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Mais là, il fut arrêté et écrasé par Charles-Martel, qui, dans cette journée mémorable, sauva la France et peut-être l’Europe du joug des Musulmans. Abdérame périt lui-même dans la mêlée (732). Cet événement marqua l’époque de la décadence des Arabes en Europe.

ABDÉRAME Ier, le Juste, premier émir ommiade d’Espagne (756-787). Échappé au massacre de sa famille, il se réfugia en Mauritanie, puis en Espagne, où il avait un parti parmi les tribus arabes et syriennes qui se disputaient le pays, prit Séville, Cordoue, commença la splendide mosquée de cette ville et ruina dans la péninsule la puissance des Abbassides. C’est sous son règne que Charlemagne s’avança en Espagne jusqu’à l’Èbre.

ABDÉRAME II, le Victorieux, roi de Cordoue (822-852). Son règne fut constamment troublé par des guerres et des révoltes, et par les conquêtes des princes chrétiens en Aragon, dans la Navarre et dans les Asturies. Sa cour était une des plus brillantes de l’Europe.

ABDÉRAME III, roi de Cordoue, le premier qui prit le titre de calife en Espagne (912-961). Il eut continuellement à lutter contre les princes chrétiens, qui gagnèrent sur lui la bataille de Simancas (938), fit d’importantes conquêtes en Afrique, et fonda à Cordoue la première école de médecine qu’il y ait eu en Europe.

ABDÈRE s. m. (ab-dè-re — de Abdère, nom pr. de ville). Entom. Genre d’insectes coléoptères, section des hétéromères, qui ne renferme que quelques espèces indigènes, et dont le type est l’abdera bifasciata.

ABDÈRE, anc. ville de Thrace, patrie de Démocrite, d’Anaxarque et de Protagoras. La stupidité des Abdéritains avait passé en proverbe, et ils étaient de la part des anciens l’objet d’interminables plaisanteries. Ayant acheté une Vénus en ivoire de grandeur naturelle, ils la trouvèrent si belle que, pour la faire mieux admirer, ils la placèrent sur une colonne tellement élevée, qu’il était à peu près impossible à l’œil de l’apercevoir. V. la fable de La Fontaine : Démocrite et les Abdéritains, qui a trait à une anecdote ancienne sur ce philosophe et le peuple d’Abdère, qui le croyait fou.

ABDÉRITAIN, AINE s. (ab-dé-ri-tain, è-ne). Géogr. Habitant d’Abdère : Les Abdéritains aimaient beaucoup la musique et la poésie ; cependant ils passaient pour stupides. (Bouillet.)

— Adj. Qui a rapport à Abdère ou à ses habitants : Mœurs, coutumes abdéritaines. On dit aussi abdérite.

ABDEST s. m. (ab-dèstt — du pers. ab, eau ; dest, main). Purification légale des Persans et des Turcs : L’abdest consiste à se laver les pieds et la tête avant les cérémonies religieuses. (Encycl.)

— Eau qui sert à cette purification.

— En Perse, le mot abdest est pris au pied de la lettre, car les Persans ne mouillent que leur main et se contentent de la passer, ainsi mouillée, sur leur tête et sur leurs pieds ; mais ce mot reçoit plus d’extension chez les Turcs, qui versent également de l’eau sur leur tête et se lavent les pieds trois fois. L’abdest était en usage chez les descendants de Mahomet, qui ne fit que le remettre en vigueur, et qui régla jusqu’à la quantité d’eau que l’on doit employer.

ABD-HOUTS (ab-doutt) s. m. pl. Fakirs indiens qui sont mariés. C’est à eux que s’adressent les femmes stériles qui veulent avoir des enfants.

ABDIAS (ab-di-âss), un des douze petits prophètes ; vivait au temps de la captivité.

ABDICABLE adj. (ab-di-ka-ble — rad. abdiquer). Qui peut, qui doit être abdiqué : Dignité abdicable.

ABDICATEUR s. m. (ab-di-ka-teur — rad. abdication). Celui qui abdique.

ABDICATION s. f. (ab-di-ka-si-on — du lat. abdicatio, même sens). Renonciation à une charge, à une qualité, à un titre, et particulièrement à l’autorité souveraine.

