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LXII
PRÉFACE.

cependant un côté de la richesse littéraire que les Hollandais semblent avoir sciemment délaissé, soit qu’il répugne à la nature de leur génie tour à tour positif et rêveur, comme on le remarque si souvent chez les peuples du Nord, soit qu’ils n’en aient pas compris l’utilité pratique, soit encore qu’ils dédaignent tout ce qui ne porte pas un sévère cachet d’originalité ; nous voulons dire les œuvres encyclopédiques, celles que nous passons en revue en ce moment. La littérature hollandaise est très-pauvre en ouvrages de ce genre. Bien loin de nous offrir un trésor comparable à l’Encyclopédie du dix-huitième siècle elle ne pourrait pas même, du moins sous le rapport de l’universalité, fournir un travail qu’on pût mettre en parallèle avec notre Encyclopédie des gens du monde ou l’Encyclopédie moderne. Elle ne possède aucun répertoire général des connaissances usuelles ; son inventaire, en un mot, reste encore à établir. Toutefois, sans posséder d’œuvre encyclopédique, à proprement dire, elle compte néanmoins au nombre de ses productions littéraires les plus estimées certains ouvrages qui, en se restreignant, il est vrai, à une branche spéciale, affectent la forme de nos encyclopédies et de nos dictionnaires. La plupart ont trait à l’histoire nationale ; mais ceux de cette catégorie, malgré le mérite incontestable qu’on a dû leur reconnaître autrefois, paraissent aujourd’hui surannés ; car, remontant au dix-septième ou au dix-huitième siècle, ils ont été bien dépassés depuis par les travaux de la science moderne. Nous citerons entre autres : Hetgroot Tooncel der Nederlanden (Grand Théâtre des Pays-Bas), par François Halma, deux forts volumes in-folio à deux colonnes avec planches, portraits et cartes, édités à Leeuwarde vers la fin du dix-huitième siècle ; et le Algemeen Vaderlansch Woordenboek (Dictionnaire universel de l’histoire de la patrie), 35 volumes in-8o avec planches, cartes et portraits, par Jacobus Kok, édité à Amsterdam par Johannes Allart ; le dernier volume a paru en 1795. Une publication qui se rapproche beaucoup plus de nos encyclopédies est le Algemeen Woordenboek der Kunster en Wetenschappen (Dictionnaire universel des sciences et des arts), par Nieuwenhuis ; mais cet ouvrage date du premier quart de ce siècle, et, après avoir joui, lors de son apparition, d’une réputation méritée, il a cessé depuis longtemps de répondre aux exigences toujours croissantes de la science. La Hollande possède également une foule d’ouvrages rédigés en forme de dictionnaires ou de lexiques ; tel est le Handboek voor Ingenieurs (Manuel des Ingénieurs), par D.-J. Pasteur, Devender, 3 volumes grand in-8o. Nous pourrions en citer plusieurs autres de ce genre ; mais, comme nous l’avons dit, ils n’embrassent qu’un étroit secteur du cercle des connaissances humaines.

Un ouvrage, dans lequel l’auteur s’est plus particulièrement astreint à la forme du dictionnaire, c’est-à-dire à l’ordre alphabétique, mérite une mention spéciale ; il est intitulé : De Levens en Werken der Hollandsche en Vlaamsche Kuntschilders, Beeldhonwers, Graveurs en Bouwmeesters, van den vroegsten tot oponzen tyd. Met Portretten en de voornaams te monogrammen, (Biographies et Œuvres des peintres, sculpteurs, graveurs et architectes hollandais et flamands, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours. Avec portraits et monogrammes), par Immerzeel ; 3 volumes grand in-8o. Ce travail estimable vient d’être refondu et complété par M. Christian Kramm, amateur et artiste distingué, qui, pendant sa longue carrière, avait amassé une multitude de riches matériaux ; 6 volumes grand in-8o et un volume de supplément, édités en 1865 par MM. Diederichs frères, à Amsterdam. Cet ouvrage est indispensable à tout amateur éclairé des beaux-arts qui veut avoir un guide sûr dans cette partie si attrayante, où l’on est continuellement exposé à se fourvoyer quand on n’a pas à son service une grande finesse de goût développée par l’étude ou par le talent. C’est aux mêmes éditeurs que la littérature hollandaise doit encore la publication du seul ouvrage que l’on puisse, peut-être, considérer dans les Pays-Bas comme une encyclopédie ; c’est le Algemeen noodwendig Woordenboek der Zamenleving Bekelzende beknopt en zakelgk : al het Wetenswaardige vit geschiedenis en ieder vak van menschelgke kennis ; de juiste beteekenis der Kumtbenamingen in alle wetenuhappen, beroepen en handwerken ; opgane der nivindingen en ontdekkingen ; plaatsclyke en historische byzonderheden ; zeden, genroonten en gebruiken van alle volken der aarde ; vermaarde personen, en. (Dictionnaire universel de la conversation, contenant succinctement : les faits les plus importants de l’histoire et de toutes les branches des sciences, la terminologie des sciences, arts et métiers, les découvertes et inventions, détails historiques, mœurs et coutumes de tous les peuples du monde, la biographie des personnages célèbres, les événements remarquables, etc.) ; 6 volumes in-folio à deux colonnes.

On doit enfin aux mêmes éditeurs : Nederlandsch Handelsmagazyn of algemeen Woordenboek voor Handel en Nyverheid (Magasin général du commerce, ou Dictionnaire universel du commerce et de l’industrie, etc.), deux volumes in-folio de 1440 pages ; et un ouvrage périodique intitulé : Onze Tyd. Merlewaardise gebeurtenisten onzer dagen, etc. (Notre temps. Événements remarquables de nos jours sur le terrain de la politique, de l’histoire, de la géographie, de l’ethnographie, des sciences, des arts, de l’industrie, etc., ainsi que les biographies et caractères des contemporains célèbres). Le 36e volume de cette grande publication a paru le 1er janvier 1866 ; chaque volume est orné de trois à six portraits, et il en paraît deux chaque année.

Nous avons épuisé la liste des ouvrages hollandais qui se rapprochent plus ou moins de la forme encyclopédique. Comme on a pu s’en convaincre, la littérature des Pays-Bas est loin d’offrir, sous ce rapport, les mêmes richesses que la France, l’Angleterre et l’Allemagne. Mais avec les excellents modèles que lui fournissent les nations voisines, et les éléments précieux