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ALBUMININE s. f. (al-bu-mi-ni-ne — rad. albumine). Nom donne à un produit d’altération qu’on sépare de l’albumine du blanc d’oeuf, en l’abandonnant à elle-même pendant un mois environ, à une température qui est au-dessous dé" zéro.

ALBUMINO-CASÉEUX, EUSE adj. et S. m.

(al-bu-mi-no ka-zé-eu, eu-ze — de albumine, et du a, t. caseum, fromage). Chim. Nom sous lequel on désigne une substance particulière trouvée dans les amandes, et qui tient de l’albumine et de la matière caséeuse. On la nomme aussi amyodaline. h Le mot albumino se combine encore avec les adjectifs fibreux, gélatineux, glutineux, etc., pour désigner des matières où l’albumine se combine à la fibrine, à la gélatine, au gluten, etc.

albuminoïde adj. (al-bu-mi-no-i-dode albumine, et du gr. eidôs, forme). Chim. De la nature de l’albumine : On ajoute au liquide une petite quantité de matières albuminoïdes. (V. Borie.)

Matières albuminoïdes, Groupe de corps azotés.neutres, incristallisables, décomposables au feu, putrescibles, assimilables, et par conséquent nutritifs : telles sont l’albumine, la fibrine et la caséine animales et végétales.

— Encycl. Les matières albuminoïdes présentent trois réactions caractéristiques : 1<> elles" se colorent en rouge lorsqu’on les met en contact avec un mélange d’azotate et d’azotite de mercure ; z» bouillies avec de l’acide chiorhydrique concentré, elles s’y dissolvent en donnant à la liqueur une teinte bleue ; 3" elles se dissolvent dans la potasse et la soude caustique.

ALBUMINOSE s. f. (al-bu-mi-no-ze-rad. albumine). Chim. Produit final de la digestion des matières albuminoïdes. Ualbuminose diffère de l’albumine proprement dite en ce qu’elle ne donne pas de précipité par les acides et ne se coagule point par là chaleur.

— Méd. Albuminose chronique. Nom donné par Engel à la pléthore.

ALBUMINOSO-SUCRÉ, ÉE adj. <al-bu-mino-zo su-kré — de albumine et sucre). Chim. Qui tient de la nature de l’albumine et de ^celle do la matière sucrée.

ALBUMINURIE s. f. (al-bu-mi-nu-rî — do albumine et du gr. ourein, uriner). Méd. Pissement d’albumine ; affection des reins caractérisée par ce symptôme.

— Encycl. I. Albuminurie considérée comme symptôme. La présence de l’albumine dans les urines s’observe dans un certain nombre dY

tats pathologiques, dans la scarlatine, le choléra, l’érésipète, la pneumonie et le typhus. Elle est fréquente chez les femmes pendant la grossesse. L’albuminurie no devient inquié- „ tante comme symptôme que lorsqu’elle est " permanente. Les deux moyens par excellence pour constater le symptôme albuminurie sont l’acide nitrique et la chaleur, qui ont la propriété de coaguler l’albumine. L acide nitrique ne doit être mis que goutte à goutte, parce que, mis en excès, il redissout ou rend moins apparent le précipité.

II. Albuminurie considérée comme maladie spéciale. Cette maladie, appelée aussi maladie de Sright, du nom du médecin anglais qui l’a signalée et décrite pour la première fois, et néphrite albumineuse par M. Rayer, a pour caractère fondamental la présence constante de l’albumine dans l’urine. Cette affection débute d’une manière plus ou moins lente. Des douleurs sourdes a la région lombaire, puis de l’œdème commençant par la face, telles en sont les premières manifestations. Bientôt l’œdème s’étend et passe à l’état d’anasarque ; l’embonpoint et les forces diminuent ; l’organisme tombe dans un véritable état cachectique. On voit alors se manifester des hydropisies par épanchement dans les grandes cavités séreuses de l’économie, telles que la plèvre, le péritoine, le péricarde ; des accidents se produisent du côté du cœur et du poumon, et souvent des vomissements répétés et une diarrhée colliquative emportent le malade. Les reins passent successivement par les lésions suivantes : d’abord ils sont le siège d’une stase sanguine qui en augmente le volume et qui leur donne une teinte d’un rouge violacé très-prononcé ; puis ils se décolorent peu à peu, se recouvrent de granulations blanches semblables à des grains de semoule, et enfin diminuent de volume et s’atrophient en se déformant. Les causes de l’albuminurie sont à peu près inconnues. Quelques pathologistes accusent l’impression du froid humide, 1 abus des boissons alcooliques, etc. Dans la première période de la maladie, on lui oppose les moyens antiphlogistiques tels que la saignée, les sangsues, les vésicatoires, etc. Dans les périodes suivantes, toute espèce de traitement parait jusqu’ici à peu près inutile.

capodes et de la famille des macroures. On n’en connaît encore que deux espèces, dont une habite les mers d Asie.