— Il se construit avec la préposition de :

1o Pour indiquer le sujet de l’abdication : L’abdication d’un prince, L’abdication de Napoléon, de Charles X. L’abdication du pape Célestin V fut toute volontaire. (Beugnot.) Il y en a qui disent sentir l’immensité de l’abdication de Napoléon en voyant la misérable table sur laquelle elle a été signée. (F. Soulié.) L’abdication de Dioclétien eut lieu dans une plaine qu’inondait la foule des grands, du peuple et des soldats. (Chateaub.)

2o Pour spécifier l’abdication, pour en exprimer l’objet : L’abdication d’un empire est quelquefois suivie de regrets. (Acad.) Christine étonna l’Europe par l’abdication de sa couronne. (Volt.)

3o Quelquefois pour désigner le lieu de l’abdication : L’abdication de Fontainebleau ; c’est-à-dire l’abdication de Napoléon à Fontainebleau.

— Absol. : Les abdications produites par l’ennui des grandeurs ne sont jamais irrévocables. (Beugnot.)

Abdication absolue, Abdication complète de tous les droits du pouvoir. || Abdication conditionnelle, Subordonnée à la réalisation de certaines conditions. || Abdication partielle, Renoncement à une certaine partie du pouvoir. || Abdication de patrie, Acte par lequel un homme renonce à sa patrie et en choisit une autre.

— S’emploie aussi en parlant des magistrats de l’ancienne Rome : Abdication du consulat. Abdication de la dictature.

— Anc. jurispr. Acte par lequel un père privait son fils des droits que celui-ci avait à sa succession. Elle différait de l’exhérédation, qui n’avait lieu qu’en vertu d’un testament, après la mort du père. || Acte par lequel un homme renonçait à sa liberté, et se rendait esclave ou se soumettait à la servitude de la glèbe.

— Se dit de l’abandon de toute espèce d’autorité que peut avoir un simple particulier : Abdication de l’autorité maritale. Abdication, par mariage, de la nationalité de la femme. || Se dit aussi du renoncement à des droits : Abdication volontaire des garanties données au mandataire.

— Abandonnement de biens.

— Fig. Renoncement à, dépouillement volontaire de ce qui tient à une dignité : Pierre le Grand rapporta avec lui la science de la construction des vaisseaux, achetée courageusement par une espèce d’ abdication de la dignité royale. (Fontenelle.) À la procession des États généraux, Philippe d’Orléans laissa vide sa place parmi les princes, et marcha parmi les députés. Cette abdication de sa dignité près du trône, pour se parer de sa dignité de citoyen, lui valut les applaudissements de la nation. (Lamart.) || Renoncement à la pensée, à la conscience, à la personnalité : L’indifférence est l’ abdication de la conscience. (De Vallée.)

Abdication morale, Se dit d’un acte dont les conséquences doivent annuler moralement le pouvoir, l’institution, le parti qui l’accomplit : Le concordat napolitain est l’acte d’abdication morale signé par la royauté des Deux-Siciles.

— Fig. Retraite, renonciation à sa part d’influence et d’action : Ces paroles, par lesquelles le côté droit se refusait désormais à concourir aux actes de l’Assemblée nationale, étaient l’ abdication de tout un parti. (Lamart.) L’invasion occidentale est évident, et l’abdication orientale devient chaque jour plus manifeste. (De Laborde.) || S’est aussi appliqué, dans ce sens, à un changement de conduite : Mmes  de Longueville et de Chevreuse ont couronné une existence d’intrigues et de volupté par l’abdication de leurs amours. || Se dit également des choses : Le projet reproche au législateur de 1810 d’avoir, dans l’art. 463, énervé la loi par une sorte d’abdication volontaire et de renoncement d’elle-même. (Le Siècle.)

Faire abdication, Abdiquer, reoncer à, mettre de côté : Charles-Quint fit abdication à Bruxelles. (Acad.) Je ne saurais accepter sans faire abdication de toute dignité. (Molé.)

Syn. Abdication, démission. On fait une abdication de sa dignité et de son pouvoir, et l’on donne sa démission de ses charges, emplois et bénéfices. L’abdication ne s’applique qu’à des postes considérables, et la démission qu’à des places inférieures ou moyennes.

Encycl. Hist. Le caractère essentiel de l’abdication est d’être volontaire ; mais il est bien rare qu’elle le soit complètement. Le plus souvent l’abdication est l’abandon d’un pouvoir que les circonstances ne permettent plus de conserver. Quand on accepte la théorie du droit divin des rois, on est logiquement conduit à contester aux princes le droit d’abdiquer un pouvoir qu’ils ont reçu directement de Dieu et dont ils ne doivent de compte qu’à Dieu seul. À ce point de vue, abdication, c’est désertion. Si, au contraire, on voit dans le pouvoir un mandat social, on comprend les raisons qui peuvent donner le droit et même le devoir de renoncer à ce mandat.

