Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 1, part. 2, An-Ar.djvu/105

Cette page n’a pas encore été corrigée

Vois ces murs, vois ce temple envahi par tes maître Tout annonce le Dieu qu’ont vengé te» ancêtres. Voltaire.

Voltaire.

— Prêcher, faire connaître : Annoncer l’Évangile. Annoncer la parole de Dieu. Saint Paul annonça la nouvelle religion aux Gentils. J’ai annonce aux bons habitants des campagnes les vérités les plus effrayantes de ma religion. (Brîdaine.)

— Prévenir de l’arrivée, de la présence d’une personne : Le domestique annonça monsieur un tel. (Acad.) Je vous ai annoncé, et l’on se fait un grand honneur de vous recevoir. {La Bruy.) Nous étions tous réunis, lorsqu’on annonça monsieur te prince. (De Retz.)

parui

-Se/

e annoncer, Faire dire s

qu’un, il Annoncer comme, Donner pour : Je vous /’annonce comme un honnête homme, comme un homme instruit, intelligent. On 2ious /’avait annoncé comme un écrivain, comme un artiste. > ’

— Par ext. Être le signe, la marque de, indiquer : Cette action annonce un mauvais cœur. (Acad.) Son port majestueux, sa démarche ferme et hardie, annoncent sa noblesse et son rang. (Buff.) Les plus pompeuses parures annoncent le plus souvent de laides femmes. (J.-J. Rouss.) Ses yeux annonçaient le contentement et le bien-être. (J.-J. Rouss.) Lés lambris dorés, le luxe et la magnificence ^annoncent que la vanité de celui qui les étale. (J.-J. Rouss.) Son silence et sa gravité annonçaient l’austérité de son caractère. (Barthél.) " Un arc de triomphe en pierres rouges annonce l’entrée de Heidelberg. (Chateaub.) Le costume des plus simples paysans castillans annonce plus d’opulence que celui des hommes riches chez nous’. (De Custine.) La discussion annonce le doute. (Guizot.) L’aristocratie britannique, sans trancher sur le caractère national, annonce une race supérieure, (L. Faucher.) Son visage fortement coloré annonçait un tempérament sanguin et vigoureux. (E. Sue.) L’intolérance peut être digne de ceux qui s’en servent, mais elle «’annonce jamais une bonne cause. (S. Dubay.)

— Jeu. À la bouillotte, à l’impériale, au piquet, etc., Faire connaître, déclarer son jeu : Qu’avez-vous à annoncer ? Annoncez donc.

S’annoncer, v. pr. Se manifester, se faire voir, se faire connaître : Mahomet s’est annoncé lui-même, sans aucun témoignage précédent. (Boss.) Malgré tant d’afflictions, le siècle de la politesse et des arts s’annonçait. (Volt.) fi y a des caractères qui s’annoncent presque en naissant. (J.-J. Rouss.) Les sciences s’annoncent tous les jours par de nouvelles lumières. (Barthél.) La bienfaisance s’annonce moins par une protection distinguée et des libéralités éclatantes que par le sentiment qui ■ nous intéresse aux malheureux. (Barthél.) Nous arrivâmes bientôt au bord de la cataracte, qui s’annonçait par d’affreux mugissements. (Chateaub.) L’appétit s annonce par un peu de langueur dans l’estomac. (Brill.-Sav.) La peinture des mœurs, dans la comédie, s’annonce de loin par des allusions piquantes aux ridi-

bien. Son règne s’annonçait de la manière la plus brillante. Cette entreprise s’annonçait bien, elle a mal tourné. (Acad.) Cet intrigant s’était annoncé par des manières insinuantes et polies. (Lavaux.) il Se présenter soi-même : Je n’ai pas besoin qu’on me suive, je m’annoncerai bien moi-même. (Scribe.)

— v. récipr. Se donner mutuellement avis : On s’éveillait les uns les autres pour s’annoncer ce qu’on avait appris. (La Bruy.)

