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ABAN s. m. (a-ban). Le mois d’octobre, chez les Syro-Macédoniens. || Le huitième mois de l’année persane. || Le dixième jour du mois solaire, chez les Persans.

ABANÇAY, ville du Pérou, sur une rivière du même nom. 2,500 hab. ; sucreries importantes.

ABANCOURT (Charles-Xavier-Joseph de Franqueville d’), né à Douai en 1758, était neveu de Calonne, et occupait le ministère de la guerre sous Louis XVI, le 20 juin 1792. Mis en accusation après le 10 août, il périt à Versailles dans le massacre du 9 septembre 1792.

ABANCOURT (François-Jean Willemain d’). V. Willemain.

ABANDON s. m. (a-ban-don — de a prép., et du vieux mot bandon, qui signifiait l’autorisation, la permission par ban, la liberté, le pouvoir de faire une chose. À bandon signifiait à discrétion, à volonté ; mettre quelque chose à bandon voulait dire Livrer quelque chose à discrétion, à l’abandon ; être à bandon, être à discrétion, être à l’abandon. En ne faisant qu’un seul mot de la prépos. à et du subst. bandon, on a formé le mot abandon, qui nous a fourni le dérivé abandonner. Ce mot est d’origine germanique.) Action d’abandonner quelqu’un, de le délaisser : Dieu doit à sa justice l’abandon du pécheur. (Mass.) L’oubli et l’abandon d’un seul de vos malades est une inhumanité qui révolte. (Mass.) C’était un vice bien odieux que cet abandon des vieillards. (Marmontel.) Craignez-vous d’avoir à vous reprocher un jour le malheur et l’abandon de cet enfant de mes entrailles ? (G. Sand.)

— Par anal. Action d’abandonner une chose qu’on pourrait garder pour soi : Il consent à l’abandon de ses droits. (Acad.) La question du maintien ou de l’abandon des douanes fut soulevée par la première assemblée des notables. (Mignet.)

— Par ext. Congé, permission : Il semblait qu’il eût droit d’en user de la sorte, par l’abandon et la permission du roi. (St-Simon.) Ce sens a vieilli.

— Abandon de soi. Renoncement, résignation, négligence de ses intérêts, de ses devoirs envers soi-même : Il faut vivre dans un plein abandon de soi-même à toutes les volontés de Dieu. (Bourdal.) Il y aurait un lâche abandon de moi-même à souffrir qu’on me déshonore. (Volt.) Avec moins d’indolence et moins d’abandon de lui-même, il eût été capable de remplir les plus grands emplois. (Marmontel.)

— État de celui qui est abandonné, délaissé : L’abandon de ses amis l’a consterné. (Acad.) Un malade peut juger de son état par l’abandon des médecins. (Buff.) La chute de saint Pierre n’arriva pas tant par sa négligence que par l’abandon de Dieu. (Pascal.)

— Observ. On voit, par les exemples cités plus haut, que le mot abandon, suivi de la prépos. de, marque, par rapport au complément, tantôt le sens actif, tantôt le sens passif ; c’est ainsi que ces mots : L’abandon de Thésée, signifient que ce héros abandonna Ariane ; tandis que cette autre phrase, en tout semblable L’abandon d’Ariane, signifie qu’Ariane fut abandonnée et comme cette double acception peut donner lieu à équivoque, il faut chercher une autre tournure toutes les fois qu’il pourrait y avoir doute sur le sens.

— Absol. État d’une personne délaissée : L’abandon dans la vieillesse est le sort de l’égoïste. (Boss.) Le Camoëns n’eut d’autre ressource qu’un hôpital ; ce fut là qu’il passa le reste de sa vie, et qu’il mourut dans un abandon général. (Volt.) Ceux qui ne vivent que pour eux tombent dans le mépris et dans l’abandon. (Mme de Lambert.) L’abandon est le partage des malheureux ; il ne devrait être que celui des méchants. (S. Dubay.)

....... Pourquoi m’as-tu quitté ?
Quel horrible abandon ! et je l’ai supporté !
C. Delavigne.

— S’est dit en parlant d’un lieu devenu désert : Ce fleuve s’est peut-être réjoui dans son abandon, d’entendre retentir autour de ses rives les pas d’un étranger. (Chateaub.)

