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Et la tendre amitié, qui ti

Cœurs dignes de sentir le prix de l’amitié. Retenez cet ancien adage :

Le tout ne vaut pas la moitié. Florian.

I— Au plur., Liaison, rapports, union intime entre des personnes : Former, faire de nouvelles amitiés. De vieilles, de solides amitiés. Peu (/’amitiés subsisteraient, si chacun ■ savait ce que son ami dit de lui en son absence. (Pasc.) Le temps, qui fortifie les amitiés, a/faiblit l’amour. (La Bruy.) Les amitiés qui paraissent les plus fortes ne sont que des intérêts concertés. (St-Evrem.) Les haines et les amitiés changent sans cesse avec les intérêts. (Mass.) // avait une fidélité inviolable dans ses amitiés. (Fléch.) Les bienfaits s’oublient, (es amitiés cessent. (Fléch.) Comme les amitiés humaines sont petites, si Dieu ne s’y mêle ! (Ste-Beuve.) Les amitiés des écrivains entre eux ressemblent à l’amour, sinon par la flamme, aumoinspar la jalousie. (H. Rigault.) Les amitiés politiques sont souvent des hautes en commun. (Petit-Senn.) Les amitiés féminines et les protestations de dévouement qui les accompagnent ne sont souvent que faux semblants. (Mme Romieu.)

Prendre en amitié. Se dit généralement de 1 affection qu’un supérieur peut éprouver pour un inférieur : Mon père a pris son valet de chambre en amitié. Cette dame prend en amitié tous ceux qui la servent. Il Être en amitié avec quelqu’un, Être en rapports d’amitié avec lui : Ce saint homme était en amitié avec M. de Louvois et quelques autres personnages. (Ars. Houss.)

— Accord, alliance, relations entre deux souverains, deux.pays : L’entente cordiale a amené une certaine amitié entre la France et l’Angleterre. Il y a paix et amitié entre ces deux puissances. (Acad.) •

— Fam. Plaisir, bon office, service de complaisance : Faites-moi /’amitié de venir me voir, de m’écrire. Il m’a fait /’amitié de parler pour moi.

Pleim

is pitié,

Voiture.

— Caresses, paroles obligeantes, affectueuses : Faire amitié à quelqu’un, lui faire nulle amitiés. Ménélas me reçut avec amitié. (I< en.) Il vient de nous quitter en nous faisant mille sortes (/’amitiés. (Mme de Sév.) Si je savais quelqu’un qui me voulût du mal, j’irais tout à l heure lui faire tant d’honnêtetés, tant <f amitiés, qu’il deviendrait mon ami en dépit de lui. (De Choisy.) Il n’était point (/’amitiés dont chacun ne s’empressât de me combler, (Marmontel.)

— Attachement, affection de certains animaux pour l’homme : Un chien, un cheval oui a de /’amitié pour son maître.

— En parlant des choses, Attraction, sympathie : Il.y a de /’amitié entre le fer et l’aimant. /Acad.) Z’amitié du lierre pour l’ormeau. (Acad.) n Fort peu usité en ce sens, n Particul. s’applique à certaines couleurs dont les nuances et les tons s’unissent harmonieusement et produisent un agréable effet : Le jaune a de /’amitié pour le bleu.

— Comm. Sorte de moiteur à laquelle les marchands de blé reconnaissent la bonne qualité du froment : Ce blé a de /’amitié, u On crït dans le même sens et plus souvent : Le bon blé a de la main. Il Drap, étoffe qui a de l’amitié, qui n’a point d’amitié, Qui est ou qui n’est point maniable.

— Prov. Les petits cadeaux entretiennent

I amitié, Les attentions, les petits soins servent à entretenir les rapports d’amitié.-un homme d’intelligence médiocre soutenait vivement une opinion en présence de Fontenelle, et, pour donner plus de poids à ses affirmations, il ajouta : « Si ce que j’avance n^est pas vrai, prenez ma tête. — Je l’accepte, répondit malignement le spirituel académicien, les petits cadeaux entretiennent l’amitié. »

