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marée, tourne sur une verticale qui passerait par son centre de gravité, et écarte la proue de la ligne du vent : Navire qui fait des abattées. L’abattée a lieu lors de l’appareillage ou quand le navire est en panne ou à la cape. (Bouillet.) Dantès, quoiqu’il fût à peu près certain de la route que suivait le bâtiment, l’accompagna des yeux avec une certaine anxiété jusqu’au moment où il lui vit faire son abattée et revenir à lui. (Alex. Dum.)

— Se dit aussi de l’espace parcouru par le navire pendant le mouvement de l’abattée.

ABATTEMENT s. m. (a-ba-te-man — rad. abattre). Action d’abattre ; état de ce qui est abattu : L’abattement des arbres. Abattement d’un grand nombre de pièces de gibier. Dans ce sens, on dit plutôt abattage.

— Fig. Affaiblissement des forces morales ; découragement, anxiété extrême, tristesse profonde : Sans cette espérance, je tomberais dans l’abattement. (Bourdal.) Dans l’abattement, l’âme se relève aux pieds de la croix. (Imit. de J.-C.) Tous ses discours, toutes ses actions faisaient paraître de l’abattement. (La Rochef.) Au milieu de la tristesse et de l’abattement de la cour, la sérénité seule de son auguste front rassurait les frayeurs publiques. (Mass.) Jamais Alexandre n’était si résolu que dans l’abattement des troupes. (St-Evrem.) Ne cherchez pas à me tirer de l’abattement où je suis tombé. (J.-J. Rouss.) Un homme véritablement courageux est à l’abri de l’ivresse de la prospérité et de l’abattement du malheur. (De Ségur.)

La colère est superbe, et veut des mots altiers ;
L’abattement s’exprime en des termes moins fiers.
Boileau.

— Diminution considérable des forces physiques ; prostration : Le jeûne fait sur votre corps des impressions de langueur et d’abattement. (Mass.) Les chaleurs m’ont jeté dans de grands abattements. (Boileau.) Il avait les mouvements tristes, la voix faible, l’abattement d’un convalescent. (Balz.)

À cet abattement que vous laissez paraître,
J’ai, s’il faut l’avouer, peine à vous reconnaître.
Lemercier

|| Se dit aussi de l’expression particulière que donnent aux traits, au visage, à tout le corps, une tristesse profonde, le découragement, etc. : Autrefois les tyrans ne reconnaissaient les chrétiens qu’à l’abattement de leur visage. (Mass.) Elle n’avait plus cette expression d’ abattement que donne l’esclavage. (G. Sand.)

L’abattement se peint dans ses traits douloureux.
Baour-Lormian.

— S’empl. quelquefois au pluriel : Cette idée les jette dans des abattements d’esprit. (Bourdal.) Ces langueurs, ces abattements que Tertullien a si bien appelés des parures de mort. (Mass.)

— Anc. jurispr. Prise de possession d’un héritage sur lequel on avait un titre apparent de propriété, lorsqu’on s’y introduisait sans violence, aussitôt après la mort du possesseur et avant que son héritier l’eût occupé.

— Chass. Action de découpler les chiens.

Épithètes. Naturel, passager, court, long, profond, lourd, pesant, total, complet, triste, douloureux, morne, sombre, mortel, lâche.

Syn. Abattement, accablement, anéantissement, prostration. L’abattement est une langueur que l’âme éprouve à la suite d’un mal qui lui arrive ; il peut n’être que momentané, et quand il se prolonge, il conduit à l’accablement. Celui-ci se dit du corps et de l’âme ; le corps est accablé par suite de fatigue et de maladie ; l’esprit est accablé quand il est près de succomber sous le poids de ses peines. L’anéantissement est l’état d’une âme qui a succombé, qui a perdu toute force, toute vie ; mais cette idée étant nécessairement hyperbolique, le mot ne diffère guère du précédent quant au sens réel. La prostration est un accablement complet de l’âme et du corps tout ensemble.

ABATTEUR s. m. (a-ba-teur — rad. abattre). Celui qui abat des arbres, etc. : Ce bûcheron est un grand abatteur de bois. (Acad.)