Les plus célèbres abdications sont celles du dictateur Sylla (79 av. J.-C.), des empereurs Dioclétien et Maximien (305 de l’ère chrétienne), de Charles Quint (1556), de Christine, reine de Suède (1654), des rois d’Espagne Philippe V (1724) et Charles IV (1808), des rois de Sardaigne Victor-Amédée (1750), Victor-Emmanuel (1821) et Charles-Albert (1849), de l’empereur Napoléon Ier (1814 et 1815), des rois de France Charles X (1830) et Louis-Philippe Ier (1848). Ces quatre dernières abdications se sont produites sous l’empire de circonstances impérieuses qui leur enlèvent tout caractère de spontanéité.

Allus. hist. Abdication de Sylla, allusion à un des traits les plus singuliers, les plus extraordinaires dont l’histoire fournisse l’exemple, — Sylla abdiquant à l’apogée de sa puissance — et auquel on compare quelquefois une résolution spontanée, à laquelle on ne s’attendait pas :

« En toute chose il faut écrire à temps le mot finis, il faut se contenir, quand cela devient urgent, tirer le verrou sur son appétit, mettre au violon sa fantaisie et se mener soi-même au poste. Je vous recommande donc la modération de vos désirs. Heureux celui qui, lorsque l’heure a sonné, prend un parti héroïque, et abdique comme Sylla ! »

               V. Hugo, les Misérables.

« Je te plains, c’est vrai, dit Pierre ; mais enfin, tu as, j’imagine, de quoi vivre grassement, même à Paris : pourquoi continuer ? qui t’y contraint ? et si cela t’agace tant de gagner des millions, fais comme l’antique Sylla de l’histoire, abdique au milieu de la pourpre. »

               Amédée Achard, Misères d’un millionnaire.

« Le maître d’école remit à chacun de ses élèves, comme gage de son abdication, deux gros sous pour aller jouer au bouchon sur la place, où plus tard on le vit tranquillement se promener au milieu d’eux, comme Sylla dans les rues de Rome, après qu’il eut déposé les insignes de la dictature. »

               Jules Sandeau, Catherine.

ABDIOTE s. et adj. Géogr. V. Abadiote.

ABDIQUANT (ab-di-kan), part. prés.{lié}}du v. Abdiquer : Ami de tous les partis, fidèle à aucun, souvent dépouillé de ses États, et tantôt les abdiquant, puis les reprenant… etc. (St-Simon.) Le cardinal de Bouillon attente à la majesté de son souverain en abdiquant sa qualité innée de sujet. (St-Simon.)

ABDIQUANT, ANTE s. (ab-di-kan, an-te — rad. abdiquer). Celui, celle qui abdique, qui a fait abdication : Si celui en faveur duquel l’abdication a été faite vient à mourir, ou s’il n’accepte pas l’abdication, les droits de l’abdiquant restent entiers. (Beugnot.)

— S’empl. adjectiv. : Prince abdiquant, princesse abdiquante.

ABDIQUÉ, ÉE (ab-di-kê), part. pass. du v. Abdiquer. Quitté, abandonné : Abdication se dit de celui qui abdique et de la chose abdiquée. (Acad.) Nous possédons une puissance qui ne saurait être abdiquée, sous peine de ne plus être hommes. (Balz.) Rome, au xviiie siècle, n’était plus que la ville de la religion et de la science ; son pouvoir politique semblait abdiqué par elle. (Villemain.)

ABDIQUER v. a. ou tr. (ab-di-ké — du lat. abdicare, même sens). Renoncer à de hautes fonctions, et particulièrement à l’autorité souveraine : Amurat abdiqua deux fois la couronne. (Thomas.) Quand Lycurgue donna des lois à sa patrie, il commença par abdiquer la royauté. (J.-J. Rouss,) Brutus, me dira-t-on, devait abdiquer le consulat plutôt que de faire périr ses enfants. (J.-J. Rouss.) L’intervention du pouvoir politique n’empêcha pas saint Grégoire, fatigué, d’ abdiquer son siège et d’aller mourir dans la retraite. (Chateaub.) J’abdiquerais volontiers tous les sceptres, toutes les palmes du monde, pour faire de toi mon éternelle pensée. (Balz.)