II II faut découdre et non déchirer l’amitié. Lorsqu’on a sujet de se plaindre d’un ami, il faut s en détacher insensiblement, sans éclat, et ne pas remplacer l’amitié par la haine. Ce proverbe est un mot de Caton, que Cicéron rapporte ainsi : Amicitiœsunt dissuendœmagis quam discindendœ. || Ne laissez pas croître l herbe sur le chemin, de l’amitié, Ne négligez pas vos amis. Ce proverbe, que l’on attribue généralement à Mme Geoffrin, était connu des Celtes, qui disaient : « Sachez que, si vous avez un ami, vous devez le visiter souvent. Le chemin se remplit d’abord d’herbes, et les arbres le couvrent bientôt si l’on cesse tout à fait d’y passer.. || L’amitié rompue n’est jamais bien soudée, H n’y a guère de réconcilia aM !

tion bien sincère ; la défiance s’y mêle presque toujours. Les Espagnols disent, en faisant usage de la même métaphore : • Amigo quebrado, soldado, mas nunca sano.Ami rompu peut bien être soudé, mais il n’est jamais sain. ■ Asmodée, parlant de sa dispute avec Paillardoc, a dit avec autant de vérité que de finesse : « On nous réconcilia, nous nous embrassâmes, et, depuis ce temps, nous sommes ennemis mortels. »

— Encycl. I. — • Trois passions principales, ditJouffroy, sedéveloppentdans l’homme, l’attirent vers ses semblables et enchaînent l’un à l’autre par un triple lien les membres de la société humaine : la sociabilité, l’amour et l’amitié. Un individu de notre espèce nous plaît par cela seul qu’il est de notre espèce : de là cette bienveillance fondamentale de l’homme pour l’homme qu’on a appelée sociabilité. L’individu d’un sexe plaît à l’individu de l’autre par cela seul qu’il est d’un sexe différent ; de là une autre passion bienveillante qui a pour fin la conservation de l’espèce et qu’on nomme amour. Enfin, indépendamment de l’humanité et du sexe, chaque individu possède certaines qualités qui le distinguent et peuvent le rendre particulièrement aimable à quelques-uns de ses semblables : de là un troisième penchant qui est l’amitié... La sociabilité fonde la société humaine ; l’amour la conserve ; l’amitié, en la subdivisant pour ainsi dire en

pensable. » Voltaire a dit de l’amitié : ■ C’est un mariage de l’âme entre deux hommes vertueux ; car les méchants n’ont que des complices ; les voluptueux ont des compagnons de débauche ; les intéressés ont des associés ; les politiques assemblent des factieux ; les v princes ont des courtisans ; les hommes vertueux ont seuls des amis. » « L’amitié, dit La Boétie, est un nom sacré, c’est une chose sainte ; elle ne se met jamais qu’entre gens de bien, ne se prend que par une mutuelle estime ; elle s’entretient non tant par un bienfait que par la bonne vie. Ce qui rend un ami assuré de l’autre, c’est la connaissance qu’il a de son intégrité. Les répondants qu’il en a, c’est son bon naturel, la foi et la constance. Il n’y peut avoir d’amitié là où est la cruauté, là où est la déloyauté, là où est l’injustice. Entre les méchants, quand ils s’assemblent, c’est un complot, non pas une compagnie. Ils ne s’entretiennent pas, mais ils s’entre-craignent. Ils ne sont pas amis, mais ils sont complices, • On n’a jamais fait une plus touchante peinture de l’amitié que cet hommage de Montaigne au souvenir de La Boétie : « Si l’on me presse d’expliquer pourquoi je l’aimois, je sens que cela ne peut s exprimer qu’en répondant : Parce que c’étoit lui, parce que c’étoit moi... Depuis le jour que je le perdis, je ne fais que traîner languissant ; et les plaisirs mesmes qui s’offrent à moi, au lieu de me consoler, me redoublent le regret de sa perte : nous étions à moitié de tout ; il me semble que je lui dérobe sa part. J’étois déjà si fait et accoutumé à être deuxième partout, qu’il me semble n’être plus qu’à demi. » Rappelons encore ces beaux vers de La Fontaine :

Qu’un ami véritable est une douée chose !

Il cherche vos besoins au fond de votre cœur j

De les lui découvrir vous-même ; Un songe, un rien, tout lui fait peur Quand U s’agit de ce qu’il aime.

