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ait verset 9. Les sept visions peuvent prendre les titres suivants : 1° les sept étoiles et les sept chandeliers -, S» les sept sceaux du livre avec les sept trompettes du septième sceau ; 3» la femme, le dragon et la bête ; les sept coupes de la colère et la grande Babylone ; 50 le grand banquet de Dieu ; 6» Satan lié pour mille ans et la terre nouvelle ; 70 la sainte Jérusalem. La conclusion comprend le chapitre xxu et dernier, du verset 11 jusqu’à

Introduction. — La fin du monde est

? roche ; Jean, serviteur du Christ, a reçu

ordre de faire connaître à ses frères, dont il partage la tribulation et l’espérance, les signes et les péripéties de la grande catastrophe ; il est dans 1 lie de Pathmos pour écrire cette révélation.

Première vision. — Le prophète, ravi en esprit, entend une grande voix qui est celle de Dieu, et qui lui ordonne d’écrire ce qu’il verra, afin de 1 envoyer aux sept Églises d’Asie : Éphèse, Sinyrne, Pergame, Thyatin, Sardes, Philadelphie et Laodicée ; puis, se tournant, il voit sept étoiles et sept chandeliers d’or, qui sont les images des sept évêques et des sept Églises ; au milieu est le Fils de l’homme qui dicte à Jean ce qu’il faut écrire à l’ange de chaque Église. Ces sept messages, à part

, .„ eu essentielles, rouWt

faut être plus fidèle que

quelques ïifféi

sur le même thème

jamais.

Seconde vision

— Le ciel est ouvert, un

fait entendre ; un trône

céleste est décrit, sur lequel quelqu’un est assis, et qui est soutenu par.quatre animaux pleins d’yeux et ayant six ailes ; ces quatre animaux ne cessent de répéter : Saint, trois fois saint le Seigneur Dieu tout-puissant, qui était, qui est et qui sera. Autour du trône sont-" ™i=-n«~i«. qui se prosternent, en

— et glorifiant le Créa

•devant, sept lampes ardentes qui sont’les sept esprits de Dieu. Dans la main droite de celui qui est sur le trône, Jean remarque un livre fermé de sept sceaux : c’est le livre de l’avenir que tout le monde ignore, mais que le lion de Juda, l’agneau immolé {Jésus, doux et vaillant, est figuré par le Hon et l’agneau) va ouvrir, en vertu du droit qu’il a reçu. Les sept sceaux sont ouverts l’un après l’autre, et chacun d’eux donne lieu a l’apparition d’un sinistre présage, ou bien à quelque mesure préparatoire aux grandes scènes qui vont se dérouler. C’est en ce moment que défilent devant les yeux du prophète les quatre fameux cavaliers de l’Apocalypse oui symbolisent la conquête, la guerre, la famine et la peste. D’abord, c’est Te cavalier au cheval blanc, auquel on donne une couronne, et qui part vainqueur pour vaincre encore ; puis, le cavalier au cheval couleur de feu, auquel on donne une grande êpée, et qui a reçu le pouvoir de bannir la paix de la terre et de pousser les hommes à s’entr’égorger ; ensuite, le cavalier au cheval noir, qui porte une balance en sa main et répand la famine ; enfin, le cavalier au cheval pâle, qui s’appelle la Mort, et qui fait périr le quart des habitants de la terre par l’épée, par la famine, par la maladie et sous la dent des bêtes. L’ouverture du cinquième sceau fait paraître, sous l’autel, les âmes des martyrs qui prient pour leurs frères encore vivants ; celle du sixième montre la terre qui est ébranlée dans ses fondements, le soleil qui s’obscurcit, la lune qui devient sanglante, les étoiles qui tombent à terre comme les figues d’un figuier secoué par le vent. Nous arrivons au septième sceau ; au moment où il va être ouvert, un temps d’arrêt a lieu, que les anges mettent à profit pour marquer au front les Israélites fidèles du signe qui les préservera de l’épouvantable tribulation qui 3’apprête. Le terrible sceau s’ouvre enfin ; le prophète voit défiler les Sept archanges, munis de trompettes ; chacun d’eux en sonne à son tour ; les six premières nous font assister à une répétition des plaies d’Egypte. Avant que le bruit de la septième se fasse entendre, un ange apparaît, un pied sur la terre, un autre sur la mer, et jure qu’il n’y aura plus de temps ; cet ange porte, dans sa main, un petit livre que le prophète doitdévorer. Jean le trouve doux à la bouche et amer au ventre. Enfin la septième trompette sonne ; elle annonce que les royaumes de ce monde sont désormais à Dieu et à son Christ, lequel régnera dans les siècles des siècles.