— Par ext. Renoncer à un emploi, à une place, à une charge : Tout magistrat qui abandonne le soin de la patrie et abdique la magistrature est un traître qui mérite la mort. (J.-J. Rouss.) Il me répugnait de penser qu’on pût croire que j’abdiquais une fonction gratuite, pour conserver une fonction salariée. (Cormenin.)

Abdiquer la crosse et la mitre, Renoncer à la dignité d’abbé crosse et mitre.

— L’église ne permet pas d’abdiquer le cardinalat.

— Se dit quelquefois, en parlant de l’abandon d’une espèce de royauté intellectuelle : Listz a abdiqué le sceptre du piano pour se faire chef d’école. || Mettre de côté, oublier : Et tout d’abord, sire, nous commencerons ici par abdiquer votre puissance de roi. (Maurel Dupeys.)

— Fig. Renoncer à ; quitter, abandonner : Abdiquer ses devoirs ; abdiquer sa liberté, ses biens. (Acad.) Sans abdiquer Paris ni la cour. (St-Simon.) Ils abdiquaient aux autels les passions du monde. (Chateaub.) La langue française abdiqua dès lors sa belle et sonore gravité ; elle sacrifia son énergie à la grâce. (Ch. Nodier.) Racine abdique son génie, se met à rimer des psaumes. (Proudhon.) La popularité ne permet pas qu’on l’abdique ; elle soulève ou elle engloutit. (Lamart.) Il abdiqua une vie de bien-être et de luxe pour se confiner dans ces montagnes. (Le Siècle.) En 1763, J.-J. Rousseau abdiqua solennellement son droit de bourgeoisie, et renonça au titre de citoyen de Genève.

Ne pouvant t’élever, je brûlai de descendre,
D’abdiquer ce destin pour t’égaler à moi,
Et de vivre ta vie en mourant comme toi !
Lamartine.

— Renoncer à des prétentions, à des droits : Abdiquer la qualité de caution pour devenir débiteur principal. Abdiquer la mitoyenneté. Trompée par son mari, la princesse abdiqua, par scrupule religieux, ses droits de représailles. || Peut avoir pour sujet un nom de chose : L’hiver n’abdique pas ses droits. La société n’abdiquera plus la surveillance. Son regard modeste et doux semblait vouloir abdiquer tous les droits du génie et tous les rêves de la gloire. (G. Sand.) Il serait déplorable qu’une grande puissance comme l’Angleterre abdiquât, dans une circonstance aussi grave, tous ses devoirs envers elle-même, envers l’Italie, envers l’Europe, envers la civilisation. (Journ.) La loi ne saurait abdiquer sa tutelle bienfaisante sur les actions des hommes. (Hennequin.)

— S’empl. absol., au propre et au fig., et se dit des personnes et des choses : De toutes les tyrannies, la plus odieuse est celle qui ôte perpétuellement à l’âme le mérite de ses actions et de ses pensées : on abdique sans avoir régné. (Balz.) Tout parti qui s’abstient abdique. (Lamart.) Les jacobins purs voulaient que l’Assemblée nationale abdiquât en masse, pour laisser la place à des hommes nouveaux. (Lamart.) Une femme qui a vos charmes ne doit jamais abdiquer (Th. Leclercq.) Conseiller, empêcher, demander, obtenir, voilà le rôle de la femme ; agir, pour elle, c’est abdiquer. (Mme  E. de Gir.) Les principes fléchissent quelquefois, ils n’abdiquent jamais. (Le Siècle.) Je suis de ceux qui pensent, comme Bayle, que l’esprit humain ne peut abdiquer. Les partis qui s’isolent et qui abdiquent s’amoindrissent. Ce n’est pas une raison pour que la pensée abdique. (Illustrat.)

J’ai gouverné sans peur, et j’abdique sans crainte.
Jouy
Un inconstant vieillard, lassé du diadème,
Abdique imprudemment et s’en repent de même.
Ducis

S’abdiquer, v. pr. Être abdiqué : Un trône ne s’abdique jamais sans regret. Le nom ne s’abdique pas.

— Fig. Renoncer à sa propre dignité, résigner son pouvoir, se désister de ses droits : Le clergé et l’aristocratie venaient alors s’abdiquer entre les mains du peuple. (Lamartine.) Le gouvernement s’abdiquerait lui-même, s’il abandonnait sa position de gouvernement. (Molé.) Un jour, la France, fatiguée de s’abdiquer, voulut rentrer en possession de ses prérogatives et ressaisir les attributs de sa puissance. (Journ.)