II. — Deux caractères principaux distinguent l’amitié des autres affections : c’est un sentiment paisible, et c’est un sentiment éga Sans être complètement à l’abri des inquiétudes, des ennuis, des déceptions, des blessures, des retours, des oscillations, l’amitié en elle-même, et à part les accidents qui peuvent la troubler, laisse à l’âme la paix et la possession d’elle-même ; sa phase de mouvement est peu de chose relativement à sa phase de stabilité ; l’union qu’elle crée est en quelque sorte insensible. « Dans la vraie amitié, dit M. Paul Janet, les amis ont à peine besoin de se témoigner qu’ils pensent l’un à l’autre ; ce n’est que dans les commencements de l’amitié ou dans son ébranlement qu’un tel soin devient nécessaire. • L’amitié n’est pas troublée comme l’amour paternel ou maternel par la responsabilité qui s’attache à l’autorité, comme l’amour proprement dit par l’imagination et par les sens. Montaigne exprime d’une façon piquante la différence qui, sous ce rapport, sépare l’amitié de l’amour. ■ L’amour, dit-il, est un feu téméraire et volage, ondoyant et divers, feu de fiebvre, sujet à accès et remises, et qui ne nous tient qu’à un coin. En l’amitié, c’est une chaleur générale et universelle, tempérée au demeurant, et égale, une chaleur constante et rassize, toute douceur et polissure, qui n’a rien d’aspre et de poignant. »

L’analyse de l’amitié nous montre que l’égalité en est le caractère essentiel. Qui dit amis, dit égaux : amicitia pares invenit, vel facit. Quelles que soient les inégalités extérieures, l’amitié suppose entre deux amis mêmes droits et mêmes devoirs. ■ L’essence de l’amitié, dit M. Paul Janet, est que chacun donne sans exiger ; mais cela n’est vrai qu’à condition que l’un et l’autre suivront la même maxime, et qu’en cela même il y aura égalité. » Cette complète réciprocité de devoirs et de droits ne peut guère exister dans l’amour, parce que la différence des sexes se traduit dans les relations sociales par la différence des fonctions

ami

et des responsabilités. Elle est radicalement incompatible avec l’amour paterne ! et l’amour filial, lesquels reposent sur la supériorité du père et sur la dépendance du fils.

Nous devons ajouter que l’amitié se développe dans une sphère tout à fait libre, et ne relève en quelque sorte que d’elle-même. La plupart des sentiments, 1 amour, l’amour paternel, l’amour filial, l’amour de la patrie, ont des rapports avec la morale publique, la législation, la religion, parce qu’ils se lient à l’intérêt général et font partie de la destinée de tous. L’amitié échappe au domaine du droit, parce qu’elle n’a pas de conséquences qui intéressent visiblement la chose publique ; il semble même que la conscience n’ait rien à voir dans un lien qui ne saurait jamais être qu’une exception.

III. — L’amitié veut des âmes fortes et calmes, surtout des âmes indépendantes. La subordination, qui est la condition civile et • économique des femmes, la vivacité de passion qu’elles apportent dans tout ce qui les occupe, la constante rivalité qui les —=— ’ •

leur permettent guère de connaître l’amitié dans sa perfection. Beaucoup de femmes sont de faibles amies, précisément parce que beaucoup de femmes sont des amantes et des mères admirables.

L’amitié peut-elle exister entre des individus de sexe différent ? Mme de Lambert le pense et vante cette espèce d’amitié ; mais cette liaison, à moins qu’il ne s’agisse du mari et de la femme, n’est point sans réserve et ne s’étend pas aussi loin que doit aller toute amitié réelle, c’est-à-dire qu’elle ne parvient pas à faire que deux destinées n’en forment qu’une. « Si cette amitié admet l’amour, dit" de Sénancour, l’amour y jettera du trouble, y introduira ses inégalités, ses craintes, sa lassitude ; si l’amour en est exclu, cette réserve, incommode pour les sens, gênera l’affection, établira une contrainte habituelle, et empêchera cet abandon de toutes choses qui est le charme de l’amitié. •