Troisième vision. — Le prophète voit une femme revêtue du soleil, avec la lune sous ses pieds et couronnée d’étoiles. Elle est tourmentée des douleurs de l’enfantement. En même temps s’allonge dans le ciel un immense serpent couleur de feu, ayant sept tètes et dix cornes, et sur ses têtes sept diadèmes. C’est ce dragon qui doit désormais remplir le premier rôle dans le drame ; c’est le grand adversaire, l’éternel séducteur Satan ; dans la folle ambition de détrôner Dieu, il fait la guerre d’abord aux anges dans le ciel ; vaincu par l’archange Michel, expulsé du ciel, il va continuer ses sombres machinations sur la terre. Il commence par poursuivre avec fureur la femme ; celle-ci lui échappe en se réfugiant au désert ; ce que voyant, le monstre s’en va faire la guerre aux enfants de Dieu dispersés sur la terre. Alors le prophète voit surgir de la mer une bête gigantesque à laquelle Satan a donné son pouvoir, car elle a comme lui sept têtes et dix cornes ; de plus, elle a dix diadèmes sur les cornes et des noms de blas APO

phèmes sur les têtes. Une de ces têtes est blessée à mort, puis guérie, et toute la terre, dans l’admiration, suit cette bête et se prosterne devant elle. À côté d’elle vient se ranger un autre animal, ayant deux cornes comme l’agneau, mais parlant comme "le dragon ; cette seconde bête fait adorer la première, dont elle fait porter à tous le caractère dans la main droite et sur le front. Personne ne peut acheter ni vendre sans avoir ce caractère, ou le nom de la grande bêle, ou le nombre de son nom ; or, ce nombre est celui d’un homme, et ce nombre est 666. Voici maintenant la fin de la troisième vision : l’Agneau paraît debout sur la montagne de Sion avec ses disciples, qui chantent le cantique nouveau en s’accompagnant de leurs harpes, tandis qu’un ange vole à travers les cieux portant l’éternel Évangile, et somme les habitants de la terre de donner gloire a Dieu seul. En même temps un autre ange survient qui s’écrie : Tombée, tombée, la grande Babylone. Deux autres anges, serviteurs de l’ire divine, sont armés de faux pour moissonner et vendanger la terre ; cette moisson et cette vendange implacables font, sur une étendue dec mille six cents stades autour de la ville sainte, couler le sang en telle abondance, que les chevaux y sont plongés jusqu’aux freins.

Quatrième vision. — Dans le ciel est ouvert un temple ; sept anges en sortent vêtus de fin avec des ceintures d’or ; ils ont sept coupes pleines de la colère du Dieu vivant. A ! effusion de la première coupe, un ulcère malin envahit les serviteurs de la bête ; l’effusion de la deuxième et de la troisième se fait dans la mer, dans les fleuves et les sources, dont l’eau se change en sang. La quatrième coupe est versée sur le soleil, qui orûle les habitants de la terre ; la cinquième sur le trône de la bête ; la sixième sur l’Euphrate, oui se dessèche pour livrer passage aux rois de l’Orient ; enfin le septième ange verse sa coupe dans l’air. Alors sort de toutes parts une grande voix qui dit : C’en est fait. Et au bruit effroyable de mille tonnerres, la grande Babylone est réduite en cendres.

Cinquième vision. — Le prophète voit sur un cheval blanc celui qui juge et combat, le Christ ; il est suivi des armées célestes. Mais il n’a pas même à combattre : la parole qui sort de sa bouche est une épée tranchante qu’il n’a qu’à diriger sur la bête et son armée pour qu’elles soient exterminées. Dès qu’il a paru dans sa tranquillité sereine, un ange convie tous les oiseaux de proie qui volent sous les cieux à venir se rassasier des innombrables cadavres qui vont joncher la terre. La bête et son faux prophète sont saisis et jetés vivants dans l’étang de soufre et de feu où ils resteront éternellement.

Sixième vision. — Alors commence le règne de mille ans pendant lequel Satan sera lié et plongé dans l’abîme, tandis que les apôtres, les saints et les martyrs, ceux qui ont résisté à la bête, ressusciteront et régneront paisiblement avec le Christ sur la terre purifiée. La période de mille ans écoulée, Satan, délié, sort de sa prison, va rassembler aux quatre coins du monde les nations (Gog et Magog) pour livrer assaut à la ville sainte. Mais le (Vu du ciel les dévore, et le diable es jeté cette fois, pour toujours, dans l’océan de l’eu.

