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allégorique, ceux-ci de l’Ancien et du Nouveau Testament, ceux-là des traditions orientales et juives, d’autres des mystères et des fictions du polythéisme. Philon a écrit trois livres d’allégories sur les six jours de la création ; les explications allégoriques abondent dans Origène, dans saint Clément d’Alexandrie ; l’imagination des rabbins en a rempli le Talmud.

L’allégorie dans les œuvres d’art. Dès sa plus haute origine, l’art paraît avoir eu pour mission de fournir aux religions du paganisme les dieux de bois ou de pierre que des peuples superstitieux confondirent, dans leur adoration, avec la divinité elle-même. Les premières idoles furent des pierres quadrangulaires ou pyramidales, des colonnes et parfois même de simples troncs d’arbre. Plus tard, l’extrémité supérieure de ces fétiches fut façonnée en forme de tête ; puis on indiqua les sexes, on sépara les membres ; on ajouta enfin les attributs distinctifs du dieu, les emblèmes de son caractère et de sa puissance. Les ministres de la religion veillèrent avec un soin jaloux sur cette dernière partie de la composition des images ; tout d’abord, ils imposèrent des règles et prescrivirent des types dont il fut défendu de s’écarter. Les Egyptiens, les Assyriens et les autres nations de l’extrême Orient, soumis à l’influence d’un gouvernement théocratique, restèrent fidèles aux formes primitives, ce qui explique leur infériorité relative dans la peinture et la sculpture. Les Grecs, au contraire, entraînés par leur esprit philosophique et par leur amour de la beauté humaine, s’affranchirent peu à peu des entraves qui gênaient l’essor de leur imagination créatrice. Simplifiant autant que possible la partie purement emblématique, ils s’appliquèrent à désigner les vertus attribuées à chaque divinité, par l’expression du visage, la disposition des membres, les proportions du corps, l’arrangement du costume. Le beau idéal, réglé par le génie de l’artiste, se substitua ainsi à la vieille forme typique : il n’obtint ni moins de respect, ni moins d’adorations. Parrhasius, dans la peinture, Phidias, dans la sculpture, contribuèrent le plus à opérer cette réformation de l’art. D’ailleurs, l’allégorie, qui est le fond même de la mythologie, n’en continua pas moins d’inspirer les plus belles créations de l’art grec ; seulement, elle prit un caractère plus philosophique, et bientôt on la fit servir à mettre en scène les diverses passions de l’homme. L’exemple le plus célèbre de cette innovation est le tableau de la Calomnie, qu’Apelle, d’Ephèse, composa pour se venger d’une accusation mensongère dont il avait failli être victime, et où il plaça les figures allégoriques de la Délation, de l’Envie, de l’Ignorance, de la Suspicion, de la Fourberie, de la Perfidie, de la Repentance et de la Vérité.

Les Romains, en prenant aux Grecs leurs dieux, leur en ont emprunté, en même temps, les images. Les nombreuses peintures mythologiques, découvertes dans les maisons de Pompéi, semblent avoir eu pour but bien moins d’inspirer des pensées religieuses que de flatter les passions par des allégories très-diaphanes. Tels sont les mythes, si souvent reproduits, qui ont pour héros Apollon et Daphné, Vénus et Adonis, Galatée et Polyphème, Ulysse et Circé, Hellé et Phryxus, etc. Telles sont encore ces compositions plus ou moins piquantes qui représentent Vénus et l’Amour pêchant à la ligne, des Marchands et des Marchandes d’Amours, l’Amour désarmé par des jeunes filles, etc. C’est à Pompéi que nous voyons apparaître pour la première fois une espèce d’allégorie dont on n’a que trop usé depuis, l’apothéose, cette immense flatterie qui décerne à un mortel les honneurs divins. Ici, elle est figurée d’une façon générale par un génie ailé emportant une femme sur ses épaules. L’adulation ne manqua pas sans doute de prodiguer aux Césars cette glorification symbolique. On peut voir au Vatican un bas-relief antique représentant l’Apothéose d’Adrien, et, dans la sacristie de l’église Saint-Vital, à Ravenne, une Apothéose d’Auguste, morceau de sculpture d’une grande beauté.