— Confiance entière : L’onction de l’abandon donne une certaine vigueur dans toutes les actions et épanche la joie du Saint-Esprit jusque sur le visage et dans les paroles… Allez donc à Dieu en abandon. (Boss.) Si quelque chose est capable de mettre un cœur au large et en liberté, c’est cet abandon à la Providence. (Fén.) || Absence d’apprêt, d’effort, de calcul ; négligence aimable, où l’on cesse en quelque sorte de s’observer, de se contraindre, où l’esprit se laisse aller à l’impulsion naturelle de ses idées et de ses sentiments, de son caractère ; laisser-aller gracieux dans les manières : Cette femme a dans ses manières un abandon séduisant. (Acad.) Il trouvait en elle trop de hauteur et pas assez de complaisance et d’abandon. (Marmontel.) Ces filles altières n’ont ni la souplesse ni l’abandon des femmes que la nature a destinées à la maternité. (Balz.) L’abandon est une qualité qui ne s’acquiert pas. (La Rochef. Doud.) L’enfance jouit de la vie avec abandon et avec une sécurité admirable. (P. Janet.)

Son corps à la beauté, ce trop fragile don,
Joignait des mouvements le facile abandon.
Delille.


Abandon de cœur, Ouverture d’âme, franchise, expansion : Elle s’était montrée, par son imprévoyance et son abandon de cœur, la digne fille d’Antoine. (G. Sand.) Il n’y eut pas un seul moment d’ abandon de cœur dans toute la vie de madame de Maintenon (Sainte-Beuve.)

— Jurispr. Cession, renonciation, délaissement : Il a fait abandon à ses créanciers de tous ses biens meubles et immeubles. || L’abandon de biens est fait par un débiteur malheureux et de bonne foi, qui délaisse tous ses biens à ses créanciers pour éviter leurs poursuites et l’effet de la contrainte par corps ; cet acte est plus connu sous le nom de cession de biens. || L’expression abandon de biens s’entend plus spécialement d’un partage de biens anticipé, fait par un père entre ses enfants, dans la vue d’éviter les difficultés auxquelles ce partage pourrait donner lieu après sa mort. || L’abandon que, dans certaines circonstances, un tiers détenteur est autorisé à faire d’un objet déterminé, s’appelle délaissement. || Abandon s’emploie encore dans le sens de délaissement en matière d’hypothèque, de bail. || Suivant les règles du droit romain, le propriétaire de l’animal par lequel un dommage avait été causé pouvait se décharger de la responsabilité en abandonnant l’animal à l’individu lésé ; c’est ce que l’on appelait l’abandon noxal.

Abandon d’action, Acte par lequel la partie lésée, qui a pris d’abord la voie soit criminelle soit civile, l’abandonne pour porter son action devant une autre juridiction. || Abandon d’époux, Acte par lequel un des deux conjoints quitte l’autre. || Abandon malveillant, Absence d’un conjoint, en Hollande, pendant cinq ans du domicile conjugal, et refus d’y rentrer. Cet abandon donne lieu au divorce par contumace. || Abandon maritime. On appelle ainsi l’abandon du navire et du fret, fait par l’armateur, pour se décharger de la responsabilité des faits du capitaine. || Ce mot est aussi synonyme de délaissement, en parlant de l’assurance maritime.

— Bourse. Acte par lequel l’acheteur renonce à un marché conclu en consentant à payer la prime.

— Législ. milit. Crime dont se rend coupable un soldat en quittant son poste ou son drapeau.

— Escr. Abandon de l’épée, Mouvement par lequel on quitte le fer, soit en marchant, soit en prenant le plus long pour aller aux parades.

À l’abandon, loc. adv. Sans secours, sans protection, etc. : Laisser ses enfants à l’abandon. || Dans le désordre, dans la confusion : Tu laisses aller tes affaires à l’abandon. (Mol.) Tout l’Occident est à l’abandon. (Boss.) Les lois étaient en oubli, les finances au pillage, la discipline militaire à l’abandon. (Marmontel.)

……… Mon château, ma famille,
Mon bien, tout est pillé ; tout est à l’abandon.
Voltaire.

— Dans une douce familiarité, sans réserve : Rien n’est plus doux que d’être à l’abandon avec ses amis. (Duc du Maine.)