Septième et dernière vision.—Après cette défaite nbsolue, définitive de l’erreur et du mal, un des sept anges aux sept coupes montre k Jean I» fiancée de l’Agneau, paré* comme pour le jour de ses noce "’ ' " Jérusalem, dans laquelli

ni mort, ni larmes, ni lameiituuuuo, -..n ; i™g. Le prnphèie en décrit avec complaisance les. d.iiiensions, les merveilles, les murs de diamant, les maisons d’or pur, les douze portes qui sont autant de perles d’une colossale grosseur. ■ Et je n’y vis pas de tem|>le, ajoute-t-il, car C’est le Seigneur Dieu tout-puissant qui en est le temple. »

Conclusion. — L'Apocalypse se termine par une exhortation à ne pas faiblir devant la persécution : car voici venir le jugement qui rendra à chacun selon ses œuvres ; et par une affirmation de la vérité de tout ce qu’on vient de lire : Quiconque retranchera à la prophétie de ce livre sera retranché du livre de vie et de la ville sainte.

Voilà l’Apocalypse, voilà ce livre étrange, dont les mystérieux oracles ont été commentés de façons si diverses, où tant de générations ont cherché, souvent réussi, à reconnaître leur propre temps, et qui a joué, il faut le dire, un si grand rôle dans l’histoire des aberrations de l’esprit humain. Un tel livre, avec son obscurité, son lyrisme, ses images violentes, n6 pouvait trouver grâce devant un siècle aussi amoureux de clarté et de bon sens, aussi éloigné du mysticisme, tranchons le mot, aussi peu poétique que le xvme siècle. Le moyen de trouver quelque beauté, quelque

frandeur dans ce qui avait donné lieu à tantinterprétations plus ou moins absurdes I Voltaire s’égaye de l’ouvrage et des commentaires. « Deux grands hommes, dit-il, ont commenté Y Apocalypse dans le xviie siècle : Newton, à qui une pareille étude ne convenait guère ; Bossuet, à qui cette entreprise convenait davantage. Le premier, par ses commentaires, consola la race humaine de la supériorité qu’il avait sur elle, et l’autre réjouit ses

t le Chri :

a plus

Les catholiques et les protestants ont tous expliqué l’Apocalypse en leur faveur ; et chacun y a trouvé tout juste ce qui convenait à ses intérêts. Ils ont surtout fait de merveilleux commentaires sur la grande bête à sept têtes et à dix cornes... Bossuet trouve que cette bête était évidemment l’empereur Dioelétien. Grotius croyait que c’était Trajan. Un curé de Saint-Sulpice, nommé La Chétardie, prouve que la bête était Julien. Jurieu prouve que la bête est le pape. Un prédicant a démontré, que c’est Louis XIV. Un bon catholique a démontré qun c’est le roi d’Angleterre, Guillaume. Il n’est pas aisé de les accorder tous. Il y a eu de vives disputes concernant les étoiles qui tombèrent du ciel sur la terre, et touchant le soleil et la lune qui furent frappés à la fois de ténèbres dans leurs troisièmes parties. Il y a eu plusieurs sentiments sur le livre que l’ange fit manger à l’auteur dé l’Apocalypse, lequel livre fut doux à la bouche et amer dans le ventre. Jurieu prétendait que les livres de ses adversaires étaient désignés par là ; et on rétorquait son argument contre lui. On s’est querellé sur ce verset : J’entendis une voix dans le ciel, comme la voix des grandes eaux, etc. Il est clair qu’il valait mieux respecter 1 Apocalypse que la commenter. »

