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Comme le fait observer l’Académie, elle paraîtra presque toujours plus vive, plus élégante, plus française, mais moins rigoureuse et moins positive que ses équivalents. On peut remarquer que ce qu’elle offre de favorable à la rapidité du tour lui a valu généralement la préférence des poëtes. Nous allons passer en revue ces équivalents, en les accompagnant de nombreux exemples.

— 1o à équivalant à après : Cet autre, dont vous voyez l’image, augmente d’année à autre de réputation. (La Bruy.) Il cueille les herbes et les fleurs, choisissant une à une. (Buff.) On les faisait sortir un à un d’une enceinte où ils étaient renfermés. (Volt.)

Si l’on voulait à chaque pas
Arrêter un conteur d’histoire…
La Fontaine.
Les oiseaux, deux à deux errants dans les bocages,
Remplissaient de chants gais les voûtes des ombrages.
Saint-Lambert.

— 2o à équival. à d’après, à cause, à raison de, etc. : à cette raison, les droits les plus sacrés s’évanouissent. (Mass.) aux yeux étincelants et inquiets du tigre, on distingue sa férocité et sa perfidie. (B. de St-P.) à mon serment l’on peut m’en croire. (Mol.)

À l’œuvre on connaît l’artisan.
La Fontaine.
Vous devez à ces mots reconnaître Pharnace.
Racine.
…………… La curiosité
Vous pourra coûter cher, aux sentiments qu’il montre.
Regnard.

— 3o à équival. à auprès de :

Votre amour contre nous allume trop de haine
Retournez, retournez à la fille d’Hélène.
Racine.
Cessez de m’arrêter. Va, retourne à ma mère,
Égine, il faut des dieux apaiser la colère.
Racine.

— 4o à équival. à avec : Fermer sa porte à la clef, au verrou. Le mystère du Rédempteur qui a retiré les hommes de la corruption du péché, pour les réconcilier à dieu en sa personne divine… (Pascal.) Fais-moi parler à ce jeune homme que tu dis qui est son fils. (La Font.) Je mets sous ses yeux un instrument à cordes. (J.-J. Rouss.) Il n’hésita pas à favoriser son évasion, au risque de se faire un dangereux ennemi. (J.-J. Rouss.) Parlons à cœur ouvert. (Régnard.) Tout le siècle ayant tourné à la littérature, on se louait, on se critiquait à outrance. (Ste-Beuve.) C’était une grande maison nouvellement bâtie sur une portion de la cour d’un vieil hôtel à jardin. (Balz.)

Et nous foulant aux pieds jusques au fond des eaux.
La Fontaine.
Que l’on tire au billet ceux que l’on doit élire.
Boileau.
Lui-même à haute voix viendra la demander.
Racine.
Je voulais votre fille et ne part qu’à ce prix.
Racine.
Je fais à petit bruit mon chemin en douceur.
Regnard.
Je m’en serais à bon droit défié.   Lafosse.

— 5o à équival. à chez, parmi : à quelques-uns l’arrogance tient lieu de grandeur. (La Bruy.) La dévotion vient à quelques-uns, et surtout aux femmes, comme une passion. (La Bruy.)

— 6o à équival. à comme : Si je me trompe, c’est de bonne foi ; cela suffit pour que mon erreur ne soit pas imputée à crime. (J.-J. Rouss.)

Je tiens son alliance à singulier honneur.
Molière.
Et de ma mort enfin le prenant à partie.
Racine.

— 7o à équival. à contre : à bon chat, bon rat. à bon jeu, bon argent. à trompeur, trompeur et demi. À cette partie de trictrac, nous étions six trous à douze. (Acad.)

Peut-être avant la nuit l’heureuse Bérénice
Change le nom de reine au nom d’impératrice.
Racine.
Cependant l’humble toit devient temple, et ses murs
Changent leur frêle enduit aux marbres les plus durs.
La Fontaine.
Pour eux un tel ouvrage est un monstre odieux,
C’est offenser les lois, c’est attaquer aux dieux.
Boileau.