— Syn. Annoncer, dénoncer. Annoncer, c’est faire connaître à quelqu’un une chose qu’il avait ignorée-jusque-là : Mon journal annonce la guerre. Dénoncer, c’est annoncer d’une manière expresse, avec autorité : L’ambassadeur a dénoncé ta guerre à cette puissance. Le légat a dénoncé l’excommunication à cet hérétique. Mais le plus souvent l’action de dénoncer est faite à l’autorité ; c’est alors une accusation, une délation : Les Athéniens dénoncèrent Ânaxagoras devant les magistrats, et l’accusèrent publiquement. Quand on vint lui annoncer que les Athéniens l’avaient condamné à mort, il n’en parut point plus ému. (l’en.) *.., •

— Syn. Annoncer, déclarer, découvrir,

. Déclarer, c’est faire connaître , e chose d’une manière nette et hardie : Jacques II aurait pu protéger les catholiques, sans le déclarer ouvertement. (Cond.) Annoncer, c’est communiquer quelque chose de nouveau : Je vous annonce une chose qui vous surprendra. (Acad.) Découvrir, c’est faire connaître ce qui était caché : Des vérités longtemps cachées se découvrirent enfin. (J.-J. Rouss.) Manifester, c’est montrer avec éclat, mettre au grand jour : Sa fierté l’empêcha de vous .manifester pleinement son désir. (Malebr.) Manifester enchérit sur découvrir : Des gens intéressés à découvrir et à manifester une fraude. (J.-J. Rouss.) i»,

annonceur s. m. (a-non-seuf — rad.

quelque cl

Jacques h

ANN

annoncer). Celui qui annonce, qui se plaît à annoncer telle ou telle chose : // faisait outre cela le métier ^’annonceur de nouvelles. (Scarr.) Il Inusité.

— Autrefois, Acteur chargé d’annoncer au public le spectacle du lendemain : Holà ! ho ! monsieur /’-nnonceur, un petit mot, s’il vous plait.’ n’êtes-vous point las de nous donner toujours la même pièce ? (Regn.)

. ANNONCHALANT (a

prés, du v. Annonchalii

■dnnoneno/an/ son cœur,

H s’habilla des habits d’une femme.

Ronsard.

ANNONCHALI, IE (a-non-cha-li) part. pass. du v. S’annonchalir.

ANNONCHALIR (S’}, v. pr. (sa-non-cha-lir

— rad. nonchalant). S’amollir, devenir paresseux ; s’énerver : L’homme s’annonchalit, lorsque rien ne l’excite au travail.

— S’emploie aussi activement : Le repos annonchalit les hommes, il Ces trois mots ont vieilli.

annonciaDE s. f. (a-non-si-a-de — vieux mot qui se disait pour annonciation). Hist. ecclés. Nom commun à plusieurs ordres religieux, institués dans le but d’honorer le mystère de l’incarnation : L’ordre de Z’Annonciade. Religieuse de Z’Annonciade. Service de /’Annonciade. il Religieuse d’un couvent de l’ordre de l’Annonciade : Une annonciade. Entrer chez les annonciades. h Société de l’Annonciade, Confrérie fondée à Rome par le cardinal Torquemada, pour marier les filles pauvres.

— Encycl. Hist. relig. On connaît sous le nom à’annonciades plusieurs ordres religieux : 1» les Servîtes, institués à Florence par sept marchands de cette ville, en 1232 ; 8° les Annonciades de Bourges, instituées.par Jeanne de Valois, fille de Louis XI, en 1500, dans le but d’honorer les dix vertus de la Vierge ; 30 les Annonciades célestes ou Filles Bleues, établies à Gènes en 1604, par Marie-Victoire Fornaro. Ces religieuses portaient un habit blanc et un manteau bleu, ce qui leur fit donner le nom de Filles bleues ou Annonciades célestes. Elles vinrent s’établir à Paris, rue Culture-Sainte-Catherine, en 16Ï2 ; elles ont encore aujourd’hui une maison à Saint-Denis.

ANNONCIADE (ordre de l’), Ordre chevaleresque de la maison de Savoie. L’origine de cette institution a donné lieu à un grand nombre d’opinions contradictoires. Toutefois, les écrivains les plus sérieux pensent qu’il a été fondé, en 1518, par Charles III, duc de Savoie, pour remplacer l’ordre du Collier, créé en 1355, par un de ses ancêtres. Le fondateurplaçacetordre sous l’invocation de la Vierge, et fit représenter sur la décoration une image de l’Annonciation. C’est de cette dernière circonstance qu’est venu son nom. Depuis son origine, l’ordre a subi des modifications assez importantes, mais il a toujours conservé une organisation essentiellement féodale. Aujourd’hui même, on n’y est guère admis si l’on ne justifie d’une noblesse ancienne. La décoration présente quatre lettres, F. E. R. T., que l’on considère comme une ancienne devise dont le sens est oublié. Quelques auteurs prétendent qu’elles signifient : Frappes ; entrez, rompez tout, ou bien, Fortitudo ejus Rhodum tenuit, mais ces explications ne reposent sur. aucune base. Suivant ceux qui les ont imaginées, la seconde serait une allusion aux exploits d’Amédée V contre les Turcs, au siège de Rhodes, en 1610, mais la devise se trouve sur des monnaies de Louis de Savoie, mort en 1301, et même de Thomas de Savoie, mort en 1233.

