. apotheàsis ; formé de apo, à part ; theos, Dieu). Réception des héros do la Fable parmi les dieux de l’Olympe : L’apothéose de Castor et de Pollux. /-’apothéose d’Hercule. Z’apotuéose d’Enée.

— Cérémonie par laquelle les anciens plaçaient au rang des dieux un empereur, uneimpératrice : X’afothéose d’Alexandre. L’k- POTHBOSK de César, d’Auguste. Z-’-apothéose d’Ayrippine, de Faustine. Afin qu’il ne manquât rien à la comédie de ^’apothéose, un ancien préteur jura qu’il avait vu l’âme d’Auguste s’envoler au ciel. (Crevier.) L’idée de Ï’apothéose o pris naissance dans les États monarchiquesAelle est l’originedu polythéisme. (Mme (je Geniis.) La religion chrétienne abolit ^apothéose de l homme. (De Bonald.) Bans ses anciennes apothéoses, Home idolâtre élevait sans distinction tous ses princes au rang des dieux, sitôt qu’ils avaient cessé d’être hommes. (De Beauvais.) Ils vivaient sous un roi à qui nos arts, dans leur enthousiasme, et notre poésie, dans sa licence, se permirent de décerner les honneurs d’une mythologique apothéose. (De Quélien.) De nos jours, le goût de Z’apothéose a reparu parmi nous avec toutes les folies renouvelées des Romains et des Grecs ; un panthéon des grands hommes a été inauguré. (Proudh.) ïlnous reste un grand nombrede monuments qui représentaient des apothéoses romaines ; on y voit ordinairement l’empereur enlevé par un aigle. (Millin.)

Mais à parler sans fard de tant d’apothéoses. L’effet est bien douteux de ces métamorphoses. Corneille. Votre digne moitié, couchée parmi des fleurs,

Ami, m’a-t-eUe dit, garde que ce convoi,

Quand je vais chez les dieux, ne t’oblige a des larmes :

Aux champs Élyséens j’ai goûté mille charmes,

Laisse agir quelque temps le désespoir du roi : J’y prends plaisir. À peine on eut oui la chose, Qu’on se mit t crier : Miracle ! apothéose !

La Fontaihe. — Par exagér. Honneurs excessifs rendus à une personne : La nation a fait son apothéose. Les sages feront votre apothéose de votre vivant. (Volt.) L’apothéose d’un grand homme est la justice des peuples. (Raynaï.) Au vainqueur ^’apothéose, au vaincu l’échafaud. (La Harpe.) La postérité s’étonnera un jour qu’on ait décerné une apothéose nationale à un homme convaincu d’avoir été à la tête des pillards. (Lamart.) il En parlant dss choses :

ou punie par l’échafaud.

rée de V (Boiste.)

— Moralem. : Lui justice est l'apothéose de l’humanité, /.’apothéose de la souffrance a été le fond de l’enseignement catholique. (Guéroult.) La légende et (’apothéose de l’humanité, telle est la tâche gigantesque que cet artiste s’est imposée. (Th. Gaut.) Les religions humaines sont littéralement l'apothéose de la volonté. (Vinet.)

— Phys. Phénomène d’optique qui se montre sur les nuages ou les brouillards à l’opposé du soleil et qui consiste en cercles irises, dont l’observateur voit son ombre couronnée.

Les apothéoses, appelées souvent gloires, ombres frangées, couronnes antisolaires, s’observent à 1 opposé du soleil, quand il est très-bas, sur des nuages ou des brouillards situés à une petite distance de l’observateur. Celui-ci aperçoit d’abord son ombre, souvent assez nette pour qu’il puisse distinguer facilement la tête, les bras, les jambes ; puis, autour de la tète se dessinent plusieurs couronnes irisées équidistantes, présentant le violet en dedans.

Ces couronnes, qui se montrent à l’opposé ! du soleil, sont attribuées à la réflexion de j celles qui se forment autour de l’astre par le passage des rayons solaires à travers de

APO

légers nuages. (V". Diffraction, Couronne.) Les ombres frangées ont été observées fréquemment dans les régions boréales où elles sont très-brillantes- : ce qui s’explique par le grand pouvoir réflecteur des brouillards glacés, qui reçoivent comme un écran les couronnes solaires.

— Syn. Apothéose, déification, h’apothéose

était la cérémonie par laquelle les héros de l’antiquité ou les empereurs romains étaient, après leur mort, mis au rang des dieux. La déification est l’acte de quelqu’un qui prend la créature pour la Divinité, et lui rend un culte.