— 8o à équival. à dans, en : Cet ouvrage a été fait à deux fois. (Boss.) L’homme ne sait à quel rang se mettre. (Pascal.) C’est son visage que l’on voit aux almanachs représenter le peuple. (La Bruy.) Il y a quelque chose de doux et d’aimable à cette solitude, à ce profond silence, à cette liberté. (Mme de Sév.) Dieu mit à ses actions la moralité qui les ennoblit. (J.-J. Rouss.) Quand vous vous tromperiez de même, il y aurait peu de mal à cela. (J.-J. Rouss.) Le diable lui enfonce ses griffes au cœur. (Balz.) Cet accent de dédain qui est trop naturel à Rivarol, nous le retrouvons plus tard à Chateaubriand. (Ste-Beuve.) Panckoucke lui vint offrir 50 écus pour écrire au Mercure. (Ars. Houss.)

N’espérons plus, mon âme, aux promesses du monde.
Malherbe.
Rome entière noyée au sang de ses enfants.
Corneille.
Son bonheur consistait aux beautés d’un jardin.
La Fontaine.
Mais je m’assure encore aux bontés de ton frère.
Racine.
Mais ma force est au Dieu dont l’intérêt me guide.
Racine.
Ne vous montrez à moi que sa tête à la main.
Racine.


Au choix de vos amis soyez lent et sévère ;
Examinez longtemps, la méprise est amère.
Royou.
……… Ces honneurs que le vulgaire admire
Réveillent-ils les morts au sein des monuments ?
Soumet.

— 9o à équival. à de : Il coûte si peu aux grands à ne donner que des paroles ! (La Bruy.)

Je tremble à vous nommer l’ennemi qui m’opprime.
Racine.
Vous cependant tâchez avec des airs plus doux,
À mériter le choix qu’on peut faire de vous.
La Fontaine.
Le ciel s’est fait sans doute une joie inhumaine
À rassembler sur moi tous les traits de sa haine.
Racine.

Cet emploi de à a un peu vieilli.

— 10o à équival. à devant : C’est une autre qui, par mignardise, pâlit à la vue d’une souris, ou qui veut aimer les violettes et s’évanouir aux tubéreuses. (La Bruy.)

Verra-t-il à ses yeux son amante immolée ?
Racine.
……… Et faisons en ces lieux
Justice à tout le monde, à la face des dieux.
Corneille.
La meute en fait curée ; il lui fut inutile
De pleurer aux veneurs à sa mort arrivés.
La Fontaine.
À cette image sanglante
Il soupire nuit et jour.                    J.-B. Rousseau.

— 11o à équival. à en :

Un âne, pour le moins, instruit par la nature,
À l’instinct qui le guide obéit sans murmure ;
Ne va pas follement de sa bizarre voix
Défier aux chansons les oiseaux dans les bois.
Boileau.

— 12o à équival. à entre : Nous n’avons bu qu’environ vingt-cinq bouteilles de vin à quatre. (J.-B. Rouss.)

Car à cinq chevaliers, en nous cotisant tous,
Et ramassant écus, livres, deniers, oboles,
Nous n’avons encor pu faire que deux pistoles.
Regnard.

— 13o à équival. à envers, à l’égard de : Qu’il se trouve des hommes indifférents à la perte de leur être, et au péril d’une éternité de misère, cela n’est point naturel. (Pascal.) Il faut qu’elle nous rende raison de l’opposition que nous avons à dieu et à notre propre bien. (Pascal.) Il est sévère et inexorable à celui qui n’a pas encore fait sa fortune. (La Bruy.) Il envoie s’excuser à ses amis. (La Bruy.) Jamais peuple n’a été plus constant, plus sincère, plus commode aux étrangers. (Fén.) Ne t’avise pas d’être complaisant à ceux qui parlent mal du prochain. (Fléch.)

Je fus sourd à la brigue et crus la renommée.
Racine.
Je me sens obligée à votre honnêteté.
Regnard.
C’est conscience à ceux qui s’assurent en nous ;
Mais c’est pain bénit, certe, à des gens comme vous.
Molière.

— 14o à équival. à par : Il le fit dépouiller et saisir à ses bourreaux. (Montaigne.) Ne nous laissons pas éblouir à l’éclat des choses qui réussissent. (J.-L. Balz.) J’ai ouï condamner cette comédie à certaines gens. (Molière.) Vous vous laissez vaincre à votre malheur. (Fén.) On l’attire, On la leurre aisément par des appâts ; on la tue à milliers. (Buff.)