Longtemps livrée aux interprétations contradictoires des passions religieuses, puis persiflée par l’ironie voltairienne, l’Apocalypse a été, de la part des critiques contemporains, l’objet d’études qui ont enfin abouti à dissiper l’obscurité, et à trouver la clef de cette corn Fosition bizarre. Nous savons aujourd’hui que Apocalypse n’est pas un livre exceptionnel, mais un brillant spécimen de tout un genre littéraire dont les productions abondent avant et après elle, depuis le livre de Daniel, qui ouvre la série dans le n<= siècle avant notre ère, jusqu’au ive siècle et même au delà ; que toutes ces apocalypses ou révélations, soit juives, soit chrétiennes, présentent entre elles de nombreuses analogies et s’expliquent l’une par l’autre ; que leur but est toujours de montrer dans les événements contemporains la symétrie interne qui les rattache a un plan divin, gouvernant l’histoire et permettant de prévoir ce qui va bientôt arriver ; que, sous ce rapport, elles peuvent être considérées comme autant d’essais de ce que nous entendons par la philosophie de l’histoire. ■ L’œuvre" qui. porte le nom à Apocalypse, dit M. Albert Réville, fixe la fin de l’ordre de choses dans lequel vivent l’auteur et les lecteurs à trois ans et demi après le moment où elle est écrite. Alors Jésus-Cnrist viendra pour mettre fin à la sanglante domination de l’Antéchrist, et faire régner les siens avec lui sur le monde renouvelé. L’Antéchrist a déjà paru ; c’est Néron en personne, dont le nom est mystérieusement désigné par le fameux chiffre de la bête, 666... (V. Antéchrist.) La prophétie de Pathmos porte donc sa date avec elle. Elle a dû être écrite dans les mois qui ont suivi la mort de Néron et précédé l’avènement de Vespasien. Comme un grand nombre de ses contemporains, l’auteur croit que Néron n’a disparu que pour un temps, et que, caché quelque part, au fond de l’Asie, il va revenir avec une armée orientale pour saccager Rome et persécuter les chrétiens... Dans ce livre donc, le diable, l’empiré, l’empereur, les lois, les coutumes, la religion païenne, tout cela ne forme qu’un bloc de personnes et de choses également détestables, également maudites. Jamais haine plus vigoureuse n’a trouvé pour s’exhaler d’accents plus formidables. » Ailleurs le même écrivain déclare qu’on n’a jamais écrit de livre plus révolutionnaire que l’A pacalypse.

Un mot sur la question de l’authenticité fi" l’Apocalypse. La date du livre est connue, mais quel est l’auteur ? Est-ce l’apôtre saint Jean, comme le soutiennent les catholiques et les protestants traditionnalistes ? L’extrême gauche de la critique, l’école de Tubingue, se range à cette opinion. On avait depuis longtemps posé ce dilemme : ou le quatrième évangile, ou l’Apocalypse, est de l’apôtre saint Jean ; mais il est impossible que les deux livres proviennent du même auteur. La nécessité de sacrifier l’un faisait rejeter l’authenticité de l’Apocalypse, parce que celle de l’Évangile paraissait beaucoup plus nécessaire. L’école de Tubingue n’hésite pas à affirmer que des deux livres, le seul oui puisse avoir saint Jean pour auteur est l’Apocalypse, parce qu’elle remonte évidemment, parla date et le contenu, aux temps apostoliques, tandis que l’Évangile appartient à une époque ultérieure du développement de la pensée chrétienne.

Quant à la canonieitê de l’Apocalypse, elle ne fut point généralement admise dans l’Église grecque jusqu’à la fin du ive siècle. Eusèbe, saint Épiphane et saint Jérôme l’attestent, et les catalogues des livres saints dressés par le concile de Laodicée, par saint Grégoire de Nazianze, par saint Cyrille de Jérusalem, ne comprennent pas l’Apocalypse. Ce fut le troisième concile de Carthage, en 397, qui l’inséra dans le canon des Écritures, c’est-à-dire au nombre des livres inspirés, ainsi que l’avait admis déjà l’Église d’Occident. Les Alogiens, les Marcionites, les Cerdoniens et Luther, ont rejeté l’autorité de l’Apocalypse. Scaliger s’est trompé en avançant qu’elle avait été écrite en hébreu et non en grec.

Apocalypse (SUJETS TIRÉS DE L, ’), B.-arts.