annonciateur s. m. (a-non-si-a-teurdu lat. annuntiator, celui qui annonce). Dans l’Église grecque, Sorte d’officier qui est chargé de faire l’annonce des fêtes.

ANNONCIATIF, IVE adj. (a-non-si-a-tif, i-ve — rad. annonciation). Qui est destiné à annoncer, il Très-peu usité.

ANNONCIATION s. f. (a-non-si-a-si-onlat. ànnûntiatio, même sens). Action d’annoncer : Dans /’annonciation que Charles le Chauve fit au peuple de la partie de ce traité qui le concernait... (Montesq.) il Inusité en ce sons. N

— Dans la religion eathol., Message de l’ange Gabriel à la Vierge Marie, pour lui annoncer le mystère de l’Incarnation, n Fête instituée par l’Église, dès les premiers siècles, en mémoire de ce mystère : L’Annonciation se célèbre le 25 mars, mais quand elle tombe dans la quinzaine de Pâques, on la remet au second lundi gui suit cette fête.

— B.-arts, Tableau, estampe, image, qui représente l’ange apparaissant à Marie : On a tant fait «/’annonciations, qu’il semble que ce thème ne puisse plus être varié. (Th. Gaut.)

— Encycl. La fête de l’Annonciation se célèbre le 25 mars, jour anniversaire, d’après saint Augustin, du grand événement auquel elle doit son origine. L’institution de cette fête remonte à une époque fort ancienne, puisque saint Athanase en faisait déjà mention dans un de ses sermons. Une constitution du patriarche Nicéphore ayant permis de rompre le jeûne si cette fête arrivait le jeudi ou le vendredi de la semaine sainte, un concile tenu à Tolède en 656, pour conserver l’intégrité du carême, ordonna de la transférer dans la se

— tu cet uàiu^t g les o)ont

fixée au lit décembre, et les Arméniens au 5 janvier ; mais dans l’Église latine, elle a repris son ancienne place au calendrier ecclésiastique.

Annonciation (représentations diverses de L’). Il n’est guère de sujets religieux qui

— !—’ été traités plus fréquemment que l’Annonciation ou Salutation angélique, cet épisode gracieux qui est comme le prologue de l’épopée chrétienne. Les catacombes nous en offrent

e peinture où les iconographes font r* quer que l’ange annonciateur n’a pas d’anes. ce qui est contraire aux prescriptions de saint Jean Chrysostome : ce Père de l’Église, voulant éviter que le messager céleste ne fût confondu avec un mortel, avait recommandé de le représenter planant au-dessus de la terre.

Entre autres monuments remarquables de l’antiquité chrétienne, où Y Annonciation a été figurée, nous citerons : un bas-relief de l’église Saint-Michel, à Pavie (vue siècle) ; une mosaïque du grand arc du chœur de Sainte-Marie-Majeure, à Rome (publiée par Ciampini) ; une sculpture en creux de la porte de bronze de la basilique de Saint-Paul hors les murs, à Rome, ouvrage byzantin du ixe siècle ; un très-beau bas-relief de la façade de l’église d’Orvieto, attribué’à Nicolas de Pise (xme siècle). Nous pourrions compléter ces indications par celles d’un très-graud nombre de miniatures, de sculptures sur bois et de vitrajix, dus à des artistes du moyen âge ; mais le détail en serait fastidieux, et ne révélerait d’ailleurs aucune particularité intéressante au point de vue de l’iconographie.