Épithètes. Pénible, triste, douloureux, navrant, cruel, criminel, lâche, infâme, honteux, humiliant ; absolu, entier, total, forcé, volontaire ; sincère, généreux, magnanime, sublime.

ABANDONNABLE adj. (a-ban-do-na-ble — rad. abandon). Qui peut, qui doit être abandonné : C’est un projet abandonnable de sa nature. Très-peu usité.

ABANDONNANT (a-ban-do-nan) part. prés. du v. Abandonner. En abandonnant noblement ce qui nous quitte, on se fait voir noblement au-dessus de ce qu’on perd. (Mme de Staël.) Vous ne pouvez répondre aux desseins de Dieu qu’en vous abandonnant à lui. (Boss.) Elle fut heureuse de concilier la voix de son cœur et celle du devoir, en s’ abandonnant à une inclination conçue dès son enfance. (Balz.)

M’abandonnant à la tristesse,
Sans espérance, sans désirs,
Je regrettais les sensibles plaisirs
Dont la douceur enchanta ma jeunesse.
La Fare.


ABANDONNANT, ANTE adj. (a-ban-do-nan, an-te — rad. abandon). Plein d’abandon : Une abandonnante légèreté. Très-peu usité.

ABANDONNATAIRE s. des 2 g. (a-ban-do-na-tè-re – rad. abandon). Jurispr. Celui, celle au profit de qui est fait un abandon de biens par un créancier.

ABANDONNATEUR, TRICE s. (a-ban-do-na-teur, tri-se — rad. abandon). Jurispr. Celui, celle qui fait abandon. Se dit par opposition à abandonnataire. Voy. ce mot.

ABANDONNÉ, ÉE (a-ban-do-né) part. pass. du v. Abandonner. Quitté, délaissé entièrement : L’amitié généreuse court aux personnes abandonnées, pour essuyer leurs larmes. (Pascal.) Il semble que l’être qui pense soit abandonné et solitaire au milieu de l’univers physique, et la pensée a besoin du commerce de la pensée. (Thomas.) Nos pères avaient dit : Il y a des enfants abandonnés, donc il faut les recueillir. (Gerbet.)

De la publique envie objet infortuné,
Il n’a pas un asile et meurt abandonné.
Michaud.

— Il est souvent suivi d’un complément, régi par la prép. de ou par : Il se vit tout à coup abandonné des deux partis. (Fléch.) L’homme fortuné fut abandonné de la fortune. (Fén.) Le malheureux Arbogaste, abandonné de Dieu et des hommes… (Fléch.) Gratien, abandonné de ses troupes. (Boss.) Le peuple romain, presque toujours abandonné de ses souverains. (Montesq.) Les terres étaient abandonnées par les laboureurs. (Volt.) Les molécules d’eau abandonnées par l’air perdent l’état élastique. Ariane, désolée dans les déserts, abandonnée par un ingrat, ne se repentait point de l’avoir suivi. (Montesq.)

De l’univers entier je meurs abandonné.
Voltaire.
…… Quand par Idoménée
L’île de Jupiter se vit abandonnée.
Voltaire.
L’horreur de voir à tort ma vertu soupçonnée,
D’être par un époux trahie, abandonnée,
Tout cela n’était rien près de mon embarras.
Gilbert.

— Laissé, livré : Croyez-vous que votre vie soit abandonnée aux vents et aux flots ? (Fén.) Je méritais d’être privé de votre secours et d’être abandonné à moi-même. (Fén.) Les viandes furent abandonnées aux pauvres. (Volt.) L’imbécile Claude, espèce de femme, abandonné à des femmes perdues, est un prince détestable. (Roubaud.)

À votre foi mon âme est tout abandonnée.
Molière.
Hélas ! sur votre terre, au crime abandonnée,
Quel mortel oserait plaindre sa destinée ?
Michaud.
Cependant la princesse, aux pleurs abandonnée,
S’obstine à reculer cette heureuse journée.
C. Delavigne.

|| Cédé : Marchandise abandonnée pour tel prix. || Peu fréquenté, désert : Le lieu est charmant, mais agreste et abandonné. (J.-J. Rouss.) On croit errer dans les parcs abandonnés de Versailles. (Chateaub.) Les endroits les plus abandonnés devenaient pour moi des lieux préférés. (Chateaub.) || Négligé, peu cultivé : Deux simples aventuriers, dont l’éducation avait été si abandonnée, qu’ils ne savaient ni lire ni écrire. (Volt.) Quand un commerce de détail ne permet pas à une marchande d’être bien vêtue, il est abandonné. (J.-B. Say.)

