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de fois poursuivi et interrompu, se termina comme il avait vécu, au milieu des orages soulevés par sa polémique effrénée, et en attaquant de la manière la plus violente la Convention, qui était à peine réunie. Il avait eu 685 numéros.

En entrant dans la Convention, où l’avaient porté les électeurs de Paris, Marat cessa la publication de sa feuille ; mais quelques jours plus tard, il en fit paraître une nouvelle sous le titre de Journal de la République française (25 septembre 1792), dans laquelle il juge les personnes et les partis avec sa modération habituelle. Dès lors, ses victimes ordinaires sont Brissot, Roland et sa clique, les Girondins, qu’il désigne sous le nom ironique d’hommes d’État, et qui d’ailleurs ne le ménageaient pas non plus. La Montagne même lui semble d’une tiédeur qui le désespère, etc. En mars 93, il changea encore une fois son titre, et intitula son journal le Publiciste de la République française. On sait qu’il fut l’objet de nouvelles poursuites, et enfin décrété d’accusation, mis en jugement, mais acquitté et ramené en triomphe au sein de l’Assemblée. Il continua ce journal jusqu’à sa mort. Le dernier numéro était sous presse quand il fut frappé, et parut le lendemain. Lorsque le poignard de Charlotte Corday fit tomber la plume de sa main, il en corrigeait les épreuves, sur lesquelles rejaillit son sang. Quelques-unes de ces épreuves existent encore ; elles ont fait partie de la riche collection du colonel Maurin. Étrange monument que ces épreuves tachées du sang de celui-là même qui, dans ce journal, avait tant de fois prêché l’effusion du sang humain, et qui périssait victime de ses propres théories ! V. Marat.


Ami du Roi (L’), journal ultra-royaliste, fondé vers le milieu de 1790 par les continuateurs de Fréron, et qui n’était en quelque sorte que la transformation de l’Année littéraire. Le prospectus portait cette épigraphe : Pro Deo, rege et patria, et annonçait la prochaine publication d’un journal quotidien qui aurait pour titre : L’Ami du Roi, des Français, de l’Ordre et surtout de la Vérité. Le premier numéro de l’Ami du Roi parut le 1er juin 1790. Le journal fut d’abord rédigé conjointement par l’abbé Royou et Montjoye, puis par l’abbé Royou et son frère, à partir du 1er septembre 1790 jusqu’au 4 mai 1792, tandis qu’en même temps Montjoye publiait une feuille portant le même titre, depuis le 1er septembre 1790 jusqu’au 10 août 1792. Mais pour nous l’Ami du Roi se personnifie dans l’abbé Royou, comme l’Ami du peuple dans Marat. Royou, en effet, ne surpassait pas Montjoye en talent, mais il le surpassait de beaucoup en violence. C’est là, c’est dans la situation des esprits, qu’il faut chercher surtout l’explication de son succès. Royou était et se montrait à la fois aristocrate exalté et prêtre fanatique. À ce double titre, sa feuille devait être recherchée par la noblesse aussi bien que par le clergé ; et comme elle parlait toujours aux passions, que nulle autre ne s’exprima avec autant de violence contre les hommes et les institutions de la Révolution, elle obtint sans peine les prédilections de toute l’aristocratie. Aussi le journal de Royou ne cessa-t-il d’être appuyé par la cour et les ministres jusqu’à la fuite du roi. Tous les jours, il redoublait ses attaques, laissant percer à chaque ligne l’espoir que les puissances étrangères et les émigrés viendraient bientôt mettre en pièces la charte de rébellion, accablant des invectives les plus grossières les hommes de la Révolution, et appelant sur la tête de ces forcenés une prompte et terrible vengeance. L Assemblée nationale s’émut enfin de ces provocations insolentes, et, dans sa séance du 3 mai 1792, Royou fut décrété d’accusation. Il mourut quelques semaines après.