ALBUNÉE, ALBUNA ou ALBULA, sibylle ou nymphe à laquelle étaient consacrés, près de Tibur, un bois, une grotte, une fontaine et un temple, que l’on voit encore à Tivoli, au-dessus rie 1 abîme dans lequel se précipite 1 Anio. Suivant Lactance, on avait trouvé dans le lit de ce ileu.’e la statue de la sibylle tenant un livre a.

ALBUQUERQUE, bourg considérable du

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Brésil, sur la rive, droite du haut Paraguay, dans la-province de Mato-Grosso. Les navires étrangers y font le cabotage.

ALBOQUERQUE (Alphonse, duc d’), surnommé le Grand, le Mars portugais, navigateur, fondateur de la puissance portugaise dans l’Inde, né en 1453, à Alhandra, près de Lisbonne, d’une ancienne et illustre famille. Il fut élevé à la cour d’Alphonse V, entra dans le service" de mer sous Jean II, se distingua par quelques entreprises hardies dans les nouveaux établissements de l’Inde, et fut nommé vice-roi des Indes orientales par le roi Emmanuel (1509). Il signala les débuts de son gouvernement par la conquête de Goa, place très-importante, qui devint le centre du commerce et de la puissance des Portugais en Orient, et ne tarda pas à soumettre ensuite le reste du Malabar, Ceylan, les îles de la Sonde et la presqu’île de Malacca. En 1514, il s’empara d’Ormuz, à l’entrée du golfe Persique. Le roi de Perse envoya alors demander un tribut au vainqueur, qui fit apporter devant les ambassadeurs des sabres, ’ des grenades et des boulets : Voilà, leur dit-il, la monnaie des tributs que paye mon maître. Albuquerque devint alors si puissant, que les peuples et les monarques de l’Orient lui faisaient demander l’alliance et, la protection du Portugal. Tranquille enfin après tant de succès dans le centre de ses conquêtes, ’il réprima la licence des Portugais, organisa l’administration, fit régner la justice et l’ordre dans toutes les colonies, et raffermit parmi ses troupes la discipline militaire, qui s’était affaiblie dans le cours de ses différentes expéditions. Toutes ses actions, tous ses projets portent l’empreinte d’un génie supérieur. C’est ainsi que pour détruire Suez et ruiner l’Égypte ; qui disputait aux Portugais l’empire commercial de l’Asie, il se concertait avec le négus d’Abyssinie afin de détourner le cours du Nil en lui ouvrant un passage pour se jeter dans la mer Rouge. Mais il n’eut pas le temps d’accomplir ce gigantesque projet, qui eût desséché l’Égypte et en eût fait un désert inhabitable. À tous les titres qu’avait ce grand -homme à la reconnaissance de ses concitoyens et au respect de ■~- !i ""e la consécration

pas défaut. Des

courtisans jaloux le dépeignirent au roi comme un ambitieux qui aspirait à la souveraineté des Indes ; Emmanuel le destitua et lui donna pour successeur Lopès-Soarez, son ennemi personnel. Accablé de douleur, il mourut en 1515 à Goa, à bord du vaisseau qui devait le ramener en Europe. Le roi de Portugal, détrompé trop tard, lui écrivit une lettre découverte récemment et qui le confirmait dans ses gouvernements, mais qui n’arriva qu’après la mort du héros, dont il honora la mémoire par de longs et inutiles regrets.

À toutes les qualités qui font le grand h*mme de guerre, Albuquerque joignait les vertus qui font honorer l’homme privé. Il était loyal, désintéressé, juste, actif, sobre et humain. On lui reproche cependant quelques actes de cruauté. Il n’en est pas moins du petit nombre de ceux qui ne firent pas maudire le nom européen dans ces contrées lointaines, et son souvenir resta en telle vénération parmi les Indiens, que longtemps après sa mort ils allaient en pèlerinage à son tombeau pour lui demander justice de la tyrannie de ses successeurs. Son fils a rédigé, d’après ses papiers, les Commentaires du grand Alphonse d Albuquerque, Lisbonne, 1576.

