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tères à l’apoplexie séreuse. Toutefois, dans" la pratique, cette distinction présente souvent les plus grandes difficultés, et cependant les deux formes d’apoplexies réclament un traitement différent. Dans les cas d’apoplexie séreuse bien constatée, on aura recours aux moyens suivants : élever la tète, appliquer sur le front des compresses froides ; des sinapismes aux jambes, mais point d’émissions sanguines ; de préférence, au contraire, des toniques reconstituants, les préparations ferrugineuses, par exemple ; enfin on emploiera les vésicatoires comme révulsifs et l’émétique contre l’embarras gastrique.

APOPNIXIB s. m. (a-pop-ni-ksl — du gr. apo, sur ; pnigo, je serre).- Méd. Sentiment de

APOPl

apo, loin.de ; pempo, ; jV la victime que les juifs chargeaientde malédictions ; et qu’il chassaient dans le déserf à la fête des expiations. C’était un bou< :, que le grand prêtre chargeait des iniquités d’Israël.

V. DOUC ÉMISSAIRE, t. II, p. 1043.’

APOPOMPÉEN, ENNE adj. (a-pc-pon-pé-ain

— du gr. avo, loin do ; pempo, j’envoie). Antiq. gr. Epithete de plusieurs dieux protecteurs, qui détournaient les maux dont les mortels étaient menacés : Jupiter, Apollon, Hercule APOPOMPÉEN. Minerve apopompéenne, h On disait aussi apotropéën.

APOPSYCHIE S apo, loin’ de ; psucl évanouissement.

APOPTOSE s, f. (a-po-ptô-ze.— du gr. apo, de -, piptà, je tombe). Méd. Relâchement, chute d’un, bandage.

APORE s. m. (a-po-re — du gr, apriv, ; poros, passage). Malhém. Problème dont la solution est regardée comme impossible : La quadrature du cercle, la trisection de l’angle, sont dasAPOREs. il On l’appelait aussi aporisme.

— Entom. Genre d’insectes hyménoptères, du groupe des porte-aiguillon, renfermant un petit nombréd’espèces indigènes.

— Bot. Genre de la famille ’des orchidées et de la tribu des dendrobiées, renfermant quelques espèces épiphytes, qui croissent dans les forêts de l’Inde.

— Polyp. Se dit adjectiv. des madrépores où l’on trouve toujours réunis une muraille bien complète et un appareil cloisonnairo très-développô : Les madrépores apores sont

. ceux dont le polypier est le plus développé. (MilncEdw.) ’

aporÉTIQUE adj. et subst. (a-po-ré-ti-ko

— du çr. aporein, douter). Philos, anc. Nom donné a la. doctrine sceptique de Pyrrhon et à ceux qui la professaient.

— Encycl. Diogène Laërce nous’apprend que les disciples de Pyrrhon, appelés pyrrhoniens du nom de leur maître, étaient aussi nommés, eu égard au principe qu’ils suivaient, zététiques, sceptiques, éphectiques, et enfin aporéliques. Ces quatre noms correspondaient aux quatre états successifs de leur esprit. Le premier nous les fait- connaître comme chercheurs : ils poursuivent la science ; lésecond, comme examinateurs : ils comparent, étudient ; le troisième, comme en suspens : c’est l’état d’équilibre intellectuel qui suit la recherche infructueuse ; le quatrième enfin, comme douteurs : c’est la négation systématisée de toute certitude.

aporhÉtine s. f. (a-po-ré-ti-ne — du gr. apo, de ; rétine, résine). Chim. Résine noire et brillante que l’on extrait de la racine do rhubarbe.

APORHINE s. m. (a-po-ri-ne — du gr. apo, loin de ; rhin, nez). Entom. Genre de coléoptères tétramères, du groupe des charançons, renfermant une seulo espèce, qui vit en Océanie.

ÀPORIE s. f. (a-po-rî —du gr. a priv. ; poros, passage). Rhet. Figure plus connue sous le nom de dubitation.

APORISME s. m. V. Apore.

APOROBRANCHE adj. (a-po-ro-bran-che

— dugr. aporos, chetif ; braachia, branchies). Ichth. Se dit des poissons dont les branchies sont peu développées, peu apparentes.

— s. m. pi. Syn, de ptéropodes. APOROCÉPHALE adj. (a-po-ro-sé-fa-le du gr. aporos, chétif, indécis ; kephalê, tète). Entom. Se dit des insectes dont la tête est peu distincte du corps.