— Encycl. Hist. On peut dire que l’apothéose est le trait qui sépare le polythéisme ou monothéisme. Il ne pouvait y avoir d’apothéose chez les Hébreux, qui reconnaissaient un seul Dieu, Jéhovah, existant par lui-même avant le temps et de qui tous les autres êtres tirent leur existence propre : pour ce peuple l’idée de Dieu n’était pas déduite de quelque chose (theos apo, Dieu fait de), mais au contraire Dieu produisait tout, Dieu était avant tout. Cependant, parmi les dieux si multipliés du polythéisme, il y en avait plusieurs dont les attributs étaient si vagues et en même temps si compréhensifs dans leur étendue qu’on peut les considérer comme des formes particulières par lesquelles s’est manifestée, chez les différents peuples de- la terre, la tendance invincible de notre esprit a généraliser d’abord les notions de force, de science, de sagesse et a les personnifier ensuite pour leur donner une réalité plus saisissante ; sous ce rapport le Pan des Grecs et le Fatum des Romains ressemblent bien plus à Jéhovah’que tous leurs autres dieux : le premier comme réunissant en. lui toutes les forces de la nature, le second comme gardant dans le secret d’un livre mystérieux que personne ne peut lire la prescience immuable, de tous les événements futurs.^Ces dieuxlà, et plusieurs autres qu’on pourrait nommer, ne provinrent pas de l’apothéose ; on peut dire qu’ils se firent sentir, qu’ils se révélèrent aux hommes directement et par la force des choses. Mais il n’en est pas de même de la foule innombrable des dieux qui appartiennent à la mythologie proprement dite ; la plupart des my thologues croient avec raison que ce furent d’abord des hommes qui se firent admirer sur la terre par leurs bienfaits ou qui se firent craindre par leur force extraordinaire. On sait que Saturne, un des plus anciens dieux, régna en Italie avec Janus, et qu’il rendit ses

Peuples si heureux que son règne fut appelé âge d’or. On ne s’attend pas à trouver ici l’histoire de Jupiter, de Neptune, de Pluton, de Junon, de Cérès, etc. ; mais nous ne surprendrons personne en disant que tous ces dieux et ces déesses furent très-probablement des rois et des reines, que d’autres furent de puissants chasseurs, de valeureux guerriers, et qu’après leur mort la reconnaissance, l’admiration ou la frayeur des peuples en fit des dieux afin de pouvoir se les rendre favorables en leur offrant des sacrifices, car on ne pouvait se résoudre à croire que des hommes si supérieurs aux autres eussent réellement cessé d’exister et qu’il ne fût plus possible de recourir à eux dans les grands dangers, dans les crises de tout genre que l’état peu avancé des sociétés humaines rendait alors si fréquentes. Mais comment s’opérait, dans ces temps reculés, le passage de l’existence humaine à une existence divine ; comment les rois et les héros devenaient-ils des dieux ? L’histoire ne saurait nous le dire, ’parce que l’histoire n’existait pas encore : nous pouvons seulement le deviner, et cela n’est pas bien difficile. D’abord, tous ceux qui avaient vécu dans la société intime de ces hommes illustres et qui leur survivaient ne manquaient pas de célébrer en grande pompe leurs funérailles ; une grande foule de peuple y assistait ; on portait sur leurs tombeaux des fleurs et des parfums, on y portait aussi des offrandes, des objets précieux, dès viandes délicates, les meilleurs vins ; car on était persuadé que mourir c’était aller vivre dans les lieux inconnus où il fallait toujours manger et boire. Les visites au tombeau se continuaient longtemps après la cérémonie des funérailles, et quand il arrivait quelque événement heureux, on se persuadait qu’il était dû à la protection toujours puissante du héros. Peu à peu la renommée répandait au loin l’efficacité des honneurs rendus à sa mémoire ; les peuplades qui ne pouvaient venir trouver le héros au lieu même où l’on avait déposé ses restes lui bâtissaient un tombeau honoraire, qui peu à peu se transformait en un temple. L’histoire des grandes choses qu’il avait accomplies s’amplifiait en même temps de toutes les circonstances qui se présentent d’elles-mêmes à l’imagination quand les hommes sont ignorants et natfs ; une légende merveilleuse so formait, les postes venaient ensuite la consacrer et l’embellir encore par des compositions que tout le monde répétait et qui se gravaient dans toutes les mémoires. Dès lors l’homme avait disparu, et le dieu existait : voila très-probablement quelle fut la première forme, la ’forme la plus ancienne de l’apothéose.

Jusqu’ici, nous avons considéré l’apothéose comme un fait général plutôt que comme une cérémonie particulière ayant une date certaine et des rites parfaitement déterminés. Il nous reste maintenant à la considérer sous ce dernier point de vue. L’histoire romaine nous offre, dès le commencement, un exemple