Le christianisme, plus qu’aucune autre religion, sentit, à ses débuts, la nécessité de recourir à des emblèmes qui, en donnant pour ainsi dire un corps aux idées nouvelles, eussent de plus l’avantage de rappeler les faits sans exciter la critique, de toucher les cœurs des initiés sans compromettre aux yeux des infidèles la dignité des mystères sacrés. Tout est allégorie, en effet, dans les monuments primitifs de l’art chrétien, dans les peintures des catacombes, dans les bas-reliefs des sarcophages, dans les mosaïques, dans les verres gravés ou peints. Et il est remarquable que ces divers monuments expriment presque tous la même idée, celle d’un triomphe, d’une délivrance. Le Christ est représenté tantôt comme un bel adolescent, foulant de ses pieds nus le lion et le dragon, emblèmes du péché ; tantôt comme un bon pasteur, portant sur ses épaules la brebis égarée ; quelquefois, comme un nouvel Orphée, tenant un » instrument de musique dans ses mains et charmant les animaux féroces par ses divins accords. Le mystère de la Passion n’offre ni douleurs, ni humiliations : il est figuré, d’ordinaire, par Daniel dans la fosse aux lions, par les trois jeunes Israélites dans la fournaise, ou encore par Jonas avalé par la baleine, qui doit le rendre à la lumière dans trois jours ; plus rarement, surtout pendant les premiers siècles, par un agneau expirant au pied de la croix. (V. Agneau.) Lorsque le concile quinisexte, tenu à Constantinople en 692, eut ordonné de préférer la réalité aux emblèmes et de montrer le Christ sur la croix (Christi Dei nostri humana forma chararterem in imaginibus deinceps erigi ac depingi jubemus), l’emploi des figures symboliques ne se ralentit un instant que pour prendre ensuite un développement plus complet. Le caractère des productions de l’art chrétien, au moyen âge, fut essentiellement allégorique. « Les peintres de cette époque, ou plutôt les supérieurs ecclésiastiques qui les dirigeaient, dit Emeric David, semblent avoir voulu renchérir les uns sur les autres dans leurs inventions. Les compositions pittoresques devinrent une sorte d’hiéroglyphes dont il fallait avoir le secret. Les quatre évangélistes furent représentés par quatre fleuves qui allaient répandre leurs eaux sur toute la terre ; les gentils convertis, par des cerfs qui se désaltéraient à une eau vive, par une vigne ou par une montagne ; les fidèles, par des arbres, des plantes, des moutons, des oiseaux. La pose, les gestes même des personnages étaient significatifs, et se trouvaient déterminés par des coutumes dont il ne semblait plus permis de s’écarter. » Ces conceptions étranges, dont beaucoup n’ont pu être pénétrées par nos modernes iconographes, se retrouvent dans les miniatures des manuscrits, dans les peintures murales, dans les émaux, dans les mosaïques, dans les sculptures qui ornent les chapiteaux, les tympans des portails, les retables et les devants d’autel. L’Apocalypse était la source intarissable où les artistes puisaient leurs inspirations. Un sujet qu’ils semblent avoir traité avec une sorte de prédilection est le Parallèle de l’Ancien et du Nouveau Testament : tantôt ils se bornaient à indiquer la concordance des deux Lois, en plaçant en regard les faits dont l’un était réputé l’allégorie de l’autre ; tantôt, ils exprimaient le triomphe de la Nouvelle Alliance sur l’Ancienne, la victoire de Jésus-Christ sur la mort et sur le péché. Cette dernière interprétation a été développée avec des détails extrêmement curieux dans une plaque en cuivre gravée en bataille, émaillée et dorée, qui a fait partie de la belle collection Debruge et Labarte (no 952 du Catal.), et qui a été publiée dans les Annales archéologiques de Didron (VIIIe vol.). Le même sujet inspirait encore fréquemment les artistes du XVe siècle. Il a été traité de la façon la plus originale et la plus splendide par l’un des frères Van Eyck ; par Hubert, si l’on en croit MM. Passavant et Waagen, et par Jean, d’après l’opinion de MM. Crowe et Cavalcaselle. Ce chef-d’œuvre, auquel nous consacrerons un article spécial, fait partie du musée de la Trinité, à Madrid.

