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LV
PRÉFACE.

de la science. M. Napier, choisi pour diriger cette nouvelle édition, s’adjoignit dans ce travail le docteur James Browne et de nombreux et importants articles furent demandés à des savants tels que sir David Brewster, M. Galloway, le docteur Traill, le docteur Roget, le docteur John Thomson, M. Tytler, le professeur Spalding, M. Moir, etc. Cette œuvre nationale, comme on l’a justement surnommée, fut complétée en 1842. Elle comptait alors 21 vol. En 1859, une dernière édition a été entreprise sous la direction du professeur Traill ; elle est aujourd’hui achevée et renferme des articles fort remarquables, sortis de la plume des premiers écrivains anglais, entre autres de Macaulay et de M. de Quincey. L’ordre alphabétique a été adopté dans cette édition, qui, on le comprend, n’a plus aucun rapport avec l’Encyclopédie de Smellie. Elle ressemble au couteau de saint Hubert, aux pantoufles d’Abou-Cassem et au fameux navire Argo. Saint Hubert, Cassem, Jason et Smellie reviendraient en ce monde, qu’ils ne reconnaîtraient certainement plus leur propriété. En sera-t-il ainsi du Grand Dictionnaire en l’an 2000, quand il sera allé où va toute chose,

Où va la feuille de rose.
Et la feuille de laurier ?

Nouveau dictionnaire universel des arts et des sciences, dirigé par Rees ; 45 vol. <span style="white-space:nowrap;"><abbr class="abbr" title="in-quarto">in-4<sup style="font-size:70%;">o, dont 6 de planches, 1802-1819. Cet ouvrage est surtout remarquable par son exécution typographique. Rees avait achevé l’Encyclopédie de Chambers de 1743 à 1825 ; cet apprentissage lui fut d’un grand secours dans sa nouvelle entreprise.

Encyclopédie métropolitaine, publiée à Londres de 1815 à 1846. Cet ouvrage, qui fut annoncé comme édifié sur un plan nouveau, embrasse le cercle entier des connaissances humaines, et allie très-heureusement l’ordre philosophique au classement alphabétique. Il comprend cinq divisions : 1o sciences pures ; 2o sciences mixtes et appliquées ; 3o biographie et histoire ; 4o lexicographie ; 5o articles divers. Coleridge a enrichi cet ouvrage d’ingénieux articles philologiques, et Arnold, de recherches historiques remarquables.

Dictionnaire de la langue anglaise de Webster. Entrepris en 1807, cet ouvrage ne fut livré à l’impression qu’en 1828. C’est un travail considérable, où l’on trouve quarante-deux mille mots environ, qui manquent aux autres dictionnaires anglais. L’édition de Londres, 1830-1832, reçut de notables améliorations. On peut faire au dictionnaire de Webster le même reproche qu’au lexique de Johnson : exact pour l’explication des mots, il laisse beaucoup à désirer pour la partie étymologique.

Encyclopédie d’Édimbourg, publiée par sir David Brewster et terminée en 1830. Elle comprend 18 vol <span style="white-space:nowrap;"><abbr class="abbr" title="in-quarto">in-4<sup style="font-size:70%;">o, et contient des articles très-remarquables. Elle a obtenu un grand succès, grâce à l’intelligente activité de son savant éditeur.

Encyclopédie de Lardner, en 132 vol. <span style="white-space:nowrap;"><abbr class="abbr" title="in-octavo">in-8<sup style="font-size:70%;">o, publiée à Londres de 1829 à 1846. C’est une collection de soixante-deux ouvrages divers sur la physiologie, les arts et manufactures, la philosophie, la biographie, l’histoire, rédigés par les écrivains et les savants les plus illustres de l’époque. Chaque sujet spécial est traité en un ou plusieurs volumes. Cette encyclopédie est une bibliothèque, mais non un dictionnaire. Les parties les plus remarquées sont : L’Histoire populaire d’Angleterre par sir James Mackintosh, l’Histoire d’Écosse et d’Irlande par Walter Scott et Moore, et celle des Républiques italiennes par Sismondi. Sir John Herschell a rédigé pour cette Encyclopédie un discours sur la physiologie et un traité d’astronomie, et sir David Brewster une histoire de l’optique. Quelques parties des sciences naturelles sont bien traitées, mais l’ensemble de cette science est assez défectueux et dépare l’ouvrage.

Enfin, nous ne devons pas oublier, malgré ses modestes prétentions, la Penny Cyclopedia (Encyclopédie à deux sous), ainsi nommée parce que chaque livraison se vend un penny, ce qui a permis à cette publication estimable de pénétrer jusqu’au sein des classes les moins favorisées et d’y répandre l’instruction et la moralisation. Les publicistes anglais l’ont nommée la meilleure des sociétés de tempérance. En effet, l’homme qui cherche à s’élever au-dessus de sa condition par le travail intellectuel n’a pas besoin de prédicateur ; la misère ne saurait l’atteindre, et souvent il arrive à la fortune. Pourra-t-on en dire autant de cette publication de pacotille que l’on voit s’étaler en ce moment, chez nous, à la devanture de tous les petits libraires interlopes, publication à 10 centimes où pullulent à chaque page les erreurs les plus grossières, où les fils naissent avant leurs pères, où certains personnages sont nommés sénateurs cinq ans après leur mort, et où le style, les caractères, les vignettes et le papier le disputent aux magnificences typographiques du Messager boiteux de Strasbourg ? À cette question, Jean Journet eût pu répondre hardiment : Non, sans craindre cette fois de passer pour faux prophète.

En Allemagne, nous ne trouvons pas de dictionnaire purement lexicographique qui fasse véritablement autorité, qui se soit élevé à la hauteur d’une œuvre nationale, comme le Dictionnaire de l’Académie en France, celui de la Crusca en Italie, celui de Johnson en Angleterre. On croirait volontiers que le génie allemand se serait senti mal à l’aise dans un genre de