ALBUQUEKQUE (Mathias), général portugais, mort à Lisbonne en 1646. Il prit une part active à la révolution qui affranchit le Portugal de.la domination espagnole, et affermit le trône du nouveau roi Jean IV, par la victoire décisive de Campo-Mayor (1644).

alburne s. f. (al-bur-ne). Ichthyol. Syn. à’albule.

ALBURNOÏDE s. m. (al-bur-no.-ï-de — du lat. alburnum, cytisé, aubier, et du gr. eidos, forme.) Bot. Qui ressemble àl’alburnum.

— s. f. pi. Division du genre cytise, caractérisée par ses fleurs blanches.

ALBURNUM s. m. (al-bur-nomm). Bot. Nom scientifique de l’aubier.

albus s. m. (al-buss— du lat. albus, blanc). Petite monnaio d’Allemagne qui vaut 2 kreutzers.

ALBY, ch.-lieu de cant. (Haute-Savoie), arrond. d’Annecy ; pop. aggl. 366 hab. — pop. tôt. 1,126 hab. il Ch.-lieu du départ, du Tarn. V. Albi.

AI-BY (Ernest), littérateur, né à Marseille en 1809. Il a publié des romans historiques : Catherine de Navarre ; les Brodeuses de la reine ; les Prisonniers d’Abd-el-Kader ; les Vêpres marocaines, etc.

alca s. f. (al-ka). Ornith. Nom scientifique du genre pingouin.

ALCAÇAU-QWIV1R, ville d’Afrique, fondée par le calife Al-Mansor. Léon l’Africain rapporte qu’un soir, ce prince s’étant égaré à la . chasse, reçut l’hospitalité dans la cabane d’un pêcheur ; il lui fit construire, pour récompense, plusieurs maisons entourées de murailles, qui devinrent l’origine de cette ville. L’armée portugaise qui, en 1758, venait à la conquête du Maroc sous les ordres de son roi, le chevaleresque Sébastien, livra bataille a Abdel-Mélek dans les plaines d’Alcaçar-Quivir. Sébastien perdit la, bataille et la vie. V. l’article suivant.

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Aicnc»r-Qahir (bataille d’). Cette bataille célèbre, qui a donné naissance à tant de légendes portugaises, a été magnifiquement décrite par Vertot dans ses Révolutions de Portugal. C’est sa relation, que nous allons donner ici. Jamais la plume de l’historien des Révolutions n’a été à la fois plus élégante, plus imagée et plus énergique.

« Muley-Mohammed avait succédé à Abdallah, son père, dernier roi de Maroc ; maisMuley-Abdel-Mélek, son oncle paternel, prétendit

qu’il n’avait pas dû monter sur le trône à son préjudice et contre la loi des chérifs, qui appelait successivement à la couronne les frères, du roi préférablement à ses enfants. Ce fut le sujet d’une guerre sanglante entre l’oncle et le neveu. Muley-Abdel-Mélek, prince plein de valeur et aussi grand politique que grand capitaine, forma un puissant parti dans le royaume, et gagna trois batailles contre Mohammed, qu’il chassa de ses États et de l’Afrique.

Le prince dépouillé passa la mer et vint chercher un asile à la cour de Portugal : il représenta à Sébastien que, malgré sa disgrâce, il avait encore conservé en Afrique un grand nombre de partisans secrets qui n’attendaient que son retour pour se déclarer ; qu’il apprenait d’ailleurs qu’Abdel-Mélek était attaqué d’une maladie mortelle qui le consumait insensiblement ; que le prince Hamet, frère d’Abdel-Mélek, était peu estimé dans sa nation ; que, dans cette conjoncture, il n’avait besoin que de quelques troupes pour paraître sur les frontières ; que sa présence ferait déclarer en sa faveur ses anciens sujets, et que, si par son secours il pouvait recouvrer sa couronne, il la tiendrait à foi et hommage de celle de Portugal, et même qu’il la verrait avec plus de plaisir sur sa tète que sur celle d’un usurpateur. Sébastien, qui n’avait l’esprit rempli que de vastes projets de conquêtes, s’engagea avec plus d’ardeur que de prudence à marcher lui-même à cette expédition ; il fit des caresses extraordinaires au roi maure et lui promit de le rétablir sur le trône, à la tête de toutes les forces du Portugal ; il se flattait d’arborer bientôt la croix sur les mosquées de Maroc. En vain les plus sages de son conseil tâchèrent de le détourner d’une entreprise si précipitée ; son zèle, son couraget sa présomption, défaut ordinaire de la jeunesse et souvent celui des rois, les flatteurs même inséparables de la cour des princes, tout ne lui promettait que des victoires faciles et glorieuses. Ce prince, entêté de ses propres lumières, ferma l’oreille à tout ce que ses ministres purent lui représenter, et comme si la souveraine puissance donnait une souveraineté de raison, il passa outre, malgré les avis de son conseil, et il entreprit, avec une armée à peine composée de treize mille hommes, de détrôner un puissant roi et le plus grand capitaine de l’Afrique.