— Fig. Sert à exprimer énergiquement une idée de destruction, et se prend en bonne ou en mauvaise part, suivant la nature du complément : L’herbe serrée, reprend Alaric, l’abatteur d’hommes, se fauche mieux. (Chateaub.) Des ruines, c’est tout ce qu’ont laissé sur leur passage ces grands abatteurs de lois, de têtes et de monuments. (J. de Maist.) Le dix-huitième siècle, ce grand abatteur de préjugés, attaque cette opinion. (Rog. de Beauv.)

— Fam. Homme qui fait beaucoup d’ouvrage : Un grand abatteur de besogne. C’était un bon garçon et un rude abatteur d’ouvrage, au dire de tous ses compagnons. (G. Sand.) || Grand abatteur de bois, Vert galant : Henri IV a eu une quantité étrange de maîtresses ; il n’était pourtant pas grand abatteur de bois. (Tallem. des Réaux.)

Et chacun dit à haute voix :
O le grand abatteur de bois ! Scarron.

— Abatteur se dit aussi d’un homme très-adroit au jeu de quilles : C’est un grand abatteur de quilles.

Mais cette dernière expression s’emploie le plus souvent fam. pour désigner un homme qui a fait des choses difficiles, extraordinaires, ou qui se vante de prouesses qu’il n’a point faites : Quel abatteur de quilles !

Vous êtes, je vois bien, grand abatteur de quilles.
Régnier.

ABATTIS (s. m. — rad. abattre). Amas de choses abattues, démolies, brisées : Cette rue est bouchée par un abattis de maisons. (Acad.) || Coupe faite dans un bois, dans une forêt : On a fait un grand abattis de chênes dans cette forêt. (Acad.) Cette vaste terre n’est donc qu’une forêt dans laquelle des sauvages ont fait quelques clairières et de petits abattis pour s’y domicilier. (Buff.) L’abattis d’arbres qui le blessait si vivement avait été fait sur le bord de la petite rivière. (G. Sand.)

Le Scythe retourné dans sa triste demeure, [heure, ]
Prend la serpe à son tour, coupe et taille à toute
Conseille à ses voisins, prescrit à ses amis
          Un universel abattis.          La Fontaine.

— Fig. Grande suppression, retranchement excessif, etc. : La Chambre était en train de retrancher sur le budget ; c’était un abattis de millions. (Marrast.) La fameuse nuit du 4 août fit un grand abattis dans la forêt des abus. (Siècle.) || Un philosophe du siècle dernier disait à une femme d’esprit : « Avouez, madame, que nous avons fait un terrible abattis dans la forêt des préjugés ? — Oui, répondit-elle, c’est pour cela que vous avez débité tant de fagots. » || Amas de choses confuses, sans ordre, et prises comme au hasard : La vraisemblance, la sincérité du personnage devenaient ce qu’elles pouvaient sous cet abattis de rimes sonores.

— Argot. Se dit du pied et de la main d’une personne : Il répliquait en allongeant ses abattis. (Cabassol.) Des pieds qu’on nomme abattis. (Balz.) || Par ext. et fam. Se dit des pieds et des mains d’une forte dimension.

— Masse de pierre que détache le carrier avant de la débiter.

— Chass. Se dit du gibier que l’on tue : Faire un abattis, un grand abattis de lièvres. (Acad.) J’en connais plus de vingt nichées : nous avons de quoi faire un bon abattis, je vous en réponds. (Vitet.) || Se dit en général de tous les animaux que l’on tue, que l’on détruit : On tuait pour tuer ; car comment profiter de ces abattis de colosses dont un seul a tant d’huile et tant de sang ? (Michelet.)

— Petit chemin que se font les jeunes loups auprès et autour du lieu où ils sont nourris.

— Art culin. Les pattes, la tête, le cou et les ailerons d’une volaille : Abattis d’oie, de dindon. || On dit aussi absol. : Un abattis en ragoût. Servir des abattis aux navets. || Peau, graisse et tripes de bêtes tuées par le boucher.

— Art milit. Espèce de barricade ou de retranchement fait à la hâte avec des branches d’arbres : Ce fut par des abattis que Miltiade, dans les plaines de Marathon, arrêta la cavalerie des Perses et neutralisa leur supériorité numérique. (Bachelet.)