Syn. Abdiquer, se démettre, résigner. Un prince souverain abdique, un fonctionnaire se démet de ses fonctions, un dignitaire résigne sa dignité. Sous un autre point de vue, abdiquer exprime un acte brusque s’achevant en un seul coup, et se démettre indique quelque chose de successif, qui peut ne pas aboutir à une renonciation : Dioclétien abdiqua solennellement l’empire, comme fit depuis Charles-Quint. (Volt.) Dans cette scène immortelle, Auguste délibère s’il se démettra de l’empire. (Volt.)

ABDITOLARVE adj. (ab-di-to-lar-ve — du lat. abditus, caché ; larva, larve). Entom. Qui se développe dans le tissu des plantes vivantes : Insecte abditolarve.

— s. m. pl. Famille d’insectes hyménoptères, dont les larves naissent dans le tissu de certains végétaux, où elles ont été primitivement déposées à l’état d’œufs.

ABDOLONYME, descendant des rois de Sidon, était réduit par la pauvreté à cultiver un jardin, lorsque Alexandre le Grand, voulant placer sur le trône de Sidon un roi qui lui fût attaché, le tira de son obscurité pour lui donner la couronne.

ABDOMEN s. m. (ab-do-mè-ne — étym. dout. : 1o Du lat. omen, mot qui, primitivement, a signifié ventre, et de abdo, je cache ; l’abdomen est, en effet, la partie du ventre que l’on cache. 2o Suivant Lunier, du lat. omentum, coiffe, tunique grasse qui enveloppe les intestins, et de abdo, je cache. 3o Selon quelques autres, mais avec moins de probabilité, de omen, présage, parce que les augures consultaient les entrailles des victimes pour connaître l’avenir, qui, selon eux, y était cache). Anat. Le bas-ventre, et particul. cette partie du bas-ventre qui renferme les intestins : Chez la femme, l’abdomen a une capacité plus grande que chez l’homme. (Encycl.) Je souffre beaucoup de l’abdomen. (Florian.) Les habitants de la lune sont petits comme des enfants de six ans, leur voix part de l’abdomen, et ils rampent. (Balz.) || S’empl. pour Ventre, gros ventre, dans un sens légèrement ironique : Il suffisait de voir ses yeux un peu bridés, son vaste abdomen, son nez luisant. (G. Sand.) Il laissait pendre sur son abdomen une grosse chaîne d’or terminée par un paquet de breloques hétéroclites. (Balz.)

Encycl. Le tronc de l’homme et des mammifères se divise en deux parties, la poitrine ou thorax et l’abdomen, séparées par le diaphragme. L’abdomen est borné inférieurement par le bassin, en arrière par les vertèbres lombaires, sur les côtés et en avant par des aponévroses et des muscles. Il est tapissé intérieurement d’une membrane unie et mince, appelée péritoine, qui enveloppe tous les viscères dont elle permet et limite les mouvements. L’abdomen se divise en trois régions médianes, qui sont en allant de haut en bas : l’épigastre, la région ombilicale et l’hypogastre, six latérales qui sont les hypocondres, les flancs et les fosses iliaques, il contient l’estomac, les intestins, la rate, le foie, le pancréas, les reins. La ligne médiane de la face antérieure de l’abdomen est formée par l’entre-croisement de fibres aponévrotiques, et porte le nom de ligne blanche. L’abdomen prédomine chez l’enfant ; il est plus volumineux chez la femme que chez l’homme. La séparation entre l’abdomen et la poitrine n’existe pas chez les reptiles. Chez les poissons, qui n’ont pas de cavité pectorale, l’abdomen est la partie inférieure du corps qui renferme les organes de la digestion et de la génération. Dans les insectes, les crustacés, les arachnides, c’est la partie postérieure du corps que l’on désigne sous le nom d’abdomen. Les rayonnés n’ont pas d’abdomen proprement dit.

ABDOMINAL, ALE adj. (ab-do-mi-nal, a-le — rad. abdomen). Qui appartient, qui se rapporte à l’abdomen : Organe abdominal. Viscères abdominaux. Parois abdominales. La cavité abdominale est tapissée par une membrane séreuse qui revêt, totalement ou en par-