Amis de la Constitution (JOURNAL DES), créé par un arrêté de la Société des Amis de la Constitution (ou jacobins), du 31 octobre 1790, pour publier par extraits la correspondance des sociétés de la province affiliées avec le grand centre jacobin de Paris. Les Duport, les Barnave et les Lameth dominaient encore dans la société, ce qui explique comment la direction de cette feuille fut confiée à Choderlos de Laclos, l’auteur des Liaisons dangereuses, l’agent connu du duc d’Orléans. C’était en quelque sorte un recueil de révélations et d’accusations qui venaient de tous les points de la France contre les ennemis de la Révolution. D’ailleurs, Laclos ne se renferma pas rigoureusement dans le cadre étroit qui lui avait été donné. Il rendit compte des travaux de l’Assemblée et des événements politiques ; mais c’est à tort qu’on a dit que cette feuille reproduisait in extenso les séances du club. On l’a confondue avec celle dont nous nous occuperons ci-dessous. Lors de la scission de la Société (juillet 1791), le Journal des Amis de la Constitution demeura l’organe des feuillants, et cessa de paraître le 20 septembre suivant. Déjà il avait été remplacé comme organe des jacobins par le Journal des Débats de la Société des Amis de la Constitution. V. l’article suivant.

Il y eut aussi un Journal des Amis de la Constitution monarchique, organe d’une société du même nom, fondée par le comte de Clermont-Tonnerre, Malouet et autres constitutionnels, par opposition au club des jacobins. Cette feuille, qui comptait Fontanes parmi ses rédacteurs, n’eut que vingt-sept numéros, et parut du 18 décembre 1790 au 18 juin 1791.


Amis de la Constitution (JOURNAL DES DÉBATS DE LA SOCIÉTÉ DES), séante aux Jacobins. IL commença à paraître en juillet 1791, pendant que le précédent existait encore, et devint, presque à son origine, l’organe officiel du club, dont il reproduisait les séances. En septembre 1792, il modifia son titre de la manière suivante : Journal des Débats de la Société des Jacobins, amis de l’égalité et de la liberté. Il était rédigé par Deflers, qui finit par mécontenter les jacobins par son indépendance ou sa partialité, et qui fut chassé de la société comme brissotin. Il n’en continua pas moins à donner dans son journal les débats du club avec la même étendue, à la grande indignation des jacobins, et sans qu’on sût comment lui parvenait le compte rendu des séances. Cette feuille cessa de paraître le 24 frimaire an II (14 décembre 1793), au n° 556. C’est un des documents les plus utiles à consulter pour la période qu’il comprend. Les collections en sont assez rares. Le Journal de la Montagne lui succéda comme organe du club. Il ne faut pas confondre le Journal des Débats des Jacobins avec le Journal des Débats et Décrets, qui a traversé toutes les vicissitudes politiques et s’est perpétué jusqu’à nos jours. V. Débats.


Ami des Citoyens (L’), Journal fraternel, par J.-L. Tallien, citoyen soldat. Tel est le titre d’une feuille politique fondée en 1791 par le héros futur du 9 thermidor. Ce n’était d’abord qu’un placard qui s’affichait toutes les semaines et qui était surtout destiné aux Parisiens. En octobre de la même année Tallien transforma ce journal-affiche en une feuille in-8o de 16 pages, qui paraissait deux fois par semaine. La publication en fut abandonnée plusieurs fois, et enfin reprise en fructidor an II. Il fut dès lors le principal organe du parti thermidorien, devint quotidien, et fut placé, au commencement de l’an III, sous la direction de Méhée fils, ancien secrétaire-greffier de la Commune et l’un des hommes de Tallien, qui se cacha d’abord sous l’anagramme transparent de Felhémési. Peu de temps après, le titre fut modifié de la manière suivante : Le Spectateur Français, ou l’Ami des Citoyens. Dans ces temps de réaction furieuse, ce journal eut quelque succès en combattant les terroristes abattus, la queue de Robespierre ; mais sa vogue s’épuisa rapidement. Il mourut de consomption vers la fin de l’an III.


Amis (Journal des), journal publié par l’abbé Fauchet et qui faisait suite aux feuilles qu’il avait déjà fait paraître, la Bouche de Fer, le Cercle social, etc. Le titre venait de ce que Fauchet devait avoir pour collaborateur son ami Guéroult, qui d’ailleurs lui fit défaut au moment de l’exécution. Le premier numéro parut le 6 janvier 1793. Outre les rêveries mystiques habituelles à l’auteur, ce journal contient des attaques extrêmement vives contre les montagnards. Il ne vécut que quelques mois, et cessa de paraître après la chute des Girondins (on sait que Fauchet partagea leur sort). On y trouve des renseignements intéressants pour l’histoire de cette période orageuse.