Abdel-Mélek, averti des desseins et du débarquement du roi de Portugal, l’attendait à la tête de toutes les forces de son royaume ; "il avait un corps de quarante mille hommes de cavalerie, la plupart vieux soldats aguerris, mais qui étaient encore plus redoutables par l’expérience et la capacité du prince qui les commandait que par leur propre valeur. A l’égard de son infanterie, & peine avait-il dix mille hommes de troupes réglées, et il ne faisait pas grand fond sur ce nombre infini à’Alarbes et de milices qui étaient accourus à son secours, mais plus propres a piller-qu’à combattre et toujours prêts a fuir ou à se déclarer en faveur du victorieux. Abdel-Mélek né laissa pas de s’en servir pour harceler l’armée chrétienne ; ces infidèles répandus dans la campagne venaient à tout moment escarmoucher à la vue du camp, et ils avaient des ordres secrets de lâcher pied devant les Portugais pour les tirer des bords de la mer où ils étaient retranchés, et pour entretenir par une peur simulée la confiance téméraire de Sébastien. Ce prince, plus brave que prudent et qui voyait tous les jours que les Maures n’osaient tenir devant ses troupes, les tira de ses retranchements et marcha contre Abdel-Mélek comme à une victoire certaine ; le roi barbare s’éloigna d’abord comme s’il eût voulu éviter d’en venir à une action décisive :

! ne laissait paraître que peu de troupes ; il

fit même différentes propositions à Sébastien, comme s’il se mt défié du succès de cette guerre. Le roi de Portugal, qui croyait qu’il lui serait plus difficile de joindre les ennemis que de les vaincre, s’attacha à leur poursuite, mais Abdel-Mélek ne le vit pas plus tôt éloigné des bords de la mer et de sa Hotte, qu’il tint ferme dans la plaine, et il étendit ce grand corps de cavalerie en forme de croissant pour enfermer toute l’armée chrétienne. Il avait mis son frère Hamet en tête de ce corps, mais comme il n’était pas prévenu en faveur de son courage, il lui dit que c’était uniquement à sa naissance qu’il devait ce commandement, mais que s’il était assez lâche pour fuir, il l’étranglerait de ses propres mains, et qu’il fallait vaincre ou mourir.

■ Il se voyait mourir lui-même, et sa faiblesse était si grande, qu’il ne douta point qu’il ne fût arrivé à son dernier jour ; il n’oublia rien dans cette extrémité pour le rendre le plus beau de sa vie. Il rangea lui-même son armée en bataille et donna tous ses ordres avec autant de netteté d’esprit que s’il eût été en parfaite santé. Il étendit même sa prévoyance jusqu’aux événements qui pourraient arriver

par sa mort, et il ordonna aux officiers dont il était environné que, s’il expirait pendant la chaleur du combat, on en cachât avec soin la nouvelle, et que, pour entretenir la confiance des soldats, on feignît de venir prendre ses ordres, et que ses aides de camps’approchassent à l’ordinaire de sa litière comme s’il eût été encore en vie. Il se fit ensuite porter dans tous les rangs de l’armée, et autant par signes et par présence que par des discours, il exhorta les Maures à, combattre généreusement pour la défense de leur religion et de leur patrie.