Les artistes du Nord conservèrent beaucoup plus longtemps que ceux des autres écoles l’habitude des vieilles allégories chrétiennes. Dès les premiers temps de la Renaissance, nous voyons les figures symboliques de l’antiquité faire irruption dans les œuvres des peintres italiens. Les idées semi-païennes du Dante sur la mort, le jugement, la rétribution, se reproduisent dans les peintures du Campo-Santo de Pise, exécutées par Giotto, Gozzoli, Buffalmaco, Simone Memmi et les deux Orcagna. La Danse des morts (V. ce mot), qui ouvre la série des fresques peintes par Bernardo Orcagna, est une scène digne du Tartare ; plus tard, Holbein apportera, dans la représentation du même sujet, le réalisme particulier aux peintres de sa nation : il nous montrera, avec une ironie sanglante, des gens de toutes conditions luttant en vain contre le spectre camard. À mesure qu’elle approche de son apogée, l’école italienne fait de plus larges emprunts à la mythologie : Mantegna est encore chrétien dans sa Vierge de la Victoire du Louvre ; il cesse de l’être dans sa Sagesse victorieuse des Vices et dans son Parnasse, du même musée. Le siècle d’or de l’art moderne vit éclore une foule de chefs-d’œuvre où semble respirer le génie antique, où se déploie le symbolisme des Grecs, associe aux conceptions du christianisme. Michel-Ange, ayant à dérouler sur les murs de la chapelle Sixtine la destinée entière de l’homme, depuis la création du monde jusqu’à l’accomplissement des siècles, depuis la chute de Lucifer jusqu’au jugement dernier, n’hésita pas à accoler, dans cette immense composition, les sibylles et les prophètes. Raphaël ne trouva rien de mieux pour figurer la Poésie, que de peindre l’Assemblée d’Apollon et des Muses sur le Parnasse, et c’est par l’Ecole d’Athènes qu’il représenta la Philosophie ; il témoigna d’ailleurs de sa vive admiration pour les productions de l’antiquité, en reprenant l’allégorie de la Calomnie, d’Apelle, telle qu’elle a été décrite par Lucien. C’est d’après les mêmes données qu’Albert Dürer traite à son tour le même sujet, et ce grand artiste, qui se montre si original, si moderne, si plein de l’esprit germanique dans sa personnification de la Mélancolie et dans son allégorie intitulée : le Chevalier, la Mort et le Diable, emprunte aux anciens les symboles dont il décore l’arc de triomphe et le char de Maximilien. Holbein puise à la même source les idées et les figures qu’il place dans son Triomphe de la Richesse et dans son Triomphe de la Pauvreté. Affecté et trivial quand il touche à la mythologie, Lucas Cranach s’élève à la hauteur des plus grands maîtres lorsqu’il demande au symbolisme chrétien la glorification des doctrines de la réforme. Mais, en ce genre, il eut peu d’imitateurs : la plupart des artistes allemands et flamands du XVIe siècle font de l’allégorie païenne à la manière des Italiens. Rubens, auquel aboutit cette lignée de pédants, le grand Rubens, acceptant un genre qui lui fournit d’excellents prétextes pour des nudités, le développe avec une verve magistrale, dans des compositions dont l’Histoire de Marie de Médicis est un admirable spécimen.

Le Primatice et Nicolo dell’ Abbate firent connaître à la France les belles divinités du paganisme, auxquelles, dans la suite, nos plus grands artistes, Poussin, Mignard, et l’austère Lesueur lui-même, se virent contraints de sacrifier. Les Coypel, Le Moyne et les Van Loo poussèrent jusqu’au maniérisme le plus ridicule ce culte rétrograde. Watteau, Boucher et Fragonard eurent du moins le mérite d’être de leur époque, en mettant en scène et les Grâces, et Vénus, et Cupidon, dans des pastorales où pétille l’esprit frivole et libertin du XVIIIe siècle. L’allégorie, délaissée au profit de l’histoire par l’école de David, retrouva un caractère de grandeur et de moralité dans le célèbre tableau de Prud’hon : La Justice et la Vengeance poursuivant le Crime. Quelques années plus tard, la phalange allemande, dont M. Overbeck est le chef, revint aux scènes apocalyptiques traitées par le moyen âge : le mysticisme quelque peu insaisissable de cette école a atteint sa dernière expression dans les peintures du Campo-Santo de Berlin, par M. Cornelius ; de la Pinacothèque et de la Glyptothèque de Munich, par M. Kanlbach. Bien qu’entraînée par un mouvement irrésistible vers la peinture de la réalité, l’école française contemporaine a produit des compositions allégoriques dont les auteurs figurent parmi ses maîtres les plus renommés. Il nous suffira de citer : l’Apothéose d’Homère et celle de Napoléon, par M. Ingres ; l’Hémicycle des Beaux-Arts, de Paul Delaroche ; les Allégories du Salon de la Paix et la Liberté sur les barricades, d’Eugène Delacroix ; les Douleurs de la terre s’élevant vers le ciel, d’Ary Scheffer ; la Légende et l’Apothéose de l’Humanité, de M. Chenavard, immense cycle symbolique composé pour le Panthéon ; L’Evangile couronnant et complétant l’Ancien Testament, le sujet favori des artistes du moyen âge, interprété avec beaucoup de foi et d’élévation par H. Flandrin, à Saint-Germain-des-Prés ; le Pilori, de M. Glaize ; la composition allégorique du Bien et du Mal, exposée en 1833 par Orsel, et les peintures que ce maître et ses disciples, MM. Périn et Ronger, procédant tous trois d’Overbeck, ont exécutées dans l’église de Notre-Dame-de-Lorette. À ces ouvrages, qui, pour la plupart, seront décrits dans ce dictionnaire, nous pourrions joindre une longue liste d’allégories et de personnifications produites par la statuaire ; nous nous bornerons à faire remarquer, en finissant, que les compositions de ce genre, peintes ou sculptées, tendent de plus en plus à céder la place aux œuvres inspirées par l’esprit essentiellement réaliste de notre époque.