Ami de la Religion et du Roi (L’), journal fondé en mai 1814 par MM. Adrien Leclère et Picot. Suspendu pendant les Cent-Jours, il reparut à la seconde Restauration comme feuille semi-hebdomadaire. En 1830, il modifia ou plutôt abrégea son titre, et s’appela simplement l’Ami de ta Religion, le roi étant devenu de trop. Ses propriétaires successifs ont été MM. Adr. Leclère et Picot, de Genoude et Dupanloup. Ses directeurs, pour faire la part du temps, sans doute comme on fait la part du feu, imaginèrent une nouvelle nuance politico-religieuse, le catholicisme libéral, mots qui durent être bien étonnés de se trouver ensemble. L’Ami de la Religion a éprouvé bien des vicissitudes ; toute son existence n’a été qu’une polémique acharnée, et pour ainsi dire incessante, avec le journal l’Univers et son successeur le Monde.

Toutefois, ces discussions n’étaient que des querelles intestines, et ne portaient guère que sur des points de discipline ecclésiastique ; mais dès qu’il s’agissait de la démocratie et des principes de 89, le plus touchant accord s’établissait entre les frères ennemis, et l’Arcades ambo du poëte latin n’avait jamais trouvé une plus juste application.

En 1862, l’Ami de la Religion a perdu son individualité, et s’est fondu dans le Journal des Villes et Campagnes : Tria juncta in uno.


Amis des Noirs (SOCIÉTÉ DES), fondée à Paris, par Brissot, en 1778, en imitation de la société anglaise pour l’abolition de la traite. Elle compta presque aussitôt dans son sein les hommes les plus éminents, Mirabeau, Clavière, La Fayette, Bergasse, La Rochefoucauld, Lacépède, Volney, Tracy, Lavoisier, Pastoret, Condorcet, Siéyès, etc. Son but était de préparer l’affranchissement des noirs, et en effet, au début de la Révolution, elle exerça une grande influence sur les colonies.


Amis de la Constitution (SOCIÉTÉ DES). V. Jacobins.


Amis du peuple (SOCIÉTÉ DES). La révolution de Juillet fit éclore un grand nombre de sociétés politiques, qui se livrèrent activement à la propagation des principes républicains dont elles étaient animées, et conquirent une puissante influence sur l’opinion. L’Association des écoles, la Société de l’ordre et des progrès, L’Union, la Société constitutionnelle, recrutèrent partout des adeptes, et comptèrent bientôt d’illustres représentants dans les deux Chambres, à l’Institut, dans la presse, dans l’armée, dans les sciences, dans les arts, dans l’industrie. La Société Aide-toi, si célèbre sous la Restauration, n’avait encore rien perdu de son prestige. Mais de toutes ces sociétés populaires, la plus active, la plus importante, sans contredit, fut celle des Amis du peuple, dans laquelle ne tarda pas à se fondre la Loge des amis de la vérité. Hardie, bruyante, pleine d’une fiévreuse initiative, la Société des Amis du peuple se composait surtout de ces héroïques jeunes gens qui avaient guidé en juillet les coups du peuple ; elle fit revivre un instant les traditions du club des jacobins. Ses séances, d’abord publiques, se tenaient au manège Peltier. C’est là qu’accouraient, pour s’aguerrir aux délibérations tumultueuses, ceux qu’entraînait l’élan d’une conviction sincère, comme ceux qui brûlaient de sortir de leur obscurité et voulaient faire de la société un piédestal à leur ambition. Les persécutions du ministère ne manquèrent pas aux amis du peuple, et ils n’existaient déjà plus comme assemblée publique lorsque Casimir Périer parvint au pouvoir ; mais ils étaient loin encore d’avoir perdu leur empire sur les esprits. La Société entretenait avec les départements des relations assidues, soutenait les convictions chancelantes, et tenait sans cesse le gouvernement en échec par une série de publications vives, spirituelles, mordantes, auxquelles on ne savait répondre que par des calomnies, ou d’impurs pamphlets émanés de la police. Les membres de cette société célèbre eurent plusieurs fois des procès politiques à soutenir, procès dont ils sortirent toujours vainqueurs, soit devant l’opinion, soit même en vertu des déclarations du jury ; c’est qu’ils avaient pour eux le prestige des principes de justice et de liberté qu’ils défendaient avec autant de hardiesse que de talent, et qu’ils donnaient une voix éloquente à tant d’espérances déçues après la révolution de Juillet. C’est dans ces luttes judiciaires, auxquelles accusés et avocats prenaient part tour à tour, que se dessinèrent, avec une grandeur incontestable, des caractères et des talents aujourd’hui respectés de tous : Godefroy Cavaignac, Guinard, Garnier-Pagès, Marie, Dupont, Ploque, Bethmont, Michel (de Bourges), etc. En feuilletant les annales de la Société des Amis du peuple, on retrouve toutes les sommités républicaines de cette époque.