ABATTOIR s. m. (a-ba-toir — rad. abattre). Établissement dans lequel les bouchers sont tenus de faire abattre et préparer les animaux destinés à la consommation : Les abattoirs ont fait disparaître ces tueries infectes qui compromettaient la santé des grandes villes. (Bouillet.) Jamais le boucher ne marqua avec plus d’autorité le bétail qu’il fait conduire à l’abattoir. (F. Soulié.) || Se dit aussi des établissements où se fait l’abattage des chevaux, ânes, chiens, etc. : Les abattoirs de chevaux n’ont pas rendu moins de services que les abattoirs de boucherie, en remplaçant les équarrissages qui ensanglantaient et infectaient la capitale. (Bouillet.) Je me servirai si bien du palefroi, qu’il aura à peine la force, lorsque je le rendrai, d’aller des écuries de monsieur le comte à l’abattoir. (G. Sand.)

Droit d’abattoir. Droit que l’on paye pour les animaux tués dans un abattoir.

— Fig. S’est dit d’un champ de bataille et de tout pays ensanglanté par les luttes politiques : Le champ de bataille était un véritable abattoir de chair humaine. La Pologne est un abattoir où les soldats russes font l’office de bouchers. (Edm. Texier.) Aujourd’hui la barbarie russe tend à transformer la patrie de Kosciusko en un abattoir humain. (A. de La Forge.)

— Cellule de la Conciergerie, à Paris, qui reçoit plus particulièrement les accusés de crimes pouvant entraîner la peine de mort. || On s’est servi également de ce mot en parlant de certaines autres prisons : Une noble femme, accourue des extrémités de la France sur la grève de Belle-Ile, pour y embrasser son mari, frappa en vain pendant six mois aux portes de cet abattoir politique. (Sarrans.)

— Par ext. La guillotine :

C’est là, malgré Gilbert et son vers immortel,
Que l’on court voir encor mourir un criminel,
……………………
Là que l’on a dressé l’abattoir social.
A. Barbier.

Encycl. Avant la création des abattoirs, les bestiaux étaient tués dans l’intérieur des villes où les bouchers possédaient des tueries ou des écorcheries particulières. On conçoit les graves inconvénients que devait présenter un tel usage dans une ville comme Paris. Au danger de voir les animaux s’échapper furieux, après un coup mal assuré, se joignait celui des miasmes putrides qui s’exhalaient des matières animales répandues autour des échopes de bouchers, et du sang des victimes coulant au milieu de la fange des ruisseaux. Les abattoirs offrent des avantages immenses pour la sûreté et la salubrité des villes. La surveillance facile qu’y exerce l’autorité ne permet pas d’y abattre et de livrer à la consommation des bestiaux malades ou malsains. On peut, en outre, se demander avec Jean Reynaud, si les mœurs publiques n’ont point à gagner quelque douceur à être ainsi rendues complètement étrangères aux pernicieux exemples de ces scènes cruelles : « Sans doute, dit-il, c’est une impérieuse condition de notre nature qui nous force à égorger les animaux pour entretenir notre chair avec la leur, mais il est humain et profitable de laisser tomber un voile sur le tableau des meurtres, il faut qu’ils demeurent relégués dans le silence de l’enceinte où l’utilité publique le commande. » Ajoutons enfin que les abattoirs permettent de recueillir et d’utiliser diverses substances animales telles que les os, les cornes, les sabots, le sang, qui se perdaient presque toujours dans les tueries particulières, et de faire une économie notable sur le travail d’abattage en le concentrant en un seul lieu.

La ville de Paris possède cinq abattoirs, trois sur la rive droite de la Seine : celui de Montmartre près de la barrière Rochechouart, celui du Roule près de l’ancien parc Monceaux, et celui de Ménilmontant près de la barrière des Amandiers ; deux sur la rive gauche : l’abattoir de Villejuif près de la barrière d’Italie, et celui de Grenelle près de la barrière des Paillassons. Chaque abattoir, outre les cases destinées à l’abattage et construites de telle façon que la viande puisse s’y conserver fraîche, et qu’il soit facile d’y recueillir le sang, contient des écuries, un abreuvoir, une cour dallée, dite voirie, où l’on jette les matières tirées de l’estomac et des intestins, des fonderies de suif, des échaudoirs où sont lavées à l’eau chaude et préparées les issues destinées aux tripiers. La construction des abattoirs de Paris est très-récente ; elle fut ordonnée sous le premier empire par le décret du 10 novembre 1807 ; mais elle ne fut exécutée que longtemps après ce décret, et c’est seulement en 1818 qu’elle fut terminée. Aujourd’hui, il est question de démolir les abattoirs pour les rejeter hors de l’enceinte de Paris. Beaucoup de villes de province possèdent aussi des abattoirs. — Par une ordonnance du 15 avril 1838, les abattoirs sont rangés dans la première classe des établissements dangereux, insalubres ou incommodes. Toute demande en création d’abattoir est soumise aux formalités d’affiches et d’enquête de commodo et incommodo. Faite par délibération du conseil municipal, elle doit être transmise par le préfet au ministre de l’agriculture, du commerce et des travaux publics, où on l’examine au point de vue de l’emplacement et des dispositions projetées ; elle passe ensuite au ministère de l’intérieur pour la question des voies et moyens et revient au premier ministère, qui donne l’autorisation.