APO

célèbre d’une de ces apothéoses. Romulus, fondateur et premier roi de Rome, ayant été tué dans une sédition, c’est du moins ce qui paraît le plus probable, fut proclamé dieu sous le nom de Quirinus, par un décret du sénat ; on lui bâtit des temples, et la ville de Rome fut placée sous sa-protection spéciale. Comme le peuple murmurait et paraissait vouloir venger la mort de son roi, Proculus, un des sénateurs, affirma par serment qu’il l’avait vu monter au cie !, et le peuple satisfait cessa ses murmures : on voit que cette apothéose fut inspirée par la politique, et, sous ce rapport, on peut dire qu’il n’y en eut jamais de plus opportune. On n’en trouve aucune autre chez les Romains-jusqu’au temps d’Auguste. Dans l’histoire grecque, on lit que les habitants d’Egerte élevèrent un autel à un de leurs ennemis, qui était mort en les combattant, et qu’ils lui décernèrent cet honneur à cause de sa beauté. Alexandre le Grand voulut être placé de son vivant parmi les immortels, et l’on sait qu’après la mort d’Ephestion il ordonna aussi que celui-ci fut mis au rang des dieux. Mais ce qu’on entend le plus ordinairement désigner sous le nom d’apothéose,

nellément le titre de dieu. Elle est minutieusement décrite par Hérodien (liv. IV. ch. m), et ce passage est si curieux que nous le rapporterons ici : « C’est la coutume des Romains de déifier ceux de leurs empereurs qui meurent en laissant des successeurs, et cette cérémonie s’appelle apothéose. Lorsque ce fait se priS sente, on voit la ville à la t’ois plongée dans le deuil et dans les réjouissances. On honore la dépouille de l’empereur mort par de splendide^ funérailles ; une image de cire est faite à sa ressemblance et on T’expose à la vénération des fidèles dans le vestibule du palais, après l’avoir vêtue de vêtements dorés et l’avoir couchée sur un lit d’ivoire. La figure affecta la pâleur d’un homme malade. La plus grande partie du jour, des sénateurs, habillés de noir, entourent le côté droit du lit, pendant que le côté gauche est occupé par des matrones revêtues de vêtements entièrement blancs ; ni les uns ni les autres ne portent d’ornements en or ou d’autres bijoux, en signe de deuil. Ces cérémonies durent sept jours, et des médecins spéciaux s’approchent alors de l’auguste malade, et, après l’avoir examiné, déclarent qu’il va de mal en pis. Et, lorsqu’ils ont officiellement annoncé la mort, les plus nobles chevaliers et des jeunes gens choisis dans l’ordre ■ des sénateurs soulèvent le lit et le portent sur leurs épaules tout le long de la voie sacrée, pour l’exposer enfin dans le vieux Forum. Des

Flates-formes s’élèvent de chaque côté ; sur une d’elles se tient le chœur des jeunes Eatriciens, et sur l’autre un chœur de jeunes smmes du plus haut rang, qui chantent des hymnes et des chants funèbres en l’honneur du mort, modulés sur un rhythme lent et triste. Après que le catafalque a été porté à travers la ville jusqu’au champ de Mars, où se trouve élevé un immense bûcher, composé d’arbres de haute futaie, dans lequel on a disposé une chambre carrée richement ornée d’or, de statues d’ivoire et de- tableaux ; au-dessus se trouve une autre chambrs plus petite, surmontée d’une moins grande et d’une quatrième encore moindre ; elles ressemblent à peu près à ces constructions connues sous le nom de phares. Dans la chambre située au second étage, on place un lit, avec plusieurs sortes d’aromates et de l’encens, des fruits et des herbes spéciales quç chacun vient à l’envie offrir à l’empereur défunt.

’ Lorsque ces offrandes sont rassemblées en un monceau, on voit s’avancer une procession de cavaliers et de quadriges, dans lesquels sont des personnages vêtus des habits des empereurs les plus célèbres et imitant leur maintien, ou bien représentant encore les plus fameux généraux des Romains. Lorsque cette procession a fait le tour du bûcher, le nouvel empereur prend une torche et l’approche du bûcher ; alors d’autres s’approchent à l’envi de tous les côtés et jettent sur le bûcher dès branches de pin enflammées. Alors, depuis la base de l’édifice funèbre jusqu’à son faîte, s’élance-une flamme immense et tourbillonnante, d’où s’échappe un aigle qui s’envoie vers les cieux, et que les Romains croient être l’âme de leur empereur. À partir de ce moment, le prince défunt est honoré comme dieu. ■

Pour donner à nos lecteurs une idée exacte de la forme extérieure de l’apothéose, nous allons mettre sous leurs yeux le récit de celle de Pertinax, emprunté à VHistoire Auguste de Dion Cassius. C’est un sénateur qui parle :

«On dressa sur la place publique une estrade, et au-dessus un édifice sans murs, soutenu par des colonnes d’ivoire enrichies d’or. Le lit était couvert de draperies de pourpre rehaussées d’or, et k l’entour étaient- des tètes de toutes sortes d’animaux de terre et de mer. Sur le lit on voyait la statue en cire de Pertinax, représenté en habit de triomphe. Un jeune garçon fort bien fait en chassait les mouches avec un éventail de plumes de paon, comme si Pertinax fût encore en vie et qu’il dormit. Sévère, les sénateurs et leurs femmes se rendirent en habit de deuil au lieu où était cette représentation. Les sénateurs s’assirent à découvert et leurs femmes à couvert sous des galeries. Après que nous fûmes placés de cette sorte, la cérémonie commença dans l’ordre qui • suit : Premièrement, on vit passer les statues