Syn. Allégorie, apologue, parabole. L’allégorie est une fiction qui présente une chose pour une autre. L’apologue est une allégorie morale, et la parabole une allégorie religieuse.

Epithètes. Juste, naturelle, claire, transparente, soutenue, suivie, vive, belle, aimable, magnifique, riche, admirable, parfaite, sentimentale touchante, froide, sèche, tirée, forcée, fausse.

ALLÉGORIQUE adj. (al-ké-go-ri-ke — rad. allégorie). Qui tient de l’allégorie, qui appartient à l’allégorie : Sens allégorique. Termes allégoriques. Tableaux allégoriques. Le merveilleux allégorique est employé dans la Henriade. (Acad.) Le charlatanisme et la peur inventèrent le sens allégorique, et l’oubli de ce sens fit pulluler les erreurs. (Boiste.) Souvent les artistes, en voulant faire des figures allégoriques, sont tombés dans le défaut de n’offrir que des compositions inintelligibles. (Millin.) L’homme peu civilisé se crée des croyances allégoriques. (Malte-Brun.) Le démon est la personnification allégorique de nos tentations et de nos mauvais penchants. (A. de Gasparin.)

Et pour t’en dire ici la raison historique,
Souffre que je l’habille en fable allégorique.
Boileau.

ALLÉGORIQUEMENT adv. (al-lé-go-ri-ke-man — rad. allégorique). D’une manière allégorique : Cela doit s’entendre allégoriquement, et non littéralement. (Acad.) Les prophètes parlent quelquefois allégoriquement. (Acad.) C’est la mort, ce spectre qu’Holbein introduit allégoriquement dans des sujets philosophiques et religieux. (G. Sand.)

ALLÉGORISANT (al-le-go-ri-zan) part. prés. du v. Allégoriser : Ils délibéraient sur la question de savoir s’il n’était pas opportun de faire peindre un quatrième tableau, allégorisant le placement des cuisinières. (P. Féval.)

ALLÉGORISATION s. f. (al-lé-go-ri-za-si-on — rad. allégoriser). Représentation allégorique d’une chose.

ALLÉGORISÉ, ÉE (al-lé-go-ri-zé) part. pass. du v. Allégoriser. Passé à l’état d’allégorie, revêtu d’une forme allégorique : La mort était allégorisée dans les Danses macabres.

ALLÉGORISER v. a. ou tr. (al-lé-go-ri-zé — rad. allégorie). Faire des allégories, expliquer par des allégories : Les Pères de l’Église ont allégorisé presque tout l’Ancien Testament. (Acad.) Origène a été anathématisé pour vouloir allégoriser toute l’Ecriture, et en abolir le sens littéral. (Card. Duperron.) Prétendre que les Pères de l’Église ont abusé de l’allégorie au point de vouloir tout dénuée de preuve. (Barthél.) Plusieurs philosophes allégorisaient les récits de la mythologie comme on allégorisait tout. (Volt.) Le sauvage personnifie les arbres, les fleurs, les rochers, mais il n’ allégorise pas le temps. (Chateaub.) C’est une idée que la théologie chrétienne avait allégorisée. (Proudh.)

ALLÉGORISEUR s. m. (al-lé-go-ri-zeur — rad. allégoriser). Celui qui allégorise, qui explique les allégories : C’est un allégoriseurperpétuel. (Acad.)

ALLÉGORISME s. m. (al-lé-go-ri-sme — rad. allégorie). État d’une chose présentée allégoriquement. || Manie, abus de l’allégorie : Serait-ce qu’ici l’allégorisme persan aurait voulu indiquer ces puissantes machines mises en mouvement par les eaux ? (Val. Parisot.)

ALLÉGORISTE s. m. (al-lé-go-ri-ste — rad. allégorie). Celui qui explique un texte, un auteur, dans un sens allégorique : Origène, Clément d’Alexandrie, saint Augustin, saint Grégoire, etc., ont expliqué la Bible en allégoristes.

