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VI
PRÉFACE.
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ils pas alors ce caractère de généralité qu’on peut leur donner aujourd’hui. On en jugera par l’énumération suivante :

Lexique homérique, c’est-à-dire recueil des mots employés par Homère, œuvre d’Apollonius le sophiste, qui parut à Alexandrie au temps d’Auguste, et dont la première édition, par Villoison, fut publiée à Paris en 1773, 2 vol. in-4o  ;

Recueil des mots qui se trouvent dans Hippocrate, ouvrage d’Érotianus, dédié à Andromachus, médecin de Néron, et rédigé alphabétiquement, bien que cet ordre ne soit pas toujours rigoureusement observé ;

Lexique des mots qui se trouvent dans Hérodote, par un auteur resté inconnu, publié par Henri Estienne, Paris, 1563 ;

Lexique sur Platon, de Timée le sophiste, publié par D. Ruhnken, Leyde, 1754 ;

Onomastique (l’), véritable encyclopédie méthodique, distribuée en neuf livres, mais non par ordre alphabétique ; ouvrage de Julius Pollux, mort sous le règne de Commode ; compilation précieuse pour la connaissance de la langue grecque et des antiquités, publiée par Alde l’Ancien, Venise, 1502, in-folio ;

Lexique des dix orateurs attiques, ouvrage composé par Harpocration d’Alexandrie, précepteur présumé de L. Vérus, publié par Alde l’Ancien, Venise, 1503 ;

Dictionnaire étymologique d’Orion, lexicographe du ive siècle, publié par G. Sturz, Leipzig, 1820 ;

Lexique d’Helladius, grammairien qui vivait vers 408, ouvrage aujourd’hui perdu, qui, au témoignage de Photius, se composait de cinq volumes et était rédigé d’après l’ordre alphabétique ;

Lexique d’Ammonius, intitulé Des locutions semblables et différentes, ouvrage précieux, qui fut écrit au ve siècle de notre ère, et que Henri Estienne a injustement déprécié, après en avoir tiré parti pour son Thesaurus. L’auteur a rangé ses mots dans l’ordre alphabétique, et son but est d’indiquer la signification originaire d’un mot en l’opposant au sens figuré et au sens propre ;

Glossaire d’Hésychius d’Alexandrie, probablement l’abrégé d’un travail plus considérable ; ouvrage très-important pour la connaissance de la langue grecque, et qui nous a conservé un grand nombre de passages de livres aujourd’hui perdus ; 1re  édit., Alde l’Ancien, Venise, 1514 ;

Glossaire de Flavius Philoxénus, consul d’Orient en 525, dictionnaire latin-grec, dont les mots latins, rangés dans l’ordre alphabétique, sont expliqués par des mots grecs ; 1re  édit., H. Estienne, 1573 ;

Lexique technologique de Philémon, auteur du ve siècle ; ouvrage à la fois alphabétique et méthodique, qui se divisait en huit sections, d’après les huit parties du discours ; il ne reste que la première de ces sections et une partie de la deuxième ; édit. Osann, Berlin, 1821 ;

Glossaire de Photius, patriarche de Constantinople ; lexique dont il existe plusieurs copies très-différentes entre elles ; édit. de Porson, Londres, 1822, 2 vol. ;

Glossaire de Suidas, le plus célèbre des dictionnaires grecs, mais fortement altéré par un grand nombre d’interpolations. C’est une compilation d’extraits des anciens grammairiens, scoliastes et lexicographes. Outre la partie philologique, c’est-à-dire l’explication des mots de la langue, il comprend une partie nouvelle, un dictionnaire historique renfermant des notices sur les auteurs les plus célèbres et des extraits de leurs ouvrages ; travail défectueux comme composition littéraire, mais répertoire de la plus haute importance pour le philologue et l’historien ; 1re  édit., Milan, 1499 ; la meilleure, Cambridge, 1705, 3 vol. in-folio ;

Etymologicum magnum, glossaire grec anonyme, probablement postérieur à celui de Suidas. Cet ouvrage n’est pas, comme le titre l’annonce, purement étymologique ; on y trouve beaucoup d’observations grammaticales, tirées des autorités les plus célèbres, une multitude de passages ou variantes d’auteurs, ainsi qu’une foule de notions mythologiques et historiques. Les manuscrits de ce glossaire varient tellement, qu’on est tenté de les prendre pour des ouvrages différents ; édit., Venise, 1499 ; Gœttingue, 1765.

Tous ces glossaires, on a pu s’en convaincre, ne sont que des essais très-imparfaits ; c’est de la peinture faite au charbon sur une muraille ; le visage projette une ombre dont le crayon dessine les contours, mais l’expression de la physionomie, mais le feu du regard manquent absolument à ce profil informe.

Ce n’est qu’au ixe siècle qu’on trouve l’essai sérieux d’un dictionnaire ; il est d’un certain Papia, surnommé le Lombard, qui lui donna le titre de Elementarium. C’est un vocabulaire latin dans lequel l’auteur a fait entrer, comme exemples, des vers et des passages grecs. Au xve siècle, Jean Crestone, carme de Plaisance, traducteur de la grammaire grecque de Jean Lascaris, rédigea un dictionnaire grec-latin : à cette époque (1476), un tel travail présentait de grandes difficultés ; il fut accueilli avec reconnaissance. Au xvie siècle, Guarino de Tavera composa un lexique grec intitulé Magnum ac perutile Dictionarium, compulsé d’Hésychius, Suidas, Phrynicus et autres lexicographes cités plus haut. C’était un livre fort utile pour le temps, encore précieux à consulter aujourd’hui, qui fut publié à Rome en 1523. Dans le même siècle, Henri Estienne, continuant les travaux de son père, mit au jour son fameux Thesaurus linguæ græcæ (1572, 5 vol. in-folio). C’est, en effet, un trésor d’érudition hellénique. Puis on vit paraître le premier dictionnaire où les mots français aient été rangés par ordre