— s. m. pi. Ordre de la classe dos annélides, renfermant les espèces dont la tête ne présente pas do pore, en forme de ventouse, destine à la locomotion,

APOROSE s. f. (a-po-rô-ze — dugr. aporos, difficile). Entom. Genre d’insectes diptères, voisin des tipules, et renfermant deux espèces, qui vivent, l’une aux Canaries, l’autre à la Réunion.

— Bot. Genre de plantes peu connu, et rangé par les uns dans les urticées, par les autres, dans les artocarpées, à côté des cécropios. La seule espèce qu’il renferme est un arbrisseau, qui croît au Japon.

APORRHAXis s. f. (a-por-ra-ksiss — du gr. apo, loin ; çirassô, je heurte). Antiq. gr. Sorte de jeu do’paumc qui consistait à lancer la balle contre terre avec assez de forco pour lui faire faire plusieurs bonds.

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APORRHÉE s. f. (a-por-rô— du gr. apo, de ; rAeo’, je coule). Phys. Exhalaison gazeuse, suifureuse : par les pores de la terre.

— Anc. méd. Chute des cheveux.

s APORRHINOSE s. f. (a-por-n-nô-ze — dugr. apo, hors ; rhin, rhinos, nez). Pathol. Ecoulement par les narines.

aposchasie s. f. (a-po-ska-zî — du gr. apo, loin ; schazô, j’abats). Chir. Incision, scarification.

APOSÉPÉDINE s. f. {a-po-sc-pc-di-nodu gr. aposépeslai, . se corrompre). Chim. Nom donné par Braconnot à la leucino impure.

APOSEPSIE s. f..(a-po-së-psî— du gr. apo, de ; sépô, je putréfie). Méd. Fermentation putride.

APOSÉride s. f. (a-po-sô-ri-de — du gr. apo, loin de ; séris, laitue). Bot. Genre do la famille des composées et de la tribu des chicoracées, renfermant une seule espèce.

APOSIE s. f. (a-po-zî’— du gr. a priv. : posis, action de boire). Méd. Diminution de la soif%

APOSIOPÈSE s. f. (a-po-zi-o-pè-ze — du gr. apo, de  ; siôpao, je me tais), Rhét. Figure nommée.plus ordinairement réticence : Le quos ego de Virgile est une aposiopése.

APOSITIE s. f. (a-po-zi-tî — du gr. apo, loin : silos, blé, aliment). Méd. Défaut d’appétit ; dégoût pour les aliments.

APOSITIQUE adj. (a-po-zi-ti-ke — rad. apositie). Méd. Qui détruit l’appétit, dégoûte des aliments.

APOSKÈME s. m. (a-po-skè-me — du gr. aposévtô, -j(ï tombe sur). Anc. méd. Afflux do liquides ou d’humeurs sur uno partie du corps. » On disait aussi aposkepsie.

APOSKÉPARNISMOS s. m. (a-po-ské-par-ni-smoss — dugr. apo, <L<s ; skeparnon, hache). Anc. chir. Plaie du crâne avec enlèvement de substance.

APOSKEPSIE S. f. APOSKEMK.

APOSMODATIQUE aA]. (a-po-smo-da-ti-ke

— du gr. apô, loin d ?. ; osme, odeur). Pharm. Propre à nettoyer les dents’ : Poudre, eau

APOSMODATIQUE,

apospasme s. m. (a-po-spa-sme — du gr. apo, de ; spao ; je tire). Chir. Déchirure, solution de continuité dans les ligaments. « APOSPASTIQUE adj. (a-po-spa-sti-kedu gr. apo, hors : spad, je tire). Méd. Se dit des remèdes révulsifs ou dérivatifs.

APOSPHACÉLÉSIS s. f. (a-po-sfa-sé-lé-ziss

— du gr. apo, de ; sphalcelos, mortification). Méd. Gangrène qui survient dans les plaies et les fractures par l’action d’un bandage trop serré.

APOSPHAGME s. m. (a-po-sfa-gme — du gr.apo, de ; sphazâ,)e fais couler).Méd, Ecoulement fétide, -.

aposphragisme s. m. (a-po^sfra-ji-sme

— du gr. apo, sur ; sphragisma, empreinte). Antiq. Dessin’ ou empreinte d’un anneau à cachet.