L’Annonciation devint la sujet favori des maîtres primitifs de l’Allemagne et des Flandres. Elle figure dans une foule de triptyques, tantôt au centre de la composition, tantôt sur les volets, le plus souvent au revers des vantaux, et dans ce dernier cas elle est assez ordinairement peinte en grisaille. Nous la trouvons représentée avec des détails d’une naïveté charmante dans un grand’ rétable du musée de Dijon, exécuté à la fin du xve siècle, par ordre de Philippe le Bon, et attribué à Melchior Brodlain : la Vierge, assise devant un pupitre sur lequel est ouvert un livre, occupe l’intérieur d’un oratoire roraano-byzantin, en dehors duquel l’ange Gabriel s’est agenouillé sur le gazon, tenant a la main une banderole où sont écrits les premiers mots de la Salutation angélique. Dans un coin du ciel apparaît Dieu le Père, coiffé d’une tiare et environné de têtes d’anges : de sa bouche s’échappe un rayon lumineux qui renferme le Saint-Esprit, figuré par la colombe. À quelques pas de l’oratoire, l’artiste nous montre sainte Elisabeth et la sainte Vierge s’embrassant (la Visitation), et tout à fait au fond, des montagnes couronnées par une forteresse.

Dans l’Annonciation qui orne le revers du célèbre rétable de l’Agneau mystique (V. Agneau) des frères Van Eyck, la Vierge et l’ange sont tous deux vêtus de robes blanches flottantes ; ce dernier, tenant à la r, ... mbe est posée

sur sa tête. Le lieu de la scène est une vaste salle, terminée au fond par des arcades qui laissent voir la ville de Gand.

C’est un paysage italien que Juste d’Allemagne a placé dans sa curieuse Annonciation, qui est au Louvre. Ici, l’ange est suspendu en lair ; la Vierge, vêtue d’une robe d’or que recouvre une draperie noire, se recule tremblante et s’appuie contre une colonne.

On voit au Louvre une autre Annonciation très-intéressante, qui figure parmi les œuvres des inconnus de l’école flamande (no 595), après été pendant longtemps attribuée à Lucas

est suspendu un médaillon qui représente le Christ assis sur un trône et tenant le globe du monde sur ses genoux.

VAnnonciation que Stephan Lochner a peinte à l’extérieur de son magnifique triptyque de la cathédrale de Cologne (Adoration des.mages), est regardée par M. Waagen comme un chef-d’œuvre, sous le double rapport de la forme et du sentiment. La Vierge, a genoux dans son oratoire, aune beauté, une candeur vraiment célestes.

L’église de la Madeleine, à Aix en Provence, possède une Annonciation qui, si elle n’est pas d’Albert Durer, à qui on l’attribue, mérite du moins d’être citée parmi les plus intéressantes productions de l’ancienne école flamande. La Vierge, revêtue d’une chape de drap d’or à grands ramages noirs, est âgenouillée devant un élégant prie-dieu, dans la chapelle latérale d’une église gothique. Elle a les mains jointes et détourne timidement ses regards de son livre d’heures. Un bel ange, à cheveux roux, les ailes déployées, les genoux en terre, lui annonce la nouvelle de sa maternité ; une magnifique chape rouge déroule autour de lui ses plis "ondoyants. Par une rosace de l’église, Dieu le Père, revêtu aussi d’une chape dont un ange soutient la queue, fait descendre sur Marie les effluves de sa grâce. Les détails allégoriques abondent dans la mise en scène. Un vase de cuivre, dans lequel est placé un lis, emblème de la chasteté,

ANN

est posé à terre auprès de la Vierge. Un singe est sculpté au-commet du prie-dieu. Au fond de l’église, un prêtre célèbre a l’autel le sacrifice de la messe... Et, ce qui dépasse toute naïveté, un bambino microscopique nage dans les flota de lumière qui vont du Très-Haut à Marie. L’opinion que le Fils de Dieu était ainsi desceWu tout formé dans le sein de la Vierge, trouva, au xve siècle, des partisans assez nombreux pour que saint Antonin, archevêque de Florence, crut devoir les combattre dans sa Summa historialis. Plus tard, Canisius (De deipara VirgineMaria, lv. III, ch.xiv) s’éleva à son tour contre cette hérésie, qu’avaient adoptée les anabaptistes allemands, à la secte desquels pourrait bien avoir appartenu l’auteur du tableau que nous venons de décrire.