Autour d’eux tout se tait, tout dort, et de leurs camps
Les feux abandonnés languissent expirants.
Delille.
Hélas ! j’ai vu nos dieux abandonnés, proscrits,
Et ce vide effrayant frappe encor mes esprits.
C. Delavigne.

|| Impudent, licencieux, dépravé : Il faut que vous passiez pour les plus abandonnés calomniateurs qui furent jamais. (Pascal.) Le pécheur le plus dissolu, le plus faible, le plus abandonné. (Mass.) Adieu, famille abandonnée, maison sans mœurs. (Beaumarch.)

— Prov. Il faut être abandonné de Dieu et des hommes pour agir ainsi. Se dit d’une personne qui agit de la manière la plus contraire à son honneur et à ses intérêts.

— Jurispr. Choses abandonnées, Choses dont le propriétaire ne veut plus. || Biens abandonnés, Héritage qui n’a plus ni propriétaire ni possesseur. || Terres abandonnées, Terres que la mer a laissées à sec. || Animaux, pâturages abandonnés, Laissés sans garde, délaissés soit pour toujours, soit momentanément, mais sans renonciation au droit de propriété.

— Chass. Chien abandonné, Chien courant qui a pris les devants d’une meute, et s’est élancé sur la bête.

— Substantiv. Celui, celle qui est dans l’abandon, qui se trouve sans secours, sans soutien : Vous voudriez donner tout ce qui est à vous, jusqu’à votre sang, pour soulager les pauvres et les abandonnés. (G. Sand.) || On comprend sous le nom d’abandonnés tous ceux qui, nés de père et mère inconnus, en ont été délaissés ; on les appelait autrefois enfants trouvés ; on les nomme aujourd’hui enfants assistés.

— Fig. Celui, celle qui mène une conduite déréglée : C’est une infâme qui va courir le pays avec eux, et qu’ils ne sauraient regarder que comme une abandonnée. (Boil.)

J’aime fort la beauté qui n’est pas profanée,
Et ne veux point brûler pour une abandonnée.
Molière

ABANDONNÉS s. m. pl. (a-ban-do-né). Titre d’une confrérie en Espagne.

— Nom des membres d’une académie de Bologne.

ABANDONNEMENT s. m. (a-ban-do-ne-man — rad. abandon). Action d’abandonner, de délaisser, de renoncer à : Cet abandonnement de sa propre cause, et par conséquent de la vie. (Bourdal.) La reine avait aimé la duchesse de Malborough avec une tendresse qui allait jusqu’à la soumission et à l’abandonnement de toute volonté. (Volt.) || Cession : Faire à des créanciers l’abandonnement de ses biens. Il a fait un abandonnement de tous ses biens. (Acad.) Il s’y dispose par un abandonnement actuel des biens qu’il possède. (FIéch.) || Dans ce sens, le mot abandon est beaucoup plus usité aujourd’hui. || État d’une personne abandonnée, délaissée : Vivre dans un complet abandonnement. Dites quels furent, dans ce triste abandonnement, les sentiments de son âme. (Mass.) Il se plaint d’être abandonné ; mais au milieu de ses plaintes il est contraint de confesser que cet abandonnement est équitable. (Boss.) || Dévouement, abnégation : Tout en elle annonçait d’abord l’ abandonnement et l’oubli de soi-même. (Crébill.)

Je vois couler tes pleurs tant de soins, tant de flamme,
Tant d’abandonnement, ont pénétré mon âme.
Voltaire.

|| Confiance entière ; ouverture d’âme, franchise : Je lui soumets tout avec un entier abandonnement. (Boss.) || Action de se laisser aller, de se laisser dominer : La tyrannie de Louis XIV et son abandonnement aux jésuites eurent des suites cruelles. (St-Simon.) C’est l’abandonnement au plaisir qui nous jette loin des voies du salut. (Mass.) Peut-on dire que ce soit l’esprit de débauche, de licence, d’abandonnement à leurs passions, qui les réunit ? (Volt.) Les stoïciens dédaignaient et méprisaient l’abandonnement à la mollesse et aux plaisirs. (J. Simon.)