ABATTRE v. a. ou tr. (a-ba-tre — de à et bas). Jeter bas, jeter à terre, démolir, renverser, faire tomber : Abattre des maisons, des murailles, des arbres. La maison est à nous ; on ne peut rien en faire ; un jour je l’abattrai. (Gresset.) Il s’amuse à faire abattre de grands arbres. (Mme  de Sév.) J’attendais que nous allassions ensemble abattre des pommes. (Marivaux.)

Du lutrin, disent-ils, abattons la machine.
Boileau.
J’abats ce qui me nuit partout où je le trouve.
Boileau.
Que te restera-t-il pour dernière ressource,
Si ces damnés païens abattent ma bannière ?
C. Delavigne.


|| Renverser, vaincre, en parlant des hommes : Il l’abattit sous lui. Trois fois je l’abattis, trois fois il se releva. (Fén.) La jeune fille répondit à l’abbé que David avait abattu Goliath. (Balz.) Les chevaliers pansaient souvent eux-mêmes les plaies de l’ennemi qu’ils avaient abattu. (Chateaub.)

— Fig. et fam. Abattre du bois, abattre de la besogne, Faire beaucoup d’ouvrage.

— Abaisser, annihiler, détruire : Abattre d’un même coup l’ouvrage de tant d’années. (Boss.) Nul ne peut abattre ce que Dieu élève, nul ne peut relever ce que Dieu abat. (Boss.) Courier a beaucoup cité, et toujours avec un sens, une force, une sûreté d’application accablante pour les puissances qu’il voulait abattre. (Arm. Carrel.) Abattre un homme puissant était un plaisir pour la démocratie athénienne. (Mérimée.) Les catastrophes de 1813 et 1814, qui abattirent Napoléon, rendirent la vie aux hôtes de ce château. (Balz.)

J’abattrai d’un seul coup sa tête et son orgueil.
Corneille.
Et pourquoi sans éclat, son bras pudique, austère,
N’abat-il pas le vice à l’ombre du mystère ?

— Absol. : Celui qui a en sa main la vie et la mort, qui abat et qui redresse, est avec nous. (Boss.) Pour changer les nations, il ne suffit pas d’abattre, il faut reconstruire. (Thomas.)

— Assommer, tuer, égorger : Abattre un bœuf, abattre un cheval, abattre des chiens. Il allait d’un bout de la terre à l’autre abattre les monstres. (Fén.) La manière d’ abattre les oiseaux-mouches est de les tirer avec du sable ou à la sarbacane. (Buff.) Le penchant de l’homme le porte à s’approprier le poisson qu’il a pêché ou l’oiseau qu’il a abattu. (Thiers.) Les égorgeurs abattent sans distinction le père et le fils, la mère et la fille, dès l’âge le plus tendre. (Edm. Texier.)

Qu’au fort de la bataille à mes yeux il se montre,
Que pour avoir le mien il m’apporte son sang ;
Je ne refuse pas de l’abattre en passant.
C. Delavigne.

— Absol. : On n’abat pas à Paris ailleurs qu’aux abattoirs. (Encycl.)

— Couper, trancher : Il lui abattit le bras d’un coup de sabre. (Acad.) Le bourreau lui abattit la tête. (Le Sage.) || Moissonner : Ces moissonneurs abattent tant d’arpents en un jour. (Raym.) || Faire retomber : Le soleil abat la poussière. || Laisser retomber, abaisser : Abattre sa toge. Abattre sa robe. Un paysan de Lucano, en traversant la forêt pour s’en retourner chez lui, aperçut par hasard la trappe de notre souterrain, que tu n’avais pas abattue. (Le Sage.) || Affaiblir, diminuer les forces physiques : Cette maladie a bien abattu ses forces. (Acad.)