Les peintres italiens péchèrent sinon contre le dogme, du moins contre le récit évangélique, en plaçant dans la scène de l’Annonciation des personnages autres que la Vierge et l’ange Gabriel. C’est ainsi qu’Andréa del Sarto (galerie de Florence) plaça, à côté de ce dernier, l’archange saint Michel, tenant une épée et les balances de la justice divine, et, derrière Marie, un vieillard qui, suivant la remarque de M. Guenebault. < ne peut être saint Joseph, puisqu’il ignorait tout ce qui se passait. » Francia alla plus loin encore, en faisant accompagner le messager céleste par saint Jérôme et saint Jean-Baptiste (musée de Bologne). De même, l’Annonciation de Fra Bartolommeo, au Louvre, nous montre la Vierge ayant près d’elle plusieurs saints et saintes, au moment où elle reçoit la nouvelle de sa conception immaculée : elle est assise sur une estrade placée dans un enfoncement en’ forme de niche, et contemple l’ange qui paraît dans les airs, tenant à la main une branche de lis. Le roi David et sa harpe ont été introduits, sans plus de raison, dans un tableau du même musée, peint par le Hollandais Bloemaert. Mais les anachvonismes de ce genre, que se permettaient souvent les artistes du xvic siècle, n’ont rien qui nous choque en pareille matière. Nous ne blâmerons pas davantage Paul Véronèse et l’Albane de s’être écartés de la vraisemblance, le premier en plaçant la Vierge et l’ange au-devant d’un magnifique palais (Académie des Beaux-Arts, à Venise), le second en transportant la scène au milieu d’un de ces frais et verdoyants paysages qu’il savait si bien peindre (Ermitage, Saint-Pétersbourg).

Outre les Annonciations dont il vient d’être parlé, nous pourrions en citer beaucoup d’autres qui ont été peintes par les plus grands artistes de toutes les écoles. Il nous suffira de dire que Vasari, Louis et Annibal Carrache, le Guide, l’Albane, Bon Boullongne, Charles de la Fosse et Lesueur, sont les auteurs des principales Salutations angéliques qu’on voit au Louvre. Au sujet de la représentation de ce même sujet par l’allégorie de la Licorne, V. ce mot."

Murillo a composé deux Annonciations que possède le Museo del Rey ; la plus petite est ta plus remarquable et la plus célèbre. Au milieu d’une atmosphère vaporeuse et céleste, le bel archange Gabriel apparaît à la Vierge agenouillée ; le messager du ciel se prosterne à son tour devant elle et salue la divine mère. Un brillant chœur d’anges, sur lequel ces deux figures semblent se détacher en relief, remplit tout l’espace ; et, sur ce fond luniineux,brille comme un astre resplendissant l’Esprit saint, qui vient sous la figure d’une blanche colombe accomplir le mystère de l’incarnation. « Jamais, si je ne l’eusse vu, dit M. Viardot, je n’aurais imaginé qu’avec les teintes d’une palette on pût imiter a ce point l’éclat d’une lueur miraculeuse, et faire jaillir de la toile des rayons de lumière. C’est le triomphe du coloriste. •

Annonciation «m berger». On désigne SOUS

ce titre l’apparition de l’ange venant annoncer aux pâtres de Bethléem lanaissancedu Messie. Ce sujet a été fréquemment traité par les artistes du moyen âge et de la Renaissance. On le voit figurer sur les volets de plusieurs triptyques allemands et néerlandais, et le plus souvent comme épisode secondaire, dans le fond d’une autre composition. C’est ainsi que dans la Nativité de Jules Romain, au Louvre, on aperçoit, à travers une ouverture de l’étable, des bergers gardant leurs troupeaux, et un ange qui les instruit de la bonne nouvelle. La scène est disposée d’une façon presque analogue dans une superbe peinture du même musée, que le catalogue intitule : l’Annonce aux bergers, et qui, T>ien que portant deux fois la signature du Titien, est reconnue pour être de Palma la vieux. Au premier plan un jeune berger est en adoration devant l’enfant Jésus, qui est posé sur une crèche d’écorce, et que soutient la Vierge assise ; dans le fond, deux bergers contemplent trois anges qui leur apportent le message céleste. Comme composition principale, cette scène a été traitée par Rembrandt, qui en a fait le sujet de l’une de ses plus belles eaux-fortes ; par Ph. Wouwerman, qui l’a placée dans un paysage du plus beau ton doré, qu’on admire à la galerie de Dresde., L’Arinoiici’a/ïon de Poelenburg, qui est au Louvre, est plutôt aussi un paysage qu’un tableau d histoire religieuse : l’artiste y a groupé, près d’une chaumière, des bergers, les uns endormis, les autres levaut les oras vers le ciel, où voltigent des chérubins. Une composition beaucoup plus importante, de Govaert Flinck, nous montre les pâtres couchés à terre près de leurs troupeaux, et s’é-