Tout cœur se laisse à ce charme amollir.
La Fontaine.
…Ne vous laissez pas séduire à nos bontés.
Molière.
Je me laissai conduire à cet aimable guide.
Racine
Prends, mon fils ; laisse-toi fléchir à ma prière.
A. Chénier.
Ne me préparez point la douleur éternelle
De l’avoir fait répandre à la main fraternelle.
Racine.
……… J’aurai cette faiblesse d’âme
De me laisser mener par le nez à ma femme ?
Molière.

— 15o à équival. à pour : Considérez, ô homme, quel paradoxe vous êtes à vous-même. (Pasc.) Certains philosophes ont pris à tâche d’élever l’homme. (Pasc.) Que mon mariage est une leçon bien parlante à tous les paysans qui veulent s’élever au-dessus de leur condition. (Mol.) Je considère quelle peine ont les personnes de mérite à approcher des grands. (La Bruy.) Ces deux hommes si vénérables furent un spectacle touchant à tant de peuples assemblés. (Fén.) Je marque de l’empressement à l’entendre. (J.-J. Rouss.) On n’en serait que plus embarrassé à imaginer la première cause de tout mouvement. (J.-J. Rouss.) Ce n’était pas assez au roi d’avoir la préfecture des dix villes libres de l’Alsace, au même titre que l’avaient eue les empereurs. (Volt.) Nous n’avions qu’une pipe à nous deux, et nous buvions dans la même coupe. (Xav. de Maist.) Il faut convenir qu’il est bien gai à un jeune gentilhomme de mystifier, pour son début, deux grandes villes comme Paris et Berlin. (Chamfort.) Quelle tache à Alexandre s’il avait fait pendre Aristoteles ! (V. Hugo.) Ce sont des bûchers tout préparés pour l’incendie et qu’une allumette suffit à enflammer. (Th. Gaut.)

Les affronts à l’honneur ne se réparent point.
Corneille.
Ils sont d’intelligence à nous sacrifier.      Racine.
Madame, à vous servir, je vais tout disposer.
Racine.


Tout est aux écoliers couchette et matelas.
La Fontaine.
Que désormais le ciel, les enfants et la terre,
Unissent leurs fureurs à nous faire la guerre !
Corneille.
Ce n’est que pour toi seul qu’elle est fière et chagrine ;
Aux autres elle est douce, agréable, badine.
Boileau.
C’est le fruit du tuba, de cet arbre si grand,
Qu’un cheval au galop met toujours en courant
         Cent ans à sortir de son ombre !
V. Hugo.

— 16o à équival. à selon, suivant : C’est un homme à la mode. La terre augmente sa fécondité à proportion du nombre de ses habitants. (Fén.) S’il a le visage plus ouvert, s’il me fait moins attendre dans son antichambre quà l’ordinaire… (La Bruy.) à la première inspection, nous ne découvrons en tout cela aucune régularité, aucun ordre. (Buff.) L’assentiment intérieur s’y prêtait ou s’y refusait à différentes mesures. (J.-J. Rouss.) Non, Dieu de mon âme, je ne te reprocherai jamais de l’avoir faite à ton image. (J.-J. Rouss.) On est sûr de manger à sa faim. (Florian.)

Et je peux de mon sort disposer à mon choix.
Racine.
Thésée, à tes fureurs, connaîtra tes bontés.
Racine.
Nous le laissions mourir à sa commodité.
Regnard.
Qu’on me laisse à mon gré n’aspirer qu’à la gloire.
Piron.
Celle que je prendrais voudrait qu’à sa façon
          je vécusse, et non à la mienne.
La Fontaine.
          À mon avis, l’hymen et ses liens
Sont les plus grands ou des maux ou des biens.
Voltaire.

— 17o à équival. à sur : Il y a une chasse publique… le voilà à cheval. (La Bruy.) Un homme que l’on croirait à terre du moindre souffle. (La Bruy.) Les uns ont fait naufrage au promontoire de Capharée. (Fén.) Il croyait pouvoir dominer aux flots de la mer. (Boss.) Est-il monté sur la croix ? Est-il mort à ce bois infâme ? (Boss.) Le capitaine enivré colla ses lèvres ardentes à ces belles épaules africaines. (V. Hugo.)