APOSPONGISME s. m. (a-po-spon-ji-sme

— du gr. apo, de ; spoggizô, j éponge). Méd. Action d’éponger, soit pour nettoyer les plaies, soit pour calmer les démangeaisons.

APOSTALAGME s. m. (a-po-sta-la-gjnedu gr. apo, de ; stalagma, goutte). Liqueur douce et sucrée que rend le raisin- non encore pressé. Syn., dans ce sens, de mèr.e-goutte.

— Méd. Amas de pus loin du point primitif d’inflammation, et formant un abcès dangereux.

. APOSTANT (a-po-stan) part, prés, du r.

apostase s. f. (a-po-sta-ze — du gr. apo, hors ; staô, je me tiens)’. Méd. Formation d un abcès, mot, employé par quelques auteurs comme syn. d’apostème.

apostasiacé, ée adj. (a-po-sta-zi-a-sé

— rad. apostasie). Bot. Qui ressemble à l’apostasie, à On dit aussi apostasie.

— s. f. pi. Famille de plantes monocotylédones formée aux dépens des orchidées.

— Encycl. Les apostasiacées sont des plantes herbacées, vivaces, qui se reconnaissent aux caractères suivants : tige simple ou rameuse ; feuilles alternes, engainantes a leur base, lancéolées ou- linéaires ; inflorescence en grappe simple ou composée ; calice et corolle composés l’un et l’autre de trois pièces semblables ; étamines, au nombre de.deux ou trois, h anthères droites, longues, sessiles sur une colonne courte, biloculaires, s’ouvrant par une fente longitudinale ; pollen pulvérulent, et non en masse comme celui des orchidées ; ovaire infère, triloculaire, à. placentation axile ; style filiforme adhérant aux filets des étamines avec lesquels il forme en bas une courte colonne ; fruit capsulaire, à. trois loges, — à déhiscence loculicide ; graines très-nombreuses, petites, ovoi’des. Le principal genre de cette petite famille est le genre apostasie.

loin de et s{a/os ; qui se tient ; littéralem. qui se tient loin de qui se sépare de). Abandon

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Tomber dans (’apostasie. Lès premiers chrétiens poursuivaient avec la plus grande rigueur le crime «/’apostasie. Les plus célèbres apostasies sont celles de l’empereur Julien et de Henri VIII. (Bouillet.) Nas frères de Grèce sont placés entre /’apostasie et l’esclavage. (Villem.) Avec quel mépris JJossuet montre la Réforme de l’Angleterre, ses souplesses de consciencéet ses apostasies successives ! (Villem.) Le bruit répandu sur f apostasie de mon frèren’esl qu’une œuvre demensonge. (C.Deîav.) En parlant d’un religieux, d’un ecclc-.

Il y eut beaucoup c/’apostasies dans les premiers temps de la Réforme et sous la révolution française. (Bouillet.)

— Par oxt. Action d’abandonner uno doctrine, une opinion, un parti, en vue d’un intérêt de fortune ou d’ambition : On me reproche jusqu’à six apostasies ; qu’est-ce que cela veut dire ? ("*.) N’affichez pas devant ce député novice le scandale de vos apostasies et la corruption de vos- exemples. (Corm.) Il s’en trouvait d’assez cyniques pour se vanter de /’apostasie comme d’une vertu. (G. de Beaum.) Les doyens de ./’apostasie politique ont prêté tous les serments, porte le bonnet rouge, changé le titre de citoyen contre le majorât de comte ou de baron, adoré l’Être Suprême sous Robespierre, brûlé le cierge d leur paroisse sous Louis XVIII, porté la bannière de Saint-Joseph sous Charles X, chanté la Marseillaise aux fenêtres du Palais-Royal, en 1830. (Ch. du Rozoir.) Ce sont les apostasies des vieillards qui ont détruit chez les jeunes- gens le respect de la vieillesse. (A. Guyard.) A-t-on jamais vu un chef d’école revenir sur ses pas et braver ce mot injuste, mais terrible : apostasie ? (F. Bastiat.) Partout /’apostasie a été le suicide de l’intelligence. (E. Pellotan.)

Contre l’opinion en vain tu te débats ; Elle va s’exhaler jusqu’à* la frénésie, Et t’enterrer vivant soua ton apostasie.