La bataille commença de part et d’autre par des décharges %d’artillerie ; les deux armées s’ébranlèrent ensuite et se chargèrent avec beaucoup de fureur ; tout se mêla bientôt. L’infanterie chrétienne, soutenue des yeux de son roi, fit plier sans peine celle des Maures, la plupart composée d’Alarbes et de ces vagabonds dont nous venons de parler. Le duc d’Aveiro poussa même un, corps de cavalerie, qui lui était opposé, jusqu’au centre et a l’endroit qu’occupait le roi de Maroc ; ce prince, voyant arriver ses soldats en désordre et fuyant honteusement devant un ennemi victorieux, se jeta à bas de sa-litière, et, plein de colère et de fureur, il voulait, quoique mourant ; les ramener lui-même à la charge. Ses officiers s’opposaient en vain a son passage, il se fit faire jour à coups d’épée ; mais ces efforts achevant de consumer ses forces, il tomba évanoui dans les bras de ses écuyers ; on le remit en litière, et il n’y fut pas plus tôt qu’ayant posé.son doigt sur sa bouche comme pour recommander le secret, il exçira dans le moment et avant même qu’on eut pu le conduire jusqu’à sa tente.

Sa mort demeura inconnue aux deux partis ; les chrétiens paraissaient jusque-là avoir de l’avantage, mais la cavalerie maure, qui avait formé un grand cercle, se resserrant à mesure que les extrémités s’approchaient, acheva d’envelopper la petite armée de Sébastien. Les Maures chargèrent ensuite de tous côtés la cavalerie portugaise. Ces troupes accablées par le nombre tombèrent en se retirant sur leur infanterie, et elles y portèrent la crainte, le désordre et la confusion. Les Maures se jetèrent aussitôt, le cimeterre à la main, dans ces bataillons ouverts et renversés, et ils vainquirent sans peine des gens étonnés et déjà vaincus par une frayeur générale. Ce fut moins dans la suite un combat qu’un carnage, et comme ils étaient enveloppés de tous côtés, ils rencontraient partout l’ennemi et la mort. L’imprudent Sébastien périt dans cette occasion, soit qu’il n’eût pas été reconnu dans le désordre d’une fuite, ou qu’il eût voulu se faire tuer lui-même pour ne pas survivre à la perte de tant de gens de qualité que les Maures avaient massacrés, et que lui-même avait pour ainsi dire entraînés à cette boucherie. Muley-Mohammed, auteur de cette guerre, chercha son salut dans la fuite, mais il se noya en passant la rivière de Mucazen. — Ainsi périrent dans cette journée (4 août 1578) trois frands princes et tous trois d’une manière ifférente : Abdel-Mélek, par la maladie ; Mohammed par l’eau ; Sébastien, par les armes. »

ALCAÇAR-SAGHYR, ville fortifiée du Maroc, entre Tanger et Ceuta, à l’endroit le plus resserré du détroit de Gibraltar.

ALCACER-DO-SAL, bourg de Portugal, dans l’Estramadure ; 2,860 hab. Château tort ; salines très-importantes dans les environs. Patrie du célèbre mathématicien Pedro Nunez.

ALCADE s. m. (al-ka-de — de l’espagn. alcade ; formé de l’arab. al, le ; kadi, juge). Nom donné en Espagne à certains juges et magistrats municipaux : J’ai élevé le fils d’un alcade de cour ; je n’ai pas véritablement tout à fait perdu mes peines, puisque ma cure en est le frmt ; mais je vous promets qu’elle me coûte cher.’ (Le Sage.) Un cacique, un corrégidor, des rëgidors et des alcades formaient le corps militaire, civil et politique. (Chateaub.) Nous rencontrâmes quelques alcades des environs,

reçoit, a

"v."h

— Encycl. Hist. Après l’expulsion des Maures del’Espagne, les alcades remplacèrent les cadis musulmans. Les fonctions des alcades sont à la fois civiles et judiciaires ; elles participent de celles de nos maires, de nos juges de paix, et de nos commissaires de police. L’attribut ■distinctif de ces magistrats est une baguette blanche surmontée d une main d’ivoire. Dans les villes où il y a plus d’un alcade, chacun prend le nom a alcade de quartier ; dans les villes moins considérables où il n’y en a qu’un, on les appelle alcades ordinaires. Ils prennent encore différents noms suivant la nature des fonctions qu’ils remplissent : alcade de nuit ; alcade alamin, chargé de ce qui concerne les arts et métiers ; alcades des bâtiments et forêts, ceux qui ont une juridiction civile et criminelle sur les maisons et forêts royales hors.de Madrid ; alcade corrégidor, celui qui remplit les fonctions de corrégidor ; alcade mayor, celui qui exerce une sorte de surveillance sur les autres alcades, etc.

ALCADES s. m. pi. (al-ka-dé — du lat. alca, pingouin). Ornith. Famille d’oiseaux de l’ordre des palmipèdes, ayant pour type ie genre pingouin.