Au cabaret ? C’est là mourir au champ d’honneur.
Regnard.
Mais, Zaïre, je puis l’attendre à son passage.
Voltaire.
L’Arabe qui se penche au cou des dromadaires.
V. Hugo.
Laissez-moi sans regrets me le représenter
Au trône où mon amour l’a forcé de monter.
Racine.
Autant qu’un homme assis au rivage des mers
Voit, d’un roc élevé, d’espace dans les airs.
Boileau.
Il lit, au front de ceux qu’un vain luxe environne,
Que la fortune vend ce qu’on croit qu’elle donne.
La Fontaine.

— 18o à équival. à sous : Un vrai chrétien foule aux pieds les vanités de ce monde. (Acad.) Enfin, après seize mois de siège, Ferdinand III se rendit maître de Séville, la plus opulente ville des Maures, qui ne retourna plus à leur domination. (Volt.)

Il faut fléchir au temps sans obstination.
Molière.
La moitié de ce peuple à ses drapeaux se range.
Voltaire.
C’est la saison où tout tombe
Aux coups redoublés des vents.
***

— 19o à équival. à vers : Dans ce premier âge du monde, ils se laissèrent emporter à toutes sortes de désordres. (Pascal.) Quelles grandes démarches ne fait-on pas au despotique par cette indulgence ? (La Bruy.)

Ne peut-il à l’autel marcher que sur vos pas ?
Racine.
Je méditais ma fuite aux rives étrangères.
Racine.
Sa douleur l’entraînait aux noires solitudes.
Segrais.
Voyageurs d’un moment aux rives étrangères,
      Consolez-vous, vous êtes immortels !
Delille.

— 20o à équival. à afin de : Pourquoi se tourmenter à éclaircir ces questions, qui ne mènent à rien d’utile pour la pratique ? (J.-J. Rouss.)

Il nous servit de guide à passer les déserts.
Racine.
……… Je fais tout mon possible
À rompre de ce cœur l’attachement terrible.
Molière.

— 21o à équival. à à l’âge de : M. de Homberg avait une sœur qui fut mariée à huit ans, et mère à neuf. (Fonten.)

………… Et ce n’est pas le temps
Madame, comme on sait, d’être prude à vingt ans.
Molière.

— 22o à équival. à à la distance de : Les deux jeunes bergères assises voyaient à dix pas d’elles cinq ou six chèvres. (La Font.) On l’admire, on l’envie ; à quatre lieues de là il fait pitié. (La Bruy.) Sa vue était si courte qu’il ne voyait pas à dix pas, (Fonten.) Les Gaulois n’étaient déjà plus qu’à trois journées de Rome. (Michelet.)

À quatre pas d’ici je te le fais savoir.
Corneille.
Danser la sarabande à deux pieds des pavés.
Regnard.

— 23o à équival. à à l’intervalle de : Il se joue un jeu à cette distance infinie où il arrivera croix ou pile. (Pascal.)

Pour se venger de cette tromperie
À quelque temps de là la cigogne le prie.
La Fontaine.

— 24o à équival. à au point de, de manière à, etc. : Alors nous nous saisîmes l’un l’autre ; nous nous serrâmes à perdre la respiration. (Fén.)

Cet homme-là, ma sœur, t’aime à perdre l’esprit.
Regnard.
La curiosité qui vous presse est bien forte,
Ma mie, à nous venir écouter de la sorte.
Molière.
……… Et j’en vois qui sont faites
À pouvoir inspirer de tendres sentiments.
Molière.

— 25o à équival. à en vertu de : Jean fut régent de Bourgogne aux droits de sa femme, ainsi qu’il le déclara authentiquement. (Barante.)

— 26o à équival. à lors de, à l’heure de, au moment de : Philosophe en tout, à sa mort comme dans sa vie. (Volt.) N’espérez pas me chasser encore, comme vous fîtes à mon exil. (J.-J Rouss.)