C. DEtAVKKŒ.

— Bot. Genre type de la famille des apostasiacées, renfermant un petit nombre d’espèces, qui habitent le Népaul et l’île do Java.

— Antonyme. Conversion.

— Encycl. On appelle proprement apostat celui qui, par des motifs d’intérêt personnel, par faiblesse de caractère ou par calcul, renie une religion qu’il n’a pas cessé de croire vraie, pour en embrasser une autre. Dans la pratique, l’intolérance et le fanatisme ont souvent fait un regrettable abus de cette expression. Un homme abandonne la religion dans laquelle il est né : Apostasie ! disent les uns ; Conversion ! disent les autres. Saint Paul, persécutant les chrétiens, était loué des Juifs et des Romains ; mais lorsqu’il se mit tout à coup à adorer ce qu’il avait brûlé, il no fut plus, aux jeux de Ses anciens coreligionnaires, qu’un infâme apostat ; les chrétiens, au contraire, le considèrent comme le plus grand apôtre de leur Église. Pareille chose advint à l’empereur Julien, auquel l’histoire a conservé le surnom d’Apostat, oien que, selon toute apparence, il n’eut jamais été chrétien que de nom et par la volonté impériale de son oncle Constance. Il y aurait donc une règle à observer dans l’application du mot apostasie, et tout homme qui change de religion ne doit pas être flétri du nom ù’apostat. Mais c’est ici que le philosophe et l’historien doivent recourir à toute leur sagacité pour démêler le vrai d’avec le faux, et pénétrer.les secrets desseins des hommes. De véritables apostats, transfuges de toutes les religions, savent colorer leur crime d’un semblant de raison, et ils disent : « J’ai pu me tromper jadis dans mon ardente recherche de la vérité ; mais, grâce au ciel, je l’ai embrassée dès qu’elle s’est fait connaître ; j’ai livré ma vie et ma réputation à la rage des calomniateurs pour obéir à ma conscience, préférant la paix avec moi-même à. l’adulation d’un parti aveugle et fanatique. Et depuis quand est-ce un crime à l’homme honnête, sincère et candide, de quitter une erreur funeste parce qu’il l’aura publiquement professée ? L’adhésion d’un moment à de faux systèmes fermerat-elle tout retour aux bonnes doctrines ? Quels sont ces hommes qui défendent au pécheur de se relever ?» — «C’est en ces termes, dit M. Proudhon, que le délateur, l’ingrat, le transfuge, après avoir reçu le prix de leur infamie, essayent encore de la colorer des beaux noms de patriotisme et de bonne foi. » 11 suffit, pour toute réponse, de leur opposer ces belles paroles de Y Encyclopédie nouvelle : « Celui qui, avec pleine connaissance de soi, se dérobe à sa mission pour courir le chemin des honneurs ou de la fortune, celui-là est un apostat ; il est aussi apostat celui qui, désertant les rangs des hommes d’avenir, se replonge dans les rangs des apôtres du passé, parce qu’il a calculé avec son dévouement ; il est encore apostat celui qui, croyant au passé et le pratiquant dans sa vie réelle et intime, dévie vers les hommes d’avenir, parce que, .parmi eux, il croit trouver les chances d’honneur et de gloire qui lui sont interdites ailleurs. Dévouement et calcul, tels sont, a vrai dire, les deux termes de l’apostolat et de l’apostasie. Et si, étant accusé d’apostasie, vous regardez en arrière et lisez dans votre propre tradition ; si vous descendez dans ces replis de l’âme que nul autre que vous ne peut entrevoir ; si vous voyez votre vie s’appuyer sans cesse sur elle-même, le lendemain rîls de

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la veille ; si votre bouche est pure, et n’a jamais promis que ce qu’elle a tenu ; si dans chacune des crises de votre développement vous n’avez menti à personne, ni à votre conscience ; si jamais les calculs de l’égoïsme n’ont étouffé chez vous les désirs généreux ; comprenez. bien alors que, dans quelques rangs que vous ayez passé, vous n’avez fait que les traverser, en suivant la mission individuelle que vous avez reçue de Dieu : vous n’êtes point un apostat. »