— Absol. : Rien n’abat comme une longue souffrance, qui n’a de terme que la mort. (La Harpe.)

— Fig. Décourager : Tant de tristesse abattait son esprit. (Fén.) Un jeûne seul vous abat et vous rebute. (Mass.) Ni les maux qu’elle a prévus, ni ceux qui l’ont surprise n’ont abattu son courage. (Boss.) Une vertu que les mauvais succès même ne peuvent abattre. (Fén.) Le moindre obstacle vous abat. (C. Delav.) Ses yeux brillants jetaient ce courage et ce feu que l’âge n’abat point. (Balz.)

Lâches, où fuyez-vous ? quelle peur vous abat ?
Boileau.
Ses malheurs n’avaient point abattu sa fierté.
Racine.

— Absol. : Le sénat romain ne se laissait jamais abattre. (Boss.) Le vrai courage ne se laisse jamais abattre. (Fén.) L’orgueil entête, la timidité abat. (Boursault.)

— Apaiser, diminuer, faire cesser : Cette pluie abattra le vent. Comme le dernier rayon du jour abat les vents. (Chateaub.)

— Fig. : Un regard, une larme suffit pour abattre cette colère menaçante.

— S’est dit pour Rabattre : Abattre le caquet.

Abattre la tente, La plier. || Abattre les araignées. Expression populaire employée dans certaines parties de la Normandie, dans le sens de Lever la main pour attester la vérité d’un fait. || Abattre les mariages, dans les fabriques de soie, Remédier aux défauts d’une étoffe de soie où se trouvent des fils rompus et rejoints.

Abattre son jeu. Se dit, à certains jeux de cartes, pour annoncer qu’on n’a point l’intention de jouer le coup, ou qu’on a évidemment gagné. || Au jeu de trictrac, Abattre du bois, Abattre beaucoup de dames de dessus le premier tas pour faire facilement ses cases dans la suite. || Aux quilles, Faire tomber un certain nombre de quilles.

— Mar. Abattre un navire, Le mettre sur le côté pour le réparer ; c’est ce qu’on appelle aussi abattre en carène. || Abats le feu, Commandement pour faire cesser de tirer ; c’est l’impératif du v. abattre.

— Anc. jurispr. Abolir : Abattre une coutume.

— Chir. Abaisser : Abattre la cataracte.

— Art vétér. Abattre un cheval, Le coucher, le maintenir sur un lit de paille, dans une position favorable pour une opération.

— Maréch. Abattre le pied, abattre la corne, Enlever une partie de la corne qui est sur la face inférieure du sabot : C’est avec le rogne-pied ou le boutoir que le maréchal abat du pied.

— Impr. Abattre la frisquette et le tympan, Les abaisser rapidement, quand la feuille de papier à imprimer a été placée sur le tympan. C’est ce que les imprimeurs appellent aussi faire le moulinet.

— Bonnet. Abattre l’ouvrage, Faire descendre, sous les aiguilles du métier, les anciennes boucles qui ont passé par-dessus leurs becs.

— Corroier. Abattre le cuir, Dépouiller les animaux tués.

— Chamois. Abattre les paux, Les pénétrer d’eau.

— Chapell. Abattre un chapeau, En aplatir les bords et le dessus.

— Chem. de fer. Abattre une locomotive, un wagon, etc., Les descendre de leur position pour les incliner et les coucher par terre, afin de les visiter et de les réparer.

— Fauconn. Abattre l’oiseau, Le tenir serré entre les deux mains pour lui faire prendre quelque médicament.

— Prov. Petite pluie abat grand vent. Au propre, Quand il vient à pleuvoir le vent s’apaise ; au fig., Souvent peu de chose suffit pour calmer une grande colère.

Abattre, v. n. ou intr. Mar. Se dit d’un bâtiment qui tourne sur lui-même autour de son axe vertical : Le navire abat. || S’écarter du rumb que l’on doit suivre pour obéir au vent.

Abattre à la côte, Affaler. || Abattre du mauvais bord, Tourner dans le sens qu’on voulait éviter, par l’effet de la lame, des courants, ou d’autres causes accidentelles. || Laisser abattre, faire abattre, Favoriser une abattée, ou manœuvrer pour la diriger dans un sens ou dans un autre.