— Absol. Inconduite, déréglement : Vivre dans l’abandonnement. (Acad.) Il s’agit de réparer une vie entière de corruption et d’abandonnement. (Mass.) Un abandonnement qui ne connait plus ni règle, ni pudeur, ni bienséance. (Mass.)

Abandonnement au bras séculier, Acte par lequel une personne condamnée par les juges ecclésiastiques était livrée aux juges laïques. || Abandonnement de bénéfice. Il se faisait d’une manière expresse ou tacite. La première avait lieu lorsqu’on résignait un bénéfice, qu’on se mariait, ou qu’on prenait un bénéfice incompatible ; la seconde, lorsqu’on changeait d’habit, qu’on manquait à la résidence, qu’on ne desservait pas le bénéfice.

— Jurispr. Abandonnement était, dans l’ancien droit, synonyme de cession de biens. Aujourd’hui il exprime l’attribution que les notaires, chargés d’un partage, font à chacun des copartageants. Pour exprimer cette idée, le Code Napoléon se sert du mot fournissement. || Contrat par lequel on abandonne, au profit des assureurs, des marchandises avariées, chargées sur un vaisseau. || Lorsque les compagnies n’étaient pas encore au compte du roi, on appelait abandonnement, dans l’ancienne législation militaire, la banqueroute que faisait un capitaine, quand il laissait, par départ ou par décès, la compagnie mal équipée et hors d’état de tenir campagne.

ABANDONNÉMENT adv. (a-ban-do-né-man — rad. abandon). Vieux mot qui s’est employé dans le sens de Hardiment, librement, résolûment, patiemment, libéralement, à l’abandon, etc. Le marquis voulut savoir quel était celui qui si abandonnément demandait qu’on ouvrît la porte. (Guill. de Tyr.) Ils entrèrent abandonnément dans les fossés. (Froissart.) Il a mis en elle ses dons abandonnément. (Charles d’Orléans.) Il leur était trop indignement et abandonnément vendu pour être plaint de personne. (St-Simon.)

ABANDONNER v. a. ou tr. (a-ban-do-né — rad. abandon). Délaisser entièrement, ne plus prendre soin de, laisser sans secours : Le naturel du Français est de n’abandonner jamais son prince. (Du Bellay.) Dieu permet qu’on nous abandonne comme nous avons abandonné les autres. (Bourdal.) L’univers entier, ayant souffert ce monstre pendant quatorze ans, enfin l’abandonna. (Marmontel.) Il faut quitter Sophie, je ne dis pas l’abandonner. (J.-J. Rouss.) Jamais Dieu n’abandonne les siens, son amour a des secrets que nous ne connaissons point. (Lamenn.) Pauvre enfant ! sois tranquille, je ne t’abandonnerai pas. (Scribe.)

Vous êtes sans parents ? — Ils m’ont abandonné.
Racine.
Quels amis me plaindront quand vous m’abandonnez ?
Racine.
Ma mère m’abandonne, et je suis sans secours.
Voltaire.
O vous qui m’aimez, ô mon père !
Pourquoi sur ce triste hémisphère
M’avez-vous donc abandonné ?
Malfilatre.

|| Quitter, se retirer de : Ses disciples en sont surpris, et l’abandonnent. (Fléch.) Que j’ai de douleur de voir que Dieu vous abandonne jusqu’à vous faire réussir si heureusement dans une affaire si malheureuse ! (Pasc.) Je ne puis ni vous abandonner, ni vous suivre. (Fén.) Cette reine ambitieuse, comptant peu sur le cœur d’un époux qui l’avait déjà abandonnée, l’empoisonna et plaça Séleucus, son fils aîné sur le trône. (Ségur.)

Ne m’abandonne point pour l’horreur de mon crime.
Racan.
Au nom de cet amour, ne m’abandonnez pas.
Corneille.
Prince, dans son malheur ne l’abandonnez pas.
Racine.
Il est trop vrai que l’honneur me l’ordonne,
Que je vous adorai, que je vous abandonne.
Voltaire.
…… Moi, vous abandonner !
Pouvez-vous un instant, ô ciel ! le soupçonner ?
Andrieux.

Par ext. Se dit aussi des choses : La vie l’avait abandonné. Un malheureux que la raison a abandonné. La vie a abandonné le cerveau. Les troupes de Phalante succombent, le