L’amitié, telle que l’antiquité l’a connue et célébrée, est, comme l’amour, un lien entre deux, et seulement entre deux. C’est ce caractère dualiste qui lui donne son énergie, sa grandeur, et qui en même temps en fait une sorte d’anomalie dans l’ordre des phénomènes affectifs. 11 est très-difficile que les conditions de cette amitié idéale se trouvent réunies, parce qu’elle paraît incompatible avec les autres liens. « Je veux que deux amis n’aient pas de famille, dit de Sénancour (car s’ils en avaient, il faudrait qu’ils n’en eussent qu’une), et qu’à l’exception du devoir filial, qui n’est pas de notre choix, ils ne connaissent d’autre lien que celui qui unit tous les hommes, et d’autre asservissement que l’obéissance aux lois de leur pays. Il faut qu’ils aient la même patrie ; il est bon qu’ils la servent de la même manière, afin qu’ils ne soient jamais séparés ou qu’ils ne le soient que pour fort peu de temps. ■

IV. — Le développement de l’amitié et celui de l’amour sontdans l’histoire en raison inverse l’un de l’autre. L’antiquité offre à ce point de vue un contraste remarquable avec le moyen âge et les temps modernes. L’amitié fleurit dans la Grèce païenne ; depuis l’avènement du christianisme, le ton social est à l’amour. Il faut chercher la raison de cette différence dans la condition différente faite aux femmes par les lois et les mœurs. Le mépris dans lequel, en Grèce, l’organisation sociale maintenait les femmes, l’impossibilité préjugée d’éprouver

Eour elles une affection élevée, la honte de mr sembler soumis, éloignèrent de l’amour et tournèrent vers l’amitié toutes les forces vives des cœurs. Ajoutons que le développement excessif de la vie publique, en absorbant l’homme dans le citoyen, comprimait l’amour et les affections de famille, et les subordonnait entièrement au patriotisme, tandis qu’il accordait un libre essor à l’amitié. Aussi la légende grecque n’est-elle qu’un long poëme à cette passion. « Tous les moralistes la vantent, dit Paul de Flotte ; tous les arts la célèbrent. Illustre dans les eieux avec les frères d’Hélène, illustre sur la terre avec l’ami d’Achille, elle accompagne Oreste, indifférente à la colère des dieux, et descend aux enfers avec Pirithous et Thésée. Quels élans glorieux 1 Comme, jusqu’au dernier jour de cette civilisation si belle, elle l’inonde d’un impérissable éclat ! Les temps historiques se continuent dans l’histoire : c’est Harmodius et Aristogiton, Alexandre et Ephestion, Agis et Cléombrote, et tous ces nobles noms qui s’avancent par couples à l’immortalité... De même que les chevaliers allaient au combat pour honorer leur dame, les Grecs allaient à la mort pour honorer leur ami. » Aujourd’hui cette amitié antique, aussi bien que l’antique patriotisme, est une plante qui ne saurait croître dans notre milieu social ; elle a fait place au règne de l’amour et des affections de famille ; si grand même est le changement qui s’est produit sous ce rapport j—„t„ mœurs, que nous comprenons à peine, sommes parfois tentés de considérer uuiuuiB ues mythes ces deux magnifiques produits de la civilisation païenne, l’ami, le citoyen. V. — Les Grecs et les Romains ont élevé des autels à l’Amitié. Les Grecs la représentaient sous la figure d’une jeune fille vêtue d’une robe agrafée, la tête nue, une main posée sur le cœur, l’autre appuyée sur un ormeau frappé

AMt

de la foudre, autour duquel s’enlaçait une vigne chargée de grappes. L’ormeau, cest l’infortune ; l’amitié n’en a pas peur ; quant à la vigne, elle symbolise sans doute la douceur des consolations de l’amitié.

Chez les Romains, l’Amitié était représentée sous l’emblème d’une jeune fille, simplement vêtue d’une robe blanche, la gorge à moitié nue, couronnée de myrte et de fleurs de grenadier, tenant dans sa main deux coeurs enchaînés ; la frange de sa tunique portait ces mots : La mort et la vie. Sur son front, on lisait : Hiver et été. De la main droite, elle montrait son côté gauche ouvert jusqu’au cœur ; on y lisait : De près et de loin.