Amis de la Constitution (SOCIÉTÉ DES), Société fondée sous la seconde République. Elle se composait des républicains modérés de la nuance du National et de Cavaignac. Son existence fut aussi éphémère que celle de la Constitution qu’elle s’était donné pour mission de défendre.


Ami des Lois (L’), comédie en cinq actes et en vers, de Jean-Louis Laya, représentée pour la première fois à Paris sur le théâtre de la Nation, le 2 janvier 1793. Cette pièce, toute politique, obtint un succès immense, et l’empressement avec lequel le public se porta à la première représentation fut tel, qu’un nombre considérable de curieux auxquels il avait été impossible de pénétrer dans la salle, passèrent à la porte toute la nuit et la journée du lendemain pour assister à la deuxième représentation. L’auteur, rappelé par le public, dut paraître sur la scène. Son œuvre reflétait trop exactement les passions de l’époque pour ne pas froisser vivement les uns et réjouir les autres. À chaque représentation, la rivalité des deux partis se dessinait de plus en plus, et le tumulte allait croissant. Une lutte s’engagea bientôt au sujet de l’Ami des Lois entre la Convention et la Commune. Celle-ci, sur la réquisition d’Hébert, prit un arrêté qui interdisait l’ouvrage. Le lendemain, la foule se porte encore au Théâtre-Français. Les comédiens font demander des instructions à Chambon, maire de Paris, qui accourt au théâtre. Laya, de son côté, se rend à la Convention. C’était le 12 janvier ; toutes les préoccupations étaient pour le procès du roi. Vergniaud présidait. Laya demande par un billet à paraître à la barre ; il est admis ; mais à peine est-il entré qu’il se voit forcé de sortir. Vergniaud lit une seconde fois le billet de Laya, et demande le vote ; l’assemblée passe à l’ordre du jour. Au même moment arrive une lettre de Chambon. Le maire écrit du théâtre même, au milieu de la foule qui le retient et demande la pièce ; il peint le désordre qui règne dans la salle et aux alentours. L’Assemblée, sur la proposition de Kersaint, adopte un ordre du jour motivé qui, transmis à Chambon, est lu par lui au public, après quoi la pièce est jouée. La Commune est indignée de voir un de ses arrêtés cassé par la Convention ; elle mande Chambon, lui reproche d’avoir manqué à ses devoirs. Cependant le procès de Louis XVI se poursuivait. Entre autres mesures de police, la Commune ordonne la clôture des spectacles. Le conseil exécutif provisoire casse l’arrêt de la Commune ; mais, en même temps, il enjoint aux théâtres d’éviter la représentation des pièces qui, jusqu’à ce jour, ont occasionné des troubles, et qui pourraient les renouveler. On trouvait ainsi un moyen détourné de frapper l’Ami des Lois et de revenir sur le décret de la Convention. Celle-ci interrompt le jugement du roi pour discuter la décision du conseil exécutif. L’ancien maire de Paris, Pétion, s’élève contre les prétentions du conseil ; il ne comprend pas la censure préventive ; il admet seulement que l’on réprime des désordres, que l’on agisse sur des faits et non sur des hypothèses.. Guadet l’appuie. Dubois de Crancé dit qu’une foule d’aristocrates se rendent à Paris, désertant les drapeaux de Condé, et qu’il ne faut point leur fournir de lieu de rassemblement. Il « ne juge point l’Ami des Lois ; les principes sont bons, mais le but de l’auteur est perfide. À la dernière représentation de cette pièce, ajoute-t-il, il n’y avait que des valets de ci-devant. » Enfin Danton traduit en ces termes les impatiences de la Montagne : « Je l’avouerai, citoyens, je croyais qu’il était d’autres objets que la comédie qui dussent nous occuper (Quelques voix : Il s’agit de la liberté !). Oui, il s’agit de la liberté ; il s’agit de la tragédie que vous devez donner aux nations ; il s’agit de faire tomber sous la hache des lois la tête d’un tyran ; il ne s’agit pas de misérables comédies… » Pétion réplique que le pouvoir exécutif a violé la plus sainte des lois, la liberté. « C’est, dit-il, c’est toujours en interdisant vaguement ce qui pourrait occasionner du trouble, qu’on a, sous l’ancien régime, enchaîné toutes les espèces de liberté. La loi met les pièces de théâtre sous la responsabilité des auteurs et des acteurs ; voilà la vraie, la seule responsabilité… Où commence la responsabilité ? Ce n’est pas sur des suppositions ; c’est lorsqu’il y a un acte, un fait, que le pouvoir municipal intervient. Alors il y a exercice de la police, et sans doute il est libre au magistrat de suspendre la représentation d’une pièce qui occasionne des troubles qu’on ne peut arrêter autrement….. » Enfin l’arrêt du conseil exécutif fut cassé, et, le 30 mars, la Commune triompha de l’Ami des Lois, en suspendant les représentations de la comédie de Laya, qui lui paraissait de nature à corrompre l’esprit républicain.