ALLEGRAIN (Christophe-Gabriel), statuaire, né à Paris en 1710, mort en 1795. Ses statues les plus remarquables sont un Narcisse, une Diane et une Vénus entrant au bain, aujourd’hui au Louvre.

ALLÈGRE adj. (a-lè-gre — du lat. alacris, vif, joyeux). Dispos, agile : Il est sain et allègre. (Acad.) A-t-il le corps propre à ses fonctions, sain et allègre ? (Montaig.) Ce coadjuteur de nouvelle sorte s’embarqua donc à Brest, le plus joyeux, le plus allègre des hommes.}} (Stc-Beuve.) Elle avait sous ce costume un petit air allègre et délibéré qui lui allait on ne peut mieux. (Th. Gaut.) Il marchait d’un pas allègre et sûr, comme un homme qui se sent sur son terrain. (Th. Gaut.)

Pour s’échapper de nous, Dieu sait s’il est allègre.
Racine.

ALLÈGRE, ch.-lieu de cant. (Haute-Loire), arrond. du Puy ; pop. aggl. 1,101 hab. — pop. tot. 1,747 hab. Au pied d’une montagne, sur le sommet de laquelle s’est formé un lac dans le cratère d’un ancien volcan. Restes d’un vieux château ; site admirable.

ALLÉGREMENT adv. (a-lé-gre-man — rad. allègre). D’une manière allègre : Il semble que les coups fuient ceux qui s’y présentent allégremment. (Montaig.) Les soldats le suivirent allégrement, lorsqu’ils le virent à pied marcher à leur tête. (D’Ablanc.) Il paraît que maître Huriel reprit sa marche bien allègrement, sans se ressentir de rien. (G. Sand.) Les jeunes paysannes, en jupon court, lavent allégrement le devant des maisons. (Chateaub.) Amis, le temps est venu de quitter la vie : ce que la nature me redemande, débiteur de bonne foi, je le lui rends allègrement. (Chateaub.) Un petit nain fantastique dansait allégrement derrière le postillon. (V. Hugo.) Il y avait aussi beaucoup de cavaliers et de piétons qui grimpaient plus ou moins allégrement les déclivités abruptes de la montagne. (Th. Gaut.)

ALLÉGRESSE s. f. (al-lé-grè-se — rad. allègre). Joie vive et souvent bruyante qui éclate au dehors : Il reçut cette nouvelle avec une grande allégresse. (Acad.) Cette réunion excita dans toute la maison un retentissement d’allégresse. (J.-J. Rouss.) Un sublime instinct, plus prompt que la pensée, le fait palpiter d’ allégresse. (Lamenn.) Les pères ont semé dans l’affliction, les fils moissonneront dans l’ allégresse. (Proudh.)

Que je sens à vous voir une grande allégresse !
Molière.


La France avec ses vins te verse l’allégresse.
Delille.
Jamais nous ne goûtons de parfaite allégresse ;
Nos plus heureux succès sont mêlés de tristesse
Corneille.

— Se dit surtout d’une joie publique : Transports d’ALLÉGRESSE. Il fut reçu avec allégresse par ses sujets. (Port-Royal.) L’allégresse de son armée lui promettait la victoire. (Acad.) L’amour régnait avec l’allégresse, les fêtes et les plaisirs dans les châteaux de l’heureuse Provence. (H. Beyle.) Les carillons des cloches, au milieu de nos fêtes, semblent augmenter l’allégresse publique. (Chateaub.)

Il veut que d’un festin la pompe et l’allégresse
Confirment à nos yeux la foi de leurs serments.
Racine.
Aux noces d’un tyran, tout un peuple en liesse
Noyait son souci dans les potts.
Esope seul trouvait que les gens étaient sots
De témoigner tant d’allégresse.
La Fontaine.

— Dans la relig. cathol. Les sept Allégresses, Sept prières adressées à la Vierge, en mémoire des sept mystères qui ont été pour elle un sujet de joie pendant sa vie.

Epithètes. Tranquille, calme, paisible, douce, aimable, joyeuse, vive, folâtre, folle, bruyante, ardente, éclatante, bachique, effrénée, brutale, insultante, ignoble, sauvage, noble, orgueilleuse, naturelle, feinte, forcée, longue, courte.

ALLÉGRETTO adv.-(al-lé-grètt-to — dimin. de allegro). Mus. Mot ital. qui signifie D’une façon vive et légère, mais un peu moins vivement et moins légèrement qu’allegro.

— s. m. Air d’un mouvement gracieux et léger.|| Pl. des allégrettos.