— Syn. Amitié, bienfait, faveur, grâce, bon

office, plaisir, service. Service exprime tout ce que î’on fait de bon pour quelqu’un, afin de le tirer d’affaire ou d’embarras : Les services que d’Aquesseau rendit à l’État. (La Harpe.) Le bienfait suppose un acte de générosité dun supérieur : Un homme en place ne saurait payer par trop de pensions et de bienfaits les secours et les services qu’il retire des gens d’esprit. (La Bruy.) Le bon office est une médiation : Les anges nous rendent de hons offices auprès de Dieu. (Boss.) La grâce ne désigne que la puissance de celui qui l’accorde : La grâce divine se montre grâce en ce qu’elle n’est attiréeparaucitnmérite.(Boss.)La.faveurtêmoigne le sentiment avec lequel on donne : On peut accorder une grâce, même à son ennemi ; on n’accorde des faveurs qu’à ceux qu’on aime. (Lafaye.) Leplaisir désigne quelque chose qui coûte peu et qui n’est pas d’un grand prix : Je me trouve heureux de pouvoir lui faire ces petits plaisirs. (Mme de Sév.) L’amitié exprime quelque chose que l’on accorde à une personne avec laquelle on est lié : // faut que je vous fasse une petite amitié, mon cher cbttsin. (Mme de Sév.)

— Antonymes. Aigreur, amertume, animadversion, animosité, antipathie, aversion, désaffection, désunion, discorde, division, ôloignement, fiel, haine, hostilité, inimitié, malveillance, mésintelligence, rancune, ressentiment, ulcération.

— Épitbètes. Longue, vieille, ancienne, antique, étroite, ferme, constante, fidèle, sûre, éprouvée, dévouée, inviolable, sainte, sacrée, pure, véritable, sincère, vraie, tendre, délicate, discrète, prudente, vive, chaude, courageuse, intrépide, héroïque, sublime, généreuse, désintéressée, obligeante, secourabJe, apparente, feinte, équivoque, douteuse, simulée, trompeuse, fausse, mensongère, perfide, indiscrète, intéressée, exigeante, timide, craintive, imprudente, chancelante, faible, fragile, officieuse, stérile, vaine, ralentie, refroidie, brisée, rompue, morte, éteinte, renouée.

— PrOV. littér. L’arailié d’un Rrnnd homme

est un bienfait des dieux. Allusion à un vers de Voltaire dans sa tragédie A’Œdipe, acte 1er, scène ire. Philoctète parle de son attachement pour Hercule :

Cependant l’univf

Je marchai près dû lui, ceint du même laurier. C’est alors, en effet, que mon âme éclairée Contre les passions se sentit assurée. L’amitié d’un grand homme est un bienfait des dieux. Une anecdote historique bien connue se rattache à ce beau vers. Lors de l’entrevue d’Erfurt, entre Alexandre Ier et Napoléon, celui-ci fit représenter devant un parterre de rois les principaux chefs-d’oeuvre de la scène française. Les deux empereurs étaient assis à côté l’un de l’autre sur une estrade élevée. À ce vers A’Œdipe :

L’amitié d’un grand homme est un bienfait des dieux,

Napoléon, lui s

disant : « Je ne l’ai jamais mieux senti. »

L’application de ce vers est presque toujours plaisante :

« Les deux compagnons ne s’étaient pas revus depuis leur départ de la maison de Poissy. Cœur-d’Acier, qui était toujours resté aux yeux de Fougas l’homme aux entreprises hardies et fructueuses, tendit la main à son acolyte ; celui-ci se précipita dans ses bras avec un mouvement de fierté qui semblait dire : L’amitié d’un grand homme est un bienfait des dieux. • Gazette des Tribunaux.

Amitié (Traité de l’), intitulé Lœlius, sive de Amicitia, dialogue philosophique de Cicéron. Le principal interlocuteur est C. La ; lius, l’ami du second Africain ; il cède à l’empressement de ses gendres C. Fannius et Q. Mucius Scévola, qui veulent l’entendre parler sur l’amitié. Dans cette dissertation, que l’auteur suppose avoir eu lieu peu de jours après la mort de Scipion, Lœlius définit d abord l’amitié, rerum humanarum divinarumque consensus, c’est-à-dire l’accord des choses divines et humaines ; il examine ensuite par quels motifs on cherche à se faire des amis, quelle est l’origine de l’amitié, entre quelles personnes elle peut s’établir, quels en sont les lois et les devoirs, et par quels moyens on doit la conserver.

Quelques critiques ont prétendu que, dans ce dialogue, l’amitié n’est prise que dans un sens