— 27o à équival. à relativement à : La superstition est à la religion ce que l’astrologie est à l’astronomie, la fille très-folle d’une mère très-sage. (Volt.) Le goût est au jugement ce que l’honneur est à la probité. (Rivar.). Le paco est au lama ce que l’âne est au cheval. (Raynal.) Le cerveau est aux nerfs ce que la terre est aux plantes. (Buff.) La bonne grâce est au corps ce que le bon sens est à l’esprit. (La Rochef.) Il paraît bien que Rivarol était noble, malgré toutes les plaisanteries et les quolibets qu’il eut à essuyer à ce sujet. (Ste-Beuve.)

— 28o à équival. à vis-à-vis de, en faveur de : Juif aux Juifs, Gentil aux Gentils, tout à tous, dit l’apôtre saint Paul, afin de les gagner tous. (Boss.)

— De tout ce qui précède, il ne faut pas conclure que à puisse se mettre indifféremment pour telle ou telle préposition. Chacun de ces mots a sa valeur propre, et bien qu’on puisse dire à ou de, à ou sur, à ou par, etc., dans des phrases analogues, l’emploi de l’une ou de l’autre de ces prépositions tient souvent à des distinctions, à des nuances qu’il est important de connaître. Nous allons faire voir quel est le juste emploi de à comparé à d’autres prépositions.

à et dans. à ne signifie pas dans, parce que les locutions jeter à l’eau, à la rivière ; blessure à l’épaule, à la cuisse ; être à son rang, à sa place, ne sont pas équivalentes de celles-ci : Jeter dans l’eau, dans la rivière ; blessure dans l’épaule, dans la cuisse ; être dans son rang, dans sa place. Les premières locutions désignent une idée d’aboutissement, et les secondes, une idée de capacité ou de compréhension. Cette différence résulte du caractère distinctif des prépositions à et dans, d’où l’on verra qu’il y a des locutions avec à qu’on ne peut substituer à celles qui veulent la prépos. dans. En effet, si l’épaule et la cuisse sont regardées comme des termes auxquels se rapporte une sensation, abstraction faite de la profondeur du mal, on dit : J’ai une douleur à l’épaule, une blessure à la cuisse ; mais s’il est question de la profondeur du mal, l’épaule et la cuisse deviennent des capacités, et l’on éprouve une douleur vive dans l’épaule ou dans la cuisse ; on a pu recevoir une balle dans l’épaule et dans la cuisse. Se jeter à l’eau, à la rivière, n’est point la même chose que se jeter dans l’eau, dans la rivière. Plusieurs lexicographes ont pensé que, dans l’espèce, à pouvait se mettre pour dans, parce qu’un nom de lieu peut devenir le complément de la prépos. à : Je suis à Paris est, disent-ils, pour je suis dans Paris ; d’où ils concluent que à exprime un rapport de compréhension. Cette idée de compréhension ne se déduit point de celle de à dans la locution je suis à Paris ; mais bien de celle de Paris ; on fait, au contraire, considérer Paris comme un terme d’aboutissement, un point pris dans l’espace avec des tenants et des aboutissants, un terme auquel on rapporte une situation, et non pas un lieu de telle ou telle étendue, et dans lequel on soit contenu ; c’est ce qui fait précisément la différence des locutions à Paris et dans Paris. Cela devient évident quand on veut substituer une de ces locutions à l’autre, dans le cas où leur non-synonymie est frappante. En effet, pourquoi serait-il absurde de dire d’un homme qu’il demeure dans le coin d’une rue, pour Au coin d’une rue ? parce que le coin n’est pas regardé comme occupé par la personne dont on parle, mais bien comme un terme auquel on rapporte la situation de sa maison.

à s’emploie pour désigner une demeure fixe ou passagère : Il est à Paris, il réside à Paris, il passera quelques jours à Paris, etc. Hors de là on peut employer dans : Il y a plus de quinze cent mille habitants dans Paris.

à et de. Un verre à bordeaux, un verre de bordeaux, expressions qui n’ont pas le même sens. Un verre à signifie un verre spécialement destiné à mettre, à contenir telle ou telle sorte de vin ; quand au contraire on dit un verre de, cela signifie un verre plein de : Un verre de champagne, un verre de bordeaux.

à sans antécédent. Jusqu’ici, on l’a vu, la