L’Ami des Lois avait eu du retentissement non-seulement à Paris, mais encore dans les départements. Les royalistes y avaient vu l’occasion d’une manifestation publique contre les gouvernants d’alors. C’était une protestation contre ce que l’auteur appelait les anarchistes. Ainsi il disait :

Patriotes ? eh ! qui ? ces poltrons intrépides,
Du fond d’un cabinet prêchant les homicides,
Ces Solons nés d’hier, enfants réformateurs.
Qui, rédigeant en lois leurs rêves destructeurs,
Pour se le partager voudraient mettre à la gêne
Cet immense pays rétréci comme Athène.
Ah ! ne confondez pas le cœur si différent
Du libre citoyen, de l’esclave tyran.
L’un n’est point patriote, et vise à le paraître ;
L’autre tout bonnement se contente de l’être.

Et plus loin :

Que tous ces charlatans, populaires larrons,
Et de patriotisme insolents fanfarons,
Purgent de leur aspect cette terre affranchie.
Guerre, guerre éternelle aux faiseurs d’anarchie !
Royalistes tyrans, tyrans républicains.
Tombes devant les lois, voilà vos souverains !

Tout cela n’est pas très-fort. L’Ami des Lois était en effet une comédie médiocre, très-médiocrement écrite. C’était l’opinion de l’auteur lui-même, qui, en parlant de son œuvre, disait à vingt-cinq ans de distance : « Ce n’était pas un bon ouvrage, mais c’était une bonne action. » Était-ce réellement une bonne action ? Ici la réponse dépend surtout du point de vue auquel on se place pour juger les hommes et les choses de la Révolution. En protestant contre le régicide, en bravant certains personnages tout-puissants, Laya faisait, nous le voulons bien, un acte de courage ; voilà tout ce qu’il est permis de lui accorder aujourd’hui.


Ami du peuple (L’) ou les Intrigants dévoilés, drame représenté pour la première fois à Paris, sur le théâtre du Palais-Variétés, le 6 septembre 1793 (deux mois environ après l’assassinat de Marat). L’ami du peuple, on le devine, c’était Marat ; Marat, représenté alors avec idolâtrie sur tous les théâtres de Paris et de la province. En même temps que l’Opéra donnait des fêtes en son honneur et en l’honneur de Le Peltier de Saint-Fargeau, Molé, l’élégant comédien dont le public était engoué, jouait lui-même au Théâtre-Français le rôle de l’ami du peuple, et, à ce sujet, l’auteur ravi lui écrivait :

Ressuscitant Marat, tu me rends à la vie.

En mars 1794, le même acteur remplit le même rôle de l’ami du peuple. Cette fois, la pièce nouvelle s’appelait la Mort de Marat.


Ami des Lois (LE VÉRITABLE) ou le Républicain à l’épreuve, pièce en quatre actes, à spectacle, représentée à Paris pour la première fois sur le Théâtre national de Molière, rue Saint-Martin, le 23 septembre 1793. Cette pièce était une réaction contre l’Ami des Lois de Laya, que les aristocrates déguisés et les modérés avaient applaudi à grand bruit au commencement de la même année.


Amis de Collège (LES), comédie de Picard, en trois actes et en vers, représentée pour la première fois à Paris, le 24 novembre 1795. C’est la vie oisive opposée à la vie laborieuse. L’auteur a dépeint le charme des souvenirs de la première jeunesse, l’espèce d’égalité que les camarades d’enfance conservent encore entre eux dans le monde, l’empire que ces premiers sentiments exercent sur tous les autres sentiments que nous éprouvons par la suite, et les