. Les anciens chrétiens considéraient trois sortes d’apostasies : 1" a sitperer’ogationc, celle du prêtre qui revient h l’état laïque, dite de subrogation, parce qu’elléajoute, selon l’Eglise, le sacrilège h l’autre crime ; 2° a mandatis Dei, l’apostasie de quiconque, tout en conservant sa croyance, la répudie extérieurement ; 30 enfin, a fide, celle qui indique une défection totale, un changement de conviction réel. Saint Cyrille, dans son traité De lapsis, nous apprend que, durant les premiers-siècles do lareligion enrétienne, on infligeait aux apostats qui retournaient au sein do l’Église les pénitences’les plus dures. L’apostasie fut aussi sujette à la vindicte des lois civiles et canoniques : l’excommunication, la privation du droit de cité, la perte de toute juridiction « étaient les châtiments ordinaires. On sait que Louis XIV publia des édita très-rigoureux contre les catholiques qui embrassaient la Réforme ; il ordonna qu’ils fussent condamnés à l’amende honorable, au bannissement perpétuel et h la confiscation de tous leurs biens. L’apostasie, en politique, est l’action do passer d’un parti dans un autre, lorsque cette évolution n est pas l’effet d’une conviction Qu’elle est causée par un motif

julièrement organisés qu’ils ne voient pas le moindre scandale dans leur apostasie. « On nie reproche jusqu’à six apostasies, dit Sérapius : qu’est-ce que cela prouve ? Des partis différents et ennemis se sont tour à tour enlevé le pouvoir ; sous chacun d’eux j’ai servi ma patrie en bon et digne citoyen ; le chef du gouvernement a changé, je suis demeuré fidèle à mon pays ; hommes et choses, tout a tourné autour de moi, mais je suis resté immobile. Fallait-il déserter mon poste parce que les systèmes d’un jour passaient comme la tom Fète, et devais-je préférer des hommes à État ?» ’

Do nos jours, l’apostasie politique a été érigée en principe par un poète satirique auquel il était réservé de donner h. la fois l’exemple dans sa conduite et le précepte dans ce vers désormais célèbre :

L’homme absurde est celui qui ne change jamais.

Le Juvénal moderne s’était sans doute autorisé du précédent donné par Horace, ce tribun de Brutus, qui, quatre ans après avoir jeté son bouclier dans les plaines de Philippes, se préparait à chanter 1 empereur Auguste. Au reste, cette indulgente doctrine a de tout temps été en usage, et l’homme est toujours le même malgré les progrès apparents

de la civilisation. Au x

0 siècle, la chose est que jamais, et, pour. ménager des susceptibilités de jour en jour plus nombreuses, on a substitué à un mot toujours odieux un euphémisme très en vogue : apostasier, c’est.aujourd’hui se rallier. M’»" de Girardin a très-spirituellement plaisanté aux dépens de ce travers contemporain. « M. Dupin, dit-elle, a fait un jour, l’apologie des hommes qui sont restés fidèles à tous les gouvernements qui, depuis quarante ans, se sont succédé en France : » Que deviendrait le pays,

ment a l’instant où le chef de l’État vient à changer, quel danger n’y aurait-il pas dans leur retraite ? Il faut donc bien qu’ils y restent... vous le voyez. » Cette maxime est assez étrange, mais elle a du bon. En effet, pourquoi fait-on des révolutions ? pourquoi change-t-on les gouvernements ? Pour avoir des places, pour s’approprier les emplois de ceux que l’on combat avec violence ; on ne se révolte pas pour autre chose. Eh bien, quand on saura une fois pour toutes que, quoi qu’il arrive, les gens en place garderont leurs places ; que, malgré leurs convictions blessées, ils resteront ; que, malgré leurs opinions vaincues, ils resteront ; que malgré tout, ils resteront, et se feront un ingénieux point d’honneur de rester ; alors, tout naturellement, on cessera de tenter des bouleversements inutiles, "et do rêver des changements qui ne changeraient

Henri IV, qui riait de tout, quoiqu’il n’ait pas toujours eu sujet de rire, était un jour à un balcon avec le maréchal de Joyeuse, et remarquant que le peuple le regardait avec curiosité : « Mon cousin, lui dit-il, ces gens-ci me paraissent fort aises de voir ensemble un apostat et un renégat.

Ce Joyeuse était le frère Ange, si connu par ces vers de la Jlenriade :

Il prit, quitta, reprit la cuirasse et la haire.

Quatrain qui a été assez heureusement parodiô de la manière suivante, h l’époque de notre grande commotion politique :