L’Apocalypse semble avoir été écrite tout

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exprès pour satisfaire la goût du merveilleux et du fantastique, qui devint l’une des passions dominantes du moyen âge. Ce fut sans doute ce livre étrange qui inspira aux artistes de cette époque les allégories bizarres, incohérentes, que nous retrouvons dans la plupart de leurs compositions peintes ou sculptées. (V. Allégories.) Les mosaïstes appelés par Charlemagne pour décorer la cathédrale d’Aixla-Chapelle, choisirent dans l’Apocalypse le sujet de la coupole centrale : ils représentèrent le Christ assis sur un trône au mifieu d’un areen-ciel circulaire, et au-dessous de lui les vingt-quatre vieillards, vêtus de blanc et portant à la main des douronnes d’or, qu’ils lui présentaient, après s’être levés de leurs sièges. Suivant M. Albert Lenoir, les vieillards n’étaient qu’au nombre de douze, et figuraient peut-êlre tes apôtres ; mais l’ensemble de la composition ne laisse pas de doute sur l’intention du mosaïste. C’était là, du reste, un sujet traditionnel et qui se reproduisit fréquemment sous le pinceau des miniaturistes et sous le ciseau des maîtres de pierre. Une miniature d’un évangéliaire du xi<= siècle, conservée à la bibliothèque de Munich, en offre une représentation où la fantaisie de l’artiste s’est donné pleine carrière. Au centre de la composition, devant un arbre, dont il tient une branche de la main gauche, est le Christ, enfermé dans un arc-en-cîel elliptique ; dans la droite est le globe, symbole de la toutepuissance. L’arbre a des feuilles en forme de champignons, et des fruits rouges de petite dimension. Ce n’est pas, comme l’a cru M. Waagen, l’arbre de la science, mais « l’arbre de vie, qui, selon l’Apocalypse (ch. xxir), donne du fruit douze fois par un, et dont les feuilles servent à rendre la santé aux nations. » Dans l’intérieur de l’arc-en-ciel se trouvent encore quatre figures allégoriques : le Soleil, une tête rouge ornée de rayons ; la Lune, bleue, avec le croissant ; le Ciel, une tête de vieillard d’une teinte gris-bleu ; ia Terre, une figure brune de femme, demi-nue et tenant le tronc de l’arbre. Extérieurement se dessinent les quatre symboles des évangélistes portés-par quatre sirènes : ces dernières, comme l’explique le texte, personnifient les quatre fleuves du paradis, qui alimentent tous les fleuves de la terre. L’arc-en-ciel, « qui à la vue paraissait comme un émeraude, ■ est formé de bandes de diverses nuances ; mais le vert domine. Les peintures de ia voûte du transept de la cathédrale de Brunswick, exécutées au commencement du xni’ siècle, représentent le Christ et la Vierge, sur leur trône ; figures de proportions colossales, auprès desquelles se tiennent deux anges et les vingt-quatre vieillards.

L’Apocalypse est interprétée plus fidèlement dans une série de tableaux que l’empereur Charles IV (1348-1378) fit peindre dans son château de Karlstein, en Bohême : M. Waagen signale comme des ouvrages d’une conception grandiose et d’une exécution admirable pour l’époque, la Vierge poursuivie par le dragon qui avait sept têtes et dix cornes (ch. xii), et la Vierge a qui Dieu avait donné les deux ailes d’un grand aigle pour s’enfuir dans le désert (ch. xiv).

Dans l’église de la Sainte-Croix, à Prague, on voit les deux sujets suivants également empruntés à l’Apocalypse et peints dans le même temps : l’adoration de l’Agneau par les vingt-quatre vieillards, et l’Eternel assis sur son trône, au milieu d’un losange, entouré du chœur des anges, et tenant les sept étoiles dans une main, Te livre aux sept sceaux dans l’autre. Tous les ouvrages que nous venons de citer ont été exécutes en Allemagne, où l’amour du fantastique prit de bonne heure un développement excessif. En France, une des productions les plus intéressantes qu’ait inspirées l’Apocalypse, est une peinture murale de la crypte da la cathédrale d’Auxerre, qui représente la Verbe monté sur un cheval blanc, ayant una épée à la main, et entouré de quatre anges également à cheval et armés (ch. xix). Cette peinture date du xme siècle. L’église de Saint-Étienne, à Bologne, possède un tableau de la même époque, que Lanzi croit l’œuvre d’un artiste formé à l’école byzantine, et qui figure l’Adoration de l’Agneau, telle qu’elle est décritedans le livre de Jean. Vasari nous apprend que Giotto peignit, en 1325, " dans l’église da Sainte-Claire, à Naples, les mystères de l’Apocalypse, et qu’il y introduisit des épisodes qui lui avaient été suggérés par le Dante. Les Van Eyck n’interprétèrent pas avec moins de libertéle texte de l’apôtre lorsqu’ils peignirent, au milieu d’un immense paysage, 1 agneau mystique, debout sur un autel et adoré par les anges, les martyrs et les saints. (V. Agneau.) Il faut arrriver jusqu’à Albert Durer pour trouver une traduction à la fois exacte et saisissante des fantaisies du solitaire de Pathmos : les quinze gravures dans lesquelles le célèbre artiste a représenté les principales scènes de l’Apocalypse méritent que nous leur consacrions un article spécial. (V. ci-après.) C’est encore un Allemand, M. de Cornélius, qui, de nos jours, a repris ces sujets étranges pour en orner les murs des portiques du Campo-Santo de Berlin ; son œuvre a droit également aune mention particulière. (V. ci-après.)

Apocalypse (i/), suite de quinze gravures sur bois, par Albert Diirer, publiées en 1498, avec un texte allemand, et en 1511, avec un texte latin et ce titre : Apocalipsis cum figuris. Ces gravures, où un profond sentiment du