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XXXII
PRÉFACE.
Si j’évoque jamais du fond de son journal
Des sophistes du temps l’adulateur banal ;
Lorsque son nom suffit pour exciter le rire,
Dois-je, au lieu de La Harpe, obscurément écrire :
« C’est ce petit rimeur de tant de prix enflé,
Qui, sifflé pour ses vers, pour sa prose sifflé,
Tout meurtri des faux pas de sa muse tragique,
Tomba de chute en chute au trône académique ?
De La Harpe, a-t-on dit, l’impertinent visage
Appelle le soufflet. Ce mot n’est qu’un outrage,
Je veux qu’un trait plus doux, léger, inattendu,
Frappe l’orgueil d’un fat plaisamment confondu.
Dites : Ce froid rimeur se caresse lui-même ;
Au défaut du public, il est juste qu’il s’aime ;
Il s’est signé grand homme, il se dit immortel
Au Mercure ! — Ces mots n’ont rien qui soit cruel.
Jadis il me louait dans sa prose enfantine ;
Mais dix fois repoussé du trône de Racine,
Il boude ; et son dépit m’a, dit-on, harcelé.
L’ingrat ! J’étais le seul qui ne l’eût pas sifflé.
Ce petit homme à son petit compas
Veut sans pudeur asservir le génie ;
Au bas du Pinde il trotte à petits pas,
Et croit franchir les sommets d’Aonie.
Au grand Corneille il a fait avanie ;
Mais, à vrai dire, on riait aux éclats
De voir ce nain mesurer un Atlas,
Et redoublant ses efforts de pygmée,
Burlesquement roidir ses petits bras
Pour étouffer si haute renommée.

Nous nous en tiendrons à la diatribe de La Harpe, qui renferme le plus bel éloge adressé à l’immortelle Encyclopédie de Diderot.

Outre l’édition de Paris, nous citerons les éditions de Genève, 39 vol. <span style="white-space:nowrap;"><abbr class="abbr" title="in-quarto">in-4<sup style="font-size:70%;">o (3 de planches), 1777 ; Lausanne, 86 vol. gr. <span style="white-space:nowrap;"><abbr class="abbr" title="in-octavo">in-8<sup style="font-size:70%;">o (et 3 vol. <span style="white-space:nowrap;"><abbr class="abbr" title="in-quarto">in-4<sup style="font-size:70%;">o de pl.), 1778 ; Yverdun, 58 vol. <span style="white-space:nowrap;"><abbr class="abbr" title="in-quarto">in-4<sup style="font-size:70%;">o (10 de planches), 1778-1780 ; Lucques, 28 vol. in-folio, avec notes de Diodati, 1758-1771 ; Livourne, 33 vol. in-folio, 1770.

Il a été publié une table analytique et raisonnée de l’Encyclopédie, par Mouchon ; Paris, 1780, 2 vol. in-folio. Cette table se rapporte à l’édition de Paris.

L’Encyclopédie n’avait pas enrichi Diderot, dont on connaît, du reste, le singulier désintéressement ; il reçut à peine deux mille livres pour chaque volume, cent fois moins que certaines méchantes pièces de théâtre ne rapportent aujourd’hui à leurs auteurs. Aussi Diderot resta-t-il pauvre toute sa vie. En 1765, au moment des plus âpres persécutions, et pour constituer une dot à sa fille, il avait mis en vente sa bibliothèque, dernière richesse d’un homme de lettres. L’impératrice Catherine II, qui cherchait à illustrer son règne par la protection éclairée qu’elle accordait aux philosophes et aux savants, ayant appris cet état de détresse par Galitzin, son ambassadeur à Paris, informa Diderot qu’elle achetait sa bibliothèque moyennant quinze mille livres, à la condition qu’il la garderait jusqu’à sa mort et qu’il consentirait à en être le bibliothécaire, avec un traitement annuel de mille livres.

Voilà, assurément, une pauvreté dûment constatée ; eh bien, il en sera toujours ainsi pour ceux qui n’hésitent pas à se lancer dans une aussi vaste entreprise, avec la résolution bien arrêtée de ne faire aucune concession aux préjugés de leur époque et de ne jamais sacrifier les droits de la vérité.

Encyclopédie Méthodique, éditée par Panckoucke et Agasse ; 1782-1832, 201 vol. <span style="white-space:nowrap;"><abbr class="abbr" title="in-quarto">in-4<sup style="font-size:70%;">o, dont 47 avec planches. Cette encyclopédie, à laquelle celle de Diderot servit de base, en diffère moins par le fond que par le plan, en ce que les articles y sont classés par ordre de matières, et forment de cette sorte une série de dictionnaires particuliers des diverses sciences. L’Encyclopédie méthodique a remédié à l’incohérence de sa sœur aînée : elle donne mieux le tableau de chaque science en particulier, et, dans les recherches qu’on y fait, la somme compacte des documents d’un même ordre aide beaucoup au travail de l’érudit. Par malheur, elle est vraiment trop volumineuse, et ne peut entrer que dans quelques bibliothèques.

L’Encyclopédie méthodique, renferme 48 dictionnaires spéciaux. Les matières sont classées dans l’ordre suivant : agriculture, amusements des sciences, antiquités et mythologie, arbres et arbustes, architecture, art aratoire et jardinage, art militaire, artillerie, arts et métiers, assemblée nationale, beaux-arts, botanique, chasse, chimie et métallurgie, chi-